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Societe - Page 30

  • Langue de pute et bon client... Marc-Édouard Nabe

     

    Des éjaculations littéraires qui mettent le PAF mal à l'aise !

    Seuls Jean-Pierre Elkabach sur Europe 1 et Éric Naulleau sur Paris Premièreont accepté de recevoir Nabe pour son dernier roman.

    Du coeur à l'outrage 

    Auteur de L'Enculé, roman hilarant et poisseux sur l'affaire DSK-Diallo, Marc-Édouard Nabe jette un regard perçant sur cette histoire très (mal) médiatisée, qui n'avait pas encore été interprétée de manière si...profonde ! Langue de pute, mais pas de bois, l'écrivain nous a reçus chez lui pour dégueuler son mauvais goût irrésistible sur la politique, le sexe, les femmes... Attention, ça tache !
    Auto-édité par Nabe, son dernier roman s'est déjà vendu à plus de 2500 exemplaires.

    HOT VIDÉO : Vous étiez enthousiaste à l'idée de faire une interview pourHot Vidéo plutôt que pour Le Magazine Littéraire (je vous cite) lorsque nous vous avons contacté. Pour quelle raison ?
    MARC-ÉDOUARD NABE : Oh la la ! Bien sûr ! Pour moi, c'est une consécration ! Je suis enchanté, ravi et vraiment très fier d'être dans Hot Vidéo pour L'Enculé.

    Pourquoi un titre aussi insultant ?
    C'est insultant, mais c'est aussi poétique. C'est l'un des plus beaux mots de la langue française, je l'ai toujours adoré. Personne ne l'avait jamais utilisé comme titre, aucun éditeur ne l'aurait accepté. Et ça va parfaitement au personnage dont il est question. C'est un sacré enculé dans le sens où il s'en est sorti !

    On sent une jubilation dans votre narration de l'affaire, celle de voir le masque d'un puissant tomber et de le révéler dans sa condition animale, « simiesque » comme vous dites...
    Je me réjouis toujours quand les masques tombent. Je déteste les masques surtout les masques sociaux. Le social me dégoûte profondément. Dans le cas de DSK, le masque est tombé, mais il l'a vite ramassé et se l'est remis sur le visage avec l'aide de son entourage. On le lui a verrouillé comme le masque de fer : c'est le masque du « nieur ». C'est ça sa tragédie : il nie l'évidence. S'il avait simplement dit à la télé : « Oui tout à coup j'ai eu envie de baiser et il n'y a que ça qui m'intéresse, je me fous de la politique, j'aime la France, mais là c'est plus fort que tout, j'ai 62 ans, il me reste encore quelques années pour triquer, j'ai vraiment besoin de ça, d'ailleurs tous les hommes me comprendront », il aurait eu tout le monde avec lui. Et « pardon Nafissatou, c'est vrai, je l'ai un peu brutalisée, mais j'avais tellement envie d'elle ! », aucun homme ni aucune femme n'aurait pu, en l'entendant, résister à un pareil aveu de vérité.

    Pourquoi racontez-vous cette histoire à la première personne, dans la peau de DSK ?
    Donner mon avis sur DSK aurait été trop prévisible, j'ai des choses à dire sur cette affaire, mais en tant que romancier c'est beaucoup plus intéressant de se mettre dans la peau de DSK, d'expliquer à la première personne la pulsion masculine. Plus que la charge politique, c'est l'aspect sexuel de L'Enculé qui l'empêche d'être présent dans les médias, il est boycotté à cause de la bourgeoisie et de la bienséance, ça ne se fait pas de parler d'un livre aussi sexué.

    Vous écrivez : « foutre tout en l'air pour foutre un peu ». Au-delà du cas DSK, tous les hommes sont ils réductibles à leur désir sexuel ?
    Complètement. S'ils ne le sont pas, c'est qu'ils se refoulent, se briment. Un seul métier est compatible avec une sexualité débridée chez un homme : celui d'artiste. En tant qu'artiste, on peut ne rien s'empêcher sexuellement, cette liberté profite toujours à l'Art. Mon personnage a essayé d'appliquer ça dans le monde de l'économie et de la politique et s'est cassé la gueule. Les hommes politiques sont des queutards, mais ils ne le vivent pas bien, la preuve... Au moindre dérapage, ils se font gauler. Pour un artiste, ce n'est pas grave de se faire gauler. En tournant dans Paris pour trouver une pute, il m'est arrivé de tomber sur un lecteur qui m'a reconnu et m'a désigné du doigt en me disant « ah je t'ai vu ! Tu vas aux putes ! », comme s'il était de la police et comme si je me cachais... Je lui ai répondu « oui, et je m'en vante, Monsieur ! » puis il est parti.

    L'Enculé décrit le sexe de manière crue, obscène et pas forcément sensuelle. Vous êtes-vous inspiré de l'imagerie porno pour décrire le sexe?
    Non, je n'ai pas besoin de regarder des films pour me rappeler comment se passe le sexe. Mais considérer mon livre comme pornographique est un grand compliment littéraire. Vous savez, si c'est bandant, c'est gagné. J'ai trois objectifs quand j'écris, et ça devrait être les fondations de toute écriture : faire rire, faire pleurer et faire bander (ou mouiller).

    Êtes-vous consommateur de porno ?
    Oui, mais je ne suis pas un addict. J'ai davantage une addiction à la prostitution qu'aux films pornos, mais j'ai des flashes, des images que j'ai vues et qui me suivent, car j'ai une mémoire visuelle et sexuelle très forte, je peux me souvenir de tout ce qui s'est passé à chaque fois que j'ai rencontré une femme depuis que je suis adolescent. Il m'est arrivé de me branler en voyant des images pornos sans pour autant être en manque par rapport à une autre activité sexuelle, conjugale ou prostitutionnelle. J'ai toujours tout mélangé, on peut faire l'amour à sa femme, et pendant qu'elle va faire les courses se branler avec du porno, puis le soir aller avec une pute. Pourquoi s'interdire ? C'est la grande hypocrisie de la société, on croit toujours qu'il y a une maladie ou un manque, mais ce n'est pas parce qu'un type manque de femmes qu'il va voir une pute, ni parce qu'il est tout seul ou célibataire qu'il se branle devant des films pornos. Ce sont des étapes différentes de la journée sexuelle d'un homme.

