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Societe - Page 29

  • Qu'elle est jolie la république bourgeoise !

     

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    Après la «République irréprochable» de Sarkozy, voici « la République exemplaire» deHollande. La réalité de la République, aujourd'hui comme hier, contraste tristement avec les déclarations de l'un et de l'autre président. Les scandales financiers et les affaires de corruption qui mettent en cause les membres de leurs gouvernements respectifs ont tendance à se perpétuer. Et au moment où l’on exige de la population des sacrifices de plus en plus lourds, de plus en plus insupportables, au moment où les chômeurs et les précaires se comptent par millions, les représentants de la bourgeoisie, eux,se permettent de «planquer leur magot» dans les paradis fiscaux, se servent abondamment dans les caisses de l’État et jouissent d'innombrables privilèges. De Christine Boutin à Eric Woerth en passant par Christian Blanc, Christian Estrosi, Alain Joyandet etc., la liste des ministres du gouvernement Sarkozy impliqués dans des affaires est longue (1). Le gouvernement actuel qui n'a même pas un an d'existence est déjà secoué et ébranlé, en attendant d'autres révélations, par le séisme Cahuzac. Il ne s'agit là bien évidemment que de quelques exemples qui ne doivent pas masquer le caractère récurrent et structurel de la corruption qui règne dans les plus hautes sphères de l’État. Car les scandales financiers, corruption, privilèges et autres affaires, sont intimement liés au fonctionnement même du système capitaliste qui les produit et reproduit de manière permanente.



     

    « Le gouvernement moderne n'est qu'un comité qui gère les affaires communes de la classe bourgeoise tout entière» (2). L'État n'est donc pas au service de tous, mais sert seulement les intérêts privés de quelques uns. La police, la justice, les préfets, les députés, les ministres etc. ne sont pas les représentants de toute la société. Le président de la République n'est pas le président de tous les français. Le président gère l’État contre l'intérêt général au profit de l'intérêt particulier, celui de la classe dominante. Et plus il sert les intérêts de la bourgeoisie, plus il s'éloigne de ceux des classes populaires.

    La corruption, elle aussi, remplace l'intérêt public par l'intérêt privé. Elle efface les frontières entre les deniers publics et les revenus privés. Les hommes et les femmes politiques sans scrupulespeuvent ainsi se servir, avec un sentiment d'impunité, dans les caisses de l'État comme s'il s'agissait de leur propre patrimoine! La corruption nie et méprise le principe de transparence et permet à une seule et même classe sociale, par le biais de l'État, d'accéder d'une manière occulte et illégale aux ressources publiques.

     

    Le scandale Liliane Bettencourt, la femme la plus riche de France, illustre d'une manière éloquente cette proximité et cette confusion des intérêts de la grande bourgeoisie et du pouvoir politique. Celui-ci doit être au service de celle-là. L'ex-ministre du budget, Eric Woerth, était soupçonné, via sa femme qui gérait les dividendes de la milliardaire, de conflit d'intérêt. Mme Bettencourt a avoué de son côté posséder des comptes à l'étranger et toute une île aux Seychelles non déclarés au fisc.

    La collusion des intérêts du capital et ceux de l'État trouve ici son expression la plus éclatante : Le pouvoir politique met l'État à la disposition du pouvoir économique qui, en échange, finance entre autres ses campagnes électorales. Eric Woerth était le trésorier de l'UMP et le financier du système Sarkozy. C'est lui qui était chargé de récolter les fonds auprès des grosses fortunes au profit du président de la République. On comprend mieux, dans ces conditions, pourquoi Sarkozy tenait absolument à soutenir «totalement et complétement»son ministre du travail et pourquoi il désirait que Liliane Bettencourt reste en France :«Je ne veux pas qu'elle foute le camp en Suisse» disait-il.

    Rappelons tout de même que c'est ce même ministre qui a conduit, au nom du gouvernement, la bataille de la destruction du système de retraite par répartition. Lui, le bourgeois, qui vit dans l'opulence, exige des salariés de travailler toujours plus pour une pension de misère!

    Et c'est ce même gouvernement qui a toléré que des milliers de familles bourgeoises «très patriotes», dont il possède la liste, «planquent» scandaleusement leur magot à l'étranger pour échapper au fisc. Les intérêts de l'État,donc d'une infime minorité, sont incompatibles avec ceux de l'immense majorité de la population.

