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France - Page 11

  • L'ENFANCE MISÉRABLE DES KOUACHI

    CHARLIE : L'ENFANCE MISÉRABLE DES KOUACHI (MEDIAPART / REPORTERRE)

    Par la rédaction le 15/01/2015 - 15h23 - lu

    Père absent, mère prostituée, un placement dans un foyer violent : l'enfance des frères Kouachi, auteurs de l'attentat contre Charlie Hebdo, est racontée par Mediapart et le site Reporterre. 

    Nous sommes au 156 rue d’Aubervilliers, dans le 19ème arrondissement de Paris, dans les années 1980-1990. Les frères Kouachi vivent chez leur mère. Une habitante du quartier, qui a créé une association pour sortir les enfants de leur environnement, raconte au site Reporterre le contexte dans lequel vivaient les frères Kouachi, qu'elle a bien connus : l'aîné est plus effacé, le cadet remuant. Mais attachant : "J’adorais cet enfant. Il suffisait qu’on le cajole, qu’on le prenne dans les bras pour qu’il se calme. Moi, je l’ai trouvé touchant, ébahi comme tous les autres par la bande à Mickey, explique-t-elle après une sortie à Eurodisney. On les emmenait au cinéma, Chérif adorait y aller".

    Le père est absent, la mère se prostitue pour tenter de subvenir aux besoins de sa famille. "Quelques mois après la sortie à Eurodisney, Chérif rentre de l’école comme chaque midi, poursuit Reporterre. Accompagné comme toujours de son grand frère, il découvre ce midi-là, en plein milieu de l’appartement, sa maman morte. Morte de quoi ? Elle aurait avalé trop de médicaments. Pour beaucoup, il s’agit d’un suicide". Orphelins, les enfants, âgés de 10 et 12 ans, sont placés dans un foyer, en Corrèze.

    Un de leurs amis de l'époque, que Mediapart a rencontré, raconte l'environnement de ce foyer de la fondation Claude Pompidou : "C’était très violent. On se battait beaucoup entre nous. Certains éducateurs avaient peur de nous. On était tous mélangés : des orphelins, des types vraiment dangereux qui avaient commis des choses très, très dures, des requérants d’asile complètement perdus". Une description qui contraste avec celle du directeur du centre, Patrick Fournier, lequel a déclaré au quotidien La Montagne : "Durant leurs parcours chez nous, ils n’ont jamais posé de problèmes de comportement". Ce que confirme un autre pensionnaire, Jean-Henry Rousseau, qui les a cotoyés entre 1994 et 1996 : "Personne à la Fondation n’avait de problèmes avec ces jeunes. Ils étaient sympas. Moi aussi je venais de Paris. On remontait ensemble sur la capitale. C’était des gamins sans histoire, des gamins carrés".

    Foyer en Corrèze

    Selon le témoin de Mediapart, Saïd Kouachi était discret, il ne boit pas, ne fume pas, et finit par obtenir un CAP en hôtellerie. "C’était un musulman modéré. Il n’avait rien contre les autres religions et n’a jamais essayé de m’embarquer", raconte cet ami qui assure qu'il a dû se "faire laver le cerveau par des ordures qui profitent de la faiblesse d’adolescents paumés". 

    Aujourd'hui, l'habitante du 19ème arrondissement qui s'est occupée des enfants culpabilise : "J’ai pleuré. Je me suis dit que je suis responsable. J’aurais dû aider cette maman. On n’aurait jamais dû emmener les enfants à Eurodisney, avec cet argent-là, on aurait dû aider cette maman. Chérif avait une dizaine d’années, pas plus. Finalement, à n’avoir rien vu, nous avons tué cette mère et avons été incapables de sauver ses enfants", raconte-t-elle. Avant de poursuivre : "Chérif était un enfant comme les autres. Mais il n’aura pas reçu d’amour… Il a trouvé dans le fanatisme religieux, la famille qu’il n’a jamais eue. Ils ont su lui monter la tête. En même temps, c’est facile de s’en prendre à des gamins aussi isolés et fragiles. Personne n’était là pour le remettre dans le droit chemin".

     

    Pour elle, la responsable de cette dérive est toute trouvée : c'est la politique de la ville. "Le but était de parquer là les pauvres. Et personne ne s’en occupait. Les assistantes sociales démissionnaient une à une. Elles avaient trop de boulot par chez nous, elles préféraient se faire muter ailleurs".

    Maj 17h20 : rajout des témoignages publiés dans La Montagne.

    L'occasion de revoir notre émission consacrée à Charlie Hebdo, dans laquelle notre chroniqueuse, Judith Bernard, évoquait le malaise social de certains quartiers.

  • CONDAMNATIONS POUR APOLOGIE...

    CONDAMNATIONS POUR APOLOGIE DU TERRORISME : LES "PROVOCATIONS" CONTRE LA POLICE PRISES EN COMPTE...

    ...mais pas la déficience mentale

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    Plus de 70 procédures et un appel solennel du gouvernement à la plus grande fermeté contre tous ceux qui feraient "l'apologie du terrorisme". Depuis quelques jours, les condamnations se multiplient et vont de quatre ans ferme, à en croire les titres de presse, au simple... rappel à la loi. Alors comment expliquer de telles différences dans les peines ? Et l'apologie au terrorisme sur Facebook est-elle plus ou moins sévèrement punie que des menaces en pleine rue ?

    Le gouvernement avait appelé à la "fermeté" contre "l’apologie du terrorisme". La ministre de la Justice avait publié en ce sens une circulaire le 12 janvier, dans laquelle elle demandait aux procureurs de la Républiquede faire preuve d’une "extrême réactivité dans la conduite de l’action publique envers les auteurs de ce type d’infractions".

