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Societe - Page 32

  • Obsolescence programmée

    SURCONSOMMATION

    Obsolescence programmée : les Français sont fans de high-tech jetable

    PAR SOPHIE CHAPELLE (2 JANVIER 2013)

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    9,5 millions de produits high-tech auraient été vendus pour Noël, en France, dont 2,2 millions de smartphones [1]. Dans un nouveau rapport, l’association Les Amis de la terre dénonce cette surconsommation, liée à l’innovation et aux stratégies publicitaires, qui contribue à créer une véritable obsolescence programmée : un ordinateur portable est renouvelé tous les 3 à 4 ans, et un téléphone tous les 18 mois ! En France, la consommation énergétique des produits high-tech est évaluée à 13,5 % du total de la consommation électrique, soit 5 % des émissions de gaz à effet de serre.

    Obsolescence logicielle

    Comment les fabricants réduisent-ils la durée de vie des produits ? Durée d’usage conditionnée à des offres commerciales, prix élevé des prestations proposées par les services après-vente, batterie intégrée au produit limitant la vie d’un Ipod à 18 mois... Les Amis de la terre pointent également« l’obsolescence logicielle ». Autrement dit, le bridage des systèmes d’exploitation, qui ne sont compatibles qu’avec les dernières générations de produits. Exemple : impossible d’installer le système d’exploitation développé en 2012 sur l’iPad 1 vendu en... 2010 !

    Comment agir contre cette surconsommation imposée ? Le nouveau site lancé par les Amis de la terre www.dessousdelahightech.org donne des pistes pour entretenir son matériel, prolonger la durée de vie de ses batteries, et des contacts pour pouvoir faire réparer près de chez soi. Comme les Ateliers du bocage, qui donnent une seconde vie aux téléphones portables, quelle que soit leur génération. Les plus vieux seront recyclés, les matières issues des téléphones serviront à nouveau et limiteront le prélèvement de nouvelles ressources. Les plus récents sont vérifiés, vidés de leurs données et si besoin réparés. Au niveau national, le sujet de l’obsolescence programmée devrait être débattu en 2013 dans le cadre du projet de loi « Consommation ». Une proposition de loi pour lutter contre l’obsolescence programmée des biens est en cours d’élaboration.

  • Conso alternative

    LE GRAND ENTRETIEN30/12/2012 à 16h16

    Conso alternative : « Les classes moyennes ont changé de valeurs »

    Sophie Caillat | Journaliste Rue89

    Rencontre avec l’auteure d’un livre porteur d’espoir : partout dans le monde, des citoyens s’organisent pour subvenir à leurs besoins et inventer une autre société.

    A l’heure où la phrase de Margaret Thatcher « There is no alternative » (au libéralisme, à la rigueur budgétaire) n’a jamais été autant dans la bouche des dirigeants, il est bon de rappeler la réponse de Susan George : « There are thousands of alternatives ».

    La journaliste Bénédicte Manier est partie de la deuxième assertion et, pendant deux ans, est allée voir ce qui fait bouger la société civile, les graines de changement semées partout et qui inventent un « autre monde possible ». Elle en a ramené un livre passionnant, « Un million de révolutions tranquilles »(Editions Les liens qui libèrent), qui fourmille d’utopies réalisées.

    Des assemblées villageoises qui gèrent l’eau en Inde aux banques citoyennes en Espagne, elle décrit le fonctionnement de quelques-unes des solutions susceptibles de contourner la grande machine capitaliste.

    Rue89 : Qu’est-ce qu’une « révolution tranquille » exactement ?

    Bénédicte Manier : Ce sont des changements locaux, qui se mettent en place silencieusement pour résoudre les problèmes auxquels la population est confrontée – chômage, pauvreté, malnutrition, dégâts sur l’environnement... –, défis que les pouvoirs publics semblent impuissants à résoudre. Alors les citoyens décident d’agir eux-mêmes. Et aujourd’hui, on assiste à un foisonnement d’initiatives sur tous les continents, de solutions locales facilement transférables d’un pays à l’autre.


