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Presse

  • Des journalistes pris pour cibles

    Des journalistes pris pour cibles : le SNJ interpelle les autorités françaises (communiqué)

    le 20 juin 2015

    Nous publions un communiqué du SNJ, auquel nous nous associons pleinement (Acrimed).

    Après le piratage de sites Internet et une première vague de sinistres canulars visant la vie privée de confrères l’an dernier, une nouvelle série d’attaques odieuses a été lancée cette semaine contre des journalistes français. « Au moment où j’écris ces lignes, il est quatre heures du matin ce jeudi : le Samu, les pompiers et des policiers de différentes unités viennent de quitter mon appartement parisien. Vous l’avez deviné : Ulcan a encore frappé », écrit ainsi une des victimes, Pierre Haski, de Rue89, qui le raconte jeudi sur le site d’information. Autre cible : Denis Sieffert, directeur de l’hebdomadaire Politis, lui aussi réveillé en pleine nuit par une descente de police à son domicile, et dans les locaux du journal.

    Auparavant, plusieurs autres citoyens avaient été malmenés de la même manière : Pierre Stambul, co-président de l’Union Juive pour la Paix, qui milite pour le droit des palestiniens, et Jean-Claude Lefort, ancien député et ancien président de France-Palestine Solidarité. Le procédé est toujours le même : le hacker prend le contrôle de la ligne téléphonique de sa victime et appelle la police en inventant un drame qui mobilise les secours pour rien. « Ça a beau être la deuxième fois que je suis censé avoir tué ma femme – la première fois était en août l’an dernier –, ça n’a pas empêché la mobilisation d’une trentaine de personnes de plusieurs corps pour débouler chez moi en pleine nuit », poursuit Pierre Haski.

    Le journaliste fondateur du site Arrêt sur Images a lui aussi été concerné : « Le commissariat de mon arrondissement reçoit en pleine nuit l’appel d’un correspondant qui se fait passer pour moi. Ce correspondant affirme qu’il vient de tuer sa femme, et qu’il est retranché chez lui, prêt à tirer sur la police. Résultat ? Trente policiers de la BAC déployés dans l’escalier et dans la cour de mon immeuble, deux commissaires, une procureure adjointe, mes voisins réveillés au coeur de la nuit », résume Daniel Schneidermann.

    Comme il l’avait déjà fait en août 2014, le Syndicat national des journalistes, première organisation de la profession, apporte son total soutien aux victimes de ces attaques aussi lâches qu’indignes, qui portent atteinte aux droits fondamentaux de la presse, de la liberté d’expression et de la démocratie. Il se range résolument aux côtés des trois confrères dans toutes les démarches, plaintes, etc., qu’ils seront amenés à entreprendre.

    Le SNJ interpelle les autorités françaises : où en est l’enquête ouverte sur les premiers événements d’août 2014 ? À l’époque, cette forme de harcèlement psychologique touchant également les proches des journalistes ciblés, avait provoqué le décès du père de Benoît Le Corre, notre confrère de Rue89. Un individu résidant en Israël, ex-membre en France de la « Ligue de Défense Juive », se faisant appeler Ulcan, est très fortement soupçonné d’être à l’origine de ces attaques.

    Le SNJ réclame une nouvelle fois aux pouvoirs publics une réaction à la hauteur de ces tentatives de déstabilisation et demande au gouvernement de faire le nécessaire auprès de son homologue israélien pour faire cesser les agissements de ces activistes. Le SNJ interpelle le ministre de l’intérieur mais également Laurent Fabius qui doit se rendre à la fin de ce mois en Israël. Toutes les agressions se faisant sur le même modus operandi, la justice de ce pays doit collaborer avec les juges français. Le SNJ invite tous les journalistes à démontrer activement leur solidarité et à suivre de très près les suites données par les autorités françaises à ces agressions contre notre profession. Laisser se prolonger une telle impunité, c’est non seulement bafouer les règles élémentaires de la République mais aussi adresser un message de laisser-faire à des extrémistes qui entendent par tous les moyens faire taire les journalistes faisant leur travail en toute indépendance.

    Paris, le 19 Juin 2015

  • Les contre-pouvoirs médiatiques n’existent pas en France

    Les contre-pouvoirs médiatiques n’existent pas en France =
    Une réflexion non exempte de critiques que je soumets à votre sagacité. La vérité est sans pitié.
    La colère m’a fait crier justice pour tous, j’avais le cœur blessé. Alors je peux lutter avec les opprimés.

    Si pour une fois Internet pouvait servir à servir la France, les français, déclencher une prise de conscience collective, assainir la politique, réveiller les médias, pourquoi pas ?? Utopie ???
    Les Médias, la presse, les journalistes qui devaient contrôler, se sont endormis sur la complaisance.
    Quand la souffrance fera pleurer des larmes de sang aux médias, les Médias auront les yeux lavés. Alors les médias défendront leurs frères de sang.

