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Israel:le petit ogre

  • La pleurniche israélienne...et la Suède

    La pleurniche israélienne fera-t-elle taire Margot Wallström ?

    Le ministre suédois veut une enquête sur les meurtres extrajudiciaires

    L’État hébreu n’a pas apprécié que la ministre suédoise demande une enquête sur d’éventuels meurtres extrajudiciaires par Israël. Ce n’est pas la première fois que les relations sont tendues entre les deux pays.

    Elle soutient le terrorisme, et incite à la violence. Voilà ni plus ni moins l’opinion de l’Etat d’Israël sur la ministre des Affaires étrangères de la Suède, Margot Wallström. C’est en tout cas ce qu’a estimé ce mardi l’État hébreu dans un communiqué pour le moins acerbe.

    Benjamin Netanyahu et son gouvernement n’ont en effet pas apprécié que Margot Wallström plaide, devant le parlement suédois, pour l’ouverture d’une enquête afin de déterminer si Israël s’était rendu coupable de meurtres extrajudiciaires de Palestiniens lors des récentes violences. « Il est essentiel qu’il y ait une enquête sur ces décès afin de clarifier la situation et que chacun rende des comptes », a-t-elle exigé.

    Pour l’État hébreu, de telles déclarations sont « irresponsables et délirantes », mais surtout, « apportent leur soutien au terrorisme et incitent à la violence », explique un communiqué incendiaire.

    Un ministre israélien cité par le Jerusalem Post va encore plus loin et considère que l’enquête demandée par Wallström devrait être orientée pour comprendre « comment une femme qui déteste Israël a pu être nommée, et tenir toujours, le rôle de ministre des Affaires étrangères de la Suède ».

    « La seule chose que la ministre des Affaires étrangères suédoise n’ait pas faite est de rejoindre physiquement les terroristes palestiniens et de poignarder des juifs » a déclaré l’ancien ministre de Benjamin Netanyahou Avigdor Liberman. « À la lumière de son attitude, il faut espérer que cela n’arrivera pas » a-t-il ajouté.

    Il faut dire que Margot Wallström n’en est pas à son premier coup d’éclat contre Israël et a considérablement rafraichi les relations entre les deux pays. Des accusations similaires d’exécutions extrajudiciaires avaient poussé le Premier ministre Netanyahou à téléphoner à son homologue Stefan Löfven pour protester.

    Suite aux attentats de Paris, Margot Wallström avait aussi affirmé que les tueries étaient liées au conflit israélo-palestinien. Les relations entre les deux pays sont de toute manière très compliquées depuis la reconnaissance par la Suède d’un État palestinien en 2014 et l’ouverture de la première ambassade de Palestine en Europe occidentale en février dernier.

  • De peuple élu à...

    De peuple élu à race supérieure, il n’y a qu’un pas

     

     

    Des Israéliens font expulser deux Arabes d’un avion grec sur simple critère ethnique

    Le ministère grec de la Justice a condamné jeudi « tout traitement discriminatoire », après l’affaire des deux passagers d’un vol d’Aegean Airlines, un Arabe israélien et un Palestinien, qui ont dû quitter un avion dimanche soir après avoir suscité par leur présence l’anxiété d’autres passagers israéliens.

    « À l’occasion de l’incident survenu le 3 janvier sur le vol (Athènes-Tel Aviv, ndlr) de la compagnie grecque Aegean, le ministère rappelle qu’il faut respecter rigoureusement le principe de l’égalité du traitement dans la prestation des services et des produits » entre les personnes, a-t-il indiqué dans un communiqué. Le ministère ajoute qu’il « condamne tout traitement discriminatoire pour des raisons d’origine raciale ou ethnique, de convictions religieuses ou autres ».

     

    Rappel des faits

    Dimanche, ces deux passagers ont dû descendre de l’avion d’Aegean Airlines avant le départ, quand des passagers israéliens se sont alarmés de leur présence dans le même appareil. La protestation, d’abord limitée à quelques personnes, s’est étendue à 60 ou 70 passagers, selon la compagnie.

