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Economie - Page 3

  • ESPIONNAGE US


    Gemalto reconnaît les attaques des services secrets britanniques et américains

    Le groupe franco-néerlandais Gemalto, qui se présente comme le "leader mondial de la sécurité numérique", a admis qu'il avait bien été victime de piratage par la NSA et le GCHQ. L'entreprise ne portera cependant pas plainte.
    • 26 FÉVRIER 2015
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           Olivier Piou, directeur général de Gemalto, le 25 février à Paris - AFP/Kenzo Tribouillard
    Lors d'une conférence de presse qui s'est tenue à Paris le 25 février, Gemalto, plus gros fabricant de cartes SIM au monde, a tenté de désamorcer les inquiétudes quant à la sécurité des cartes SIM qu'il fournit à de grands opérateurs de téléphonie mobile dans le monde entier. Six jours auparavant, le site The Intercept avait publié une enquête retentissante, fondée sur des documents fournis par l'ancien sous-traitant des services secrets américains Edward Snowden, dévoilant le piratage des clés de cryptage des cartes SIM du fabriquant franco-néerlandais par les agences du renseignement britannique (GCHQ) et américaine (NSA).

    Ce piratage aurait permis au GCHQ et à la NSA d'avoir accès aux données, notamment vocales, de centaines de millions de téléphones mobiles, sans avoir à demander d'autorisation aux gouvernements ou aux entreprises de télécommunication.

    Image entachée

    Après une enquête interne, l'entreprise franco-néerlandaise Gemalto, cotée au CAC 40, et dont l'image a été entachée par ces révélations, a confirmé "avoir fait face à plusieurs attaques sur la période couverte par les documents de la NSA et le GCHQ". "En 2010 et 2011 précisément, nous avons détecté deux attaques particulièrement sophistiquées qui pourraient être reliées à cette opération."

    "Au cours de la même période, nous avons également détecté plusieurs tentatives d'accès aux ordinateurs de collaborateurs de Gemalto ayant des contacts réguliers avec des clients. A l'époque, nous n'avons pas pu identifier les auteurs de ces attaques, mais maintenant nous pensons qu'elles pourraient être liées à l'opération du GCHQ et de la NSA."

    Cependant, toujours selon Gemalto, les attaques "n'ont pas pu résulter en un vol massif de clés d'encryptage de cartes SIM".

    Réactions dans le monde

    Depuis les révélations de The Intercept, les réactions ont été nombreuses dans le monde de la part de clients indignés. Des opérateurs de téléphonie ont demandé des comptes au fabricant et certains, comme Deutsche Telekom, ont lancé une procédure pour changer immédiatement les clés de cryptage des cartes SIM fournies par Gemalto, note le site américain.

    China Mobile, qui utilise aussi des cartes SIM Gemalto, a annoncé qu'il enquêtait sur l'affaire, tandis que le gouvernement chinois s'est dit "inquiet".

    "Attaquer un Etat est coûteux"

    Bien qu'elle ait reconnu les attaques, l'entreprise Gemalto ne va pas lancer d'action juridique, relève The Wall Street Journal. "Les faits sont difficiles à prouver au sens juridique et attaquer un Etat est coûteux, long et assez aléatoire", a expliqué le directeur général de Gemalto, Olivier Piou. 

    Employeur de 12 000 personnes, la société de droit néerlandais basée à Paris compte en tant que clients plus de 400 grands opérateurs, dont le français Orange.