    Quel genre de porno regardez-vous ?
    Je préfère les films amateurs ou semi amateurs, je n'aime pas les films trop esthétisants avec de la musique. Dès qu'il y a un préservatif, c'est horrible ! Je me souviens d'un film où on voit une Roumaine sucer une cinquantaine de types les uns après les autres et elle les fait jouir sur elle. Le plan était toujours le même, les mecs rentraient et sortaient du champ sans qu'on ait vu leur tête (mais elle les regardait dans les yeux en les aspirant), et à la fin elle était recouverte de sperme, complètement inondée... L'affaire de « Dodo la Saumure », qui a eu lieu à L'Aventure, un bar dans lequel je passe souvent la nuit, m'a rappelé un film porno allemand, où l'on voit un mec sodomiser une vieille maquerelle dans les toilettes. C'est excitant parce qu'elle se laisse faire tout en n'étant pas trop d'accord. C'est exactement ce qui s'est passé à L'Aventure, DSK serait descendu aux toilettes et aurait sodomisé « Madame la Saumure ».

    Il y a forcément une part de vous-même dans ce personnage, mais laquelle?
    L'instantanéité. Je me retrouve dans le fait de rencontrer une femme et de pouvoir faire l'amour avec elle tout de suite, le jour même, dans une liberté totale. Ça m'est arrive assez souvent et à DSK aussi j'imagine. C'est ce que tous les hommes rêvent de vivre, la plupart ne le font pas parce qu'ils n'ont pas l'occasion, la force, ou le courage et ne savent pas prendre le présent à bras-le-corps. Moi je n'ai rien à voir avec ce mec et sa brutalité me répugne, je suis beaucoup plus tendre comme amoureux du sexe, mais l'impulsion originelle, fondamentale, primordiale, est là chez moi aussi, évidemment.

    Vous êtes plus féroce avec l'entourage de DSK, Anne Sinclair notamment (« Édith Piaf sous Cortisone »), qu'avec DSK lui-même...
    Bien sûr. Je suis contre l'épouse, la conjugale, l'autorité que la femme représente à l'intérieur d'un couple, parce que c'est un abus de pouvoir, surtout dans son cas puisqu'elle est millionaire, elle le domine completement sur le plan social...Je règle aussi à travers elle des conflits avec la gauche, cette gauche qui pue, qui est ignoble. Je déteste la droite, tous mes ennemis sont à droite, vous ne verrez jamais un article sur moi dans Le Figaro MagParis-Match, ils me détestent.Mais alors, cette gauche sartrienne, dont toutes les idées se sont écroulées depuis la Libération, est encore pire. Comment un type comme DSK peut-il encore se prétendre de gauche ? Mitterrand le premier a sacralisé cette figure de l'hypocrite suprême, le franchouillard de droite qui se déguise en gauchiste humanitaire pour avoir des électeurs et pour devenir président de la République.Mitterrand n'a jamais rien eu de gauche à part sa femme qui vient de mourir.C'était elle, la seule gauchiste du couple, elle l'était authentiquement, ce n'est pas du tout le cas d'Anne Sinclair et de Strauss-Kahn, les deux sont des hyperbourgeois de droite qui se déguisent en gens de gauche pour accroître leur pouvoir.

    Vous tournez en dérision les sujets les plus sensibles, le racisme, la misogynie, le viol, la religion, la pédophilie, les Juifs... Pourquoi choisissez-vous toujours les thèmes les plus périlleux comme supports humoristiques?
    Ce n'est pas moi qui invente notre époque, harcelée et hantée par ces sujets-là.C'est comme dans la musique, souvent les mêmes thèmes reviennent. Écoutez Beethoven qui, petite parenthèse, était complètement frustré sexuellement. S'il avait pu, il aurait sauté sur n'importe quelle femme de ménage, c'était une brute de douleur, de sexe, il s'est toujours amouraché de connasses bourgeoises de Vienne qui n'en avaient rien à foutre de sa gueule et toute sa musique n'est que l'expression de sa frustration, ses symphonies ne sont que des frustrations de sexe non accompli. Il n'a rien à voir avec Mozart, qui est un flamboyant sexuel, libertin, je ne sais pas s'il avait le temps de baiser tout ce qu'il pouvait, mais en tout cas il était très léger sur ça, tandis que Beethoven, sa musique n'exprime que le manque de baiser, « je souffre de ne pas baiser », c'est ce que dit la Neuvième Symphonie, L'Hymne à la joie est en fait un hymne à la jouissance qui ne peut pas s'accomplir pour le pauvre Beethoven. Ce n'est pas impossible qu'il soit devenu sourd à force de se branler et il était rejeté par toutes les femmes parce qu'il avait un coeur d'artichaut en plus, cet abruti.

    Je reviens à votre livre. L'Enculé suinte la haine, envers de nombreux personnages publics, juifs surtout...
    (Il coupe) Ce n'est pas le livre qui suinte la haine, c'est le personnage qui ne peut plus supporter les gens de se communauté. J'ai déjà écrit ça dans bien des livres sur ces gens-là : Badinter, Elie Wiesel, Anne Sinclair... Dans mon Journal intime, il y a des portraits monstrueux d'un tas de personnalités, pas seulement juives, où je parle en mon nom propre. Dans L'Enculé, c'est différent : je joue avec les clichés du racisme, sans me positionner en tant que raciste, mais en faisant de DSK et de son entourage des racistes, ce qui casse les clichés justement. Par exemple, on dit que les noirs sont comme des singes et que les juifs aiment l'argent. Dans le livre, c'est le contraire : les Noirs aiment l'argent et les Juifs se comportent comme des singes. Anne Sinclair est très raciste envers les Noirs et DSK envers les Juifs, alors que lui-même fait partie de la communauté juive. On est dans ce mauvais goût.

