Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Economie - Page 6

  • De l’autoroute publique aux péages privés


    Jeudi 26 juillet.
     La Cour des comptes et la commission des finances de l’Assemblée ont dénoncé mercredi dans un rapport (PDF) la hausse des péages et les conditions accordées aux sociétés concessionnaires des autoroutes privatisées en 2006. Une opération juteuse pour ces dernières, et largement opaque, au détriment de l’Etat français qui organise ainsi sa propre spoliation… comme l’illustrait déjà en juillet 2012 Philippe Descamps.

    Comment l’Etat français organise sa propre spoliation

     

    Amorcée par le gouvernement de M. Lionel Jospin, puis généralisée par celui de M. Dominique de Villepin, la privatisation des autoroutes illustre le capitalisme de connivence à la française. L’Etat impose le système coûteux du péage, assume l’essentiel des risques, puis organise la captation de la rente par les grands groupes.

    par Philippe Descamps, juillet 2012

    « L’usage des autoroutes est en principe gratuit (1). » Enjolivée par cette belle proclamation, la loi de 1955 portant statut des autoroutes a instauré dans les faits la règle du péage. Ce texte restaurait l’un des droits féodaux abolis par la Révolution française, et fondait un système mêlant investissements publics et bénéfices privés. Le recours aux sociétés d’économie mixte concessionnaires d’autoroutes (Semca, dont le capital reste contrôlé majoritairement par l’Etat) financées par le péage n’était dans un premier temps prévu que « dans des cas exceptionnels » ; mais il devint rapidement la norme, au nom du « rattrapage ». En ce milieu des années h1950, l’Allemagne comptait déjà plus de trois mille kilomètres d’autoroutes et l’Italie, plus de cinq cents ; la France, à peine quatre-vingts.

    Les justifications économiques, sociales, puis environnementales du péage demeurent pourtant fragiles. De grands pays comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni ou l’Allemagne ont rapidement développé des réseaux très denses et gratuits. La prise en charge par la collectivité leur a permis de garantir le respect des priorités en matière d’aménagement du territoire, à un coût bien moindre que celui des liaisons à péage, obligatoirement bâties en doublon du réseau existant. Le financement par le péage, nettement plus coûteux, engendre une plus grande emprise sur le territoire et n’a pas permis de réaliser les liaisons les plus vitales, directement payées par l’Etat. En outre, l’égalité des usagers devant le service public n’est pas assurée : dans certaines régions, comme en Bretagne, les autoroutes demeurent gratuites.

    Tant que conduire restait un privilège, il pouvait paraître socialement plus juste de financer les autoroutes par le péage plutôt que par l’impôt. Lorsque la possession d’une voiture se banalise, dans les années 1960 et 1970, cet argument perd de son poids. Pour les automobilistes les plus modestes, le coût des péages ou des taxes sur les carburants devient plus lourd que ne le serait un surcroît d’impôt calculé en fonction des revenus.

    Les péages ont également favorisé un modèle du « tout camion » financé par les automobilistes. En étudiant les tarifs de 2012 sur une vingtaine des principaux parcours, on observe qu’un poids lourd de quarante tonnes (bientôt quarante-quatre) paye en moyenne trois fois le prix d’un véhicule léger, de trois tonnes et demi ou moins. Pourtant, les coûts d’investissement et d’entretien générés par le trafic des camions sont sans commune mesure avec ceux des automobiles ou des motos. Une étude récente établit que le montant de la construction des chaussées pour les camions à trois essieux ou davantage représente plus de cinq fois celui des voitures (2). Elle confirme surtout que l’usure des autoroutes ne doit rien à ces dernières. Les dépenses d’entretien structurel ne sont imputables qu’aux poids lourds, avec un niveau quatre cents fois supérieur pour un quarante tonnes que pour un douze tonnes.

    L’évolution des Semca témoigne de celle de la technostructure des routes. Les concessionnaires, d’abord très liés à l’administration, aux ingénieurs de l’équipement et aux emprunts garantis par la collectivité, ont travaillé de plus en plus en cheville avec les acteurs du bâtiment et des travaux publics (BTP), qui ont saisi l’intérêt de recruter d’anciens commis de l’Etat. Ainsi, en 1969, le ministre de l’équipement et du logement Albin Chalandon leur donne davantage d’autonomie. Les premières concessions à des sociétés à capitaux entièrement privés apparaissent (AREA, Acoba, Appel). Mais, dès la fin des années 1970, celles-ci se montrent incapables d’assurer conjointement les lourds investissements nécessaires et l’exploitation. A l’exception de Cofiroute, toutes ont été rachetées par l’Etat, qui leur a remboursé leur mise de départ et « a finalement assuré les risques pour lesquels leur contribution avait été sollicitée », constatait la Cour des comptes en 1992 (3).

    Il est devenu difficile de se passer de la manne du péage… quitte à faire évoluer sa justification. Le régime des concessions apparaît sans limites, le recours au péage sans fin. Les premiers droits de passage étaient légitimés par la nécessité de rembourser le coût des travaux. Dès l’amortissement des infrastructures, un glissement s’opère vers les nouvelles sections à construire… Les artères les plus rentables permettent de financer d’autres itinéraires, rentables ou non. Cette pratique dite de l’« adossement » s’est étendue jusqu’au coup d’arrêt du Conseil d’Etat en 1999.

