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Colonnialisme

  • l'empire vs Venezuela

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    19 juin 2015

    Article en PDF :

    Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, une super puissance est apparue sur la planète, que l’humanité n'avait jamais connue auparavant : “Nous possédons environ 50% de la richesse mondiale avec seulement 6,3% de la population. Notre objectif principal dans cette époque à venir est de créer un système de relations qui nous permettra de maintenir cette situation d’inégalité sans porter atteinte à notre sécurité nationale”, George Kennan, chef d’État-major de planification stratégique au département d'Etat des Etats-Unis, le 23 février 1948.

     



    Le 9 mars dernier, le président des Etats-Unis, Barack Obama, a qualifié le Venezuela “d’une menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité nationale” de son pays. Cette déclaration fut précédée de 148 autres déclarations ou communiques du gouvernement des Etats-Unis contre le gouvernement du Venezuela, depuis le début du mois de février battant ainsi tous les records d’ingérence américaine contre le Venezuela pour l’année 2014, en moins de 40 jours.

    Noam Chomsky pense que la politique étrangère des Etats-Unis fonctionne sur base de deux principes :


     garantir la liberté « d’exploiter et de voler » les ressources des pays du Tiers-Monde au bénéfice des entreprises étasuniennes ;
     mettre en place un système idéologique qui assure que la population se maintienne passive, ignorante, apathique et qui garantit qu’aucun de ces thèmes ne soit compris par les classes éduquées.

    Au vu de ces principes, on comprend le dégoût de l’élite qui dirige les Etats-Unis envers les gouvernements chavistes du Venezuela. Mais il faut contextualiser au regard de l’histoire contemporaine l’obsession des États-Unis envers le Venezuela. A la fin de la deuxième guerre mondiale, les Etats-Unis assument le rôle d’empire à l’échelle globale avec pour cobaye la Grèce, première victime d’une liste qui continue de s’étendre de nos jours.

    Le pays hellène avait eu une résistance armée importante contre l’invasion nazie allemande ; après la capitulation des Germains pendant la deuxième guerre mondiale, les forces armées résistantes, ayant connu une influence socialiste et communiste, refusèrent d’accepter la tutelle anglo-américaine sur le pays. Une guerre civile explosa en 1947, dans laquelle les Etats-Unis sont intervenus en appliquant des politiques contre-révolutionnaires, et ceci au nom de la doctrine Truman. Le secrétaire d’Etat nord-américain, Dean Acheson était la personne chargée de convaincre le Congrès de soutenir une intervention en Grèce argumentant : “comme des pommes dans un tonneau infecté par une seule pomme pourrie, la corruption en Grèce infectera l’Iran et tout le territoire oriental”, et s’étendrait aussi à l’Italie et à la France qui possédaient de grands partis communistes.

    La rébellion grecque fut étouffée volontairement au moyen de la torture, de l’exil politique et de la destruction des syndicats. Dorénavant, les Etats-Unis, à l’aide d’interventions directes ou indirectes, appliqueront la politique contre-révolutionnaire dans le monde entier avec la défense des libertés et droits humains comme credo. Ils sont donc intervenus de cette manière en Corée, aux Philippines, en Thaïlande, en Indochine, en Colombie, au Venezuela, au Panama, au Guatemala, au Brésil, au Chili, en Argentine et dans une longue liste de pays que les Etats-Unis inondèrent avec une rivière de sang pour maintenir cette disparité à l’intérieur du pouvoir mondial si chère a George Kennan.

    La menace que représente le Venezuela pour les Etats-Unis est de ce type, “la pomme pourrie” qui peut “infecter” les autres régions. En fait, il existe plusieurs pommes du tonneau latino-américain qui ont déjà été « infectées » de différentes manières : le Brésil, l’Argentine, la Bolivie, l’Equateur, le Nicaragua, l’Uruguay ou le Salvador connaissent pour le moment des expériences d’indépendance politique et économique majeure envers les Etats-Unis. La menace vénézuélienne est représentée par l’exemple “dangereux” que sont les politiques utilisant leurs propres ressources pour améliorer et élever la qualité de vie des citoyens, récemment la secrétaire exécutive de la commission économique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes (CEPAL), Alicia Barcena, a indiqué que le Venezuela est un des pays ou la pauvreté, la pauvreté extreme et l’inégalité ont le plus diminué. Sans nul doute, c’est l’exemple que les Etats-Unis combattent dans la région et dans le monde car les ressources destinées à la population native du Venezuela sont celles que ne percevront pas les multinationales nord-américaines.

    Maintenant, il existe un fait aggravant, que la Grèce soit une autre fois « infectée » comme l’atteste le triomphe électoral de SYRIZA. L’Espagne pourrait être la prochaine à entrer en quarantaine si PODEMOS triomphait aux prochaines élections générales. Le panorama politique européen a augmenté l’hystérie de l’élite nord-américaine et de ses associés européens qui luttent par tous les moyens pour que l’exemple chaviste n’affecte pas non plus le sud de l’Europe, ce qui convertirait le cauchemar de l’ancien Secrétaire d’Etat Dean Acheson, en réalité.

    L’empire applique une politique sanitaire en Amérique Latine, ou le manu militari et les coups-d’Etat cherchent à discipliner la région et à contenir voir, éliminer le “virus” chaviste. Ainsi, nous pouvons constater la réactivation, en 2008, après 68 ans d’inactivité, de la flotte IV qui cible a nouveau les ressources militaires américaines vers les Caraïbes et l’Amérique du Sud ; le coup d’Etat contre le président Manuel Zelaya du Honduras en 2009, les nouvelles bases militaires en Colombie la même année et le coup-d’Etat contre Fernando Lugo du Paraguay en 2012. On peut y ajouter les tentatives avortées de faire tomber les gouvernements du président vénézuélien Hugo Chavez en 2002, d’Evo Morales de Bolivie en 2008, de Rafael Correa d’Equateur en 2010 et de Nicolas Maduro du Venezuela en 2014.

