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Economie

  • LIBRE-ÉCHANGE, marché des dupes

     

    Face à l’adoption du Ceta défendu par Macron, un Parti socialiste divisé

    PAR SOPHIE CHAPELLE

    Le Parlement européen a adopté à une large majorité le 15 février le traité de libre-échange conclu entre l’Union européenne et le Canada (Ceta). Sur 695 eurodéputés, 408 ont voté pour, 254 se sont prononcés contre et 33 se sont abstenus. Les conservateurs, les libéraux et la majorité des sociaux-démocrates – à l’exception des eurodéputés socialistes et radicaux français [1] – ont voté en faveur du Ceta, alors que les Verts, l’extrême gauche et l’extrême droite ont voté contre. Un tableau avec la position de chaque eurodéputé est disponible sur le site du collectif Stop Tafta.

    Une large partie des dispositions prévues par le traité entreront en vigueur à partir du 1er mars, sans approbation des Parlements des États membres. « L’avènement du Ceta va encore aggraver la défiance populaire à l’égard de l’Europe et de ses dirigeants, et alimenter l’entreprise des populistes d’extrême-droite, plus soucieux d’instrumentaliser la peur que d’organiser une transition juste, durable et solidaire », déplore Amélie Canonne de l’association Aitec.

    - Notre dossier Traités de libre-échange : les multinationales contre la démocratie ?

    Dans la matinée, un petit millier de personnes ont manifesté à Strasbourg devant le Parlement européen. Des militants vêtus de combinaisons blanches se sont notamment allongés devant plusieurs accès routiers du bâtiment, contraignant les eurodéputés à descendre de leur voiture pour rejoindre l’enceinte à pieds. « Une mise en scène symbolique du piétinement de la démocratie au vu d’une intention de vote majoritairement favorable au Ceta », écrivent les organisations ANV COP21 et TTIP Game Over dans un communiqué. Une pétition ayant recueilli plus de trois millions de signatures contre la ratification du Ceta a par ailleurs été remise au Parlement.

    Le PS divisé

    Deux jours plus tôt, le 13 février, à l’initiative du collectif Stop Tafta-Ceta – qui regroupe plus de 80 organisations syndicales, associatives et politiques – huit eurodéputés socialistes, écologistes et du Front de gauche s’étaient retrouvés à Paris pour afficher leur opposition commune au Ceta. Parmi eux, deux candidats à la présidentielle française, Yannick Jadot (Les Verts) et Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise), aux côtés de partisans de Benoît Hamon. Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot s’opposent de longue date au Ceta et au Tafta (le projet d’accord de libre-échange entre les États-Unis et l’Union européenne). Il n’en est pas de même pour le PS. Les eurodéputés socialistes français se sont bien prononcés contre le Ceta à l’unanimité au Parlement européen [2]. Le bureau national du PS n’a en revanche toujours pas pris de position officielle, rappelle Mediapart.

    La position alambiquée de la ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, en dit long. Son ministère vient de publier un rapport qui indique très clairement que l’accord entre l’Union européenne et le Canada pourrait, en l’état, aggraver la situation sur le front climatique et environnemental [3]. Pourtant, Ségolène Royal se dit favorable au Ceta qui, « s’il intègre les propositions formulées », pourrait « dynamiser la lutte contre le changement climatique »... Une position très critiquée par plusieurs organisations, notamment Attac France et la Fondation Nicolas Hulot, qui rappellent qu’« il est impossible de négocier avec le réchauffement climatique ».

    Les députés socialistes se sont pour le moment accordés sur une abstention afin de concilier à la fois le choix de Benoît Hamon, opposé au traité, et le souhait du premier ministre Bernard Cazeneuve, favorable à son adoption. A l’issue du vote au Parlement européen, Benoît Hamon a néanmoins assuré qu’il suspendrait « immédiatement l’application du traité », s’il est élu Président de la République.

    Seul Emmanuel Macron est ouvertement favorable au Ceta

    Comme le rappellent Les Décodeurs, Emmanuel Macron est le seul candidat à la présidentielle ouvertement favorable au Ceta. Le 20 octobre dernier, il déclarait que ce traité « améliore objectivement les choses dans notre relation commerciale avec le Canada ». Tout en jugeant « pertinentes » les questions posées par le Parlement wallon lors de son veto, en octobre 2016, il estime que le traité devrait être exclusivement ratifié au niveau européen et non devant les parlements nationaux. « La politique communautaire commerciale, c’est la souveraineté de l’Europe », a-t-il notamment expliqué.

    La position de François Fillon n’est pas claire. Son programme n’en fait pas explicitement mention. A Strasbourg, les eurodéputés LR ont majoritairement voté en faveur du traité, tandis que les centristes se sont divisés [4]. Interrogé par Terre-net, le vainqueur de la primaire de la droite et du centre a répondu que le Ceta était « un bon accord si les règles du jeu sont identiques, et respectées par tous. Malheureusement, ce n’est pas le cas […] ». Si la candidate d’extrême-droite Marine Le Pen affiche une position clairement opposée au Ceta, ce n’est pas le cas d’élus frontistes : le groupe FN au conseil régional de Provence-Alpes-Côte-d’Azur s’est par exemple opposé en février 2014 à une motion demandant « l’arrêt des négociations sur le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement » (lire notre enquête sur le visage anti-social et anti-écolo du Front National).