    Couverture du livre de Bénédicte Manier

    En agriculture, on voit émerger de nouvelles zones d’autosuffisance alimentaire, avec des réformes agraires menées par les habitants eux-mêmes ou la régénération d’écosystèmes grâce à l’agroforesterie et au bio. En Afrique, en Asie, en Amérique latine, des coopératives créent de l’emploi et sortent de la pauvreté des milliers d’oubliés de la croissance.

    Une autre façon d’habiter les villes a aussi émergé, avec partout l’essor de coopératives de logement et de l’agriculture urbaine (New York, par exemple, compte 800 jardins partagés). Contre la spéculation, des filières d’épargne citoyennes se sont développées.

    Pour les exclus du système de santé, des citoyens américains ont ouvert 1 200 cliniques gratuites. Contre la « malbouffe », les consommateurs japonais ont adhéré par millions aux « Teikei » (les Amap locales) et aux coopératives d’achat direct aux fermiers. Ils ont aussi créé leurs propres services (crèches, emplois familiaux...). Dans des domaines très variés, la société civile reprend ainsi en main les enjeux qui la concernent et devient un vrai moteur du changement social.

    De quand datent ces initiatives ?

    Certaines d’il y a vingt ans, mais depuis une dizaine d’années, les changements sont devenus très visibles dans le domaine de la consommation. Les classes moyennes des pays industrialisés ont largement adopté la « consommation collaborative », qui consiste à acheter moins, mais mieux, et entre soi : on achète d’occasion, on partage, on loue, on troque, on répare au sein d’ateliers participatifs, on échange des services sans argent...

    En bref, on développe les « 4 R » (réduire, réutiliser, réparer, recycler). On se tourne aussi vers le local et le bio, pour savoir ce qu’on mange et soutenir l’économie de proximité. Et en imposant ces nouveaux comportements, la société civile a en partie réorganisé la distribution et amorcé une transition vers des modes de vie plus économes et plus écologiques.

    C’est ce qu’on appelle le « penser global, agir local », que Coline Serreau avait décrit dans son dernier film ?

    Exactement. C’est une évolution profonde : les gens se rendent compte que le modèle de développement actuel a trouvé ses limites et souhaitent d’autres logiques que le tout-marchand. En soutenant une coopérative locale ou uneAmap, en échangeant dans un système d’échange local (SEL) ou en plaçant son épargne dans l’économie solidaire, le citoyen contribue à une activité économique qui répond mieux à ses valeurs.

    Est-ce aussi ce qu’on appelle l’économie de la débrouille ?

    Oui, mais pas seulement. L’« économie de la débrouille » donne l’impression que c’est uniquement déclenché par la crise. En réalité, cela fait plusieurs années que les classes moyennes ont silencieusement changé de valeurs. Par exemple, quand une petite partie d’entre elles se détache des banques commerciales pour aller vers des circuits financiers solidaires, c’est parce qu’elles cherchent du sens et veulent voir leur argent servir à autre chose que la spéculation. Ce changement d’aspiration date d’avant la crise et celle-ci n’a fait que l’accentuer.

    Quels sont les profils concernés ?


    Bénédicte Manier (DR)

    On a affaire à des générations très connectées, très informées, conscientes des grands enjeux et qui ne se retrouvent plus dans l’hyperconsommation, mais davantage dans des comportements conviviaux et coopératifs.

    Les consommateurs sont ainsi devenus des acteurs des filières ; en partageant leurs outils de bricolage, leurs maisons (Couchsurfing) ou en organisant leurs propres circuits de livraison de colis par covoiturage, ils mettent en place une économie collaborative, ce qu’explique Anne-Sophie Noveldans son livre « Vive la co-révolution ».

    Les logiciels libres notamment sont issus de cette coopération transversale. C’est une forme de déclaration d’indépendance vis-à-vis de l’économie classique, qui se fait sans vraiment d’idéologie, mais plutôt avec pragmatisme. C’est finalement une génération post-mondialisation, qui en a adopté les outils (Internet, smartphone), mais qui les met au service d’actions citoyennes participatives et décentralisées.