    L'humour est-il possible sans mauvais goût, selon vous ?
    Oui, mais moi, ça me fait moins rire. L'Enculé est vraiment un livre d'humour très noir. C'est de l'humour noir juif ! Par exemple, le torchage avec La Nuitd'Elie Wiesel, ce n'est pas par hasard, je n'ai pas pris n'importe quel livre de déporté, je n'aurais jamais fait ça avec Si c'est un homme, de Primo Lévi, qui est un livre authentique, irréprochable, tandis que celui d'Elie Wiesel est beaucoup plus contestable, selon moi...

    L'outrage est-il le moteur de votre travail ?
    Oui, c'est vrai, c'est l'un des moteurs, surtout dans ce livre-là : c'est l'outrage aux bonnes moeurs. L'outrage que le personnage a fait subir à Nafissatou Diallo, je le lui fais subir à lui par les mots. Il ne faut pas oublier que c'est un livre « hyper-Nafissatoussien », c'est la première fois qu'on prend sa thèse pour argent comptant. La scène du viol que j'ai décrite est une reconstitution littéraire de ce qu'elle a dit à la police et aux médias.

    « Nafissatoussien », peut-être, mais pas féministe : vous pestez contre la « sensiblerie lacrymale » des femmes, vous traitez les féministes de « connasses »... Que vous ont-elles fait ?
    Rien, justement ! (rires) Tout dépend ce que l'on entend par féministe, je peux me considérer comme féministe dans ce livre, puisque je dénonce l'outrage infligé aux femmes par DSK, mais c'est vrai que le côté « ni pute ni soumise » est tellement révélateur de la méconnaissance volontaire de la femme... Les femmes qui se connaissent elles-mêmes savent qu'elles sont fondamentalement « et putes et soumises » et que toute leur vie est un combat contre cette putasserie et cette soumission. Alors tant mieux si ça les a fait évoluer sur le plan social, mais fondamentalement, quand une femme est excitée dans votre lit, elle est et pute et soumise, et ça la fait jouir, je ne parle pas de l'homme qui jouira de ça, c'est elle qui jouira d'être pute et soumise. C'est la nature féminine qui est comme ça, et tant mieux, c'est ça qui est magnifique, splendide.

    Ne craignez-vous pas d'être pris pour un odieux macho en disant cela ?
    Je m'en fous, il n'y a rien de macho là-dedans, et si on le croit, tant pis. Les vraies femmes et toutes mes amies putes savent bien que j'ai raison, je ne serais pas si ami et si tendrement attaché aux prostituées si elles me considéraient comme un macho. Elles savent bien que je suis le contraire d'un macho. Et pourtant, s'il y a bien des femmes qui revendiquent leur côté pute et soumise, ce sont bien les prostituées, tout en étant bien souvent les plus libres, les plus rebelles et les plus intelligentes.

    Propos recueillis par François Brummell

    Légendes et extraits :

    Les murs de l'appartement parisien de Nabe sont colorés de ses propres tableaux. Une série de nus commencée il y a plus de 10 ans.

    « J'ai juste secoué une boniche pour qu'elle me fasse une pipe vite fait. » Extrait de L'Enculé

    « Tous les hommes sont capables de remuer des mondes, de renverser des univers ou de bouleverser des galaxies juste à cause de cette bite et de ces deux couilles. » Extrait de L'Enculé

  • Affaire DSK...L'Enculé:Marc Edouard Nabe


    Nabe.jpgLes critiques boudant le dernier livre de Marc-Edouard Nabe à propos de l’affaire DSK, l’Enculé, je me suis dit qu'il fallait bien que quelqu’un s’y colle (1)...

     

    Et pour revenir à ces critiques (2), en attendant d'en venir à Nabe et à son ouvrage, critiques qui, et cela n’aura échappé à personne, ne découvrent le plus souvent, et parfois même exclusivement, la littérature qu'à travers le service de presse des éditeurs…

    En effet, on n’a jamais vu un critique acheter un livre ; et les livres de Nabe étant auto-édités, pas moyen de se les procurer à l’œil : faut raquer. Et un critique… ça raque pas !

    Dommage d’ailleurs, car, comme pour le cinéma, s’ils devaient débourser quelques euros pour faire leur métier, cela changerait du tout au tout la donne : pour commencer, ces critiquent liraient beaucoup moins de livres… moins et mieux ; et nul doute qu’ils seraient plus exigeants et donc, moins indulgents avec des livres pour lesquels il leur aura fallu débourser quelque argent !

    Aussi, soit dit en passant, et pour cette raison qui en vaut bien d’autres... un conseil : évitez de prendre pour argent comptant l’avis de ceux qui n’en dépensent jamais ! Et gardez-vous bien de côtoyer ces professionnels de la lecture - professionnel non pas dans le sens de « compétent » mais… dans le sens de… « qui tire un revenu de son activité » !

    ***

    .

    A la fois récipiendaires et garçons de course des services de presse, marathoniens de la lecture, compte-rendu après compte-rendu qu’ils appellent abusivement critiques… pour ne rien dire de ceux qui ne commentent que les livres qu’ils ont aimés (3) parmi ceux qui leur sont adressés par des éditeurs qui jettent les livres par les fenêtres comme d’autres leur argent...

