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France - Page 13

  • TV lobotomie

    Lire : TV lobotomie - La vérité scientifique sur les effets de la télévision, de Michel Desmurget

    par Henri Malerle 8 août 2014

    Les médias ne sont pas tout-puissants. Leurs effets et, en particulier, les usages de l’information sont socialement différenciés. Les publics ne forment pas une masse indistincte et passive. Mais tous les supports ne sont pas équivalents. Comment nier que l’exposition à la télévision et à ses programmes puisse avoir des conséquences très nocives, notamment auprès des enfants et des adolescents ? Ce sont ces conséquences que, non sans virulence polémique, mais sur la base d’une très abondante documentation scientifique, Michel Desmurget, docteur en neurosciences, passe en revue, dans une ouvrage paru en février 2011 : TV lobotomie - La vérité scientifique sur les effets de la télévision [1].

    Un bref aperçu de la table des matières dit assez ce que soutient l’auteur. « Maîtresse du temps et de l’espace », la télévision, tendanciellement « a colonisé notre espace domestique et pris possession de nos plannings » (Chapitre I : « La télé en tous lieux et à toute heure »). Son usage intensif est « une entrave majeure à la réussite scolaire » et atteint l’acquisition de la lecture et du langage ainsi que les capacités d’attention (Chapitre II : « La télé menace l’intelligence »). Elle contribue à l’obésité, à la tabagie, à l’abus d’alcool, à la dégradation de la sexualité (Chapitre III : « La télé menace la santé »). Elle stimule l’agressivité et la désensibilisation face à la violence et, en même temps, elle nourrit la peur (« Chapitre IV : La télé cultive la peur et la violence »). Toutes ces affirmations sont-elles excessives et mal fondées ? Avant de tenter de répondre, mieux vaut lire ce livre. Pour contribuer à cette lecture, voici un résumé moins succinct que celui que l’on vient de lire.

    * * *

    Dès l’introduction du livre, Michel Desmurget prend vigoureusement à partie les arguments (et les auteurs) qui nient, peu ou prou, les effets néfastes de la télévision. À cette fin, il récapitule les banalités usuelles - « Petit précis de balivernes ordinaires » - puis résume, parmi ces effets néfastes, les plus visibles - « Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir » - avant de souligner ceux qui le sont moins - « La face cachée de l’iceberg » - et de pourfendre ceux qui -« Pas vu, pas pris » - préfèrent ne pas savoir.

    Chapitre I : La télé en tous lieux et à toute heure

    « La télé, maîtresse du temps et de l’espace » - Sous ce sous-titre, l’auteur analyse la position centrale occupée par la télévision dans l’espace domestique et dans l’emploi du temps, en soulignant notamment que le temps passé par les enfants et les adolescents devant la télévision est accru par le temps passé devant tous les écrans.

    « Des émissions enfantines aux programmes tous publics » - Or, le temps passé devant la télévision par les enfants dépend des« stratégies incitatives » exercées par les parents « plus sensibles au problème des contenus qu’à la question des durées » : une sensibilité qui doit être relativisée, notamment en raison de l’écoute conjointe de programmes tous publics.

    « Réécrire le réel » - Des mécanismes défensifs permettent de minimiser l’exposition des enfants à la télévision : la rationalisation qui lui prête un rôle d’éducation et une fonction de socialisation et le déni de la durée de cette exposition.

    « L’inaccessible mythe de la qualité » - Un mythe, en raison des« contraintes structurelles qui asservissent la production audiovisuelle ». Et l’auteur de mentionner « l’incroyable densité de son réseau d’émission » (qui noie la qualité dans un « océan d’inanité »), « la nature plurielle de son auditoire » (qui incite à produire des émissions « à la fois consensuelles et aisément accessibles »), « la nature forcément dynamique de l’image »(« tout ce qui est lent et compliqué n’a pas sa place sur le petit écran »).

    Les trois chapitres suivants sont consacrés aux méfaits de la télévision, surtout sur les publics d’enfants et d’adolescents.

    Chapitre II : la télé étouffe l’intelligence

    « Au sens étymologique, nombre de nos enfants sont devenus,proclame l’auteur, des barbares » : ils ne parlent pas notre langue ; ils ne la maîtrisent pas.