    Suite à la ratification du Ceta par le Parlement européen, trente-huit parlements nationaux ou régionaux vont désormais devoir se prononcer sur le traité pour qu’il soit définitivement valide. « Nous n’avons aucune idée de la date de ratification prévue en France, commente Jean-Michel Coulomb d’Attac, mais nos organisations seront mobilisées pour faire en sorte que la France ne ratifie pas le traité. » Une résolution déposée par le Front de gauche et adoptée le 2 février par l’Assemblée nationale, « invite le gouvernement à organiser un référendum populaire au sujet de l’autorisation de ratification du Ceta ». Reste à savoir dans quelle mesure cette résolution non contraignante sera suivie d’effets et impliquera véritablement l’opinion publique.

    Notes

    [1Les sociaux-démocrates sont le deuxième plus grand groupe à Strasbourg par le nombre d’élus. D’après les calculs de Mediapart, la fracture est nette : ils sont 97 à avoir voté pour (dont une majorité d’Allemands, d’Espagnols, d’Italiens et d’élus d’Europe centrale) et 66 à s’y être opposés (dont l’ensemble des Français et des Belges).

    [3Lire cet article du Monde

    [4La plupart des élus LR a soutenu le texte mais six d’entre eux se sont abstenus (Michèle Alliot-Marie, Arnaud Danjean, Angélique Delahaye, Michel Dantin, Brice Hortefeux, Nadine Morano). Les libéraux de l’UDI-Modem, se sont totalement divisés sur le sujet, entre l’abstention (Marielle de Sarnez, Nathalie Griesbeck), l’opposition (Jean Arthuis, Robert Rochefort) ou encore l’approbation (Sylvie Goulard, Dominique Riquet). Source

  • Etes-vous pauvre ?

    Etes-vous pauvre ? Mesures de la pauvreté et impact sur le taux de pauvreté

     

     

    Etes-vous pauvre ? Cette question en apparence simple est en réalité assez complexe ! En effet, d'un point de vue statistique, pour être capable de définir si une personne est pauvre, il faut être capable de définir un niveau (ou un seuil) précis en dessous duquel une personne est alors considérée comme pauvre (et au dessus duquel elle ne l'est pas). Mais comment justement fixer ce niveau et comment l'ajuster dans le temps ? Est-on pauvre lorsque l'on dispose de moins 1000 euros par mois ? Est-on pauvre lorsque l'on est moins riche qu'un certain pourcentage de la population ? Est-on pauvre lorsqu'on ne peut pas s'acheter de la viande au moins une fois par semaine ? Avec ces trois questions, le Captain' vient d'introduire indirectement trois méthodes différentes pour mesurer la pauvreté : (1) la mesure monétaire absolue (un niveau de vie inférieur à x euros par mois, avec un seuil qui s'ajuste dans le temps en prenant en compte l'inflation), (2) la mesure monétaire relative (un niveau de vie inférieur à x% du niveau de vie médian des habitants de votre pays) et (3) la mesure de la pauvreté en tant que privation (ou mesure en conditions de vie). Chaque méthode a ses avantages et ses inconvénients, et selon le choix de la mesure et du seuil, le nombre de pauvre dans un pays peut drastiquement augmenter ou diminuer. C'est parti pour le grand test : "Etes-vous pauvre 2015 ?" !

     

     

    Selon les derniers chiffres de l'INSEE, 14,3% de la population française est pauvre, soit environ 8,6 millions de personnes (source : "Pauvreté en 2012 : comparaisons régionales - INSEE"). Selon l'INSEE, vous êtes "pauvre" si votre niveau de vie est inférieur à 987 euros par mois. Donc si vous gagnez le SMIC (1096 euros net en 2012), vous n'êtes pas pauvre ; et ce même si vous habitez tout seul à Paris et que votre loyer est de 700 euros (ce qui peut être discutable...) ! Si vous touchez uniquement le Revenu de Solidarité Active (RSA - 467 euros par mois), vous êtes alors considéré comme pauvre (là dessus, peu de discussions possibles) !

     

    Mais comment est calculé ce seuil de 987 euros ? Le seuil de pauvreté en France est défini par l'INSEE comme étant égal à 60% du niveau de vie médian de la population française : c'est donc une mesure relative, qui dépend directement du revenu médian du pays. Pour illustrer cela, supposons alors un pays avec 21 habitants, ayant chacun le niveau de vie suivant (voir tableau ci-dessous). Pour simplifier, on suppose alors que chaque habitant est célibataire et sans enfant, en évitant ainsi les problématiques relatives aux unités de consommation (pour plus d'infos à ce sujet, voir "La mesure de la pauvreté - INSEE").