    Préambule=
    Georges ORWEL disait « 
    Dans des temps de tromperie généralisée, le seul fait de dire la vérité est un acte révolutionnaire », alors qu’attendent les journalistes et les médias. Un pessimiste voit une difficulté dans chaque opportunité et un optimiste voit l'opportunité dans chaque difficulté.
    A méditer, « Un homme qui n'a pas d’ennemi n'a rien fait de sa vie
     ! (Winston Churchill)
    Deux très grands journalistes qui nous apportent la réponse=
    -« 
    Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie » Albert Londres
    -« Il n’est pas un crime, pas un truc, pas un sale coup, pas une escroquerie, pas un vice qui ne perdure sans le secret qui l’entoure. Exposez ces faits au grand jour, décrivez-les, attaquez-les, ridiculisez-les dans la presse et, tôt ou tard, l’opinion publique les chassera. Informer n’est peut-être pas la seule chose nécessaire mais c’est une chose sans laquelle toutes les autres démarches resteront vaines »Joseph Pulitzer

    Où est la force de l’indignation de la presse en France car ce que dit Blaise PASCAL (Pensées) devrait s’étendre aux médias « Il est juste que ce qui est juste soit suivi, il est nécessaire que ce qui est le plus fort soit suivi. La justice sans la force est impuissante ; la force sans la justice est tyrannique. La justice sans force est contredite, parce qu’il y a toujours des méchants ; la force sans la justice est accusée. Il faut donc mettre ensemble la justice et la force ; et pour faire cela faire que ce qui est juste soit fort, ou que ce qui est fort soit juste ».
    La presse devrait être un contre-pouvoir, une force démocratique importante pour tous les citoyens, les TPE-PME , à conditions que la presse les défendent et fasse éclater la vérité et l’injustice.

    Développement =
    Le désamour des français à l’égard des médias et des politiques s’explique aisément.
    En fait en France les médias comme les politiques ne se préoccupent pas des abus de pouvoir et des injustices quotidiennes que subissent les citoyens, TPE-PME...etc , la classe d'en bas en fait . Comment peut-on apprécier les médias et les politiques dans cette situation ?
    Pourtant la loi permet non seulement aux journalistes mais aux politiques d’intervenir et de défendre la vérité, le respect des lois , combattre les abus de pouvoir ..etc. Les médias et les partis politiques traditionnels s’étonnent de perdre des lecteurs et des électeurs ; mais ils sont aveugles ou sophistes et certainement pusillanimes !
    Cet article sur ce sujet est donc très important pour l'équilibre démocratique des pouvoirs. Les Médias sont importants et c'est la raison 1ere des puissants de les posséder pour abuser, défendre leur puissance et pouvoir. Les médias français font des généralités et sont devenus les portent paroles des politiques aux pouvoirs. De plus la Presse aussi est soumise aux changements de la pensée, il y a 40 ans les médias pensaient local et agissaient global mais maintenant les médias doivent penser global et agir local pour les citoyens les plus faibles, les TPE-PME et faire régner la justice au sens le plus large. Le Journal MEDIAPART a entrepris ce chemin de croix de la recherche de la vérité, et de réaliser cet acte révolutionnaire, mais qui se préoccupe des injustices, les abus de pouvoir subis au quotidien par les TPE-Pme et les citoyens de la classe d’en bas ; qui les dénonce, qui fait éclater la vérité, qui investigue, qui écoute le citoyen???
    Les puissants, l’Etat Français, les multinationales sont les propriétaires des médias et ont affaibli peu à peu le pouvoir et le rôle des médias dans la démocratie. La vérité est enfermée, et réduit les libertés des plus faibles tous les jours : TPE-PME, Citoyens.

    Il faut tourner la page ? Non Il faut changer de livre! La liberté n’est pas une faveur c’est un combat quotidien.
    Voltaire disait « Pour être libre il faut être informé' "je ne suis pas d'accord avec vous mais je suis prêt à mourir pour que vous puissiez vous exprimer « 

    Nos concitoyens ont le sentiment que les médias ne font pas ce que l’on attend d’eux.
    Je pense que non seulement nos concitoyens ont compris ce qu'est le journalisme mais les journalistes doivent comprendre ce que veut dire être journaliste. En fait nos concitoyens ont raison, la presse n'est que le reflet aussi d'une société française corrompue et mafieuse, médiocrate, un pandémonium et ce n’est pas un euphémisme. Les évènements et dénonciations diverses, en particulier du média MEDIAPART et sur les médias qui commencent à ouvrir les yeux, corroborent mon affirmation. Encourageant, la presse est en train de se réveiller, face à cette crise démocratique et il faut l’aider à ouvrir totalement les yeux et les oreilles.

    Albert Eisntein disait "On ne règle pas les problèmes avec ceux qui les ont créés" et comme disait Balzac " La comédie humaine c'est avant tout l'échec du politique". Ce n'est donc pas un signe de bonne santé démocratique que la presse française soit bien adaptée à une société profondément malade. C'est la réalité sauf si les médias, la presse et les journalistes cessent d'être aveugles, avant que de bonnes vérités leurs crèvent les yeux.
    Prenons l’affaire de M. Jérôme KERVIEL qui fait la démonstration du fonctionnement mafieux et inéquitable de la justice. En réalité M. Jérôme KERVIEL demande la vérité et à nos politiques, Président de la République de la défendre. Je salue le courage de Mme la Commandante Nathalie Leroy pour son témoignage. Il faut aussi protéger les témoins qui mettent à nue les dérives de la justice parce que des pressions ont été faites sur des personnes qui font parties de l'appareil judiciaire pour faire obstruction à la vérité . Ces témoins dans ces affaires mettent en causes des intérêts mafieux.
    M. Jérôme KERVIEL ne demandait pas de passe-droit, il demandait LE DROIT ET LA Vérité!

