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France

  • Les tournures étranges de la liberté d’expression

    PRÉSENTATION :: En temps de guerre, aller regarder la France depuis l’autre côté de la Manche permet de voir la direction du manche (la barre en navigation aéronautique). D’outre-Atlantique, regarder la France c’est la voir de plus loin encore. Mais l’éditorialiste américain engagé dans l’information pour la liberté d’expression, Glenn Greenwald, plusieurs fois primé pour ses travaux, survole de près, où qu’il se trouve.
    Pour observer il ne s’embarrasse pas de la morale, en technicien du droit il va au droit et regarde la façon dont s’exécute le droit, par rapport aux textes de référence attachés aux libertés humaines.
    Ici, il entreprend un questionnement pragmatique de la liberté en France. Il explore, en l’informant, la liberté exécutive sous l’égide du slogan de la liberté d’expression sorti des protestations solidaires après les attentats de Charlie Hebdo. Non seulement en France, mais incidemment au Royaume Uni, aux USA, et dans la société occidentale en général.
    Spécialement, la France de « Charlie » paraît renouveler le cycle régressif qui inspire le monde, où auparavant les USA s’étaient particulièrement distingués. « Il faut bien être premier en quelque chose » ironisait Gilles Kepel évoquant, à propos de son livre sur le terrorisme et la guerre [1], la première place de l’Hexagone en nombre de djihadistes internationaux introduits au Moyen Orient. Glenn Greenwald nous explique qu’en matière de liberté nous aurions également innové un pire.
    Avec l’information sociale de la double contrainte (double bind) en pleine austérité, entre la politique étrangère de la guerre et la politique nationale des pétrodollars et de l’armement, le pays se disloque dans un double et même triple langage à travers les déclarations politiques, les actes attendus, les résultats, et leur communication. Mais les gens y seraient aussi pour quelque chose — du moins ceux qui défilèrent le 11 janvier 2015 : qu’entendent-ils par liberté d’expression ?
    L’auteur n’y va pas par quatre chemins, en déconstruisant la chronologie d’une gestation « communautarienne » occidentale et post-coloniale du concept et de l’application de la liberté d’expression, telle qu’elle se manifeste en France depuis les attentats de Charlie Hebdo, il dévoile au-delà de la réalité liberticide l’injustice et l’inégalité qui composent le cadre hiérarchique de la société, l’administration des citoyens et de surcroît, le plus inquiétant pour la suite, les tables constitutionnelles communes à tous, où le registre sécuritaire transforme le droit en non droit.
    On est surpris de retrouver Dieudonné cité en exemple des cas abusifs d’accablement répressif. Dieudonné, on n’osait plus en parler, on auto-censurait de l’évoquer. Ce n’est pas une provocation mais le regard externe qui considère les abus contre le droit à la liberté d’expression, tel qu’il est situé dans les conventions internationales et entre autres concernant le web depuis 2012 [2].
    La liberté de parole ne suppose pas l’adhésion à l’idée exprimée ni l’autorisation au passage à l’acte de ce qu’elle exprime, c’est un principe diptyque avec la liberté de penser, c’est pourquoi les deux forment et demeurent un droit inaliénable quelle que soit l’idée exprimée : réduire ou dissocier cette liberté, c’est l’abolir.
    Le droit international reste respectable, et les constitutions ne sont pas des magmas de chewing gum. Pourtant, on assiste à des phénomènes contraires, qu’on a laissés venir, sans réagir aux prémisses, qu’on a laissés prendre forme, pour toujours — et demain ?
    Au moment où soutenue par Podemos une Musulmane arborant le foulard, tout juste mandatée comme « conseillère communale » à la mairie d’un village catalan, inaugure ses actes publics en célébrant un mariage gay, tandis qu’en France les ouvriers syndiqués subissent la plus grande répression judiciaire jamais vue (9 mois de prison ferme, le temps de la gestation d’un enfant, pour les insurgés de Good Year) et des vieux — pas très vieux — se suicident après la saisie de leur maison par une banque, pour un endettement de 75.000 euros (soit sur un an l’équivalent mensuel de 6.500 euros par mois — pour donner une idée de leur niveau d’endettement par rapport au seuil moyen des allocations publiques des élus nationaux deux fois plus élevées et en partie défiscalisées), on voit que les SDF sont hors piste, et on pourrait commencer à se dire qu’aujourd’hui, en France, « la république communautarienne » non seulement occidentale mais réduite à très peu de couches sociales, s’engage au-delà de son économie financière et libérale désastreuse pour les gens, des banques, de son racisme endo-xénophobe, et de ses guerres, dans la dictature arbitraire contre tous sous la loi du non droit.
    Demain il sera trop tard, et les prochaines élections présidentielles sur fond de terreur et de loi d’urgence durable constitutionnalisée n’y changeront rien, sauf événement par ailleurs imprévu dont elles deviendraient l’émergence, (une chance à laquelle le liberticide laisse peu de place). (L. D.)


    Où étaient les croisés de la liberté d’expression post-Hebdo
    pendant que la France passait l’année dernière
    à concasser la liberté d’expression ?

     

    Voilà bientôt un an que plus d’un million de personnes — menées par les tyrans les plus répressifs de la planète [3] — défilèrent ostensiblement à Paris en faveur de la liberté d’expression [4]. Depuis lors, le gouvernement français, qui dans le sillage des meurtres de Charlie Hebdo avait ouvert le chemin en claironnant l’importance vitale de la liberté d’expression, à plusieurs reprises poursuivit différentes personnes pour les opinions politiques qu’elles avaient exprimées, et sinon exploita la peur du terrorisme pour écraser les libertés civiles en général. Il l’a fait en recevant à peine un regard de protestation furtif de la plupart de ceux qui, partout dans le monde occidental, agitaient les drapeaux de la liberté d’expression à l’appui des dessinateurs de Charlie Hebdo.

    C’est pourquoi, beaucoup de ces croisés de fraîche date pour la liberté d’expression, exploitant les meurtres de l’Hebdo, n’étaient pas, comme je l’avais soutenu à l’époque [5], des partisans authentiques en cohérence avec la liberté d’expression — au lieu de cela, ils invoquent ce principe seulement dans les cas les plus faciles et les plus égoïstes, à savoir la défense des idées qu’ils soutiennent ; mais quand les gens sont punis pour avoir exprimé des idées qu’eux détestent ils restent silencieux ou appuient l’interdiction : tout le contraire d’un plaidoyer sincère pour la liberté de parole.

    Quelques jours après la marche de Paris, le gouvernement français arrêta le comique Dieudonné M’bala M’bala « pour être “un apologue du terrorisme” d’après la suggestion sur Facebook qu’il éprouvât de la sympathie pour un des bandits armés de Paris. » [6]. Deux mois plus tard, il fut reconnu coupable, recevant une peine de prison de deux mois avec sursis [7] [8]. En novembre, pour des charges séparées, il fut reconnu coupable par un tribunal belge « de racisme et de commentaires antisémites dans un spectacle en Belgique » et reçut une peine de prison de deux mois [9]. Il n’y a pas eu de hashtag #JeSuisDieudonné en tendance, et pour cette attaque à la liberté d’expression il est à peu près impossible de trouver des dénonciations par les voix les plus fortes des croisés de la liberté d’expression post-Hebdo, à l’égard des gouvernements français et belges.