    Au prétexte de la dette

    Contraint de mettre fin à l’adossement, le gouvernement de M. Lionel Jospin (Parti socialiste, PS) sépare le financement des nouvelles autoroutes en créant des concessions distinctes, sans revenir sur les anciennes ni baisser les droits de péage des autoroutes déjà amorties. En mars 2001, M. Laurent Fabius, ministre de l’économie, des finances et de l’industrie, décide d’aligner le régime des Semca sur celui des sociétés privées, arguant de la possibilité pour celles-ci de concourir à l’étranger. Les concessions sont prolongées jusqu’à 2026 et 2028, voire 2032 selon les réseaux. Juste avant de quitter le pouvoir, en 2002, M. Fabius décide également de céder au privé 49 % du capital d’Autoroutes du sud de la France (ASF), le premier concessionnaire français.

    A l’entrée dans le XXIe siècle, l’équipement de la France semble arriver à maturité. Sur les 20 542 kilomètres constituant le réseau routier national en 2011, on compte 3 170 kilomètres d’autoroutes non concédées, qui restent financées par le budget de l’Etat, et 8 771 kilomètres d’autoroutes concédées. Les nouvelles constructions deviennent marginales. La charge des emprunts ne peut aller qu’en s’amenuisant. Devenu premier ministre, M. Jean-Pierre Raffarin (Union pour un mouvement populaire, UMP) prend l’engagement de conserver à l’Etat la responsabilité des autoroutes et de certaines grandes liaisons structurantes pour l’aménagement du territoire.

    Pourtant issu de la même majorité, son successeur change radicalement d’orientation. M. Dominique de Villepin décide en effet de privatiser toutes les Semca par décret, sans vote du Parlement. Au début de 2006, le capital encore public des sociétés ASF, Société des autoroutes du nord et de l’est de la France (Sanef), Société des autoroutes Paris-Normandie (SAPN), Autoroutes Paris-Rhin-Rhône (APPR) et Area est cédé pour 14,8 milliards d’euros, alors que ces sociétés bénéficient de concessions valables encore entre vingt-trois et vingt-sept ans… Certes, l’Etat reste propriétaire du réseau, mais c’est un propriétaire qui laisse à d’autres la jouissance de ses investissements. Le terme des concessions, entamées pour certaines dans les années 1950, est si lointain que l’on trahit l’esprit du préambule de la Constitution (27 octobre 1947) selon lequel « un monopole de fait doit devenir la propriété de la collectivité ».

    Pour faire avaler la pilule de la privatisation, le rapport d’information sur la « valorisation du patrimoine autoroutier » du député Hervé Mariton (UMP) invoque l’emploi et les besoins budgétaires (4). La dette devient un instrument au service d’intérêts particuliers. Et si l’élu de la Drôme pointe l’avis de la direction des routes, qui « met en garde contre les risques de comportement prédateur sur l’activité des Semca », il juge ces craintes « exagérées ». En insistant sur l’apport immédiat des privatisations pour les caisses de l’Etat, on tente de faire oublier les dividendes à venir qui lui échapperont.

    Quelques données fondamentales avaient de quoi appâter les « investisseurs » privés. Les autoroutes procurent, en fait, un quasi-monopole naturel. La demande de déplacements plus sûrs et plus rapides ne semble pas près de se tarir : en 2010, il y avait 5,25 fois moins de probabilité de se tuer sur une autoroute que sur une route départementale, et 6,6 fois moins que sur une nationale. Les autoroutes assurent 25 % de la circulation pour moins de 1 % du réseau asphalté. Avec environ 20 % du réseau concédé en Europe, les autoroutes françaises représentaient plus de 31 % des revenus des péages européens en 2011 (5). La rente se révèle confortable. Elle a été estimée dans le rapport Mariton entre 34 et 39 milliards d’euros sur la durée des concessions. C’était sans compter sur l’ingéniosité des nouveaux actionnaires...

    « Distorsion entre péages et coûts », « opacité des tarifs », « maximisation des recettes » : la Cour des comptes formule dès 2008 les nombreuses incohérences et dérives du système autoroutier français (6), « devenu trop favorable aux concessionnaires ». Les magistrats dénoncent notamment la coexistence de plusieurs régimes juridiques « qui donnent au système de détermination des péages un caractère disparate, voire arbitraire ». Les concessionnaires profitent aussi d’une indexation contractuelle sur les prix, injustifiée au regard de leur gain de productivité, et de « hausses additionnelles mal étayées ». Leur meilleure astuce réside dans la technique du « foisonnement ». Celle-ci consiste à respecter en principe les tarifs moyens accordés, tout en faisant porter les hausses en priorité sur les trajets les plus fréquentés. Le tarif de l’itinéraire Mantes-Gaillon, par exemple, a pu grimper de 5,1 % par an pendant douze ans. Au total, note la Cour, « les recettes effectives des sociétés concessionnaires augmentent plus qu’elles ne le devraient par rapport aux niveaux de tarifs affichés et aux hausses accordées ».