    Dans ce même sens, on peut apprécier les tentatives actuelles de saboter ou de faire tomber les gouvernement de Cristina Fernandez de Kirchner, d’abord avec l’attaque des fonds-vautours l’année passée et ensuite avec la dénonciation infondée du Procureur de la République, Alberto Nisman en janvier 2015, Procureur qui recevait des instructions depuis l’ambassade des Etats-Unis à Buenos Aires, selon les révélations des sources infiltrées par Wikileaks. La présidente du Brésil n’a pas été épargnée non plus, victime d’attaques à travers du cas très médiatisé de PETROBRAS ou de la tentative de jugement politique au Parlement.

    Un fait à souligner, les gouvernement les plus assiégés aujourd’hui par la politique extérieure américaine, les ONG et les médias qui la représentent sont ceux qui enregistrent le plus d’investissements venant de Chine en Amérique Latine : Argentine, Brésil et Venezuela. Les Etats-Unis, depuis 1823 jusqu’à ce jour et après avoir formalisé la doctrine Monroe de “l’Amérique aux Américains” ont toujours concentré leurs efforts sur l’élimination de leurs concurrents européens du continent (à cette époque la Chine n’était pas considérée comme une concurrente) et sur l’appropriation des richesses de ses voisins, au sud du fleuve Bravo.

    L’offensive impériale contre la région et contre le Venezuela en particulier est expliquée par le fait que le chavisme soit resté à l’avant-garde de la révolution en Amérique Latine et en opposition à la doctrine Monroe (sans oublier la révolution cubaine). C’est précisément pour cela qu’il est peu probable de rencontrer une solution dialoguée aux différences entre les gouvernements de Barack Obama et de Nicolas Maduro, les Etats-Unis n’accepteront pas un Venezuela indépendant, car cela impliquerait de renoncer à leur projet hégémonique et mondial.

    Source : Journal de Notre Amérique no.4, Investig’Action, mai 2015.

  • Cher Mr. Trump

     

    21 décembre 2015

     

    Je vous envoie mes salutations les plus chaleureuses d'Irak. Ma famille et moi, nous aimerions vous inviter, vous et votre famille, à nous rendre visite en Irak pour aussi longtemps que vous le souhaitez. Avec d'autres familles irakiennes, nous serions enchantés de vous accueillir en invités d'honneurs chez nous.

     



    Des visites de l’étranger font partie de notre programme d’échanges entre citoyens de Najaf et de Minneapolis du Minnesota aux Etats-Unis depuis ces deux villes se sont jumelées en juillet 2009.

    Le but de votre visite sera de nature pédagogique et centré sur l’apprentissage de la culture arabo-islamique. Elle inclura des occasions de visiter les villes historiques principales irakiennes, dont Babylon ainsi que des villes sacrées comme Karbala et Bagdad. Vous apprendrez sur Hammourabi qui a écrit le premier code légal et vous visiterez le sud de l’Irak où la roue a été inventé par une femme irakienne il y a des millénaires.

    Je ne suis pas riche, mais ma famille et moi, nous avons une maison que nous louons à Najaf, ville de ma naissance. Notre maison est petite, chaleureuse et pleine d’amour. Vous vivrez chez nous et partagerez ce que nous avons. D’autres familles irakiennes seraient heureuses que vous passiez du temps avec eux également.

    Lorsque vous (vous, infidèle), me rencontrez (moi, terroriste) chez moi à Najaf, je vous assure que vous allez découvrir que nous sommes tous frères et soeurs qui partageons le même pain et le même monde. Vous allez même apprendre que nos peuples, qui incluent des Juifs, partagent tous l’Ancien testament comme fondation de nos religions respectives et que nous avons bien plus de valeurs communes que de différences. Nous sommes tous des "peuples du Livre". Nous pouvons même vous emmener à Our où Abraham est né, au tombeau de Jonas près de Mossoul et au monastère fondé par St Matthieu. Nous serions fiers de vous montrer comment nous - Chrétiens et Musulmans - avons tellement en commun !

    A coup sûr, votre visite contribuera grandement à contrer les stéréotypes négatifs grandissants envers les Musulmans et servira à discréditer ceux qui encouragent l’islamophobie aux Etats-Unis. On craint ce qu’on ne comprend pas. La visite que nous proposons approfondira et éclairera votre perception de cette partie du monde qu’est notre chez nous.

    Je peux comprendre que vous craigniez pour votre sécurité étant donné la présence importante d’ISIS dans notre pays. Soyez tranquille : puisqu’ils sont la création de l’occupation étasunienne et sont financés par le pétrole qu’ils vendent et par des alliés des Etats-Unis, je suis certain que vous trouverez maintes occasions de vous entendre à un niveau idéologique qui dépasse les simples apparences.

    Dans le cas où vous acceptez notre invitation à Najaf, je vous promets qu’en échange moi et ma famille vous rendron visite à Las Vegas, si cela vous plaît, et même dépenser de l’argent. Voire nous amuser malgré le fait que notre foi musulmane nous interdise d’entrer dans la Cité du Péché. Nous ferons exception de cette règle si vous venez. Il vous suffit d’acheter votre billet d’avion et nous prendrons en charge tous les frais du inhérent au séjour avec plaisir.

    Je sais que vous êtes fort occupé avec la campagne présidentielle, donc si vous n’êtes pas en mesure de vous rendre en Irak pour le moment, sachez que notre invitation restera valable indéfiniment.

    Je vous garantie, M. Trump, que vous allez tomber amoureux de la culture arabo-islamique. A part quelques différences culturelles superficielles, notre peuple et leurs désirs diffèrent vraiment très peu des vôtres et vous allez vite vous sentir chez vous parmi nous. Vous allez même apprendre à nous aimer. La résolution de tous les conflits commence avec un esprit ouvert et instruit et des discussions productives. Pour nous, vous êtes le meilleur candidat pour cette invitation. Nous vous remercions d’avance de la prendre sérieusement en considération.

    Joyeuses fêtes à vous et aux vôtres,

  • Un monde immonde engendre...

