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Humour

  • Dieudonné en Suisse ?

    Dieudonné en Suisse : le lobby israélien fidèle au rendez-vous pour interdire l’humour

     

    Malgré le titre sans équivoque du nouveau spectacle de Dieudonné (En paix), la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation [1] ne déroge pas à ce qui est devenu pour elle une tradition, voire un rituel, et va venir militer devant la salle de spectacle, le Théâtre de Marens à Nyon, où l’humoriste à succès va présenter son dernier spectacle en date du 13 au 17 janvier.

    Afin d’informer le public, la presse et les autorités de sa démarche de salubrité publique, la très respectable association a publié un communiqué de presse où elle explique notamment, en parlant de Dieudonné, que « son crédo ne fait plus de doute : la communauté juive, bouc émissaire de tous les complots et de tous les maux. »

    Etant donné que lors de la représentation de son spectacle « En paix » auquel j’ai pu assister en novembre dernier à Paris, l’artiste n’a évoqué le mot « Juif » qu’une seule fois, j’ai peur que les membres de l’association communautaire ne souffrent d’un délire de persécution.

    La CICAD nous prouve pour terminer, une fois de plus, qu’elle non-plus ne manque pas d’humour, lorsque qu’elle nous prévient du fait que « Dieudonné sera en campagne mi-janvier au Théâtre de Marens à Nyon ». Mais ce trait d’humour sera-t-il suffisant pour prétendre à une Quenelle d’or ?

    Joseph Navratil

     

     

    Le communiqué de la CICAD :

    Celui qui a fait de l’antisémitisme son fonds de commerce se produira sur scène une nouvelle fois en Suisse. Dieudonné sera en campagne mi-janvier au Théâtre de Marens à Nyon.

    Condamné plusieurs fois pour « injures à caractère raciste », « provocation à la haine raciale », « négationnisme », son crédo ne fait plus de doute : la communauté juive, bouc émissaire de tous les complots et de tous les maux.

    Tentant de justifier l’injustifiable, Dieudonné a saisi la Cour Européenne des Droits de l’Homme pour faire valoir son droit de faire applaudir sur scène un négationniste, Robert Faurisson. Les juges européens ont en novembre dernier tranché :

    « La soirée avait perdu son caractère de spectacle de divertissement pour devenir un meeting ». Il s’agit, « dans les circonstances de l’espèce, d’une démonstration de haine et d’antisémitisme, ainsi que d’une remise en cause de l’holocauste. Travestie sous l’apparence d’une production artistique, elle est aussi dangereuse qu’une attaque frontale et abrupte ».

    Jugement CEDH 25239/13, 10 novembre 2015

    La liberté d’expression est un principe essentiel mais qui ne peut en aucun cas être invoquée pour justifier un « droit à la discrimination ». C’est pourquoi, la CICAD entend poursuivre son travail d’information et de sensibilisation sur l’antisémitisme, en allant à la rencontre de nos concitoyens et de ses fans.

  • A Madagascar, on ne rigole pas avec la loi...

    Un périple autour du monde : à Madagascar, on ne rigole pas avec la loi

    Publié le 27 août 2015 dans Culture
     

    Parce qu’un con qui marche va toujours plus loin qu’un intellectuel assis, deux frères sont partis sur les routes depuis de longs mois, traversent les frontières, les villes et les campagnes à l’occasion d’un tour du monde à durée indéterminée, sans casques ni golden-parachutes. Au fil de leur voyage, ils livrent leurs impressions sur des expériences qui les ont marqués.

    Aujourd’hui, face à l’inflexible bureaucratie malgache.

     

    À Kampala (Ouganda), trois semaines après avoir croisé mon ami Florian à Mbeya (Tanzanie), je me voyais successivement refuser les visas éthiopien et saoudien (je ne voulais qu’un jour de transit pour faire les 50km entre les Émirats et le Qatar), pendant qu’il voyait son arrivée à Madagascar compromise par des douaniers un peu trop scrupuleux. Nous avions déjà fait part dans un précédent article de notre amour incommensurable pour les douaniers et de quelques moyens pour les berner. De sa plume, il livre à son tour son expérience des uniformes, malgaches cette fois :

    Après trois mois et demi à arpenter l’est de l’Afrique je m’envolais gaiement rejoindre un pote à Madagascar. D’après ses retours, à Mada c’est la fête permanente et nous allions bien en profiter. Bref j’étais impatient, d’autant plus que j’allais revoir mon plus vieux compagnon de voyage.

    J’arrive donc à l’aéroport d’Antananarivo et commence les formalités administratives : check de santé, achat du timbre et file d’attente pour l’obtention du visa. Une fois au guichet je vois qu’ils vérifient scrupuleusement si l’on a son billet de retour, je n’en ai pas, je n’en prends jamais pour garder de la flexibilité dans mes voyages.

    Une fois au guichet, cela devient un gros problème et on me met sur le côté.

    Ce n’est que le début d’une longue attente, 27 heures en tout, pour que l’on décide quoi faire de moi qui viens de commettre une si grave infraction aux règles de l’administration malgache.