  • ESPIONNAGE


    Des cartes SIM piratées par les services secrets britanniques et américains

    Le principal fabricant de cartes SIM au monde, Gemalto, fournisseur de grands groupes de téléphonie comme Orange, a été piraté par les services secrets britanniques (GCHQ) et américains (NSA), rapporte le site The Intercept.
    • 20 FÉVRIER 2015
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    Une carte SIM - Simon Yeo/Flickr/CC
    Le titre Gemalto a décroché ce vendredi 20 février à la Bourse de Paris, après l’annonce par le site américain The Intercept du piratage de cartes SIM fabriquées par ce spécialiste de la sécurité informatique. Le groupe Gemalto, né de la fusion en 2006 de la société française Gemplus et de la néerlandaise Axalto et aujourd'hui immatriculé aux Pays-Bas, est présent dans 44 pays et compte quelque 12 000 collaborateurs de par le monde. Dans un communiqué, Gemalto déclare ne pas être en mesure de confirmer les informations de cet article tout en les prenant "très au sérieux".

    Le 19 février, une équipe de journalistes du site The Intercept a publié une longue enquête, fondée sur des documents secrets que lui a transmis Edward Snowden, ancien analyste de l'agence de renseignement américaine NSA réfugié à Moscou depuis l'été 2013. Intitulé “Le grand casse des cartes SIM”, l'article décrypte comment "les services de renseignement britanniques et américains ont piraté le système informatique interne du plus grand fabricant de cartes à puce au monde, pour dérober les clés de cryptage servant à protéger les communications privées dans le monde entier".

    Coup de tonnerre

    Selon The Intercept, ce piratage a été réalisé par une unité constituée en avril 2010 par la NSA et le service britannique GCHQ. D'après un document secret datant de 2010, le travail de ce groupe donne à ces agences de renseignement la possibilité de surveiller secrètement une vaste part des communications cellulaires mondiales, qu'elles soient vocales ou sous forme de données.

    Ces révélations sonnent comme un coup de tonnerre pour Gemalto, qui se targue, sur son site, de “permettre aux entreprises et aux gouvernements du monde entier d’offrir des services numériques pratiques et de confiance à des milliards de personnes”. L'entreprise est le fournisseur de nombreux opérateurs de téléphonie mobile de par le monde, comme le français Orange ou les groupes AT&T, T-Mobile ou Verizon. Gemalto pourrait toutefois ne pas être le seul fabricant de cartes SIM concerné par ce piratage.

    Des boîtes mail et comptes Facebook piratés

    Des documents du GCHQ révèlent que les services secrets britanniques et américains ont accédé aux boîtes électroniques et aux comptes Facebook d'ingénieurs et d'autres employés de grands groupes de télécommunications et de fabricants de cartes SIM afin d'obtenir des informations pouvant les aider à mettre la main sur des millions de clés de cryptage. Ils auraient eu recours au programme X-KEYSCORE conçu par la NSA pour accéder aux serveurs de ces entreprises ainsi qu’à ceux de groupes comme Yahoo! et Google.

    “C'est incroyable”, a déclaré le député néerlandais Gerard Schouw en réaction aux révélations du site The Intercept. “Nous avons une loi aux Pays-Bas sur les services secrets, et le piratage est illégal.” Avec d'autres parlementaires, il indique vouloir demander des explications au gouvernement néerlandais.

  • Quand le protectionnisme écrase les pauvres

     

    Publié le 10 février 2015 dans Économie générale

    Est-il moralement justifiable pour l’État de prélever de l’argent aux pauvres pour soutenir les entreprises, de sorte que leurs salariés ne perdront pas leur emploi ?

    Par Jasson Urbach et Eustace Davie.

     

     

    Nous n’avons jamais entendu une personne pauvreou tout autre d’ailleurs, se plaindre d’avoir accès à des produits moins chers. Et pourtantbeaucoup de gens en Afrique du Sud (SA) adorent haïr les Chinois juste parce qu’ils nous procurent des vêtements bon marchéParce que les fabricants locaux ne peuvent pas produire des vêtements aussi efficacement et aussi bon marché que les Chinois, le gouvernement SA impose des taxes à l’importation allant jusqu’à 45% du coût de ces vêtements pour protéger l’industrieCela n’empêche pas le vêtement de rester moins cher que ceux fabriqués localement. Il s’agit donc d’une taxe qui est finalement subie, non par les importateursmais par les consommateursmême les plus pauvres.