    Tout bien considéré, et toute chose étant égale par ailleurs, même si on sera bien en peine de savoir qui et quoi…

    Curieux tout de même ce métier de critique quand on y pense ! Car, tout comme les libraires dont on ne sait déjà plus quoi faire, difficile d'ignorer, quand on prend la peine et le temps d'y réfléchir un peu... le fait que tous ces tâcherons passeront finalement leur vie de lecteurs-critiques-professionnels à ne découvrir une littérature que seuls les éditeurs auront bien voulu leur faire connaître… et pas n’importe quels éditeurs : une trentaine tout au plus, tous confinés, à quelques exceptions près, dans notre belle capitale que plus personne ne peut d’ailleurs s’offrir le luxe d’habiter, excepté en célibataire ou à deux, couple stérile de préférence, ou bien franchement hostile à toute vie familiale, dans un 40m2 bien tassés.

    Un autre conseil alors : côté lecture, détournez-vous de ceux qui jamais ne choisissent les ouvrages qu'ils lisent ou vendent - critiques et libraires confondus.

    Une dernière chose avant d’en venir à Nabe : une idée... comme ça ! Et si demain on décidait d’interdire cette activité de critique, de toute façon ingrate et superflue (4), aux auteurs ? Oui ! Aux auteurs qui, le plus souvent, font de la critique comme d'autres font la plonge chez Mc Donald pour payer leurs études, tout en gardant à l’esprit ce qui suit : passer son temps à lire les livres des autres, quand on sait le temps que ça prend d'écrire les siens (5)...

    Alors oui ! A tous ces auteurs, si on leur interdisait de faire de la critique… la littérature s'en porterait beaucoup mieux, et puis aussi, cela permettrait en partie de mettre fin aux conflits d’intérêts que cette double identité-activité d'auteur-critique engendre inévitablement : complaisance à l’égard des auteurs appartenant au même éditeur que notre critique ; et plus sournois encore : critiques dithyrambiques comme autant d'appels du pied vers la maison d’édition que ce même critique-auteur meurt d’envie de rejoindre…

    Alors, combien de membres cette corporation perdrait-elle si cette interdiction devait être appliquée ?

    D’aucuns pensent qu’il ne resterait que le tronc pour une activité sans queue ni tête.

     

    ***

    .

    Mais trêve de bavardages ! Revenons à l'Enculé de Nabe, son dernier ouvrage.

     

    Nabe uleski enculé dsk.jpg

    Et à ce sujet, laissons la parole à l’auteur..

     

     

    Bonne découverte et bonne lecture à tous !

     

     

     

    1 - D'autant plus que je sais maintenant que j'ai plus de lecteurs que Nabe : lecteurs à la fois payants et non payants. Aussi, n’étant pas moi-même un enculé, je m’empresse de lui donner un petit coup de pouce.

     

    2 – Et les « critiques » de Mediapart aussi ; sans doute pour ne pas être en reste : rien donc sur le dernier ouvrage de Nabe.

     

    - La bonne blague ! Comme si cela nous importait qu’ils les aient aimés – ils feraient bien mieux de les comprendre et de se demander d’où vient leur rejet !

     

    4 - A quelques exceptions près – pour rester sur le Net, notre maison commune à tous… pensez à visiter le site STALKER

     

    5 – Un auteur qui se respecte ne lit que les livres dont il a besoin pour écrire les siens ; et ces livres-là, ne sont pas si nombreux !

     

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    TOUS LES COMMENTAIRES

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    Pour ce qui est de l'ouvrage en question, je ne me prononcerai pas ; mais pour ce qui est des considérations de Serge Uleski sur les ouvrages auto-édités et sur la critique, je ne vais pas rater cette occasion de dire combien je suis fier d'éditer moi-même mes ouvrages.

    .

    Combien je recommande à tous ceux qui ont quelque chose à dire et se situent en dehors des réseaux de l'édition de connivence d'en faire autant. (Surtout, sans oublier, les ressources de l'ebook et du numérique ).

    .

    jpylg

    Merci pour votre commentaire.

     

    Et soyez le bienvenu sur ce fil !

    Vous écrivez : "quand je le vois à la télé, où heureusement pour lui il n'est pas tricard."

     

    Merci pour ce "heureusement" très heureux.

    Vous l'avez lu ou pas ?

     

    Sinon il y a aussi des videos pornos avec "DSK" dans le titre, sur le net, mais je ne les ai pas visionnées.

    Oui bien sûr ! Je l'ai lu.

    Et je garde pour moi mon avis qui ne regarde que moi. Je suis un auteur et pas un critique !

    Pas de mélange des genres.

    En tout cas je me suis bien bidonné en le lisant . Un gros culot ce Nabe dont j'avais aimé 'une lueur d'espoir "et "Billie Holiday"... Il fait subir à des personnalités que d'habitude les médias bichonnent le traitement que ces mêmes médias se permettent pour les Lepen.

    Je ne suis pas expert en litterature Monsieur Uleski, mais il me semble que beaucoup de grands écrivains n'ont pas cachés leurs critiques envers leur confrères.

     

    Merci pour votre commentaire.

    Vous écrivez : "Beaucoup de grands écrivains n'ont pas cachés leurs critiques envers leur confrères."

    En effet, c'est vrai ! Mais ce n'était pas dans le cadre d'une activité rémunérée.

    Sinon, entre auteurs, il y a de savoureux règlements de comptes...

    Cliquez NabeHouellebecq...

     

    Et si vous n'êtes pas un expert en littérature... cela ne vous empêche pas de donner votre avis (quand on sait ce que les experts ont fait de Proust !...)