    Monde1

    Deux jours plus tard, Le Monde comptait plus de 70 procédures ouvertes pour apologie et menaces d’actions terroristes et notait une "répression accrue". Si la plupart des sites de presse qui traitent du sujet rappellent les condamnations les plus lourdes, dont celle à quatre ans fermes (qui n’avait pas grand-chose à voir avec l’apologie du terrorisme comme @si l’expliquait aussi), peu soulignent que tous les prévenus n’ont pas été jugés aussi sévèrement.

    "JE N'AIME PAS CHARLIE, ILS ONT EU RAISON DE FAIRE ÇA"

    Ainsi, un homme, qui a hurlé "je suis fier d’être musulman, je n’aime pas Charlie, ils ont eu raison de faire ça" dans la rue à Saint-Étienne le 11 janvier, a bien commis un délit d’apologie du terrorisme, qui consiste à "présenter ou commenter" publiquement un attentat "sous un jour favorable" selon la circulaire de Taubira. Pourtant, il n’a pas été condamné et a écopé d’un simple rappel à la loi. Idem pour un homme à Courbevoie (92) qui clamait "nique la France, nique Charlie Hebdo". Point commun : aucun des deux hommes ne menaçait quelqu'un en particulier, et rien n’indique qu’ils avaient déjà été condamnés pour d’autres faits.

    Il semble en fait que les peines les plus lourdes ont été prononcées contre des individus ayant menacé directement des policiers ou des fonctionnaires. Dans ces cas-là, les peines semblent en tout cas plus exemplaires.

    "SA PLACE N'EST PEUT-ÊTRE PAS EN PRISON"

    Il en est ainsi pour un Marocain de 38 ans, par exemple, souffrant de problèmes psychiatriques. "Il s'est fait contrôler après avoir fait un doigt d'honneur à la police lundi dans le XIXe arrondissement. Il traite alors les «Français de bouffeurs de porc», qui «méritent ce qui leur est arrivé» et aurait dit selon la police «quand je vois des bombes qui explosent et des policiers qui crèvent, je rigole», «les policiers méritent de mourir, je suis le fils de Ben Laden»", raconte Le Parisien. Alors que le procureur estimait que sa place n'est "peut-être pas en prison", le tribunal a tout de même prononcé une peine de trois mois ferme avec placement en détention immédiate.

    Parisien

    Un Isérois qui souffre d'une "déficience mentale légere" depuis l'enfance a lui été condamné à six mois de prison ferme pour avoir "provoqué une patrouille" de police, explique Metronews, en ces termes "Ils ont tué Charlie, moi j'ai bien rigolé. Par le passé ils ont déjà tué Ben Laden, Saddam Hussein, Mohamed Merah et de nombreux frères... Si je n'avais pas de père ni de mère, j'irai m'entraîner en Syrie".

    Un dernier cas a été largement relayé : une fille de 14 ans a été mise en examen pour avoir menacé des contrôleurs dans le tram à Nantes. "On est les sœurs Kouachi, on va sortir les kalachnikov" a lancé l'adolescente aux agents, pour laquelle le juge des enfants a prononcé une mesure de réparation (alternative éducative à l'incarcération) explique Ouest-France.

    DES PEINES ENCOURUES PLUS LOURDES SUR INTERNET

    Et il n'y a pas qu'en hurlant ce type de propos dans la rue qu'on risque de lourdes peines. Plusieurs cas d'apologie du terrorisme en ligne ont été jugées ces derniers jours. Un homme de 22 ans de Rueil-Malmaison a ainsi été condamné à un an ferme après avoir publié sur Facebook une vidéo dans laquelle "il se moquait d'Ahmed Merabet, le policier abattu lors de l'attaque contre Charlie Hebdoraconte Metronews, qui précise toutefois qu'il était connu de la police pour des affaires de stupéfiants. Next Inpact a recensé au moins quatre autres condamnations à de la prison ferme pour des messages postés pour les réseaux sociaux, en plus du jeune de Rueil-Malmaison et de la mise en examen de Dieudonné (dont @si parlait ici et ).

    Un Varois de 27 ans a ainsi écopé d'un an de prison dont trois mois ferme pour avoir dit, sur Facebook, «On a bien tapé, mettez la djellaba, on ne va pas se rendre, il y a d'autres frères à Marseille». Il avait pourtant avoué avoir "agi par bêtise, pour faire le buzz" avant de présenter ses excuses. Deux Castrais ont été condamnés à respectivement 5 et 12 mois ferme pour des faits similaires, sur le même réseau social. Idem pour un jeune homme de 18 ans de Châlons-en-Champagne : trois mois de prison ferme pour avoir écrit "Il faut rafaler, rafaler (...), nique sa mère Charlie (...), il y en aura d'autres (...), mort à la France" et publier une photo de djihadistes armés.

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    Des condamnations parfois lourdes, qui s'expliquent notamment par le fait que la loi antiterroriste de novembre 2014, en plus de faciliter les condamnations pour apologie du terrorisme, a revu à la hausse les condamnations pour ce délit s'il est commis en ligne : la peine maximale encourue est passée de cinq à sept ans d'emprisonnement et de 45 000 à 100 000 euros d'amende (@si vous en parlait ici). Une sévérité qui fait bondir la Ligue des droits de l’homme, citée par Next Inpact. Celle-ci est très critique vis-à-vis de la dernière loi antiterrorisme, qui créerait un quasi-"délit d’opinion" : "les récentes poursuites en rafale sur la base de cette nouvelle disposition, au motif d’une apologie du terrorisme, donnent lieu à des condamnations parfois importantes, et sont prononcées dans les conditions détestables qui sont celles des comparutions immédiates, alors que le plus souvent il s’agit d’actes d’ivrognes ou d’imbéciles sans même aucune publicité".

    SANCTION ADMINISTRATIVE POUR UNE PROF

    Outre les sanctions pénales, une mesure de suspension a été prise à l'encontre d'une enseignante de Bobigny. En cause, le discours complotiste qu'elle aurait tenu face à une classe, et que des élèves ont enregistré. Un incident rapporté par Le Monde : "Mme M. évoque«le flic soi-disant mort». Elle ajoute qu’«on n’a pas vu les corps des journalistes». «Vous trouvez pas ça bizarre qu’il en manquait un à leur réunion?», interroge l’enseignante en évoquant la conférence de rédaction de l’hebdomadaire satirique".

