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Violence

  • La pleurniche israélienne...et la Suède

    La pleurniche israélienne fera-t-elle taire Margot Wallström ?

    Le ministre suédois veut une enquête sur les meurtres extrajudiciaires

    L’État hébreu n’a pas apprécié que la ministre suédoise demande une enquête sur d’éventuels meurtres extrajudiciaires par Israël. Ce n’est pas la première fois que les relations sont tendues entre les deux pays.

    Elle soutient le terrorisme, et incite à la violence. Voilà ni plus ni moins l’opinion de l’Etat d’Israël sur la ministre des Affaires étrangères de la Suède, Margot Wallström. C’est en tout cas ce qu’a estimé ce mardi l’État hébreu dans un communiqué pour le moins acerbe.

    Benjamin Netanyahu et son gouvernement n’ont en effet pas apprécié que Margot Wallström plaide, devant le parlement suédois, pour l’ouverture d’une enquête afin de déterminer si Israël s’était rendu coupable de meurtres extrajudiciaires de Palestiniens lors des récentes violences. « Il est essentiel qu’il y ait une enquête sur ces décès afin de clarifier la situation et que chacun rende des comptes », a-t-elle exigé.

    Pour l’État hébreu, de telles déclarations sont « irresponsables et délirantes », mais surtout, « apportent leur soutien au terrorisme et incitent à la violence », explique un communiqué incendiaire.

    Un ministre israélien cité par le Jerusalem Post va encore plus loin et considère que l’enquête demandée par Wallström devrait être orientée pour comprendre « comment une femme qui déteste Israël a pu être nommée, et tenir toujours, le rôle de ministre des Affaires étrangères de la Suède ».

    « La seule chose que la ministre des Affaires étrangères suédoise n’ait pas faite est de rejoindre physiquement les terroristes palestiniens et de poignarder des juifs » a déclaré l’ancien ministre de Benjamin Netanyahou Avigdor Liberman. « À la lumière de son attitude, il faut espérer que cela n’arrivera pas » a-t-il ajouté.

    Il faut dire que Margot Wallström n’en est pas à son premier coup d’éclat contre Israël et a considérablement rafraichi les relations entre les deux pays. Des accusations similaires d’exécutions extrajudiciaires avaient poussé le Premier ministre Netanyahou à téléphoner à son homologue Stefan Löfven pour protester.

    Suite aux attentats de Paris, Margot Wallström avait aussi affirmé que les tueries étaient liées au conflit israélo-palestinien. Les relations entre les deux pays sont de toute manière très compliquées depuis la reconnaissance par la Suède d’un État palestinien en 2014 et l’ouverture de la première ambassade de Palestine en Europe occidentale en février dernier.

  • I AM A MAN, DE MEMPHIS À FERGUSON

     

    Dans un Vite dit paru ici cette semaine et intitulé Ferguson / Photos : retour aux années 60, il était question d'un article du New York Times traitant des images de Ferguson qui ne seraient pas sans rappeler celles de la lutte pour les droits civiques des années 60. Des images qui se ressemblent, sans aucun doute :


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    Photo © Whitney Curtis pour le New York Times


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    Photo © Danny Lyon / Etherton Gallery


    « Certains échos visuels des années 60, comme l'utilisation de chiens par la police de Ferguson, ne sont probablement pas intentionnels », écrit le NY Times (on ose l'espérer !).


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    Photo © David Carson


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    Photo © David Carson


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    Photo © Bill Hudson / AP


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    Photo © Charles Moore


    « Mais du côté des manifestants, continue le quotidien, on a délibérément fait des efforts pour évoquer les manifestations non-violentes de l'époque de la lutte pour les droits civiques. Avec, notamment, ces t-shirts au slogan I Am A Man emprunté aux panneaux brandis pendant la grève des éboueurs de Memphis en 1968. »

    Ici le NY Times se trompe, aucune photo prise à Ferguson ne montre de tels t-shirts. L'inscription, en revanche, se retrouve sur des panneaux brandis (voir plus loin).

