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  • Bangladesh : la terreur du capitalisme

     

    13 mai 2013

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    Mercredi 24 Avril. Au lendemain de la demande faite par les autorités aux propriétaires de faire évacuer leur usine de confection, l’immeuble s’est écroulé. Le bâtiment, le Rana Plaza, situé dans la banlieue de Dhaka, à Savar, confectionnait des vêtements pour la chaîne de fabrication qui prend forme dans les champs de coton en Asie du Sud et finit dans les enseignes de distribution occidentales. Les vêtements de marques célèbres y sont cousus, comme le sont les habits que l’on retrouve disposés sur les étagères sataniques de Wal-Mart. Les secours ont pu sauver deux mille personnes à l’heure où nous écrivons, confirmant ainsi la mort de trois cents autres. Le bilan devrait inéluctablement s’alourdir (on en est à plus de 1100 aujourdhui, ndlr). Il est intéressant de mentionner que le tribut payé lors de l’incendie de la Shirtwaist Factory de New York en 1911 s’élevait à cent quarante-six personnes. Le bilan est à ce stade deux fois plus élevé à Dhaka. Cet « accident » survient cinq mois après l’incendie de l’usine de confection de Tazreen (le 24 Novembre 2012) qui a coûté la vie à cent douze travailleurs au moins.

     

     
    Dans les décombres du Rana Plaza.
    Photo de Taslima Akhter.

     

     

    La liste des « accidents » est longue et insoutenable. En Avril 2005, une usine de confection s’est effondrée à Savar, tuant soixante-quinze salariés. En Février 2006, une autre usine a connu le même sort, tuant dix-huit personnes. En juin 2010, un bâtiment s’est effondré à Dhaka, tuant 25 personnes. Telles sont les « usines » de la Mondialisation de ce 21e siècle – des abris à peine construits où la production s’opère lors de longues journées de travail, à l’aide de machines de piètre qualité et réalisée par des travailleurs dont les vies sont soumises aux impératifs de la production en « just in time ». Ecrivant alors sur le régime de production en Angleterre au 19e siècle, Karl Marx soulignait « Dans sa quête aveugle et sans limites, face à son appétit insatiable de productivité toujours accrue, le capital a non seulement outrepassé le seuil moralement acceptable, mais aussi les limites physiques d’une journée de travail. Il usurpe le temps nécessaire au développement, à la croissance et à l’entretien sain du corps. Il vole le temps requis à la consommation d’air frais et de soleil…sa seule préoccupation est d’utiliser uniquement et simplement le maximum de main-d’œuvre possible au cours d’une journée de travail. Il atteint son but en écourtant la durée de vie du travailleur, à la manière d’un fermier trop gourmand qui arracherait une production accrue de la terre en réduisant sa fertilité » (Capital, Chapitre 10).


    Ces usines du Bangladesh sont un exemple du paysage offert par la mondialisation et qui est reproduit dans ces usines le long de la frontière Américano-Mexicaine, à Haïti, au Sri Lanka, et à d’autres endroits qui ouvrent leurs portes au nouvel ordre de production et de commerce de l’industrie de la confection des années 1990. Des pays soumis, qui n’ont ni la volonté patriote de se battre pour leurs citoyens ni le moindre intérêt dans l’affaiblissement de leur ordre social à long-terme, se sont précipités pour accueillir la production textile. Les gros fabricants de textile ne voulaient plus investir dans des usines – ils se sont tournés vers les sous-traitants en proposant des marges très faibles et les forçant ainsi à gérer leurs usines comme de véritables prisons du travail. Ce modèle de la sous-traitance a permis à ces firmes de nier toute responsabilité pour ce que faisaient les vrais patrons de ces petites usines, leur permettant de profiter des bénéfices des produits à bas prix sans que leur conscience ne soit entachée par la sueur et le sang des travailleurs. Cela a aussi permis aux consommateurs occidentaux d’acheter d’énormes quantités de biens, souvent à crédit, sans qu’ils se soucient des méthodes de production. Une vague d’indignation ponctuelle pourra voir le jour contre telle ou telle enseigne, mais ce sera sans une appréciation globale des méthodes de production que des entreprises comme Wal-Mart ont introduites, sans appréciation non plus des pratiques commerciales qui ont été normalisées et qui sont à l’origine de telle ou telle campagne d’indignation.