    « Cette fois, c’est sûr, le niveau baisse » (des compétences académiques alarmantes) - L’auteur mobilise les observations et les recherches controversées qui, selon lui, fondent ce diagnostic. Considérant comme justifiée la mise en cause des « dérèglements d’un système scolaire éreinté de dérives pédagogistes et politiques », l’auteur entend mettre en évidence « l’implication d’un second agent d’influence : la télévision ». Il examine son rôle en trois temps : d’abord en revenant sur « les compétences académiques alarmantes de nos enfants et adolescents »  ; ensuite, en montrant l’action négative qu’exerce la télévision sur ces compétences ; enfin, en s’efforçant d’établir « le substrat fonctionnel de cette action ».

    « Une entrave majeure à la réussite scolaire » (le lien causal entre exposition télévisuelle et performances scolaires) – L’auteur mentionne plusieurs études qui mettent en évidence non seulement la concomitance, mais surtout le lien causal entre l’ampleur de l’exposition télévisuelle et l’affaiblissement des performances langagières et, plus généralement, scolaires. Puis il entreprend de répondre à plusieurs objections : sur les effets positifs du contenu éducatif, sur l’existence d’un lien causal qui attribue la surconsommation télévisuelle à la faiblesse des résultats scolaires et sur l’importance réputée faible des effets nocifs de la télévision.

    « Effort, intelligence, lecture, langage, attention, imagination. Tous étaient frappés » - Et sont examinées successivement les actions délétères de la télévision sur les devoirs, sur la lecture, sur l’apparition de troubles de l’attention, sur les activités spontanées du jeune enfant (et sur les développements des aptitudes langagières et intellectuelles qui en découlent). Parvenu à ce point, l’auteur met en cause les illusions qui attribuent à la télévision un rôle qui dépendrait essentiellement du contenu des programmes et s’efforce d’établir« l’inévitable vacuité éducative de la télévision ». Après avoir mentionné les études qui mettent en évidence « le rôle fondateur joué par l’environnement précoce sur la construction des compétences affectives, sociales et cognitives de l’individu », l’auteur souligne que, privé d’activité et d’interactivité l’enfant exposé à la télévision n’apprend rien ou fort peu. C’est ce que montre ce que les chercheurs nomment le « déficit vidéo » : l’infériorité de tout apprentissage par la télé comparé à l’apprentissage par interaction active avec l’environnement, particulièrement chez l’enfant en bas âge, contrairement à ce qu’affirment les zélateurs de la télévision pour bébés.

    Chapitre III : la télé menace la santé

    Le chapitre est divisé en cinq parties qui traitent successivement de l’obésité, du tabagisme, de l’alcoolisme, de la sexualité et du sommeil.

    « Manger plus, bouger moins » (sur l’obésité) - Une fois mentionnés les travaux consacrés, en général, aux « effets de la consommation audiovisuelle sur l’obésité », l’auteur passe en revue (études à l’appui), les effets de la télévision sur « l’émergence précoce d’habitudes de vie sédentaires et préférences alimentaires inadaptées » ; sur le bilan des dépenses énergétiques et sur l’ampleur et la fréquence des prises alimentaires. Il attache une importance particulière au rôle de la publicité pour les produits alimentaires, notamment auprès des enfants, ainsi qu’à celui des placements de produits alimentaires dans les films ou les séries audiovisuelles. Et Michel Desmurget de prendre vigoureusement à partie le refus des politiques (et du CSA, notamment), en raison de leur soumission aux lobbies agroalimentaires et publicitaires, de prendre des mesures d’interdiction.

    « Faire de l’enfant un fumeur… ou fermer boutique » (sur le tabagisme) - Le tabagisme se forge très tôt. L’auteur met en évidence (rapport de l’OMS à l’appui) que les pratiques des industriels du tabac contredisent leurs déclarations sur le renoncement à cibler les jeunes et confirment leurs entreprises de contournement des interdictions de la publicité, parce qu’ils n’ont pas le choix : « Ils sont condamnés, s’ils veulent survivre, à recruter en masse de jeunes fumeurs. » C’est pourquoi ils inondent les films de« scènes tabagiques », où figurent de préférence des « personnages "positifs" ». Or, selon l’auteur (qui la mentionne), « la littérature scientifique montre (…) que plus un adolescent voit d’acteurs fumer à l’écran, et plus il a de chance de devenir client stable de nos amis cigarettiers ». L’examen du « processus causal qui mène du film au tabagisme » et complété, mais plus brièvement, par celui rôle de la télévision proprement dite.

    « Boire plus et plus tôt » (sur l’alcoolisme) - Après avoir expliqué en quoi « l’alcool est un véritable fléau économique et sanitaire », l’auteur s’attache à montrer dans quelle mesure la télévision incite à« boire précocement et en grande quantité ». Or si la publicité est prohibée, « l’alcool est omniprésent sur le petit écran à travers notamment les programmes de prime time, les clips musicaux et les productions cinématographiques ». Dès lors, si la télévision n’est pas la principale responsables de l’alcoolisme, elle « contribue substantiellement à l’initiation, au développement et au maintien des conduites alcooliques chez les spectateurs ».