    Cela dit, la grève des éboueurs de Memphis est historique : le 1er février 1968, deux éboueurs noirs, qui n'avaient pas le droit de s'abriter de la pluie ailleurs qu'à l'arrière des camions-benne, furent broyés par l'un de ces camions. La grève fut déclarée le 12. Le maire la déclara illégale, recruta des "jaunes" (forcément blancs) pour vider les poubelles.

    De nombreuses manifestations non-violentes eurent lieu ; les employés municipaux noirs y dénoncèrent, en brandissant des panneaux portant les mots I Am A Man, ces deux morts atroces ainsi que leurs conditions de travail dangereuses et la discrimination qu'ils subissaient par rapport aux éboueurs blancs.


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    Photo © Ernest C. Withers, 28 mars 1968


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    Photo © Richard L. Copley, Memphis, 1968


    Martin Luther King rencontra les grévistes le 18 mars, participa dix jours plus tard à une manifestation au cours de laquelle un adolescent de seize ans fut tué par la police. Il fut quant à lui assassiné le 4 avril, au Lorraine Motel de Memphis. Le 8, 42 000 personnes manifestaient silencieusement dans la ville. Le 16, la municipalité se pliait aux exigences des éboueurs grévistes.

    La phrase I Am A Man est une référence à Am I Not A Man And A Brother (Ne suis-je pas un homme et un frère), slogan de la britannique Society for the Abolition of the Slave Trade créée en 1787 par des Quakers. Voici son emblème, abondamment copié :

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    Emblème de la société des Amis des Noirs,
    créée à Paris en 1788


    À Ferguson, aujourd'hui, on défile en brandissant des panneaux I Am A Man.

    « Diane McWhorter, continue le NY Times, auteure de Carry Me Home: Birmingham, Alabama, the Climactic Battle of the Civil Rights Revolution, dit qu'elle a également vu des échos de ces pancartes dans les bras levés des manifestants. Il s'agit là d'une image instantanément reconnaissable qui semble née de la rapidité avec laquelle les nouvelles circulent sur internet, et qui à son tour contribue à cette rapidité. Dans le premier cas, les pancartes I Am a Man sont une sorte d'affirmation massive d'humanité ; dans le second, celui des mains levées, c'est une manifestation de masse d'innocence. Deux images très fortes. »

    Le même pouvoir suggestif parce que dans les deux cas ce sont des milliers de personnes qui disent Je suis un homme, Ne tirez pas.


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    Photo © Wiley Price / St Louis American


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    Pendant ce temps, note enfin le NY Times, certains historiens s'inquiètent de ces rapprochements Ferguson 2014 / Droits civiques années 60 : « Nous pouvons regarder ces images et dire que Ferguson est comme Los Angeles ou Birmingham parce que ça y ressemble, dit le professeur Berger. Mais si nous devons nous demander "Qu'est-ce qui est pareil ?" nous devons aussi nous demander "Dans quelle mesure l'Amérique a-t-elle changé ?" Histoire d'avoir une conversation qui ne s'arrête pas aux brutalités policières, ce qui ne nous mène pas très loin. »

    Certes. Il est vrai qu'une image ne dit pas tout, loin de là. Ou bien elle dit tout et son contraire, selon la légende qu'on y appose. Mais tout de même. Les rapprochements sont nombreux :

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    Si en 1968 les éboueurs de Memphis soutenus par Martin Luther King ont choisi leur slogan I Am A Man en s'inspirant de la devise des abolitionnistes du XVIIIe siècle Am I Not A Man And A Brother et si les manifestants de Ferguson brandissent ces jours-ci des pancartes I Am A Man, cela signifie peut-être que rien n'a vraiment changé. L'esclavage fut aboli en 1863, la déségrégation commença lentement en 1954, mais aujourd'hui encore c'est un policier de Ferguson qui traite les Noirs d'enculés d'animaux…


     … après qu'un autre a abattu un jeune homme noir nommé Michael Brown (et l'on pense à Trayvon Martin, abattu par un vigile volontaire le 26 février 2012, voir cette précédente chronique). Dans les faits, rien n'a vraiment changé, non.