     

    seuil-pauvrete-60

     

    La première étape consiste donc à calculer le niveau de vie médian. Dans notre exemple, le niveau de vie médian est de 1500 euros, ce qui signifie que 10 habitants ont un revenu supérieur à ce niveau et 10 habitants ont un revenu inférieur. Pour définir le seuil de pauvreté, on multiplie ensuite 1500 par 60%, ce qui nous donne un seuil à 900 euros. Ensuite, sont considérés comme pauvres tous les habitants ayant un niveau de vie inférieur à 900 euros (soit dans notre cas 5 habitants - et donc un taux de pauvreté de 23,8%). La prise en compte d'un seuil de pauvreté en fonction d'un niveau relatif de niveau de vie permet donc d'évaluer une notion de pauvreté à un moment donné et pour un pays donné. 

     

    Mais il y a aussi tout de même pas mal de limites à cette mesure. Supposons que du jour au lendemain, une croissance incroyable touche notre pays, et que le niveau de vie de l'ensemble des habitants double. Dans cette situation, avec un seuil de pauvreté défini de manière relative, il y aura toujours autant de pauvre dans notre pays : le seuil de pauvreté passant à 1800 euros, les pauvres d'avant sont toujours pauvres (au sens statistique) et ce malgré le fait que leur niveau de vie ait doublé. A l'inverse, il est possible de voir une baisse du taux de pauvreté dans un pays si les pauvres restent aussi pauvres (en euros) mais que les plus riches deviennent moins riches (une baisse du niveau de vie médian pouvant entraîner une baisse du taux de pauvreté, même sans hausse du niveau de vie réel des plus pauvres). Ces deux exemples sont assez extrêmes, mais illustre tout de même assez simplement les problématiques relatives à l'utilisation d'un seuil relatif.

     

    De plus, il est important de faire bien attention à ne pas tirer de conclusions hâtives lors des comparaisons internationales du taux de pauvreté. Par exemple un pays "A" où l'ensemble des habitants a le même niveau de vie (500 euros par mois par exemple) sera considéré comme ayant 0% de taux de pauvreté, tandis qu'un pays "B" où l'habitant le plus pauvre a un niveau de vie de 1000 euros mais où il existe de plus fortes inégalités pourrait avoir par exemple un taux de pauvreté de 20%.... Pourtant, les non-pauvres du pays "A" seraient tous pauvres dans le pays "B" (à un ajustement de revenu médian près) ! Le taux de pauvreté mesuré d'une manière relative se rapproche donc davantage d'une mesure des inégalités dans un pays donné que d'une réelle mesure de la pauvreté (même si les deux mesures peuvent être liées).

     

    Plutôt qu'une mesure relative, il est aussi possible de mesurer la pauvreté monétaire de manière absolue : c'est à dire en utilisant un niveau fixe dans le temps (avec simple ajustement pour l'inflation) ne dépendant pas de la richesse moyenne ou médiane d'un pays. Les Etats-Unis utilisent par exemple principalement une mesure monétaire absolue pour définir le taux de pauvreté. Le seuil de pauvreté a été défini en 1963 comme étant égal à trois fois le montant d'un régime alimentaire minimum, et est ajusté chaque année pour prendre en compte l'inflation. Par exemple, s'il faut au minimum 300$ par mois pour pouvoir se nourrir correctement aux USA, le seuil de pauvreté sera fixé à 900$. Cela nous donne donc une mesure absolue de la pauvreté, qui est par la suite ajustée en fonction de la situation familiale et du nombre d'enfant (source : "How the Census Bureau Measures Poverty"). Par exemple, un individu seul avec un niveau de vie inférieur à 12.119$ par an (1009$ par mois) sera considéré comme pauvre aux USA.

     

    poverty-threshold-usa

     

    En utilisant cette mesure monétaire absolue du seuil de pauvreté, le taux de pauvreté aux Etats-Unis est relativement stable, ce qui signifie que le niveau de vie des pauvres augmente à peu près au même niveau que l'inflation. Cependant, si les Etats-Unis utilisaient une mesure relative comme la France, il y a fort à parier que les conclusions seraient très différentes : la hausse des inégalités (cf travaux de Piketty par exemple) aux USA devraient en effet se traduire par une hausse du taux de pauvreté avec une mesure relative.

     

    Pour les pays en voie de développement, une mesure de pauvreté monétaire absolue souvent utilisée est celle de 1,25$ PPA par jour ("Banque Mondiale - Ratio de la population pauvre disposant de moins de $1,25 par jour (PPA) (% de la population)"). L'objectif ici est assez différent, mais cela permet une comparaison internationale entre les pays et la fixation d'objectifs de réduction de la pauvreté à l'échelle mondiale, comme par exemple, dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) : "Ojectif 1 - Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population dont le revenu est inférieur à un dollar par jour" (objectif atteint, principalement grâce à la forte croissance en Inde et en Chine - avec ajustement à 1,25$ par la suite)

     

    Intuitivement, le Captain' a donc tendance à préférer la mesure absolue (ajustée de l'inflation et/ou avec taux de change PPA) plutôt que la mesure relative. En effet, le problème avec la mesure relative est, qu'à part en réduisant les inégalités, il est très difficile de réduire le taux de pauvreté. De plus, à très long-terme, il est possible d'imaginer un monde avec un taux de pauvreté quasi-nul si l'on mesure cela d'un point de vue absolu (#Bisounours), tandis qu'à part à avoir un monde communiste, la pauvreté sera toujours présente et ne baissera pas vraiment si l'on garde une mesure relative.