    Quand je suis conduit au bureau de la douane je ne m’inquiète pas. Je n’imagine pas qu’une broutille comme ça puisse être grave, au pire j’achèterai un billet retour immédiatement ou lâcherai un bakchich. J’attends donc, longtemps, je m’emmerde et je tourne en rond. Autour de moi les douaniers sont estomaqués, venir à Madagascar sans un billet retour c’est inimaginable, inconscient, presque criminel. J’ai beau leur dire que j’ai déjà été dans plus de vingt pays, y compris la Russie et la Chine, sans aucun souci, ils sont inflexibles : dans les autres pays peut-être, mais à Madagascar on respecte les règles !

    Après deux heures d’attente, je rencontre enfin le chef, en costume militaire, belles épaulettes et chaussures de luxe, il prend l’affaire très au sérieux.

    Je m’explique, lui dis que je peux acheter un billet s’il le faut, et avec tous les sous-entendus que ça implique, qu’il y a forcément un moyen de « s’arranger » (il y a cinq personnes autour de nous je ne peux pas lui proposer d’argent devant eux). Il rigole méchamment et me dit qu’il doit réfléchir.

    Au bout de quelques temps un employé d’Air Madagascar vient me voir et me propose de réserver un faux billet pour dans trois jours, ainsi j’aurai un visa provisoire et à moi ensuite de me débrouiller pour le faire prolonger. Ça marche pour moi, on fait la commande, on imprime et on retourne voir le chef. Mais non ce n’est pas si simple, si j’ai un avion dans 3 jours je vais devoir attendre 3 jours à l’aéroport. J’abandonne donc l’idée et me prépare à passer la nuit à l’aéroport.

    Au cours de ces 27 heures j’ai eu le temps de causer avec tous ceux qui ont un problème avec la douane. Il y a un Kényan qui a bien un billet de retour mais qui visiblement ne plaît pas aux douaniers, il attendra trois heures avant d’obtenir son visa, pendant lesquelles il n’a jamais bien compris pourquoi il était là. Il y a aussi une Malgache, qui veut partir en Chine mais a un problème de visa. Pour une mystérieuse raison, au lieu de rentrer chez elle, elle restera avec nous pendant 24 heures. Le troisième est un Turc qui par je ne sais quel miracle a un visa touriste et un visa étudiant commençant le même jour, un crime odieux qui mérite certainement l’expulsion.

    Mais le plus chanceux d’entre nous c’est Thomas le Camerounais, il est volontaire pour une église depuis trois mois, pour faire renouveler son visa il a fait un aller-retour aux Seychelles. Là-bas ils l’ont expulsé parce qu’il n’avait pas assez d’argent. Il restera 24 heures à la douane avant de subir un interrogatoire de police puis trois jours de prison, le temps de trouver les fonds pour payer son retour au Cameroun. Le pire dans tout ça c’est qu’il est ami avec un des douaniers.

    Parmi les flics, certains sont assez sympas, nous accompagnent manger, nous installent pour dormir. Du coup on discute un peu et je vois qu’eux aussi trouvent ça stupide. Il y en a même un qui connait l’étudiant turc et essaie de l’aider, je lui saute dessus et lui demande de parler au chef pour moi, il s’enfuit presque en courant… Pas bon signe ça.

    Tous mes collègues d’infortune restent d’un calme olympien, assis sur leurs chaises à ne rien faire. Je ne sais pas comment ils font, moi je tourne en rond d’ennui et de rage, je demande toutes les 2 heures où ça en est. Au bout d’un moment je pète un plomb et je gueule, voici plus de 15 heures que cela dure et va falloir trouver une solution avant que je doive passer une autre nuit à l’aéroport. Je finis par apprendre que le chef suprême a pris sa décision et que je rentre à la maison par le premier avion. Pas de possibilité d’arrangement, de pot de vin, rien. Je suis expulsé.

    Voilà, je dois donc prendre un billet, à mes frais bien sûr. L’administration locale étant d’une efficacité redoutable, il faudra bien 3 heures (il faut dire que je trouve tous les moyens de faire chier, c’est ma petite revanche mesquine).

    Ils refuseront catégoriquement que j’aille ailleurs qu’en France, parce qu’ils sont persuadés qu’aucun pays ne me donnera de visa sans billet de retour…

    Il y a bien la possibilité d’aller à La Réunion mais il faut attendre un jour de plus ici, et à ce moment-là, je n’ai qu’une envie, celle de partir de cet endroit.

    Juste avant mon départ, le chef des douanes me dira qu’ils ont expulsé vingt personnes pour la même raison depuis le début de l’année, qu’il ne décide pas des lois mais se contente de les appliquer, bête et méchant. Je suis tombé sur le seul type du pays qui respecte la loi, c’est quand même con.

    Le pire dans cette histoire est que je connais au moins deux personnes qui sont entrées dans le pays sans billet de retour…

  • Qui a "tué" Jamel ?