    Reste la lutte et l'espoir chantés par Pete Seeger dont le texte fut repris par Martin Luther King, We shall overcome (Nous vaincrons). Someday.


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    Martin Luther King à Lakeview (État de N.Y.), 12 mai 1965

     

    chronique du 23/08/2014 par Alain Korkos

     

     

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    Dans Le Monde.fr à la date du 22 août, un article d'Annick Cojean intitulé Tommie Smith, le poing noir de l'Amérique. Tommie Smith et John Carlos levèrent le poing sur les marches du podium aux J.O. de Mexico en 1968 (pour abonnés).

  • L'IMAGE DES NOIRS AMÉRICAINS ...

    DE SELMA À URGENCES : L'IMAGE DES NOIRS AMÉRICAINS AU CINÉMA ET DANS LES SÉRIES TÉLÉ


     

    Mercredi dernier est sortie sur les écrans une bobine intitulée Selma qui raconte les marches pour les droits civiques menées en 1965 par Martin Luther King.

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    Selma est une ville située en l'État d'Alabama aux États-Unis. Dans les années 60 sa population s'élève à 30 000 âmes, dont la moitié sont des Noirs. Parmi eux, trois cents personnes seulement sont habilitées à voter. Car à cette époque, les électeurs des États du Sud doivent passer un test d'écriture voire s'acquitter d'une taxe pour avoir le droit de s'approcher les urnes. Ces deux conditions éliminent la quasi-totalité de la population noire, qui ne prend même pas la peine de s'inscrire sur les listes électorales.

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    Selma, dans Selma


    En 1963, Amelia Boynton lance à Selma l'American Civil Rights Movement (le Mouvement pour les droits civiques) dont le but est l'abolition de la ségrégation raciale et la possibilité pour tout citoyen américain d'accéder, sans condition aucune, au droit de vote.

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    Lorraine Toussaint dans le rôle d'Amelia Boynton


    La même année, Martin Luther King prononce son célèbre I Have a Dream à Washington. L'année suivante est voté le Civil Rights Act qui abolit toute discrimination raciale. Sauf que les États du Sud ne sont pas d'accord, refusent par la force que les Noirs s'inscrivent sur les listes électorales. En février 1965, un manifestant est tué à Marion, petite ville située à quarante kilomètres de Selma.

    Le 7 mars, six cents manifestants menés par Amelia Boynton veulent marcher de Selma à Montgomery, capitale de l'Alabama, là où Rosa Parks refusa en 1955 de céder sa place de bus à un Blanc (ce fut le sujet d'un précédent article, voir par là). Mais la police montée intervient sur le pont Edmund Pettus, fait de nombreux blessés. Parmi eux, Amelia Boynton dont la photo du corps à terre fera le tour du monde. Cette première marche sera baptisée Bloody Sunday.

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    Photogrammes issus de Selma
    et photos du 7 mars 1965


    Martin Luther King lance alors un appel pour une seconde marche qui doit s'effectuer deux jours plus tard, le 9 mars. Mais les manifestants finissent par renoncer car, sans la protection de la police locale, ils risquent fort d'être attaqués par des milices blanches.

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    David Oyelowo dans le rôle de Martin Luther King

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    Photogrammes issus de Selma
    et couverture de Life du 19 mars 1965

    Aussi rejoignent-ils l'église de Selma, sous la houlette du pasteur. Cette nuit-là, le pasteur James Reeb, venu de Boston, est assassiné par un groupe d'hommes blancs.

    Le 21 mars a lieu la troisième marche. Protégés par des soldats, des gardes nationaux et des shérifs fédéraux, deux mille manifestants partent de Selma pour rejoindre Montgomery, à quatre-vingt-dix kilomètres de là.

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    Ils y arrivent trois jours plus tard, ils sont alors vingt-cinq mille. Réunis devant le Capitole, ils écoutent un discours de Martin Luther King. Cinq mois plus tard, le gouverneur George Wallace signe le Voting Right Act.