    Un an après cette première enquête, la Cour constate que l’accroissement des recettes demeure élevé : « Au premier semestre 2008, les recettes de péage ont progressé respectivement de 4,8 % et 4,5 % pour les groupes ASF et APRR, et les produits totaux d’exploitation de 5,6 % pour le groupe Sanef, dans un contexte de quasi-stagnation de leur trafic. » Et, quand les magistrats insistent pour clarifier le système, compenser les hausses injustifiées ou revoir l’indexation, tant les concessionnaires que le gouvernement leur opposent le strict respect du sacro-saint « contrat » et « l’équilibre financier de la concession tel qu’il a pu être établi à son origine (7) ».

    Tant que les dividendes étaient réinvestis dans les infrastructures, la complaisance de l’administration vis-à-vis des concessionnaires n’était pas forcément contraire à l’intérêt public. Mais après la privatisation, les pouvoirs publics ont continué à homologuer sans rechigner des tarifs de plus en plus favorables aux actionnaires. L’Etat renonçait ainsi à exercer ce qu’il lui restait d’autorité réglementaire, au détriment de l’usager.

    La préoccupation pour l’emploi relevait elle aussi d’une fable dont le personnel des péages, remplacé massivement par des automates, a fait les frais. Tandis que les slogans du groupe Vinci vantent « l’homme, au cœur des réussites d’ASF », le dialogue social se détériore. Les intersyndicales dénoncent une « austérité salariale » s’appuyant sur l’individualisation des augmentations. La réduction du personnel s’accélère. Escota (groupe Vinci-ASF), par exemple, aurait perdu 18 % de ses effectifs entre 2007 et 2009 (8).

    Les principaux actionnaires des sociétés d’autoroutes sont issus du BTP. On y retrouve les financiers traditionnels des campagnes électorales. Et c’est donc sans surprise que l’on voit arriver à la tête de l’une d’entre elles l’un des chouchous des oligarques français, M. Alain Minc, nommé à la fin de 2011 à la présidence de la Sanef.

    Les acteurs du système autoroutier illustrent en définitive cette coalition d’adversaires des grands services publics décrite par l’économiste James K. Galbraith : « Aucune de ces entreprises n’a intérêt à rétrécir l’Etat, et c’est ce qui les distingue des conservateurs à principes. Sans l’Etat et ses interventions économiques, elles n’existeraient pas elles-mêmes, et elles ne pourraient pas jouir du pouvoir de marché qu’elles sont parvenues à exercer. Leur raison d’être est plutôt de tirer de l’argent de l’Etat — tant qu’elles le contrôlent (9). »

    Philippe Descamps

    Journaliste.

    (1Loi du 18 avril 1955 portant statut des autoroutes. Texte toujours en vigueur dans sa version consolidée du code de la voirie routière, article L122-4.

    (2) «  Imputation aux usagers PL et VL du coût d’infrastructure des routes  », rapport du service d’études sur les transports, les routes et leurs aménagements, Bagneux, juin 2009.

    (3) «  La politique routière et autoroutière, évaluation de la gestion du réseau national  », rapport public de la Cour des comptes, Paris, mai 1992.

    (4) Hervé Mariton, «  La valorisation du patrimoine autoroutier  », rapport d’information de l’Assemblée nationale, 22 juin 2005.

    (5) Données de l’Association européenne des concessionnaires d’autoroutes et d’ouvrages à péage.

    (6) «  Rapport public annuel  », Cour des comptes, 6 février 2008.

    (7) «  Rapport public annuel  », Cour des comptes, 4 février 2009, et réponse de la ministre de l’économie.

    (8Le Canard enchaîné, Paris, 21 septembre 2011.

    (9) James K. Galbraith, L’Etat prédateur. Comment la droite a renoncé au marché libre et pourquoi la gauche devrait en faire autant, Seuil, Paris, 2009.

    Soutenez-nous !

    L’existence de notre journal ne peut pas uniquement dépendre du travail de la petite équipe qui le produit, aussi enthousiaste soit-elle. Nous savons que nous pouvons compter sur vous.
    Faites un donAbonnez-vous

     

  • Buvez du coca !

    NUTRITION

     

    SNI_coca

    Lundi 18 février 2013

    Ce qui arrive dans votre corps 30 mn après avoir bu un Coca

     

    Soleil, chaleur, gorge sèche. Votre main se referme sur la canette en fer-blanc, glacée, et constellée de petites gouttes d’eau.

    Vous faites pivoter l’anneau du couvercle…« Pshhht ! », c’est le soulagement.

    Le liquide pétillant s’écoule à flots dans votre gorge. Le gaz carbonique vous monte au nez,vous fait pleurer, mais c’est si bon ! Et pourtant…

    Une dizaine de minutes plus tard

    La canette vide, vous avez avalé l’équivalent de 7 morceaux de sucre ! [1] En principe, vous devriez vomir d’écœurement [2] Mais l‘acide phosphorique contenu dans la boisson gazeuse masque le sucre par un goût acidulé, donnant ainsi l’illusion de désaltérer. [3]

    Après une vingtaine de minutes

    Votre taux de sucre sanguin augmente brutalement, mettant une première fois votre organisme à l’épreuve.Votre pancréas s’emballe, sécrète de l’insuline en masse. Celle-ci est malgré tout vitale, elle seule peut permettre de transformer l’énorme surplus de sucre que vous avez dans le sang en graisse, ce que votre corps est mieux capable de supporter. En effet, il peut stocker la graisse, certes, sous forme de bourrelets disgracieux, mais provisoirement inoffensifs, tandis que le glucose est pour lui un poison mortel lorsqu’il est en haute dose dans le sang. Seul le foie est capable de stocker le glucose mais sa capacité est très limitée.