    « Du sexe, du sexe et encore du sexe » (sur la sexualité) – L’auteur n’entend pas « suggérer ici que la sexualité est une pathologie ». Ce serait, nous dit-il, « pure stupidité », avant de souligner que le sexe n’est pas « une pratique anodine en matière de santé ». Et de mentionner les maladies sexuellement transmissibles, les maternités et les avortements précoces. Or, insiste l’auteur, « le véritable déluge charnel qui frappe nos écrans est d’autant plus ennuyeux qu’il s’accompagne presque unanimement de représentations pour le moins irréalistes de la sexualité et autres rôle de genre ». Et de mentionner non seulement les risques sanitaires qu’entretiennent ces représentations, mais aussi les « détresses psychologiques » et les « pathologies alimentaires » dont sont responsables les stéréotypes véhiculés par la télévision.

    « Entre Morphée et la Star-Ac, il faut choisir » (sur le sommeil) - La durée du sommeil est en diminution constante (de 90 à 120 minutes sur les 30 à 50 dernières années), avec les incidences sur la santé qui en découlent. La télévision n’est pas la seule responsable. Mais, qu’il s’agisse des enfants et des adolescents ou des adultes, que la télévision soit ou non présente dans les chambres, plus un individu regarde la télé moins il dort et plus son sommeil est altéré. Or, soutient l’auteur, ce ne sont pas les troubles du sommeil qui incitent à regarder la télévision, mais plutôt l’inverse. L’aspect quantitatif (la durée du sommeil) n’est pas le seul, comme le montrent les effets anxiogènes en court et à long terme de l’exposition des enfants à des programmes qui ne leur sont pas destinés ou même à des programmes apparemment anodins.

    Chapitre IV : La télé cultive la peur et la violence

    Après avoir passé en revue les principales conclusions des études scientifiques qui établissent que la télévision est un facteur de violence, l’auteur s’efforce de réfuter les arguments de ceux qui entendent relativiser son rôle : en refusant qu’elle soit traitée en bouc émissaire, en lieu et place de causes plus profondes, en invoquant de prétendues incertitudes scientifiques, en soutenant la thèse de prédispositions pathologiques. À tous ceux-là, l’auteur répond notamment que « la télévision représente un facteur de violence significatif » et qu’ « il serait dommage de ne pas agir sur ce levier causal relativement accessible en comparaison d’autres déterminants sociaux plus profonds ». En effet, dit-il, « (…) une influence localement minime peut avoir des conséquences majeures si elle s’applique à une large population et/ou de manière récurrente ». Quelle est, de ce point de vue, l’action de la télévision ?« Cette action prend trois formes principales : la stimulation des comportements violents et agressifs ; l’abaissement du seuil de tolérance à la violence, c.à.d. désensibilisation ; exacerbation du sentiment d’insécurité. » Mais avant d’examiner successivement ces trois formes, Michel Desmurget met en cause l’omniprésence de la violence à la télévision et ses motifs.

    « La violence, c’est bon pour les affaires » - Après avoir rappelé, chiffres à l’appui, l’ampleur de l’exposition à la violence, l’auteur souligne que des recherches récentes ont montré que « les contenus agressifs et brutaux étaient, à travers le stress qu’ils imposent au cerveau, une véritable bénédiction pour les annonceurs ». La raison en est simple : « Un individu soumis à des tensions émotionnelles enregistre mieux les messages qui lui sont imposés et est plus conditionnable. »

    « La violence appelle la violence » (la stimulation des comportements violents et agressifs) – L’auteur commence par souligner que les neurosciences ont montré que nos conduites sont constamment modulées par des facteurs environnementaux, en particulier en matière d’agressivité. Or de multiples études (mentionnées par l’auteur) montrent que les images violentes stimulent l’agressivité, notamment des enfants et des adolescents. Ce que vérifient les effets de l’exposition à violence télévisée, à court terme, mais aussi à long terme, sur la fréquence des comportements agressifs.

    « La violence repousse les frontières de l’inacceptable »(l’abaissement du seuil de tolérance à la violence, désensibilisation) – La « progressive désensibilisation à la violence des individus téléphages » - autrement dit le « processus d’habituation aux images violentes » – est confirmée, selon l’auteur, par plusieurs études. L’une d’entre elles met en évidence que des sujets ayant été exposés à des films d’horreur comportant des violences sadiques dirigées contre des femmes ressentaient moins d’empathie quand ils étaient confrontés aux récits de femmes victimes d’agressions violentes réelles. Le processus d’habituation au niveau neuronal a été mis en évidence par quelques travaux.