     

    En novembre 2010, Eric Woerth démissionne de son poste de ministre du travail après avoir perdu celui du budget. Il sera mis en examen en février 2012 pour «trafic d'influence passif et recel de financement illicite de parti politique».

     

    Tous les gouvernements bourgeois, avec des différences de degré et non d'essence, sont corrompus. Mais sous le régime de Sarkozy, les affaires fleurissaient et se banalisaient plus facilement. C'est que Sarkozy aime l’argent, le luxe, l'apparat, le cérémonial et n'hésitait pas à étaler ostensiblement, dans une république affaiblie, les fastes d’un pouvoir quasi monarchique. Sa fascination pour les riches n'a d'égale que son mépris pour les pauvres.

     

    En avril 2007, Nicolas Sarkozy avait promis une «République irréprochable», une «démocratie moderne qui sera exemplaire au regard du monde». Dans la réalité, il a laissé derrière lui une république corrompue et une démocratie entièrement livrée au capital et aux parasites spéculateurs sans foi ni loi.

    Le 21 mars 2013, Nicolas Sarkozy est mis à son tour en examen par le juge d'instruction Jean-Michel Gentil pour «abus de faiblesse» dans l'affaire Bettencourt.

     

    Hollande dont l'admiration pour l'austérité et le mépris pour les classes populaires sont sans bornes a placé Jérôme Cahuzac, son homme de confiance, au cœur de sa politique économique. Cahuzac, ministre du budget, comme Woerth, est ainsi devenu le symbole de l'austérité. Il était l'incarnation, le visage hideux de la politique de rigueur chère aux sociaux-démocrates.

     

    Le 2 avril 2013, Jérôme Cahuzac avoue ce qu'il niait publiquement depuis des mois y compris dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. Il est mis en examen «pour blanchiment de fraude fiscale», lui, qui était pourtant chargé de lutter contre cette même fraude ! Cahuzac est à l'image du Parti Socialiste qui se réclame toujours en théorie du socialisme démocratique et mène dans la pratique des politiques libérales très éloignées des intérêts des classes populaires. Le scandale Cahuzac est le reflet de cette politique conduite par la social-démocratie au profit de la bourgeoisie dont elle sert les intérêts avec un zèle singulier. Car la collaboration de classes est une constante dans l'histoire de ce courant politique (3). Le scandale Cahuzac n'est pas une affaire de morale, mais le produit d'un système économique dont les intérêts de classes constituent son fondement matériel. La morale n'a pas d'existence propre. Elle dépend des conditions matérielles qui la produisent. Elle est l'émanation des activités économiques, des comportements matériels des hommes. Lutter contre les scandales, les affaires, les fraudes etc., en invoquant la morale est une illusion et par dessus le marché une hypocrisie. Toutes ces gesticulations autour de«la moralisation de la vie publique», de«la nécessité d’une lutte implacable contre les dérives de l’argent, de la cupidité et de la finance occulte», de«la transparence de la vie publique», de «la lutte contre la grande délinquance économique et financière» etc.(4) ne sont que des balivernes idéalistes derrière lesquelles la social-démocratie tente de dissimuler sa véritable nature, un instrument au service du capital.

     

    La classe ouvrière, qui ne demande qu'à travailler pour survivre, découvre que ceux qui lui imposent toujours plus de sacrifices possèdent des patrimoines sans commune mesure avec ce que peut gagner et épargner un smicard. Combien de siècles de labeur et de souffrance au travail faut-il à un ouvrier pour atteindre le patrimoine des riches ministres du gouvernement «socialiste»?

     

     

    On peut adopter les lois que l'on veut contre la corruption, les affaires et les privilèges, mener toutes les enquêtes possibles, on peut même diminuer et limiter leur importance, mais on ne peut pas les éliminer. Car leur existence et celle du capitalisme sont tellement imbriquées l'une dans l'autre que l'on ne peut supprimer l'une sans éliminer l'autre. Les lois et les mesures prises pour lutter contre la corruption ne sont que des paravents derrière lesquels la bourgeoisie dissimule ses forfaits. Le problème n'est donc pas l'existence de la corruption, des scandales financiers, des affaires et autres privilèges, mais celle du capitalisme qui les engendre. Il y a eu dans le passé des scandales, il y a aujourd'hui des scandales et il y aura dans l’avenir d’autres scandales tant que ce système existe.