    Est-il moralement justifiable pour le gouvernement de prélever délibérément de l’argent aux pauvres pour soutenir les entreprises de certains fabricants de vêtements de sorte quecomme les fabricants le prétendentleurs employés ne perdront pas leur emploi ? Surtout quand ces mêmes fabricants insistent pour que leurs concurrents Sud-Africainstels que ceux basés à Newcastle, ferment leur structure sous prétexte qu’avec le consentement de leurs employésils paient en dessous du salaire minimum imposé par le gouvernement et que ça fausse le jeu.

    Ces questions doivent être traitées dans leur contexte. La libéralisation des échanges donne aux consommateurs l’accès aux produits les meilleurs et les moins chers. La vraie question est de savoir si ce sont les consommateurs qui doivent décider quels biens il peuvent acheter et qui doit les produireou si ces décisions doivent être prises en leur nom par leurs gouvernementsInévitablement, les producteurs locaux sont contre la concurrence dite « injuste ». Ce qui conduire à imposer des taxes coûts « injustes » sur les consommateurs.

    Une question similaire se pose concernant les salaires versés aux employés. Qui doit décider de la somme acceptable en salaire décent : les concernés ou le gouvernement ? Cette tactique fait écho à la décision du gouvernement de l’apartheid d’assouplir les lois du travail pour permettre aux travailleurs « noirs » d’intégrer le marché de la main-d’œuvre qualifiée, quand les syndicats « blancs » ont insisté sur « le salaire décent ». En d’autres termes, ils ont plaidé pour un « salaire décent » afin de bloquer la concurrence des nouveaux entrants qui peut-être étaient disposés à travailler pour des salaires inférieurs.

    Le protectionnisme dans le commerce et les marchés du travail engendre des surcoûts payés par les consommateurs, et, dans de nombreux cas, avec peu de bénéfice réel pour les entreprises et travailleurs locaux. La libéralisation du commerce et des marchés du travail permettrait une adaptation plus rapide. Il est impératif que les travailleurs et les propriétaires du capital ne soient pas enfermés dans des environnements économiques non concurrentiels.

    Le textile est peut-être le domaine commercial où est le plus évident que la production de masse chinoise a forcé le changement dans d’autres pays, mais il y en a beaucoup d’autres, comme la fabrication de produits électroniques. Plutôt que de compter sur le gouvernement pour ériger un mur tarifaire derrière lequel se protéger, les fabricants Sud-Africains de textile devraient s’adapter en trouvant des domaines dans lesquels ils possèdent un avantage comparatif, éventuellement dans des modèles uniques de vêtements qui ne se prêtent pas à la production de masse.

    Certains commentateurs se plaignent que la Chine sous-évalue sa monnaie (le yuan) et présentent cela comme une forme subtile de protectionnisme chinois. Ils affirment que, en gardant la valeur de leur monnaie artificiellement basse, les Chinois subventionnent leurs secteurs d’exportation en leur donnant un avantage concurrentiel. On fait valoir que cette forme cachée de protectionnisme nuit à l’Afrique du Sud en détruisant son industrie du vêtement, amplifiant ainsi le problème du chômage. Mais ces critiques blâmant les Chinois, sont-elles pertinentes pour justifier les difficultés rencontrées par nos fabricants de vêtements ?

    Un argument majeur pour la protection des fabricants de vêtements en Afrique du Sud est inextricablement lié à la demande pressante internationale au gouvernement chinois de laisser s’apprécier le yuan face aux autres devises, y compris le rand. Selon ces critiques un yuan à sa « juste » valeur augmenterait le prix des exportations chinoises au point où les fabricants dans d’autres pays seraient en mesure de rivaliser sur un pied d’égalité, mais un examen des faits laisse croire que c’est l’efficacité et non la monnaie sous-évaluée qui rend les produits chinois si compétitifs.