    Après une quarantaine de minutes

    La grande quantité de caféine présente dans le Coca est entièrement absorbée par votre corps. Elle dilate vos pupilles et fait monter votre pression sanguine.

    Au même moment, les stocks de sucre dans votre foie saturent, ce qui provoque le rejet du sucre dans votre sang.

    Après ¾ d’heure

    Votre corps se met à produire plus de dopamine. Il s’agit d’une hormone qui stimule le « centre du plaisir » dans le cerveau. Notez que la même réaction se produirait si vous preniez de l’héroïne.

    Et ce n’est pas le seul point commun entre le sucre et les drogues. Le sucre peut également provoquer une dépendance. A tel point qu’une étude a démontré que le sucre était plus addictif que la cocaïne. [4] Ce n’est donc pas un hasard si « l’accro » qui s’apprête à boire son Coca est aussi fébrile qu’un narcomane en manque.

    Après 1 heure

    Vous entrez en chute de sucre (hypoglycémie), et votre niveau d’énergie, aussi bien physique que mental, s’effondre.

    Pour éviter cette cascade de catastrophes, la seule véritable solution est de boire de l’eau.

    « Je ne suis pas une plante verte ! »

    Il est difficile de se remettre à boire de l’eau quand on s’est habitué pendant des années à des boissons sucrées ou du moins composées (café, thé, vin, bière…).

    On croit ne plus pouvoir se contenter du goût fade de l’eau. « Je ne suis pas une plante verte ! » ; « L’eau, c’est pour les bains de pied ! » s’amuse-t-on à dire à table en empoignant la bouteille de vin rouge.

    En réalité, le mal est souvent plus profond qu’une affaire de goût. Les personnes qui rechignent à boire de l’eau sont souvent des personnes qui n’ont pas vraiment soif. Et si elles n’ont pas soif, c’est parce que, généralement, elles manquent d’exercice physique.

    Lorsque vous avez bien transpiré, au travail ou au sport, boire plusieurs verres d’eau n’est pas seulement une nécessité – c’est un suprême plaisir.

    Ma prévenante maman m’avait inscrit avec mon grand frère dans un club de judo. Nous étions quarante garnements dans une salle municipale de 30 mètres carrés éclairée au néon et garnie de tatamis, qui n’était aérée que par un étroit vasistas. Après un intense échauffement où nous devions sauter, courir, puis faire des séries de pompes et d’abdominaux, le professeur nous faisait enchaîner les prises, combats debout et au sol, avant de terminer (c’était le meilleur moment !) par une grande bataille de « petits chevaux » où, monté sur le dos d’un camarade, il fallait précipiter les autres par-terre.

    A la fin du cours, rouges, soufflants, suants, nous nous élancions vers les vestiaires où se trouvaient, au dessus de grandes vasques attenantes aux urinoirs, des robinets-poussoirs d’où sortait de l’eau chaude mais, en ces moments, si savoureuse ! L’affreuse odeur des latrines n’empêchait aucun d’entre nous de s’en remplir l’estomac avec délice. Les plus pressés appliquaient directement leur bouche sur le robinet, tandis que les autres, plus civilisés, formaient une cuvette avec leurs mains et lapaient sans reprendre haleine le précieux liquide. Je n’ose penser à la quantité de mucus et de microbes qui s’échangeaient à cette occasion.

    Toujours est-il que je ne me souviens pas avoir jamais bu meilleure boisson que l’eau des cabinets de notre club de judo.

    Pourquoi arrêter le Coca

    Réfléchissez-y. Après l’effort, vous pouvez aussi avoir envie de boire un Coca-Cola ou une bière bien fraîche, mais vous vous rendrez compte que cela ne vous procure pas un plaisir aussi intense que l’eau. L’eau est le plaisir suprême quand on a vraiment soif, de même que, lorsqu’on a faim, lors d’une grande promenade en montagne par exemple, il n’y a rien de tel qu’un saucisson, qu’on ne touchera plus une fois rentré à la maison et repris le rythme habituel.

    Mais il n’y a pas que le plaisir. Boire de l’eau réduira votre consommation de toutes les substances néfastes qu’on trouve dans les sodas, à commencer par :

    • l’acide phosphorique, qui interfère avec le métabolisme du calcium, et cause de l’ostéoporose ainsi qu’un ramollissement des dents et des os ;
    • le sucre, facteur de diabète, maladies cardiovasculaires, inflammation chronique, arthrose, cancer ;
    • l’aspartame : il y a plus de 92 effets secondaires liés à la consommation d’aspartame, dont les tumeurs cérébrales, l’épilepsie, la fragilité émotionnelle, le diabète ;
    • la caféine, qui provoque tremblement, insomnie, maux de crâne, hypertension, déminéralisation et perte de vitamines.