    Pour le moins qu'on puisse en lire Nabe n'a pas l'air de vous plaire , j'ai cherché et je n'ai pas bien compris pourquoi. Comme je vous l'ai dit précedemment je n'ai lu Nabe que pour y voir traité des idées impossibles à découvrir ailleurs ou alors vraiment très cachées. Je me rappelle qu'il vit presque seul, à ma connaissance, après le 11 septembre "une lueur d'espoir " là ou tout le monde médiatique occidental voyait de la barbarie - en Arabie les gens exultaient .C'est certainement ce que vous appellez "n'avoir pas une seule d'idée".Donc je ne peux parler de son style bien que ma lecture de "l'âme de billie Holiday" m'ait à ce sujet impressionné

    J'ai continué en lisant votre article sur Céline qui lui aussi ne semble pas vous convenir et j'ai remarqué que vous lui déniez tout courage physique. Vous oubliez de spécifier ce qui pourrait vous contredire qu'il s'est engagé volontairement pour combattre contre l'Allemagne en Quatorze dix-hui. Cet épiphénomène négligé vous faites référence à sa présence durant cette guerre un peu plus loin en affirmant qu'il y aurait connut des évènements qui lui auraient fait douter de son courage. C'est assez succint lors d'une guerre tous les hommes ( à part l'extraordinaire Ernst Junger faisant corps avec l'acier des bombes reçues ) connaissent la peur , celle-ci est même la donnée la plus immédiate mais cela ne fait pas de ces hommes des laches, mais des hommes.Céline n'est certainement pas handicapé côté physique comme une lecture superficielle pourrait le faire penser mais je n'ai comme preuve que son engagement volontaire à 18 ans je crois...et toute sa vie et son oeuvre.

    En refeuilletant l'âme de Billie Holiday de ME Nabe je relis que celle-ci interprêta un role de bonniche dans un obscur film de jazz on comprend pourquoi donc Nabe sauta sur"l'enculé" Strauss Khan , il a vu en Nafitassou l'éternel mais riche malheur noir.

    Merci pour ce commentaire construit et dont je partage en grande partie le point et angle de vue.

    Impossible d'acheter les ouvrages de Nabé de l'étranger, les frais de porc étant trop élevés.

    Quoiqu'il en soit il n'y a pas d'"enculé" mais une "enculée" pour le moment dans l'affaire DSK (Nouvel Obs de cette semaine page 30)

     

    Et pour donner son avis sur un livre il faut le lire (ou être critique littéraire ou journaliste).

    Merci pour votre commentaire.

     

    Vous écrivez : "Impossible d'acheter les ouvrages de Nabé de l'étranger, les frais deporc (!) étant trop élevés."

    L'auto-édition n'a pas que des avantages mais elle vous apporte un autre type de lecteurs : des lecteurs déterminés, quasi... militants. Des lecteurs de convictions et non d'humeur.

    Je suis prêt à payer un livre cher, mais l'arnaque sur les frais de port (dont Nabé n'est sans doute même pas au courant) non merci. Je parle de 20 ou 30 euros l'envoi quand la poste demande 5 euros.

    Pour donner son avis sur un livre, il suffit de l'avoir lu, même en partie ; il n'est pas nécessaire d'être critique ou journaliste.

     

    Et sans l'avoir lu, on peut aussi donner son avis autour d'un livre et de son environnement (comptes rendus dans la presse, télé, radio, promo, interviews de l'auteur, extraits).

    Tout comme le cinéma, un extrait suffit à vous renseigner sur... qui, quoi, comment et pour qui...

    Ensuite... libre à vous d'être concerné ou pas par cette publication.

    Exiger qu'un livre ait été lu pour que l'on vous autorise à donner votre avis, c'est une exigence de commerçants, et de leurs porte-parole, salariés VRP que sont alors les critiques, ou plus simplement, les tâcherons des comptes rendus de lecture.

  • HARO CONTRE DES PARENTS PYROMANES

    HARO CONTRE DES PARENTS PYROMANES ET ASSISTÉS (PRESSE GB)
    Par Gilles Klein le 03/04/2013

    Pyromane, père de 17 enfants et vu comme adepte des prestations sociales, MickPhilpott est à la une de la presse britannique. En effet, lui et sa femme, parents de six jeunes enfants morts, en 2012, dans un incendie, d'abord présenté comme accidentel, ont finalement été jugés coupables de meurtre. Toute la presse britannique se déchaîne contre le père de cette famille, connue depuis qu'elle a fait l'objet d'un documentaire dénonçant les prestations sociales vues, par certains, comme trop généreuses.

    MickPhilpott est sans emploi et il a eu 18 enfants au total de plusieurs femmes. Il vivait avec sa femme et sa maitresse ainsi que leurs enfants à Allenton (Derbyshire). Mais cette maîtresse est finalement partie avec les enfants qu'elle a eus de Philpott.

    Le 11 mai 2012, c'est le drame. Cinq enfants de 5 à 10 ans meurent pendant l'incendie de la maison de Philpott. Le sixième, âgé de 13 ans, mourra deux jours après à l'hôpital. Leur père disait avoir vainement essayé de secourir sa progéniture, coincée à l'étage alors que lui dormait au rez-de-chaussée avec sa femme Mairead. Mais le 29 mai 2012, les parents sont inculpés pour meurtres, ainsi qu'un de leurs amis. Tous les trois viennent d'être reconnus coupables au cours d'un procès qui s'est terminé hier.

    En fait, les parents auraient eux-mêmes mis le feu avec de l'essence, avant d'être surpris par la violence des flammes qui les aurait empêchés de sauver leurs enfants. Peu après, le père, chômeur, était passé à la télévision, en pleurs, demandant que l'on retrouve l'auteur de l'incendie. Il espérait faire accuser son ex-maitresse qui avait quitté leur maison avec ses enfants. Ce qui lui aurait permis d'obtenir la garde des enfants de cette femme et de récupérer les allocations familiales qu'il touchait jusqu'à son départ. Juste après le drame, le journal local, le Derby Telegraph saluait, le 13 mai 2012 sa douleur, tout en signalant qu'il n'était pas toujours bien vu dans la région.