    « La violence nourrit la peur » (l’exacerbation du sentiment d’insécurité) – Après avoir mentionné, à propos de la violence, quelques exemples d’acculturation et, en l’occurrence, de déréalisation par la télévision à l’origine du « syndrome du grand méchant monde », l’auteur évoque des études qui ont montré « que les journaux télévisées, les émissions consacrées aux forces de l’ordre et les séries criminelles étaient favorables au développement d’un sentiment d’insécurité ». Et de mentionner notamment les études consacrées à « la grande peur de 1994  » aux USA : date d’une « cassure statistique » qui enregistre une flambée du sentiment d’insécurité alors que celle-ci ne progresse pas, mais que son exposition médiatique se développe. Ces études sont relayées par des recherches qui « se sont penchées sur la capacité des images violentes à produire chez le spectateur des réactions de peur à court et long terme ».

    Conclusion

    « Un peu de télé en moins, c’est beaucoup de vie en plus » 
    - Les analyses qui précèdent conduisent l’auteur à proposer « cinq grandes recommandations » : 
    1. La meilleur solution, selon lui, « le zéro télé » ; 
    2. À défaut, pas de télé dans la chambre à coucher, surtout des enfants ou des adolescents ; 
    3. Aucune exposition à la télévision pendant les cinq ou six premières années de la vie ; 
    4. Pas plus de 3-4 heures par semaine pour les écoliers et adolescents ; 
    5. La prise en compte par les adultes (qui « font ce qu’ils veulent »), de tous les risques associés à l’exposition à la télévision, et en particulier celui de l‘isolement social.

     

    * * *

    Il n’est nul besoin d’avoir lu la totalité de l’ouvrage pour penser que ces recommandations, aussi justifiées qu’elles puissent être ou paraître, ne trouveront pas l’écho souhaité par l’auteur. Sans doute parce que la télévision elle-même ne suffit pas à expliquer l’emprise de la télévision. Peut-être parce que l’analyse proposée par Michel Desmurget des causes et des effets de cette emprise n’est pas totalement convaincante. Mais le dire, c’est déjà engager un débat qui ne peut se satisfaire d’un résumé qui mutile inévitablement l’ouvrage, en laissant de côté l’exposé des centaines de recherches (elles-mêmes résumées) sur lesquelles il s’appuie, au risque de ne retenir que sa version polémique, voire pamphlétaire. Mais, une fois n’est pas coutume, s’abstenir d’un examen critique approfondi est, dans ce cas, une façon d’inciter à prendre ce livre au sérieux.

    Henri Maler

    Edition de poche

    Notes

    [1] Max Milo Editions, 2011, 318 pages, 19,90 euros - J’ai Lu, octobre 2013, 7,90 euros

  • Une rumeur : La masturbation à l’école

     

    3/09/2014

    Nous venons de recevoir une brochure intitulée « Questions d’ados » accompagnée de la lettre suivante :

    Bonjour Madame Farida Belghoul
    Nous vous adressons ce document distribué l’an dernier aux collégiens dans plusieurs établissements de l’académie de Versailles. Nous vous ferons parvenir tous les documents que nous rencontrerons lors de cette année scolaire 2014/2015, nous pouvons craindre avec « Monsieur Vallaud-Belkacem » la multiplication de ces publications.
    Félicitations pour votre combat, votre courage, vous êtes un exemple pour nos familles, notre patrie.
    Recevez nos salutations distinguées.

    Deux enseignants de l’académie de Versailles qui vous suivent avec beaucoup d’attention.

    Publiée par le Ministère de la santé en 2007, actualisée en 2008, officiellement distribuée à l’école, cette brochure affiche dans la rubrique « Adresses utiles », page 53, la Ligne Azur recommandée aux adolescents se posant des questions sur leur « orientation sexuelle ».

    Nous dormions.