    Le véritable scandale, c'est le capitalisme lui-même.

     

    Mohamed Belaali

     

     

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    (1) Il s'agit, entre autres, des 9 500 euros mensuels de Christine Boutin pour une obscure mission sur la mondialisation, des 12 000 euros des cigares de Christian Blanc, les hôtels particuliers de l'ex-ministre de l'industrie Christian Estrosi ou les 116 500 euros d'Alain Joyandet pour un aller/retour à la Martinique sans parler de son permis illégal pour agrandir sa maison près de Saint-Tropez.

    Rappelons pour mémoire que Jacques Chirac a été condamné par la justice à deux ans de prison avec sursis en 2011. Alain Juppé condamné lui aussi par le tribunal de grande instance de Nanterre, à dix-huit mois de prison avec sursis et dix ans d'inéligibilité, le 30 janvier 2004. Charles Pasqua condamné à plusieurs reprise dans plusieurs affaires. Jean-Marc Ayrault condamné en 1997 à six mois de prison avec sursis pour «favoritisme» et «réhabilité» en 2007, etc. etc.

     

     

    (2) K. Marx et F. Engels «Manifeste du parti communiste». Éditions en langues étrangères. Pekin, page 35.

     

    (3) http://www.belaali.com/article-social-democratie-et-collaboration-de-classes-50152165.html

     

     

    (4) Voir la déclaration du président de la République:

    http://www.elysee.fr/declarations/article/declaration-du-president-de-la-republique-4/

     

     

  • Pierre Rabhi

    Pierre Rabhi: «La société civile est porteuse du changement »

    15 avril 2013 Par nadja

    Ecologiste convaincu, expert international pour la sécurité et la salubrité alimentaires des populations et la lutte contre la désertification, Pierre Rabhi est agriculteur, philosophe, écrivain et conférencier. Interrogé ici autour de l'affaire Cahuzac, il aura l'occasion d'exposer et développer ses idées sur bien d'autres sujets lors de la rencontre avec Edwy Plenel ce samedi 20 avril 2013 dans la Drôme, à l'occasion du week-end organisé par CAMédia, collectif d'abonnés de Médiapart.

     Homme singulier dans le paysage politique français, le scandale Cahuzac vous a-t-il sidéré comme beaucoup de citoyens ?

    Non, pas du tout. Tout est possible dans le contexte d’un monde glauque, d’une complexité infinie. Si ce genre de scandale est possible, c’est que la société le permet. Toute l’histoire de l’humanité est jalonnée d’exactions. L’être humain reste égal à lui-même. Les hommes politiques sont l’émanation de la conscience collective. Il y a une forme d’acharnement thérapeutique des politiques dans une logique d’enrichissement et  de prédation de la terre et des hommes. La planète est devenue un supermarché et l’humanité se prétend avancée en consacrant bien plus d’argent à des activités destructrices comme la vente d’armes  qu’à celles qui permettraient d’assurer la paix  ou  combattre la faim  dans le monde.

    Toute votre vie vous vous êtes attaché à dénoncer la corruption qui affame l’Afrique et l’ensemble des continents et de souligner «  qu’une grande partie de la dette du Tiers Monde se trouve dans les coffres des banques suisses ou des sociétés d’investissement » ( Pierre Rabhi  Le chant de la Terre, Rachel et Jean-Pierre Cartier, La table Ronde, oct 2012). Déjà, vous proposiez de faire le procès de la corruption. Comment sortir selon vous de la crise politique et morale que traverse notre pays ?

    Des mesures comme celles annoncées par le chef de l’Etat aujourd’hui sont sans doute nécessaires, mais non suffisantes. Ce n’est pas en changeant seulement la périphérie, qu’on changera les choses. Le changement de société ne se fera pas  par des éléments factuels mais par un être humain modifié.  La grande indignité de notre société, c’est d’avoir réduit la vie au lucre. D’ailleurs,  on entend peu  les religions sur ces questions de corruption, de financiarisation du monde.  

     Infléchir les comportements en réaffirmant les règles du vivre ensemble, en passant par des actions judiciaires et des lois, est indispensable, mais le mal est beaucoup plus profond.