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    Photo de Stephen Somerstein

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    Photogrammes issus de Selma
    et photos du 24 mars 1965


    Ces événements sont le coeur du film Selma réalisé par Ava DuVernay avec David Oyelowo dans le rôle du pasteur King et Oprah Winfrey (qui est co-productrice) dans celui d'Annie Lee Cooper. Cette femme, qui fit la queue pendant des heures en janvier 1965 pour s'inscrire sur les listes électorales de Selma, fut chassée à coups de matraque par le shérif Jim Clark. Annie Lee Cooper se rebella, lui colla un vigoureux bourre-pif, fut aussitôt saisie par les nervis dudit shérif.

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    Oprah Winfrey dans le rôle d'Annie Lee Cooper


    Accusée de "provocation criminelle", elle passa onze heures en prison au cours desquelles elle ne cessa de chanter des negro spirituals.

    Les marches de Selma sont, pour les Américains, un moment historique d'une extrême importance. Barack Obama s'y rendit le 7 mars dernier à l'occasion du cinquantième anniversaire du Bloody Sunday, prononça un discours sur le pont Edmund Pettus. Il en avait prononcé un autre la veille à la faculté Benedict de Columbia, en Caroline du Sud, au cours duquel il avait évoqué la mort de Michael Brown à Ferguson (lirecette précédente chronique) et celle d'Eric Garner, tué lui aussi par un policier à New York le 17 juillet dernier. Il avait également déclaré : «Selma, c'est maintenant. Selma, c'est le courage de gens ordinaires faisant des choses extraordinaires parce qu'ils croient qu'ils peuvent changer le pays, qu'ils peuvent modeler le destin de la nation. Selma, c'est chacun d'entre nous se demandant ce qu'il peut faire pour améliorer l'Amérique. »

    La dernière phrase est un écho de celle que Kennedy prononça le 20 janvier 1961 : «Mes chers compatriotes, ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour lui. » Et le « Selma is now » sonne terriblement juste à l'heure où trente-et-un États sur cinquante (dont la totalité de ceux du Sud) demandent maintenant aux électeurs un papier officiel avec photo d'identité alors qu'auparavant une facture ou une signature suffisait. Cette mesure, qui touche essentiellement les Noirs n'ayant, bien souvent, ni passeport ni permis de conduire (lire cet article deLa Croix), rappelle tristement les restrictions au droit de vote pratiquées à l'époque des marches de Selma.Selma now! est aussi l'un des slogans du film :

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    Ces derniers mois ont vu l'émergence de plusieurs films étazuniens parlant des Noirs : Dear White People de Justin Simien (sorti en mars 2014) est une comédie satirique racontant la vie de quatre étudiants noirs dans une faculté blanche ;

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    Fruitvale Station de Ryan Coogler (sorti en janvier 2014) raconte les vingt-quatre heures précédant le moment où Oscar Grant croise des policiers dans la station de métro Fruitvale à San Francisco ;

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    12 Years a Slave de Steve McQueen (sorti en janvier 2014) raconte la vie d'un esclave avant la guerre de Sécession (on en avait parlé par là).

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    Ces trois bobines cartonnèrent au box-office. Aussi, McQueen est-il en train de préparer un film sur Paul Robeson, célèbre chanteur qui immortalisa Old Man River dans le film Show Boat de James Whale (1936). Ryan Coogler, quant à lui, travaille sur un film intitulé Creed, un spinoff mettant en scène le petit-fils d'Apollo Creed, adversaire et ami de Rocky Balboa.

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    Si les films ont un impact certain sur les consciences, les séries télé marquent sans doute plus durablement les esprits. Sauf que malheureusement, ces dernières sont beaucoup moins ambitieuses que les bobines de cinéma. C'est ce que raconte par le détail un article de Pierre Langlais paru cette semaine sur le site deTélérama : De l'image trop rose de la vie des Noirs américains dans les séries. Il y cite Black-ish, une série comique dans laquelle un homme noir travaillant dans une boîte de pub à Los Angeles et marié à une chirurgienne noire itou, se rend compte petit à petit qu'il est devenu, comme disent les Africains de France, un Bounty : noir dehors, blanc dedans. Aussi va-t-il tenter une espèce de retour aux sources.