    Décroissants, créatifs culturels, sous quelle bannière les regrouper ?

    Certains sont dans l’une ou l’autre tendance, mais beaucoup n’entrent dans aucune. Les créatifs culturels sont ceux qui dans les années 1990 ont créé une autre manière d’être au monde, en étant davantage dans l’être que dans l’avoir. Mais aujourd’hui, le changement s’est élargi à d’autres groupes sociaux. Je ne me hasarderais pas à quantifier, mais visiblement le changement concerne une bonne partie des classes moyennes.

    Deux livres parus en 2010 aux Etats-Unis ( « Consumed : Rethinking Business in the Era of Mindful Spending » et « Spend Shift : How the Post-Crisis Values Revolution Is Changing the Way We Buy, Sell, and Live ») ont montré que 72% des habitants des pays industrialisés ont adopté des modes d’achat plus écologiques et plus sociaux, et que 55% des ménages américains ont mis en place une consommation « démondialisée », en adhérant à des valeurs d’autosuffisance, de « do it yourself » ou d’achat sur les marchés fermiers locaux.

    Quelle peut être la traduction politique de tout cela ?

    Ces changements silencieux se font en dehors des groupes constitués, c’est typique des sociétés en réseaux où l’on se regroupe entre voisins ou en groupes informels aidés par les réseaux sociaux. Il n’y a pas de relais politique : les citoyens ont plus ou moins intégré l’idée qu’on ne change pas le monde avec un parti politique, ce qui exprime une sorte de fatigue de la démocratie, comme l’explique Pierre Rosanvallon.

    Et ils ne descendent plus dans la rue. La contestation des Indignés et du mouvement Occupy Wall Street a d’ailleurs trouvé ses limites et ces groupes se réinvestissent maintenant dans les initiatives concrètes. Les Indignés espagnols créent par exemple des coopératives de logement et des systèmes d’échange gratuit de services. On n’est plus dans la protestation, mais dans le passage à l’acte.

    Est-ce que le nouveau réseau social Newmanity est susceptible de leur donner plus d’occasions de se rencontrer et plus d’écho ?

    Il est intéressant de voir se développer des réseaux sociaux davantage liés à ce changement d’aspirations. Cette nouvelle génération de réseaux va au-delà de la simple mise en relation, pour proposer du sens : elle propose de partager les mêmes valeurs éthiques. Et si Newmanity diffuse ces initiatives de changement, il va sans doute accélérer leur progression, notamment par une logique de « translocal », une reproduction d’un territoire à un autre.

    Parmi les acteurs importants, il y a le Québec. Qu’a-t-on à apprendre de lui ?

    Les coopératives d’habitants se sont beaucoup développées là-bas, car la société civile a créé des structures de professionnels qui aident les gens à transformer des bâtiments désaffectés en habitats coopératifs, ou à concevoir des immeubles écologiques et conviviaux où on habite ensemble en mutualisant les charges. Les logements sont à l’abri de la spéculation et sont loués nettement en dessous du marché. Au Québec, on en compte 1 200, qui logent 50 000 personnes.

    Elles se sont aussi développées en Allemagne, en Angleterre, en Suède, aux Etats-Unis... mais peu en France, pays très réglementé et plus colbertiste. Les« Babayagas » ont ainsi eu beaucoup de mal à créer une forme d’habitat coopératif : parce qu’il n’entre dans aucune case administrative, elles ont dû passer par un office HLM. De même, il est difficile ici de créer des coopératives d’énergies renouvelables, notamment parce qu’il faut revendre son électricité à EDF, qui a baissé ses tarifs de rachat. L’individualisme joue aussi sans doute un rôle.

    Les initiateurs de l’expérience des éoliennes citoyennes en Pays de Vilaine ont ainsi ramé pendant dix ans ! Mais ailleurs, ça se développe : au Danemark, 86% des parcs éoliens appartiennent à des coopératives de citoyens. Et en Allemagne, une quarantaine de villages sont déjà autonomes en électricité et se la revendent entre eux, préfigurant ce que Jeremy Rifkin appelle la Troisième révolution industrielle.