     

    Une dernière méthode consiste non pas à s'appuyer sur des variables monétaires (niveau de vie, revenu, consommation) mais sur des notions de privations ou de conditions de vie. Une personne est alors considérée comme pauvre si elle est privée d'accès à un certains nombres de biens, de services ou de "capacités" (mais pas au sens des "capabilities" d'Amartya Sen) jugés comme "essentiels". Selon Eurostat par exemple (source : "Material deprivation statistics"), une personne est pauvre si elle n'a pas accès au minimum à 4 des 9 biens/services/capacités :

     

    1. Etre capable de payer son loyer ou son emprunt hypothécaire
    2. Pouvoir chauffer suffisamment pour son logement
    3. Partir une semaine en vacances par an
    4. Manger une fois tous les deux jours un repas avec viande, poulet, poisson ou équivalent végétarien
    5. Faire face à des charges financières imprévues
    6. Avoir un téléphone (y compris le téléphone mobile)
    7. Avoir un téléviseur couleur
    8. Avoir une machine à laver
    9. Avoir une voiture


    En prenant en compte cette notion de privation, "seulement" 5,1% des français sont alors considérés comme pauvre (contre plus de 14% avec la mesure relative de l'INSEE - voir graphique ci-dessous pour un comparatif du taux de privation dans différents pays). De plus, les questions étant les mêmes pour l'ensemble des pays, une comparaison internationale est alors plus facile qu'avec la notion de pauvreté relative (qui dépend du revenu médian du pays) et les problématiques de parité de pouvoir d'achat sont indirectement intégrées. L'INSEE utilise d'ailleurs aussi un indicateur de pauvreté en condition de vie pour compléter l'approche monétaire (voir par exemple "INSEE - Pauvreté en conditions de vie") qui ressemble pas mal à celui d'Eurostat mais en mettant l'accent sur les restrictions de consommation, les retards de paiements, l'insuffisance des ressources et les difficultés de logement.

     

    taux-privation

     

    Mais pour revenir au taux de pauvreté calculé de manière relative, et pour compléter son argumentation sur "pourquoi le Captain' n'aime pas trop cet indicateur relatif", voici un comparatif du taux de pauvreté en Europe en prenant donc en compte le pourcentage de population dans chaque pays ayant un niveau de vie inférieur à 60% du niveau de vie médian de ce pays (source : "INSEE").

     

    europe-pauvrete-seuil

     

    Avec ce genre d'indicateur, et si l'on ne fait pas attention à la manière dont le taux de pauvreté est calculé, on se retrouve à penser que le taux de pauvreté en Espagne est similaire à celui de la Bulgarie, de la Grèce ou de la Roumanie... Mais si on regarde le niveau de vie moyen ou le taux de privation (graphique ci-dessus), il est assez simple de voir qu'en réalité, le taux de pauvreté est nettement inférieur en Espagne qu'en Bulgarie (et si vous avez voyagé dans les deux pays, il y a peu de débat là dessus). Attention, le Captain' ne dit pas qu'il n'y a pas de pauvre en Espagne ou que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais simplement qu'une carte telle que celle ci-dessus n'a en réalité pas beaucoup de sens (en tout cas en tant que mesure de la pauvreté).

     

    Conclusion : Un indicateur n'est ni bon ni mauvais : un indicateur sert simplement à mesurer une situation donnée... Ensuite, pour que cela ait de la valeur, il faut être capable d'analyser et de "faire parler" cet indicateur. Le problème avec le taux de pauvreté mesuré de manière relative est que l'interprétation est assez complexe et que le lien entre "le taux de pauvreté baisse" et "les pauvres sont moins pauvres" n'est pas direct ! Bien que la mesure des privations ou la mesure absolue aient aussi des défauts, cela se rapproche davantage, selon le Captain', du concept de "taux de pauvreté" tel qu'il pourrait être imaginé par un individu n'ayant pas de connaissances poussées en statistiques ou en économie. Dans le meilleur des mondes, il faudrait donc regarder en parallèle l'évolution de ces trois indicateurs, afin d'avoir une meilleure compréhension globale de la pauvreté dans un pays donné, tout en pouvant comparer l'évolution par rapport à ses voisins et être capable de mesurer si la pauvreté diminue ou non dans le temps. Voilà, la prochaine fois qu'un de vos amis vous dira "je suis pauvre en ce moment", vous aurez de quoi argumenter pas mal sur cette notion de pauvreté relative, absolue ou de privation (le pote relou de base !)...

     

  • Posséder ou partager ?