    Sans compter que l’acidité du Coca-Cola est désastreuse pour les dents. Avez-vous déjà remarqué comme vos dents sont râpeuses après avoir bu du Coca-Cola ? Plus acide que le jus de citron, il peut-être utilisé pour décaper les pièces en métal (faites l’expérience de laisser une pièce sale de 50 centimes pendant une demi-heure dans un verre de Coca). L’émail de vos dents devient poreux, jaunâtre, grisâtre lorsque vous buvez souvent du Coca-Cola et c’en est la conséquence.

    Inutile enfin, de parler des effets sur l’obésité : surtout chez les enfants, la consommation de sodas augmente le risque de 60 %. Il n’y a aucune bonne raison de faire boire des sodas à vos enfants, sauf si vous voulez

    • augmenter leur risque de diabète ;
    • augmenter leur risque de cancer ;
    • leur créer une dépendance au sucre.

    Alors voilà une bonne source d’économies en ces temps difficiles : ne plus laisser aucune boisson sucrée franchir le seuil de votre maison. Et réapprendre à boire de l’eau : commencez votre journée par boire un grand verre d’eau, avant même le petit-déjeuner. Vous ferez un merveilleux cadeau à vos reins, eux qui travaillent si dur à nettoyer votre sang toute la journée. Ils seront plus sains, plus propres, et vous vous sentirez en meilleure forme.

    A votre santé !

    Jean-Marc Dupuis

     

    Sources :

    [1] Sugar Stacks beverages,
    http://www.sugarstacks.com/beverages.htm

    [2] What Happens to Your Body Within an Hour of Drinking a Coke,
    http://articles.mercola.com/sites/articles/archive/2008/01/19/what-happens-to-your-body-within-an-hour-of-drinking-a-coke.aspx

    [3] Coca-Cola une boisson dangereuse et cancérigène,
    http://www.dangersalimentaires.com/2011/04/coca-cola-une-boisson-dangereuse-et-cancerigene/

    [4] Intense Sweetness Surpasses Cocaine Reward,
    http://www.plosone.org/article/fetchArticle.action?articleURI=info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pone.0000698



    Pour en savoir plus, cliquez ici : http://www.santenatureinnovation.com/quelles-solutions/nutrition/ce-qui-arrive-dans-votre-corps-30-mn-apres-avoir-bu-un-coca/#ixzz2aJF8rnYl

  • Vacanciers et fauchés :

     Comment survivre aux « tarifs aoûtiens »

    Elsa Ferreira | Journaliste

    Pour partir les poches vides, il faut de la débrouille. Cinq futurs vacanciers nous racontent comment ils espèrent conjuguer vacances et budget serré.


    Une voiture stationnée sur le bord d’une route (John Millar/Flickr/CC)

    LES FRANÇAIS VEULENT PARTIR, MAIS NE SAVENT PAS ENCORE OÙ

    L’année dernière, 63% des Français sont partis en vacances. Cette année, 66 % espèrent partir pendant l’été. Mais vouloir n’est pas toujours pouvoir : à ce jour, seulement 44 % des vacanciers sont certains de partir. Pour les 22 % restants, on en est toujours au stade de projet, selon un sondage réalisé pour Easyvoyage.

    Pour faire dégonfler la facture (859 euros par personne en moyenne), les vacanciers partent moins loin ou comptent sur l’improvisation : sept Français sur dix ne quitteront pas le pays cet été, et un quart d’entre eux n’ont toujours pas choisi leur destination.

    Glwadys est à découvert. Nous sommes le 1er du mois. Elle a tout de même décidé de partir deux semaines à Prague en août, et prend sa situation avec humour :

    « J’ai bon espoir : j’ai planté des pièces de dix centimes dans un pot, et je soulève toutes les pierres que je croise. Je trouverai le budget. »

    Virginie aussi prend la période de vacances avec philosophie, malgré un budget plus que serré. Au chômage depuis six mois, elle a décidé de s’accorder du bon temps. Pour les dettes qui s’accumulent, à la banque et auprès des amis, on verra plus tard. Même si ça lui pèse souvent, « surtout la nuit ». Avec un ton de défiance, elle écrit :

    « Des vacances, j’en ai prévu. Eh ouais. On part en Sicile. Juste comme ça. Et après nous, le déluge. »

    De la philosophie, il en faudra pour ces Français qui ont passé leur année à rogner par tous les bouts leur budget pour faire face à la baisse du pouvoir d’achat. Partira, partira pas ? La question reste ouverte.

    1. Sylvia, 24 ans, 600 euros pour deux semaines de road trip en Écosse
    2. Claire, 30 ans, 300 euros pour un mois en van (et en famille) en France
    3. Janis, 32 ans, 400 euros pour deux mois de vacances à domicile
    4. Caroline, 31 ans, 150 euros pour deux semaines en système D
    5. Jacqueline, 44 ans, 1 000 euros à deux pour trouver une maison à retaper

    Sylvia « ne gagne pas un salaire mirobolant », mais elle adore voyager. Avec un week-end tous les deux mois et un grand voyage par an, elle est devenue la reine « des dépenses sans parachute ». Quitte à se mettre, un peu, en difficulté :

    « Les voyages, c’est ma priorité. Même si j’ai un pépin, je préfère taper dans mon découvert (autorisé), ou demander un délai de paiement aux administrations plutôt que de toucher à mon budget voyage. C’est sûr que ce n’est pas l’attitude la plus responsable, mais c’est la mienne ! »

    Un « mélange de chance et de culot », qui pour l’instant marche bien.