    1955, Elvis Presley lance le rock, les jeunes le suivent, les parents s’étranglent, les médias puritains rendent compte du phénomène en le fustigeant, la polémique s’empare du pays. Dix ans plus tard, après une carrière cinématographique matériellement bénéfique mais artistiquement désastreuse, Elvis, coaché par le colonel Parker, revient avec des bluettes pour le grand public. Trop tard : la magie est partie. En 1995, un feu follet de banlieue fait des singeries sur Radio Nova, puis Canal+ (1998). Il crève l’écran, à la télé et au cinéma. Vingt ans après, il fait toujours le singe, et la promo de l’idéologie dominante qui l’a fait roi. Des singes.

    Postulat : tout phénomène populaire imprévu est désamorcé, contrôlé, puis retourné par le système, au cas où cet engouement deviendrait politique et se retournerait contre le système.

     

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    En 1969, Michael Jackson ne plaisantait pas

     

    Un petit voyage à travers le temps et l’espace permet de mettre à jour ce schéma récurrent. Imaginez, si après le succès de Thriller en 1982 (65 millions d’albums vendus dans le monde), Michael Jackson avait repris le discours critique des Black Panthers aux États-Unis… Imaginez Johnny, avant de fêter ses 70 ans et ses 50 ans de chansons, invité du 20 Heures de Claire Chazal en juin 2013, déclarer « ah que Jean-Marie c’est la solution, ouais ». Imaginez Jamel, l’idole officielle des jeunes de banlieue, faisant la fierté de tous ceux qui n’arrivent pas à obtenir respect et pouvoir, déclarer devant tous les micros qu’il faut voter Réconciliation nationale, le seul parti qui recolle une France en morceaux. Là, on n’est même plus dans le clash biodégradable du fonctionnaire amuseur Ruquier, le conflit permanent des hiérarques socialistes qui se bouffent le nez et l’argent public, le faux débat Joffrin/Guetta, les affrontements sous contrôle, non, on est dans le bordel thermonucléaire, l’incendie gigantesque et inextinguible des forêts de Californie, les journalistes qui s’étouffent, les patrons de médias qui s’apoplectisent, les gens qui se posent des questions. Qui doutent. Voilà pourquoi la star ne doit surtout pas poser de problèmes. Pour cela, elle ne doit pas être contrariée (fiscalement ou juridiquement), et on doit lui faire comprendre, en douceur, qu’il vaut mieux ne pas déconner avec son audience ou son capital sympathie, c’est-à-dire sa capacité de persuasion mais aussi de nuisance.

     

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    Tel est pris qui croyait prendre

     

    Jamel :

    « Encore dernièrement, certaines personnes m’ont dit : “Je votais Jean-Marie Le Pen avant d’avoir vu vos sketches. Vous m’avez donné envie d’arrêter de voter Le Pen.” Là, quand tu rentres chez toi, tu peux arrêter ta carrière. Je continue encore un peu car je veux convaincre d’autres personnes. » (France Soir du 2 mai 2012)

    Une minorité de puissances médiatiques ou de personnalités influentes utilise leur pouvoir pour la connaissance : si on ne peut accuser George Clooney de tourner dans des navets commerciaux, en revanche, lorsqu’il veut faire un film politique, les financements s’évaporent. C’est uniquement en acceptant de mettre son nom sur l’affiche qu’il pourra réaliser son Good Night and Good Lucken 2005, un huis clos éprouvant sur le maccarthysme, ce bref moment de visibilité de la dictature américaine. L’année du tournage, 2004, est aussi celle de la réélection de GW Bush. Clooney n’a pas été assassiné, son statut d’intouchable l’a protégé d’une campagne patriotique, mais aucune des sommités d’Hollywood n’osera aller plus loin, James Cameron mis à part, avec son Avatar. Une transposition à peine voilée de l’impérialisme américain et ses collateral damages. Mais ça reste consommable (15 millions d’entrées pour la seule France, et 107 pour les États-Unis, le pays le plus dépolitisé de la planète), et ça passe les barrages.

    Le système libéral a ceci d’intelligent qu’il accepte une bonne dose d’autocritique, d’humour, et même de révolte. C’est ce qui fonde paradoxalement sa solidité par rapport aux régimes plus bêtement totalitaires. Le roseau démocratique et le chêne totalitaire, aurait dit La Fontaine. La sensation de liberté, due à ces espaces aménagés (et bien calculés) de possibles, suffit à contenir et dissoudre la majorité des colères et des désirs de changement ; ceux qui franchissent cette limite, qui s’attaquent donc à la structure et non plus à la superficialité du pouvoir, sentent le vent du boulet passer. Ce sont les crucifiés de la démocratie. Lenny Bruce, le modèle de Coluche (le Français sera plus facile à manipuler), mort d’une overdose de police selon Phil Spector (comme Coluche, d’après Antoine Casibolo, auteur d’une contre-enquête sur la mort du déconneur). Coluche dont le show comique virait dangereusement au meeting politique subversif, évolution que l’on reprochera à Dieudonné 30 ans plus tard. Coluche, ayant commencé, sous l’influence de ses mentors, dans le gauchisme grossier, dénué de toute dangerosité. C’est seulement quand il se tournera vers le poujadisme que les choses tourneront mal.

