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Science

  • La modification du génome humain devient réalité

     

     

    Une nouvelle technique de modification du génome se répand dans les laboratoires du monde entier, facilitant la suppression ou l’insertion de gènes. Une équipe de chercheurs chinois vient de prouver qu’elle peut être appliquée aux embryons humains, et permettre de corriger des défauts génétiques. Et même pourquoi pas de céder à la tentation eugéniste…

    Par Aymeric Pontier.

    Wooden sculputre of genetics science credits Epsos. de (CC BY 2.0)

     

     

    Considérée comme l’une des plus importantes révolutions médicales de ces dernières années, la technique CRISPR-Cas9 donne la possibilité aux chercheurs de modifier le génome avec précision, en employant des « ciseaux moléculaires » capables de cibler des gènes spécifiques dans les cellules.

    Pour ce faire, les scientifiques fabriquent tout d’abord un ARN artificiel (une méthode désormais éprouvée et maîtrisée) correspondant à la séquence d’ADN à découper, puis se servent d’une protéine bactérienne pour lier l’ARN à l’endroit voulu et retirer la séquence problématique. Dans la majorité des cas, cela se traduit par l’inactivation du gène « défectueux ». Il est également possible d’incorporer dans la cellule un ADN similaire à celui qui a été coupé contenant cette fois la « bonne »séquence.

    Depuis sa découverte, des équipes du monde entier se sont approprié cette technique simple et peu coûteuse de modification du génome en la testant sur des bactéries, sur des cellules de plantes et d’animaux ainsi que sur des cellules humaines somatiques en culture. En quelques mois, elle a fait l’objet de plusieurs centaines d’articles dans des revues scientifiques !

    Une équipe chinoise appartenant à l’université de Sun Yat-sen à Guangzhou vient de franchir une nouvelle étape dans cette course technologique en prouvant qu’il est également possible de modifier le génome d’un embryon humain, ce qui ouvre un champ vertigineux de possibilités.

    En utilisant des embryons humains non viables (pour éviter les critiques), les chercheurs ont supprimé un gène responsable de la thassalémie bêta, une maladie héréditaire provoquant une anémie. Sur les 86 embryons utilisés pour l’expérience, le retrait de la séquence d’ADN problématique a fonctionné sur 28 d’entre eux ! Et quelques embryons ont su utiliser la séquence artificielle pour s’auto-réparer.

    Si les essais cliniques (qui requièrent un taux de réussite proche de 100%) sont encore loin, nul doute que cette méthode va être considérablement améliorée dans les années à venir. Et les visées thérapeutiques sont aussi nombreuses qu’enthousiasmantes : la correction de gènes responsables de certaines afflictions héréditaires ou encore de gènes connus pour favoriser l’apparition de cancers ou d’autres maladies.

    Cependant, faciliter à ce point le génie génétique pourrait avoir d’autres applications bien plus sensibles et délicates sur le plan éthique. Par exemple, en employant cette technique sur les cellules germinales qui affectent la descendance, il est théoriquement envisageable de créer dans un avenir proche des êtres humains génétiquement « améliorés » dotés de meilleures capacités physiques ou intellectuelles…

  • Tout est nano dans notre vie

    SCIENCES

    Des matériaux aux gadgets technologiques et jusque dans notre alimentation, les nanotechnologies envahissent notre quotidien. Ce qui soulève des questions sur leur sureté, et a motivé la réalisation de ce dossier en partenariat avec le projet Nanopinion. Cette initiative de la Commission européenne, qui rassemble un consortium de professionnels de l'information et de l'éducation, a pour but de recueillir l'opinion du public et de susciter la discussion sur le sujet des nanotechnologies au sein de l'Union européenne. 

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    Dans ce dossier
  • ANIMAUX • Inde, la femme qui aimait les chats

    Une scientifique indienne consacre sa vie à étudier les félins et en particulier les plus petits comme le chat pêcheur ou le chat léopard. Bien que l'Inde soit riche en félins sauvages, certaines espèces sont menacées de disparition.

     

      En 1989, par une nuit de pleine lune, Shomita Mukherjee, 22 ans, s'est postée plusieurs heures durant sur la rive d'un canal du parc national de Keoladeo, l'ancienne réserve ornithologique de Bharatpur, dans le Rajasthan [ouest de l'Inde]. 
      Dans le cadre de son mémoire pour le Wildlife Institute of India (WII) de Dehradun, l'étudiante observait un chat viverrin - ou chat pêcheur - trois mètres plus loin, sur l'autre rive. "Il a passé presque cinq heures à batifoler et à épier la surface de l'eau, puis tout d'un coup il a plongé et disparu pour ressurgir de mon côté avec un gros poisson entre les mâchoires. Il ne m'a même pas regardée", se souvient-elle. 
      Les oreilles du chat pêcheur sont dotées de valves qui lui permettent d'empêcher l'eau d'entrer, précise-t-elle pour les non-initiés. 

