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Bouffe

  • De la lutte de classe et de ce que nous mangeons

    <p>Partenaires</p>
    Esther Vivas6 février 2015

    Les riches et les pauvres mangent-ils la même chose ? Est-ce que nos revenus déterminent notre alimentation ? Aujourd’hui, qui est en surpoids ? Bien souvent, et dans certains cercles, l’appel en faveur d’une nourriture saine et bonne pour la santé est considéré avec dédain, comme une mode » « chic », « hippie » ou « flower power ». La réalité est très différente de ce que ces commentaires à courte vue suggèrent. Défendre une alimentation écologique, paysanne et locale est très « révolutionnaire ».

    Si nous y regardons de plus près, nous voyons comment le modèle agricole actuel est déterminé par les intérêts du capital, des grandes entreprises (du secteur agro-industriel et de la grande distribution), qui cherchent à profiter de quelque chose d’aussi essentiel que l’alimentation. Le système capitaliste, dans sa course pour transformer les besoins en marchandises, les droits en privilèges, transforme aussi la cuisine, et en particulier les produits alimentaires de qualité, en un luxe. Tout comme il a rendu le logement accessible uniquement à ceux qui peuvent se le permettre. Le même sort attend nos systèmes de santé et d’éducation.

    Non seulement la logique du capital a des répercussions sur l’alimentation, mais la main invisible du patriarcat pèse aussi lourdement sur les chaînes de ce système. Sinon, comment expliquer que celles qui produisent le plus de nourriture, les femmes, sont aussi les plus affamées ? Il ne faut pas oublier que entre 60% et 80% de la production alimentaire dans le Sud, selon la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), est entre les mains des femmes, mais paradoxalement, ce sont elles qui souffrent le plus de la faim, 60% à l’échelle mondiale.

    Les femmes travaillent la terre, mais elles n’ont souvent pas accès à la propriété foncière, aux moyens de production ni au crédit agricole. Ce n’est pas faire de l’idéologie, mais essayer de faire comprendre à tous ceux qui considèrent que l’idée de « bien manger » est, comme on dit en France, une idée de « bobos », des« bourgeois bohème », alors que c’est loin d’être la réalité.

    Si nous répondons aux questions initiales, les données confirment cela. Les riches et les pauvres mangent-ils la même chose ? Non. Est-ce que notre revenu détermine notre alimentation ? En effet. Une étude de la Plate-forme espagnole des personnes expulsées de leur logement a révélé cela noir sur blanc : 45% des expulséEs ont des difficultés à acheter assez à manger. Le revenu impose des limites sur ce que nous achetons : il diminue la consommation de bœuf et de poisson et, par rapport à la période pré-crise, la consommation de fruits et légumes frais. En revanche, il y a une augmentation d’achats de produits moins nutritifs, transformés industriellement et riches en calories, tels que les sucreries emballées : biscuits, chocolats, pâtisseries et gâteaux. Notre classe sociale, notre éducation et notre pouvoir d’achat détermine ce que nous mangeons.

    Alors, qui est obèse aujourd’hui ? En général, ceux qui ont moins mangent moins bien. Si l’on regarde la carte de la péninsule espagnole, c’est clair : les régions avec les taux les plus élevés de pauvreté, comme l’Andalousie, les Canaries, Castille-La Manche et l’Estrémadure ont le plus haut pourcentage de personnes en surpoids. Aux États-Unis, les taux de surpoids se retrouvent beaucoup plus dans les populations d’origine afro-américaine et sud-américaine. La crise ne fait que renforcer la différence entre l’alimentation pour les riches et l’alimentation des pauvres.

    Questionner le modèle agricole dominant et défendre une alternative qui mise sur les besoins sociaux et le respect de la terre, c’est aller vers le cœur de la lutte de classe. Le Syndicat des travailleurs agricoles d’Andalousie qu’on peut difficilement qualifier de « petit-bourgeois », est très clair à ce sujet. Leur engagement est de défendre une campagne vivante, la terre appartenant aux paysans qui la travaillent, en faveur de l’agriculture biologique et d’un autre modèle de consommation. Ce combat défend les « moins que rien », les oppriméEs.

    Se battre pour une alimentation qui est locale, saine et paysanne est la bataille la plus subversive qui soit.


    Voir en ligne : Publié sur le blog d’Esther Vivas

  • Et… bon appétit bien sûr !

    viande

     

    Après le bœuf au cheval et le retour des farines animales dans l’alimentation des poissons d’élevage, voici qu’à partir d’aujourd’hui entre en vigueur l’autorisation européenne de l’acide lactique pour nettoyer les carcasses de bovins ! Dorénavant, l’Europe permet en effet l’utilisation d’acide lactique pour décontaminer les carcasses. Une opération destinée à réduire la contamination par certaines bactéries dangereuses, telles que la salmonelle. Et qui, nous dit-on, n’est pas censée se substituer aux pratiques d’hygiène en vigueur en matière d’abattage et de transformation de la viande, OUF ! Contrairement aux pratiques en vigueur outre-Atlantique où l’on « karcherise », pardon, désinfecte la viande en fin de process, en Europe c’est en principe la règle du niveau maximal de sécurité sanitaire à toutes les étapes qui prévaut en matière d’abattage et de transformation des viandes. Le risque avec une telle autorisation est donc que les pratiques se relâchent, puisque désormais la décontamination radicale à l’acide lactique est permise ! Bref, voilà une recette qui ne met pas vraiment l’eau à la bouche…

    Déjà 8 commentaires, publiez le vôtre !