     

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    Cohn-Bendit et Najman en 1968 : « Un pour tous, tous pourris ! »

     

    Inutile de revenir sur le destin de Coluche, ou de tirer des plans sur la comète morte. Mais Coluche est l’exemple type de la personnalité populaire qui a immédiatement été prise sous couveuse du système. Son « amitié » avec Attali, sa proximité avec Goupil et Najman (qui soutiendra le communiste dissident Juquin, et qui sent l’agitateur patenté à plein nez), les agents trotskistes qui le rouleront dans la farine socialo-sioniste. Les cyniques diront : pas difficile d’embobiner des infatués aussi sous-cultivés.

    Justement, prenons quelques unes des plus grandes stars du monde par le couplage des puissances financière et médiatique, Beyoncé, Dr Dre, Oprah Winfrey, Jay Z, Rihanna… Il reste, au tamis de la lucidité, une poignée de personnalités paralysées par leur image, obnubilées par l’argent (l’appât numéro un du système pour fermer les grandes gueules), un ego pathologique matérialisé par des armées de gardes du corps et d’assistants (un signe extérieur de richesse), des métabolismes chimiquement perturbés du matin au soir (la poire Mariah Carey et son vin blanc de bas étage servi par ses assistants dans des canettes de Sprite), au final des incultes bâtisseurs d’une image idéale grotesque, au mépris de toute vérité. Tout ça sans avoir jamais inventé l’eau chaude, ni la moindre molécule pouvant sauver une partie de l’humanité. Certes, les artistes sont nécessaires, mais leur placement au meilleur endroit de la vitrine du système a un sens : les modèles, ce sont eux, la connaissance passant au troisième plan, derrière l’argent et la gloire.

     

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    Attention à la jamellisation des esprits !

    « Il faut faire très attention aux discours qui tentent d’arrondir les angles. Marine Le Pen – je devrais dire Jean-Marine Le Pen – n’a pas changé, ses paroles sont dangereuses et font du mal à la France. Les gens qui y adhèrent sont fous. Je suis triste de devoir encore parler de cela. Je m’étais pourtant juré de ne pas le faire. »

    Voilà pourquoi Jamel, « choisi » par le système (Bizot, de Greef et Lescure, ce trio d’américanophiles socialo-compatibles) il y a 20 ans pour donner une représentation et calmer le peuple des bannis (Arabes, Noirs et petits Blancs), demeure toujours aussi niais politiquement, plus encore depuis que les socialistes, toujours eux, le roulent dans la farine de l’humanisme coluchien, cette voiture-balai du libéralisme. Si toutes les stars qui arrivent au sommet tiennent le même discours, cela signifie qu’elles n’ont pas le choix.

    Leur force de persuasion ne sera conservée que si elle sert le système. Autrement, la star en question dégringole ou dégage de la pyramide. On assiste rarement à une révolte de star, la frustration de réussite des années de vaches maigres poussant toujours vers les sunlights et l’enrichissement rapide. Rien de tel qu’un gros cachet pour se découvrir une responsabilité devant le grand public. Bigard, après ses premiers spectacles devant un tout petit Point Virgule, bouffant grâce à la générosité de la tenancière d’en face, se gavera des millions que le public lui adressera lors de ses années de gloire, s’étourdissant dans les excès (toujours les mêmes, pas la peine de faire la liste), et finissant lessivé… par un investissement hasardeux au cinéma et une censure médiatique, suite à une sortie anodine sur le 11 Septembre. Preuve qu’on peut facilement dire « bite couilles poil merde », plus difficilement les vrais gros mots que sont « attentat bidon », « impérialisme assassin » ou « boycott d’Israël », fort vexants pour l’axe américano-sioniste qui sévit chez nous.

     

    « Moi, j’ai une chance extraordinaire ; j’ai réussi à passer la barrière du périphérique et à me battre cœur et âme pour pouvoir exister. Je ne voulais être tributaire de personne et d’aucun système. Mais tout le monde n’a pas eu ma chance. »

    Ne négligeons pas dans cette modeste étude l’ignorance (restons polis) et la vanité incalculable de ces demi-dieux, plongés dans un monde de surconsommation et de mensonges, que viennent ponctuer quelques éclairs de lucidité, de doute, et parfois, de tentative de suicide. Songeons à Madonna, médiocre artiste mais reine de l’épouvante, corps trafiqué et culture politique bloquée au stade infantile, qui dégoise sur Marine Le Pen. Il n’est donc pas forcément nécessaire de dépolitiser les analphabètes célèbres, ils le font très bien tout seuls. Le parcours de Jamel illustre ce phénomène : en gommant toutes les aspérités possibles (arabité, pauvreté, antisionisme), la machinerie du système a pondu un Jamel benettonien (prosélytisme du métissage), grand public (entreprise de rassurement des bourgeois), mondialiste (externaliser ses productions au Maghreb pour les avantages fiscaux), et infantilisant (régression de l’immigré au singe, en passant par le Marsupilami).

     

    Jamellisation ou lepénisation des esprits, choisis ton camp, camarade !