    Les travailleurs bangladais ne sont pas aussi bien placés que les consommateurs occidentaux pour le faire. Pas plus tard qu’en Juin 2012, des milliers de travailleurs de la zone industrielle d’Ashulia, à l’extérieur de Dhaka, ont manifesté pour réclamer des augmentations de salaire et des meilleures conditions de travail. Pendant plusieurs jours, ces travailleurs ont fermé plus de 300 usines, bloquant l’autoroute Dhaka-Tangali à Narasinghapur. Les travailleurs gagnent entre 3000 taka (35$) et 5500 taka (70$) par mois ; ils demandaient une augmentation comprise entre 1500 taka (19$) et 2000 taka (25$) par mois. Le gouvernement a envoyé trois mille policiers pour sécuriser la zone, et le Premier Ministre a vaguement promis qu’elle se pencherait sur leur cas. Un comité composé de trois membres a été créé, mais rien de substantiel n’en a est ressorti.


    Conscients de la futilité des négociations avec un gouvernement entièrement acquis à la logique de la chaîne de fabrication, Dhaka a connu une explosion de violence à mesure que les informations en provenance de l’usine de Rana survenaient. Les travailleurs ont bouclé le secteur de Dhaka, bloquant les routes et vandalisant des voitures. L’insensibilité de l’Association des Fabricants de textile du Bangladesh (BGMEA) a également contribué à jeter de l’huile sur le feu. A la suite des manifestations de Juin, Mr Shafiul Islam, à la tête de la BGMEA, a accusé les travailleurs d’être impliqués dans « une conspiration  ». Il a argué du fait qu’il n’y avait « aucune raison logique pour augmenter le salaire de travailleurs  ». Cette fois-ci, le nouveau Président de la BGMEA, Mr Atiqul Islam, a suggéré que le problème n’était pas la mort des travailleurs ou des mauvaises conditions d’exercice des travailleurs, mais « l’arrêt de la production causé par le mécontentement et les hartals (grèves) ». Ces grèves, a-t-il dit, sont « juste un coup dur porté au secteur de la confection  ». Il ne fait dès lors plus aucun doute que ceux qui sont descendus dans la rue n’ont plus foi en les sous-traitants et en leur gouvernement.


    Les tentatives pour solutionner l’exploitation ont été mises à mal par une pression continue de la part des autorités et par le recours au meurtre. Toute approche visant à faire évoluer le Code du travail au Bangladesh est éclipsée par une exécution très sommaire de la part du Service d’Inspection du Ministère du Travail. On dénombre en tout et pour tout 18 inspecteurs et inspecteurs-adjoints pour contrôler 100 000 usines sur la zone de Dhaka, où sont situées la plupart des usines de confection. Si une infraction est détectée, les amendes sont trop faibles pour initier une quelconque réforme. Quand les travailleurs essaient de se regrouper en syndicat, la répression féroce de la part de la Direction suffit à réduire tout effort à néant. La Direction préfère le recours anarchique à la violence plutôt que le maintien durable de la main-d’œuvre. En effet, la violence a conduit le Gouvernement bangladais à créer une Cellule de Gestion de Crise ainsi qu’une Police Industrielle, non pas en vue de contrôler les violations au Code du Travail, mais pour surveiller les leaders syndicaux. En Avril 2012, des agents de la capitale ont kidnappé Aminul Islam, un des organisateurs clés du Centre pour la Solidarité des Travailleurs au Bangladesh. Il a été retrouvé mort quelques jours après, son corps présentant de nombreuses marques de torture.


    Le Bangladesh est secoué ces derniers mois par des vagues de protestation historiques – la violence terrible qui s’est abattue sur les combattants pour la liberté de la Jamaat-e-Islamien 1971 a entraîné l’arrivée de milliers de personnes à Shanbagh à Dhaka ; cette protestation s’est transformée en une guerre civile entre les deux principaux partis, laissant de côté les appels à la justice pour les victimes de ces violences. Cette contestation a enflammé le pays, avec pour conséquence, une répression assez sanguinaire et une terreur quotidienne contre les travailleurs du secteur de l’habillement. L’accident du Rana Building peut constituer un moment charnière du mouvement de protestation. Sans quoi, il partira à la dérive.


    L’Occident, quant à lui, est bien trop absorbé par les Guerres contre le terrorisme et la crise économique pour espérer une introspection profonde sur le mode de vie qui repose sur une consommation alimentée par le crédit et qui se fait au détriment des travailleurs de Dhaka. Les personnes ayant trouvé la mort dans l’accident de Rana sont les victimes non seulement de la malfaisance de sous-traitants, mais aussi de la mondialisation du 21e siècle.