    Sylvia est chargée de la communication dans un centre d’art contemporain. Payée au smic, elle met entre 100 et 150 euros de côté par mois pour partir.

    Elle est aussi photo-reporter de vocation. Une passion qu’elle « ne veut pas lâcher ». Elle profite donc de ses voyages pour faire des reportages qu’elle vend ou présente à des concours. Avec l’argent gagné, elle découvre un nouveau pays. Et ainsi de suite.

    Elle remplit aussi des dossiers de demande de bourses (« des heures de boulot »). Il y a quelques années, elle a ainsi obtenu 500 euros de la mairie de Paris pour partir en Inde.

    Un cycle d’autofinancement qui demande de l’énergie (elle y consacre pratiquement tout son temps) mais qui fonctionne : une série de photos en Afrique du Sud lui a permis de remporter un concours organisé par une compagnie aérienne. Le prix : un billet pour le Chili, un autre pour le Vietnam où elle a réalisé un reportage pour le National Geographic.

  • Médicaments vendus en ligne

    Médicaments vendus en ligne : les réponses à vos questions

    Sophie Caillat | Journaliste Rue89


    Une très très grosse pilule sur un clavier (Mark/Flickr/CC)

    Parce que beaucoup de fantasmes circulent au sujet de la vente de médicaments en ligne, on a décidé d’ouvrir cet espace afin de répondre aux questions que vous vous posez.

    D’abord, on lit partout « les médicaments s’achètent désormais sur Internet »alors que c’était déjà le cas depuis janvier... Ce 12 juillet correspond simplement à l’entrée en vigueur des « bonnes pratiques » applicables aux sites de vente en ligne.

    1

    Quels médicaments sont concernés ?

     

    On entend partout qu’il s’agit de « 4 000 médicaments ». En réalité ce sont tous les médicaments « délivrables » sans prescription médicale.

    Pour savoir lesquels sont concernés, vous pouvez par exemple utiliser le moteur de recherche des éditions Vidal, la référence des médecins. Si les antibiotiques sont naturellement exclus, les antirhumes sont les premiers concernés.

    2

    Qui vend en ligne ?

     

    Les e-pharmacies doivent être le prolongement d’officines tenues par des pharmaciens diplômés et autorisées par l’agence régionale de santé du territoire concerné.

    Le site doit obligatoirement contenir des informations permettant d’établir un lien avec l’officine à laquelle il est rattaché.

    A ce jour, seules 35 pharmacies sur 23 000 en France pratiquent la vente de médicaments en ligne. La liste est disponible sur le site de l’ordre des pharmaciens.

    L’Ordre indique que « les sites français autorisés de commerce en ligne de médicaments comportent a minima les informations suivantes :

    • la raison sociale de l’officine ;
    • les noms, prénoms et numéro RPPS du ou des pharmaciens responsables du site ;
    • l’adresse de l’officine, l’adresse électronique ;
    • le numéro de téléphone et de télécopie ;
    • le numéro de licence de la pharmacie ;
    • la dénomination sociale et les coordonnées de l’hébergeur du site internet ;
    • le nom et l’adresse de l’agence régionale de santé territorialement compétente. »
    3

    Bientôt, on pourra les acheter chez McDo ?

     

    Derrière la question provocatrice de Ruskoff qui nous demande si bientôt on pourra acheter ses médicaments chez McDo, KFC ou Starbucks, on comprend qu’il s’interroge sur la vente en libre service en grande surface.

    Afin de faire baisser les prix, l’Autorité de la concurrence était favorable à la vente de certains médicaments en grandes surfaces. Mais la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a coupé court à cette hypothèse, « pas envisagée par le gouvernement ».

    4

    Comment se passe la livraison ?

     

    Emilie Brouze, de Rue89, nous demande si on reçoit les médicaments chez nous car s’il faut aller les chercher, quelle utilité ?

    La livraison est bien prévue, les médicaments devront obligatoirement arriver au domicile afin de garantir la traçabilité.

    Sur les 35 sites de vente en ligne, certaines pharmacies n’ont pas encore mis en place la livraison ; d’autres proposent une livraison rapide et garantie par Colissimo et offrent même les frais de port à partir de 49 euros.

    L’arrêté prévoit qu’aucune quantité minimale de commande ne peut être imposée et que des quantités maximales sont recommandées afin de prévenir la surconsommation de médicaments.

    5

    Quel contrôle sur la provenance ?

     

    Sur Twitter, @Izenah56 nous demande si ces sites de vente seront contrôlés par un organisme permettant de garantir la provenance des médicaments.