    En France, dans les semaines qui suivirent la marche pour la liberté d’expression, des dizaines de personnes « furent arrêtées pour discours de haine ou autres actes insultant les croyances religieuses, ou acclamant des hommes ayant perpétré les attaques. » [10]. Le gouvernement « ordonna aux procureurs à travers le pays de réprimer le discours de haine, l’antisémitisme et la glorification du terrorisme ». Il n’y avait pas de paliers dans la défense de leur droit à la liberté d’expression.

    Au mois d’octobre, le plus haut tribunal français confirma la condamnation pénale de militants qui prônaient le boycott et les sanctions contre Israël en tant que moyen pour mettre fin à l’occupation [11]. Qu’avaient fait ces criminels ? Ils « sont arrivés au supermarché en portant des maillots arborant les mots : “Vive la Palestine, Boycott d’Israël” » et « également distribuèrent des tracts qui disaient que “l’achat de produits israéliens signifie la légitimation des crimes contre Gaza” ». Parce que le boycott contre Israël était considéré comme « antisémite » par le tribunal français, le préconiser était un crime [12]. Où étaient tous les croisés post-Hebdolorsque ces 12 personnes furent condamnées en pénal pour avoir exprimé leurs opinions politiques critiques d’Israël ? Introuvables.

    Plus généralement, à la suite de l’attaque de Paris le gouvernement français se saisit les pouvoirs de l’« état d’urgence », dont à l’origine il déclara qu’il devait durer douze jours. Il l’a ensuite étendu à trois mois, et alors que l’échéance approche il est maintenant question de réitérer indéfiniment l’extension de ces pouvoirs, ou de les installer en permanence [13]. Ces pouvoirs ont été utilisés exactement comme on pouvait s’en douter : avoir fait irruption sans mandat dans des lieux où des musulmans français se rassemblaient, fermer des mosquées et des cafés, détenir sans charges des personnes, et par ailleurs abolir les libertés fondamentales [14]. Ils ont également été utilisés au-delà de la communauté musulmane, contre les militants du climat [15]. Si ce genre de répression classique, rampante, ne vous met pas en colère et ne vous bouleverse pas, alors vous pouvez être beaucoup de choses mais aucun d’entre vous ne peut être un véritable défenseur de la liberté d’expression en France.

    Même avant les meurtres de l’Hebdo, les poursuites contre les Musulmans en Europe pour l’expression de leurs opinions politiques étaient monnaie courante, en particulier lorsque ces opinions critiquaient la politique occidentale. En effet, une semaine avant l’Hebdo, j’avais écrit un article détaillant cette menace croissante pour la liberté d’expression au Royaume-Uni, en France et dans tout l’Occident [16]. Ces types d’actions — menées par les gouvernements les plus puissants du monde — étaient, et restent, la plus grande menace pour la liberté d’expression en Occident. Pourtant, ils ne reçoivent qu’une fraction minuscule de l’attention contre-liberticide portée aux raisons annoncées des meurtres de l’Hebdo [17].

    Alors, où sont tous les avocats auto-proclamés de la liberté d’expression ? Ce fut seulement lorsqu’un petit nombre de Musulmans s’engagea dans la violence, les caricatures anti-Islam étant en cause, que ces avocats auto-proclamés se rendirent soudain animés et passionnés pour la liberté d’expression. C’est parce que la légitimation de la rhétorique anti-Islam et la diabolisation des Musulmans était leur cause réelle ; la liberté d’expression était juste un prétexte.

    Durant toutes les nombreuses années où j’ai travaillé pour la défense de la liberté d’expression, je n’en ai jamais vu le principe aussi manifestement exploité à d’autres fins par des personnes qui manifestement n’y croient pas, comme ce fut le cas pour les meurtres de l’Hebdo. C’était aussi transparent que malhonnête. Leur véritable ordre du jour était d’illustrer comment ils inventaient un nouveau genre de liberté d’expression particulièrement à cette occasion : défendre la liberté d’expression ce n’est pas seulement défendre le droit d’exprimer une idée, décrétèrent-ils, mais de plus en embrassant cette idée [18].

    Ce tout nouveau « principe » est, en fait, l’antithèse exacte des véritables protections de la liberté d’expression. Le plus important dans une croyance réelle en les droits à la liberté d’expression est le point de vue que toutesles idées [19] — celles avec lesquelles on est le plus ardemment d’accord, et celles que l’on trouve les plus détestables et tout le reste — ont le droit d’être exprimées et défendues sans punition. Les défenses de la liberté d’expression les plus importantes et courageuses [20] sont généralement venues de ceux qui ont exprimé simultanément du mépris pour une idée tout en défendant le droit des autres personnes à exprimer librement la même idée [21]. Tel est le principe qui a longtemps défini l’activisme authentique de la liberté d’expression : ces idées sont viles à exprimer, mais je vais travailler pour défendre le droit des autres à les exprimer.

    Ceux qui ont exploité les meurtres de l’Hebdo ont cherché à abolir cette distinction essentielle. Ils ont insisté pour que dénoncer ou condamner ceux qui avaient assassiné les caricaturistes de l’Hebdo. ne suffît pas. A la place, ils ont essayé d’imposer une nouvelle obligation : il faut célébrer et embrasser les idées des caricaturistes de l’Hebdo, soutenir qu’il leur soit octroyé des récompenses, applaudir la substance de leurs vues. Le refus de partager les idées de Charlie Hebdo (plutôt que simplement leur droit à la liberté d’expression) soumettait aux accusations — par la foi des moindres artistes de dénigrement du monde — que l’on manquât à devoir respecter leur droits de s’exprimer librement, ou pire, qu’on sympathisât avec leurs tueurs.

    Cette tactique d’intimidation à peu de frais — essayer de forcer les gens non seulement à défendre le droit de l’Hebdo à la liberté d’expression, mais encore à embrasser les idées y étant exprimées (mais seulement en matière critique des Musulmans) a perduré depuis. Un an plus tard, il est encore fréquent d’entendre des partisans du militarisme occidental accuser faussement les fractions de "la gauche" d’avoir justifié ou permis l’attaque de Charlie Hebdo, au seul motif qu’elles aient refusé d’acclamer la teneur des idées de l’Hebdo.

    Cette accusation est un mensonge absolu, démontrable, une calomnie évidente. Je n’ai jamais entendu une seule personne de gauche exprimer quoi que ce soit d’autre que de la répulsion envers l’assassinat de masse des caricaturistes de l’Hebdo, je n’ai jamais entendu davantage quiconque de la gauche suggérer que les meurtres aient été « mérités » ou que les caricaturistes « l’aient cherché ». J’ai certainement entendu, et ai exprimé moi-même, une opposition au ciblage implacable d’une minorité marginalisée en France par les caricaturistes de l’Hebdo (juste à propos de cette critique, elle a été exprimée avec plus d’éloquence par un journaliste ancien employé de l’Hebdo, Olivier Cyran : « Le pilonnage obsessionnel des Musulmans auquel votre hebdomadaire se livre depuis une grosse dizaine d’années a des effets tout à fait concrets. Il a puissamment contribué à répandre dans l’opinion « de gauche » l’idée que l’islam est un « problème » majeur de la société française. » [22]). Mais les objections sur la teneur d’une idée bien évidemment ne dénotent pas ni même ne suggèrent, à l’égard de ceux qui expriment cette idée, une défaillance dans la défense des droits à la liberté d’expression : à moins que vous n’approuviez le concept entièrement nouveau, nocif et trompeur, que l’on puisse ne défendre le droit à la liberté d’expression que pour ceux avec lesquels on est d’accord.