     

  • L’esclavage n’est pas que l’affaire des Noirs

    TRIBUNE
    10/05/2013 à 08h17

    Jean-Claude Tchicaya | ex-maire adjoint


    TRIBUNE

    En ce 10 mai, nous voulons rendre un hommage appuyé et une reconnaissance vibrante et républicaine aux femmes et hommes réduits en esclavage, célèbres, anonymes ou mis dans l’anonymat, qui ont participé à leur propre libération et à celle de la France et de la République.

    La loi du 10 mai 2001 reconnaît la traite négrière et l’esclavage comme crime contre l’humanité.

    Donc cela nous appelle à une reconnaissance politique du combat de ces héros de notre démocratie tous les 10 mai, reconnaître en ces femmes et hommes, esclaves ou non, tous leurs alliés actifs, célèbres ou non, blancs ou non, leur combat pour la liberté, pour la justice, pour la démocratie, pour l’égalité, pour le droit de vivre autrement que sous la férule et sous le joug des maîtres et des lois abjectes.

    Durant plusieurs siècles, la souffrance, l’injustice à son paroxysme étaient les compagnes obligées de ces êtres humains.


    Plan d’un navire de la traite négrière, musée d’histoire de Nantes (SALOM-GOMIS SEBASTIEN/SIPA)

    Durant ces longs siècles, les esclaves ont éprouvé toutes les stratégies possibles, peu ou prou, pour résister, combattre, lutter contre l’avilissement, les coups de fouet, les humiliations, l’exploitation économique et physique, les nombreux viols, de la traversée en galères aux plantations, l’exigence du reniement d’eux-mêmes, de leur nom, de leur identité, de leur religion, de leurs cultures.

    Leur couleur était associée politiquement et juridiquement à l’inégalité des dites « races », organisée par un code noir, le code juridique le plus terrifiant qu’ait engendrée notre République, écrit par Colbert à la demande de Louis XIV.

    Ce code noir a rencontré beaucoup d’assentiment mais il a aussi, par ces articles, innommables d’inhumanité, aux effets concrets directs sur la vie des esclaves, déclenché des oppositions et non des moindres, des révoltes, des solidarités mais malheureusement, c’est bien l’assentiment qui a rassemblé la majorité de nos concitoyens.

    Et pour ceux et celles qui veulent se cacher derrière le petit doigt de l’époque ou du contexte, nous ne devons pas oublier que chaque minute, chaque jour, chaque année, chaque décennie, chaque siècle, réduits en esclavage ou non, des gens s’y sont opposés au péril de leurs vies.

    Ombres et de lumières

    Oui, notre histoire est faite d’ombres et de lumières.

    Pour certaines de ces lumières apprises à l’école, qui ne sont pas sans positions contradictoires, ambivalentes voire coupables et qui ont même organisé et convoqué le regard des uns et des autres pour installer dans l’esprit des gens, le racisme et le relativisme culturel, le complexe d’infériorité et de supériorité et passaient de l’esprit à la loi, souvent de manière simultanée.

    Oui, notre Histoire est faite de moments glorieux et de moments ignominieux.

    Le dire est se référer aux faits. Il n’y a pas de coupables héréditaires ni de victimes héréditaires mais il y a un héritage que l’on doit tous s’approprier.

    Nous réitérons notre hommage et reconnaissance quelle que soit notre couleur, catégorie sociale, religion ou non, du combat pour la liberté de toutes ces femmes et hommes.

    Pas de concurrence de mémoires

    Ce n’est pas l’histoire des Noirs contre celle des Blancs ou seulement une histoire de Noirs, comme cela est malheureusement trop souvent perçu.

    Il s’agit bien de l’histoire de France, de l’Europe, du monde car il y a quatre siècles, ce trafic à bouleversé le monde sur le plan humain, politique, géographique, juridique, philosophique, scientifique et dans bien d’autres domaines.

    Et dans notre monde, le continent le plus meurtri fut l’Afrique et ceci n’est pas sans conséquences actuellement.

    Ce texte n’est ni victimaire, ni doloriste, ni en concurrence de mémoires car mettre des mémoires en concurrence serait d’une incroyable indécence. Il y a un devoir d’Histoire, de justice, de vérité afin d’en traquer les avatars, les effets et les conséquences dans notre société, sans anachronismes.