    Le pharmacien, selon l’arrêté paru au Journal officiel doit assurer personnellement la délivrance, il vérifie que le médicament qu’il délivre est bien celui commandé. En cela, rien ne change par rapport à la situation actuelle.

    6

    A quand un service de livraison pour personnes seules ?

     

    La question posée par Racaillelarouge rejoint celle de Chapolin : « Quelle idée de commander des médicaments en ligne alors qu’il suffit d’aller à la pharmacie du coin pour les avoir bien plus rapidement ? »

    Quand on est en ville, en effet, on voit mal à quoi sert la commande en ligne. Quand on est loin d’une pharmacie, la vente en ligne facilite la vie. Mais quand on est isolé chez soi parce qu’on est malade, qu’en est-il ? Il existe en effet un service de livraison prévu par la loi, mais cela concerne les médicaments sur prescription.

    En autorisant la vente en ligne de médicaments, l’intention du gouvernement n’est pas de rendre les pharmacies plus accessibles mais de faire baisser les prix en augmentant la concurrence.

    7

    Et les médicaments pour animaux ?

     

    La nouvelle autorisation du commerce électronique de médicaments concerne uniquement les produits à usage humain.

    Mais la question posée par Akita est très pertinente car des médicaments vétérinaires sont déjà vendus en ligne. Y compris certains qui devraient être soumis à prescription, tels que le Mégépil, un contraceptif pour chatte,disponible sur Internet alors qu’il faudrait une ordonnance.

  • GAZ DE SCHISTE

    enquête Le 05/07/2013 Par Sébastien Rochat

    BATHO : UN INDUSTRIEL DU GAZ DE SCHISTE SAVAIT-IL À L'AVANCE ?

    Les coulisses d'un diner "off" dans l'Ohio

    Comment un industriel du gaz de schiste a-t-il pu évoquer la marginalisation de la ministre de l'environnement deux semaines avant son éviction ? En posant cette question lors de sa conférence de presse, Delphine Batho a dénoncé les groupes de pression à l'origine de son renvoi. La veille,Challenges avait expliqué comment Philippe Crouzet, président du directoire de Vallourec (leader mondial de la fabrication de tubes utilisés dans l'exploitation des gaz de schiste) avait annoncé mi-juin, devant plusieurs journalistes, que "le problème Batho était en passe d’être réglé". Une information d'autant plus crédible que Crouzet est par ailleurs l'époux de Sylvie Hubac, directrice de cabinet de François Hollande. Mais joints par @si, plusieurs participants à ce "dîner informel" contestent l'interprétation du journaliste de Challenges.

    Après l'éviction de Nicole Bricq du ministère de l'environnement à cause du lobby pétrolier, Delphine Batho a-t-elle été victime d'une attaque au gaz (de schiste) ? Jeudi 4 juillet, au cours de sa conférence de presse, la ministre a dénoncé les lobbys du gaz de schiste et du nucléaire : "ces forces ne se sont pas cachées de vouloir ma tête", a-t-elle affirmé. Exemple :"Est-il normal que le patron de l'entreprise Vallourec, directement intéressée par l'exploitation des gaz de schiste, ait pu annoncer ma marginalisation des semaines à l'avance devant des responsables de son entreprise aux Etats-Unis ?"

    Le patron de Vallourec aurait même déclaré qu'elle était "un désastre" picto

     

    C'est le site Challenges qui a évoqué cette histoire pour la première fois.

    C'était dans les tuyaux

    "Le mois dernier, lors d’un voyage aux Etats-Unis, le président du directoire de Vallourec, Philippe Crouzet, avait dit devant l’état-major américain de son groupe, qu’elle était “un vrai désastre”. Philippe Crouzet (...) avait ajouté que le problème Batho était en passé d’être réglé, car son influence au gouvernement allait désormais décroître. Un propos prémonitoire qui montre que cela faisait belle lurette que la ministre de l’Ecologie n’était plus en odeur de sainteté auprès des proches du président"écrit ainsi Challenges.fr le 3 juillet.

    picto Article publié la veille de sa conférence de presse expliquant son limogeage

    Le voyage de presse en question a eu lieu du 11 au 14 juin à l'occasion de l'inauguration aux Etats-Unis d'une nouvelle aciérie du groupe français Vallourec, leader mondial des tubes sans soudures utilisés notamment dans l'exploitation du gaz de schiste. Lors de ce voyage de presse à destination de Youngstown (Ohio), six médias étaient présents : l'AFP, Le Monde, Le FigaroLes Echos, Challenges et le Financial Times. Quand l'AFPLe FigaroLes Echos et Challenges ont évoqué cette inauguration, aucun d'entre eux n'a signalé qu'il s'agissait d'un voyage de presse financé (totalement ou en partie, selon les médias) par Vallourec. "Quand les journalistes politiques voyagent avec le staff présidentiel, est-ce qu'ils le disent ?" se défend l'un des journalistes concernés.

    Seul Le Monde, qui avait été épinglé pour un précédent voyage de presse organisé par Total, l'a raconté dans un compte rendu publié le 2 juillet, quelques heures avant l'éviction de Batho, en indiquant que le président du directoire de Vallourec "avait invité pour la circonstance plusieurs journalistes, dont celui du Monde".