     

    « Je ne veux plus parler de ces personnes car en le faisant, je leur rends service. On nous fait peur avec ce spectre du Front national. Il est moins présent que ce qu’on nous dit. Je sais que la France n’est pas raciste ; je suis allé dans de très nombreuses villes, j’ai parlé avec beaucoup de Français. Ces gens qui essaient de nous monter les uns contre les autres le font uniquement pour exister, pour leur propre commerce, pour leur vitrine. Ne soyons pas dupes, je vous en supplie. »

    Jamel, produit de grande consommation qui fait en contrepartie la retape de la propagande système. Certes, le Trappiste, longtemps conseillé par le pas très ami d’Israël Kader Aoun, essayera de s’extraire du showbiz, imitant en cela le modèle Dieudonné. Tentative de fuite qui n’aura qu’un temps. On connaît la suite. Aujourd’hui, Jamel est conseillé par sa femme Mélissa Theuriau, qui fait des documentaires archi corrects, elle commence même à jouer la comédie pour son mari (top crédibilité journalistique) ; les mauvais esprits (les djinns !) qui pouvaient influencer Jamel politiquement (Aoun, Zeghidour, présents lors d’un dîner Ardisson sur Paris Première le 26 janvier 2004) ont disparu des radars, remplacés par Bernard Zekri, l’ex-patron trotskiste de i>Télé devenu producteur de la star, et Raphaël Bennaroch, son manager. Si on osait, on dirait « y a pas de fumée sans feuj ». Mais c’est pas permis.

     

     

    Dans le doc à lui tout seul consacré (5 ans avec Jamel), seul son frère Karim (producteur de Debjam) émerge de la structure qui pilote Jamel, et que Jamel pilote, allégeant ainsi son allégeance politique. En 10 ans, Jamel aura cédé à la tentation du diable dans le désert, passant de dieudonniste à chabatiste, puis à hollandiste, le fond du fond. Dans le deal gagnant-gagnant avec Hollande le Malin, Jamel a déjà perdu : une partie de son public, sa liberté artistique (les derniers qui ont fait ça pour Sarkozy en 2007 s’en mordent encore les doigts), et la totalité de son pouvoir de nuisance. Même s’il fait mine de croire le contraire :

    « Je ne les lâcherai pas. Sur mon iPhone, j’ai mis en favoris Benoît Hamon, Aurélie Filippetti et François Hollande. Je les relancerai régulièrement avec un allié de poids, la fondation Culture et diversité de Marc Ladreit de Lacharrière. L’’improvisation théâtrale est un outil indispensable pour l’épanouissement des mômes. »

    Soudain, un mini éclair de lucidité, vite réprimé :

    « De voir ces énarques et ces gens érudits, qui ont les outils intellectuels et financiers à leur disposition, ne pas pouvoir régler les problème, je trouve cela incroyable. J’ai le sentiment que la politique ne fait pas suffisamment bien son travail, même s’il faut absolument croire en la politique. »

    Un film de, sur, avec et pour Jamel Debbouze

     

     

    Avant son film malencontreux, il lui restait encore quelques appuis médiatiques, tel Le Monde du 7 avril 2015, qui ose écrire des trucs du genre « la drôlerie irrésistible du verbe de Debbouze, alliage élastique et mutant de folie néologiste et de régression carapatée ». Plus sérieusement, la combinaison de la trahison de la subversion (pro-peuple) et du rapprochement avec les élites mène au rejet populaire. Sanction logique, mais incompréhensible pour l’intéressé. Plus le système mise sur lui, plus les gens s’en détournent. Les journalistes honnêtes sont obligés de suivre le mouvement : quand l’arnaque crève les yeux, qu’elle menace la crédibilité des journaux en charge des esprits, longtemps admiratifs du phénomène, ces derniers ne peuvent pas faire autre chose que de démolir, à mots choisis, la singerie :

    « “Les intentions du réalisateur sont honorables. ’Pourquoi j’ai pas mangé mon père’ est une ode à la différence, et, dans ce décor préhistorique, Debbouze prône le respect de l’autre : handicapés, banlieusards, étrangers, femmes, Roms ou homosexuels. Dans une France qui fait des gargarismes de discours réacs, voir l’une de ses célébrités les plus populaires prendre le contre-pied total – et ce, sans aucune naïveté ou niaiserie – est évidemment très louable, voire franchement aimable”, écrit pour sa part Libération [C’est juste du business sur la cible la plus large possible, NDLR]. Les néologismes et les “sempiternelles approximations de langage” de Jamel Debbouze agacent également. “Le comique du film se résume à un salmigondis assourdissant de néologismes, jeux de mots ratés et borborygmes. ’C’est pour les enfants’, nous répondrait l’intéressé. Les enfants ne méritent pas ça”, tacle le journaliste de L’Obs. Au final, tous les critiques s’accordent sur une chose : ce film est au service de Jamel Debbouze. À travers l’histoire du roman original de Roy Lewis, l’humoriste retrace la sienne, endossant le rôle principal et dressant ainsi son autoportrait. “Mégalo, Jamel ?”, s’interroge Nicolas Schaller de L’Obs. “En donnant à ce petit personnage qui lui sert d’avatar le rôle de guide, conduisant son peuple hors de la nuit primitive vers la lumière de la civilisation, Jamel révèle en tout cas à ceux qui en doutaient que son ego, lui, n’est pas écrasé par grand-chose”, complète Le Monde. » (Autopsie d’un ratage, Le Figaro du 7 avril 2015)

     

    Une mauvaise presse unanime… qui sauve ses fesses. Une analyse de l’échec relatif du long métrage de Jamel, qui avoue rétrospectivement 23 millions d’euros de budget, après avoir communiqué sur 35-40. Explication : avec 2,3 millions d’entrées, le film assure de justesse le retour sur investissement, exception faite des ventes à l’international. Les journalistes auront beau chercher des explications marketing ou artistiques, la gamelle était programmée, puisqu’en allant chercher le très grand public au mépris des particularités qui ont fait son succès, Jamel ne pouvait que se liquéfier. En le rendant soumis au système, donc inoffensif, Jamel a été tué. Au moment où plus rien ne semble lui résister.