    Une information sur le fonctionnement des médias en Francequi devraient être à la pointe de la recherche de la vérité, Information pour votre sagacité=Quelques liens démonstratifs et explicatifs, à voir absolument :
    L’investigation un métier perdu, Une réflexion humoristique , Tant que l'on ouvre pas une huitre l'on croit que c'est un caillou , = https://www.facebook.com/photo.php?v=836529933043290
    Liberté de la presse : la France descend à la 39e place sur 180 =
    http://www.les-crises.fr/reprise-liberte-de-la-presse-la-france-descend-a-la-39e-place-sur-180/
    Aides à la presse, un scandale qui dure :Sébastien Fontenelle | monde-diplomatique.fr | novembre 2014 . Instaurées en France dès la fin du XVIIIe siècle pour « encourager la libre communication des pensées entre les citoyens », les aides de l’Etat à la presse n’étaient destinées qu’aux publications d’intérêt général. Elles profitent désormais aux groupes puissants, sans que leur contribution au débat démocratique saute aux yeux. Pourtant, les procureurs les plus inflexibles de la réduction des dépenses publiques restent cois…la suite : http://www.monde-diplomatique.fr/2014/11/FONTENELLE/50945
    La Réalité de La France un journaliste et un Magistrat dénoncent :
    https://www.dailymotion.com/video/x2evw9p_un-magistrat-et-un-journaliste-en-activite-temoignent-a-visage-masque-la-france-big-brother-laurent_news?start=194

    La démocratie, médiocratie, française a atteint ses limites, il faut impérativement apporter les changements nécessaires. Tout cela nuit au développement économique. La démocratie qui reposait sur le contrôle, s’est endormie sur la complaisance, rien d’autre. La France a besoin "de contre-pouvoir" que nous n'arrivons pas, nous citoyens dotés de réflexions, et bon sens à créer ; c'est hélas navrant et très grave pour ce Pays. Pour ma part, il y a longtemps que j'ai pris la décision de dénoncer TOUS LES TRAVERS DE LA SOCIÉTÉ..."PEUT-ON ENCORE SAUVER LA France ?"
    La France a donc besoin de contre-pouvoir
    médiatiques pour dénoncer tous les dysfonctionnements et abus de pouvoir, car une injustice faite ne fût-ce qu'à une seule personne est une menace pour nous tous, la raison pour laquelle avec quelques Amis nous avons décidé de créer un journal ci-dessous, mais avec peu de moyen financier. Le but était d’être à l’écoute du citoyen et de l’aider à faire éclater la vérité pour faire respecter le droit et combattre les abus de droit , les abus de pouvoir d’où qu’ils viennent (ETAT, Administration, …etc) . Nous voulions obtenir une présence nationale Papier, Internet, TV internet...etc. Force est de constater que cet objectif n’est pas encore atteint. Mais cela nous a permis de mieux comprendre la réalité de la médiocratie française. Ce JOURNAL a été appelé « TOP ALERTE » le journal qui fait éclater la vérité.J’ai compris aussi qu’Il est inutile de compter sur le gouvernement, nos élus, actuellement, pourtant la loi les obligent, car ils sont les garants d’une bonne justice.
    Informations de ce que nous essayons de faire avec le journal TOP ALERTE=
    1) Journal TOP ALERTE octobre 2011 n°19 (affaire Richard ARMENANTE) : http://injustice.blog.free.fr/public/Journal_Top_Alerte_octobre_2011_n_19.pdf
    2)
    Info sur le Journal TOP ALERTE, Business plan Français, Pourquoi ce journal, and so one :
    http://injustice.blog.free.fr/public/PROJET_charte_et_business_plan_journal__top_alerte.pdf

    3)
    Info des journaux TOP ALERTE :
    http://injustice.blog.free.fr/public/Edition_journal_TOP_ALERTE.pdf
    4)
    Liens FACEBOOK=
    https://www.facebook.com/pages/Journal-TOP-ALERTE/146578242113478

    Information complémentaire = La réalité des médias en France, une information sur le fonctionnement de certains médias qui devraient être à la pointe de la recherche de la vérité, à voir absolument=
    http://www.dailymotion.com/video/xpj5bo_les-nouveaux-chiens-de-garde-les-10-premieres-minutes_shortfilms

    Les citoyens ne doivent compter que sur leur propre détermination pour faire respecter le droit et combattre les abus de pouvoir. Aidez-vous, en vous soutenant les uns les autres, fortifiez ceux qui, parmi vous, sont faibles, unissez-vous, organisez- vous et vous ferez gagner La France.
    Les citoyens doivent être plus exigeants des élus, de la presse, des administrations, des syndicats…etc.
    La Presse doit rentrer en résistance et arrêter la collaboration à la médiocratie !
    La presse doit retrouver le gout de l’absolu et ne plus se contenter d’une médiocrité tranquille.