     
     
     

    15 novembre 2015

     
     

    A l’heure où nous écrivons le bilan des tueries parisiennes est de 128 morts et de 300 blessés. L’horreur de cette violence injustifiable est absolue. La condamnation doit l’être tout autant, sans aucune restriction et/ou nuance. Les acteurs et/ou commanditaires de ces meurtres aveugles ne peuvent invoquer aucune raison légitime pour justifier ces actes immondes. La tragédie que nous vivons débouchera sur une prise de conscience collective des dangers qui nous menacent ou au contraire sur un processus de reproduction dramatique, en fonction de notre capacité collective à tirer les leçons de la situation qui engendre un tel résultat. L’émotion est légitime et nécessaire mais ne peut pas être la seule réponse. La réponse uniquement sécuritaire est également impuissante. C’est justement dans ces moments marqués par l’émotion collective que nous ne devons pas renoncer à la compréhension, à la recherche des causes et à la lucidité face aux instrumentalisations de l’horreur.

     



    Les postures face à notre tragédie

    En quelques heures toute la panoplie des postures possibles face à la tragédie s’est exprimée. Il n’est pas inutile de s’arrêter sur chacune d’entre elles. La première se contente de dénoncer Daesh et à exiger cette dénonciation de manière pressante de nos concitoyens musulmans réels ou supposés. Le projet politique de Daesh et les actes qui en découlent ont déjà été dénoncés par la très grande partie des habitants de notre pays, populations issues de l’immigration incluses.

    Il faut vraiment être coupés de nos concitoyens musulmans réels ou supposés pour en douter. Ces concitoyens français ou étrangers vivant en France sont les premiers à souffrir de cette instrumentalisation de leur foi à des fins politiques, réactionnaires et meurtrières. « Qu’est-ce qu’on va encore prendre » est la réaction la plus fréquente qui suit l’émotion face à ces meurtres, conscients qu’ils sont des instrumentalisations de l’émotion à des fins islamophobes qui ne manquerons pas. Il ne s’agit pas d’une paranoïa mais de l’expérience tirée du passé et en particulier des attentats du début de l’année. Dans ce contexte les injonctions à la dénonciation sont ressenties comme une suspicion de complicité ou d’approbation. Une nouvelle fois ce qui est ressenti c’est une accusation d’illégitimité de présence chez soi. Voici ce qu’en disait Rokhaya Diallo dans une émission radio à la suite des attentats de janvier :

    « Quand j’entends dire que l’on somme les musulmans de se désolidariser d’un acte qui n’a rien d’humain, oui, effectivement, je me sens visée. J’ai le sentiment que toute ma famille et tous mes amis musulmans sont mis sur le banc des accusés. Est-ce que vous osez me dire, ici, que je suis solidaire ? Vous avez vraiment besoin que je verbalise ? Donc, moi, je suis la seule autour de la table à devoir dire que je n’ai rien à voir avec ça (1). »

    La seconde posture est l’essentialisme et le culturalisme. Les actes barbares que nous vivons auraient une explication simple : ils sont en germe dans la religion musulmane elle-même qui à la différence des autres, porterait une violence congénitale, une barbarie consubstantielle et une irrationalité dans son essence. Cette religion à la différence des autres religions monothéiste serait allergique à la raison et inapte à la vie dans une société démocratique. De cette représentation de la religion découle la représentation de ses adeptes. Les musulmans seraient, contrairement aux autres croyants, une entité homogène partageant tous le même rapport au monde, à la société et aux autres. Une telle posture conduit inévitablement à l’idée d’une éradication, l’islam apparaissant comme incompatible avec la république, la laïcité, le droit des femmes, etc. Résultat de plusieurs décennies de diffusion politique et médiatique de la théorie du « choc des civilisations », cette posture s’exprime dans des formes plus ou moins nuancées mais est malheureusement bien ancrée dans notre société (2).

    La troisième posture est celle de la relativisation de la gravité des tueries. Celles-ci ne seraient que le résultat d’une folie individuelle contre laquelle on ne pourrait rien si ce n’est de repérer le plus tôt possible les signes annonciateurs dans les comportements individuels. Nous ne serions qu’en présence d’accidents dans les trajectoires individuelles sans aucune base sociale, matérielle, politique. Une telle posture de "psychologisation" occulte que les individus ne vivent pas hors-sol et que leur mal-être prend telle ou telle forme en rencontrant un contexte social précis. C’est à ce niveau que se rencontre l’individu et sa société, la trajectoire individuelle et son contexte social, la fragilisation et les offres sociales et politiques qui la captent pour l’orienter. Il est évident que les candidats « djihadistes » sont issus de trajectoires fragilisées mais cela ne suffit pas à expliquer le basculement vers cette forme précise qu’est la violence nihiliste (3).

    La quatrième posture s’exprime sous la forme de la théorie du complot. Les tueries seraient le fait d’un vaste complot ayant des objectifs précis : complot juif mondial, "illuminati", actes des services secrets, etc. Elle conduit à un aveuglement face au réel et à l’abandon de l’effort de compréhension du monde et des drames qui le secouent. Elle suscite une dépolitisation se masquant derrière une apparente sur-politisation : dépolitisation car il serait vain de rechercher dans l’économique, le social, le politique, etc., les causes de ce que nous vivons et sur-politisation car tout serait issu d’une cause politique occulte portée par un petit groupe secret. Elle est entretenue par la négation dominante de la conflictualité sociale, des oppositions d’intérêts et des stratégies des classes dominantes pour orienter l’opinion dans le sens de ses intérêts matériels. A ce niveau l’accusation de « confusionnisme » de toute dénonciation des stratégies des classes dominantes conduit consciemment ou non à entretenir la théorie du complot. Certains « anti-confusionnistes » de bonne foi ou non entretiennent en effet boomerang le « complotisme ». Ce faisant, certains « anti-confusionnistes » entretiennent la confusion (4).

    La cinquième posture est l’explication en terme du « virus externe ». Notre société serait victime d’une contamination venant uniquement de l’extérieur contre laquelle il faudrait désormais se prémunir. Elle débouche sur une logique de guerre à l’externe et sur une logique sécuritaire à l’interne. Elle est créatrice d’une spirale où la peur et le discours sur la menace externe suscite une demande d’interventions militaires à l’extérieur et de limitation des libertés à l’interne. Susciter une demande pour ensuite y répondre est un mécanisme classique des périodes historiques réactionnaires. L’absence de mouvement anti-guerre dans notre société est le signe que cette posture est largement répandue. Or comme la précédente, elle conduit d’une part à l’abandon de la recherche des causes et d’autre part au sentiment d’impuissance (5).