     

    Résistance du pilote

    Malgré la résistance du pilote, qui a invité, selon la compagnie, ceux qui ne se sentaient pas à l’aise à débarquer à leurs frais, les deux passagers visés ont fini par demander eux-mêmes à descendre de l’avion, selon Aegean. La compagnie a précisé leur avoir offert une nuit d’hôtel et le transport jusqu’à l’aéroport et a tenu à « les remercier pour leur compréhension et collaboration ».

     

    L’OLP indignée

    Mercredi, l’Organisation de libération de la Palestine s’est indignée de l’incident et a pressé Athènes de sévir contre ces agissements « racistes ». « Nous sommes scandalisés devant les préjugés et la discrimination dont deux Palestiniens ont fait l’objet de la part du personnel de cabine de (la compagnie) Aegean » qui a « cédé aux pressions des passagers israéliens », a affirmé Saëb Erakat, secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine.

     

    Regrets

    À la suite de cette protestation, la compagnie aérienne Aegean a exprimé « son grand regret » pour cet incident dans une lettre adressée à M. Erekat. Elle a souligné que l’équipage de l’avion « devait gérer une situation très difficile » et qu’elle « rejetait naturellement toute possibilité de discrimination qui est complètement contre nos principes ».

  • Best of de l’apartheid

     

    27 décembre 2015

     

    On connait l’arsenal de lois racistes et répressives votées régulièrement par le parlement israélien. Mais pour ceux qui croiraient encore que la Cour suprême israélienne rétablit ne serait-ce qu’un peu de justice, l’ONG Palestinienne Adalah énumère ici 10 décisions discriminatoires, de nature à renforcer l’apartheid israélien.

     

    2015 : année anti-Droits de l’Homme pour la Cour Suprême israélienne

    1. La loi du seuil électoral

    En janvier 2015, la Cour Suprême a confirmé la hausse du pourcentage de voix nécessaire pour avoir des députés au parlement, dans le but évident d’éliminer les candidats d’organe palestinienne. Ce qui a contraint les citoyens Palestiniens d’Israël à abandonner leurs droits au multipartisme, comprenant différentes idéologies et plateformes, et à fusionner leur 4 principaux partis politiques en une seule liste électorale, afin d’obtenir des sièges et des représentations à la Knesset.

    2. La loi Anti-Boycott

    En avril, la Cour Suprême a rejeté une requête contre la loi Anti-Boycott qui autorise les israéliens à poursuivre en justice les individus ou les groupes qui appellent à un boycott économique, culturel ou académique d’Israël ou des colonies israéliennes en Cisjordanie.

    La Cour a affirmé que le boycott équivalait à du « terrorisme politique », ignorant le caractère légitime et non-violent de cet acte de liberté d’expression, et de pression sur l’état d’Israel afin qu’il cesse son occupation militaire et ses lois racistes.

    3. La Loi sur la Propriété des Absents à Jérusalem-Est

    En avril, la Cour Suprême a approuvé la décision du gouvernement d’étendre la Loi de 1950 sur la Propriété des Absents à Jérusalem-Est occupée, autorisant ainsi l’Etat à confisquer les propriétés des citadins Palestiniens qui vivent actuellement en Cisjordanie. Israël a « annexé » Jérusalem-Est à la suite de son occupation de la ville en 1967, et a depuis maintenu une politique visant à séparer géographiquement, socialement et politiquement la ville Sainte du reste de la Cisjordanie occupée.L’objectif de ces confiscations vise à faciliter davantage la construction de colonies israéliennes dans les Territoires occupés.

    4. Interdire l’enseignement supérieur pour les prisonniers de "haute sécurité*

    En avril dernier, la Cour Suprême a décidé d’adopter la position du Service Général de la Sécurité (le Shin Bet ou Shabak) rejetant la demande d’abrogation de l’interdiction faire aux prisonniers palestiniens "de haute sécurité" de poursuivre un enseignement supérieur en prison. La Cour a affirmé que la distinction faite entre les prisonniers de droit commun et les prisonniers de haute sécurité (comme sont appelés la grande majorité des prisonniers palestiniens) était « légale et légitime ».