     

    (Les citations de Jamel sont extraites de son interview dans Le Monde du 15 juin 2014 .)

  • Flat line

     

    27 juillet 2015 | Par Juliette Keating

    On crut longtemps que la fin de l'humanité viendrait de l'épuisement de la planète, de l'exploitation excessive des ressources naturelles, de la pollution, effet de l'activité industrielle des hommes. On imagina une ultime guerre nucléaire, anéantissant l'ensemble des formes de vie. On pensa à un virus, échappé des tubes à essais de docteurs imprudents. On craignit la collision de notre fragile bille bleue avec une fulgurante météorite, et l'on guettait le ciel en y logeant des satellites espions et un improbable dieu. Hélas, on ne sut que trop tard la vérité.

    L'humanité déclinait déjà tandis qu'on la croyait encore souveraine. Certes, elle souffrait de céphalées chroniques, de spasmes qui l'agitaient par crises, de troubles persistants de la vision. Elle toussait, elle se grattait. La fièvre lui faisait venir des sueurs froides qui lui coulaient, comme autant de serpents, tout au long de l'échine brûlante. Elle était malade, l'humanité. Elle allait mourir. Mais de quoi ?

    Des savants extraterrestres pratiquèrent l'autopsie. Dans le crâne devenu chauve de la défunte, les petits toubibs verts ne trouvèrent en guise de cervelle qu'une molle substance terne à la texture cotonneuse qui se délitait sous la lame du scalpel. L'humanité avait crevé de dégénérescence cérébrale, piquée à la tempe par le vénéneux diptère vedettariat destructeur de neurones.

    Enfanté par les ondes de la radio et de la télé, engraissé par la société de consommation, démultiplié par l’extension tentaculaire des médias et des réseaux, le vedettariat avait jeté son venin dans le cerveau de l'humanité. On adorait des icônes éphémères auxquelles on vouait des cultes démesurés. Chacun voulait devenir une star et se voir liké par milliers. Les politiciens oubliaient l'intérêt général, délaissaient les dossiers, pour faire, en photo retouchée, la une des gazettes. Les artistes, emportés par l'amour de leur propre gloire, cédaient à la facilité du marché, géraient leur patronyme, devenu marque déposée, comme on développe une start-up. L'individu lambda ne travaillait qu'à se faire un nom, fût-il un pseudo, sur la toile aux millions de fils : peu importait ce qui le sortait un instant de l'anonymat, montrer ses fesses, se faire exploser dans le métro, ou réinventer l'eau tiède, pourvu que ça fasse du buzz. Le poison du vedettariat s'insinuait dans tous les organes de l'humanité, ralentissant l'activité cérébrale intelligente tout en hypertrophiant la confusion mentale, en élargissant encore la zone infinie de la bêtise. Il y eut quelques derniers sursauts, deux trois fulgurances, mais irrémédiablement, l'encéphalogramme de l'humanité devenait de plus en plus plat. Les fonctions vitales n'étaient plus assurées que par des machines. Un matin (ou était-ce le soir?), pour jouir enfin de son quart d'heure de célébrité, quelqu'un débrancha l'humanité en coma. L’histoire n'a pas retenu son nom.

    Ce blog reprendra en septembre. Bonne pause (ou continuation) à tous!

  • Un périple autour du monde : safari cycliste au Botswana

     

    Publié le 24 juin 2015 dans Culture

    Parce qu’un con qui marche va toujours plus loin qu’un intellectuel assis, deux frères sont partis sur les routes depuis de longs mois, traversent les frontières, les villes et les campagnes à l’occasion d’un tour du monde à durée indéterminée, sans casques ni golden-parachutes. Au fil de leur voyage, ils livrent leurs impressions sur des expériences qui les ont marqués.

    Aujourd’hui, route mouvementée à travers le Botswana…

    Par Greg.

    Je n’ai pas vu les plus beaux paysages du Botswana donc ne m’en voulez pas si je n’en parle pas. Je me suis contenté de suivre la route principale jusqu’en Zambie, surtout par manque de temps. Et pourtant, il s’est passé beaucoup de choses pendant ces quelques jours.
    Frustré de n’avoir pas pu me payer les excursions safari trop chères d’Afrique du Sud, j’apprenais peu avant la frontière que le Botswana allait m’offrir ce plaisir gratuitement, et en vélo. Vous me direz, les lions en liberté, les bestioles, comment on gère ça en vélo ? Ça a aussi été ma première question mais tout le monde se voulait rassurant sur le fait que je devrais être OK sur la route. Je gardais quand même l’option de bifurquer au Zimbabwe au dernier moment mais ma rencontre avec Eelco, le retraité cycliste sud-africain m’avait convaincu d’y aller.