    Mais tout cela souligne que la liberté d’expression n’était pas le principe soutenu dans ce cas ; la liberté d’expression c’était juste une arme utilisée par quelques occidentaux tribaux pour essayer de contraindre les gens à applaudir l’islamophobie et les caricatures anti-musulmanes (pas simplement d’acclamer le droit de publier sans punition les caricatures ou la violence, mais d’acclamer les caricatures elles-mêmes).

    Et ce qui manifeste encore plus la supercherie, au cœur de ce spectacle post-Hebdo, est qu’avant la marche de Paris, et particulièrement depuis, il y a eu un assaut systématique contre les droits à la liberté d’expression d’un nombre énorme de la population en France et partout en Occident, laquelle est Musulmane et/ou critique de l’Occident ou d’Israël, et sur quoi les croisés de fraîche date de la liberté d’expression de l’Hebdo n’ont manifesté quasiment aucune opposition, et même de temps en temps ont apporté leur soutien tacite ou explicite. C’était que la liberté d’expression était leur arme cynique, pas leur croyance réelle.

    G. G.

     

    Source : traduction en français par L. D. pour La RdR d’après l’article original en anglais de Glenn Greenwald, “Where Were the Post-Hebdo Free Speech Crusaders as France Spent the Last Year Crushing Free Speech ?” — © The Intercept, 8 janvier 2015.

    P.-S.

    En logo : citation iconographique extraite de l’article « "Un dimanche de janvier" : l’hommage place de la République aux victimes des attentats », © La Provence avec l’AFP, 10 janvier 2015. La statue de la République en contre-jour au crépuscule, place de la République à Paris, le 10 janvier 2015.

     
     

    Notes

    [1] Gilles Kepel, Terreur dans l’Hexagone. Genèse du djihad français, avec la collaboration d’Antoine Jardin, coll. Hors série Connaissane, Gallimard, 15 décembre 2015.

    [2] AFP Genève, « Le droit à s’exprimer librement sur internet reconnu par l’ONU » lapresse.ca, 5 juillet 2012.

    [3] "Paris unity march : which world leaders are really committed to press freedom ?", The Guardian, 1 janvier 2015.

    [4] « Charlie Hebdo : revivez le grand rassemblement à Paris et les autres marches républicaines », Le HuffPost, 11 janvier 2015. "Millions gather in Paris for free speech demonstration", CBS News, 11 janvier 2015.

    [5] Glenn Greenwald,"In Solidarity With a Free Press : Some More Blasphemous Cartoons", The Intercept, 9 janvier 2015.

    [6] N.d.T. L’article lié par l’auteur, intitulé « Dieudonné arrested over Facebook post on Paris gunman » dans le Guardian, du 14 janvier 2015, a été supprimé bien qu’on le trouve également cité dans les réponses aux requêtes sur Google.

    [7] L’auteur lie un article du Jerusalem Post, "Dieudonne convicted of condoning terrorism", du 19 mars 2015.

    [8] N.d.T. Dans fr.wikipedia à l’article éponyme de l’artiste on peut lire : "Après les manifestations des 10 et 11 janvier, Dieudonné poste sur Facebook et Twitter des statuts commentant avec ironie les défilés, auxquels il indique avoir participé, et concluant « Sachez que ce soir, en ce qui me concerne, Je me sens Charlie Coulibaly », faisant allusion à la fois à l’attentat contre Charlie Hebdo et au terroriste Amedy Coulibaly, auteur de l’attentat antisémite Porte de Vincennes. [...] Le 14 janvier 2015, Dieudonné est interpellé dans sa résidence du Mesnil-Simon par la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), puis placé en garde à vue. Il est ensuite renvoyé en correctionnelle. [...] En mars 2015, Dieudonné est condamné à deux reprises en l’espace de 48 heures : tout d’abord à deux mois de prison avec sursis pour son commentaire sur les attentats de janvier, puis à une amende pour les propos tenus dans Le Mur [c. a-d son spectacle].

    [9] "Comic Dieudonné given jail sentence for anti-Semitism", BBC News, 25 novembre 2015.

    [10] A.P. Elaine Ganley and Jamey Keaten, "New issue of Charlie Hebdo sells out quickly", news.yahoo.com, 14 janvier 2015.

    [11] JTA, "France Court Upholds ’BDS Is Discrimination’ Ruling", forward.com, 23 octobre 2015.

    [12] Glenn Greenwald, "Anti-Israel Activism Criminalized in the Land of Charlie Hebdo and ’Free Speech’", The Intercept, 27 octobre 2015.

    [13] Martin Untersinger, “Emergency Measures May Be Written Into the French Constitution”, 14] William Horobin, "French Authorities Close Three Mosques During State of Emergency", The Wall Street Journal, 2 décembre 2015.

    [15] Alleen Brown, "Under House Arrest, a Climate Activist Waits Out the Paris Conference", The Intercept, 30 novembre 2015.

    [16] Glenn Greenwald, "With Power of Social Media Growing, Police Now Monitoring and Criminalizing Online Speech", The Intercept, 6 janvier 2015.

    [17] N.d.T. Il s’agit d’une périphrase dans la version française pour exprimer une phrase anglophone concise qui dans sa traduction littérale aurait prêté à contresens.

    [18] Cette analyse conforte celle de Philippe Marlière qui qualifie le basculement actuel de la laïcité primitive (pour l’égalité du service républicain à l’égard de la diversité sociale), dans une demande de laïcité à ceux auxquels ces services sont destinés, par l’expression "laïcité communautarienne" : Le Yéti, "Droit au blasphème : les ravages de la laïcité « communautarienne »", Politis, (interview sur un entretien paru dans la revue Ballast), 8 juin 2015, également reproduit dans La RdR.

    [19] Glenn Greenwald, "France’s censorship demands to Twitter are more dangerous than ’hate speech’ ", The Guardian, 2 janvier 2013.

    [20] "ACLU History : Taking a Stand for Free Speech in Skokie", ACLU, septembre 2010.

    [21] "ACLU-EM Defends KKK’s Right to Free Speech"
    ACLU, 7 septembre 2012.

    [22] Référence française : Olivier Cyran, « Charlie Hebdo », pas raciste ? Si vous le dites… », lettre à Charb et à Fabrice Nicolino,Article 11, 5 décembre 2013 ; suivie de l’avertissement du 11 janvier 2015 dans le même support par le même auteur : « Aux fossoyeurs de tous bords ». The letter translated into english by Daphne Lawless : " “Charlie Hebdo”, not racist ? If you say so…",posthypnotic.randomstatic.net, 2015.

  • Délinquance sur les chantiers à Marseille

     
     
     
    Si tu ne nous embauches pas, le chantier s'arrête": c'est ce qu'entendent de nombreux responsables de chantiers du BTP dans les quartiers sensibles à Marseille. Rackets, pressions à l'embauche, menaces, extorsions à la sous-traitance font désormais l'objet de toute l'attention des autorités.

    Longtemps ces infractions sont passées sous les radars de la police et de la justice car les entreprises préféraient souvent acheter leur tranquillité. Ce n'est plus le cas.