    5. Démolition d’Atir & Umm al-Hiran

    En mai 2015, la Cour Suprême a approuvé la décision du gouvernement de démolir les deux villages Bédouins jumelés et non-reconnus d’Atir et Umm al-Hiran, dans le but d’étendre la forêt artificielle ’Yatir’ et de construire une ville juive nommée ’Hiran’ sur leurs ruines. La décision de la Cour autorise la démolition de douzaines de maisons et le déplacement forcé de 1000 citoyens bédouins d’Israël. Cette décision fut prise en dépit du fait que l’état avait déplacé ces familles bédouines sur leurs terres actuelles en 1956 après les avoir expulsé de leur village de Khirbet Zubaleh en 1948, et que la Cour avait reconnu ces habitants comme n’étant pas des ’intrus’. La décision de la Cour viole les droits des bédouins à la dignité et au logement, en plus de légitimer la politique raciste du gouvernement consistant à déplacer des villages non-reconnus.

    6. Nier les revendications territoriales de la famille Uqbi

    En Mai encore, la Cour Suprême a rejeté un appel émis par la famille Uqbi, citoyens bédouins d’israel, revendiquant 1000 dunams de possession territoriale familiale dans le Neguev. La Cour a refusé de reconnaître l’appartenance historique de la terre à la famille, bien que la famille en fût propriétaire avant 1948. Décision qui ne respecte pas la déclaration de l’ONU au regard des Droits des Peuples Autochtones.

    7. Interdire l’unification familiale pour les Palestiniens de Gaza

    En juin, la Cour Suprême a rejeté une demande de lONG israélienne Hamoked qui s’opposait à un décret du gouvernement ordonnant au Ministère de l’Intérieur de refuser les requêtes de réunification pour les familles palestiniennes, si l’un des parents ou conjoint était originaire de la bande de Gaza.Le décret considère tous les civils de Gaza comme une menace pour la sécurité de façon généralisée et discriminatoire, au lieu de traiter les individus au cas par cas. En outre, il viole gravement les droits constitutionnels des Palestiniens à la vie de famille.

    8. condamnation de l’ancien premier ministre Said Nafaa

    En août, la Cour Suprême a rejeté un appel de Said Nafaa, ancien membre de la Knesset, demandant à annuler une décision prise par la cour fédérale. En effet, celle-ci le condamne pour avoir voyagé en Syrie, un ’Etat ennemi’, dans lequel il organisa une visite des lieux saints avec des clercs druzes et des figures publiques, et où il rencontra des personnalités politiques palestiniennes qualifiées par la loi israélienne comme des ’agents étrangers’.

    La Cour a reconnu que les rencontres de l’ancien ministre Nafaa ne comportaient d’aucun élément ni d’aucune répercussion lié à la sécurité. Néanmoins, la Cour a choisi de criminaliser la communauté palestinienne dans ses droits à des activités et à une représentation politique, ainsi que dans son droit d’établir des liens avec leurs compatriotes dans la région arabe.

    9. Détention administrative des citoyens palestiniens

    En octobre, la Cour Suprême a approuvé la prolongation d’une ordonnance de détention administrative de 3 mois à l’encontre de A.H., une Palestinienne citoyenne d’Israël âgée de 19 ans. Un message de nature politique qu’elle a envoyé à ses frères et qui représenterait prétendument une menace pour la sécurité, d’après les services de sécurité israéliens, en est la cause. La décision de la Cour légitime l’utilisation des Mesures d’Exceptions de 1945 dans le but d’arrêter des citoyens sans preuve qu’ils aient commis des infractions criminelles, violant ainsi les droits fondamentaux des citoyens à un procès en bonne et due forme.

    10. Démolitions des maisons comme punition collective

    En novembre, la Cour Suprême a rejeté une demande mettant en cause la politique du gouvernement consistant à démolir les maisons des familles de Palestiniens suspectés, accusés ou condamnés pour avoir attaqué Israël ou ses citoyens.