    La France est devenue peu à peu un pandémonium et ce n’est pas un Euphémisme !
    Payons-nous des impôts en France pour avoir une Médiocratie et une injustice de qualité??

    Conclusion : La vraie faute, c'est celle que l'on ne corrige pas. "Confucius"

    Pour votre réflexion et votre sagacité « et Vous pouvez partager »
    Autres Publications que j'ai faites sur MEDIAPART :
    1)
    Une démocratie qui n'évolue pas, est soumise à la médiocrité des Hommes =
    http://blogs.mediapart.fr/edition/critique-raisonnee-des-institutions-judiciaires/article/250515/une-democratie-qui-nevolue-pas-est-soumise-la-medioc
    2) Réflexion d’un citoyen face à l’injustice =
    http://blogs.mediapart.fr/edition/critique-raisonnee-des-institutions-judiciaires/article/090515/reflexion-d-un-citoyen-face-l-injustice
    3) La Justice Française 37ème sur 43 pays européens ?! =
    http://blogs.mediapart.fr/edition/critique-raisonnee-des-institutions-judiciaires/article/090515/la-justice-francaise-37eme-sur-43-pays-europeens
    4) L’administration et la Justice non indépendante ont un rôle économique évident =
    http://blogs.mediapart.fr/edition/critique-raisonnee-des-institutions-judiciaires/article/060515/l-administration-et-la-justice-non-independantes-en
    5) Le Mensonge et la tricherie en France détruisent à petit feu l’économie=
    http://blogs.mediapart.fr/edition/critique-raisonnee-des-institutions-judiciaires/article/180515/le-mensonge-et-la-tricherie-en-france-detruisent-pet

  • Myopie médiatique contre longue mémoire

     

     

    Par Guy Sorman.

    chien à lunettes credits alison elisabeth X (licence creative commons)

    chien à lunettes credits alison elisabeth X (licence creative commons)

    Submergés par la marée incessante de l’actualité médiatisée, nous savons simultanément tout sur rien et rien sur tout : l’information remplace la connaissance. Bombardés par les médias traditionnels et nouveaux, il nous échappe que tout événement s’inscrit dans une histoire longue : une compréhension véritable de cette hyper-actualisation exigerait une connaissance du passé et des écoles de pensée qui l’éclairent. Apportons quelques illustrations à notre thèse.

    Considérez la dette grecque. La réduire à un affrontement entre les partisans de « l’austérité » et une « libération » du peuple grec ne permet pas de comprendre combien cette dette s’inscrit dans un cycle qui remonte à l’Indépendance de la Grèce moderne au début du XIXe siècle, puis au traitement de faveur dont elle a bénéficié, en 1919, après la Première guerre mondiale. Depuis que la Grèce a été ressuscitée dans les lieux où naquit la civilisation hellénistique, deux mille cinq cents ans plus tôt, les Grecs modernes ont bénéficié d’une indulgence exceptionnelle : les poètes comme les dirigeants européens ont projeté sur cette tribu ottomane toute leur nostalgie de l’Hellénisme. Cette tribu était « grecque » non pas parce qu’elle descendait des Hellènes, mais parce que de religion orthodoxe – byzantine donc plutôt que Hellène – dans un océan musulman. Ces néo-Grecs, reconnus par les Européens pour ce qu’ils n’étaient pas, ne se crurent jamais contraints de gérer leurs affaires de manière sobre : l’Europe payerait pour l’éternité, une pension alimentaire à la mère supposée de la civilisation occidentale et de la démocratie. L’entrée dans la zone Euro a encouragé les néo-Grecs à s’endetter plus encore, arc-boutés sur leur histoire longue réinventée, une caution définitive contre leurs créditeurs. Une institution à elle seule pourrait libérer la Grèce de sa dette : l’Eglise orthodoxe qui possède un tiers du territoire et ne paye aucun impôt. Mais nul, pas même un gouvernement gauchiste, n’ose incriminer cette Église, parce qu’elle fut et reste l’incarnation de la Grèce contemporaine à la manière dont l’Église catholique en Pologne n’a jamais cessé d’incarner la nation. À la lumière de cette histoire longue, la question est donc moins « La Grèce est-elle en Europe ? » que « L’Église orthodoxe est-elle en Europe ? ». N’appartient-elle pas plutôt à l’Orient ainsi qu’on le constate dans une autre zone de conflit : l’Ukraine ?

    L’Ukraine de l’Ouest, qui fut polonaise, reste catholique et pro-occidentale, tandis que l’Est ukrainien orthodoxe est pro-russe, en un  temps où, de nouveau, le nationalisme russe se confond avec l’Église orthodoxe ressuscitée. Vladimir Poutine semble mieux connaître cette Histoire que les Européens.