    Le sommaire recense les questions traitées dont voici quelques exemples remarquables. Les réponses sont des joyaux intellectuels, spirituels et pédagogiques :

    « Comment savoir si une fille ou un garçon a du désir sexuel ? », page 22.
    Réponse : « (…) elle ou il peut rougir, être en sueur, la pointe de ses seins peut durcir chez la fille. Au niveau de la vulve, le clitoris se raidit (c’est une forme d’érection), les lèvres gonflent et le vagin se dilate, un lubrifiant naturel va progressivement tapisser l’intérieur du sexe (les sécrétions vaginales), ce qui facilitera la pénétration. Certains appellent cela « mouiller ». Chez le garçon, au niveau génital, la verge se raidit et s’allonge, le gland se décalotte et rougit, cela s’appelle « bander ». Du liquide séminal peut apparaître au bout du sexe. »
    « C’est quoi la masturbation ? », page 20.
    Réponse (à noter que celle-ci apparaît dans la silhouette d’une main) : « La masturbation, ce sont des caresses (souvent par va-et-vient, frottement, pression…) au niveau des parties génitales (pénis du garçon, vagin ou clitoris de la fille) qui procurent du plaisir ou un orgasme (…) Les caresses sont souvent accompagnées d’images ou de scènes érotiques qui défilent dans la tête. Cette pratique sexuelle solitaire ou en couple est assez fréquente et peut contribuer à l’apprentissage (sic) du plaisir. A l’âge de 18 ans, 93% des garçons et 45% des filles déclarent s’être déjà masturbés. »
    « Comment faire l’amour sans pénétration ? », page 25.
    Réponse : (…) Pour les filles, des caresses avec un doigt humide, la bouche ou la langue, au niveau de leur clitoris et sur l’ensemble de la vulve peuvent leur procurer un orgasme. On peut caresser le pénis du garçon avec la main, la langue ou la bouche (fellation).
    Une fille ou un garçon ne sont pas toujours prêts pour des pratiques sexuelles avec pénétration, pour des raisons morales, de religion, ou personnelles.

    Au vu de ces résultats scientifiques, la discrimination est patente. Les filles ne jouissent pas de l’égalité d’accès à la masturbation. L’infirmière du collège, fonctionnaire en charge des apprentissages sexuels, est-elle là pour y remédier ?

    Parallèlement, victimes eux aussi de discriminations spécifiques, les juifs et les musulmans devraient exiger de l’école publique une version cacher du terme : « le gland se décalotte ».

    Autres problématiques abordées :

    • « C’est quoi l’homosexualité ou la bisexualité ? », page 19.
    • « Pourquoi les garçons bandent-ils le matin ? », page 21.
    • « Pourquoi les filles mouillent-elles ? », page 20.

    Feuilletez la brochure (plein écran disponible en cliquant sur le bouton situé en bas à gauche) et accédez aux réponses et aux autres questions soumises à nos enfants. Mauvaise foi de ma part : d’après la seconde page de couverture – et le titre du fascicule, ce sont les adolescents eux-mêmes qui sont les auteurs de ces questions… Nous voilà rassurés.

    Si l’école ne veut plus instruire, elle se rachète au moins par des apprentissages sexuels de haut niveau.

    Nous dormions. Il est temps de se réveiller.

  • La politique dans « C dans l’air », c’est le vide

     

    par Joachim Léle 3 septembre 2014

    L’émission « C’dans l’air » du lundi 25 août était logiquement consacrée à la démission du gouvernement, intervenue le matin même. Le titre, « Et maintenant : la crise politique », et la liste des invités (le directeur adjoint de la rédaction du Figaro Yves Thréard, le directeur de la rédaction de L’Express Christophe Barbier, la journaliste du Monde Raphaëlle Bacqué et le directeur général délégué de l’institut Ipsos Brice Teinturier) ne laissaient guère de suspense quant à la teneur des discussions : il s’agirait avant tout de décortiquer les rapports de force au sein de la majorité, et surtout de disséquer les tactiques et les ambitions personnelles des ministres et des « ministrables »… Des enjeux cruciaux, de politique économique notamment, qui sous tendaient les désaccords de fond qui existaient au sein du gouvernement et qui aboutirent à cette démission/limogeage de trois ministres importants, il ne fut finalement pas question. L’on a beau être habitué à cette personnalisation et cette théâtralisation de la vie politique, surtout de la part de « C dans l’air », elle demeure inacceptable…

    Évidemment, cette émission n’a pas été la seule à offrir cette triste image de l’information politique, comme nous le rappellerons à la fin, mais elle en a été un bel exemple. Toute la première partie de l’émission fut accaparée par le « cas » Arnaud Montebourg, présentédans le résumé de l’émission et au cours du débat comme un« trublion ». À plusieurs reprises au cours de l’émission, Yves Calvi a « réorienté » la discussion sur l’ex ministre de l’économie, questionnant ses invités sur la « manière dont il annonce les choses », sur sa façon d’incarner un « ministère de la parole », sur son « mépris du président », ou, pour élever encore le débat sans doute, sur son surnom de « fou du troisième ».