    La décision autorise l’Etat à mener à bien des démolitions sous couvert de mesures punitives et de représailles, ce qui constitue pourtant une grave violation du droit humanitaire international et du droit pénal international.

    Source : Adalah. Traduit par Fadoua EH pour EuroPalestine

     

  • Palestine:Violences aux checkpoints : le sang de l'occupation

     

     

    Vijay Prashad, 5 janvier 2016

    La jeunesse palestinienne en particulier est fatiguée des promesses rompues et elle ne voit pas la moindre lumière au bout du tunnel ». Ban Ki-moon tient "l’entreprise coloniale" » pour responsable de la tension dans la région.


    La violence quotidienne au passage de Qalandiya, près de Ramallah -

    Le 17 décembre dernier, Nasir roulait de Naplouse vers Ramallah. Il pleuvait légèrement comme il approchait du checkpoint militaire de Huwwara. Devant lui roulait une autre voiture, à vitesse prudente. A 50 mètres devant cette voiture se trouvait un véhicule militaire israélien. La prudence est à l’ordre du jour à proximité de l’armée israélienne. Pas question de provoquer sa colère. Nasir a laissé une certaine distance entre les voitures. Celles-ci roulaient lentement.

    Le long de la route, dans l’herbe du bas-côté, un jeune garçon marchait dans la même direction que les voitures. Nasir remarqua que le garçon semblait marcher dans l’herbe pour éviter les flaques sur le trottoir. Le véhicule militaire a freiné. Les soldats avaient dû lancer un ordre. Le garçon a levé les mains en l’air. Nasir n’a pas entendu l’ordre mais il a vu le garçon obéir. La voiture devant lui a commencé à dépasser le véhicule militaire. Nasir a suivi. Il a vu le garçon les mains levées. La minute d’après, Nasir a vu dans son rétroviseur que le garçon était au sol. Tout cela s’est passé en une fraction de seconde. Le garçon était debout, les mains en l’air, et la minute suivante il gisait au sol, mort .

    Nasir a arrêté sa voiture, à l’instar du conducteur qui le précédait. Les deux hommes ont échangé leurs informations. Tous deux venaient d’assister à une exécution. Il n’ont pas eu l’occasion d’approcher les soldats israéliens, qui avaient déjà bouclé le périmètre.

    Peu de temps après, les médias officiels israéliens annonçaient que leurs soldats avaient tué Abdullah Hussein Nasasra, 15 ans, du village de Beit Furik. L’armée israélienne a dit que le garçon avait « chargé les forces armé d’un couteau ».

    Nasir dit ne pas avoir vu de couteau. Pas plus qu’il n’a vu Nasasra charger les soldats. Ils avaient leurs fusil pointés sur lui. Pourquoi aurait-il voulu les attaquer avec un couteau ?

    Au cours des dernières semaines, les soldats israéliens et les forces de sécurité ont fait usage de la force létale contre un certain nombre d’enfants, qu’ils ont accusés d’attaques au couteau. Les dirigeants politiques israéliens ont donné carte blanche à leurs soldats pour tuer toute personne en qui ils voyaient une menace. Le Ministre de la Sécurité intérieure, Gilad Arden, a dit : « Tout terroriste devrait savoir qu’il ne survivra pas à l’attaque qu’il est sur le point de commettre ». Yair Lapid, ancien ministre des Finances dans le gouvernement israélien, en a rajouté : « Vous devez tuer quiconque sort un couteau ou un tournevis ». Puisque l’armée israélienne est à la fois juge, bourreau et enquêtrice pour ces incidents, elle n’a plus à assumer la moindre responsabilité.

    Quand Kamal Badran Qabalan a conduit son ambulance sur les lieux, les Israéliens l’ont empêché d’avoir accès au corps. Il n’y aura pas d’enquête indépendante sur cette mort. La nauséabonde propagande israélienne – terroriste, couteau – a déjà couvert les faits. Nasir dit qu’il est prêt à témoigner contre les soldats israéliens. Mais comment faire ? Il n’y aura pas de procès. L’affaire sera close en douce. Nasir est un homme distingué. Son regard est bon et honnête. Sa voix est pleine de défi quand il me raconte l’histoire - « Je les ai vus tuer un garçon » me dit-il. Mais que peut faire Nasir ? Son langage non verbal traduit bien l’occupation. Il exprime l’inanité de la provocation.