    Pour résister, Il faut  s’attacher à l’éducation. Les enfants sont formatés pour s’adapter à un système de compétitivité, de sélectivité, de recherche du bonheur à travers  l’accumulation de biens matériels. Il y a une injonction permanente à posséder indéfiniment, entretenue par des médias qui manipulent les consciences notamment par la publicité.

    On doit apprendre très tôt ce qu’est la vertu.

      Par ailleurs, les citoyens sont souvent peu conscients de la puissance qu’ils ont  face aux dérives de notre monde. Ils ont le pouvoir mais n’en usent pas. Il y a bien des façons de protester, de résister au diktat économique, le boycott en est une.  Il faut identifier quelles sont nos contradictions et faire le choix de ce à quoi on peut renoncer, cibler ce sur quoi on peut agir. Bien parler, bien agir et apprendre. Il faut incarner la parole.

    Edwy Plenel rappelait dans un article du 25/02/2013 cette citation de Marc Bloch au sujet de « L’étrange défaite »  de 1940  et des élites dirigeantes : « Faiblesse collective n’a peut-être été souvent, que la somme de beaucoup de faiblesses individuelles ». Croyez-vous qu’elle s’applique au contexte français actuel ?

    Je ne juge pas les hommes, ils auront  rendez-vous avec leur conscience. Mais je serais plus radical avec le système qui prédispose à la corruption. Les paradis fiscaux devraient être supprimés, c’est là où se concentrent les transgressions les plus préjudiciables à l’espèce humaine.

    Les affaires actuelles accroissent-elles selon vous le risque Front National ?

    Ce triste spectacle du monde, cette corruption, la décrédibilisation de la politique peuvent amener les gens vers les extrêmes dans un mouvement irrationnel pour se venger. Il faut combattre l’humiliation, le miroir aux alouettes que constitue le recours à l’ordre brutal  par l’amour du prochain et la pleine conscience de l’unité du genre humain. L’humanité doit se réconcilier avec elle-même au-delà des frontières.

    Quel doit-être selon vous le rôle des médias dans la révolution de l’esprit que vous appelez de vos vœux ?

    Tout changement appelle un niveau  de conscience collective important. Les médias peuvent participer à cette prise de conscience à condition qu’ils ne soient pas trustés. Beaucoup participent à la manipulation de l’opinion en exerçant une censure de l’information.  Disposer de médias réellement indépendants comme Médiapart est idéal.

    « Le vrai courage c’est, au-dedans de soi, de ne pas céder, de ne pas plier, de ne pas renoncer » comme le disait Jean- Pierre Vernant  cité récemment par Edwy Plenel dans un hommage à ce résistant ?

    Le vrai courage c’est de parvenir à associer l’amour, la bienveillance avec la nécessaire résistance contre tout ce qui dénature l’humanité. L’engagement est épuisant. Parfois je dis avec malice que j’aimerais bien pouvoir donner ma démission, mais à qui ?

    Quel espoir avez-vous ?

    Partout autour de nous, des gens inventent le futur en prenant des initiatives originales dans tous les domaines que ce soit l’éducation, le soin, l’agriculture, la solidarité, le crédit, le commerce .... Les femmes  forcent mon respect dans bien des circonstances par leur courage, c’est  l’énergie des femmes qui sauve bien souvent, qui fait que  la vie l’emporte. Il est possible que toutes ces initiatives conjuguées fassent prévaloir une  société qui affirme toute la noblesse de la puissance absolue de la modération face au modèle actuel.

    La société civile est porteuse du changement auquel nous aspirons.

    Nous ne devons pas renoncer ne serait-ce que pour les générations qui vont prendre la relève. On transgresse : il faudra qu’elles corrigent. Ce n’est pas juste.

     Entretien réalisé par téléphone le 10 avril 2013.

    Pierre Rabhi aura l'occasion d'exposer et développer ses idées sur bien d'autres sujets lors de la rencontre avec Edwy Plenel ce samedi 20 avril 2013 à l'occasion du week-end organisé par CAMédia, collectif d'abonnés de Médiapart. Abonnés ou non , vous y êtes tous les bienvenus. Pour davantage  de précisions, c'est ici:     

    http://blogs.mediapart.fr/edition/camedia/article/190313/vivre-autrement-eduquer-autrement-rencontre-aux-amanins-les-20-et-21-avril

    Pierre Rabhi
    Pierre Rabhi© crédit photo Patrick Lazic  
  • Pub,Rebondir sur l'actualité