    Aujourd'hui, le ton a changé, l'heure est au lynchage médiatique, la presse britannique montre le "père indigne" en compagnie de ses enfants défunts à la une, le ton est violent, qu'il s'agisse de presse sérieuse ou de tabloïd, le couple est appelé les "parents diaboliques".

    Daily Express Guardian

    "Le salaud tueur d'enfants m'a donné 27 coups de couteau" titre le Sun en citant une ex-maitresse qui accuse Philpott d'avoir essayé de la tuer. Le Sun écrit quePhilpott profitait en fait de plus de 4 000 euros par mois versés à ses deux compagnes pour leurs enfants. De plus, le Sun l'accuse d'avoir des tendances pédophiles et de coucher avec les deux femmes en même temps, tout en les battant régulièrement.

    Independent Sun
    Daily Mail

    Pour le Daily Mail, cet homme représente le "vil produit de la protection sociale britannique". Le journal estime que cet homme a eu 17 enfants de plusieurs femmes pour bénéficier des allocations familiales. De plus, note leDaily Mail, il a été accusé de viol. Pis, selon le quotidien les travailleurs sociaux n'ont rien fait même quand il a étalé son "sordide mode de vie" à la télévision.

    Le quotidien n'en est pas à son premier article contre Philpott. Déja en 2006, le Daily Mail s'en était pris plusieurs fois à lui. En mars, le quotidien estimait que Filpott touchait plus de 25 000 euros par an en prestations sociales diverses. En novembre 2006, nouvel article car Philpott réclamait un logement social plus grand alors qu'il vivait avec sa femme et sa maîtresse qui était toutes deux enceintes alors qu'il avait déjà 15 enfants.

    En 2007,Philpott était passé dans des émissions comme le Jeremy Kyle Show qui présente des personnes qui ont une vie difficile et font face à des problèmes de drogue, d'histoires sexuelles, ou ont des comportements plus ou moins considérés comme aberrants.

     

    La même année, Ann Widdecombe (à gauche sur la photo), une ancienne députée conservatrice qui dénonce depuis toujours les prestations sociales trop généreuses,avait tourné chezPhilpott (enfant au bras), un documentaire intitulé Ann Widdecombe Versus the Benefits Culture pendant une semaine. Il fut diffusé sur la chaîne privée ITV en août 2007.

    Philpottfut ensuite appelé par le Daily Mail "the country's most successful benefits crounger" (le plus grand parasite, ou le meilleur pique-assiette de Grande Bretagne).

    L'homme qui vient d'être reconnu coupable n'était donc pas inconnu des médias britanniques avant l'incendie de 2012.

    Anne

  • Atelier sextoys

    Atelier sextoys : Clément a choisi boule de geisha vibrante à distance 

    Un atelier pour faire des sextoys soi-même ? Par l’odeur du latex, alléchée, j’y suis allée. C’était au Fablab de Gennevilliers , vendredi 22 mars dernier, de 13h30 à 18h.

    Finalement, il n y a pas eu tellement de latex, mais plutôt du bois, des tournevis, de la fraiseuse et de la découpeuse.

    13 heures. En charge de l’atelier, peu avant les réjouissance, Clément rappelle l’essentiel. C’est quoi un Fablab ?

    « C’est un atelier participatif où l’on met à disposition du public des outils à commande numérique, des machines, une découpeuse laser ou des fraiseuses numérique.

    On forme les gens à s’en servir. Après, ils montent eux-même leur projet. On n’est pas là pour le faire pour eux. On est juste là pour leur donner des pistes ou pour apprendre à le faire. »

    Clément, au Faclab de Gennevilliers, en mars 2013 (Renée Greusard/Rue89)

    Une armada de machines 

    Au Faclab de Gennevilliers (il s’appelle comme ça parce qu’il est hébergé par l’université de Cergy), on trouve donc une armada de machines avec lesquelles on peut gratuitement jouer. Il y a :

    • une découpe-laser ;
    • deux imprimantes 3D ;
    • une découpe Vinyle ;
    • une fraiseuse numérique ;
    • une machine à coudre ;
    • une scie à chantourner.

    Mais sur le site internet, la couleur est annoncée : un Fablab ce n’est pas juste un endroit pour s’amuser avec de gros jouets. C’est un projet politique. Les fondateurs sont par exemple persuadés que :

    « la réappropriation des techniques est une nécessité et que l’innovation ainsi que la créativité passent par le libre échange des idées. »

    Les mots-clés du projets sont donc nombreux. Gratuité. Echange. Education. Curiosité. Créativité.

    Transformer des jeux d’enfants en sextoys 

    Voilà pour la théorie. Concrètement, pour cet atelier, les visiteurs étaient censés ramener leurs sextoys, dit Clément :

    « Ils peuvent aussi amener des objets qui n’ont rien à voir pour les transformer en sextoys, et du coup je leur donnerai les pistes. Ou alors, on peut démonter un sextoy et expliquer comment ça marche, comment c’est fait dedans, par où arrive l’électricité, à quoi sert ce petit composant là, etc. »

    L’esprit bidouille et bricolage.

    14h30. Finalement, presque pas de visiteurs, mais que des journalistes. Qu’à cela ne tienne, ce n’est pas parce qu’on est journaliste qu’on n’a pas, comme tout le monde, des envies de jouer. Et ce jour-là, des confrères suédois avaient ramené des objets à détourner. Des jeux en bois, des quilles et de grosses boules destinés aux enfants.

    Les jeux emmenés par le journaliste suédois (Renée Greusard/Rue89)

    Clément a regardé longuement tous ces objets. Le journaliste suédois lui a lancé un challenge. Qu’est-ce qu’il pouvait faire avec ça ? Le hacker a réfléchi. Puis il a lancé tout un tas d’idées.