    Aucune lumière au bout du tunnel

    La veille du jour où les soldats israéliens ont tué Nasasra, Samah Abdul-Mo’men (18 ans) roulait avec son père vers le même checkpoint. Les soldats israéliens ont ouvert le feu tout près de leur voiture, la blessant grièvement – elle est morte à l’hôpital le même jour. Pourquoi des soldats israéliens ont-ils ouvert le feu contre des voitures de civils ?


    L’humiliation brutale, subie dès l’enfance par les Palestiniens, au poste de contrôle de Qalandiya (arabagenda.blogspot)

    Ils prétendent avoir été attaqués par Alaa’ Khalil al-Hashshash (16 ans), du camp de réfugiés de Balata à Naplouse. Il aurait tenté de poignarder des soldats israéliens, qui ont répliqué. Al-Hashshash a-t-il réellement commis « une attaque au couteau » ? Si oui, pourquoi les soldats israéliens ont-ils tiré sur toutes le voitures à proximité, tuant Abdul-Mo’men ? Les Israéliens ne répondront sérieusement à aucune de ces questions. Elles sont perçues comme perturbantes.

    Le soir du vendredi 18 décembre, la route entre Ramallah et Jérusalem – 10 km seulement – est encombrée. Le checkpoint de Qalandia est virtuellement fermé. Nous décidons d’aller y faire un tour – 40 k de détour autour du « mur de séparation » illégal.

    Plus tard nous apprenons que deux jeunes gens ont tenté de foncer avec leurs voitures dans des véhicules militaires. C’est ce qu’on appelle des « attentats à la voiture-bélier »Les hommes ont inutilement conduit leur voitures vers le checkpoints lourdement armés. Les soldats israéliens ont aisément abattu Muhammed Abd al-Rahman Ayyad (21 ans). L’autre, un homme de 30 ans, est sorti de sa voiture en trébuchant et a été abattu par les militaires. Aucun ne posait une menace réelle pour le checkpoint. Leurs corps, plombés par la frustration – ne pouvaient rivaliser contre l’armée israélienne.

    Pourquoi ces hommes ont-ils tenté de foncer dans les checkpoints et pourquoi des enfants se servent-ils de couteaux pour attaquer les colons ? Plus précisément, pourquoi, alors que leurs attaques sont un échec et qu’il perdent la vie dans l’opération ? Les Israéliens ont tué plus de 130 Palestiniens depuis octobre. La plupart des tués étaient des mineurs.

    Certains de ces enfants ont effectivement attaqué des colons dans leur rues. Mais pas tous. Nasasra n’avait pas de couteau à la main, pas plus que Abdul-Mo’men. D’autres, si. Pourquoi ces quelques autres ont-ils attaqué des colons israéliens au couteau ?

    L’UNICEF note que c’est « l’existence et l’expansion des colonies israéliennes, y compris à Jérusalem Est, illégales en droit international, [qui] sont le moteur premier de menaces protectrices à l’encontre d’enfants ». Les enfants palestiniens sont exposés à la violence très tôt dans leur vie, ils y sont contraints par la perte de leurs terres et de leurs cultures familiales.

    Des existences vécues encagées par l’occupation produisent – c’est le Secrétaire général de l’ONU Ben Ki-moon qui le dit - « peur, humiliation, frustration et méfiance, alimentées par les blessures de décennies de conflit sanglant, et qui mettront beaucoup de temps à guérir. La jeunesse palestinienne en particulier est fatiguée des promesses rompues et elle ne voit pas la moindre lumière au bout du tunnel ». Le Sécrétaire général tient « l’entreprise coloniale » pour responsable de la tension dans la région.