    Il reste la posture matérialiste ne renonçant pas à comprendre le monde et encore plus quand il prend des orientations régressives et meurtrières. Minoritaire dans le contexte actuel, cette posture est pourtant la seule susceptible d’une reprise de l’initiative progressiste. Elle suppose de recontextualiser les événements (et encore plus lorsqu’ils prennent des formes dramatiques) dans les enjeux économiques, politiques et sociaux. Elle nécessite la prise en compte des intérêts matériels qui s’affrontent pour orienter notre demande et qui produisent des conséquences précises. Elle inscrit les comportements individuels comme étant des résultats sociaux et non des essences en action. Elle prend l’histoire longue et immédiate comme un des facteurs du présent. Elle peut certes se tromper en occultant par méconnaissance une causalité ou en la sous-estimant, mais elle est la seule à permettre une réelle action sur ce monde.

    Dans un monde marqué par la violence croissante sous toutes ses formes, le renoncement à la pensée nous condamne pour le mieux à une posture de l’impuissance et pour le pire à la recherche de boucs-émissaires à sacrifier sur l’autel d’une réassurance aléatoire.

    Une offre de « djihadisme » qui rencontre une demande

    Il existe une offre de « djihadisme » à l’échelle mondiale et nationale. Elle n’est ni nouvelle, ni inexplicable. Elle a ses espaces de théorisations et ses Etats financeurs. L’Arabie Saoudite et le Qatar entre autres, pourtant alliés des Etats-Unis et de la France, en sont les principaux (6).

    Ces pétromonarchies appuient et financent depuis de nombreuses années des déstabilisations régionales dont elles ont besoin pour maintenir et/ou conquérir leur mainmise sur les richesses du sol et du sous-sol du Moyen-Orient. Cette base matérielle est complétée par un besoin idéologique. Elles ont besoin de diffuser une certaine vision de l’Islam pour éviter l’émergence et le développement d’autres visions de l’Islam progressistes et/ou révolutionnaire qui menaceraient l’hégémonie idéologique qu’elles veulent conquérir. Plus largement les pétromonarchies sont menacées par toutes les théorisations politiques qui remettent en cause leur rapport aux grandes puissances qui dominent notre planète : nationalisme, anti-impérialisme, progressisme dans ses différentes variantes, communisme, théologie de la libération, etc.

    C’est à ce double niveaux matériel et idéologique que s’opère la jonction avec la « réal-politique » des puissances impérialistes. Elles aussi ont un intérêt matériel à la déstabilisation de régions entières pour s’accaparer les richesses du sol et du sous-sol, pour justifier de nouvelles guerres coloniales en Afrique et au Moyen-Orient, pour supplanter leurs concurrents, pour contrôler les espaces géostratégiques et pour balkaniser des Etats afin de mieux les maîtriser. Elles aussi ont un besoin idéologique de masquer les causes réelles du chaos du monde c’est-à-dire la mondialisation ultralibérale actuelle. Il n’y a aucune amitié particulière entre les classes dominantes occidentales et les pétromonarchies et/ou les « djihadistes », mais une convergence relative d’intérêts matériels et idéologiques. Comme le soulignait De Gaulle pour décrire la réal-politique : « Les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts ». C’est cette réal-politique qui a conduit dans le passé à présenter les « djihadistes » en Afghanistan comme des combattants de la liberté et qui conduit un Fabius à dire aujourd’hui : « El Nosra fait du bon boulot ».

    Mais se limiter à l’offre ne permet pas de comprendre l’efficacité actuelle du phénomène. Encore faut-il expliquer le fait que cette offre rencontre une « demande ». Nous disions plus haut que cette offre n’est pas nouvelle. Nous l’avons-nous même rencontrée dans les quartiers populaires, il y a plus de trois décennies. Simplement à l’époque, elle ne rencontrait aucune « demande ». Nous pensions à vivre, à nous amuser, à militer et à aimer et regardions ces prédicateurs comme des allumés. C’est la raison pour laquelle il faut se pencher sur les processus d’émergence et de développement de cette demande « made in France ». A ce niveau force est de faire le lien avec les processus de paupérisation et de précarisation massive qui touchent les classes populaires. L’existence avérée de candidats « djihadistes » non issus de familles musulmanes souligne que c’est bien l’ensemble des classes populaires qui sont concernés par ces processus conduisant les plus fragilisés de leurs membres à sombrer dans des comportements nihilistes. Force également est de faire le lien avec les discriminations racistes systémiques et institutionnelle qui abîment des vies pour nos concitoyens noirs, arabes et musulmans. Force enfin est de prendre en compte dans l’analyse les effets des discours et pratiques islamophobes qui se sont répandus dans la société française et qu’il de bon ton de relativiser, d’euphémiser, voir de nier. Ce sont l’ensemble de ces processus qui conduisent à l’émergence du nihilisme contemporain.

    Enfin la vision méprisante des habitants des quartiers populaires comme « sous-prolétariat » incapable de penser politiquement conduit à sous-estimer le besoin du politique dans les classes populaires en général et dans leurs composantes issues de l’immigration post-coloniale en particulier. Ces citoyennes et citoyens observent le monde et tentent de le comprendre avec les grilles disponibles dans une séquence historique donnée. Ils et Elles ne peuvent que constater que des guerres se multiplient et que l’on trouve des financements pour le faire alors qu’on leur serine que les caisses sont vides. Elles et ils ne peuvent qu’interroger la soi-disant nécessité urgente d’intervenir en Irak, en Afghanistan, en Syrie, en Lybie, en Côte d’Ivoire, au Mali, etc. et à l’inverse la soi-disant nécessité urgente à soutenir l’Etat d’Israël en dépit de ses manquements à toutes les résolutions des Nations-Unies. Tous ces facteurs conduisent pour la majorité à une révolte qui cherche un canal d’expression et pour une extrême minorité à l’orientation nihiliste.

    A ne pas vouloir comprendre qu’un monde immonde conduit à des actes immondes, on constitue le terreau de la rencontre entre l’offre et la demande de nihilisme.

    Notes :

    1) http://www.atlasinfo.fr/Charlie-Heb...