     
  • « Nique la France »

     
     

    14 janvier 2015

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    Le rappeur Saïdou du groupe Z.E.P (Zone d’expression populaire) et le sociologue et militant Saïd Bouamama sont mis en examen pour « injure publique » et « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence » sur une plainte de l’Agrif, un groupe d’extrême droite nostalgique de l’Algérie française. Comme des millions de gens à travers le globe ces dernières années, les deux auteurs ont attaqué le colonialisme et le système capitaliste et impérialiste. Comme beaucoup d’entre nous, ils dénoncent une idéologie toujours très en vogue : le racisme, sous ses formes les plus courantes mais aussi les plus décomplexées. Comme de nombreux habitants des quartiers populaires, ils ont crié leur colère contre les inégalités, les discriminations et la justice à double vitesse. C’est pour cela qu’ils sont poursuivis en justice. Le procès de Saïdou Zep et de Saïd Bouamama aura lieu le 20 janvier, à 13h30 au TGI de Paris. (4 Boulevard du Palais, 75001 Paris - Métro Cité Ligne 4) Soyons nombreuses et nombreux à nous mobiliser, c'est la liberté d'expression qui y est directement attaquée.

     

    Nous vivons des discriminations racistes massives, systémiques, structurelles et institutionnelles. Celles-ci touchent l’ensemble des sphères de notre existence (scolarité, formation, emploi, logement, rapport à la police, etc.) faisant de nous un groupe social infériorisé, délégitimé, assigné aux places les plus précaires, les plus dégradées, les plus inégales de la société française.

    Nous sommes l’objet de campagnes idéologiques régulières nous construisant comme « barbares », « homophobes », « antisémites », « allergiques à la laïcité », « terroristes », etc.

    L’islamophobie s’impose progressivement comme seule porte d’entrée pour faire de nous des « ennemis de l’intérieur » à mettre sous surveillance, à traquer, à réprimer, etc. Notre intimité est violée par des débats médiatiques et politiques insultants. De la loi sur le foulard à l’école au projet de loi sur la « burqa », en passant par le débat sur les minarets, celui sur ladite « identité nationale » et celui sur la révolte des quartiers populaires en novembre 2005.

    La production systématique d’humiliations à l’endroit de tout un groupe social continue et s’amplifie. Nous sommes enfermés systémiquement dans des frontières qui pour être invisibles n’en sont pas moins réelles. L’ouverture des check points pour quelques uns, largement médiatisés, n’occulte aucunement qu’ils sont infranchissables pour la grande majorité des nôtres.

    Du guichet des préfectures au contrôle de police, en passant par la sélection scolaire et les discriminations à l’emploi, notre quotidien est le rappel permanent de ces frontières. Nous sommes en permanence sommés à l’allégeance. À la soumission. À la justification. À la politesse. À la discrétion. À l’invisibilité. Alors même que la sauvegarde de notre dignité exige de la révolte. De la lutte. De la visibilité. De l’impolitesse.

    De l’irrévérence. De l’insoumission. De l’impatience égalitaire. Nous sommes sommés d’aimer le système qui nous opprime. Nous sommes accusés de « communautarisme » lorsque nous tentons de nous organiser entre dominés de manière autonome. Lorsque nous ne baissons plus la tête et que nous refusons d’être invisibilisés. Ce « communautarisme » diabolisé est pourtant dans le contexte de domination qui est le nôtre, un rempart contre la dépersonnalisation. La décomposition. La « haine de soi ».

    Pourquoi diable aurions-nous honte d’être Arabe, Noir, Musulman… D’être des non-Blancs. Nous sommes accusés de « victimisation » lorsque nous nous contentons de dénoncer les discriminations racistes massives que nous subissons et que nous exigeons d’être traités égalitairement. Nous sommes objectivement des victimes d’un système raciste se traduisant par des discriminations massives et systémiques.

    Quel est donc ce Nous ? Ce nous est à la fois un héritage de la colonisation et une production permanente du système social français actuel. Ce nous est repérable statistiquement dans les multiples travaux de recherches mettant en exergue les catégories touchées par les discriminations et les inégalités. Ce nous est facilement cernable par l’observation des stigmatisations médiatiques et politiques régulières d’une origine, d’un statut juridique, d’une couleur de peau, d’une religion.

    Ce nous est composé des Noirs, des Arabes et des Musulmans de France, quels que soient leur statut juridique et leur nationalité. C’est d’abord et surtout à ce nous que nous nous adressons pour qu’il relève encore plus la tête. Pour qu’il s’organise de manière autonome. Pour qu’il ne se berce plus d’illusions devant les fausses promesses, les discours d’intentions et/ou de compassions et les mythes de la République (égalité des chances, fraternité, pensée des Lumières, etc.) que l’on nous brandit pour nous endormir. Notre avenir dépend d’abord de nous-mêmes. Des luttes que nous serons capables de mener. Des rapports de force que nous serons à même de poser.

    De l’autonomie politique, revendicative, organisationnelle que nous serons en mesure de bâtir. Désormais, nous avons le choix entre la passivité productrice d’une sous-citoyenneté et la lutte productrice de progrès.

    Nous nous adressons ensuite aux « Blancs » qui refusent sans ambiguïté ce système raciste caractérisant la société française, mais qui sont cependant conscients de bénéficier d’un statut de « petits Blancs ». Ils sont produits et construits par un système social raciste qui les met à une place différente de la nôtre par la distribution d’avantages ou de privilèges aux uns, et de désavantages et de traitements inégalitaires aux autres. En construisant une rareté des biens (logement, travail, formation, etc.), ce système social produit une concurrence entre les Blancs et les non-Blancs, poussant les uns à adopter une mentalité de « petits Blancs », comme à l’époque coloniale, et cantonnant les autres à un statut d’indigènes.