    Lorsqu'il avait rencontré des représentants de la police et de la justice, le responsable d'une grosse entreprise de BTP l'avait prédit: le chantier de la "L2", grand contournement autoroutier de Marseille de l'Est au Nord, dont le chantier a redémarré il y a un an et demi, allait traverser "des quartiers à problèmes" et "gêner" un certain nombre de gens. "On sera rackettés".

    La suite lui donne raison: le 26 janvier 2015, trois engins de chantiers - parmi eux, une foreuse quasi-unique en Europe - sont incendiés pour un préjudice supérieur à 1 million d'euros.

    Trois jours plus tard, la société reçoit un devis de la société de gardiennage Télésurveillance, Gardiennage, Intervention (TGI). Il s'accompagne d'une promesse, celle qu'il n'y aura pas de problème avec les cités voisines si l'entreprise est retenue, raconte le procureur de la République Brice Robin, lors d'une conférence de presse.

    Des émissaires de TGI se font plus explicites auprès de l'entreprise de BTP: oui, ce sont bien eux qui ont incendié les engins. Et si la police est prévenue, ils promettent "de mettre le feu aux cités".

    De fait, lorsque le contrat de gardiennage est conclu, le calme revient, malgré les absences régulières des employés de TGI.

    - Rodéo dans un coffre -

    Autre cadre, procédé semblable: un conducteur de travaux de Campenon Bernard Provence se retrouve dans le sous-sol d'un logement social en construction, front contre front avec l'un de ses employés originaire du quartier. Si son contrat n'est pas prolongé, le responsable finira "dans un coffre ou dans un cave", lui promet-on.

    Des menaces qui ne sont pas forcément en l'air: lors d'une audience, un magistrat a raconté comment un chef de chantier s'était retrouvé enfermé pendant plusieurs heures dans le coffre d'une voiture partie "faire un rodéo dans la ville".

    Et lorsque les entreprises cèdent - ce qu'elles font souvent -, leurs ennuis ne sont pas terminés. Les pièces d'enquête consultées par l'AFP dressent un portrait peu flatteur des salariés ainsi recrutés: refus du port du casque car "ça fait tomber les cheveux", chute à scooter qu'on tente de faire passer en accident du travail, heures de travail passées à laver les voitures du quartier, vol des clefs des engins, absences répétées puis pressions pour se faire noter présent...

    "Sur un chantier, un employé s'est battu avec un contremaître parce que les autres ouvriers faisaient du bruit et l'empêchaient de dormir!" raconte une source proche du dossier.

    Certains noms apparaissent dans plusieurs dossiers distincts. Comme celui de Karim Ziani, mis en examen et détenu dans l'affaire de la L2, il apparaît aussi dans celle de la construction de HLM.

    S'agit-il d'organisations de type mafias italiennes ? "Non, on n'en est pas là", répond clairement le procureur adjoint de Marseille André Ribes, qui ne minore pas pour autant cette délinquance dont "le chiffre d'affaires est important, notamment sur la sécurité".

    Depuis quelques mois en tout cas, les arrestations se multiplient et les condamnations tombent au tribunal correctionnel de Marseille.

    Mi-2015, après cinq mois d'enquête, une douzaine de personnes sont arrêtées dans le dossier de la L2, quatre sont mises en examen et aujourd'hui encore en détention provisoire. Début décembre, trois hommes, qui avaient extorqué leur embauche, ont été condamnés à des peines d'entre 18 et 30 mois de prison. En tout, cinq dossiers ont été ouverts en 2015.

    Pour en arriver là, la justice et la police ont dû changer leurs méthodes. D'abord, il a fallu regagner la confiance des acteurs du BTP, qui portaient rarement plainte.

    "Il faut se mettre à la place d'un chef de chantier qui a été menacé: il a en face de lui un voyou. (En cas de plainte), c'est la parole de l'un contre la parole de l'autre. Ensuite il se retrouve seul sur le terrain face au voyou, et nous, on n'est plus là", explique le directeur départemental de la sécurité publique des Bouches-du-Rhône Pierre-Marie Bourniquel. "Ca n'est pas facile pour un employé", confirme Philippe Deveau, le patron de la fédération BTP du département.

    - Chiffres noirs de la délinquance -

    Une petite dizaine de policiers ont été choisis pour faire partie du Groupe voie publique "chantiers" sous l'égide du commissaire Jean-Baptiste Corti. Ce groupe, doté d'équipements spécialisés et de moyens humains, "traite ces affaires de chantage de chantiers comme de la grande criminalité", explique M. Bourniquel.

    Bailleurs, donneurs d'ordres, fédération du BTP, police se sont par ailleurs regroupés sous l'autorité du parquet au sein d'un Groupe local de traitement de la délinquance (GLTD).

    Deux magistrats ont été nommés pour suivre ces dossiers. "Des stratégies d'enquête sont déterminées, des stratégies de qualifications juridiques qui permettent de faire aboutir" les procédures, explique le procureur adjoint Ribes, qui cite l'exemple de l'extorsion par menaces "déguisées", toujours difficile à caractériser.

    Après les premières peines de prison, les professionnels de la construction affichent leur satisfaction. "Ca nous a permis de nous rapprocher de la police et de la justice", explique Philippe Deveau.

    Cette criminalité faisait partie jusque-là des "chiffres noirs" de la délinquance, selon M. Ribes: des faits non portés à la connaissance de la police et de la justice, et qui n'existent donc pas officiellement.
    Avant la mise en place du dispositif, le parquet n'était saisi d'aucun dossier de ce type.

    Cette criminalité avait pourtant un coût: autour de 50 millions d'euros par an pour les seules Bouches-du-Rhône comprenant les vols, les dégradations ou incendies de matériel et les pertes d'exploitation liées à des chantiers arrêtés ou ralentis, selon M. Deveau.

    Ces problèmes sur les chantiers "existent partout" en France, précise-t-il. "Je ne pense pas qu'il y ait plus de racket ici dans le BTP qu'ailleurs", abonde M. Ribes.

    La justice compte également surveiller le comportement du secteur. Le magistrat affirme: "Le discours du procureur a toujours été très clair: un acte de délinquance est un acte de délinquance. S'il s'agit de travail dissimulé, l'action publique sera aussi exercée".
     
     


    avec l'AFP
     
     

  • Etes-vous pauvre ?

    Etes-vous pauvre ? Mesures de la pauvreté et impact sur le taux de pauvreté

     

     

    Etes-vous pauvre ? Cette question en apparence simple est en réalité assez complexe ! En effet, d'un point de vue statistique, pour être capable de définir si une personne est pauvre, il faut être capable de définir un niveau (ou un seuil) précis en dessous duquel une personne est alors considérée comme pauvre (et au dessus duquel elle ne l'est pas). Mais comment justement fixer ce niveau et comment l'ajuster dans le temps ? Est-on pauvre lorsque l'on dispose de moins 1000 euros par mois ? Est-on pauvre lorsque l'on est moins riche qu'un certain pourcentage de la population ? Est-on pauvre lorsqu'on ne peut pas s'acheter de la viande au moins une fois par semaine ? Avec ces trois questions, le Captain' vient d'introduire indirectement trois méthodes différentes pour mesurer la pauvreté : (1) la mesure monétaire absolue (un niveau de vie inférieur à x euros par mois, avec un seuil qui s'ajuste dans le temps en prenant en compte l'inflation), (2) la mesure monétaire relative (un niveau de vie inférieur à x% du niveau de vie médian des habitants de votre pays) et (3) la mesure de la pauvreté en tant que privation (ou mesure en conditions de vie). Chaque méthode a ses avantages et ses inconvénients, et selon le choix de la mesure et du seuil, le nombre de pauvre dans un pays peut drastiquement augmenter ou diminuer. C'est parti pour le grand test : "Etes-vous pauvre 2015 ?" !