    2) Voir sur ce sujet : Jocelyne Cesari, l’Islam à l’épreuve de l’Occident, La Découverte, Paris, 2004.

    3) Sur la rencontre entre le contexte social et effets fragilisant sur les trajectoires individuelles voir Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs, Le Seuil, 1952.

    4) Luc Boltanski, Enigmes et complots. Une enquête à propos d’enquêtes, Gallimard, Paris, 2012.

    5) Voir notre article avec Yvon Fotia « Discrimination systémique » , Dictionnaire des dominations de sexe, de race, de classe, Syllepse, Paris, 2012.

    6) David Benichou, Farhad Khosrokhavar, Philippe Migaux, Le jihadisme, comprendre pour mieux combattre, Plon, Paris, 2015. Et Richard Labévière, Les dollars de la terreur, Les Etats-Unis et l’islamisme, Grasset, Paris, 1999.

  • Les cobayes humains de l’armée française

     

    Nicolas PLUET

    01/04/1960 : 150 prisonniers algériens utilisés comme cobayes humains lors du second essai nucléaire français à Reggane.

    01/04/1960 : 150 prisonniers algériens utilisés comme cobayes humains lors du second essai nucléaire français à Reggane.

    René Vautier est mort le 4 janvier 2015.
    Résistant à 15 ans, il fut, avec pour seule arme sa caméra, engagé sa vie durant contre le colonialisme et les injustices ; emprisonné dès son premier film à 21 ans ; censuré comme nul autre réalisateur français ne le fut.

    Lui qui avait des liens si forts avec l’Algérie s’était fait l’écho d’un témoignage terrible qui, jusqu’ici n’a pas été évoqué dans la presse française. Il est temps de le faire.

    Cela se passe au CSEM (Centre Saharien d’Expérimentation Militaire) situé à Reggane, à 700 km au sud de Colomb Bechar. Les tirs sont effectués à Hamoudia, à une cinquantaine de km au sud-ouest de Reggane. Le premier avril 1960 a lieu le second essai nucléaire français, sous le nom de code “Gerboise blanche”. La bombe dégagea environ 4 kilotonnes.

    Le tir a été l’occasion d’étudier la résistance des matériels militaires (avions, véhicules, parties de navires...) à une explosion nucléaire.

    L’armée française a mené des essais sur des rats, des lapins et des chèvres.

    Des exercices militaires en ambiance « post-explosion » ont été réalisés. Ils commencèrent vingt minutes après les tirs.

    Mais environ 150 hommes vivants furent aussi exposés aux effets de la bombe, ligotés à des poteaux, à environ 1 km de l’épicentre.

    Nous sommes en pleine guerre d’Algérie, cette guerre qui a fait plusieurs centaines de milliers de victimes algériennes, militaires et surtout civiles. Beaucoup de victimes meurent torturées. Pour le colonialisme français et son armée, la vie des algériens ne vaut pas cher à l’époque...

    René Vautier, avait monté son film “Algérie en flammes”, tourné dans les maquis algériens dans les studios de la DEFA (Deutsche Film-Aktiengesellschaft) en RDA.
    Karl Gass, réalisateur documentariste à la D.E.FA. avait recueilli le témoignage d’un légionnaire français d’origine allemande affectés à la base de Reggane.

    Le témoin affirmait avoir reçu , juste avant l’explosion, l’ordre de récupérer dans des prisons et des camps de concentration, 150 Algériens qui devaient être utilisés comme cobayes à proximité du point zéro . Il déclarait les avoir fait venir, les avoir remis à ses supérieurs hiérarchiques, et ne les avoir jamais revus. Ce légionnaire a été affecté ailleurs en 1961.

    M. Mostefa Khiati, médecin à l’hôpital d’El Harrach et M. Chennafi, enlevé avec cinq de ses amis de Staouéli (ouest d’Alger) à Reggane où ils devaient travailler, confirment ce témoignage (voir encadré “Ce que disent les Algériens”).

    En Algérie, la presse et les médias algériens, la Ligue Algérienne des Droits de l’Homme, des juristes, des médecins évoquent ces questions.

    Le 14 février 2007, le quotidien Le Figaro cite une réponse à l’interpellation des Algériens. Elle est faite par le responsable de la communication du ministère de la Défense, Jean-François Bureau : "Il n’y a jamais eu d’exposition délibérée des populations locales »". Il s’agit, selon lui, d’une légende entretenue par la photo d’une dépouille irradiée exposée dans un musée d’Alger. "Seuls des cadavres ont été utilisés pour évaluer les effets de la bombe", ajoute-t-il.

    Mais alors, quels sont ces cadavres ? D’où venaient-ils ? Quelles étaient les causes des décès ? Où sont les documents tirant les enseignements de leur exposition à la bombe ? Et surtout, peut-on sérieusement croire qu’en pleine guerre d’Algérie, l’armée française pouvait transporter des cadavres sur des centaines de km pour des essais “éthiques” alors qu’elle torturait et tuait quotidiennement civils et combattants algériens ?

    Qui peut croire aussi, qu’un pouvoir qui se dote à grands frais d’une arme nouvelle, qui fera l’essentiel de ses forces, va s’abstenir d’en faire l’essai jusqu’au bout ? La logique “technique” à défaut d’être humaine, c’est de la tester “en vraie grandeur” c’est à dire sur des êtres humains vivants ... Tous l’ont fait : lisez, pays par pays, l’ encadré à ce sujet.

    Pourtant, il n’y a pas eu de scandale d’Etat à la hauteur de ce fait qui relève du crime contre l’humanité.

    Le fait que le FLN avait accepté, dans le cadre d’"annexes secrètes", que la France puisse utiliser des sites sahariens pour des essais nucléaires, chimiques et balistiques pendant quatre années supplémentaires a sans doute créé des conditions propices à ce silence officiel...

    En effet, ces essais se sont poursuivis dans les conditions de mise en danger des populations locales et des travailleurs algériens sur les sites contaminés, le pouvoir algérien ne souhaitait sans doute pas voir ce dossier sensible resurgir.

    Derrière elle, l’armée française a laissé des poubelles nucléaires à peine ensablées
    (voir L’Humanité du 21/02/2007), des populations victimes de multiples cancers, des nappes phréatiques radioactives.