     

    Et si l’usage ne correspondait pas nécessairement à la propriété ? Soucieuses d’en finir avec l’hyperconsommation d’objets qui ne servent que très rarement, confrontées à un pouvoir d’achat en berne, de nombreuses personnes s’organisent pour partager et troquer. Un mouvement en pleine expansion que les groupes privés ont vite détourné pour élargir le cercle… des acheteurs.

    par Martin Denoun et Geoffroy Valadon, octobre 2013

    « Au domicile de chacun d’entre nous, il existe à la fois un problème écologique et un potentiel économique. Nous avons dans nos foyers de nombreux biens que nous n’utilisons pas : la perceuse qui dort dans un placard et ne servira en moyenne que treize minutes dans sa vie, les DVD visionnés une ou deux fois qui s’entassent, l’appareil photo qui attrape la poussière plus que la lumière, mais aussi la voiture que nous utilisons en solitaire moins d’une heure par jour ou l’appartement vide tout l’été. La liste est longue. Et elle représente une somme impressionnante d’argent comme de déchets futurs. » Telle est, en substance, l’accroche des théoriciens de la consommation collaborative. Car, assène avec un grand sourire Rachel Botsman (1), l’une de leurs chefs de file, « vous avez besoin du trou, pas de la perceuse ; d’une projection, pas d’un DVD ; de déplacements, pas d’une voiture ! »…

    Jeremy Rifkin est celui qui a diagnostiqué cette transition d’un âge de la propriété vers un « âge de l’accès (2) » où la dimension symbolique des objets décroît au profit de leur dimension fonctionnelle : alors qu’une voiture était autrefois un élément de statut social qui en justifiait l’achat au-delà de son usage, les consommateurs se sont mis à louer leur véhicule.

    Aujourd’hui, c’est même leur propre automobile ou leur propre domicile que les jeunes proposent à la location. S’ils font ainsi le désespoir de nombreux industriels du transport ou de l’hôtellerie, d’autres y voient un détachement vis-à-vis des objets de consommation porteur d’espoir. Les plates-formes d’échange permettent une meilleure allocation des ressources ; elles atomisent l’offre, éliminent les intermédiaires et facilitent le recyclage. Ce faisant, elles érodent les monopoles, font baisser les prix et apportent de nouvelles ressources aux consommateurs. Ceux-ci seraient ainsi amenés à acheter des biens de qualité, plus durables, incitant les industriels à renoncer à l’obsolescence programmée. Séduits par les prix réduits et par la commodité de ces relations « pair à pair » (P2P), ils contribueraient à la réduction des déchets. La presse internationale, du New York Times au Monde en passant par The Economist, titre sur cette « révolution dans la consommation ».

    Un tour de passe-passe

    Les partisans de la consommation collaborative sont souvent des déçus du « développement durable ». Mais, s’ils lui reprochent sa superficialité, ils n’en font généralement pas une critique approfondie. Se réclamant surtout de Rifkin, ils n’évoquent jamais l’écologie politique. Ils citent volontiers Mohandas Gandhi : « Il y a assez de ressources sur cette terre pour répondre aux besoins de tous, mais il n’y en aura jamais assez pour satisfaire les désirs de possession de quelques-uns (3). » Cela ne les empêche pas de manifester une forme de dédain à l’égard des décroissants et des militants écologistes en général, vus comme des utopistes marginaux et « politisés ».

    « C’est en 2008 que nous avons buté contre le mur. Ensemble, mère nature et le marché ont dit “stop !”. Nous savons bien qu’une économie basée sur l’hyperconsommation est une pyramide de Ponzi (4), un château de cartes », argumentait Botsman lors d’une conférence Technology, Entertainment and Design (TED) (5). Selon elle, la crise, en contraignant les gens à la débrouille, aurait provoqué un sursaut de créativité et de confiance mutuelle qui aurait fait exploser ce phénomène de la consommation collaborative (6).

    De plus en plus de sites Internet proposent de troquer ou de louer des biens « dormants » et coûteux : lave-linge, vêtements de marque, objets high-tech, matériel de camping, mais aussi moyens de transport (voiture, vélo, bateau) ou espaces physiques (cave, place de parking, chambre, etc.). Le mouvement touche jusqu’à l’épargne : plutôt que de la laisser dormir sur un compte, des particuliers se la prêtent en contournant les banques (7).

    Dans le domaine des transports, le covoiturage consiste à partager le coût d’un trajet ; une sorte d’auto-stop organisé et contributif, qui permet de voyager par exemple de Lyon à Paris pour 30 euros, contre 60 euros en train, et de faire connaissance avec de nouvelles personnes le temps du trajet. Plusieurs sites sont apparus en France dans les années 2000 pour proposer ce service. Puis s’est produite l’évolution typique des start-up du Web : on se bat pour s’imposer comme la référence incontournable de la gratuité, et, une fois cette position obtenue, on impose aux utilisateurs une facturation à travers le site, « pour plus de sécurité », en prélevant une commission de 12 %. Alors que le numéro un français, Covoiturage.fr, est devenu BlaBlaCar afin de se lancer à la conquête du marché européen, et que son équivalent allemand, Carpooling, arrive en France, des covoitureurs excédés par le virage mercantile du site français ont lancé la plate-forme associative et gratuite Covoiturage-libre.fr.

    L’autopartage traduit lui aussi une avancée culturelle et écologique. Des plates-formes comme Drivy permettent la location de véhicules entre particuliers. Pourtant, les acteurs dominants du marché sont en fait des loueurs flexibilisés (location à la minute et en self-service) qui ont leur propre flotte. La réduction annoncée du nombre de véhicules est donc toute relative. Même la flotte Autolib’, mise en place par la mairie de Paris avec le groupe Bolloré sur le modèle des Vélib’, se substitue aux transports en commun davantage qu’elle ne permet de supprimer des voitures (8).