    Passons à la Libye, autre exemple : on ne comprend rien aux combats présents si l’on ne se rappelle pas que la Libye contemporaine fut l’assemblage de deux nations distinctes, le Cyrénaïque et le Tripolitaine, par le colonisateur italien. Lorsque les Français et les Britanniques décidèrent d’intervenir en Libye, cette intervention n’aurait eu de sens que pour restaurer les deux nations antérieures, pas pour replâtrer la Libye coloniale.

    La même myopie historique éclaire les conflits en Syrie, Irak et Kurdistan : on ne peut les interpréter que par référence au Traité de Sèvres qui, en 1920, répartit, entre les colonisateurs français et britanniques, des territoires anciennement ottomans. Les Ottomans respectaient la diversité tribale et religieuse : chacun dans l’Empire dépendait des autorités de la religion à laquelle il appartenait. Après le dépeçage, les colonisateurs et leurs successeurs ont imposé des États centraux à des peuples qui, jamais, ne se reconnurent en eux. Les diplomates Sykes et Picot, qui tracèrent en 1917 la ligne droite qui aujourd’hui encore sépare la Syrie et l’Irak, ignoraient tout de ces cultures locales et ne connaissaient pas la différence entre un Chiite et un Sunnite. En 2003, le Général David Petraeus qui, à la demande de George W. Bush, s’empara de Bassorah n’en savait pas plus : n’étaient-ils pas tous Irakiens ?

    Tout le continent africain est pareillement affecté par cette négation du passé : des États trop nombreux y consomment l’essentiel des richesses locales pour perpétuer des frontières coloniales absurdes qui ont balkanisé les cultures. N’allons pas chercher plus loin les causes de la pauvreté en Afrique : le nationalisme y a remplacé et asphyxié le développement.

    Cette ignorance de l’histoire longue génère la plupart des désordres contemporains : une ignorance qui conduit à la guerre, aux migrations de masse, à la pauvreté collective, mais profite aux intérêts acquis. Prospèrent les chefs d’État dont l’État ne coïncide avec aucune nation, les Seigneurs de la guerre, les contrebandiers et – plus modestement – les bureaucrates internationaux chargés de perpétuer cet ordre artificiel. Le Fonds monétaire international, autre exemple de la mémoire courte, emploie dix mille fonctionnaires pour remplir une mission qui n’existe plus. Créé en 1945 pour pallier les déséquilibres des balances des paiements qui avaient semé le désordre économique dans les années 1930, le FMI continue alors que ces déséquilibres ont disparu : saint est l’oubli des origines.

    Par lui-même, aucun événement d’actualité ne fait sens : toute information publiée dans les médias ne devrait-elle pas – dans un monde évidemment théorique – être accompagnée d’une notice explicative, à la manière dont les médicaments sont assortis d’une notice recensant les contre-indications et effets toxiques ? Bien des informations sont toxiques parce que l’opinion publique les engloutit en toute bonne foi et parce que les dirigeants ne sont pas nécessairement, ou ne souhaitent pas être, mieux informés que l’opinion qui les porte.

  • Les journalistes et la guerre

     

     

     

    Considérant que les journalistes étaient au service de la paix, le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité une résolution pour leur protection en zone de combat. Pourtant, deux semaines plus tard, le département US de la Défense publiait des instructions pour arrêter les professionnels des médias qui se livrent à de l’espionnage ; une décision qui pourrait se retourner contre les journalistes des États membres de l’Otan, observe Thierry Meyssan.

     

    Le 27 mai 2015, le Conseil de sécurité adopte la résolution 2222 sur la protection des journalistes en zones de combat ; une résolution qui n’a recueilli l’unanimité que parce qu’elle ne répond pas à ce qu’est devenu la profession de journaliste à l’heure des télévisions globales et de la guerre de 4ème génération.

    Le débat du Conseil de sécurité du 27 mai dernier sur la protection des journalistes en zone de combat n’a guère fait avancer les choses [1]. Les diplomates ont accusé divers États d’avoir tué ou laissé tuer des journalistes sans relever que la qualité de « journaliste » peut recouvrir des activités de nature différente, y compris de l’espionnage, du sabotage ou du terrorisme.

    Jusqu’à présent, on considérait que pour bénéficier de la protection due aux journalistes, il fallait : 
     détenir une carte de presse délivrée par l’autorité compétente de son pays ou de celui dans lequel on travaille ; 
     ne pas prendre part aux combats ; 
     ne pas violer la censure militaire.

    On notera l’étrangeté de cette dernière condition initialement prévue pour protéger les secrets militaires, mais utilisable pour masquer la propagande et les crimes de guerre.

    En outre, on considérait que les soldats travaillant comme journalistes pour des médias militaires ou les journalistes civils embarqués dans les armées (embedded) ne devaient pas bénéficier du statut de journaliste, mais de celui de soldat.

    Se référant au précédent de l’assassinat du commandant Ahmad Shah Massoud par deux journalistes, les États-uniens font valoir que cette profession peut servir de couverture pour une activité terroriste. Plus récemment le citoyen britannique Omar Hussein a rejoint l’Émirat islamique et a publié, sous le pseudonyme d’Abu Awlaki, des articles élogieux de la vie sous Daesh. Cependant, ces exemples de journalistes engagés dans des combats sont complètement marginaux. Le vrai problème est ailleurs avec les médias globaux et la Guerre de 4ème génération (4GW).