     

     

    Selon les derniers chiffres de l'INSEE, 14,3% de la population française est pauvre, soit environ 8,6 millions de personnes (source : "Pauvreté en 2012 : comparaisons régionales - INSEE"). Selon l'INSEE, vous êtes "pauvre" si votre niveau de vie est inférieur à 987 euros par mois. Donc si vous gagnez le SMIC (1096 euros net en 2012), vous n'êtes pas pauvre ; et ce même si vous habitez tout seul à Paris et que votre loyer est de 700 euros (ce qui peut être discutable...) ! Si vous touchez uniquement le Revenu de Solidarité Active (RSA - 467 euros par mois), vous êtes alors considéré comme pauvre (là dessus, peu de discussions possibles) !

     

    Mais comment est calculé ce seuil de 987 euros ? Le seuil de pauvreté en France est défini par l'INSEE comme étant égal à 60% du niveau de vie médian de la population française : c'est donc une mesure relative, qui dépend directement du revenu médian du pays. Pour illustrer cela, supposons alors un pays avec 21 habitants, ayant chacun le niveau de vie suivant (voir tableau ci-dessous). Pour simplifier, on suppose alors que chaque habitant est célibataire et sans enfant, en évitant ainsi les problématiques relatives aux unités de consommation (pour plus d'infos à ce sujet, voir "La mesure de la pauvreté - INSEE").

     

    seuil-pauvrete-60

     

    La première étape consiste donc à calculer le niveau de vie médian. Dans notre exemple, le niveau de vie médian est de 1500 euros, ce qui signifie que 10 habitants ont un revenu supérieur à ce niveau et 10 habitants ont un revenu inférieur. Pour définir le seuil de pauvreté, on multiplie ensuite 1500 par 60%, ce qui nous donne un seuil à 900 euros. Ensuite, sont considérés comme pauvres tous les habitants ayant un niveau de vie inférieur à 900 euros (soit dans notre cas 5 habitants - et donc un taux de pauvreté de 23,8%). La prise en compte d'un seuil de pauvreté en fonction d'un niveau relatif de niveau de vie permet donc d'évaluer une notion de pauvreté à un moment donné et pour un pays donné. 

     

    Mais il y a aussi tout de même pas mal de limites à cette mesure. Supposons que du jour au lendemain, une croissance incroyable touche notre pays, et que le niveau de vie de l'ensemble des habitants double. Dans cette situation, avec un seuil de pauvreté défini de manière relative, il y aura toujours autant de pauvre dans notre pays : le seuil de pauvreté passant à 1800 euros, les pauvres d'avant sont toujours pauvres (au sens statistique) et ce malgré le fait que leur niveau de vie ait doublé. A l'inverse, il est possible de voir une baisse du taux de pauvreté dans un pays si les pauvres restent aussi pauvres (en euros) mais que les plus riches deviennent moins riches (une baisse du niveau de vie médian pouvant entraîner une baisse du taux de pauvreté, même sans hausse du niveau de vie réel des plus pauvres). Ces deux exemples sont assez extrêmes, mais illustre tout de même assez simplement les problématiques relatives à l'utilisation d'un seuil relatif.

     

    De plus, il est important de faire bien attention à ne pas tirer de conclusions hâtives lors des comparaisons internationales du taux de pauvreté. Par exemple un pays "A" où l'ensemble des habitants a le même niveau de vie (500 euros par mois par exemple) sera considéré comme ayant 0% de taux de pauvreté, tandis qu'un pays "B" où l'habitant le plus pauvre a un niveau de vie de 1000 euros mais où il existe de plus fortes inégalités pourrait avoir par exemple un taux de pauvreté de 20%.... Pourtant, les non-pauvres du pays "A" seraient tous pauvres dans le pays "B" (à un ajustement de revenu médian près) ! Le taux de pauvreté mesuré d'une manière relative se rapproche donc davantage d'une mesure des inégalités dans un pays donné que d'une réelle mesure de la pauvreté (même si les deux mesures peuvent être liées).

     

    Plutôt qu'une mesure relative, il est aussi possible de mesurer la pauvreté monétaire de manière absolue : c'est à dire en utilisant un niveau fixe dans le temps (avec simple ajustement pour l'inflation) ne dépendant pas de la richesse moyenne ou médiane d'un pays. Les Etats-Unis utilisent par exemple principalement une mesure monétaire absolue pour définir le taux de pauvreté. Le seuil de pauvreté a été défini en 1963 comme étant égal à trois fois le montant d'un régime alimentaire minimum, et est ajusté chaque année pour prendre en compte l'inflation. Par exemple, s'il faut au minimum 300$ par mois pour pouvoir se nourrir correctement aux USA, le seuil de pauvreté sera fixé à 900$. Cela nous donne donc une mesure absolue de la pauvreté, qui est par la suite ajustée en fonction de la situation familiale et du nombre d'enfant (source : "How the Census Bureau Measures Poverty"). Par exemple, un individu seul avec un niveau de vie inférieur à 12.119$ par an (1009$ par mois) sera considéré comme pauvre aux USA.

     

    poverty-threshold-usa

     

    En utilisant cette mesure monétaire absolue du seuil de pauvreté, le taux de pauvreté aux Etats-Unis est relativement stable, ce qui signifie que le niveau de vie des pauvres augmente à peu près au même niveau que l'inflation. Cependant, si les Etats-Unis utilisaient une mesure relative comme la France, il y a fort à parier que les conclusions seraient très différentes : la hausse des inégalités (cf travaux de Piketty par exemple) aux USA devraient en effet se traduire par une hausse du taux de pauvreté avec une mesure relative.

     

    Pour les pays en voie de développement, une mesure de pauvreté monétaire absolue souvent utilisée est celle de 1,25$ PPA par jour ("Banque Mondiale - Ratio de la population pauvre disposant de moins de $1,25 par jour (PPA) (% de la population)"). L'objectif ici est assez différent, mais cela permet une comparaison internationale entre les pays et la fixation d'objectifs de réduction de la pauvreté à l'échelle mondiale, comme par exemple, dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) : "Ojectif 1 - Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population dont le revenu est inférieur à un dollar par jour" (objectif atteint, principalement grâce à la forte croissance en Inde et en Chine - avec ajustement à 1,25$ par la suite)

     

    Intuitivement, le Captain' a donc tendance à préférer la mesure absolue (ajustée de l'inflation et/ou avec taux de change PPA) plutôt que la mesure relative. En effet, le problème avec la mesure relative est, qu'à part en réduisant les inégalités, il est très difficile de réduire le taux de pauvreté. De plus, à très long-terme, il est possible d'imaginer un monde avec un taux de pauvreté quasi-nul si l'on mesure cela d'un point de vue absolu (#Bisounours), tandis qu'à part à avoir un monde communiste, la pauvreté sera toujours présente et ne baissera pas vraiment si l'on garde une mesure relative.