    Quels sont les projets les plus avancés en France ?

    Chez nous, ce qui marche bien, ce sont les circuits courts, les monnaies locales, la consommation collaborative ou, dans une certaine mesure, l’épargne solidaire, avec par exemple Terre de liens pour sauver les fermes de terroir. Mais une coopérative financière comme la NEF reste bien moins importante que les grandes coopératives d’épargne américaines (les « credit unions »), ou que la Coop57– coopérative catalane grâce à laquelle les particuliers financent directement l’économie solidaire locale –, ou encore que les banques sociales et écologiques comme la Triodos Bank des Pays-bas ou la Merkur Bank du Danemark.

    « Un million de révolutions tranquilles » peuvent-elles faire une grande révolution ?

    Je décris une évolution des mentalités lente mais réelle, qui va certainement se développer car elle est portée par les classes moyennes, ces « trendsetters » qui fixent les normes de demain. Est-ce qu’un jour tout cela atteindra une masse critique ? Je n’en sais rien, mais on est certainement dans une transition. Les citoyens vont plus vite que les politiques, et ils inventent de nouveaux comportements parce qu’ils ont envie de vivre mieux. Ce mouvement « bottom up » est certainement amené à se développer.

    Comme dirait Pierre Rabhi, changer le monde nécessite de changer soi-même, non ?

    Les gens ont déjà cette intuition que les théoriciens de la décroissance comme Rabhi, Latouche, Viveret, les penseurs de la transition, Rob Hopkins, formulent. Ce sont des initiatives encore minoritaires, mais qui se multiplient maintenant d’un bout à l’autre de la planète, montrant que quelque chose est en train de bouger à la base de la société. Quand des habitants commencent à transformer l’habitat, l’agriculture ou d’autres les aspects de la vie quotidienne, on est peut-être en train de passer à une autre époque.

  • L’Algérie vers la prohibition de fait de l’alcool

    L’Algérie vers la prohibition de fait de l’alcool : entre tabou et hypocrisie 

    Aucune loi n’interdit de boire d’alcool en Algérie, ni de le commercialiser, ni de le produire ! Mais qu’en est-il sur le terrain ?

    « Plus aucun bar n’existe à Constantine. Ni à Chlef, Tlemcen, Batna ou Boumerdès. A Sétif, il n’en reste plus que deux. A Alger, autrefois réputée pour ses nombreux bistrots, une quinzaine seulement subsistent. Le 23 janvier, deux des plus vieux estaminets bien connus dans la capitale algérienne, la Butte et la Toison d’or, ont baissé leur rideau », relèvait cette année le quotidien suisse Le Temps.

    Les uns après les autres, les bars ferment en cédant la place aux débits de boissons informels qui commercialisent leur marchandise sans aucun respect pour les passants, ni pour la nature, en jetant les cannettes et bouteilles de verre dans les espaces publics.

    Cette situation contredit la volonté du ministère du Commerce, qui a émis une « note » en 2006 pour imposer aux débits de boissons de se mettre en conformité avec les règles de sécurité et de renouveler chaque année leur inscription sur le registre de commerce.

    Six ans après, que se passe‑t‑il ? Nombreux sont les propriétaires de bars qui ont perdu leur agrément, sans espoir de le récupérer. Beaucoup, parmi eux, ont préféré se convertir dans le fast‑food.

    De plus, des pétitions populaires de résidents protestant contre les nuisances que généreraient les bars ont été lancées, appuyées par la médiatisation de certains titres de presses connus pour leur ligne éditoriale.

    Cependant, la violence et l’insécurité s’est multipliée et elle s’est étendue à d’autres espaces, jusque‑là épargnés.

    L’Algérie glisse-elle vers la prohibition ? En moyenne, selon l’Association des producteurs algériens de boissons (Apab), les Algériens consomment 1,1 million d’hectolitres de bière par an, 500  000  hectolitres de vin, et 80  000 à 100  000 hectolitres de spiritueux.