    Je passais donc la frontière à Groblersburg, un village planté au milieu du bush. Comme d’habitude, on me questionne beaucoup sur mon voyage des deux côtés. Oui oui, je vis comme ça, c’est un long voyage et oui avec ce vélo, pas celui du voisin. Ils sont toujours aussi marrants au Botswana et surtout fiers que leur pays soit sûr. C’est un point sur lequel ils insisteront beaucoup au cours de mon séjour et c’est vrai qu’à aucun moment je ne me suis senti en insécurité, tout du moins à cause des gens.

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    Mon parcours au sud du pays fut assez monotone. Il y a peu de villes et d’activités sur mon passage et les villages ne sont souvent qu’un ensemble de trois ou quatre huttes rondes en terre dispersées dans la brousse. Les habitants, peu nombreux, accompagnent parfois un troupeau de chèvres au milieu du bush ou glandent à l’ombre d’un arbre. L’activité réduite au milieu des logements au toit bancal me rappelle la campagne laotienne : même climat, même ambiance, pas tellement un hasard finalement. Les Africaines portent tout et n’importe quoi sur la tête, le gamin harnaché dans le dos avec un morceau de tissu coloré : sacs de farine, eau, branches, l’une d’entre elles se promenait avec un sac « Dubaï 2020 ». Les femmes travaillent plus que les hommes mais l’activité ne semble tout de même pas harassante. Tout le monde se déplace à un rythme très africain et celui qui transpire le plus dans l’histoire, c’est moi. L’horizon est aride et la chaleur s’installe logiquement au fur et à mesure que je file au nord. À coups de 100-150km par jour, on a vite fait de prendre 10 ou 15 degrés dans la semaine et cela me fait finalement le plus grand bien après quelques jours de gastro en Afrique du sud. J’ai du choper un coup de froid avec la pluie dans les montagnes du Highveld.

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    J’alterne mes ravitaillements en eau entre les villes (Palapye ou Francistown) ou les petits bleds comme Serule. Je peux transporter 3 ou 4 jours de nourriture mais difficilement plus d’une journée d’eau. Certains refusent de me servir l’eau qu’ils boivent sous prétexte que je ne la supporterais pas (trop salée, c’est vrai qu’elle donne un peu soif et la courante, mais rien de bien grave) et vont puiser dans leurs réserves d’eau de pluie. D’autres veulent bien m’écouter et font confiance à mon estomac canin. À Serule, on me fait attendre une demi-heure pour m’amener de l’eau qu’ils jugent correcte. Il faut dire que la plus grande partie du village est désormais fantôme depuis que le tracé de la nouvelle route le contourne et que les habitants ont fui l’arrivée du train qui tuait le bétail. On prend soin du « white guy » un peu con qui ne veut pas utiliser les bus. Après qu’on m’ait offert une chemise en Afrique du sud, un autre citoyen de ce pays prend pitié de moi et m’offre une paire de lunettes de soleil. Un peu plus tard au Botswana, un expatrié m’offrira un bière sur la route et un couple sud-africain, de la viande séchée. Que demander de plus à ces gens ? Ils sont parfaits et tous heureux de voir des cyclistes traverser leur continent. Ils aimeraient faire savoir au monde entier qu’on peut voyager sereinement dans leurs pays magnifiques.

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    J’arrive à Nata après 3 jours de route. Je pensais la ville plus importante et le supermarché fait peine à voir, je n’achète que le minimum pour mon périple. Au départ, tant que je vois des panneaux signalant la présence de bétail, je pense être tranquille. Puis deux Botswaniens m’invitent alors à partager leur repas au bord de la route : du milmil (farine de maïs) avec du bœuf et des herbes, un plat traditionnel de cette région d’Afrique. Le tout se mange avec les doigts. Ils possèdent une ferme un peu plus loin et apportent le ravitaillement en bière Chibuku aux ouvriers. Les lions tuent régulièrement leur bétail mais eux n’ont pas le droit de les tuer, au risque d’aller en prison. Le gouvernement indemnise la perte à hauteur de 1500 pulas alors que la bête se vend à plus de 3000 sur le marché.

    Je poursuis donc en sachant que le panneau bétail n’est pas forcément synonyme de sécurité. Je commence par apercevoir quelques antilopes/gazelles puis rapidement trois éléphants, l’air pataud. J’ai peine à imaginer ces bestioles agressives. Moi, je tremble surtout pour les lions et les chauffeurs me disent en voir régulièrement au bord de la route, observant les voitures. Me savoir en vélo au milieu de cette faune me fait peur et m’excite au plus au point. Je suis sans cesse partagé entre l’envie et la peur d’en voir plus. Savoir que d’autres cyclistes ont pris cette route par le passé me rassure. Ma première journée se déroule sans accroc, et je peux observer quelques pachydermes d’assez près. Pour peu qu’on les laisse à bonne distance, ils font leur vie sans se soucier des humains. On reconnaît assez vite les zones à éléphants par les troncs d’arbres défoncés et l’écorce arrachée.