    Cahuzac, les 3 suisses, Thatcher et les haricots 
    Par Alain Korkos le 12/04/2013

    Les 3 suisses ont publié hier soir sur leur page Facebook cette publicité faisant référence à l'affaire Cahuzac :

     

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    Rebondir sur l'actualité, politique ou non, est dans l'air du temps : il y a peu, c'était Ikea qui s'appropriait le "Allô" de Nabilla (qui a, nous apprend Le Petit musée des marques , tout récemment déposé la marque "Nan mais allo quoi !") :

     

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    En février dernier, Virgin Mobile inaugurait une nouvelle série de réclames canines avec l'exilé Depardieu :

     

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    Le phénomène n'est cependant pas nouveau. On se souviendra (voir par là ) de la réclame faite par Sixt, un loueur de voitures allemand, qui en 2010 avait écrit sur l'une de ses affiches "Faites comme Mme Bruni. Prenez un petit modèle français" :

     

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    En 2008, l'image du jeune couple ex-présidentiel avait également été détournée par la compagnie aérienne Ryanair, qui avait ensuite été condamnée à verser 60 000 euros de dommages et intérêts à la tourterelle et un euro au tourtereau :

     

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    En attendant quelques possibles réclames mettant en scène la défunte Margaret Thatcher, admirons ce petit film publicitaire ancien et plein d'humour pour les haricots en boîte Heinz :

    — Je me demandais : si je mange suffisamment de haricots,
    crois-tu que je pourrai devenir… Premier Ministre ?
    — C'est bien possible, Margaret, c'est bien possible…

    L'occasion de lire ma chronique intitulée On a les amis qu'on mérite ! où il est question de femmes et d'hommes politiques, ainsi que de réclames.

  • TF1 met un coup d’arrêt

    TF1 met un coup d’arrêt à la série Julie Lescaut

     
     

     

     


    Non, on ne sortira pas nos mouchoirs pour pleurer la mise à la retraite de Julie Lescaut, alias Véronique Genest, ou alors seulement pour mieux dire adieu au violent télescopage d’image entre une commissaire de police de fiction, has been, et une actrice devenue, en l’espace de quelques mois, la propagandiste star de l’islamophobie et une ardente militante de la politique israélienne en France, soutien de la LDJ.

    Une ferveur partisane qui rivalise de bêtise, mais qui compte sur son capital sympathie et populaire pour déverser sa démagogie populiste. Alors, bye bye à la flic de TF1 et à son commissariat de carton-pâte qui ne se sont que trop invités dans les foyers français, après 22 longues années d’un fonctionnariat artistique très lucratif !

    TF1 vient  d’annoncer la bonne nouvelle, sans s’étendre sur les motifs réels qui l’ont conduit à mettre fin à la collaboration avec la comédienne d’un seul rôle, en précisant toutefois qu’elle ne disparaîtra définitivement du petit écran qu’en 2014, seulement…

    Accro au tweet, même si certains de ses gazouillis nauséeux ont contribué à briser le mythe de l’actrice plus vraie que nature et si sympa, Véronique Genest a remis ça, afin de démentir en amont le rapport qui ne manquerait pas d’être établi entre l’arrêt de la série et sa stigmatisation incessante de l’islam. Une croisade qui lui a fait franchir allègrement le pas de l’engagement politique aux côtés d’un pro-israélien notoire et sans nuances : Jonathan-Simon Sellem, directeur de la rédaction du site JSSNews, et résidant en Israël.

    "Nous avons prise cette décision avec TF1 fin 2012 et avions décidé de vous l'annoncer en octobre avant la diffusion des épisodes de fin d'année. Il faut croire que certaines personnes n'ont pas su tenir leur langue mais ce n'est pas grave. Ne soyez pas triste, je ne le suis pas. Nous avons fait le tour du personnage et nous avions envie de passer à autre chose. Je vous retrouverai très vite dans d'autres aventures cinématographiques, télévisuelles et théâtrales", a-t-elle signé sur son compte Twitter.

    Rassurez-vous, Véronique Genest, ce n’est pas la tristesse qui nous étreint à l’annonce de votre disparition du tube cathodique, en revanche notre jubilation est teintée d’inquiétude à l’idée que la République puisse tolérer un nouveau mélange des genres, foncièrement délétère et anti-républicain: votre mandat de députée suppléante pour les Français de l’étranger, si jamais votre champion Jonathan-Simon Sellem était élu, et la poursuite de votre carrière.