    Le jeu qui ressemblait à une double maraca pourrait continuer de faire du bruit dans l’une de ses deux boules, mais dans l’autre un petit vibreur pourrait être caché.

    La grosse boule en bois verni pourrait devenir une grosse boule de geisha, sur laquelle des hommes pourraient s’assoir pendant leurs heures de travail. On pourrait ajouter une fonction « SMS » ou une fonction vibrante liée à un compte Twitter, qui vibrerait à chaque tweet ou message. La boule pourrait aussi fonctionner avec une télécommande.

    La magie de la bidouille 

    Après réflexion, Clément a choisi l’option boule de geisha vibrante à distance. Il entreprend d’abord de démonter un premier sextoy déjà tout fait et qui fonctionne sur télécommande. Juste pour en extraire son vibreur. Concentré, tournevis en main, il galère pas mal.

    « Putain mais c’est indémontable, cette merde ! »

    Finalement, il réussit.

    Le vibreur du sextoy démonté (Renée Greusard/Rue89)

    Puis il faut ouvrir cette fameuse boule et la creuser, car elle est pleine.

    Le jouet pour enfant creusé (Renée Greusard/Rue89)

    16h30. Enfin, avec de la colle, Clément insère la partie vibrante au creux de la boule.

    Le vibreur collé dans la boule (Renée Greusard/Rue89)

    La suite, on ne la verra pas. Il manquait quelques bidules-trucs à Clément, et puis du temps aussi. Mais a priori, par la magie de la bidouille, il obtiendra comme souhaitée une boule de geisha vibrante sur commande, et sur laquelle on peut s’assoir pendant ses heures de travail.

    « Le but, c’est la preuve du concept  

    Sera-t-elle vraiment opérationnelle ? Rien n’est moins sûr. Clément a tout de suite vu les écueils d’un tel bricolage : le vernis qui pourrait être toxique, pas tellement adapté à des muqueuses vaginales ou anales.

    Et puis une fois reformée, cette boule ne promet en rien d’être hermétique. Qui a envie de se retrouver avec un petit truc électronique perdu dans un orifice ?Personne.

    Mais, explique Clément, le but de ce type de « hacking », ce n’est pas forcément de s’empresser de se donner du plaisir avec l’objet obtenu.

    « Le but, c’est la preuve du concept. »

    Ce qui est important, c’est de laisser libre cours à sa créativité, ses fantasmes, d’imaginer.

    « Si on est vraiment créatifs et qu’on observe vraiment les objets du quotidien, on peut trouver toutes sortes d’applications différentes pour des objets qui à la base ne sont pas conçus pour ça. »

    Un prétexte ludique pour échanger sur le sexe 

    En d’autres occasions, Clément a réalisé des jouets utilisables. Il est arrivé aux Sextoys DIY (do it yourself, « fais le toi-même » en français) par Vanessa, « une nana d’un autre hacker space », L’usinette .

    Vanessa venait des Beaux-arts et travaillait beaucoup sur les questions de genre et le post porn , un mouvement d’art contemporain pornographique. Un mouvement d’émancipation sexuelle visant à montrer la sexualité autrement, à casser aussi les stéréotypes genrés du porn. Au téléphone, elle dit :

    « Pour, moi, c’est évident que la démarche des ateliers sextoys s’inscrit dans le post porn et les questions de genre. [...] C’est un prétexte ludique, une occasion pour échanger sur le sexe. »

    Elle dit que la pudeur et l’intimité ne sont pas les ennemies de l’information sur le sexe, qu’on peut le libérer. Elle parle de gynécologie alternative, aimerait qu’on puisse vraiment apprendre à connaître nos corps.

    « Le périnée par exemple, on ne vous en parle que quand vous avez une grossesse. Il y a pleins de nanas qui découvrent qu’elles peuvent prendre du plaisir en le stimulant, seulement quand elle vont se faire rééduquer après un accouchement. »

    Sextoy à plusieurs 

    Aujourd’hui, Vanessa a quitté L’usinette pour fonder un nouveau collectif, Pointpointpoint.org (leur site n’est pas encore très prêt, mais bientôt, il y en aura un tout propre). Avec deux ans passés sur ces réflexions, elle a déjà accompli pas mal de choses.

    Avec ses acolytes et Emmanuel Gilloz, qu’elle décrit comme un ingénieur « bidouilleur impénitent et cofondateur du makerspace de Nancy » , ils ont « modélisé et imprimé » le sextoy ci-dessous.

    Le sextoy orange réalisé avec Emmanuel Gilloz (Emmanuel Gilloz/Vanessa)

    Pour une autonomie encore plus totale, Vanessa et son collectif de hackers refusent d’utiliser des machines achetées toutes faites. C’est donc grâce à « l’expeditive Foldarap », une imprimante 3D portative et open source entièrement conçue par Emmanuel Gilloz, qu’ils ont pu réaliser ce sextoy.

    Autre création, imaginée cette fois-ci avec un hacker activiste espagnol, Jonathan García Lana : un ampli, sextoy pour plusieurs, doté d’un haut-parleur intégré qui « génère des vibrations ».

    Les partenaires, chacun raccordés à l’ampli, doivent pour activer ces vibrations se toucher entre eux. On vous laisse imaginer la suite.

    Vanessa et un garçon essayent le sextoy qu’ils ont crée (Vanessa/DR)

    Pas de format pour la sexualit é

    Ce ne sont pas les idées qui manquent. Avec Pointpointpoint.org, Vanessa imagine déjà des « battles de périnées en réseaux », un jeu vidéo en réseau où les manettes ne seraient plus dans les mains, mais dans le pantalon ou sous la robe.