    C’est pour cette raison que nous exigeons, aujourd’hui, tout de suite, et dans toutes les sphères de la vie sociale : l’égalité de traitement. Par ailleurs, nous savons aussi que l’histoire coloniale et le système social français actuel ont imprégné et imprègnent profondément toutes les couches et classes sociales de la société française. C’est parce que nous voulons rompre radicalement avec cette imprégnation, qui pour nous prend la forme d’une mentalité du colonisé embrassant la main de son tortionnaire, que nous exigeons la même rupture radicale avec les postures de petits Blancs, les postures paternalistes, civilisatrices, intégrationnistes, etc.

    En 1984, lors d’une de nos marches nationales (Convergence 84 pour l’égalité), nous disions déjà être dans les caves de la société française, mais aussi qu’en tâtonnant dans le noir, nous nous apercevions que des Blancs étaient dans ces caves, juste à l’étage au-dessus. Nous ne nous faisions aucune illusion quant à leur paternalisme. Cependant, nous en appelions à la convergence car nous considérions qu’eux aussi, en tant que pauvres, étaient mis à la marge de la société. Nous ne sommes pas surpris pour autant de constater aujourd’hui, 25 ans après, que nous en sommes à des débats sur la « burqa », l’identité nationale, à des expulsions de sans-papiers dans l’indifférence générale, à la multiplication des crimes racistes et à des discriminations faisant désormais système, qui attestent de l’échec de cette inclusion proposée. La seule conclusion possible, dans ce contexte, est la nécessité de construire une posture de rupture nette, claire, radicale, avec tous les discours mystificateurs produits et diffusés pour légitimer et faire perdurer les inégalités et les injustices de cette société et de cette France qui n’a jamais été décolonisée. Ainsi que l’exigence d’une autonomie inviolable des modes d’énonciation du « soi » et du « nous ».

    C’est pourquoi nous disons calmement et sereinement « Nique la France » coloniale, raciste et inégalitaire. Si cette expression est apparue spontanément dans la bouche de jeunes des quartiers populaires, et ensuite dans des titres et des paroles de chansons, ce n’est ni par une attirance particulière vers la vulgarité ni pour les connotations sexuelles que certains y voient. Cela fait bien longtemps que cette expression signifie le refus de l’insupportable. Le rejet d’une place assignée. La volonté de ne plus être un objet parlé mais de devenir un sujet parlant. Toutes les lois et répressions du monde ne pourront rien contre l’expression du refus d’une vie d’esclave ou d’indigène.

    Siffler la Marseillaise ou dire « Nique França » est un acte politique qui se décline dans une multitude de formes. Il signifie le refus de la place assignée.

    « Nique França » ne dit pas : « Je suis ceci ou cela », mais « Je conteste d’être ceci », « Je refuse d’être cela », « Je m’insurge contre la place à laquelle on veut m’assigner » ;

    « Nique la France » c’est le refus de l’invisibilité et de la discrétion. C’est l’affirmation de notre droit à être ce que nous sommes et à le montrer ostensiblement ;

    « Nique la France » c’est refuser l’injonction de déférence et de politesse envers un fonctionnement social qui nous opprime. Nous exploite. Nous stigmatise. Et nous relègue ;

    « Nique la France » c’est nous affirmer comme seuls porteurs de notre émancipation en refusant une « intégration », une « assimilation », une « civilisation » que l’on a définit pour nous comme si nous n’étions que de la pâte à modeler, façonnable à souhait ;

    Le « Nique la France » perdurera tant que durera l’inégalité. Il ne peut disparaître tant que subsistent l’oppression et les discriminations. Il est engendré en permanence par nos conditions d’existence et les violences physiques, sociales, symboliques qui les caractérisent. Aucune personne ni aucun groupe n’a le moindre pouvoir de le faire disparaître tant que ses causes profondes sont encore en œuvre.

    Nous ne voulons plus être sur la défensive et la justification, car ces postures sont celles de la domination intériorisée. Nous nous situons dans l’exigence d’une égalité immédiate et non dans la plainte ou la négociation.

    Nous n’avons qu’une colère, mais elle est profonde : celle contre les injustices ; nous n’avons qu’une haine, mais elle est profondément enracinée : celle envers l’oppression. Nous n’avons qu’une passion, mais elle est totale : celle de l’égalité.

  • A mes amis chrétiens, juifs, musulmans...

    A mes amis chrétiens, juifs, musulmans, athées, à la République française

    Publication: 13/01/2015 09h41 CET Mis à jour: 13/01/2015 10h02 CET
     
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    Le ministre de l'Intérieur de la république française veut poursuivre l'humoriste Dieudonné M'Bala M'Bala pour avoir dit sur Facebook "je me sens Charlie Coulibaly". Je n'aime pas ce propagateur d'idées antisémites, mais l'attitude du ministère dénote une certaine hypocrisie. La liberté d'expression qui tolère qu'on se moque des religions ne peut-elle pas souffrir qu'on se moque des valeurs républicaines? Ce n'est qu'une opinion. Les musulmans remuent ciel et terre lorsqu'on touche à leur prophète. La république fait-elle autre chose? Or, on ne se débarrasse des perturbateurs qu'en les ignorant. Si les Musulmans respectaient ce principe, nous n'aurions pas ce carnage sur la conscience. Car ce malheur nous concerne tous. Y aurait-il des valeurs plus grandes que d'autres?

    La France a été touchée dans ses valeurs les plus ancrées, fruit d'un processus long et douloureux, mais qui a été d'un grand apport à l'humanité. Ce n'est pas tant le principe de liberté d'opinion qui a été touché. La France sait le préserver et le protéger. Ce qui a été touché depuis longtemps c'est l'Egalité. Et là, il faut le reconnaître, de grandes lacunes existent. Mais à la décharge de la France, cette situation n'est pas liée à la race ni à la religion. Bien sûr, aucun pays au monde ne peut prétendre être parvenu à l'égalité absolue entre ses citoyens, ce n'est pas facile, même à imaginer. Mais la France y est plus avancée que d'autres pays, là aussi, il faut le reconnaître. Si elle a été touchée c'est parce qu'elle a ouvert ses bras à toutes les nationalités, toutes les cultures et toutes les idées. C'est là la grandeur de la France.