     
  • [lu] l'enculé, roman de marc-edouard nabe

     

    antiédité par l'auteur, octobre 2011, 250 pages, 24 euros

    Dessin de Laurent Lolmère (c)  - Non content d'avoir déjà mis un gros doigt dans le cul du milieu littéraire en général et celui de l'édition en particulier (c'est lui qui a inventé le concept révolutionnaire et d'avenir "d'ANTI-EDITION"), le voilà qui revient avec un nouveau roman, inspiré par "l'affaire D.S.K." et sobrement intitulé: "L'ENCULÉ".- On saura jamais ce qui s'est passé derrière cette porte...

    Cette phrase, on l'a entendue (on l'entend encore) partout : chez ceux qui voulaient savoir, comme chez ceux qui ne voulaient pas. Là-dessus tout le monde paraissait d'accord. Normal que Marc-Édouard Nabe, en anar individualiste, ne l'ait pas été et veuille nous le faire savoir, à sa manière.

    Nabe est entré dans la chambre 2806 avec l'Enculé, le héros de son roman. Rien ne lui a échappé de la fameuse scène de ménage, ce mémorable 14 mai 2011. Il avait pris la meilleure place pour le spectacle : embedded (embarqué) dans la tête et les jambes (poilues) du (alors) Président du FMI et dans tout le reste, surtout.

    Près d'un an plus tard, Dominique Strauss-Kahn nous raconte ça, et tout ce qui a suivi. Nabe tient la plume. C'est irrésistible, drôle, féroce, satirique, irritant, intelligent, fin, grossier, vivant, farce, cinématographique, méchant.

     

    [ce billet est illustré par le talentueux Laurent Lolmède, avec sa sympathique autorisation]

    Après celle de la chambre du Sofitel, aucune porte ne résiste à Nabe. Pas plus celle de la cellule de Rikers Island que celle de la maison de TriBeCa. On a tous subi à la télé cet été le spectacle édifiant et récurrent des visites que recevait un couple d'otages à Manhattan. On a vu le livreur de pizzas se frayer un passage entre badauds, micros et cameras ; sonner, entrer, ressortir. Nabe, lui, était de l'autre côté de la porte, dans le salon, alors il connait le montant du pourboire qu'Anne Sinclair a filé au garçon : 15 dollars ! Que je vous rassure (ou vous inquiète, c'est selon) il y a des choses beaucoup plus bêtes et méchantes sur la femme de l'Enculé, mais c'est toujours DSK qui raconte, hein...

    Évidemment Nabe s'appuie sur des faits d'actualité largement (trop) médiatisés vécus par des personnages bien connus. On rit de les retrouver minutieusement restitués par sa plume déformante avec ce qu'il faut de décalages subtils pour que les décollages de l'inspiration de l'écrivain vers le fantasme et la fantaisie débridée nous emballent. Les Strauss-Kahn spectateurs  d'un rodéo avec Elkabbach en Stetson parce que " ça change vachement les idées ", normal ! Jean-François Derec canotant à Central Park, normal ! L'enlèvement de Martine Aubry par un biker, normal !

    " J'aurais bien aimé perdre pour voir ce que ça fait. "

    Au bout de quelques pages, il se passe un phénomène curieux : on découvre un DSK tel qu'on ne l'imaginait pas du tout (moi en tout cas). L'Enculé est un drôle de type qui se laisse mener par le bout... du nez par les femmes, surtout la sienne. Fier de ses conneries, pas malin-malin, presque naïf, un peu jaloux, un pauvre con. Jouisseur évidemment, et fier de l'être au point de vouloir être le seul, l'unique, le plus grand. Pour un peu on le plaindrait d'être si... animal. Presque humain. Plausible. Scène touchante dans la cellule de Rikers quand DSK lie amitié avec une gentille araignée souriante qui ressemble à celle d'Odilon Redon et qu'il baptise Internette, rapport à sa toile. Saviez-vous que DSK était fan de singes, très calé, particulièrement intéressé par le nasique, celui dont on croirait qu'il porte son pénis au milieu de la figure ! A la fouille, le maton a sorti du baise-en-ville du prisonnier, une photo de Cheeta, et des pilules de bromure ! Bon, le vrai DSK peut-être pas, mais l'Enculé, si ! 