    Les médias globaux

    Jusqu’en 1989, les médias étaient nationaux. La propagande ne pouvait donc s’adresser qu’à son propre camp. On pouvait bien entendu lancer des tracts par avion ou utiliser des émissions de radio en ondes courtes, mais on était toujours perçu comme un locuteur ennemi.

    En 1989, une télévision locale états-unienne, CNN, s’est soudainement transformée en télévision globale grâce aux satellites. Son changement de statut —elle n’était plus « américaine »— garantissait sa neutralité dans les conflits. Elle s’est affirmée comme un média d’« information en continu », relayant la chute des Ceaușescu. Le direct garantissait d’empêcher les manipulations et de restituer la vérité.

    Or, ce fut exactement le contraire. La rédaction de CNN était —et est de manière définitive depuis 1998— sous la coupe d’une unité militaire installée dans ses locaux, l’United States Army’s Psychological Operations Unit. Elle ne rendit pas compte des événements, mais d’un spectacle mis en scène par la CIA et le Pentagone. On se souvient par exemple de la découverte du charnier de Timișoara. Les images des cadavres de plus de 4 500 jeunes gens [2], vidés de leur sang pour nourrir le dictateur des Carpathes atteint de leucémie ou abattus durant des manifestations, ont fait le tour du monde. Leurs visages avaient été mutilés à l’acide pour qu’on ne les identifie pas. La preuve était faite des horreurs infligées à son peuple par Nicolae Ceaușescu, le « Dracula roumain » [3]. Las ! on apprendra plus tard qu’il s’agissait de corps déterrés au cimetière de la ville.

    En diffusant instantanément une fausse nouvelle dans le monde entier, les médias globaux lui ont donné l’apparence d’une vérité partagée. Ce qui faisait la force de cette intoxication, c’est qu’elle était parvenue à convaincre des médias du bloc soviétique, en Hongrie et en Allemagne de l’Est, qui l’ont reprise. Les faits se trouvaient ainsi authentifiés par des alliés de la Roumanie. D’où la concurrence actuelle entre les grandes puissances pour disposer de chaînes globales d’information en continu.

    Par ailleurs, les idées selon lesquelles « les journalistes sont là pour dire ce qu’ils voient sur place » et que « le direct empêche les manipulations » sont grotesques. Au contraire, les journalistes ne doivent pas être des témoins, mais des analystes capables de découvrir la vérité derrière les apparences. C’est à cela qu’ils servent, de sorte que le concept d’« information en continu » (au sens de faits filmés sans s’arrêter) est la négation du journalisme. Soit les journalistes sont là pour recouper, vérifier, contextualiser, analyser et interpréter, soit ils ne servent à rien.

    Des manipulations comme celle de Timișoara, l’Otan n’a cessé d’en fabriquer durant les guerres de Yougoslavie, d’Irak, d’Afghanistan, d’Irak encore, de Libye et de Syrie [4].

    L’incorporation des journalistes de guerre

    Cependant, un pas de plus a été franchi, en 1992. Vous avez remarqué que, depuis cette date, les États-Unis et l’Otan n’ont cessé d’être en guerre quelque part dans le monde. Une catégorie de journaliste s’est constituée pour couvrir ces événements. Un peu plus d’une centaine d’entre eux s’est précipitée en Bosnie, puis à Bagdad, à Kaboul ou à Tripoli, donnant ainsi la parole aux adversaires de l’Occident. Or, non pas quelques uns d’entre eux, mais presque tous sont devenus des collaborateurs permanents des services secrets de l’Otan. Et s’ils décrivent les résultats de bombardements de l’Alliance sur des populations civiles, c’est uniquement pour fournir des renseignements militaires et permettre à l’Otan d’ajuster ses tirs. Dès lors, ces journalistes doivent être qualifiés d’agents.

     

    C’est ce que j’expliquais durant la guerre de Libye, soulevant l’indignation de la profession. Pourtant, c’est ce qu’a finalement admis le lieutenant-général Charles Bouchard lorsque l’opération fut terminée. À l’antenne de Radio-Canada, il déclara que le quartier-général de l’Otan à Naples analysait la situation grâce à des « renseignements [qui] venaient de beaucoup de sources, dont les médias qui étaient au sol et nous donnaient beaucoup d’informations sur les intentions et où étaient les forces terrestres ».

    Entretien du général Bouchard, le 31 octobre 2011, sur Radio Canada (en français)

    Pour crédibiliser le mythe de la « révolution démocratique », l’Otan mettait en scène, en 2012, un village témoin, en Syrie, Jabal al-Zouia. Le cabinet du Premier ministre turc organisait sur place le transport des journalistes qui en faisaient la demande. Ils pouvaient alors filmer les manifestations dans le village et se persuader que toute la Syrie était ainsi. Mais l’Armée arabe syrienne a, elle aussi, envoyé des journalistes —pas des Syriens, bien sûr— auprès des « rebelles » de manière à recueillir des renseignements sur le soutien que leur apportait l’Alliance.