    J'admire cette France-là. La France de mes professeurs français qui étaient toujours respectueux de leurs élèves. La France de ceux que j'ai connus tout au long de ma vie au Maroc, en France ou ailleurs dans le monde. J'admire cette France de l'effort, de l'intelligence, des hommes libres qui ont fait son histoire.

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    Or, le mur de cette grande histoire commence à se fracturer, et nous pouvons voir distinctement les zébrures du temps et de la lutte des cultures. La France a toléré l'intolérable, abandonnant sur le chemin de je ne sais quelle immanence politique ses valeurs de base. Lorsque des islamistes fanatiques ont provoqué la république laïque en transformant une rue en lieu de prière, la république n'a pas réagi. Et ceux qui l'ont fait ont été accusés de racisme et d'anti islamisme primaire. Pourtant, on voit bien que ce n'est pas un comportement respectueux de la république et de ses valeurs, notamment la laïcité.

    Contrairement au cordonnier, la politique ne répare pas votre chaussure, mais vous apprend à marcher avec. C'est sans doute de là que viennent tous les problèmes. En France, pays laïque, mais il ne faut pas l'oublier non plus chrétien, la politique essaie de concilier des extrêmes inconciliables. Des fanatiques musulmans pour qui la conquête de l'Europe est pour bientôt et que celui qui y contribuerait irait certainement au paradis. Des Juifs tout aussi extrémistes qui veulent toujours en découdre avec les premiers. Et bien sûr des chrétiens qui, eux aussi, voyant une grande bagarre se dérouler sur leur propre terrain se disent qu'ils sont les propriétaires des lieux et que les autres doivent rentrer chez eux.

    Heureusement pour la France et pour le monde, ces agitateurs ne sont pas majoritaires, bien qu'on n'ait aucune certitude qu'ils vont le rester.

    De l'autre côté, il y a des Juifs, des Chrétiens, des Musulmans, des adeptes d'autres religions et des athées qui vivent bien entre eux, qui commercent, discutent, sortent ensemble, s'aiment et se solidarisent entre eux. Ce sont eux qui tiennent aux valeurs de la république et il ça ne les dérange absolument pas qu'un tel dise telle ou telle énormité. Ils savent que cela ne modifiera en rien leur train de vie et leur détermination à continuer à vivre ensemble. Bien sûr sauf lorsqu'un illuminé prenne un fusil d'assaut et commence à venger ses croyances. Cela n'est pas acceptable.

    Ce qui se passe en France n'est pas anodin. La république a commis des erreurs, certes, et une personne saine d'esprit ne peut penser que ces erreurs doivent se régler dans le sang. La négligence dont sont victimes les pauvres et les marginalisés est visible à l'œil et à cœur nu. Le beau principe de l'égalité des chances ne fonctionne pas, la machine s'est fripée depuis longtemps et depuis, le cordonnier essaie de convaincre tout les mal-chaussés qu'ils peuvent quand même bien se débrouiller avec leurs godasses élimées.

    La France n'est pas une petite nation, ses faits et gestes sont pris en exemple par plusieurs peuples à travers le monde. Même quand elle agace parfois par des positions plus ou moins incongrues, elle reste admirable. On peut se fâcher avec la France, mais on ne peut pas s'en éloigner trop longtemps, parce que justement on y trouve toutes les cultures. C'est aussi pour cela qu'elle est attaquée. Et souvent par des pays qui ne tolèrent aucune culture différente. Lorsque des pays critiquent la France qui refuse la construction d'une mosquée alors qu'eux-mêmes n'ont aucune église, synagogue, ou temple hindouiste, on comprend vite la différence entre un pays ouvert et des pays fermés sur eux-mêmes, croyant que leurs valeurs supérieures ne leur permettent pas de se mélanger avec d'autres peuples.

    La marche de ce dimanche qi a mobilisé des millions de citoyens et des sympathisants à travers le monde montre bien que la France veut renouer avec sa grandeur. La réaction du ministre de l'Intérieur risque de tout gâcher.

  • La théorie du genre : menace universelle

     

    La peste idéologique du “gender” gangrène l’Occident et bientôt le monde tout entier

    samedi 8 février 2014

    Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer la gangrène du gender ne touche pas que l’Hexagone. Ce mal atteint touche toute l’Europe. Il vient d’Amérique du Nord, États-Unis et Canada, grandes colonies messianiques judéo-protestantes. Au demeurant il n’est pas destiné à rester confiné dans la sphère occidentaliste. Déjà la Démocrate Hillary Clinton tançait sévèrement les États africains qui se montraient réticents à libéraliser ou à banaliser les comportements sexuellement déviants. En un mot la gangrène du messianisme pansexualiste n’est pas un problème lié à la seul décadence, ou plutôt à la dégénérescence, de l’Occident et particulièrement de l’Europe postchrétienne, elle ronge maintenant la planète tout entière… À l’exception pour l’instant de la Russie et de la Chine, peut-être encore quelque peu immunisées par leur proche passé de glaciation marxiste-léniniste 1.

