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Gaza divise la France
Pour Abdou Semmar, rédacteur en chef d'Algérie-Focus, les tensions suscitées en France par le conflit israélo-palestinien s'expliquent par l'instrumentalisation de la question palestinienne par le gouvernement, les politiques et la communauté arabo-musulmane.
A Sarcelles, le 20 juillet 2014, une manifestation pro-palestinienne a dégénéré en affrontements avec les forces de l'ordre.- AFP/PIERRE ANDRIEU
COURRIER INTERNATIONAL Pourquoi le conflit israélo-palestinien suscite-t-il tant de passions en France ?
ABDOU SEMMAR La question palestinienne est une question fondamentale de la conscience collective arabo-musulmane depuis les années 1970. Ce qu’on appelle la "minorité visible", l’immigration maghrébine, greffe sur la question palestinienne ses propres questions sociales et politiques. La communauté musulmane ici en France instrumentalise le conflit israélo-palestinien et transmet ainsi un message politique au reste du pays. La question est également instrumentalisée par les politiques. Le Front de gauche et le NPA [Nouveau Parti anticapitaliste] espèrent ainsi récupérer l’électorat arabo-musulman, qui n’est pas assez écouté et qui a son mot à dire.
Les manifestations ont été dans un premier temps interdites. Qu’avez-vous pensé de cette décision ?
Cette mesure n’aurait pas choqué si elle avait été prise à Alger ou en Corée du Nord. Elle a rappelé que la France, le pays des droits de l’homme, n’est peut-être pas le modèle démocratique qu’elle prétend être. Par ailleurs, plusieurs personnes présentes à la manifestation de Barbès ont dénoncé les méthodes de la police française, proches de celles de la police algérienne. Les manifestants auraient été contenus à Barbès, le quartier de Paris où l’on compte le plus grand nombre de Maghrébins. Certains manifestants ont eu le sentiment qu’on avait tenté de discréditer leur protestation.
Pourquoi les manifestations ont-elles dégénéré ?
De nombreux Français ne connaissent rien aux conditions de vie de leurs concitoyens musulmans. Il y a une ségrégation sociale qui se développe d’une façon très choquante. II y a deux France : celle des policiers et des bobos d'un côté, celle des cités de l'autre. Et quand ces deux France se rencontrent, c’est l’incompréhension et la bagarre.
ABDOU SEMMAR La question palestinienne est une question fondamentale de la conscience collective arabo-musulmane depuis les années 1970. Ce qu’on appelle la "minorité visible", l’immigration maghrébine, greffe sur la question palestinienne ses propres questions sociales et politiques. La communauté musulmane ici en France instrumentalise le conflit israélo-palestinien et transmet ainsi un message politique au reste du pays. La question est également instrumentalisée par les politiques. Le Front de gauche et le NPA [Nouveau Parti anticapitaliste] espèrent ainsi récupérer l’électorat arabo-musulman, qui n’est pas assez écouté et qui a son mot à dire.
Les manifestations ont été dans un premier temps interdites. Qu’avez-vous pensé de cette décision ?
Cette mesure n’aurait pas choqué si elle avait été prise à Alger ou en Corée du Nord. Elle a rappelé que la France, le pays des droits de l’homme, n’est peut-être pas le modèle démocratique qu’elle prétend être. Par ailleurs, plusieurs personnes présentes à la manifestation de Barbès ont dénoncé les méthodes de la police française, proches de celles de la police algérienne. Les manifestants auraient été contenus à Barbès, le quartier de Paris où l’on compte le plus grand nombre de Maghrébins. Certains manifestants ont eu le sentiment qu’on avait tenté de discréditer leur protestation.
Pourquoi les manifestations ont-elles dégénéré ?
De nombreux Français ne connaissent rien aux conditions de vie de leurs concitoyens musulmans. Il y a une ségrégation sociale qui se développe d’une façon très choquante. II y a deux France : celle des policiers et des bobos d'un côté, celle des cités de l'autre. Et quand ces deux France se rencontrent, c’est l’incompréhension et la bagarre.