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    « Black-lish, peut-on lire dans l'hebdomadaire, s'inscrit dans le même registre bienveillant et optimiste[que le Cosby Show ou Le Prince de Bel-Air], alors que les événements tragiques de Ferguson, de New York ou de Berkeley soulignent les inégalités et les injustices raciales dont la communauté noire continue d'être victime. »

    Autres séries américaines mettant en scène des personnages noirs : Scandal et How to get away with murderde Shonda Rhimes, la créatrice de Grey's Anatomy. Là encore, la réussite individuelle prime sur une vision de l'état de la société : l'héroïne de Scandal officie dans les relations publiques et est mêlée à un scandale impliquant la Maison-Blanche, celle de How to get… est avocate.

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    David J. Leonard, spécialiste de l'image des minorités raciales dans les médias américains cité par Télérama, pense que ces séries « parlent de l'individu, pas de la société, et réduisent des questions globales à des ­enjeux intimes. Elles nous font croire que la réussite d'un citoyen dépend de sa volonté, de ses valeurs et de sa culture ».

    Nous sommes loin de The Wire (Sur écoute) et Treme, deux séries créées par David Simon dans lesquelles les problèmes raciaux étaient traités frontalement : la première évoquait (entre autres choses) le trafic de drogue à Baltimore, la seconde racontait l'après-Katrina à La Nouvelle-Orléans avec son flot de corruption. Mais ces deux séries, tout à fait extraordinaires, n'eurent que peu d'écho aux USA.

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    Il exista cependant une série télé vue par des millions de téléspectateurs qui aborda avec beaucoup de réalisme et de subtilité les problèmes raciaux : Urgences (ER en anglais). Les quinze saisons furent diffusées en France à partir de 1996 (et sont actuellement rediffusées sur la chaîne belge AB3).

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    Dans cette série chorale étaient traités plusieurs problèmes inhérents à la société américaine. Parmi eux, l'assurance-maladie que seuls les plus riches peuvent s'offrir, la guerre des gangs, le racisme et l'image du Noir. Le Dr Pratt cristallisait ces deux derniers points, en voici deux exemples.

    L'épisode 16 de la saison 9 intitulé Mille oiseaux de papier (A Thousand Cranes) nous montre le docteur Chen entrevoyant un type qui sort en courant du diner situé en face des urgences et qui monte dans une voiture. Elle découvrira ensuite qu'une tuerie a eu lieu dans ce coffre shop et déclarera aux policiers :

    — J'ai vu l'un d'eux, je pense qu'il était noir.

    Au plan suivant, les docteurs Pratt et Gallant se font arrêter.

    —Bienvenue dans le ghetto, dit Pratt.

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    Ils sont plaqués au sol, l'un des policiers appuie sa chaussure sur le cou de Pratt, les deux hommes se retrouvent peu après incarcérés.

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    Ils seront plus tard libérés et raconteront leur mésaventure à l'hôpital où Jerry, le réceptionniste pince-sans-rire, leur dira :

    —Le problème c'est que vous êtes tous les deux coupables.
    —De quoi !? demande Pratt.
    —De conduite en état de négritude.

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    Le Dr Elizabeth Corday fait alors l'apologie du contrôle au faciès, ce qui surprend désagréablement les personnes présentes. Peu de temps après, le policier qui avait arrêté les docteurs Pratt et Gallant est blessé, arrive aux urgences. Après avoir reçu les premiers soins, il se retrouve seul avec eux.

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    —Là, vous devez vraiment avoir peur, dit Pratt au flic alité. Tous les Blancs sont sortis, il n'y a plus que vous et deux grands nègres avec des couteaux…

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    Dans l'épisode 9 de la saison 12 intitulé Une demande galante (I Do), le jeune KJ, fils de Darnell Thibeaux, est injustement accusé d'avoir volé une caméra vidéo avant que d'être innocenté. KJ, Darnell et le Dr Pratt se retrouvent devant l'entrée des urgences :

    Pratt : — Finalement, c'est toujours les Noirs qu'on vient chercher. Même si t'as un bon boulot, que tu habites dans un bon quartier et que tu gagnes beaucoup d'argent…

    Darnell : —… Les flics finissent par t'arrêter pour avoir traversé un quartier blanc.