    Il est essentiel, si l’on veut espérer curer le mal et en extirper les racines, d’en connaître les origines et les finalités. À côté de la foule de ceux qui communient dans la religion du progrès, les esprits forts et les modernistes ne croyant qu’en la raison et la science triomphantes, œuvre l’omnipotent anarcholibéralisme. Celui-ci gouverne la vie des nations, des peuples et des hommes. Il a depuis longtemps rompu les amarre avec l’éthique protestante que Max Weber avait nommé « l’esprit du capitalisme ». Le temps où Guizot lançait son « Enrichissez-vous ! », sous entendu “par le labeur, dans la probité et l’intégrité morale”, est bien révolu. Or ce Moloch hypercapitaliste rêve d’une humanité uniformisée toute asservie à la marchandise, au sexe et à l’argent. Un vil bétail humain soumis à des lois noachiques 2 réinterprétées au service d’un matérialisme athéiste derrière lequel se dissimule un dieu caché. Une hideuse idole punissant de mort - au moins de mort sociale - quiconque ne se soumet pas à ses lois négatrices de la civilisation et du genre humain…

    L’État à travers la Dass ne menace-t-il pas en France de retirer leurs enfants à ceux qui refusent ou refuseraient le formatage idéologique de l’École publique ? À cet effet un projet de loi d’essence totalitaire a été déposé au bureau de l’Assemblée le 18 décembre dernier qui visant à interdire l’enseignement à domicile. La sénatrice socialiste Laurence Rossignol n’a-t-elle pas déclaré en substance que « les enfants n’appartiennent pas aux parents, mais à l’État » [France2/5avril2013] ? Très récemment Mme Najat Belkacem n’annonçait-elle pas de son côté qu’elle s’employait à faire retirer une part fiscale aux familles dont un seul membre travaillerait ? La libération des femmes par le travail – Arbeit mit frei - en quelque sorte ! Ce qui par contrecoup devrait contraindre à la scolarisation précoce des enfants et à les retirer à l’emprise délétère de mères de famille nécessairement arriérées. Allez hop au travail, l’État s’occupe de vos enfants… scientifiquement !

    Qu’est-ce au juste que cette « théorie du genre » ?

    Mais qu’est-ce au juste que cette “théorie du genre” ? Selon Drieu Godefredi 3«  la théorie du genre soutient que la notion de sexe est culturelle de part en part. Que la distinction des sexes est sans ancrage biologique, donc arbitraire et modulable. Qu’en outre, le modèle hétérosexuel exerce une violence littéralement innommable sur les modèles sexuels et les genres alternatifs. Qu’il est donc temps, et légitime, de “défaire le genre”, pour reprendre le titre de l’un des ouvrages de la prêtresse contemporaine du genre, Judith Butler 4 , en éradiquant toute référence au masculin et au féminin, deux genres parmi une sarabande infinie de variations possibles… trans, queer, drag, butch, garou, dyke, fem, and so and » !

    Ça c’est pour la théorie. Dans la pratique, les mouvements LGBT [lesbiennes/gays/bi et transsexuels] ont transcrit le concept – en vérité la pressante l’injonction - d’éradiquer le binôme homme/femme pour le faire éclater en une multitude de possibles, de choix en fonction du caprice de l’instant, de l’humeur ou des circonstances. Le “sexe” masculin et féminin ne serait au fond qu’un vêtement échangeable ou interchangeable. L’idéal du caméléon, du nomade existentiel, bref du détraqué que la société s’efforce de promouvoir et produire en masse dès le plus jeune âge… Ce noble projet a finalement pour but de révéler au genre humain les extensibles potentialité d’une nature qui était jusqu’ici un leurre : l’homme n’était pas ce qu’il croyait être. Grâce au progrès des sciences humaines, aux lobbies LGBT et à MM. Hollande et Ayrault, hérauts de la modernité, nous savons maintenant ce qu’il en est. Merci à eux.

    Bref, les Associations représentant les minorités sexuelles s’étant mises en cheville avec l’Éducation nationale, elles furent chargées de mettre en musique les grands principes républicains d’Égalité de tous et de tout, et pour ce faire d’élaborer et de rédiger les programmes scolaires ad hoc. À partir de là nous retrouvons institutionnalisés les délires les plus scabreux. Ainsi la Ligne Azur « service aux parents, enseignants, éducateurs » citée par Vincent Peillon dans sa lettre du 4 janvier aux recteurs, fournit-elle des outils “pédagogiques”, lesquels doivent guider les enseignants dans leur rude parcours didacticiel ! S’adressant aux préadolescents en les faisant s’interroger par exemple sur leurs “pratiques sexuelles”. Au choix : « masturbation, pénétration buccale, anale, vaginale, autre, aucune ».

    Menace globale

    Au fond, ces gens ne font qu’appliquer les préconisations de l’Organisation mondiale de la Santé [OMS] Bureau régional pour l’Europe, contenues dans un rapport intitulé « Standards pour l’éducation sexuelle en Europe » qui en sa page 38 vante les bienfaits de la masturbation pour les tout petits. On trouvait jusqu’à il y a peu ce document officiel en ligne [fichier pdf] mais il a apparemment été supprimé des serveurs. Reste quelques uns ont pu le consulter et découvrir avec stupeur qu’entre zéro à quatre ans, il est temps d’apprendre la « masturbation enfantine » afin de laisser l’enfant exprimer « ses besoins, ses désirs et ses limites » sexuels. Cela par exemple en « jouant au docteur ». Certes nous disent les experts des Nations Unis « ce programme se confrontera à une résistance fondée sur des peurs et des préjugés » [bvoltaire.fr16déc13]. Ceci confirmant s’il en était besoin que le mal vient de haut et constitue une menace globale. Celle en l’occurrence de cette gouvernance mondiale qui ne dit pas encore son nom, celle qui hier, à l’automne 2010, voulait obliger les Européens à se faire massivement vacciner contre le virus grippal H1N1 avec des produits comportant de sérieux risques pour la santé humaine. Dormez braves gens vous êtes en de bonnes mains.