    Cette volonté manifeste de réduire cette crise gouvernementale à la seule personne d’Arnaud Montebourg, et à son comportement, interroge. Car même si cet aspect des choses n’est probablement pas absent dans les critiques d’Arnaud Montebourg à l’égard de la politique économique droitière et inefficace du gouvernement, il n’est pas tout à fait le seul à tenir ce discours… Pourtant il ne fut jamais question au cours de l’émission d’Aurélie Filippetti et Benoît Hamon, respectivement débarqués des ministères de la Culture et de l’Éducation pour les mêmes raisons. Pas plus qu’il ne fut question des critiques convergentes émises par quelques dizaines de députés socialistes « frondeurs », par certains dirigeants d’Europe Écologie, par le Front de gauche, etc. Sans même parler des économistes éminents (comme le prix Nobel Paul Krugman), ou des institutions aussi peu gauchisantes que le FMI, qui tiennent peu ou prou le même discours !

    Mais ce sont les deux reportages proposés en cours d’émission qui atteignent le comble de la personnalisation et de la théâtralisation. Le premier, dramatisé à l’envi, avec commentaire et musique à l’appui, revient sur les dernières 24 heures… d’Arnaud Montebourg ! Quant au portrait dressé du dirigeant socialiste dans le second sujet, il ne dit évidemment pas un mot de la ligne politique qu’il défend et s’en tient à revenir encore et encore sur son comportement et sur son style, ainsi que sur ses multiples déclarations ayant été source de polémiques. Mais si l’on ne sait rien des propositions de Montebourg à l’issue de ce reportage, l’on a en revanche appris qu’il serait « un agent provocateur du PS »« un fauve de la politique » qui« aiguise ses ambitions », et qu’il est considéré comme « dangereux à l’intérieur et incontrôlable à l’extérieur ». Rien que ça.

    Un portrait à charge que corroborent les invités en plateau, unanimes : selon Yves Thréard Montebourg est, crime suprême,« contre la mondialisation », il « crache sur les patrons à longueur de journée », il a un « un discours éculé sur le plan économique » et en définitive il était « déraisonnable » et « irresponsable » de le nommer à ce poste. Une opinion un rien tranchée, qu’aucun invité sur le plateau ne conteste. SI Raphaëlle Bacqué qui trouve Montebourg « un peu ridicule », et Brice Teinturier, qui voit en lui un « homme de transgression » (on a les transgressions que l’on peut…), sont moins véhéments, on s’étonnera cependant de voir cette émission de service public se muer en tribunal aux mains de la pensée dominante au lieu d’être un lieu d’expression d’opinions diverses…

    Il serait malhonnête de dire que l’émission n’a porté que sur le comportement de Montebourg. Celle-ci a aussi permis aux invités de proposer de fines analyses des stratégies politiciennes des uns et des autres. Montebourg est alors présenté comme un jeune politicien ambitieux et cette crise comme la conséquence d’une manœuvre politicienne. Et cette agitation politique, réelle friandise médiatique, donne alors lieu à toutes les hypothèses sur les manières pour les uns et les autres de se sauver « politiquement ». Il est alors question d’alliances, de recherche de majorité, d’électorat et de popularité. Mais en définitive, elles ne nous permettent pas plus de« comprendre et d’appréhender » cette question « dans sa globalité », pour reprendre les mots de la présentation de l’émission sur son site.

    Bien que particulièrement révélatrice d’une manière de traiter l’information, cette émission n’en a pas eu l’exclusivité. Sans surprise, la palme de la superficialité va au « Grand Journal » du 25 août, avec notamment la chronique de Karim Assouli qui s’ouvre sur« les coulisses du clash » entre Montebourg et Valls, ou qui s’amuse à montrer des images d’un Montebourg tenant des propos« provocants » devant des militants du PS.

    Plus classique, dans le JT de France 2, Nathalie Saint-Cricq dresse dans sa chronique, là encore, un portrait peu élogieux de Montebourg, nous faisant comprendre qu’il n’a finalement que ce qu’il mérite, en concluant presque par un « Merci Monsieur Valls ». C’est finalement François Lenglet, arrivant bien après les commentaires de « politique politicienne », qui aborda la seule question « d’intérêt général » de toute cette affaire : la politique économique décidée par François Hollande et menée par le gouvernement. Et on pourra même lui reconnaître une certaine audace pour avoir rappelé que le constat que fait Montebourg sur la situation économique est « difficilement contestable », qu’il est notamment partagé par des « économistes éminents » et que les questions qu’il pose sont « légitimes ». Finalement, malgré tout ce qu’on a pu nous dire, il ne serait donc pas si fou que ça ?