    KJ annonce alors qu'il ne veut plus retourner travailler comme volontaire à l'hôpital :

    On me tombera toujours sur le dos, même si je fais du bon boulot.

    Darnell : —Oui, et ça sera toujours comme ça, alors il faut t'y habituer. Faut pas y penser, vis ta vie de ton mieux.

    Pratt : — Il faut rester dans la course, KJ, sinon c'est eux qui gagnent.

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    Dans d'autres épisodes le Dr Pratt se retrouve réquisitionné pour jouer le rôle de nègre de service : on lui demande d'aller parler avec tel ou tel membre de gang blessé dans une bagarre, une fusillade.

    Nous n'avons pas de conscience collective, se défend le médecin, souvent préoccupé par sa réussite personnelle. Mais finalement, il ira parler au petit malfrat.

    Il est à espérer que ce thème du racisme ainsi que les autres problèmes de société traités pendant les quinze saisons d'Urgences auront touché le public et continueront de le toucher, puisque la série est toujours diffusée ici où là. Et peut-être Oprah Winfrey, co-productrice de Selma et d'autres films, devrait-elle investir ses picaillons dans une série télé à l'opposé de celles qui mettent en avant la réussite individuelle. Une série susceptible de passionner les foules sur le modèle d'Urgences, par exemple.

     

  • Des journalistes pris pour cibles

    Des journalistes pris pour cibles : le SNJ interpelle les autorités françaises (communiqué)

    le 20 juin 2015

    Nous publions un communiqué du SNJ, auquel nous nous associons pleinement (Acrimed).

    Après le piratage de sites Internet et une première vague de sinistres canulars visant la vie privée de confrères l’an dernier, une nouvelle série d’attaques odieuses a été lancée cette semaine contre des journalistes français. « Au moment où j’écris ces lignes, il est quatre heures du matin ce jeudi : le Samu, les pompiers et des policiers de différentes unités viennent de quitter mon appartement parisien. Vous l’avez deviné : Ulcan a encore frappé », écrit ainsi une des victimes, Pierre Haski, de Rue89, qui le raconte jeudi sur le site d’information. Autre cible : Denis Sieffert, directeur de l’hebdomadaire Politis, lui aussi réveillé en pleine nuit par une descente de police à son domicile, et dans les locaux du journal.

    Auparavant, plusieurs autres citoyens avaient été malmenés de la même manière : Pierre Stambul, co-président de l’Union Juive pour la Paix, qui milite pour le droit des palestiniens, et Jean-Claude Lefort, ancien député et ancien président de France-Palestine Solidarité. Le procédé est toujours le même : le hacker prend le contrôle de la ligne téléphonique de sa victime et appelle la police en inventant un drame qui mobilise les secours pour rien. « Ça a beau être la deuxième fois que je suis censé avoir tué ma femme – la première fois était en août l’an dernier –, ça n’a pas empêché la mobilisation d’une trentaine de personnes de plusieurs corps pour débouler chez moi en pleine nuit », poursuit Pierre Haski.

    Le journaliste fondateur du site Arrêt sur Images a lui aussi été concerné : « Le commissariat de mon arrondissement reçoit en pleine nuit l’appel d’un correspondant qui se fait passer pour moi. Ce correspondant affirme qu’il vient de tuer sa femme, et qu’il est retranché chez lui, prêt à tirer sur la police. Résultat ? Trente policiers de la BAC déployés dans l’escalier et dans la cour de mon immeuble, deux commissaires, une procureure adjointe, mes voisins réveillés au coeur de la nuit », résume Daniel Schneidermann.

    Comme il l’avait déjà fait en août 2014, le Syndicat national des journalistes, première organisation de la profession, apporte son total soutien aux victimes de ces attaques aussi lâches qu’indignes, qui portent atteinte aux droits fondamentaux de la presse, de la liberté d’expression et de la démocratie. Il se range résolument aux côtés des trois confrères dans toutes les démarches, plaintes, etc., qu’ils seront amenés à entreprendre.