      L'animal qu'observait Mukherjee est environ deux fois plus gros qu'un chat domestique et fait désormais partie des espèces menacées selon l'IUCN (Union internationale pour la conservation de la nature). Vingt-trois ans plus tard, Mukherjee est toujours enchantée à la vue d'un félin. 
      "Pour moi, tous les félins se valent, les tigres comme les chats domestiques", affirme Mukherjee, que les défenseurs de l'environnement ont surnommée "la femme chat". 

      Le monde des petits félins 

      Mukherjee_Shomita.jpg“Malheureusement, au cours de mes échanges avec les habitants, j'ai découvert que les gens considèrent le tigre comme un ennemi“. 
      D'un point de vue physiologique ou comportemental, explique-t-elle, tous les félidés se ressemblent. Il suffit de regarder un tigre – le plus grand des félins – et on comprend qu'il appartient à la même famille que les chats. "L'Inde est le pays qui compte le plus de félins. Il en existe quinze espèces en tout, seize s'il y avait toujours des guépards. Ces animaux m'obsèdent. Mon père adorait les chats et nous en avons toujours eu dans notre maison à Bombay", explique Mukherjee qui a eu jusqu'à quatre chats chez elle. 

      La jeune fille a d'abord pensé devenir vétérinaire. Puis, elle a fait la connaissance de Yadvendradev Jhala, spécialiste des loups, qui lui a enseigné
      la physiologie alors qu'elle passait son bac, à Bombay. "Il m'a initiée au monde de l'écologie. Ça a été un tournant dans ma vie", se souvient-elle. 
      En 1988, elle entre au WII où elle passe les dix plus belles années de sa vie, voyageant à travers tout le pays pour étudier les félins dans différents types de forêts. 

      Des chats-léopards de l'Himachal Pradesh au nord-ouest de l'Inde aux chats rubigineux [ou chats rougeâtres] de la réserve de tigres de Sariska dans le Rajasthan, elle les a tous vus et a établi une cartographie de leurs habitants. Elle étudie aussi l'ADN des chats-léopards dans plusieurs régions et découvre qu'ils sont différents. “Par conséquent, en examinant les peaux de chats-léopards que vendent les braconniers, nous pouvons savoir de quelle zone elles proviennent", explique Mukherjee qui s'apprête à étendre ses études à d'autres félins. 

      Dans un pays obsédé par les grands félins, Mukherjee se démarque pourtant par son amour pour leurs cousins plus petits. En 2010, elle obtient une bourse pour étudier les chats pêcheurs et revient à Bharatpur. Elle apprend qu'on n'a pas vu ces animaux depuis plus de deux ans. 
      "J'ai commencé à collecter des déjections de divers félins et un échantillon s'est révélé appartenir à un chat pêcheur", explique Mukherjee. 
      C'était la preuve que l'espèce était toujours présente dans la région, peut-être seulement en nombre plus réduit après deux années particulièrement sèches. 

      Mukherjee s'intéresse avant tout au comportement de ses protégés. "Ils restent dans les mêmes zones. Comme les chats domestiques, ils ont leurs habitudes". Tous les félins ont aussi leur spécialité dans l'art de la chasse. Ils apprennent une certaine technique et presque tous arrivent à se souvenir des bons terrains de chasse. Elle a observé deux tigres de Ranthambore qui se servaient des traces des véhicules de touristes pour suivre leurs proies. L'Inde a beau abriter la plus grande diversité de petits félins dans le monde, il n'est pas facile d'en apercevoir. "Ce sont des prédateurs craintifs qui aiment chasser la nuit", explique-t-elle. Le chat rougeâtre - plus petit félin du monde - est présent dans la plupart des forêts indiennes. C'est lors d'un safari nocturne à Sariska que Mukherjee en a vu un pour la première fois. Comme pour les plus grands félins, ces rencontres sont généralement une question de chance. "Une fois repérés, ils disparaissent presque tout de suite pour se mettre à l'abri", explique la femme-chat. Malheureusement, tout ne va pas pour le mieux dans le monde des petits félins. Ils sont chassés pour leur peau ou parce que ce sont des prédateurs. "Ils se nourrissent de rongeurs et les gens ne comprennent pas que leur présence est, au contraire, bénéfique pour les paysans", déplore-t-elle.

       

       

    • Ethylotests obligatoires

      A propos des éthylotests obligatoires dans quelques jours…

      Voilà un scandale qui, s'il était connu d'un grand nombre de Français ferait sans doute une onde de choc à travers tout le pays...