    S’agissant de l’hébergement, Internet a également favorisé l’envol des échanges entre particuliers. Plusieurs sites (9) permettent de contacter une foule d’hôtes disposés à vous recevoir gratuitement chez eux pour quelques nuits, et cela dans presque tous les pays. Mais le phénomène du moment, c’est le « bed and breakfast » informel et citadin et son leader incontesté, Airbnb. Cette start-up vous propose de passer la nuit chez des Athéniens ou des Marseillais qui vous concocteront un généreux petit déjeuner « en option » pour un prix inférieur à celui d’un hôtel. Une pièce vide chez vous ou votre appartement lorsque vous partez en vacances peuvent ainsi devenir une source de revenus. En un mot : « Airbnb : travel like human » Avec Airbnb, voyagez comme des êtres humains »). Dans la presse économique, cependant, la start-up montre un autre visage. Elle s’enorgueillit de prélever plus de 10 % de la somme payée par les hôtes, et de voir son chiffre d’affaires de 180 millions de dollars en 2012 croître aussi rapidement que sa capitalisation boursière, de près de 2 milliards de dollars.

    « La richesse réside bien plus dans l’usage que dans la possessionAristote », clamait l’entreprise d’autopartage City Car Club. Mais, à y regarder de plus près, le détachement vis-à-vis de la possession diagnostiqué par Rifkin ne semble pas en impliquer un vis-à-vis de la consommation : le rêve d’antan était de posséder une Ferrari ; aujourd’hui, c’est simplement d’en conduire une. Et si les ventes diminuent, les locations augmentent. Cet « âge de l’accès » révèle une mutation des formes de la consommation lié à un changement logistique : la mise en circulation des biens et des compétences de chacun à travers des interfaces Web performantes. Loin de s’en effrayer, les entreprises voient dans cette fluidification tout un potentiel de transactions nouvelles dont elles seront les intermédiaires rémunérés.

    D’une part, cela permet d’élargir la base des consommateurs : ceux qui n’avaient pas les moyens d’acheter un objet coûteux peuvent le louer à leurs pairs. D’autre part, la marchandisation s’étend à la sphère domestique et aux services entre particuliers : une chambre d’amis ou le siège passager d’une voiture peuvent être proposés à la location, de même qu’un coup de main en plomberie ou en anglais. On peut d’ailleurs anticiper le même effet rebond que dans le domaine énergétique, où les réductions de dépenses issues de progrès techniques conduisent à des augmentations de consommation (10) : les revenus qu’une personne tire de la mise en location de son vidéoprojecteur l’inciteront à dépenser davantage.

    Pourtant, il existe bien de nouvelles pratiques qui vont à rebours du consumérisme. Elles sont très diverses : les couchsurfers (littéralement, « surfeurs de canapé ») permettent gracieusement à des inconnus de dormir chez eux ou bénéficient de cette hospitalité. Les utilisateurs de Recupe.net ou de Freecycle.org préfèrent offrir des objets dont ils n’ont plus l’utilité plutôt que les jeter. Dans les systèmes d’échange locaux (SEL), les membres offrent leurs compétences sur une base égalitaire : une heure de jardinage vaut une heure de plomberie ou de design Web. Dans les Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP), chacun s’engage à s’approvisionner pendant un an auprès d’un même agriculteur local avec lequel il peut développer des liens, et participe bénévolement aux distributions hebdomadaires de légumes. Cet engagement relativement contraignant traduit une démarche qui dépasse la simple « consomm’action » consistant à « voter avec son portefeuille ».

    Quel est le point commun entre ces projets associatifs et les start-up de la distribution C2C — pour consumer to consumer, « de consommateur à consommateur » ? Comparons les couchsurfers et les clients d’Airbnb : pour les premiers, l’essentiel réside dans la relation avec la personne rencontrée, et le confort est secondaire, tandis que pour les seconds, c’est l’inverse. Les critères de leurs évaluations respectives sont donc sensiblement différents : ce qui prime sur Airbnb, au-delà du prix, c’est la propreté du lieu et la proximité avec le centre touristique, alors que sur Couchsurfing.org, au-delà de la gratuité, ce sont les moments avec l’hôte. De même, les plates-formes telles que Taskrabbit.com proposent des échanges de services entre particuliers payants, alors que les SEL reposent sur le don.

    Si, dans leurs articles destinés au grand public, les promoteurs de la consommation collaborative citent souvent les initiatives associatives pour vanter l’aspect « social » et « écologique » de cette « révolution », celles-ci disparaissent au profit des start-up lorsqu’ils s’expriment dans la presse économique. Non seulement parce que les échanges à but non lucratif sont plus difficilement monétisables, mais aussi parce qu’ils ne sont pas « massifiables ». En fait, on ne peut réunir les deux démarches sous l’étiquette d’« économie du partage » qu’en se focalisant sur la forme de ces relations, et en minorant les logiques très différentes qui les nourrissent. Cet amalgame, qui culmine dans le tour de passe-passe consistant à traduire to share partager ») par « louer », est largement encouragé par ceux qui cherchent à profiter du phénomène. Par un subterfuge qui s’apparente au greenwashing habillage vert »), des projets tels que les AMAP en viennent à servir de caution. Ceux qui s’en font l’écho en minorant les valeurs sociales sous-jacentes à ces projets participent ainsi à une sorte de collaborative washing. Les personnes qui offrent leur toit, leur table ou leur temps à des inconnus se caractérisent en effet généralement par des valeurs liées à la recherche de pratiques égalitaires et écologiques ; ce qui les rapproche davantage des coopératives de consommation et de production que des plates-formes d’échange C2C.