    Mais elle laisse aussi le souvenir, mieux caché pour l’instant, d’une épouvantable expérimentation effectuée sur des êtres humains vivants.

    Merci à René Vautier pour avoir tenté, durant des années, de lever la chape de plomb sur ce crime.

    A présent les bouches et les archives doivent s’ouvrir.

    Comme la Ligue Algérienne des Droits de l’Homme, exigeons l’ouverture compète des archives militaires sur les essais nucléaires dans le sud du Sahara (algérien) dans les années 1960 à 1966.

    Demandons aux nombreux militaires et civils français et algériens qui ont servi sur la base de Reggane et ont pu être témoins direct ou recueillir des témoignages de dire ce qu’ils savent.

    Que la France officielle reconnaisse aujourd’hui le crime.

    A défaut de pouvoir le réparer, qu’elle prenne ses responsabilités pour atténuer les conséquences de ses essais nucléaires sur les population algériennes :

    La réhabilitation des sites d’essais nucléaires, conformément à la législation internationale.

    La création d’une structure de santé spécialisée dans le traitement des maladies cancéreuses causées par la radioactivité. La mise en place d’un registre du cancer dans les régions d’Adrar, Tamanrasset et Béchar. La prise en charge totale des malades.

    La création d’un pôle d’observation des différents sites ayant servi aux essais nucléaires comme ce fut le cas pour l’Angleterre et ses sites en Australie.

    Auteur : Nicolas Pluet, militant communiste et ami de René Vautier.


    Sources et éléments pour des encadrés éventuels complétant le texte principal.
    Eléments pour un encadré sur
    Ce que disent les algériens

    Du côté algérien, des recherches ont été faites dans les années 2000 et résumées ainsi par l’avocate Me Fatima Ben Braham : « L’étude iconographique, de certaines de ces photos, nous a permis de constater que la position des soi-disant mannequins ressemblait étrangement à des corps humains enveloppés de vêtements. A côté de cela, nombre d’Algériens détenus dans l’ouest du pays et condamnés à mort par les tribunaux spéciaux des forces armées [français] nous ont apporté des témoignages édifiants. Certains condamnés à mort n’ont pas été exécutés dans les prisons, mais ils avaient été transférés pour ne plus réapparaître. Ils avaient, selon eux, été livrés à l’armée. Après consultation des registres des exécutions judiciaires, il n’apparaît aucune trace de leur exécution et encore moins de leur libération. Le même sort a été réservé à d’autres personnes ayant été internées dans des camps de concentration. »

    Après des recherches, l’avocate a retrouvé une séquence des informations télévisées montrant un combattant mort sur une civière entièrement brûlé, ainsi commentée : « Et voilà le résultat de la bombe atomique sur un rebelle. »
De plus, une étude minutieuse des photos de mannequins, et particulièrement une, où plusieurs corps (5 environ) étaient exposés, indique que les mannequins auraient une forte ressemblance à des corps humains.

    Elle a alors réuni un groupe de médecins et de médecins légistes à l’effet de faire le rapprochement des corps exposés avec de véritables corps humains dans la même position (tête, bras, jambes, bassin, buste, etc.)
Les résultats ont été concluants : il s’agit bien de corps humains (même le poids a été déterminé) et leur mort était certaine.
En 2005, la question a été posée aux autorités françaises qui ont d’abord répondu qu’il s’agissait uniquement de mannequins et de rien d’autre, pour tester les habillements face aux essais.

    Après insistance des Algériens, les autorités françaises ont rétorqué que « s’il y avait des corps à la place des mannequins, il faut se rassurer que les corps étaient sans vie ».

    Source : http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/france/cobayes_humains.htm


    Lors d’un documentaire, réalisé par Saïd Eulmi et diffusé à l’ouverture du colloque, il a été rapporté que des prisonniers de guerre avaient été utilisés comme cobayes lors des essais. Des images de corps humains calcinés accrochés à des poteaux ont été montrées. « Les corps de ces martyrs (...) ont été retrouvés durcis comme du plastique », a souligné Mostefa Khiati, médecin à l’hôpital d’El Harrach. « Les conventions de Genève ont été violées. Il s’agit de crimes de guerre », a estimé Abdelmadjid Chikhi, directeur des archives nationales.

    Source : Metaoui Fayçal, El Wattan


    Le témoignage de M. Chennafi, « un sexagénaire, enlevé avec cinq de ses amis de Staouéli (ouest d’Alger) à Reggane où ils devaient travailler jour et nuit et préparer l’installation de la bombe nucléaire : « Après l’explosion de cette bombe, les victimes étaient parties en fumée. Même les ossements ont disparu ». Plusieurs militaires et médecins Français ont confirmé l’utilisation par l’armée française d’habitants de la région ou de Ghardaia afin de "tester l’effet des radiations" sur eux. Ces derniers ont été placés dans les lieux servant de théâtre des opérations sans protection aucune. Les survivants n’ont bénéficié d’aucun traitement contre les radiations nucléaires par la suite.

    Source : Planète non violence (webzine)


    Ligue Algérienne des Droits de l’Homme

    La LADDH pense que l’exposition directe, par la France, de prisonniers dans l’expérience nucléaires constitue “une flagrante violation de la convention de Genève relative aux prisonniers de guerre et à leur traitement.

    Le FLN a accepté, dans le cadre d’"annexes secrètes", que la France puisse utiliser des sites sahariens pour des essais nucléaires, chimiques et balistiques pendant cinq années supplémentaires. Onze essais se sont ainsi déroulés après l’Indépendance du 5 Juillet 1962 et ce, jusqu’en février 1966.

    La LADDH est porteuse d’exigences vis à vis de la France (voir article principal).
    Source : http://ekopol.over-blog.com/2014/08/les-essais-nuclaires-francais.html


    Eléments pour un encadré sur :
    Radiations imposées.

    Même les militaires n’étaient pas protégés.