    Mais quoi d’extraordinaire à tout cela ? Faut-il avoir les yeux couverts d’écailles pour ne pas voir que ce qui nous choque aujourd’hui lorsqu’il s’agit de l’enseignement dumauvais genre à nos progénitures, nous l’avons laissé s’installer tranquillement des années durant… au nom de la tolérance, du “progrès”, de la Liberté individuelle 5érigée en fétiche barbare des temps modernes, de l’Égalité, autre coquecigrue. Le pathologique est ainsi devenu peu à peu la nouvelle normalité. Et ce qui était hier la normalité depuis que le monde est monde, est désormais proscrite. Et cela va très loin. Le train est lancé… pourtant certains virages comportent des risques de déraillement. La colère monte, encore faudra-t-il prendre la mesure des choses et comprendre que le combat à mener n’est ni national, ni européen, mais planétaire.

    Cela a commencé en douceur toujours au nom des Grands principes

    Sans faire de bruit les Association LGBT se sont donc vues, de facto, confier la tâche de mettre en musique – mais sans tapage – leur programme pansexualiste issus de ces « cerveaux malades » que stigmatisaient en mars 2013 le présentateur de France Inter Patrick Cohen [France5/12mars13] sous couvert d’égalité homme/femme et de plus de justice dans les rapports entre les sexes. En fait la théorie du genre – quin’existe pas – est un fil rouge qui coure à travers les grandes dispositions légales prises ces dernières années par les droites et les gauches confondues.

    Cela a commencé en douceur, petit bout par petit bout, pièce à pièce, avec avortement pour convenance personnelle, le pacs [pacte civil de solidarité] puis le mariage inverti, le bannissement de code civil des références père/mère et, en continuité, requalification des classes maternelles qui ne doivent plus renvoyer au rôle spécifique de la femme ; idem en ce qui concerne la désignation asexuée des “parents” pour arriver en fin de parcours à l’endoctrinement à l’interchangeabilité sexuelle… au motif d’éducation des enfants contre la violence de genre. Au passage notons qu’autrefois les enfants et les individus bien élevés n’étaient pas particulièrement enclins à la violence intersexuelle. Mais c’était avant. Avant que l’émancipation – enfin ce qu’on nomme tel - des femmes. Lesquelles n’ont jamais été autant molestées qu’aujourd’hui et dans toutes les strates sociales. C’était aussi avant que la Ligne Azur vantée par M. Peillon, n’enrichissent le vocabulaire des gamins et gamines avec toute la panoplie des pratiques sado-masochistes. 6

    Finalement, le “Jour de Colère” – Dies irae – du 26 janvier dernier et les dizaines voire la centaine de milliers de marcheurs déterminés en dépit de la pluie battante, ont commencés à faire réfléchir les illuminés du gouvernement plus préoccupés de changement “sociétaux” que de redressement économique. La peur venait momentanément de changer de camp. On apprenait coup sur coup que les autorités renonçaient à envisager – pour le moment - la légalisation relative à la procréation médicalement assistée [PMA] et au-delà, à la gestation pour autrui [GPA]. Ce 3 février, c’est la totalité du projet de loi sur la Famille – dénomination par antiphrase – qui était purement et simplement abandonné. Une défaite en rase campagne.

    La gangrène progresse inexorablement et à bas bruit

    Malgré tout ne nous faisons aucune illusion. Ces gens sont tenaces. Il y a quatre décennies, l’intelligentsia cosmo-germanopratine pétitionnait à jet continu en faveur de la dépénalisation de la pédophilie 7. En Belgique l’affaire Dutroux les fit regagner l’ombre dont ils n’auraient jamais dû sortir. Hélas quarante ans après l’on découvre avec effroi que les mêmes sont en passe d’avoir gain de cause. Caché, le fleuve aux eaux putrides n’avait cessé de couler. Pour cela accusons nos élites de trahison. Des usurpateurs qui nous ont mené par le bout du museau avec des paroles engageantes et d’innombrables fausses promesses. Mais la faute véritable en incombe d’abord à ceux qui les ont écouté, qui n’ont rien vu ou voulu voir venir, qui ont tout gobé et qui par veulerie s’en sont remis, pour conduire leur destinée, à une caste de menteurs et de sociopathes.

    Il faut tendre l’oreille pour entendre aujourd’hui le secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé qui ne souffle mot alors que la polémique sur l’enseignement du “genre” fait rage dans les médias serfs. Sur ce thème décernons un oscar à la chaine télévisuelle BFM, exemplaire avec sa journalière séance vespérale d’hystérie. Le même personnage, M. Copé d’origines algérienne et bessarabienne [wiki] avait pourtant soutenu sans réserve en août 2011 les 80 députés qui réclamaient le retrait de manuels scolaires de la théorie du genre, jugeant que ceux-ci « posent de vraies questions » [20minutes.fr31août11]. Le député UMP de la Drôme Hervé Mariton déclarait pour sa part que « la théorie du genre n’a pas sa place dans un manuel scolaire ». Las, le même jour, le ministre UMP de l’Éducation nationale, Luc Chatel envoyait une fin de non recevoir aux 80 députés UMP réclamant le retrait d’un manuel de Sciences de la vie et de la Terre [SVT] dont ils contestaient un chapitre sur l’identité sexuelle c’est-à-dire précisément consacré à la théorie du genre… laquelle n’existe pas ! Depuis les quatre-vingt députés sont rentrés dans leur trou. Il n’y en avait en effet plus guère ce dimanche 2 février 2014 à défiler avec ceusses de la « Manif pour tous ».

    UMP/PS une collusion très objective

    Par sa réponse dilatoire, arguant qu’il n’avait pas à connaître du contenu des dits manuels, le libéral Luc Chatel apportait derechef - une collusion objective - de l’eau au moulin de dame Belkacem. Celle-ci, Secrétaire nationale du Parti socialiste auxquestions de société et porte-parole de Mme Ségolène Royal, avait expliqué aux parlementaires frondeurs, avec toute la sévérité dont est capable sa petite personne, qu’ils sont a priori interdits d’ingérence dans la rédaction des manuels scolaires. Se mêler de ce qui ne les regarde pas étant une attitude « inacceptable sur la forme comme sur le fond ».