    C'est toujours Le Monde, après la publication de l'article de Challenges sur les propos qu'aurait tenus Crouzet, qui a dévoilé une partie des coulisses d'un "dîner informel" organisé au cours du voyage : "Lors de ce repas, auquel a assisté un journaliste du Monde, Philippe Crouzet, à la tête du groupe depuis 2009, avait invité les responsables américains de l'entreprise française à détailler l'ampleur de la révolution introduite aux Etats-Unis par l'exploitation du gaz de schiste (...) A cette occasion, M. Crouzet s'était livré à une attaque en règle de la ministre de l'époque, la qualifiant d'incompétente, notamment dans sa gestion du débat national sur la transition énergétique. M. Crouzet, à demi-mot, avait laissé entendre qu'il souhaitait que ce débat soit conduit autrement, voire par une autre personne. Il ne semblait toutefois pas indiquer que son sort était scellé".

    Crouzet dans Le Monde

    "C'EST DÉLICAT DE PARLER D'UN OFF, D'AILLEURS, À MON TOUR, JE RÉCLAME LE OFF"

    Un problème Batho "en passe d'être réglé" pour Challenges, une ministre dont le sort n'est pas "scellé" pour Le Monde, autant dire que les journalistes n'ont pas vraiment entendu la même chose. Sur les cinq journalistes français présents à ce dîner, nous avons réussi à en contacter quatre. Un dîner informel ? "C'est un dîner off où l'on discute à bâtons rompus sans qu'il y ait de déclarations officielles", nous explique Gilles Paris du Monde. Si aucun des journalistes ne se souvient précisément de ce qu'il a mangé, tous se rappellent bien des circonstances du dîner, même si certains convives se sentent encore gênés d'en parler. "C'est délicat de parler de quelque chose qui est off, d'ailleurs, à mon tour, je réclame le off pour moi aussi", nous demande par exemple l'un des hôtes de Vallourec.

    La scène se passe donc mardi 11 juin, dans un restaurant de Youngstown, à 21 heures (heure locale). "C'était après un long voyage et avec du décalage horaire qu'il a parlé d'elle", indique l'un des participants, comme pour dédouaner Crouzet. "Je n'ai pas pris de notes mais on a parlé à 95% des gaz de schiste et à 5% de Delphine Batho, à la fin", explique Gilles Paris du Monde. Et qu'a dit Crouzet ? "Il nous a dit que la ministre n'était pas compétente, que ça finirait pas se voir", indique le journaliste du Monde. "Il a été critique envers elle, mais c'était les critiques d'un président d'un groupe qui fait des affaires aux Etats-Unis grâce au gaz de schiste, il n'a jamais dit que Batho était sur un siège ejectable", assure un autre. Un troisième journaliste, qui souhaite lui aussi rester anonyme, a une autre interprétation : "A aucun moment il n'a dit qu'elle allait tomber, je n'ai vraiment pas entendu ça. Mais il a dit que la gestion dont il se plaignait était remontée". Remontée jusqu'où ? "Il ne l'a pas dit, c'était sous-entendu mais selon lui, il y avait eu une prise de conscience que sa gestion posait problème" en haut lieu. Comprendre : l'Elysée. Le fait qu'il soit marié à la directrice de cabinet de Hollande, ça n'a pas interpellé les journalistes ? "En rentrant à l'hôtel, on en a parlé, mais on ne connaissait pas le rôle exact de son épouse, on pensait qu'elle était simple conseillère", explique l'un d'entre eux.

    D'une manière générale, sur ce dîner, certains des journalistes présents sont gênés que le journaliste de Challengesait grillé le off : " Si on commence à citer des propos des patrons du CAC 40 qui se lâchent sur leur ministre de tutelle, on n'est pas sorti de l'auberge", s'agace l'un des convives.

    De son côté, le journaliste de Challenges, Nicolas Stiel, maintient ses informations et conteste avoir grillé le off : "C'est un dîner on. Mais quand Crouzet s'est mis à dire des horreurs sur Batho, dont il n'a jamais prononcé son nom, la responsable de la com', Caroline Philips, nous a dit que c'était off. Ensuite, tout le monde s'est couché, et le lendemain, pour l'inauguration de l'usine, quand un journaliste le relance sur Batho, il poursuit sur le même ton. J'ai alors estimé que ce n'était plus off". Si deux journalistes considèrent que Crouzet n'a jamais laissé entendre qu'il disposait d'information en haut lieu, le journaliste de Challenges soutient le contraire : "Il a dit que son périmètre allait être réduit, qu'elle allait avoir moins d'influence et qu'elle serait recadrée. J'estime qu'il a été très imprudent en disant cela", conclut Stiel. Comment expliquer une telle différence d'appréciation ? Le décalage horaire peut-être, à moins que ce soit la barrière de la langue. Oui, car le dîner s'est déroulé entièrement en anglais en raison de la présence d'une partie de l'état major américain de Vallourec. Do you understand ?

    Dans un communiqué, le groupe Vallourec a indiqué que Philippe Crouzet "n'a jamais fait aucun commentaire sur un éventuel départ du gouvernement de Delphine Batho". 

    (avec Marion Mousseau)

     
    Mots-clés : Do you understand ?