    Cette dualité en recoupe bien d’autres : celle qui sépare le « développement durable » de l’écologie politique, ou encore le mouvement du logiciel open source — qui promeut la collaboration de tous pour améliorer les logiciels — de celui du logiciel libre — qui promeut les libertés des utilisateurs dans une perspective politique. A chacun de ces domaines, on pourrait étendre la fameuse distinction opérée par Richard Stallman, l’un des pères du logiciel libre : « Le premier est une méthodologie de développement ; le second est un mouvement social (11). »

    Martin Denoun et Geoffroy Valadon

    Animateurs du collectif La Rotative, www.larotative.org
  • Retraites: un avis...

    PS, droite et Medef réunis : “puisqu'on vit plus longtemps on doit cotiser plus longtemps” !

    On ne mesure pas suffisamment ce que cette phrase, que politiciens et media nous balancent à longueur de temps, cache de cynisme.

    C'est reconnaitre que le progrès n'est là que pour profiter aux riches et aux puissants, pas à ceux qui travaillent.

    Que les progrès technologiques et les gains de productivité aillent enrichir jusqu'à plus soif patrons et actionnaires : c'est normal !

    Mais que les salariés voient leur existence s'allonger grâce à l'amélioration des conditions de vie et de la médecine : et bien pas question qu'ils en profitent !

    En revanche, leur calcul est juste : pour diminuer l'espérance de vie rien de tel que d'allonger la durée du travail.

    C'est imparable, en tous temps et en tous lieux où on travaille plus longtemps : on meurt plus tôt !

    A l'inverse plus on diminue le temps de travail et plus on vit longtemps !

    Evidemment ils ne peuvent pas le dire aussi crument, alors ils enrobent !

    Bien sur ils auraient bien d'autres moyens de trouver l'argent qui va manquer pour assurer les retraites :

    • rapatrier fraude et évasion fiscale

    • reprendre les cadeaux de toutes sortes consentis aux entreprises qui réalisent les plus gros profits

    • taxer dividendes et spéculation

    • faire la réforme fiscale nécessaire pour plus de justice et une meilleure efficacité économique

    • aligner les retraites des politiciens sur celles des salariés (ça c'est juste pour qu'ils participent à l'effort collectif !)

    • etc etc

    Après, mais après seulement, ils pourront, éventuellement, envisager de faire travailler plus longtemps les salariés et d'amputer les pensions des retraités.

    Mais ça ne sera plus nécessaire !

    Le gouvernement pourra même alors prendre cette vraie mesure de gauche : augmenter les pensions, et donc la consommation, et donc l'emploi, et donc les recettes des caisses de retraite !

    Et puis, nos dirigeants qui sont nuls, incompétentents, lâches, passéistes, soumis à la finance, aux diktats de Bruxelles … sont aussi paresseux !

    Ils refusent de voir que le monde a changé.

    Ce qui était valable il y a 70 ans ne l'est plus aujourd'hui.

    Grâce (ou à cause) de la mondialisation, des nouvelles technologies, des gains de productivité et … de la spéculation, celà ne ressemble à rien de continuer à abonder les pensions avec les seuls prélèvements sur les salaires.

    Alors que les profits ont considérablement augmenté avec de moins en moins de salariés pour les réaliser et que certains ne font que “faire de l'argent avec l'argent”, c'est là qu'il faut prélever les cotisations retraites manquantes.

    Pour une même richesse produite une entreprise de machines outils emploiera 100 cotisants là ou 5 suffiront à un courtier en bourse par exemple. Et dans le premier cas la marge dégagée sera minime et les cotisations importantes alors que pour le second ce sera l'inverse : très forte marge et peu de cotisations.

    Il faut donc rétablir l'équilibre en modifiant l'assiette des charges sociales (dont celles des retraites).

    Ce n'est pas seulement une mesure juste humainement, c'est une nécessité économique : en plus de régler la question des retraites pour l'avenir, elle permettra la diminution des charges des entreprises productives de richesses (et donc leur compétitivité) et des salariés (et donc leur pouvoir d'achat).

     

    Sans cette décision réaliste, moderne, les caisses continueront à se vider et les travailleurs et les retraités continueront à être pressurés … en vain !

  • Retraites complémentaires: ce qui va changer

    Retraites complémentaires : une simulation pour comprendre l’impact de la réforme

    Le Monde | 30.10.2015 à 15h04 • Mis à jour le 30.10.2015 à 16h11 | Par Frédéric Cazenave

    A l’issue d’une ultime séance de négociations au siège du Medef, le patronat et trois syndicats (CFDT, CFTC, CFE-CGC) ont validé, vendredi 30 octobre, l’accord sur la réforme du régime des retraites complémentaires, destiné à renflouer les caisses de l’Agirc-Arrco.