     

    ***


    Dans ce traitement médiatique qui pour l’essentiel a privilégié la forme sur le fond, les hommes et femmes politiques ont sûrement leur part de responsabilité. Publicitaires de leur propre personne, ils sont souvent les premiers à jouer de leur image à travers les médias. Il n’en demeure pas moins qu’en passant sous silence, avec un zèle toujours renouvelé, tout débat de fond qui va au-delà des évidences partagées par une poignée d’éditorialistes dominants, et en donnant une image de la vie politique dépolitisée, cynique et rebutante, les médias dominants et les émissions soi-disant « politiques » ont une responsabilité écrasante dans l’atrophie du débat public.

    Joachim Lé

  • ILS PARLENT DE NOUS


    Gaza divise la France

    Pour Abdou Semmar, rédacteur en chef d'Algérie-Focus, les tensions suscitées en France par le conflit israélo-palestinien s'expliquent par l'instrumentalisation de la question palestinienne par le gouvernement, les politiques et la communauté arabo-musulmane.
    A Sarcelles, le 20 juillet 2014, une manifestation pro-palestinienne a dégénéré en affrontements avec les forces de l'ordre.- AFP/PIERRE ANDRIEUA Sarcelles, le 20 juillet 2014, une manifestation pro-palestinienne a dégénéré en affrontements avec les forces de l'ordre.- AFP/PIERRE ANDRIEU
    COURRIER INTERNATIONAL Pourquoi le conflit israélo-palestinien suscite-t-il tant de passions en France ? 
    ABDOU SEMMAR La question palestinienne est une question fondamentale de la conscience collective arabo-musulmane depuis les années 1970. Ce qu’on appelle la "minorité visible", l’immigration maghrébine, greffe sur la question palestinienne ses propres questions sociales et politiques. La communauté musulmane ici en France instrumentalise le conflit israélo-palestinien et transmet ainsi un message politique au reste du pays. La question est également instrumentalisée par les politiques. Le Front de gauche et le NPA [Nouveau Parti anticapitaliste]  espèrent ainsi récupérer l’électorat arabo-musulman, qui n’est pas assez écouté et qui a son mot à dire. 

    Les manifestations ont été dans un premier temps interdites. Qu’avez-vous pensé de cette décision ? 
    Cette mesure n’aurait pas choqué si elle avait été prise à Alger ou en Corée du Nord. Elle a rappelé que la France, le pays des droits de l’homme, n’est peut-être pas le modèle démocratique qu’elle prétend être. Par ailleurs, plusieurs personnes présentes à la manifestation de Barbès ont dénoncé les méthodes de la police française, proches de celles de la police algérienne. Les manifestants auraient été contenus à Barbès, le quartier de Paris où l’on compte le plus grand nombre de Maghrébins. Certains manifestants ont eu le sentiment qu’on avait tenté de discréditer leur protestation. 

    Pourquoi les manifestations ont-elles dégénéré ?
    De nombreux Français ne connaissent rien aux conditions de vie de leurs concitoyens musulmans. Il y a une ségrégation sociale qui se développe d’une façon très choquante. II y a deux France : celle des policiers et des bobos d'un côté, celle des cités de l'autre. Et quand ces deux France se rencontrent, c’est l’incompréhension et la bagarre.

  • Ces histrions du racisme qui dégradent la République

     

    Nicolas Bedos, Dieudonné M’Bala M’Bala et Manuel Valls.

    Shanan KHAIRI
    Nicolas Bedos

    Comme beaucoup, j’ai assisté avec curiosité puis consternation au dernier psycho-drame français : "l’affaire Dieudonné". Voici donc un humoriste qui a été exclu des média voici plusieurs années pour avoir presté un sketch sur la shoah. Un humoriste qui depuis lors s’est peu à peu acoquiné avec divers représentants de l’extrême-droite officielle ou souterraine, sombré dans un délire conspirationniste et abaissé à réaliser de nombreux spectacles au caractère antisémite indéniable. J’apprends qu’il a fait l’objet de plusieurs condamnations de justice pour ce motif mais qui n’ont pas été mise en application par les pouvoirs exécutifs successifs. Cet épiphénomène des dérives racistes de la société française était jusqu’ici à l’arrière-plan de la déferlante de propos et actes haineux visant les communautés musulmane et Rom ces dernières années dans une relative impunité judiciaire.