  • Quand frappent les drones

    Analyse. En janvier dernier, le Rapporteur spécial de l’ONU pour les droits de l’Homme et le contre-terrorisme a annoncé l’ouverture d’une enquête sur l’utilisation de drones au regard du droit international. Au Yémen, ces avions sans pilote, utilisés depuis 2002 par les États-Unis pour éliminer de présumés combattants de la nébuleuse Al-Qaïda, suscitent la controverse.

    « Toutes les mesures prises au nom de la lutte antiterroriste ou d’autres défis sécuritaires au Yémen doivent avoir à cœur la protection des droits humains », selon Malcolm Smart, ancien directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. Or, il semble que cette nécessaire vigilance au respect des droits fondamentaux ne soit pas suffisamment prise en compte par la politique américaine au Yémen. Le principal aspect de cette politique concerne la lutte antiterroriste contre la nébuleuse Al-Qaïda. Depuis la fusion des branches saoudiennes et yéménites en 2009, les États-Unis ont en effet placé le Yémen en tête de leurs priorités, allant jusqu’à décrire le pays comme la principale menace contre les intérêts américains dans le monde.

    Cette politique poursuivie par Barack Obama se fonde essentiellement sur l’utilisation des drones, des avions militaires sans pilote qui font partie de l’arsenal des robots militaires de plus en plus employés dans les zones de conflit.

    135149_Hermes_450_UAV_used_for_reconnais Drone Hermes 450 © Robin Ballantyne / Omega Research Foundation, sourced through Mispo.org

    La première frappe d’un drone au Yémen, en 2002, fut suivie d’un partenariat étroit entre l’administration américaine et le régime du président Saleh, pour lequel cette coopération signifiait d’importants gains financiers.

    Depuis le début du mandat d’Obama à la Maison Blanche, les frappes de drones ont augmenté de façon très significative en nombre et se sont étendues à plusieurs parties du territoire. Ces frappes sont dirigées à la fois par la CIA et le Pentagone, de façon indépendante, sans aucune transparence quant au processus, aux critères de décision, au mode d’établissement des « kill-list ». Tandis que les drones offrent des avantages indéniables pour les Américains, tels que l’absence de troupes au sol, une plus grande précision comparée aux frappes aériennes traditionnelles, et un effet psychologique sur les groupes armés, leur utilisation pose également de nombreuses questions d’ordre éthique, humanitaire et légal.

    Civils ou combattants

    « Selon le droit international, il y a une présomption de statut de civil et non de combattant. Il faut donc que celui qui intervient militairement prouve que vous participez directement aux hostilités, expliquait en mars dernier Stuart Casey Maslen, directeur de recherches à l’Académie de droit international humanitaire et de droits humains à Genève*, Pourtant, la politique des États-Unis en la matière semble plutôt fondée sur la présomption de militant s’agissant des cibles potentielles. Ils ont donc inversé la charge de la preuve et parlent de Signature Strikes, des assassinats fondés sur de seuls “indices concordants” ». Auparavant, toutes les frappes visaient en effet un individu clairement identifié et dont les activités avaient été prouvées par le renseignement. Désormais, une personne « au comportement suspect » est susceptible d’être visée, même en l’absence de toute autre information sur son identité ou ses activités. De plus, tout individu masculin tué lors une frappe sera compté comme un membre de groupe armé et non comme civil, sauf s’il est prouvé qu’il était innocent de façon posthume. Cette nouvelle politique de Signature strikes, à laquelle s’ajoute la qualité incertaine du renseignement au sol, accroît la probabilité d’erreur causant des victimes civiles.

    CarteYemen_0.jpg Carte du Yémen © Afdec

    Le traitement médiatique de l’utilisation des drones laisse également perplexe. Tandis que leurs effets controversés sont désormais discutés, les Unes des principaux médias internationaux continuent de « vanter » leurs mérites, parfois à tort. Ainsi, le 17 décembre 2009, la presse internationale faisait état de 34 membres supposés d’Al-Qaïda tués par une frappe américaine : il s’agissait en réalité de 41 civils, dont 14 femmes et 21 enfants. De façon similaire en septembre 2012, les « dix militants [de groupes armés. ndlr] tués par un drone » se révélaient être des civils.