    Cet accord, qui doit être formellement signé dans les jours qui viennent, comporte une mesure phare : la mise en place d’un système de bonus-malus pour inciter les salariés à décaler leur départ à la retraite.

    Lire aussi : Patronat et syndicats valident l’accord sur les retraites complémentaires

    À partir de 2019, les salariés qui auront atteint l’âge légal de départ à la retraite (62 ans) et la durée de cotisation requise pour obtenir une pension à taux plein, devront quand même travailler un an de plus. Sinon ? Ils subiront une décote de 10 % pendant deux ans (voire trois) sur leurs retraites complémentaires.

    Ceux qui travailleront deux années de plus - soit jusqu’à 64 ans - bénéficieront au contraire d’un bonus de 10 % pendant un an. Ce bonus grimpe respectivement à 20 % et 30 % pour trois et quatre années de travail supplémentaires.

    L’accord prévoit aussi une moindre revalorisation des pensions pendant trois ans. Celles-ci augmenteraient à un rythme inférieur à l’inflation de 1 point. Une mesure synonyme de perte de pouvoir d’achat pour les retraités. De même, décaler la revalorisation des pensions des régimes complémentaires au 1er novembre 2016, plutôt qu’en avril, entraînera un petit manque à gagner.

    Pour appréhender l’impact de ces mesures nous avons demandé au cabinet de conseils Optimaretraite de réaliser des simulations pour deux types de profils : un cadre gagnant 54 000 euros de salaire brut par an (salaire moyen des cadres selon l’Association pour l’emploi des cadres), et un salarié non cadre gagnant 20 544 euros annuels (salaire médian de 1 772 euros en France). Les deux ont travaillé tout au long de leur carrière et partent à la retraite à taux plein à 62 ans.

     

    1 - Impact du bonus-malus pour un cadre

    Montant de la pension avec les règles actuelles :

    Pour un départ en retraite à 62 ans il touche chaque année 29 290 euros.

    Montant de la pension avec la réforme :

    • Pour un départ à 62 ans, il subit la décote de 10 % sur les régimes complémentaires et perçoit donc 28 049 euros pendant ses trois premières années, avant de toucher à 65 ans le taux plein soit 29 290 euros.
      Sur cette période (de 62 à 65 ans), sa perte de pension atteint donc 3 723 euros par rapport aux règles actuelles.
    • Pour un départ à 63 ans, il n’aura pas d’abattement sur ses régimes complémentaires. Comme il a travaillé une année de plus que le taux plein, il a généré de nouveaux droits. Il touchera donc une pension annuelle de 30 740 euros.
      La réforme est neutre et ne change rien par rapport aux règles actuelles.
    • En cas de départ à 64 ans, il bénéficie d’un bonus de 10 % sur ses régimes complémentaires pendant une année. Il percevra donc 33 512 euros à 64 ans et 32 189 euros ensuite.
      Soit un gain de 1 323 euros par rapport à une personne qui déciderait aujourd’hui de partir à 64 ans.
    • En partant à 65 ans, le bonus est de 20 % sur les complémentaires. Il touche donc 36 372 euros la première année, puis 33 645 euros ensuite.
      Soit un gain de 2 727 euros par rapport à une personne qui déciderait aujourd’hui de partir à 65 ans.


    2 - Impact du bonus-malus pour un salarié non-cadre

    Montant de la retraite avec les règles actuelles :

    Départ en retraite à 62 ans, il touche chaque année une pension de 12 783 euros

    Montant de le pension avec la réforme :

    • Pour un départ à 62 ans, il perçoit 12 404 euros pendant ses trois premières années, avant de toucher le taux plein à 65 ans soit 12 783 euros.
      Sur cette période (de 62 à 65 ans), la perte de pension atteint donc 1 136 euros par rapport aux règles actuelles.
    • Pour un départ à 63 ans, la réforme est neutre et ne change rien par rapport aux règles actuelles.
    • En cas de départ à 64 ans, le bonus de 10 % sur ses régimes complémentaires pendant une année, permet un gain de 400 euros (pour une pension de 14 515 euros cette année là) par rapport à une personne qui déciderait aujourd’hui de partir à 64 ans.
    • En partant à 65 ans, le bonus de 20 % sur les complémentaires engendre un gain de 820 euros (pour une pension de 15 614 euros cette année là) par rapport à une personne qui déciderait aujourd’hui de partir à 65 ans.

     

    3 - Impact de la revalorisation des pensions

    La revalorisation des retraites pendant trois ans se fera donc à un rythme inférieur de 1 point à l’évolution des prix. La simulation ci-dessous se base sur une inflation de 1,5 % pendant 3 ans et intègre en 2016 le report de la revalorisation au 1er novembre.

    Cadre (pension annuelle de 29 290 euros)

    • Manque à gagner en 2016 : 129 euros
    • Manque à gagner entre 2016 et 2018 : 769 euros

    Non cadre (pension annuelle de 12 783 euros)

    • Manque à gagner en 2016 : 39 euros
    • Manque à gagner entre 2016 et 2018 : 235 euros