     

    Une dernière méthode consiste non pas à s'appuyer sur des variables monétaires (niveau de vie, revenu, consommation) mais sur des notions de privations ou de conditions de vie. Une personne est alors considérée comme pauvre si elle est privée d'accès à un certains nombres de biens, de services ou de "capacités" (mais pas au sens des "capabilities" d'Amartya Sen) jugés comme "essentiels". Selon Eurostat par exemple (source : "Material deprivation statistics"), une personne est pauvre si elle n'a pas accès au minimum à 4 des 9 biens/services/capacités :

     

    1. Etre capable de payer son loyer ou son emprunt hypothécaire
    2. Pouvoir chauffer suffisamment pour son logement
    3. Partir une semaine en vacances par an
    4. Manger une fois tous les deux jours un repas avec viande, poulet, poisson ou équivalent végétarien
    5. Faire face à des charges financières imprévues
    6. Avoir un téléphone (y compris le téléphone mobile)
    7. Avoir un téléviseur couleur
    8. Avoir une machine à laver
    9. Avoir une voiture


    En prenant en compte cette notion de privation, "seulement" 5,1% des français sont alors considérés comme pauvre (contre plus de 14% avec la mesure relative de l'INSEE - voir graphique ci-dessous pour un comparatif du taux de privation dans différents pays). De plus, les questions étant les mêmes pour l'ensemble des pays, une comparaison internationale est alors plus facile qu'avec la notion de pauvreté relative (qui dépend du revenu médian du pays) et les problématiques de parité de pouvoir d'achat sont indirectement intégrées. L'INSEE utilise d'ailleurs aussi un indicateur de pauvreté en condition de vie pour compléter l'approche monétaire (voir par exemple "INSEE - Pauvreté en conditions de vie") qui ressemble pas mal à celui d'Eurostat mais en mettant l'accent sur les restrictions de consommation, les retards de paiements, l'insuffisance des ressources et les difficultés de logement.

     

    taux-privation

     

    Mais pour revenir au taux de pauvreté calculé de manière relative, et pour compléter son argumentation sur "pourquoi le Captain' n'aime pas trop cet indicateur relatif", voici un comparatif du taux de pauvreté en Europe en prenant donc en compte le pourcentage de population dans chaque pays ayant un niveau de vie inférieur à 60% du niveau de vie médian de ce pays (source : "INSEE").

     

    europe-pauvrete-seuil

     

    Avec ce genre d'indicateur, et si l'on ne fait pas attention à la manière dont le taux de pauvreté est calculé, on se retrouve à penser que le taux de pauvreté en Espagne est similaire à celui de la Bulgarie, de la Grèce ou de la Roumanie... Mais si on regarde le niveau de vie moyen ou le taux de privation (graphique ci-dessus), il est assez simple de voir qu'en réalité, le taux de pauvreté est nettement inférieur en Espagne qu'en Bulgarie (et si vous avez voyagé dans les deux pays, il y a peu de débat là dessus). Attention, le Captain' ne dit pas qu'il n'y a pas de pauvre en Espagne ou que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais simplement qu'une carte telle que celle ci-dessus n'a en réalité pas beaucoup de sens (en tout cas en tant que mesure de la pauvreté).

     

    Conclusion : Un indicateur n'est ni bon ni mauvais : un indicateur sert simplement à mesurer une situation donnée... Ensuite, pour que cela ait de la valeur, il faut être capable d'analyser et de "faire parler" cet indicateur. Le problème avec le taux de pauvreté mesuré de manière relative est que l'interprétation est assez complexe et que le lien entre "le taux de pauvreté baisse" et "les pauvres sont moins pauvres" n'est pas direct ! Bien que la mesure des privations ou la mesure absolue aient aussi des défauts, cela se rapproche davantage, selon le Captain', du concept de "taux de pauvreté" tel qu'il pourrait être imaginé par un individu n'ayant pas de connaissances poussées en statistiques ou en économie. Dans le meilleur des mondes, il faudrait donc regarder en parallèle l'évolution de ces trois indicateurs, afin d'avoir une meilleure compréhension globale de la pauvreté dans un pays donné, tout en pouvant comparer l'évolution par rapport à ses voisins et être capable de mesurer si la pauvreté diminue ou non dans le temps. Voilà, la prochaine fois qu'un de vos amis vous dira "je suis pauvre en ce moment", vous aurez de quoi argumenter pas mal sur cette notion de pauvreté relative, absolue ou de privation (le pote relou de base !)...

     

  • Vœux présidentiels 2016

    Vœux présidentiels 2016 : chassez le naturel…

    Publié le 5 janvier 2016 dans Politique
     

    Quand on écoute l’allocution de François Hollande, on est frappé par la facilité avec laquelle il a changé son fusil d’épaule d’une année sur l’autre.

    Par Nathalie MP.

    François Hollande – Prix de l’Audace artistique et culturelle 2015 credits Actualitté (CC BY-SA 2.0)

    En moins de dix minutes, Marseillaise comprise, François Hollande s’est livré jeudi 31 décembre dernier à son quatrième rituel des vœux du Président aux Français. « Mes chers compatriotes, les vœux que je vous présente ce soir ne ressemblent à aucun de ceux qui les ont précédés » a-t-il tout d’abord déclaré. Ce n’est pas faux. L’année 2015 n’a ressemblé à aucune autre depuis longtemps par la façon dont la France est devenue sur son sol la cible meurtrie et répétée du terrorisme islamiste. La nécessaire réponse à apporter à cette situation de mise en danger de la population, ainsi que l’échec assez net des politiques économiques engagées en 2015, font que l’état d’esprit présidentiel et gouvernemental est aujourd’hui bien différent de celui qui animait les vœux prononcés exactement un an auparavant par le Président. 

    Rétrospectivement, il me semble que nous assistons dans cette édition 2016 au retour au galop du naturel socialiste, tandis que les vœux pour 2015 ouvraient en quelque sorte une petite (ne nous emballons pas) brèche pour une année « Macron » synonyme de modernisation et de libéralisation de l’économie, sous les grincements de dents de l’ultra-gauche et de l’ultra-droite réunies.

    Le 31 décembre 2014, le Président constatait que l’année 2014 avait été difficile, constat classique qui permet de se faire pardonner toutes les erreurs et de faire espérer tous les retournements favorables. Ni la croissance, ni le reflux du chômage n’avaient été au rendez-vous en dépit de multiples incantations en ce sens et malgré le fait que ces deux critères devaient servir de baromètre à l’excellence de la politique du gouvernement. Mais pour 2015, tous les espoirs étaient permis. La France n’était-elle pas la cinquième puissance mondiale ? Notre diplomatie n’était-elle pas à la pointe de la résolution pacifique de tous les conflits, par exemple lors de la crise ukrainienne ? Nos soldats n’étaient-ils pas les fiers défenseurs de nos valeurs partout dans le monde, notamment en Afrique ? La France n’avait-t-elle pas été déterminante dans la prise en compte de la croissance au niveau européen ? N’était-elle pas une puissance majeure dans l’innovation, la recherche et le rayonnement culturel ?

    Fort de ces brillants atouts, François Hollande voulait donc « en finir avec le dénigrement et le découragement » et « faire le choix de l’avenir » pour « une année d’audace, d’action et de solidarité. » Il s’agissait ainsi de libérer les énergies et bousculer les rentes grâce à la loi Macron, simplifier les procédures grâce au choc de simplification, baisser le coût du travail grâce au Pacte de responsabilité (allègement des charges sociales sur les bas salaires), tout en conservant intact ce qui fait notre belle République et ses valeurs : notre modèle social (que le monde entier nous envie sans la moindre velléité de s’en inspirer).