    Production en hausse 

    Ils ont produit 400 000 hectolitres de vin en 2007, et en 2012, selon Euromonitor International. La production de vin en Algérie a connu une augmentation de l’ordre de 3% en 2011.

    L’Algérie était le premier exportateur au monde et le quatrième plus gros producteur de vin il y a 50 ans, avec un volume de 18 millions d’hectolitres. Cette production apportait, et apporte encore, des sommes considérables en devises versées dans les caisses de l’Etat, après l’or noir.

    Malgré la fermeture des bars, la production de vin n’a pas été affectée ; au contraire : selon le leader mondial dans la recherche stratégie pour les marchés de consommation, celle‑ci a même progressé.

    Comment expliquer cette antinomie ? Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce phénomène :

    • d’une part, le problème est idéologique au niveau individuel (la morale religieuse) ;
    • et d’autre part le changement générationnel, qui est en forte corrélation avec le premier facteur, mais également en lien avec le savoir‑faire dans le domaine.

    Boire pour oublier les malaises 

    Cependant, l’idée répandue dans notre société est que boire de l’alcool sert à oublier quelques instants ses problèmes et que ce n’est pas une question gastronomique.

    Ainsi, l’augmentation de la consommation est plus liée aux évolutions et aux malaises multidimensionnels (culturel, social, économique, etc.) qui secouent la société algérienne. Autrement dit, l’alcool est devenu une issue pour alléger les souffrances et les frustrations quotidiennes.

    L’alcool et le cannabis sont devenus des consommations qui traduisent le mal‑être de l’Algérien. Des études sociologiques pourraient nous éclairer sur ce phénomène.

    Pour répondre à la question de savoir si l’Algérie glisse vers la prohibition, la réponse est oui et non.

    Car sur le plan législatif, rien ne l’interdit, mais sur le plan social, sociétal, effectivement, avec l’arrivée d’une nouvelle génération qui n’a vécu la différence ni dans l’espace privé, ni dans l’espace public, s’amorcent des comportements hypocrites, c’est‑à‑dire, d’un côté une consommation d’alcool clandestine, – comme la question de la prostitution – et la consommation du cannabis ! , pour alléger le mal‑être, et de l’autre côté, une moralisation religieuse pour satisfaire sa culpabilité de « pécheur ».

    Morale religieuse et valeurs républicaines 

    Effectivement, quand on écoute le wali d’Alger, lors d’une conférence en octobre dernier au cours de laquelle il expliquait qu’il n’existe aucune politique du gouvernement ni des autorités locales visant à éradiquer le commerce des boissons alcoolisées et des spiritueux, on ne relève rien de bien extraordinaire.

    Jusqu’à ce qu’il ajoute (cité par Le Soir d’Algérie le 28 octobre 2012) :

    « Seul Dieu, qu’il me pardonne d’ailleurs, sait le nombre de licences que j’ai délivrées personnellement pour l’ouverture de nouveaux restaurants commercialisant des boissons alcoolisées. »

    Un autre exemple, rapporté par un chroniqueur judiciaire dans le journal L’Expression, concerne une juge algéroise qui, s’adressant à deux jeunes surpris en état d’ébriété la veille de l’Aïd El Kebir à El Biar, a tenu ces propos :

    « Ecoutez, en qualité de juge chargée d’appliquer la loi, je peux passer à la répression et vous infliger une lourde peine d’emprisonnement ferme qui s’achèvera bien un jour.

    Par contre, ce qui vous attend, c’est la punition qu’Allah vous réserve. D’ailleurs Il n’a pas attendu : vous étiez ivres le jour d’Arafat, soit la veille du 10 Dou El Hidja, les dix jours sacrés où l’interdit et le péché ne doivent pas avoir de place.

    Vous avez manqué la prière de l’Aïd, la cérémonie du sacrifice des moutons que vous gardiez quelques heures auparavant et vous n’avez reçu aucun vœu de vos parents ni présenté les vôtres à vos proches, sans compter que vous avez passé la fête aux “Quatre Ha” d’El Harrach ».