    Jusqu’en 1994, le yuan s’est déprécié de façon constante par rapport au dollar et la Chine a connu une volatilité de ses taux de PIB et d’inflation. Pour résoudre le problème, le gouvernement chinois a apparié le yuan au dollar de 1994 à 2005, ce qui a laissé le taux d’inflation chinois en ligne avec celui des États-Unis (en moyenne 0,75%). Entre 2005 et 2008, le yuan s’est apprécié en moyenne de 7,25% contre le dollar, le taux d’inflation moyen a augmenté pour atteindre 3,49% et la volatilité du PIB a également augmenté. Par rapport au dollar, le taux de change du yuan a augmenté de sorte que l’argument d’un yuan sous-évalué est injustifié. S’il y a quelque chose à blâmer au sujet des querelles constantes sur les taux de change et les menaces de guerres commerciales, c’est qu’il n’y a pas une monnaie universelle « aussi saine que l’or » à utiliser par les pays dans leurs échanges.

    Ce que nos fabricants de vêtements en difficulté ignorent est que les exportations sud-africaines vers la Chine ont énormément augmenté. Introduire les mesures souhaitées pour protéger l’industrie du vêtement pénaliserait non seulement les pauvres en les privant de vêtements bon marché, mais également mettrait d’autres industries et leurs effectifs, en danger.

  • SwissLeaks : qui est immoral ?

    SwissLeaks : qui est immoral ? L’évadé fiscal ou l’État prédateur ?

    Publié le 11 février 2015 dans Fiscalité

    Qui doit être pénalisé ? Le riche qui protège ses intérêts d’une rapine légalisée à son encontre, masquée sous les oripeaux de la démocratie, ou l’État rapace ?

    Par Vincent Bénard.

    Bristol born escape artist Roslyn Walker credits  Paul Townsend (CC BY-ND 2.0)

    Bristol born escape artist Roslyn Walker credits Paul Townsend (CC BY-ND 2.0)

     

    Le déclenchement de l’affaire « SwissLeaks », du nom de la liste des évadés fiscaux ayant bénéficié d’un « abri » au sein de la filiale helvétique de la banque HSBC, nous promet une semaine chargée en diatribes anti « méchante finance », « vilains évadés fiscaux », et « affreuse Suisse », qui privent les États de leurs justes recettes pour lutter contre les effets de la crise, évidemment causée par l’avidité de l’ignoble monde de l’argent sans visage. Le nom d’un acteur à la mode a été jeté en pâture aux médias et à la twittosphère qui le traînent dans la boue parce qu’il a voulu mettre de côté 80 000 euros dans les années 90… Bonjour le niveau.

    Et le pire est qu’une grande masse des Français approuve cette rhétorique et ce clouage au pilori républicain, sans discussion. C’est dire si le lavage de cerveau de nos compatriotes, à base de « consentement à l’impôt » et de « fierté de disposer de services publics », a bien fonctionné.

    Il y aurait beaucoup à dire, techniquement, sur la question (je n’ose dire « le problème ») de l’évasion fiscale, voire de la fraude, et du bénéfice économique qu’il y a à ne pas transférer des sommes d’argent d’agents économiques ayant prouvé qu’ils pouvaient créer beaucoup de valeur vers l’institution la plus inefficace, à savoir le secteur public en général, et l’État en particulier. Mais je vais aujourd’hui m’en tenir à l’aspect « moral ».

    Osons poser la question : le fraudeur fiscal, riche de surcroît, est-il immoral ?

    Regardons ce que paie celui dont le talent (je ne parle pas de l’escroc, du faux chef d’entreprise accro aux subventions, ou du politicien, ici), lui permet de jouir d’un revenu individuel supérieur à  151 000 Euros, barème 2015. Ce qui est appréciable, mais pas non plus extravagant.