      Voilà un scandale qui, s'il était connu d'un grand nombre de Français ferait sans doute une onde de choc à travers tout le pays...  Vous savez sans doute que le gouvernement a récemment publié un décret qui oblige chaque automobiliste à détenir dans sa voiture un éthylotest – enfin deux, l'un pour se tester en cas de doute, et l'autre à présenter aux gendarmes en cas de contrôle. Officiellement, le but est de lutter contre l'alcoolisme au volant. Tout le monde aimerait voir moins de drames sur la route liés à l'alcool,  c'est incontestable. Mais je vais vous montrer qu'il s'agit de bien autre chose ici...  L'affaire est tellement scandaleuse qu'il fallait absolument que je vous envoie un mail pour vous informer ! 

      Alors, voilà ce qui se passe : En juillet, une association, "I-Test" se crée pour militer en faveur d'éthylotests obligatoires dans toutes les voitures. Ils interpellent le Ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, et hop quelques mois plus tard le décret sort. La nouvelle infraction est créée, avec une amende de 17 euros à la clef.  Quand on sait qu'il faut des années d'habitude pour obtenir quoi que ce soit quand on est une association, nous avons été saisis par cette rapidité !  Vous le savez, ici à la Ligue de Défense des Conducteurs, nous enquêtons depuis plus de trois ans sur la répression routière – il ne nous a pas fallu longtemps pour découvrir le pot aux roses !  Qui sont les membres de cette "association" ? S'agit-il, comme on aurait pu le croire, d'un collectif de familles qui ont perdu un proche sur la route à cause d'un chauffard qui avait trop bu ?  Pas du tout : ce sont tout simplement... des fabricants d'ethylotests ! 

      Le Président de "l'association" est chargé de mission chez Contralco, le plus grand fabricant d'éthylotests chimiques (les fameux "ballons"). 

      Et là, il vient de réussir un coup de maître : assurer à sa boîte un marché 100 % garanti sur 38 millions de voitures ! 

      Le calcul est vite fait : 38 millions de voitures x 2 éthylotests à 1€ pièce = 76 millions d'euros garantis dès l'application du décret en juillet prochain. 

      Mieux : le décret comporte une obligation de norme NF pour les éthylotests... norme que cette entreprise est la seule à avoir ! 

      Voilà : un marché juteux, 100 % garanti, qui va rapporter des millions à une grosse entreprise...Et nous, on vient nous dire que c'est pour notre sécurité ? Et que si l'éthylotest venait à manquer dans notre boîte à gants, ce serait tellement grave qu'on devrait payer une amende ? Franchement, de qui se moque-t-on ? 

      M'aider à faire connaître ce scandale au plus grand nombre de Français possible, en transférant ce message à tous vos amis, vos proches, ou vos collègues. Ne les laissez pas tomber dans le piège de la propagande des pouvoirs publics qui utilisent la sécurité routière comme un alibi pour engraisser un business juteux.

      Je vous remercie. 

      Bien cordialement,

      Christiane Bayard 

      Secrétaire Générale LIGUE DE DEFENSE DES CONDUCTEURS

      116, rue de Charenton 75012 PARIS 

       

      Quand on sait que les éthylotests ont une date d'utilisation d'environ 6 mois, on voit le bénéfice pour cette société ...... De plus, en regardant de plus près, on s'aperçoit que les éthylotests doivent être conservés entre 10 et 40 degré maxi ......

       Quand on connaît la température qu'il fait dans un véhicule en pleine chaleur ...... autant dire que l'on nous fait jeter notre argent par les fenêtres pour engraisser les copains de Monsieur GUEANT !!!!!!!! 

       Pour ma part je refuse de m'y plier et je vous invite à en faire autant et de diffuser ces infos à l'ensemble de vos amis pour qu'un vent de contestation contre cette mesure se lève !!!!!!

       

    • L’HOMME-LOUP DE MERZIG

      L’HOMME-LOUP DE MERZIG

      Cécile Muszynski

      Trait de sparation

      A Merzig, en Allemagne, Werner Freund, éthologue aux méthodes intrigantes, vit, mange et hurle avec les loups.



       

      L
      a neige tombe avec la nuit. Soudain, un hurlement déchire le silence de la forêt. Un loup blanc salue l’obscurité nouvelle. Le cri est repris par la meute à travers les bois. Tête renversée, barbe grisonnante, lèvres retroussées, un homme répond au chant.

      Werner Freund dit « avoir choisi la carrière de loup ». Pour les hommes, il est éthologue, un spécialiste du comportement animal. A 77 ans, il a élevé plus de soixante-dix loups. Il vit avec eux, connaît le caractère de chacun.