    Ces deux exemples montrent l’évolution de la moralisation religieuse dans notre société.

    La morale religieuse n’est plus astreinte au niveau individuel et cultuel dans la société algérienne, elle est devenue l’essence de la gestion de la cité et des rapports sociaux, cela explique le recul des partis politiques de tendance religieuse dans les deux dernières élections.

    Car leur projet de société n’est plus exclusivement à eux, il s’est désormais popularisé. Autrement dit, le projet d’une société religieuse s’est étendu aux partis populaires et nationalistes. La religion s’est politisée, ainsi, elle est omniprésente dans l’espace politique. La sécularisation des institutions de la République reste lettre morte.

    L’alcool et la violence 

    « Le nombre de crimes ne cesse d’augmenter, les bagarres sont de plus en plus nombreuses entre consommateurs d’alcool et habitants honnêtes des quartiers […] En hausse, le nombre des personnes atteintes de diabète trouve son origine dans la prolifération des magasins de vente de vins et liqueurs », écrivent [deux anciens dirigeants du Front islamique du salut, ndlr] Abdelfatah Zeraoui Hamadache et El Hachemi Sahnouni, dans un communiqué commun rendu public mardi 4 octobre 2011.

    Réduire le phénomène de la violence en Algérie à la consommation d’alcool me semble être une réflexion simplifiée et simpliste, elle ne prend guère en compte l’ensemble des facteurs qui engendrent la violence, dont la décennie noire !

    Ainsi, les causes de la violence en Algérie sont multiples du politique à l’historique, en passant par le dogmatique et l’évolution sociale ! La violence n’est pas une malédiction divine, elle est le produit de l’homme !

    Un petit rappel historique s’impose. Des années 60 jusqu’aux années 90, les boissons alcoolisées se vendaient dans les « souks el fellah » sans poser aucun problème aux Algériens. Les bars et leurs terrasses étaient ouvertement fréquentés, sans aucun débordement.

    Comment explique‑t‑on la baisse du crime et de la violence à cette époque ? Y a‑t‑il quelque chose qui a changé ? Oui, le nombre de bars s’est réduit et les espaces de vente se sont centralisés dans certaines villes uniquement.

    Cependant, contrairement à ce que les autorités prétendent, la violence a augmenté. La solution ne se trouve pas dans l’interdiction, ni dans la fermeture des bars, mais au contraire, à mon avis, dans la multiplication des points de vente pour mieux les maîtriser, sur tous les plans : écologique, sécuritaire, sanitaire et enfin, au niveau fiscal.

    La voie répressive n’est pas la bonne 

    C’est bien d’être idéaliste, de penser que la politique répressive pourrait donner des résultats. Or, la répression peut augmenter la consommation, l’interdiction augmenter la clandestinité et redoubler le désir, comme dit Georges Bataille.

    La voie répressive suivie jusqu’à maintenant dans plusieurs domaines (lois sur les harragas, sur les conversions, sur la consommation d’alcool, sur la sécurité routière, etc.) n’ont pas réussi à faire baisser les phénomènes interdits, au contraire, ils les ont aggravés, comme un sentiment d’injustice s’amplifie.

    Réfléchir à associer l’université par des études sociologiques avant d’entamer un projet de loi, un décret ou une note, quand il s’agit d’un phénomène social me semble plus judicieux et plus porteur à long terme, car avancer d’un seul point de vue mène souvent à l’échec !

     
  • Rouler sous une pluie battante

     

    La folie de ces gens.

    Vidéo illustrative

    Rouler à tomb(r)eaux ouverts

    JPEG - 13.2 ko

    Ils doivent tous être équipés de ce gentil coyote qui annonce à l'avance radars fixes ou mobiles, ce procédé hypocrite pour cinglés du champignon et roi de l'incivisme automobile ! Ils nous doublent dans une visibilité improbable, sur une route couverte d'eau. Ils se pensent au-dessous des règles élémentaires de la sécurité et de la prudence.