    Chaque euro de gain supplémentaire lui sera ponctionné, tout d’abord, du couple CSG CRDS, qui lui prendra environ 8%. Puis de 45% des 92% restants au titre de l’IRPP. Depuis 40 ans, ce taux a fluctué entre 45% (point bas…) et 75% (il y a encore peu…). Voilà donc grosso modo 50% qui partent au fisc.

    Mais si ce niveau de revenu vous a permis, au cours des ans, d’acquérir un capital supérieur au seuil d’imposition à l’ISF, vous allez ajouter à cela un impôt calculé sur votre fortune (moins le seuil), jusqu’à 1,5%. Compte tenu des très faibles rémunérations actuelles du capital, l’ISF en représente donc une grande part, qui se cumule avec l’IRPP. À diverses époques, depuis les débuts de l’ISF, ont parfois existé des mesures de non prélèvement au-delà d’un certain pourcentage de revenu, sans quoi certaines impositions réelles auraient dépassé 100%. Mais en tout état de cause, un taux d’imposition marginal réel supérieur à 75% ou encore pire, n’est pas rare, et ce avant d’avoir payé les taxes locales, et la TVA sur ce que le disponible permet de consommer.

    En contrepartie, près de 50% des ménages ne paient aucun IRPP, et les 10% de foyers les plus aisés (revenu par tête supérieur à 53.000 euros) paient en 2012, 74% de la somme totale collectée au titre de cet impôt (source). Inutile de préciser que concernant le produit de l’ISF, la différence est encore plus flagrante.

    Autrement dit, l’immense majorité de ceux qui paient peu ou ne paient pas l’impôt le plus douloureux, trouvent parfaitement normal que l’on puisse prendre à la minorité dont le talent tire le pays vers le haut, 75% et plus de ce qu’ils gagnent. Ce sont les mêmes qui nous répètent à l’envi que « le consentement à l’impôt est l’indispensable fondation » sur laquelle tient la république. Souvent, ce sont les mêmes qui voudraient diminuer la TVA, « injuste car payée à même proportion par le pauvre et le riche », ou intégrer la CSG « insuffisamment progressive » dans l’assiette de l’IRPP. Bref, il faudrait que la part de fardeau fiscal du riche, déjà élevée, augmente encore et encore, pour satisfaire la demande politique de ceux qui contribuent le moins au festin de l’État.

    Et cet impôt, pour faire quoi ? De nombreux chercheurs  (Comme par exemple le social-démocrate canadien Tim Smith, auteur de La France Injuste, 2006) ont montré que le « modèle social français »  n’était clairement pas redistributif vers les pauvres, ni « universaliste » dans sa conception, mais servait surtout à financer des privilèges de caste : fonctionnaires, petits et gros, et leurs régimes spéciaux de retraite ou d’indemnisation maladie, politiciens, et employés de services publics dont le droit du contrat de travail n’a de privé que le nom. Et aussi, disons-le, certaines clientèles de riches vivant au crochet de l’État : acteurs et artistes subventionnés, gros céréaliers et grands exploitants agricoles (au contraire de nombre de petits producteurs en faillite) et grands patrons d’entreprises vivant grassement de commandes publiques ou subventionnées. En cela, le modèle français se distingue radicalement du modèle suédois, qui prélève autant que le nôtre en impôts, mais qui est bien plus « universel » : le mode de calcul des prestations qu’il délivre est unique, de l’employé au Premier ministre, et les subventions d’aubaine au secteur privé, à défaut d’être inexistantes, sont rarissimes. Aussi même les plus riches sont moins enclins à frauder ce modèle jugé plus équitable (Source : La société de défiance, Algan et Cahuc, 2008). Allez fureter dans le lien fourni en début d’article : vous verrez qu’à population égale, on compte trois fois moins d’évadés fiscaux suédois que français. Je doute qu’une telle différence soit uniquement culturelle ou géographique.