      Ce dimanche, comme tous les premiers du mois, il présente ses vingt protégés et répond aux questions des visiteurs du Wolfspark. Une promeneuse s’étonne du chant des loups : « C’est beau, on dirait une symphonie ! ».

      Le « parc aux loups » s’étend sur quatre hectares en lisière de la forêt de Merzig, en Allemagne, près de la frontière française. Les loups y sont répartis par race : canadiens, suédois, sibériens et polaires. Chaque meute vit en semi-liberté dans de vastes enclos grillagés, séparés par des chemins boueux. Une manière d’éviter les guerres de clans entre animaux et d’assurer la sécurité des visiteurs – près de 100.000 par an. Pour passer d’un groupe de loups à l’autre, Werner Freund change de vêtements : « Avoir une odeur vierge permet d’éviter les agressions ».

      L’éthologue vit avec Erika, son épouse à l’entrée de la réserve, dans un chalet en bois. Les murs de la salle à manger sont tapissés de photos. Souvenirs d’enfance, portraits de loups bien sûr, mais aussi du prix Nobel Konrad Lorenz. Avant sa mort, le père de la psychologie animale a qualifié Werner Freund d’« expert ès loups ». « Pour étudier les loups, notait Lorenz, l’observation ne suffit pas. Il faut vivre avec eux dès leur naissance, penser comme un loup ».

      L’Allemand est l’un des rares chercheurs à vivre en permanence au contact des loups, à se conformer à leurs codes. A force de les étudier, il a fini par leur ressembler. Il hurle, chasse, joue et parfois se bat avec eux.

      Cette passion lui vient de l’enfance. « Ma mère a grandi avec un garde forestier, elle m’a transmis le don de comprendre les animaux. » A la sortie du lycée, jardinier dans un zoo à Stuttgart, il remplace le soigneur des ours, blessé. A vingt ans, Werner Freund s’engage dans la police de l’air et des frontières. Devenu parachutiste, il se lance dans des expéditions à travers le globe et adopte un ours comme mascotte.

      Un garde-forestier lui offre en 1972 son premier louveteau, Ivan. Une révélation :« Ivan a été mon professeur. J’ai tout appris en observant son comportement, ses réactions. Il avait deux façons de hurler : une pour moi, une pour les autres loups. Il m’a montré comment faire. Au début, il était le seul à me répondre. »

      Le futur éthologue est alors au bataillon de « para » de Merzig. Connu pour son expérience des animaux, il est approché par le premier adjoint au maire qui souhaite ouvrir une zone de loisirs dans la ville. Freund propose de créer un parc à loups. Le Wolfspark est inauguré en 1977. Les quatre premiers occupants sont les petits d’Ivan.

      Conseillé par Erik Zimen, spécialiste suédois des loups, Werner Freund tente une expérience : au quatorzième jour, il écarte la mère des quatre louveteaux pour prendre sa place. Il dort avec eux dans la paille, les allaite au biberon, puis, à cinq semaines, il leur donne de la viande hachée de bouche à gueule. Mais les loups grandissent et veulent bientôt imposer leur force.

      Un jour, en trouvant un chevreuil écrasé sur une route, Werner Freund a une idée. Il s’enduit de sang, entaille la gorge du cadavre pour faire croire qu’il l’a tué et l’amène dans l’enclos. « Tous les loups se sont précipités sur moi, mais j’ai grogné, mordu dans le chevreuil et repoussé les loups. L’un d’eux a montré les crocs. J’ai dû lui donner un coup de poing pour qu’il se soumette. Depuis ce moment, je suis devenu leur maître. »

      Rester le « maître » est vital pour Werner Freund. « Si les loups ne me reconnaissent plus comme chef, je risque d’être tué à chaque conflit. Provoqué par un loup, je dois réagir comme un autre loup, de manière violente ». L’éthologue en a appris tous les codes : « Lorsque je pénètre dans un enclos, je salue toujours le loup dominant en premier. Ma relation avec la meute dépend de lui. »

      Ces pratiques ne font pas l’unanimité des scientifiques. Mais elles ont abouti à plusieurs découvertes, comme celle du hurlement du louveteau. Certains chercheurs affirmaient qu’un jeune loup ne pouvait hurler qu’à partir de six mois. Freund a démontré que c’était possible bien plus tôt : « J’ai vu un louveteau de treize jours répondre aux loups qui chantaient dehors ».

      http://www.wolfspark-wernerfreund.de

      Werner Freund a écrit plusieurs ouvrages sur les loups. L’un d’eux a été traduit en français : Loup parmi les loups, traduction de Patrick Gabella, Ed. APAE, 2005.