    Si l’on compare avec ce qui a été fait en Polynésie pour la protection des populations – des blockhaus pour Tureia qui se trouve à 110 km de Mururoa et des « abris de prévoyance » sommaires pour les Gambier, Reao et Pukarua, dans le Sahara algérien, les précautions prises pour la protection des personnels militaires et des habitants des palmeraies voisines ont été très sommaires, voire inexistantes.
    Quelques documents estampillés « secret » permettent d’avoir une idée du mépris des autorités militaires à l’égard de leurs hommes. on peut constater que pour les populations sahariennes de Reggane (environ 40 km d’Hammoudia) et quelques palmeraies encore plus proches des points zéro, la protection était nulle. Aucun abri ou autre bâtiment n’a été construit pour ces populations, tout aussi bien que pour les personnels militaires de la base de Reggane Plateau ou les quelques dizaines de militaires et civils qui restaient sur la base d’Hammoudia pendant les tirs.

    A Reggane au Sahara, à moins de 5 km de l’explosion, on donnait des lunettes noires aux soldats pour se protéger les yeux. Mais ils étaient en short et chemisette.

    Des retombées à plus 3 000 km, des conséquences sanitaires terribles.
    Outre dans tout le Sahara algérien, les retombées radioactives ont été enregistrées jusqu’à plus de 3000 km du site (Ouagadougou, Bamako, Abidjan, Dakar, Khartoum, etc.).

    24 000 civils et militaires ont été utilisés dans ces explosions, sans compter l’exposition aux radiations de toute la population de la région.

    A Reggane où les essais ont été atmosphériques et ont couvert une vaste zone non protégée, selon les médecins l’exposition aux radiations ionisantes provoque plus 20 types de cancer (cancers du sein, de la tyroïde, du poumon, du foie, du côlon, des os, etc.).
    Les leucémies dépassent de manière sensible la moyenne dans la région. Des malformations touchent aussi bien les adultes que les enfants, les nouveaux nés et les les fœtus. On constate également une baisse de fertilité des adultes. Des cas de cécité sont dus à l’observation des explosions. A Reggane le nombre de malades mentaux est très important. Des familles entières sont affectées, sans parler des lésions de la peau, des stigmates physiques et des paralysies partielles, ainsi que d’autres phénomènes sur lesquels les médecins n’arrivent pas à mettre de mots.

    Le bilan des décès causés par les maladies radio-induites ne cesse de s’alourdir à Tamanrasset. Au total 20 cancéreux, entre femmes, hommes et enfants, sont morts en juillet dernier, s’alarme Ibba Boubakeur en 201447, secrétaire général de l’Association des victimes des essais nucléaires à In Eker (Aven), Taourirt.

    « Nous avons assisté à l’enterrement d’enfants amputés de leurs membres inférieurs et de femmes à la fleur de l’âge. Le pire, c’est qu’aucune de ces victimes ne possède un dossier médical, hormis les quelques certificats délivrés par les médecins exerçant dans la région », se plaint-il. 52 ans après cette tragédie que la France ne veut toujours pas réparer.

    « On ne peut pas avoir le nombre exact de victimes. En 2010, un recensement partiel faisant état d’un peu plus de 500 victimes a été réalisé dans les localités relevant uniquement de la commune de Tamanrasset, à savoir Inzaouen, Ifak, Toufdet, Tahifet, Indalak, Izarnen, Outoul et Tit. Nous y avons constaté beaucoup de maladies, des avortements, des malformations et toutes les formes de cancer ».

    Selon une étude réalisée par des experts, 21,28% des femmes de cette région sont atteintes de cancer du sein et 10,13% du cancer de la thyroïde.

    Sources :

    http://www.reperes-antiracistes.org/article-dossier-algerie-les-essais...

    Ligue Algérienne des Droits de l’Homme. http://www.lematindz.net/news/15070-essais-nucleaires-en-algerie-la-la...

    http://lavoixdesidibelabbes.info/laven-salarme-des-deces-causes-par-le...

    http://ekopol.over-blog.com/2014/08/les-essais-nuclaires-francais.html

    http://www.djazairess.com/fr/elwatan/60683

    Le jour d’Algérie » du 13/02/2007


    Eléments pour un encadré sur :
    Essais humains : la France n’est pas la seule.

    USA
    Le secrétaire d’Etat à l’Energie américain, Hazel O’Leary, a révélé que son pays a mené des expériences sur quelque 700 "cobayes humains". C’était dans les années quarante, on administra à plus de 700 femmes enceintes, venues dans un service de soins gratuits de l’université Vanderbilt (Tennessee), des pilules radioactives exposant les foetus à des radiations trente fois supérieures à la normale. On leur faisait croire qu’il s’agissait d’un cocktail de vitamines. ..
    En 1963 (là, on était pourtant édifié sur les effets de la radioactivité !), 131 détenus de prisons d’Etat de l’Oregon et de Washington se portèrent "volontaires", en échange d’un dédommagement de 200 dollars chacun, pour recevoir de fortes doses de rayons X (jusqu’à 600 röntgens) aux testicules.
    Mais l’expérimentation humaine principale avait été menée lors des bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki les 6 et 9 août 1945 et après eux.
    le Japon avait de toute façon déjà perdu la guerre et s’apprêtait à négocier, avant les bombardements nucléaires.
    Les USA choisissent Hiroshima et Nagasaki pour leurs configurations différentes et y expérimentent deux bombes de types différents : plutonium pour Nagasaki ; uranium 235 pour Hiroshima . Plus de 2 00 000 victimes immédiates, sans compter celles des décennies suivantes.
    Les archives américaines ont révélé , que quatre des plus grandes villes japonaises avaient été retenues comme cibles potentielles et interdites de tout bombardement, afin de pouvoir attribuer à la seule bombe atomique les dégâts observables. Par ordre de « préférence », il s’agissait de Hiroshima, Niigata, Kokura et Nagasaki.
    Après les bombardements les USA construisent tout un hôpital, implantent un camp de scientifiques pour examiner les survivants et mener des expériences sur eux, quelques semaines seulement après le bombardement. Mais ne soigneront personne.