    Alors très franchement, imaginez un entrepreneur français, ayant tout risqué pour accomplir son rêve d’indépendance, de reconnaissance, et d’utilité maximale, ayant échappé au sort funeste attendant la moitié d’entre eux au bout de 5 ans, à savoir la faillite, faisant partie de la minorité qui parvient à s’extraire des tranches basses et moyennes de l’impôt, à force de travail, de talent, et, souvent, d’une part de chance. Ou encore un footballeur professionnel dont la bonne période ne dure que quelques années. Ou un chirurgien qui a triomphé de plus de 10 années d’études hyper sélectives et dont le savoir est perpétuellement remis en cause par le progrès technologique. Trouvez vous anormal que ces gens-là aient envie de conserver, disons, au moins la moitié du fruit de leur travail ? De réussir à se constituer un capital de précaution, si jamais leur bonne étoile les quitte ? Que financer à fonds perdus une bureaucratie perverse et folle leur arrache des larmes de plaisir ?

    Certains peuvent jouer tout à fait légalement des outils de défiscalisation accessibles aux plus internationaux, aux plus mobiles, et réduisent leur facture tout en restant domiciliés en France. D’autres, plus radicaux, s’expatrient, coupant leurs liens avec leur pays d’origine, parfois avec regret. Mais ceux qui ne peuvent partir, parce que leurs gains sont attachés à des clientèles françaises, ou à des activités strictement locales, sont parfois tentés de renverser l’injustice fiscale qui leur est faite en utilisant des moyens que l’État, dans sa quête effrénée du dernier sou, juge illégaux. Car oui, considérer qu’un homme n’est propriétaire que de 25% du fruit de son travail, voire moins, est une injustice considérable, une immoralité sans nom.

    Bien sûr, l’État, au sens large, a besoin d’un certain volume de rentrées fiscales : le fonctionnaire est gourmand, et le subsidié souvent encore plus. Ce qu’il n’arrive pas à prendre aux « riches » et aux « moyens fortunés », il va tenter de le rafler aux classes moyennes qui n’ont pas la surface financière pour se planquer dans les coffres helvètes. Vous me direz donc que le riche qui pratique la dissimulation mérite d’être puni, car il pénalise des gens moins riches que lui. Mais au vu de ce qui précède, qui doit l’être ? Le riche qui protège ses intérêts d’une rapine légalisée à son encontre, masquée sous les oripeaux de la démocratie, ou l’État rapace ?

    L’État a choisi de tenter d’arrondir ses fins de mois en renforçant la répression fiscale. Ne devrait-il pas, pour susciter ce fameux « consentement à l’impôt », d’abord s’imposer une cure de frugalité, chasser les privilèges qu’il a créés, et en finir avec la fiction de « justice fiscale » qui transforme l’impôt progressif en spoliation des fruits du talent ?

     

  • SWISSLEAKS...

    The Guardian
    • 13 FÉVRIER 2015
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    SWISSLEAKS  Trafiquants d'armes, hommes d'affaires corrompus... tous des clients d'HSBC

    "HSBC cachait de grandes sommes d’argent pour des personnes qui étaient accusées de trafic de drogues, de corruption et de blanchiment d’argent", rapporte le Guardian. Le quotidien britannique, l'un des médias à avoir mené l’enquête sur le scandale autour de la filiale suisse de la banque britannique, explique que la banque leur a fourni des comptes, faisant fi de son obligation légale depuis 1998 à vérifier l’origine de l’argent de clients "à haut risque".

    Rami Makhlouf, le cousin du président syrien et "l'homme le plus riche de la Syrie", figure parmi ce type de clients pour des soupçons de corruption. Il détenait un total d'au moins 15 millions de dollars (13 millions d'euros) répartis sur plusieurs comptes HSBC. Parmi les crimes dans lesquels sont impliqués d'autres clients, le journal note d'autres scandales de corruption, notamment en Afrique, un commerce de 'diamants de sang', le pillage d’Etats ex-soviétiques, une affaire de corruption de l’entreprise pétrolière de l’Etat malte, un trafic de drogues depuis la République dominicaine, et le dopage de cyclistes en Espagne