    La frustration est l’ordre du jour. Je rencontre des jeunes gens d’un camp près de Ramallah. Ils ne voient aucune issue à leur colère. Chaque jour ils voient leur famille et leurs amis humiliés par l’occupant. Cette situation les accule au désespoir - « nous devons faire quelque chose », dit un jeune homme. Son regard est las. Il a l’air plus âgé qu’un adolescent. Il a perdu ses amis par la violence israélienne. « Nous marchions vers Qalandiya l’an dernier, dit-il. Ils nous ont tiré dessus. Mon ami est mort ». La violence coloniale est un poids sur son esprit. Autour de lui de jeunes enfants sont éliminés par les soldats israéliens. Son corps est contracté par l’anxiété et la peur.

     

  • Informer sur le Proche-Orient

    Informer sur le Proche-Orient : « La tentation est de se rabattre sur ce qui apparaît comme un "juste milieu" »

    lundi 19 octobre 2015

    Nous remettons à la « une », trois ans après sa première publication, une interview de Benjamin Barthe, journaliste au Monde, consacrée au traitement médiatique du conflit opposant Israël aux Palestiniens. Les événements de ces derniers jours, et leur couverture par les « grands médias », confirment en effet malheureusement la plupart des constats opérés dans cette interview (Acrimed, 19 octobre 2015).

    Avant de devenir journaliste au Monde (desk Proche-Orient), Benjamin Barthe a été pigiste à Ramallah durant neuf ans, de 2002 à 2011. Il a reçu le prix Albert Londres en 2008 pour ses reportages sur Gaza. Il est l’auteur de Ramallah Dream, voyage au cœur du mirage palestinien [1]. En octobre 2010, il participait à un « Jeudi d’Acrimed » dont la vidéo est visible ici-même. Pour le n° 3 de Médiacritique(s) (avril 2012), il nous a accordé l’entretien reproduit ci-dessous.



    Dans quelles conditions travaille-t-on lorsque l’on est journaliste dans les territoires palestiniens ?

    Le terrain est assez singulier. Il n’est pas accessible à tous les journalistes, il y a une forme de filtrage effectué par les autorités israéliennes, avec notamment la nécessaire obtention d’une carte de presse. Si l’on travaille pour une publication installée, renommée, cela s’obtient sans trop de problèmes. Dans le cas contraire, on ne l’obtient pas toujours. Or, par exemple, il est impossible de se rendre à Gaza sans carte de presse. Un second filtrage est effectué par Israël : c’est la censure militaire. Les journalistes à qui une carte est attribuée doivent s’engager à respecter la censure et à ne pas porter atteinte à la sécurité de l’État d’Israël. Enfin, la fragmentation géographique des territoires palestiniens est, de facto, un filtrage. Toutes les zones ne sont pas toujours accessibles. C’est ainsi que, lors des bombardements israéliens sur Gaza, à l’hiver 2008-2009, l’accès était fermé aux journalistes.

    Le territoire palestinien est exigu, ce qui crée en réalité des conditions favorables au travail de journaliste. On peut se rendre dans un lieu donné, mener son enquête, rentrer le soir même et rédiger son article. Par ailleurs, cela permet de faire des micro-enquêtes, des micro-reportages, de s’intéresser de manière précise au quotidien des Palestiniens. Parfois j’ai eu l’impression de faire des articles de type presse quotidienne régionale, à ceci près que le moindre de ces micro-reportages met toujours en jeu des questions politiques. Si l’on a envie de bien faire son travail, on peut donc proposer aux lecteurs des sujets originaux, variés, qui peuvent rendre palpable l’expérience quotidienne des Palestiniens et expliquer, beaucoup mieux que bien des sujets sur les épisodes diplomatiques tellement répétitifs et stériles, les enjeux de la situation.



    Comment manier les différentes sources sans être victime de la propagande ?