    1. Le 26 février 2013 à 8:23, par Eau de Javel

      Donc, si je comprends bien, il est autorisé mais on ne change rien dans les pratiques qui elles n’utilisaient pas le produit maintenant autorisé… donc, il aurait pu être autoriser l’eau de Javel, chlorexidine… et dire que que la pratique ne changera pas… mais nous prendrait-on pour des imbéciles ?quelle dose nous sera mise dans nos assiettes… j’ai déjà retiré le poisson pour cause de trop de cochonneries… cela sera probablement bientôt le tour de la viande… dont les règles de conservation et de cuisson me semblaient satisfaisantes jusqu’à lors… devrons nous élever nos poules et nos lapins ?.. si c’est ça le progrès !!! et dire que nous sommes le Pays où la tradition culinaire est une estampille…

    2. Le 26 février 2013 à 9:55, par bob69

      et comme il devient de plus en plus problématique de se faire soigner , il ne nous restera plus qu’ à crever seul dans un coin comme un nuisible rat d’ égout . bon , j’ai déja divisé ma conso de viandes par deux je vais surement encore la diminuer ! de toutes façons , cela ne me fait plus envie ! que tous les européens fassent de même et la crise viendra aussi toucher les  » gros  » !

    3. Le 26 février 2013 à 22:14, par Chantal

      J’étais au courant de l’information, lisant Fabrice Nicolino (Planète sans visa), mais je ne savais pas que cette horreur était mise en route.
      Je doute même de mon boucher maintenant.
      TERRIBLE !!

    4. Le 27 février 2013 à 13:05, par Dane

      Tout ce qui va être pratiqué a été annoncé sur certains sites depuis pas mal de temps. J’ai donc devancé cette triste perspective en devenant à 85% végétarienne (je consomme de la viande blanche que 2 fois par semaine).

      Croyez moi, je suis gourmande et je me régale avec les petits plats sans viande que je découvre et prépare. De plus je fais des économies! Oui, d’accord, il faut accepter d’éplucher et de couper des légumes mais je me sens tellement mieux dans mon corps et dans ma tête.
      Enfin, en agissant ainsi je contribuerai le moins possible à la souffrance des animaux que j’aime.

    5. Le 2 mars 2013 à 22:46, par BONATOUT Henri

      Ma femme ne veut pas que j’élève des poules et des lapins, pourtant à Marolles j’ai de la place et je sais le faire. J’aidais mes parents dans cet élevage en 1945. Je saurais au moins ce que je mange… mais elle ne veut pas.Dommage!!
      Elle me dit que les déchets alimentaires de la maison ou les produits d’alimentation commerciaux que je leur donnerais sont déjà pleins de résidus de pesticides ou de métaux lourds. A quel « sain » se vouer?

    6. Le 4 mars 2013 à 12:31, par Eau de Javel

      Madame Bonatout est fataliste même si au fond, il y a du vrai… entre toutes les pollutions air terre eau… à quel « sain » confions nous notre santé…mais si personne ne bouge, une chose certaine… cela empirera, alors, je préfère m’autoriser à penser que si chacun élève sa poule ou son lapin, son mouton,sa chèvre ou sa vache… que les industriels de la mal bouffe auront tout intérêt à se convertir en fournisseurs et/ou producteurs aux qualités le plus proche de l’irréprochable. Mais pour toutes les Madames Bonatout, il y a bien un petit éleveur près de chez elles qui nourrit sa basse cour avec le grain qu’il produit en grande partie… et qui pratique ou la culture bio ou la culture raisonnée… ceux-ci ont probablement une carte à jouer et je leur souhaite réussite et prospérité.

    7. Le 4 mars 2013 à 14:55, par Chantal

      @ BONATOUT Henri,

      Faut pas toujours écouter les femmes, et c’est une femme qui vous le dit. :) Il y a de la vérité dans ce que dit votre épouse, mais êtes vous certain qu’elle n’a pas un peu peur que vous lui déléguiez le travail ? Elle peut aussi ne pas apprécier de vous voir saigner un animal, et ne pas savoir le nettoyer. Les départs en WE ou en vacances sont à prendre en considération aussi.
      Acheter quelques légumes de bases bio, ce sont surtout les produits « exotiques » qui sont les plus chers et vos petits lapins seront bien nourris.Idem pour les poules.
      A vous de jouer, les cartes sont entre vos mains.

    8. Le 4 mars 2013 à 15:00, par Chantal

      @ Eau de Javel,

      Je voudrais bien avoir une poule et des lapins, mais je ne crois pas que le syndic de la copropriété apprécierait. Je l’ai vu lorsque j’ai fait pousser mes tomates dans mon petit bout de pelouse……Dieu qu’elles étaient belles.Monsieur le syndic a préféré la pelouse de mes voisins, avec des arbustes en plastique dans des pots, et des fleurs en plastique sur la table.
      Heureusement, moi j’ai les abeilles, pas eux. :)