    Conséquence logique de toutes ces bonnes résolutions mises en oeuvre par des socialistes, nous allions donc assister à la naissance du compte pénibilité, petit bijou d’usine à gaz consommateur inutile d’énergies et de complexités absurdes, à l’adoption de la loi Macron par trois 49.3 successifs qui servent surtout à libéraliser trois lignes d’autocars, à la loi Santé, votée peu après les attentats de novembre 2015, qui, avec son tiers-payant généralisé, consacre la fonctionnarisation de notre système de santé avec tout ce qu’un système planifié par l’État engendre de dysfonctionnements et de pénuries prévisibles, et au report de l’application de la deuxième phase du Pacte de responsabilité pour cause de petits problèmes de bouclage budgétaire difficile pour 2016.

    Le discours qui apparaissait fin 2014 transgressivement libéral dans la bouche des jeunes loups socialistes tels que notre ministre de l’Économie Emmanuel Macron s’est clairement limité aux belles paroles. Pour les actes, l’atavisme socialiste, tout en impôts, réglementations, contrôles et moraline, a fini par prendre le dessus, donnant les piteux résultats qu’on constate aujourd’hui : une croissance en panne, un chômage de masse, et le parachèvement de la déconstruction de nos structures les plus nécessaires que sont l’Éducation nationale, la Justice et le système de santé, par excès de stratégie étatiste et idéologique. Pour illustrer tout cela, citons deux chiffres : depuis mai 2012, la France avec son Outre-Mer compte 1 122 600 chômeurs de plus en catégories A, B et C pour un total de 5 743 600 demandeurs d’emploi à fin novembre 2015.

    Il y a bien « état d’urgence économique et social » comme l’a dit François Hollande, plus par jeu de mot et posture compassionnelle que par principe de réalité, dans ses vœux 2016 dont voici maintenant la vidéo intégrale (10′ 05″) :

    On pourra sans nul doute considérer que je fais du mauvais esprit en disant que les attentats islamistes, surtout ceux du 13 novembre 2015, sont venus apporter une sorte de diversion bienvenue dans la politique du gouvernement. Mais quand on écoute l’allocution de François Hollande, on est frappé par la facilité avec laquelle il a changé son fusil d’épaule d’une année sur l’autre. Dorénavant, il n’est plus du tout question de montrer la moindre audace ou de faire valoir les moindres qualités innovatrices ou entrepreneuriales de la France, il est uniquement question de se positionner intégralement sur la défensive.

    « Mon devoir, c’est de vous protéger » a assuré le Président aux Français, consacrant la première moitié de ses vœux à la question de la lutte contre le terrorisme. Sans surprise, il a justifié les mesures sécuritaires qui furent adoptées dans les quelques heures qui suivirent les attentats puis confirmées les jours suivants, à savoir la proclamation de l’état d’urgence pour douze jours, sa prolongation de trois mois, son inscription dans la Constitution afin d’en disposer facilement en cas de menace grave. Il a également abordé l’épineuse question de la déchéance de la nationalité pour les bi-nationaux condamnés définitivement pour terrorisme, que le gouvernement souhaiterait également voir inscrite dans la Constitution.

    Sur tous ces points, François Hollande joue sur du velours. Dans l’émotion bien naturelle consécutive aux attentats, les Français sont prêts à se raccrocher à n’importe quel fétu de paille pour peu qu’on leur assure avec suffisamment de conviction que cela mettra un terme au terrorisme. Un récent sondage OpinionWay pour Le Figaro indiquait qu’ils seraient 85 % à soutenir cette dernière mesure.

    En 2015, le débat sur la loi Renseignement (adoptée en juin) avait montré l’inutilité anti-terroriste des dispositions de surveillance massive des télécommunications qu’elle instaurait sans décision judiciaire. L’application de l’état d’urgence s’est montrée plus riche en abus et dérives qu’en résultats effectifs. Et aujourd’hui, le débat sur la déchéance de la nationalité des binationaux montre la même inutilité opérationnelle vis-à-vis des terroristes de Daesh ou d’ailleurs. Mais on a l’impression que la classe politique comme les Français se jettent sur la première mesure venue comme sur un talisman qui apporterait bonheur et protection. Alain Juppé, chouchou des Français pour 2017, en est à déclarer que même si « ce n’est pas une réforme utile » mais un « coup politique de François Hollande », il voterait la déchéance de la nationalité s’il était député ! Qu’on m’explique le sens de ce genre de déclaration. Apparemment, dès qu’un problème se présente, il faut impérativement trouver une mesure à prendre, n’importe laquelle pourvu qu’elle ait l’air sévère et technique, et on s’y accroche comme à une bouée de plomb.

    Le Président a aussi évoqué le renforcement des effectifs de police et de gendarmerie, notamment dans le domaine du renseignement, ce qui parait beaucoup plus adéquat pour traquer les terroristes de façon ciblée. Avec un gros bémol toutefois : ces dépenses supplémentaires n’entraineront aucune remise en cause de nos dépenses publiques globales. Dès son discours de novembre 2015 devant le Parlement réuni en congrès à Versailles, François Hollande avait expliqué que « le pacte de sécurité l’emporte sur le pacte de stabilité » (maintien du déficit public en-dessous de 3 % du PIB), entérinant et justifiant dès lors n’importe quel dérapage des finances publiques.

    Dans la seconde partie de ses vœux 2016, François Hollande confirme cette tendance générale à la dépense. Le chômage reste, engagement répété mille fois oblige, un cheval de bataille du futur candidat présidentiel Hollande. Que faire pour voir enfin la fameuse courbe s’inverser ? Réformer le Code du travail ? C’est en effet une piste évoquée par le Président, mais les termes restent vagues pour l’instant, d’autant que Manuel Valls se donne deux ans pour aboutir. Autant dire qu’on ne sait pas du tout où l’on va en ce domaine. Beaucoup plus sûr, mettre 500 000 personnes sans emploi en formation, accélérer les possibilités d’apprentissage, étendre le service civique et lancer des « grands travaux. »

    Et à propos de grands travaux, François Hollande semble avoir trouvé sa pyramide du Louvre, sa Grande Arche et sa Grande Bibliothèque : ce sera la COP21, dont ses vœux, à l’unisson sur ce point, vantent l’importance dans l’édition 2015 et la réussite dans l’édition 2016. Désormais, tout sera fait dans le but de sauver le climat. Les grands travaux auront donc non seulement le bon goût de précipiter l’inversion de la courbe du chômage, mais ils permettront à la France, phare du monde climatique, d’apporter sa pierre au maintien du réchauffement anthropique en-deçà de 1,5 ° C à l’horizon 2100 en se dédiant principalement aux énergies renouvelables, à la croissance verte et à la rénovation de bâtiments dans le sens d’une moindre consommation d’énergie.