    Aussi, la publication cette semaine par le département US la Défense de son Manuel de Droit de la guerre est-elle bienvenue. Ce document explicite l’évolution de la guerre en affirmant que certains journalistes sont en réalité des combattants [5].

    Ce faisant, le département de la Défense prend le risque que la plupart des journalistes de guerre occidentaux soient déclarés « belligérants non-privilégiés », une catégorie qu’il a créée lui-même et qui les prive du bénéfice des Conventions de Genève. Lors du prochain conflit, ce pourrait être le sort des collaborateurs d’Al-Jazeera, Al-Arabiya, BBC, CNN, Corriere della Sera, Fox News, France2, France24, Le Monde, Libération, New York Times, Sky News, Washington Post etc… Pour ce citer que ceux que j’ai identifiés.

    Les fausses vidéos d’actualité

    C’est encore un pas de plus qui a été franchi, en 2011, avec l’usage de vidéos de fiction, tournées en studio à ciel ouvert au Qatar, placées dans les actualités télévisées. Le summum ayant été atteint avec la diffusion, d’abord par Fox News puis par l’ensemble des télévisions atlantistes et du Golfe, d’images de fiction présentant la chute de Tripoli et l’entrée des « rebelles » sur la Place verte, trois jours avant que ces faits ne deviennent réalité.

    Un point qui fut violemment démenti par l’Otan avant d’être reconnu par le président du Conseil national de transition, Moustapha Abdel Jalil, au micro de France24 en arabe.

     

     

    Alors que les États-Unis négociaient avec la Russie un éventuel partage du « Moyen-Orient élargi », en juin 2012, l’Otan envisageait d’utiliser cette technique des fausses vidéos d’actualité pour casser la résistance syrienne et s’emparer du pouvoir. Washington fit déconnecter les télévisions satellitaires syriennes d’ArabSat et s’apprêtait à les chasser également de NileSat. Un pool de chaînes atlantistes (Al-Arabiya, Al-Jazeera, BBC, CNN, Fox, France 24, Future TV, MTV) se préparait à utiliser des images réalisées en studio au Qatar montrant la chute de la République arabe syrienne et des images de synthèse montrant la fuite du président el-Assad [6]. Le signal des fausses chaînes syriennes fut calé sur ArabSat depuis la base de la NSA en Australie. Cependant, l’opération fut annulée juste avant la conférence de Genève 1 du fait des protestations internationales.

    Les lois de la propagande sont toujours les mêmes

    Ceci dit les développements techniques ne modifient pas les techniques de la propagande. Ce mécanisme reste fondé sur deux principes : 
     par la répétition incessante, un mensonge grossier devient une évidence incontestée ; 
     il ne suffit pas de convaincre les personnes-cibles d’un mensonge, il faut qu’ils le défendent. Et pour cela, il convient de les contraindre, par un moyen ou par un autre, à professer —ne serait-ce qu’une fois— ce qu’ils considèrent encore comme un mensonge. Leur amour-propre suffira à les empêcher de retourner en arrière et de dénoncer la manipulation.

    Par exemple, lorsque les services secrets britanniques ont lancé l’idée que la République arabe syrienne lançait des barils d’explosifs depuis des hélicoptères sur sa population civile, vous n’y avez pas cru. En Syrie, où l’on reproche au président el-Assad de brider les actions de l’armée contre les jihadistes par souci de protéger les civils, on n’y a pas cru non plus. Cette accusation est d’autant plus absurde que l’armée dispose de bombes, bien plus efficaces, fournies par la Russie. Pourtant, au bout d’un an de répétition quotidienne, ce mensonge est devenu une vérité incontestée, aussi bien en Occident qu’en Syrie. Peu importe que l’armée n’utilise pas d’hélicoptères à Alep parce que les jihadistes les détruiraient avec des missiles sol-air, la presse publie quand même des « témoignages » de largage de barils d’explosifs depuis des hélicoptères à Alep.

    Le système est ainsi fait que les journalistes refusent de reconnaître avoir été trompés et se transforment en propagandistes qui vont, à leur tour, répéter ce que n’importe qui savait au départ être un mensonge. De facto, des professionnels qui pensent être honnêtes, quoique utilisant la rhétorique à la mode, travaillent à répandre le mensonge.

    L’incorporation des médias dans l’art de la guerre

    Même si de fausses images de la fuite du président el-Assad n’ont finalement pas été utilisées en Syrie, l’Otan a adopté une nouvelle technique de combat : la guerre de 4ème génération (4GW).

    La guerre de 1ère génération, c’est la ligne et la colonne, comme au XVIIe siècle. Les armées étaient très hiérarchisées et progressaient lentement. Mais cette organisation ne résista pas à la généralisation des armes à feu. 
    La guerre de 2ème génération, c’est la ligne et le feu, comme durant la Première Guerre mondiale. Mais cette organisation s’embourba dans les guerres de tranchées. 
    La guerre de 3ème génération, c’est l’infiltration des lignes ennemies et la défense en profondeur. Elle implique la participation des civils, comme lors de la Seconde Guerre mondiale. Mais cette organisation n’a pas résisté au développement des arsenaux et, notamment, aux bombes atomiques. 
    La guerre de 4ème génération, c’est celle que l’on ne livre pas soi-même, mais que l’on fait livrer dans des pays lointains par des groupes non-étatiques, comme durant la Guerre froide avec de vraies et de fausses insurrections.