    On est confronté à une surabondance de sources, en réalité. Il y a bien sûr la presse, notamment la presse israélienne, avec des journalistes qui font très bien leur travail, par exemple au quotidien Haaretz. Il y a aussi une abondance d’interlocuteurs, notamment du côté palestinien, avec une réelle disponibilité. Ils veulent parler de leur situation, la faire connaître. Ils estiment que c’est dans leur intérêt de parler aux médias. Par exemple, il est relativement facile de parler, à Gaza, à un ministre du Hamas. Il y a aussi les sources venues de la société civile, avec les nombreuses ONG, tant du côté palestinien que du côté israélien, ou des différentes agences de l’ONU, très présentes sur le territoire. Ces ONG et ces agences produisent en permanence des rapports, des enquêtes, qui représentent une matière première considérable.

    L’important, c’est la gestion de ces sources. Le fait qu’il y ait surabondance peut en effet s’avérer être un piège. Premièrement, ces sources ne sont pas toutes désintéressées, elles peuvent avoir un agenda politique, il faut donc en être conscient et les utiliser à bon escient. Mais il y a un autre danger : on constate une tendance, dans la communauté des journalistes, à considérer que les sources israéliennes et les sources palestiniennes sont par définition partisanes. La tentation est donc de se rabattre sur ce qui apparaît comme un « juste milieu » : les sources venues de la communauté internationale, notamment les rapports de l’ONU, de la Banque mondiale, du FMI, etc. Ce n’est pas mauvais en soi, certains de ces rapports sont très fournis, très documentés, mais il y a tout de même des précautions à prendre. En effet, ces sources internationales restent prisonnières d’une certaine vision du conflit : la plupart d’entre elles sont arrivées dans la région après les accords d’Oslo et leur lecture du conflit est imprégnée de la logique et de la philosophie d’Oslo.

    Un exemple : la Banque mondiale a sorti récemment un rapport sur la corruption dans l’Autorité palestinienne. Les conclusions du rapport étaient en forme d’encouragement à la nouvelle administration palestinienne et au Premier ministre, Salam Fayyad, pour son travail de transparence, de modernisation des infrastructures et des institutions palestiniennes. Ce qui est assez choquant ici, c’est que la Banque mondiale est partie prenante de ce travail de réforme, elle verse de l’argent, elle participe aux programmes de développement qui sont mis en place dans les territoires palestiniens, etc. Que la Banque mondiale s’érige donc en arbitre des élégances palestiniennes, qu’elle distribue les bons et les mauvais points sur la corruption, est assez déplacé, puisque ce sont des politiques dans lesquelles elle est pleinement investie qu’elle prétend juger.

    J’ai rencontré la personne qui a enquêté et fait ce rapport, et il s’avère qu’elle a démissionné. En effet, son rapport a été en partie réécrit. C’est la philosophie même de son rapport qui a été remaniée, puisqu’elle y expliquait qu’en réalité c’était la structure même d’Oslo qui expliquait la corruption : un régime censé gérer une situation d’occupation pour le compte d’un occupant, en l’aidant par exemple à y faire la police, est par nature, par essence, générateur de corruption, qu’elle soit morale, politique ou économique. Or la Banque Mondiale n’a pas voulu que cette question soit abordée, y compris par sa principale enquêtrice : cela en dit long sur la situation, de plus en plus bancale, de plus en plus problématique, dans laquelle se trouvent ces organismes internationaux. Ils demeurent prisonniers d’un paradigme qui date de plus de vingt ans, et qui a largement failli. Il faut donc manier ces sources avec prudence.



    Certains insistent particulièrement sur le poids des mots, et notamment sur la portée symbolique de certains termes : mur/barrière, colonies/implantations, etc. Qu’en penses-tu ?

    Le débat au sujet de la clôture construite par Israël (faut-il parler d’un mur ? D’une barrière ? D’une clôture ?) est pour moi assez vain. Par endroit il s’agit effectivement d’une clôture électronique, avec des barbelés, à d’autres endroits il s’agit bien d’un mur... Donc le débat sur le nom m’intéresse assez peu. Pour moi, ce qui est essentiel, c’est de montrer les processus à l’œuvre derrière les mots, de montrer les réalités.