    Je ne parle même pas de cette mesure pratiquement jamais appliquée de la limitation de la vitesse par temps de pluie. Les radars, pour le prix qu'ils ont coûté à la collectivité ne remplissent même pas cette mesure de prudence, la seule qui conviendrait vraiment à ces mouchards aveugles ; réduire la vitesse des fous furieux quand il pleut !

    Ils foncent dans la brume et le brouillard, ils restent tout un trajet sur la troisième file, celle des seigneurs de la route, des possesseurs de grosses berlines, des gens au porte-feuille souvent rembourré et à la conscience collective inversement proportionnelle. Ils se croient invulnérables dans leurs grosses voitures, surpuissants dans leur confort factice.

    Ils sont en faute et pourtant si par malheur vous veniez à dépasser trop lentement à leur gré un poids-lourds, ils vous font appels de phares et menaces diverses. Ils vous collent pour montrer leur exaspération et leur désir de vous passer sur le corps. Ils sont furieux, vous devinez à leurs gestes les tombereaux d'injures qu'ils vous déversent pour avoir ralenti de quelques secondes leur marche triomphale vers la mort au volant.

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    Il y a 6 jours - 32 minutes

    22 Décembre 2012,Lille,sous une pluie battante et glaciale,des associations de soutien aux sans (...)

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    Car la route, en dépit de la fiscalité routière reste un espace de pure folie. Bien sûr, le plus grand nombre, lassé du racket d'état ou convaincu par civisme de cette nécessité collective, a depuis longtemps rangé ses prétentions de vitesse au rayon des souvenirs anciens. C'est une petite frange de conducteurs irascibles qui reste insensible à cette prudence élémentaire.

    Ceux-là sont bardés désormais d'électronique pour traquer le radar et le policier. Ils sont protégés par des véhicules de plus en plus massifs, de plus en plus dangereux pour les autres. Ils sont souvent dissimulés derrière des vitres opaques ou fumées pour échapper à la vue de la plèbe. Ils sont les seigneurs en tout lieu ou pour toute chose.

    Alors que ce soit la pluie, le brouillard, la neige ou bien des travaux, ils sont dispensés des règles communes. Ce sont les décideurs, les profiteurs, les jouisseurs de cette société inique. Ils arrivent parfois qu'un pauvre bougre désargenté rejoigne cette cohorte incivique. La griserie de la vitesse lui donne ainsi l'impression d'appartenir à cette caste supérieure.

    Je sais, je fais une fixation sur ces braves gens qui s'offrent, parce qu'ils l'ont mérité naturellement par un travail acharné et des mérites incommensurables de grosses berlines, allemandes la plupart du temps, tout terrain de plus en plus souvent ! Je suis d'une parfaite mauvaise foi, jaloux, envieux, mesquin et tout ce que vous trouverez encore à me dire. Mais prenez la peine d'observer ceux qui vous doublent ainsi en dépit de la raison et vous me direz si je me trompe vraiment.

    Mourir en voiture, c'est bien la plus stupide, la plus absurde, la plus choquante des manières de quitter cette vallée de larmes. Comment se fait-il encore qu'il y ait des inconscients qui ne perçoivent pas ce risque démoniaque. Si seulement ces montres d'égoïsme avaient la décence de réserver cette issue fatale qu'à eux-mêmes, mais souvent ce sont de pauvres bougres, qui ne demandaient rien à personne qui trinquent à leur place.

    La route demeure l'espace qui révèle la stupidité d'un petit nombre de sinistres personnages. Parce que l'état a fait le choix de la répression aveugle et si rentable, nous n'avons pas une police de la route pour ramener à la raison (si c'est possible) ces pauvres fous toujours pressés, toujours plus malins que les autres. La pluie continue de tomber, ils foncent et je les maudis !

    Prudemmment leur.

  • Mangeons et buvons… c’est Noël !

     

    La scène qui va être narrée est absolument authentique. Elle a inspiré quelques considérations sur le sens (éventuel) de la vie.