    Le SNJ interpelle les autorités françaises : où en est l’enquête ouverte sur les premiers événements d’août 2014 ? À l’époque, cette forme de harcèlement psychologique touchant également les proches des journalistes ciblés, avait provoqué le décès du père de Benoît Le Corre, notre confrère de Rue89. Un individu résidant en Israël, ex-membre en France de la « Ligue de Défense Juive », se faisant appeler Ulcan, est très fortement soupçonné d’être à l’origine de ces attaques.

    Le SNJ réclame une nouvelle fois aux pouvoirs publics une réaction à la hauteur de ces tentatives de déstabilisation et demande au gouvernement de faire le nécessaire auprès de son homologue israélien pour faire cesser les agissements de ces activistes. Le SNJ interpelle le ministre de l’intérieur mais également Laurent Fabius qui doit se rendre à la fin de ce mois en Israël. Toutes les agressions se faisant sur le même modus operandi, la justice de ce pays doit collaborer avec les juges français. Le SNJ invite tous les journalistes à démontrer activement leur solidarité et à suivre de très près les suites données par les autorités françaises à ces agressions contre notre profession. Laisser se prolonger une telle impunité, c’est non seulement bafouer les règles élémentaires de la République mais aussi adresser un message de laisser-faire à des extrémistes qui entendent par tous les moyens faire taire les journalistes faisant leur travail en toute indépendance.

    Paris, le 19 Juin 2015

  • De peuple élu à...

    De peuple élu à race supérieure, il n’y a qu’un pas

     

     

    Des Israéliens font expulser deux Arabes d’un avion grec sur simple critère ethnique

    Le ministère grec de la Justice a condamné jeudi « tout traitement discriminatoire », après l’affaire des deux passagers d’un vol d’Aegean Airlines, un Arabe israélien et un Palestinien, qui ont dû quitter un avion dimanche soir après avoir suscité par leur présence l’anxiété d’autres passagers israéliens.

    « À l’occasion de l’incident survenu le 3 janvier sur le vol (Athènes-Tel Aviv, ndlr) de la compagnie grecque Aegean, le ministère rappelle qu’il faut respecter rigoureusement le principe de l’égalité du traitement dans la prestation des services et des produits » entre les personnes, a-t-il indiqué dans un communiqué. Le ministère ajoute qu’il « condamne tout traitement discriminatoire pour des raisons d’origine raciale ou ethnique, de convictions religieuses ou autres ».

     

    Rappel des faits

    Dimanche, ces deux passagers ont dû descendre de l’avion d’Aegean Airlines avant le départ, quand des passagers israéliens se sont alarmés de leur présence dans le même appareil. La protestation, d’abord limitée à quelques personnes, s’est étendue à 60 ou 70 passagers, selon la compagnie.

     

    Résistance du pilote

    Malgré la résistance du pilote, qui a invité, selon la compagnie, ceux qui ne se sentaient pas à l’aise à débarquer à leurs frais, les deux passagers visés ont fini par demander eux-mêmes à descendre de l’avion, selon Aegean. La compagnie a précisé leur avoir offert une nuit d’hôtel et le transport jusqu’à l’aéroport et a tenu à « les remercier pour leur compréhension et collaboration ».

     

    L’OLP indignée

    Mercredi, l’Organisation de libération de la Palestine s’est indignée de l’incident et a pressé Athènes de sévir contre ces agissements « racistes ». « Nous sommes scandalisés devant les préjugés et la discrimination dont deux Palestiniens ont fait l’objet de la part du personnel de cabine de (la compagnie) Aegean » qui a « cédé aux pressions des passagers israéliens », a affirmé Saëb Erakat, secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine.

     

    Regrets

    À la suite de cette protestation, la compagnie aérienne Aegean a exprimé « son grand regret » pour cet incident dans une lettre adressée à M. Erekat. Elle a souligné que l’équipage de l’avion « devait gérer une situation très difficile » et qu’elle « rejetait naturellement toute possibilité de discrimination qui est complètement contre nos principes ».