    Dans ce type de guerre, qui s’apparente à un désordre général, le Pentagone intègre des médias dans sa salle d’état-major, en tant qu’unités combattantes. Il faut avoir en tête que les médias ont évolué. Ils ne sont plus des coopératives, mais des entreprises capitalistes avec des salariés qui peuvent être instantanément licenciés. Il ne s’agit donc plus d’une centaine de correspondants de guerre qui travaillent en sous-main comme espions, mais de médias qui participent en tant que tels aux combats en mettant l’ensemble de leur personnel à disposition des armées.

    Peu importe ici que les journalistes participent eux-mêmes à des relevés militaires ou à des intoxications. Leur travail, même irréprochable, s’insère dans un ensemble qui fait la guerre. Pis : ceux qui sont sincères servent de paravent à ceux qui trichent en leur donnant de la crédibilité.

    En définitive, la résolution 2222 n’a été adoptée à l’unanimité par le Conseil de sécurité que parce qu’elle ne répond pas à l’évolution du métier de journaliste.

     

  • WikiLeaks : Laurent Joffrin serait-il devenu « paranoïaque » ?

    EN BREF

    par Julien Salingue, le 25 juin 2015

    La nouvelle a été annoncée à grands renforts de teasing : mardi 23 juin, à 22 heures, du « très lourd » serait publié par Mediapart et Libération. Et, à l’heure dite, le couperet est tombé : de nouveaux documents rendus publics par WikiLeaks établissent que les États-Unis ont espionné les autorités françaises durant de longues années, y compris au plus haut niveau de l’État.

    On ne peut évidemment que se féliciter du fait que de telles informations soient portées à la connaissance du public, et saluer le travail de WikiLeaks et des journalistes qui ont contribué à les rendre accessibles : le moins que l’on puisse dire est en effet que ces révélations (ou confirmations preuves à l’appui) sont d’utilité publique.

    Mais les esprits chagrins (ou taquins) que nous sommes n’ont pu s’empêcher de relever, en voyant Laurent Joffrin faire la tournée des plateaux de télévision et de radio pour exposer et défendre le travail fourni par le journal qu’il dirige, que certains nageaient en plein paradoxe. En consultant nos archives, nous avons en effet retrouvé ceci :

    C’est d’ailleurs un paradoxe que de voir WikiLeaks s’attaquer essentiellement aux démocraties, laissant de côté les dictatures les plus opaques et les plus répressives. Aussi bien, il est assez réconfortant de voir que les échanges secrets des grandes diplomaties sont fort peu différents, sur le fond, de leur discours public. Il faut croire que le machiavélisme qu’on prête aux gouvernants, toujours soupçonnés d’organiser de noirs complots, est moins grand dans la réalité que dans l’esprit de certains militants quelque peu paranoïaques.

    Lignes écrites par un certain… Laurent Joffrin, le 30 novembre 2010, dans un éditorial de… Libération, consacré aux premières révélations de WikiLeaks, et titré – ça ne s’invente pas – « Paradoxe ». Nous avions relevé à l’époque que la ligne éditoriale de Libération avait alors été très fluctuante, de la dénonciation du « Big brother » Wikileaks au soutien affirmé au groupe dirigé par Julian Assange, et nous formulions alors le souhait que ces évolutions traduisent une saine prise de conscience.

    Cinq ans plus tard, l’éditorialiste, de retour à Libération, semble être beaucoup plus nuancé quant à l’intérêt des révélations WikiLeaks, et c’est tant mieux. Mais que penserait Joffrin Laurent (cuvée 2010) de la posture de Laurent Joffrin (cuvée 2015) ? Le rangerait-il parmi les « militants quelque peu paranoïaques » ? Ou peut-être serait-il classé dans cette autre catégorie que le directeur de Libération affectionne, celle de « complotiste » ?

    À voir. Mais faisons un vœu : Laurent Joffrin, pris ces derniers jours, selon ses propres termes, en flagrant délit de « paranoïa » [1], sera désormais plus prudent lorsqu’il sera tenté de jeter des anathèmes sur ceux qui l’empêchent d’éditorialiser en rond, y compris et notamment le pôle de la critique des médias dont nous nous revendiquons et qu’il aime à qualifier de « média-paranoïaque ». Ce serait la moindre des choses, n’est-ce pas ?

    Julien Salingue

     

    Notes

    [1] Comme nous le notions dans un précédent article, à propos de l’utilisation du terme « paranoïa » par Laurent Joffrin, « l’usage péjoratif de termes psychiatriques n’est pas la marque d’une grande compassion pour ceux qui souffrent des troubles que ces termes désignent, [et] leur usage à des fins polémiques ne témoigne ni d’une grande originalité, ni d’une grande finesse ».