    Ainsi donc, face au terrorisme, on se protège à coups de changements constitutionnels, quitte à réduire dangereusement les libertés qui seraient le prix à payer. Et face au chômage, on planifie des grands travaux et on rempile dans les emplois aidés, quitte à relancer la dépense publique, donc le chômage de ceux qui n’ont pas la sécurité de l’emploi mais dont le travail finance l’emploi de ceux qui, au service d’un État beaucoup trop vaste, ont un emploi à vie. Et, tiens, comme par hasard, on ne reparle plus de la fiscalité, qui avait pourtant été qualifiée par le Président lui-même de beaucoup trop lourde. Bref, on se lance avec beaucoup d’entrain sur la « route de la servitude. »

    L’année 2016 sera décisive pour la politique française car ce sera celle qui verra émerger les candidats à l’élection présidentielle de 2017 ainsi que les « programmes » qu’ils proposeront aux Français. Dans le contexte gouvernemental actuel, redevenu particulièrement frileux à l’égard du risque, du marché et de l’entreprise, et particulièrement soucieux de rogner petit à petit toutes les libertés individuelles pour mieux garantir, croit-on à tort, la protection des populations contre le terrorisme, les libéraux auront à batailler ferme pour faire passer leurs idées : non, la sécurité publique ne s’obtient jamais au prix de la destruction des libertés individuelles, et non, la prospérité économique ne s’obtient jamais au prix de la suppression, même partielle, du marché.

    Pour 2016, je souhaite cependant qu’ils trouvent beaucoup de relais dans l’opinion, auprès de vous, lecteurs, afin de lancer partout des débats à la fois iconoclastes et constructifs pour la France de demain.

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  • Pacte de sécurité : la faillite de l’État

     
    Publié le dans Économie générale, Sujets de société

    Par Simone Wapler

    Ray Forster-Police tape(CC BY-ND 2.0)

    Ray Forster-Police tape(CC BY-ND 2.0)

     

    Les impacts des balles des kalachnikovs nous valent un nouveau pacte. Nous avions déjà eu droit au pacte de stabilité, au pacte de compétitivité, voici maintenant le pacte de sécurité.

    Impact et pacte : deux mots mis à toutes les sauces par les communicants de nos jours. Malheureusement, aucun « pacte » ne remplace la clairvoyance, le courage, la détermination de chacun.

    À ce stade, je vous entends vous offusquer cher lecteur : « mais quel horrible cynisme, mettre sur le même plan trois choses aussi différentes que le budget national (pacte de stabilité) le mercantilisme économique (pacte de compétitivité) et la défense de notre civilisation, de notre art de vivre, de nos valeurs (pacte de sécurité). »

    Certes, je comprends, mais notez bien que ce n’est pas moi qui use d’un vocabulaire pauvre. Recourir aux mêmes mots pour prétendre qualifier les remèdes à trois situations aussi différentes révèle bien l’indigence de nos gouvernants.

    « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement
    Et les mots pour le dire viennent aisément »

    disait Boileau.

    L’inverse est vrai, des idées confuses se camouflent avec du charabia et du jargon, des expressions galvaudées et toutes faites. J’imagine que « pacte » plaît aux communicants car le mot est dérivé de paix ; et la paix, c’est vendeur. De même « impact » fait net, précis, marques de balles ou d’obus, déterminé, guerrier. C’est aussi vendeur auprès d’un autre public. Vous combinez les deux, et magie, vous devenez tout public.

    L’émotion et la pensée se combinent mal. Les gens sont encore traumatisés. Un chien d’assaut du Raid a été abattu par les terroristes en ce mercredi 18 novembre malgré son gilet pare-balle fourni par les contribuables.

    Cela m’a rappelé ce qu’écrivait Bill Bonner, à froid, cinq ans après les attentats de septembre 2001.

    « Et pourquoi la Guerre contre la Terreur se poursuit-elle ? Cinq ans se sont écoulés depuis qu’une petite bande de fanatiques a fait s’écrouler les tours du World Trade Center. Depuis, on a dépensé des centaines de milliards de dollars pour protéger la mère-patrie… mais contre quoi, nous demandons-nous ?

    Depuis 2001, les terroristes ont causé moins de morts sur le sol américain que les réactions allergiques aux cacahuètes. Nous attendons la Guerre contre les Arachides…

    Mais les dépenses… les recherches… les brutalités… le commerce de la peur continuent. Pourquoi ? Parce que cela convient aux parasites.

    Depuis le 11 septembre 2001, selon le journal londonien The Observer, « une industrie très lucrative » est née aux États-Unis : protéger la mère-patrie contre les terroristes. On n’avait pas vu un tel racket à la protection depuis le maffieux Lucky Luciano dans le New York des années 1920. Dans tous les États de l’Union, il n’y a peut-être pas assez de terroristes pour remplir une petite prison de campagne, mais cela ne signifie pas qu’il n’y a pas d’argent à faire dans le domaine de la sécurité nationale. En fait, depuis l’aube du XXIème siècle, quasiment la moitié de tous les nouveaux emplois américains sont venus, directement ou indirectement, de deux secteurs en plein essor, l’immobilier et la sécurité. Le premier est une illusion, le second une escroquerie.

    « Il y a sept ans de cela, on trouvait neuf entreprises ayant des contrats concernant la sécurité nationale [américaine] », rapporte The Observer. « À présent, il y en a 33 890. Depuis 2000, 130 Mds$ de contrats gouvernementaux ont été accordés. »

    The Observer se demande si tout cet argent a été correctement dépensé.

    Le journal mentionne un contrat visant à fournir des gilets pare-balles aux chiens dans l’Ohio. Est-ce une dépense qui en valait la peine ? Nous n’en savons rien. Mais nous allons faire une supposition audacieuse : entre aujourd’hui et le jour où il gèlera en Enfer, pas un seul Américain pur jus ne sera sauvé des terroristes par un chien de l’Ohio portant un gilet pare-balles. »

    Notre chienne française équipée de gilet pare-balles et morte au combat a-t-elle sauvé une vie humaine ? À mon tour de faire une supposition audacieuse, cinq ans plus tard, nous ne saurons probablement rien de l’efficacité de notre « pacte de sécurité ». Comment spéculer sur ce qui ne s’est pas produit ?

    En revanche ce pacte nous conduit sûrement vers la faillite. La dette nationale est insupportable par les contribuables. Elle ne sera jamais remboursée, inutile de la creuser encore plus.

    Malgré toutes les actions sécuritaires vantées auprès des citoyens par des gouvernements empressés, le terrorisme se porte bien cette année, fait remarquer mon collègue américain de Baltimore, Chris Campbell.

    • 2 000 Nigérians brutalement assassinés en janvier durant deux jours
    • 91 Camerounais tués en un jour en février
    • 137 Yéménites tués dans une seule journée de mars
    • 147 étudiants Kényans sauvagement assassinés en un seul jour en avril
    • 146 Syriens assassinés en une seule journée de juin
    • 162 Irakiens tués en un seul jour en juillet
    • 126 Irakiens tués en trois jours en août
    • 145 Nigérians assassinés en septembre en un seul jour
    • 219 Russes et 102 Turcs assassinés en octobre
    • 43 Beyrouthiens tués la veille de l’attaque parisienne en novembre
    • 132 Parisiens tués en novembre

    Et si nous arrêtions de faire ce que nous avons fait durant ces 14 dernières années s’interroge Chris Campbell ? Cela n’a pas marché et rien ne permet de suggérer que cela fonctionnera.

    Simplement arrêter de faire ce que nous avons fait jusque là : promouvoir militairement des gouvernements à l’étranger ; dans notre pays, sacrifier nos libertés sous des prétextes fallacieux, céder au communautarisme et renoncer à appliquer la stricte égalité de droits.