    21 décembre 2012, à la Poste. Nous sommes trois dans le bureau : la postière, avec qui je viens de traiter, moi-même donc, puis une charmante dame aux très beaux cheveux gris, qui connaît bien la préposée. Tandis que je trie quelques lettres, elle se met à raconter ce qui enchante sa vie :

     « Mon mari s’est fait plaisir. Il est retraité, il s’est commandé un 4x4 Volkswagen, et celui-ci est arrivé ! Le père Noël a été généreux ! Oh, notre voiture marchait tout à fait bien, mais il a eu envie d’en acheter une autre. Pour faire de la route, pour doubler, aller dans la neige, c’est parfait. Nous allons passer Noël en Dordogne. Mais on ne partira que la veille, parce que mon mari veut aller à la chasse. D’ailleurs, comme il ne veut pas salir le 4x4, il va prendre ma Twingo. »

     Un peu par provocation, je parle de ma R 25 de vingt et un ans qui, cet été, a vaillamment avalé 4 000 km de routes espagnoles sans le moindre problème :

     « Oh ! nous avions une R 25, il y a des années ! C’était une voiture magnifique, jamais le moindre problème. Un matin, mon mari m’a dit : ‘Je t’offre le petit-déjeuner à La Rochelle !’ On est partis, et comme il n’y avait pas de circulation, on a fait le trajet avec cette R 25 en moins de trois heures ! »

     Cette dame n’était vraiment pas désagréable. Elle ne cherchait même pas à frimer. Elle racontait son bonheur, son mari capable de la faire rêver avec un plein d’essence pour aller manger des croissants, et aujourd’hui avec son inutile 4x4. Probablement a-t-elle oublié de parler de leur camping-car, must du retraité qui ne sait pas quoi faire de ses sous. Elle aurait pu parler des voyages en avion ou des croisières qu’ils se sont payés. À n’en pas douter, la vie n’est pour elle et son époux qu’une longue vacance et une oasis de consommation.

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    Il y a 7 mois - 1 minute

    Étonnante reprise de la célèbre musique du film Requiem For a Dream par un groupe pour le moins original.

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     Pendant ce temps, il y a des gens qui n’ont pas de quoi se chauffer, des vieux qui mangent des boîtes de Ronron, des ouvriers qui se disent : « J’voudrais travailler encore/ Forger l’acier rouge avec mes mains d’or » (Lavilliers).

    Peut-être sont-ce les sidérurgistes de Florange qui ont fourni l’acier à Volkswagen… Il faut consommer, même n’importe quoi, pour soutenir nos industries et, ici, celles des Allemands. Il n’en reste pas moins qu’il y a en France (et ailleurs) des gens dont le problème est le suivant : Comment vais-je dépenser mon argent ?, et d’autres dont le problème symétrique est : Quel argent va-t-il me rester à dépenser ?

    Trop d’inégalités (et cette dame n’était pas la femme de Depardieu !). Trop d’écarts entre les gens aisés trop aisés, et les pauvres trop pauvres.

    Et surtout, trop de non-sens dans tout ça. Des gens qui rêvent de posséder plus, et des dealers de banlieue dont le rêve est de leur ressembler.

    Camus écrit dans La peste  : « Il peut y avoir de la honte à être heureux tout seul. » J’ose espérer que ce chasseur en 4x4 et sa charmante épouse ne gardent pas tout leur fric pour eux tout seuls. Si la fin du monde, comme prévu, n’est pas pour tout de suite, il y a une autre échéance : la fête de Noël où, faut-il le rappeler, on célèbre la naissance de Celui qui est venu nous sauver de notre médiocrité, de notre égoïsme, et du non-sens d’une vie qui n’a que cette vie présente comme perspective ultime. « Mangeons et buvons, car demain nous mourrons » (La Bible, És 2.13, 1 Co 15.32). Certes, mais il y a diverses façons de manger et de boire, et diverses façons de mourir, le moment venu.

    En un mot comme en cent : Qu’est-ce que nous foutons sur terre ?…