    Pour sa part, Manuel Valls, se plaçant dans la filiation des ministres de l’Intérieur sarkozystes s’est à plusieurs reprises tristement distingué par des interventions racistes.

    Peu après avoir stigmatisé la communauté Rom, nous le voyons avec surprise se poser en chantre de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Prétextant de l’inapplication des décisions de justice, donc de sa propre incompétence, il médiatise sa volonté de faire interdire les spectacles de Dieudonné.

    Après une intervention personnelle du Président de la République lui apportant son soutien, Manuel Valls décide non pas d’agir dans le cadre judiciaire mais de mettre en œuvre des moyens d’exception sous un fallacieux prétexte : l’interdiction administrative pour un trouble à l’ordre public qui semblait pourtant inexistant. Chacun pensait que cette manœuvre serait annulée par les tribunaux administratifs.

    Tel fut effectivement le cas. Coup de tonnerre cependant lorsqu’un membre du Conseil d’État réduisit l’arrêt du tribunal administratif à néant et légitima la position de Manuel Valls par des attendus inquiétants. Inquiétants car ils justifient une limitation de la liberté d’expression par l’exécutif en intégrant les notions floues d’atteinte à la dignité humaine et, plus grave encore, d’atteinte à la cohésion nationale.

    Hors quelques voix discordantes, les commentateurs et politiques saluèrent cette incroyable régression de nos libertés et de l’État de droit dans un concert de louanges unanimes au nom de la lutte contre l’antisémitisme. Cette surenchère médiatico-politique culminant lors de l’appel public du journaliste Philippe Tesson à l’application de la peine de mort pour Dieudonné.

    Dernier avatar de ce mélodrame, Nicolas Bedos, déjà l’objet d’une plainte pour injures raciales, a cru bon de perpétrer un sketch raciste caricaturant les communautés maghrébine, musulmane et banlieusarde sous la forme d’un dealer, inculte, antisémite et fan de Dieudonné dont l’identité française même était niée. Cette indigne prestation sur une chaîne de télévision publique ne suscitant quant-à-elle aucune réaction des journalistes ou politiciens.

    Cela étant posé, voici la République mise devant une terrible alternative par Manuel Valls : faire un pas vers la dictature ou faire reculer l’État de droit.

    Un pas vers la dictature si la nouvelle jurisprudence du Conseil d’État devait s’appliquer de manière égale à tous les citoyens. Il ne fait guère de doute en effet que l’incitation à la haine raciale ou religieuse, dont la parole antisémite n’est qu’une modalité particulière, constitue une atteinte à la dignité humaine.

    Si toute parole de cet ordre devait désormais être interdite a priori, il en résulterait non seulement la censure préalable par l’exécutif d’humoristes aussi douteux que Dieudonné ou Bedos mais également de tous ceux qui stigmatisent quotidiennement les Français d’origine africaine, les musulmans ou les Roms. La liste est longue, de Manuel Valls à Marine Le Pen, en passant par Eric Zemmour et Elizabeth Levy.

    Pour le même motif, la dissolution de nombre d’organisations par décret se voit dorénavant justifiée, au premier rang desquelles le Front National. Le concept d’atteinte à la cohésion nationale étant plus flou encore, toute parole critique de quelque nature que ce soit pourrait se voir censurée par le gouvernement. Cela n’arrivera pas, du moins à court terme. Heureusement.

    Manuel Valls a donc mis fin à l’Etat de droit face au racisme en France. Alors que la République a toujours fait et fait encore preuve d’une grande tolérance face aux discours de haine raciale et religieuse, elle vient de nous signifier que l’antisémitisme doit faire l’objet d’une condamnation exceptionnelle. Que la souffrance des autres communautés est donc secondaire. Outre le renforcement des délires complotistes des fans de Dieudonné, il en résultera immanquablement un accroissement légitime du ressentiment des Français d’origine africaine à l’égard d’une République qui continue à les maltraiter au quotidien et des haines inter-communautaires.

    Paraphrasant Albert Camus et Karl Marx, il faut le redire avec force : des moyens injustes ne peuvent jamais servir un but juste. La lutte contre le racisme et l’antisémitisme est juste et les moyens actuellement mis en œuvre sont insuffisants. Toute parole et tout acte raciste, même sous prétexte d’humour ou du débat politique, doit être dénoncé, poursuivi et sanctionné. Mais en renforçant l’arsenal législatif et dans le cadre judiciaire. Que ce soit par des procédures a posteriori ou en flagrant délit. La censure par l’exécutif n’a jamais été, n’est pas et ne sera jamais acceptable.

    Shanan Khairi