    On peut tout à fait dire qu’Israël construit un mur, mais si l’on oublie de préciser que ce mur est construit dans les territoires palestiniens et non pas entre Israël et la Cisjordanie, on passe à côté de la réalité de ce mur. Si on oublie de préciser, à propos des portes qui ont été aménagées par Israël dans le mur en expliquant qu’il ne s’agissait donc pas d’une annexion car les agriculteurs dont les champs se situent de l’autre côté du mur pourraient le franchir, qu’en réalité ces portes demeurent, la plupart du temps, fermées, ou que les soldats censés les ouvrir arrivent régulièrement en retard, de nouveau on rate la réalité.

    Il y a bien des mots qui sont piégés, mais pas nécessairement ceux auxquels on pense. Ainsi en va-t-il de Gilad Shalit, que presque tout le monde a présenté comme un « otage » qui avait été « kidnappé ». J’ai pour ma part toujours fait attention, dans mes écrits, à le qualifier de « prisonnier ». En effet, pour moi il ne fait aucun doute qu’il s’agissait bien d’un prisonnier de guerre, au même titre qu’un grand nombre de détenus palestiniens dans les prisons israéliennes. Et Gilad Shalit n’avait pas été « kidnappé », mais bien capturé par les Palestiniens.

    Autre exemple, et autre catégorie de mots piégée : c’est toute la nomenclature qui a été mise en place avec le processus d’Oslo. On parle de « processus de paix », de « président palestinien », de « gouvernement palestinien », etc. Le terme de « président » ne figurait pas, au départ, dans les accords d’Oslo. C’est la vanité de Yasser Arafat, et l’intelligence politique de Shimon Pérès, notamment, qui a vite compris l’intérêt qu’il avait à utiliser lui aussi ce terme. L’idée qu’il y avait un « président palestinien » entretenait l’idée qu’il se passait quelque chose d’historique : les Palestiniens avaient désormais un « président », ils n’étaient donc pas loin d’avoir un État... Or il est intéressant de questionner ce vocabulaire, cette sémantique : quels sont exactement les pouvoirs de ce « président » ? En réalité, il n’a pas beaucoup plus de pouvoir et d’attributions qu’un préfet (sécurité, aménagement du territoire), si ce n’est le fait qu’il peut se déplacer à l’étranger en prenant un avion prêté pour l’occasion par un pays arabe. Ses « pouvoirs » ne s’exercent en outre que sur une partie de la Cisjordanie, 40 % si l’on est optimiste, 18 % si l’on est plus réaliste et que l’on ne prend en compte que ce que l’on nomme les « zones autonomes » palestiniennes. Voilà qui donne une idée un peu plus précise de ce qu’est le « président » palestinien.

    Il en va de même avec le « processus de paix ». Ce terme entretient l’idée que même si parfois il y a des incidents, des moments un peu compliqués, globalement il y a un processus, une dynamique. Or force est de constater que, s’il y a peut-être eu au départ une dynamique, le « processus de paix » est très rapidement devenu un processus de chantage, un bras de fer totalement déséquilibré entre le géant israélien et le lilliputien palestinien, duquel Israël n’avait rien à craindre. C’est ainsi qu’avec sa mainmise sécuritaire Israël a pu continuer à acculer les Palestiniens, à construire les colonies, etc. Je pense donc que c’est bien du devoir des journalistes d’interroger ces termes, ces mots, et de leur redonner leur véritable sens.

    Je voudrais finir en ajoutant que ce qui est valable pour les mots est également valable dans un autre domaine : les cartes. Il existe en effet une production cartographique « classique » qui structure l’imaginaire, y compris l’imaginaire médiatique. On serait face à une région que l’on peut diviser en deux : à l’ouest, Israël, et à l’est, la Cisjordanie. Cela entretient l’idée que l’on va vers la création de deux États, qu’il suffirait d’opérer un découpage le long de la « ligne verte » qui séparerait Israël de la Cisjordanie. Or la réalité est bien différente : il y a, partout d’est en ouest, l’État d’Israël, avec en son sein quelques enclaves palestiniennes. Et lorsque l’on déplace le curseur géographique, comme lorsque l’on interroge le vocabulaire, on questionne vraiment les schémas classiques et les paradigmes sur la base desquels est trop souvent construite l’information.