    URSS
    En septembre 1954, l’armée soviétique exposa sciemment des civils et des militaires aux retombées d’une bombe atomique de 20 kilotonnes, explosée à 350 m au-dessus de la ville de Totskoye, dans l’Oural. outre les 45 000 soldats qui furent exposés - quand les généraux décidèrent de leur imposer des exercices militaires sur les terrains encore brûlants de radioactivité -, il y avait aussi des civils : un million de personnes environ, réparties dans un rayon de 160 km autour du site de l’expérience. En effet, Kouibichtchev (aujourd’hui Samara), alors peuplée de 800 000 habitants, se trouve à 130 km à l’ouest du site et Orenbourg, 265 000 habitants, à 160 km à l’est.
    Au Kazakhstan un quart du territoire kazakh est occupé par les terrains d’essais et des usines militaires. On y a fait exploser 466 bombes atomiques : 26 au sol, 90 en altitude et 350 sous terre. Lors de l’essai, en 1953, de la première bombe à hydrogène 14 000 personnes furent exposées aux retombées. Une vaste région de ce pays est contaminée. Elle a subi une irradiation d’un niveau comparable à celui de Tchernobyl pendant quarante ans.
    Source : http://atomicsarchives.chez.com/cobaye_humains.html

    Chine
    Le site d’essais nucléaires chinois de Lob Nor, dans le Xinjiang, est le plus vaste du monde : 100 000 km2, dans le désert du Turkestan oriental, dont environ un cinquième a été irradié.
    Les populations locales se sont plaintes à de nombreuses reprises de maladies inhabituelles : cancers de la thyroïde ou malformations à la naissance. Les estimations du nombre de victimes vont de « quelques décès » selon les autorités, à 200 000 selon les sympathisants de la cause ouïghoure (ethnie majoritaire au Xinjiang). Des tests indépendants, conduits dans quelques villages, ont montré des taux de radioactivité très supérieurs à la limite d’alerte, et 85 000 personnes au moins vivent encore à proximité immédiate des anciennes zones d’essais. Au début des tests, ces riverains n’étaient même pas déplacés. Dans les années 70, on les faisait évacuer quelques jours avant de les faire revenir.
    Source : Denis DELBECQ et Abel SEGRETIN

    Royaume Uni :
    le gouvernement britannique a eu recours à des soldats australiens, anglais et néo zélandais pour les utiliser comme cobayes lors d’essais nucléaires.
    Des centaines d’aborigènes ont probablement été contaminés à proximité du site d’essais de Maralinga.

  • LE PENTAGONE PRÉPARE UNE GUERRE MONDIALE !

     

    Par Sylvia Bourdon – 13/07/2015

    Le Pentagone a sorti en juin 2015, sa « Stratégie Militaire Nationale des Etats Unis d’Amérique 2015 » Lien ci-dessous. Le document annonce un changement dans ses objectifs ; du terrorisme au « acteurs d’États », qui « défieraient les normes internationales ».

    Il est important de savoir ce que ces mots signifient. Les gouvernements qui défient les normes internationales sont des pays souverains, qui appliquent des politiques indépendantes de Washington. Ces « États révisionnistes » sont des dangers. Non parce qu’ils projettent d’attaquer les US, ce qu’admet le Pentagone. Ni la Russie, ni la Chine n’ont ces intentions. Mais juste, parce qu’ils sont indépendants. En d’autres termes, « la norme », est la dépendance de Washington.

    Saisissez bien la question : Le danger est l’existence d’États souverains, dont les actions indépendantes, font d’eux les « États révisionnistes. » En d’autres mots, leur indépendance est hors des clous, selon la doctrine unipolaire néoconservatrice, qui déclare que le droit à l’indépendance revient seul à Washington. L’histoire de l’hégémonie de Washington écarte le fait, que tout autre pays peut être indépendant de ses actes. Le rapport du Pentagone définit avant tout comme « États révisionnistes », la Russie, la Chine, la Corée du Nord et l’Iran. L’objectif nr. 1 étant la Russie.

    Washington espère récupérer la Chine, afin qu’elle reste un marché de consommation américaine. Cela, malgré les « tensions dans la région Asie-Pacifique », qui est la sphère d’influence chinoise, laquelle serait « en contradiction avec les lois internationales ». Venant de Washington, le plus grand violeur des lois internationales, c’est plutôt fort de tabac.

    Il n’est pas sur que l’Iran échappe au destin que Washington a imposé à l’Irak, l’Afghanistan, la Lybie, la Syrie, la Somalie, le Yemen, le Pakistan, l’Ukraine et par complicité, la Palestine.

    Le rapport du Pentagone est suffisamment audacieux dans son hypocrisie, comme le sont toutes les déclarations de Washington, pour déclarer que, Washington et ses vassaux « soutiennent les institutions établies et les processus destinés à la prévention des conflits, qui respectent la souveraineté et les droits de l’homme ». Tout ceci, venant de l’armée d’un gouvernement qui a envahit, bombardé et renversé 11 gouvernements depuis le régime Clinton et qui projette de renverser les gouvernements d’Arménie, du Kyrgystan, de l’Equateur, du Vénezuela, de la Bolivie, du Brésil et de l’Argentine.

    Dans le document du Pentagone, la Russie est dans l’œil du cyclone, pour ne pas se conformer « aux normes internationales ». Ce qui signifie, que la Russie ne suit pas le leadership de Washington.

    En d’autres mots, ce rapport est de l’enfumage, rédigé par des néocons, dans le but de fomenter une guerre avec la Russie. Rien d’autre ne peut être dit sur ce rapport qui signifie la guerre, toujours la guerre. Sans guerres et conquêtes, les américains ne se sentent pas en sécurité. Les vues de Washington sur la Russie sont les mêmes que celles de Caton l’ancien sur Carthage. Il terminait chacun de ses discours au sénat romain en clamant : « Carthage doit être détruit. »

    Ce rapport nous dit, qu’une guerre avec la Russie sera notre futur, à moins que la Russie n’accepte de devenir un État vassal, comme l’Europe, le Canada, l’Australie, l’Ukraine et le Japon. Autrement, les néocons ont décidé qu’il serait impossible pour les américains, de tolérer un pays qui prend ses décisions indépendamment de Washington.

    Si les US ne peuvent être le pouvoir unique qui dicte ses normes au monde, mieux vaut tous crever.

     Sylvia Bourdon

    source Dr. Paul Craig Roberts

    Document: 2015 U.S. National Military Strategy – USNI News

    The following is the 2015 National Military Strategy of the United States of America that was released by the Department of Defense on July 1, 2015. Related