    Elle parle d’une prise de pouvoir, de sortir des normes étriquées, de s’offrir de l’imaginaire pour se réinventer une sexualité. Parce que :

    « La sexualité, c’est de toute façon DIY. Il ne devrait pas y avoir de format, c’est une rencontre avec l’autre. »

    Clément, l’a tout de suite compris. Membre de l’association des paralysés de France et en fauteuil roulant, il a vu dans cette autonomie offerte la possibilité d’offrir une sexualité aux personnes handicapées qui n’en avaient pas.

    Ces temps-ci, il est par exemple en train de fabriquer un sextoy pour une femme handicapée, dont les jambes sont paralysées. Elle pourra l’actionner avec le joystick de son fauteuil. Et puis, sa peau est peu sensible, alors elle voulait un vibreur costaud. Clément va l’inventer avec elle.

     
  • Chez la fille de Pierre Rabhi

    Chez la fille de Pierre Rabhi, une école où l’adulte s’adapte à l’enfant 

    Au cœur d’un écovillage auto-construit, une école et un collège proposent un projet éducatif original inspiré de Montessori et d’autres méthodes alternatives.

    L’histoire de l’établissement sonne comme un conte pour petits et grands. Le projet de Sophie Rabhi, fille du spécialiste mondial d’agronomie biologique et pionnier de l’écologie humaniste Pierre Rabhi , prend forme en 1999.

    La maternité et ses convictions écologiques l’amènent à créer la Ferme des enfants , une école maternelle et primaire, d’abord à Montchamp (Ardèche) chez ses parents. En 2008, elle est transférée au Hameau des buis, un écovillage pédagogique et intergénérationnel, fondé dès 2002 avec son compagnon Laurent Bouquet et construit de toutes pièces par ses habitants et des bénévoles sur un plateau de l’Ardèche méridionale.

    En contrebas, la rivière Chassezac, ses gorges et ses campings, où les touristes s’ébrouent l’été. En haut, et en pleine nature, l’école, entourée d’une cour de récréation, de balançoires, d’un jardin et d’une ferme pédagogique. Aujourd’hui, les deux classes de maternelle et de primaire accueillent cinquante élèves, tandis que le collège – ouvert en 2011 – reçoit 16 adolescents.

    L’influence de Montessori, Freinet, Steiner, Krishnamurti, Alice Miller et Dolto 

    L’originalité du projet éducatif de la Ferme des enfants tient en une idée : changer le comportement des adultes face aux enfants. Pour y parvenir, l’équipe d’enseignants (10 personnes) est influencée par la pédagogie Montessori, mais aussi par Freinet, Steiner, Krishnamurti, Alice Miller ou encore par l’école de Neuville (Dolto). Sophie Rabhi explique :

    « On ne respecte pas vraiment l’enfant car on ne respecte pas ses besoins. En y arrivant, on favorise l’émergence d’un être humain accompli. Montessori a trouvé un certain nombre d’activités qui sont en résonance avec l’enfant, période après période, pour répondre à ses besoins naturels. On n’agit pas sur lui, on agit sur son environnement. D’où l’idée de le mettre dans la ferme et la nature. »

    Le système classique de notes et de compétitivité sur l’apprentissage est abandonné. Le petit nombre d’élèves permet un suivi personnalisé. Les activités manuelles (ferme aux animaux, jardinage…) sont aussi importantes que les apprentissages « intellectuels ». Le rôle des adultes est bien défini. Sophie Rabhi raconte :

    « Le plus important, c’est l’attitude des adultes : comment est-ce qu’on règle les problèmes ? Comment éviter les situations de domination ? Comment abandonner les situations de récompense, de punition ? La bienveillance est centrale, c’est elle qui apporte la liberté et la fluidité. »

    Lutter contre le « formatage émotionnel  

    L’adulte qui s’adapte à l’enfant. Stéphane Villoud, ex-chef d’entreprise, et sa femme ont quitté la ville (Grenoble) pour changer de vie et d’offrir une éducation à leurs enfants plus conforme à leurs souhaits. Stéphane pointe :

    « L’école publique inflige des douces violences à nos enfants. Il y a un formatage émotionnel réel, une pression des adultes et des valeurs de performance qui ne nous conviennent pas. Notre démarche est de critiquer notre éducation en gardant le positif. On ne veut pas de rupture. On apprend tous les jours, mais on se questionne aussi beaucoup ».

    Le choix concerté de l’école et de changement de mode vie avec ses enfants est assumé par toute la famille, mais n’est pas sans créer des ajustements :

    « C’est un lieu où les enfants expérimentent l’indépendance. La difficulté pour nous, parents, réside dans le décalage avec nos règles familiales. »

    Les programmes de l’Education nationale pas toujours suivis 

    Las, cette école n’est pas accessible à toutes les bourses. Les frais scolaires s’élèvent à 2 600 euros par an et par élève. L’inspection académique a donné le feu vert à la rentrée 2011 pour que l’école primaire de La Ferme des enfants passe sous contrat.

    L’école et le collège sont soumis à l’obligation scolaire du socle de compétence , mais les programmes de l’Education nationale ne sont pas forcément suivis. L’objectif est d’offrir un enseignement au plus près des envies de l’enfant. Rodolphe Herino, coresponsable du collège, explique :

    « On a rencontré les parents et les ados pour connaître leurs projets à la rentrée. Pour ceux qui veulent passer le brevet, on va coller au programme de l’Education nationale. Pour ceux qui veulent une insertion professionnelle rapide, on va cibler le socle commun et les apports de base, etc. »

    Que deviennent les enfants qui retournent dans le public ? Rodolphe Herino et sa femme Claire, qui dirigent le collège depuis son ouverture, admettent qu’ « on manque de recul », mais ont une certitude :

    « On fait le pari qu’un ado ayant les connaissances de base, qui est bien dans ses baskets, qui sait s’exprimer et dire ses émotions, aura les ressources pour se préparer et faire face à ces situations. »