    À certaines exceptions près cependant… « parce que les députés n’ont pas à écrire les programmes, sauf s’il s’agit de théories qui touchent aux valeurs de la nation, telles que la condamnation du négationnisme ou a contrario les lois mémorielles » [ibid]. Dont acte ! La sexualité précoce et ses perversions multiples et variées à venir qui lui sont potentiellement associées, ne “touche pas aux valeurs de la nation » ! Et la donzelle d’ajouter, se contredisant sans ciller : « Le politique n’a pas à écrire l’histoire ou à expliquer la science, il doit changer la société ». Sans doute ne se rend-t-elle pas compte de ce qu’elle dit… Au fond certains de ces gens sont persuadés gérer les “vrais problèmes” du temps présent… lesquels n’ont évidemment rien à voir avec le chômage galopant, les usines qui ferment et délocalisent, la fiscalité écrasante, l’absence d’avenir prévisible. Nihil novi sub sole, à la fin du XIXe siècles, républicains, radicaux et socialistes consacraient déjà l’essentiel de leurs forces à détruire l’Église et les congrégations, pendant ce temps le prolétariat soufrait et s’insurgeait 8. À présent c’est au tour de la famille, ultime cellule, dernier bastion de la société organique.

    Le genre, urgence sociétale absolue pour une “société du respect”

    L’urgence sociétale, elle, ne saurait attendre : « le vrai problème de société que nous devons régler aujourd’hui, c’est l’homophobie, et notamment les agressions homophobes qui se développent en milieu scolaire. L’école doit redevenir un sanctuaire, et la prévention de la délinquance homophobe doit commencer dès le plus jeune âge. Un jeune homosexuel sur cinq a déjà été victime d’une agression physique, et près d’un sur deux a déjà été insulté. Il est essentiel d’enseigner aux enfants le respect des différentes formes d’identité sexuelle, afin de bâtir une société du respect » [Najat Benkacem ibidem].

    Une « société du respect », c’est également ce que veulent, sans pourtant oser le dire trop ouvertement, ces UMP qui au départ, à chaque tentative d’imposer le “gender” à l’école, s’étranglaient d’indignation, allant jusqu’à exiger une commission d’enquête parlementaire « afin que toute la lumière soit faite » [Xavier Breton] sur l’influence sur la société française de la cette pseudo théorie. Au final, ce sont les mêmes, lorsqu’ils étaient encore au gouvernement, qui signaient le 11 mai 2011 la Convention d’Istanbul [acte du Conseil de l’Europe] imposant « l’éradication de toute pratique fondée sur un rôle stéréotypé des femmes et des hommes ». Autre faux nez ou vestibule pour les études de genre… Car comment expliquer les violences entre les sexes si ce n’est par cette théorie à prétention “scientifique” en vogue sur le marché des idées ?

    Après le marxisme, le freudisme, l’internationale pansexualiste

    L’Allemagne a autorisé la mention « sexe indéterminé » sur les certificats de naissance dès le 1er novembre 2013 et punit de quarante jours d’incarcération quiconque retire son ou ses enfants de l’école en guise de protestation contre l’enseignement de la pornographie à l’école [french.ruvr.ru22janv14]. M. Peillon ne lésine pas non plus : toute absence indue – ses yeux – sera sanctionnée de 750 € d’amende. Au Népal, depuis le mois de juin, un « troisième genre » doit figurer sur les passeports à l’instar des documents officiels australiens. En Thaïlande, pays où le tourisme sexuel est une quasi industrie, le phénomène se développe à vitesse grand V. Nombre de vedettes locales du showbiz sont en réalité des hommes transformés en femmes. De jeunes garçons qui acquièrent via Internet des hormones féminines à l’âge de la puberté afin d’inhiber leur développement masculin naturel. La Suan Dusit Rajabhat University de Bangkok se serait faite à ce propos une spécialité d’accueillir des étudiants transgenres, les “ladyboys“ autorisés à porter l’uniforme féminin dans l’enceinte universitaire, et cet établissement d’enseignement supérieur organise d’ailleurs, son propre concours de beauté transsexuel. Mais nul n’évoque, oh grand jamais, les opérations manquées, les mutilations qui en résulte, la drogue, la prostitution et pour finir le suicide prévalant au sein de ces populations qui paye au prix fort le triste privilège d’avoir été “reine d’un jour et de quelques nuits” [medias-presse.info9oct13]. Après tout Science Po Paris, du temps du regretté Didier Decoin, organisait du 3 au 6 mai 2010 sa première “Queer week” 9 « entièrement consacrés aux questions de genres, d’identités et de sexualités ». Sexualités au pluriel. Par conséquent, avant de se gausser de ces pauvres Thaï, regardons ce qui se passe près de chez nous [yagg.com30avril10]

    Pour ne pas conclure… le combat continue

    En fait la majorité socialiste, qui se préoccupe bien plus de déconstruire l’humain que de restaurer la bonne santé économique, fait passer la théorie du genre à petits pas, chaque jour que Dieu fait, morceau par morceau, à travers un ensemble de dispositifs juridiques et de lois qui font sens mises bout à bout… cela tout en niant mordicus leur projet, ses objectifs et en accusant ceux qui jettent une lumière crue sur leurs menées détestables d’être des tenants du « négationnisme » ! Mais qui sont les vrais négationnistes ? Qui nie effrontément, avec un cynisme inouï, la réalité de l’enseignement du genre ?

    Il s’agit maintenant de démissionner ces menteurs s’ils ne s’y résolvent pas spontanément. Après Cahuzac, la coupe est pleine. On a vu la virulence de ces gens dans la négation des faits et l’invective, accusant, insultant, menaçant à la Chambre des députés et dans les lucarnes, ne parlant, contre toute évidence, que de « rumeur ». Ce système, leur système est devenu fou et ses acteurs se sont montrés à découvert. Bas les masques. À ce titre le Premier ministre et son gouvernement doivent partir et la chambre doit être dissoute. Exigeons des législatives.

    Léon Camus 3 février 2014