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    À 16h, j’arrive vers l’antenne relai qu’Eelco m’avait indiqué. Le petit chemin de terre y menant ne me plaît pas vraiment mais il faut bien y aller. Il n’y a personne sur place et la grille est fermée par un cadenas. Hors de question de dormir à l’extérieur avec les félins en liberté, pour entrer, je coupe un bout du grillage, et je referme immédiatement derrière moi. Je passe la nuit sur un petit toit à 3 mètres de hauteur. Au moins, je dors tranquille.

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    Mon petit déjeuner du lendemain sera en revanche perturbé par un animal auquel je ne m’attendais pas ici : l’abeille. Alors que je cuisinais tranquillement, des dizaines puis des centaines d’abeilles envahissent ma tente, mes affaires, tout est recouvert. Ça devient franchement agaçant, voire inquiétant. Je jette tout en bas et cours d’un coin à l’autre de l’enclos tout en rangeant tout péniblement pour éviter un maximum de piqûres. Elles ne sont pas agressives mais je les ai un peu dérangées et me prends deux coups de dard… Le petit dej’ est foutu et je pars le ventre creux pour mon deuxième jour de savane. J’observe toujours un maximum de gazelles (ou un animal du même genre) quand la circulation est réduite, une bonne dizaine d’éléphants ainsi que des zèbres.

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    Un éléphant, légèrement énervé que ses petits n’aient pas osé traversé la route en me voyant au loin décide de me charger en barrissant. Je descends du vélo et recule immédiatement de 2-3 pas, il s’arrête. Je me sens tout petit, ridicule face à ce monstre. Il est à 20 ou 30 mètres maintenant. Il repart sur 4-5 mètres, je recule de nouveau, il s’arrête encore puis, au moment où il s’apprête à lancer une troisième charge, une voiture arrive et le fait revenir vers ses petiots. Sachant que parfois je ne vois aucun véhicule pendant 20 minutes, c’est un sacré coup de pot ! Mon taux d’adrénaline est à son maximum et je sursaute désormais au moindre mouvement dans les fourrés. Je prends mon bâton en main, c’est dérisoire, mais ça me détend, c’est psychologique. « Croqué par un félin au Botswana », ma famille en parlerait encore pendant quelques générations mais je ne tiens pas spécialement à cette gloire posthume.

    Il fait très chaud et les camionneurs prennent pitié de moi et m’offrent parfois oranges et boissons. La route quant à elle, m’offre encore quelques vues sur des phacochères et une bande d’une trentaine de babouins à l’approche de Pandamatenga, mon refuge pour la nuit. Je passe la soirée à discuter avec une bande d’alcooliques près d’un restaurant rudimentaire fait de bâches plastiques. Rien de bien intéressant n’en sort mais le contact humain fait du bien avant une dernière journée dans la brousse en direction de la frontière Zambienne. Ils me rassurent encore une fois sur les lions qui dorment au loin quand il fait chaud et qui fuient si on leur fonce dessus. On verra pour cette option.

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    On me promet girafes et lions pour le lendemain, je n’aurais finalement droit à rien de tout cela malgré les affirmations des automobilistes me jurant en avoir vu une heure après mon passage. Tant pis pour moi, j’ai droit à quelques buffles au loin (animal peureux et pacifique en Asie et très dangereux en Afrique), des phacochères, des babouins et une espèce d’oiseau énorme, type ptérodactyle des temps modernes. Je traverse ensuite le fleuve Zambèze sur une barque, direction la Zambie avant me rendre à Livingstone où m’attendent les chutes Victoria. Malgré d’autres promesses de spectacles d’animaux en Zambie, rien ne se produira. Les chutes Victoria sont en revanche magnifiques, entourées d’une brume et d’un arc-en ciel permanent, le brouhaha assourdissant est à la hauteur du paysage offert. On tente d’abord de se protéger des trombes d’eau projetée par les chutes, avant de se laisser emporter par la magie du Zambèze, trempé, en tentant d’observer le fond du gouffre masqué par la brume. Quelques Africaines en visite entonnent des chants rythmés qui ajoutent de la couleur à l’endroit et quelques chanceux survolent le tout en deltaplane, comme Belmondo dansItinéraire d’un enfant gâté. Je reste profiter du lieu jusqu’au coucher du soleil.

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    Demain, je m’offrirai quelques jours de repos après 3000km pédalage en un mois et je campe un dernier soir près des chutes, en bordure du Zambèze et de son débit impressionnant, gardé par un type armé d’une kalachnikov, les hippopotames ayant l’habitude de s’aventurer sur mon aire de repos.

    Cela conclut superbement et paisiblement ces quelques jours au milieu des animaux. L’Afrique me procure tous les jours un maximum d’excitation et d’adrénaline, des rires, des chants, des sourires en pagaille. J’ai rarement pris autant de plaisir au cours de ce voyage.

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    Pour ceux qui ont 50 minutes à perdre, j’ai exceptionnellement fait une vidéo de mon safari que vous pouvez visionner ci-dessous. Il y a de vrais morceaux de gros mots et je me plante régulièrement sur les noms des animaux, c’est du live.