    Et puis, ça c'est mon interprétation personnelle, il y a du Nabe dans cet Enculé (comme la couverture du livre le suggère). J'ai relevé par exemple leurs goûts communs pour : les chapeaux, Picasso, les putes, la virilité, la neige glacée, la préférence pour la clarinette jazz putôt que klezmer, Billie Holiday, et fixer les femmes dans les yeux.

    In fine, une question demeure : la société est-elle coupable de ne pas être capable de condamner L'Enculé (le personnage, pas le livre) ?

     

    d'autres critiques, chroniques, notes de lecture, avis...

    ...ceux qui aiment :

    • Marc-Edouard Nabe - L'Enculé, par Tomblands, - "Tout roman qu'est L'Enculé, on ne peut pas ne pas se demander si Nabe risque un procès pour injure ou diffamation. On sait les gens tellement procéduriers. Au détour de la page 74, Nabe y fait allusion, avec amusement. Anne Sinclair dit à son mari : "Rachel aussi l'aime bien, ce Nabe... Je ne sais pas ce qu'elle lui trouve. En tout cas, qu'il ne s'avise pas d'écrire sur ton affaire. Sinon je lui fous un procès un cul !" Alors, procès ? Comme a conclu DSK son entretien TV avec Claire Chazal : "on verra... !"
    • L'Enculé de Marc-Edouard Nabe, par Leo Scheer - "Le résultat est, de mon point de vue, particulièrement réussi. Il y a dans la lecture de ce texte un éclat de rire et une jubilation de l'écriture qui ne faiblissent pas durant 250 pages. On ressent à chaque paragraphe comme une claque, le souffle de la liberté, la vraie et on se dit : Houah! comment c'est possible?"
    • Ainsi parlait DSK - Avec L’Enculé, Nabe sonde la banalité du mâle, par Daoud Boughezala rédacteur en chef adjoint de Causeur- “ A en juger par sa relation détaillée des dernières tribulations télévisées du « queutard » du Sofitel, le vingt-neuvième roman d’Alain Zannini a d’ailleurs été écrit sur le vif, sans doute moins de trois semaines avant son anti-édition. ”
    • Nabe, cet enculé, sur le site CulturalGangBang - “ Nabe écrit en musicien. Il transpose l'atroce un ton au dessus. Au sens propre, il exagère ”
    • L'Enculé de Mard-Edouard Nabe par Frédéric Aranzueque-Arrieta - " L'auteur ne craint pas de tomber dans le registre du grotesque, au contraire il y fonce ; on oscille également entre ironie et sarcasme, car malgré tout cette affaire nous laisse un goût amer"
    • J'ai dévoré L'Enculé par Michel Z -  "Sachant que l'affaire a éclaté le 14 mai, que le roman tient compte des faits historiques jusqu'à l'interview donnée à Claire Chazal, à la mi-septembre, c'est un fameux exploit d'avoir fait paraître ce livre le 7 octobre. L'action se déroule jusqu'aux élections présidentielles de 2012 et elle est donc forcément imaginaire - et d'ailleurs volontairement délirante."

    ...celui qui aime pas :

    • Nabe L'Enculé. Oui, l'enculé. par Emery Doligé. "Enfin, s'il faut lire les livres des gens qu'on n'aime pas, faut-il les acheter ?...Non. Il ne faut pas. Alors L'Enculé de Nabe faites-le vous prêter si vous n'avez plus rien à lire, mais ne l'achetez pas... histoire de ne pas financer ce que vous ne pourriez pas assumer."

    dans la presse :

    • La fortune de Nabe, par Patrick Besson pour Le Point : "L'Enculé est à ce jour la synthèse la plus pertinente et la plus joviale de tout ce qu'on a pu lire, voir et entendre sur l'affaire DSK au cours de l'été dernier. A cette occasion, les médias mondiaux, et notamment anglo-saxons, se sont affichés, avec une autosatisfaction abjecte, comme des monstres de bêtise et de vulgarité dont Nafissatou Diallo et Dominique Strauss-Kahn ont été, tour à tour, les victimes sacrificielles. Cette bêtise et cette vulgarité, Nabe, dans son titre et dans son texte, les reprend à son compte. Pour les retourner. C'est un grand retourneur."