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Vacanciers et fauchés :

 Comment survivre aux « tarifs aoûtiens »

Elsa Ferreira | Journaliste

Pour partir les poches vides, il faut de la débrouille. Cinq futurs vacanciers nous racontent comment ils espèrent conjuguer vacances et budget serré.


Une voiture stationnée sur le bord d’une route (John Millar/Flickr/CC)

LES FRANÇAIS VEULENT PARTIR, MAIS NE SAVENT PAS ENCORE OÙ

L’année dernière, 63% des Français sont partis en vacances. Cette année, 66 % espèrent partir pendant l’été. Mais vouloir n’est pas toujours pouvoir : à ce jour, seulement 44 % des vacanciers sont certains de partir. Pour les 22 % restants, on en est toujours au stade de projet, selon un sondage réalisé pour Easyvoyage.

Pour faire dégonfler la facture (859 euros par personne en moyenne), les vacanciers partent moins loin ou comptent sur l’improvisation : sept Français sur dix ne quitteront pas le pays cet été, et un quart d’entre eux n’ont toujours pas choisi leur destination.

Glwadys est à découvert. Nous sommes le 1er du mois. Elle a tout de même décidé de partir deux semaines à Prague en août, et prend sa situation avec humour :

« J’ai bon espoir : j’ai planté des pièces de dix centimes dans un pot, et je soulève toutes les pierres que je croise. Je trouverai le budget. »

Virginie aussi prend la période de vacances avec philosophie, malgré un budget plus que serré. Au chômage depuis six mois, elle a décidé de s’accorder du bon temps. Pour les dettes qui s’accumulent, à la banque et auprès des amis, on verra plus tard. Même si ça lui pèse souvent, « surtout la nuit ». Avec un ton de défiance, elle écrit :

« Des vacances, j’en ai prévu. Eh ouais. On part en Sicile. Juste comme ça. Et après nous, le déluge. »

De la philosophie, il en faudra pour ces Français qui ont passé leur année à rogner par tous les bouts leur budget pour faire face à la baisse du pouvoir d’achat. Partira, partira pas ? La question reste ouverte.

  1. Sylvia, 24 ans, 600 euros pour deux semaines de road trip en Écosse
  2. Claire, 30 ans, 300 euros pour un mois en van (et en famille) en France
  3. Janis, 32 ans, 400 euros pour deux mois de vacances à domicile
  4. Caroline, 31 ans, 150 euros pour deux semaines en système D
  5. Jacqueline, 44 ans, 1 000 euros à deux pour trouver une maison à retaper

Sylvia « ne gagne pas un salaire mirobolant », mais elle adore voyager. Avec un week-end tous les deux mois et un grand voyage par an, elle est devenue la reine « des dépenses sans parachute ». Quitte à se mettre, un peu, en difficulté :

« Les voyages, c’est ma priorité. Même si j’ai un pépin, je préfère taper dans mon découvert (autorisé), ou demander un délai de paiement aux administrations plutôt que de toucher à mon budget voyage. C’est sûr que ce n’est pas l’attitude la plus responsable, mais c’est la mienne ! »

Un « mélange de chance et de culot », qui pour l’instant marche bien.

Sylvia est chargée de la communication dans un centre d’art contemporain. Payée au smic, elle met entre 100 et 150 euros de côté par mois pour partir.

Elle est aussi photo-reporter de vocation. Une passion qu’elle « ne veut pas lâcher ». Elle profite donc de ses voyages pour faire des reportages qu’elle vend ou présente à des concours. Avec l’argent gagné, elle découvre un nouveau pays. Et ainsi de suite.

Elle remplit aussi des dossiers de demande de bourses (« des heures de boulot »). Il y a quelques années, elle a ainsi obtenu 500 euros de la mairie de Paris pour partir en Inde.

Un cycle d’autofinancement qui demande de l’énergie (elle y consacre pratiquement tout son temps) mais qui fonctionne : une série de photos en Afrique du Sud lui a permis de remporter un concours organisé par une compagnie aérienne. Le prix : un billet pour le Chili, un autre pour le Vietnam où elle a réalisé un reportage pour le National Geographic.

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