    L’effet boomerang des drones

    Les questions de la souveraineté yéménite, des victimes civiles et de la légalité de telles actions contribuent à rendre contre-productive cette politique américaine, selon certains analystes. En effet, il semblerait que les cibles éliminées soient rapidement remplacées, tandis que le montant des destructions et des victimes servent d’outil de recrutement par Al-Qaïda auprès de la population. Alors que l’on estimait à quelques centaines le nombre des membres de groupes armés liés à Al-Qaïda en 2011, les derniers chiffres de la CIA font état de quelques milliers. Il serait inexact d’attribuer cette nette augmentation à la seule utilisation des drones, mais le sentiment antiaméricain et le nombre de manifestations contre la politique américaine sont autant d’indicateurs du potentiel recruteur d’une telle politique pour les groupes armés.

    Les supporters des drones rétorquent qu’il n’y a pas d’alternative efficace. Même si ce point est discutable, il existe néanmoins des éléments permettant de limiter l’aggravation de la situation : des excuses officielles et une compensation pour chaque erreur ayant entraîné la mort de civils – comme c’est le cas en Afghanistan ou au Pakistan – une plus grande transparence quant à l’ajout de personnes sur les kill-list, un suivi plus étroit de l’aide militaire apportée à un régime corrompu, etc. Sur le long terme, un soutien plus efficace et une aide directe à la population pourraient s’avérer le meilleur moyen de lutter contre l’extrémisme. Pour certains Yéménites, les millions dépensés pour l’organisation des élections présidentielles de 2012 ou pour le dialogue, tandis que près de la moitié de la population est en insécurité alimentaire, sont perçus comme un signe de l’indifférence de la communauté internationale quant à la gravité de la situation au Yémen.

    Benjamin Wiacek pour La Chronique

    *Courrier international, 12 mars 2013

    Consultez le sommaire complet de La Chronique du mois de mai sur http://www.amnesty.fr/Informez-vous/Les-actus/Le-magazine-La-Chronique-de-mai-est-sorti-8406

  • La reconquête citoyenne

     

    L’espoir fait vivre.

    La crise semble interminable et aucune lueur d’optimisme nous est donnée pour penser qu’elle finira sous peu. La crise est systémique, inhérente au système, et ne pourra donc finir que mal…Dans toute chose malheur est bon dit-on, alors peut-être que cette crise sera le détonateur pour retourner aux vraies valeurs humaines qui importent à chacun d’entre nous.

    La solidarité est la seule opposition à la volonté destructrice.

    La solidarité est la seule opposition à la volonté destructrice.

     

    La crise est inhumaine de par son ampleur dévastatrice et sa propension à frapper durement les plus pauvres, les plus modestes, les plus fragiles d’entre nous, alors qu’elle favorise outrancièrement les plus riches, les plus favorisés, les plus forts. Cette dichotomie sociétal nous mène droit à la rupture il ne peut en être autrement. Cette rupture peut avoir deux conséquences fortes et opposées: une guerre civile ou la construction d’une nouvelle société.

    La guerre civile et plus largement une guerre mondiale, est la volonté de l’oligarchie dominante pour sceller la rupture sociétal. Les riches ne veulent plus assumer les pauvres, les pauvres ne peuvent plus encaisser les riches. Pour « libérer de la place » dans la pyramide sociale rien de tel qu’une bonne guerre. On remplacera par des humains d’importation, du bétail que l’on fera venir par routes mal famées d’Afrique et qu’on embarquera sur des embarcations de fortune à qui l’on demandera de railler la terre promise européenne. Remplacer une classe de pauvres mais ayant une certaine éducation entrainant une conscience claire de leur situation sociale dans la société, par une classe d’esclaves immigrés ne parlant parfois même pas la langue du pays d’accueil n’est que bénéfice pour cette classe oligarchique capitaliste et mondialiste. Elle a beau jeu de dénoncer le racisme lorsque les pauvres s’opposent à l’arrivée de vague migratoire incessante qui de plus ne s’intègre nullement, ou très peu, à la culture française.
    Le réel bénéfice c’est que les esclaves sont prêts à tout pour survivre et savent se contenter de peu. Les pauvres, eux, aspirent au moins à la dignité et même cela on leur refuse. En mettant en contact les pauvres et les esclaves ont travaille à l’érosion du lien social indispensable dans une société humaine responsable. On crée les conditions du racisme nécessaire à la future guerre civile que l’on prépare avidement. Tout est fait pour diviser surtout que dans les mêmes temps on rogne sur les prestations sociales, on augmente la précarité salariale, on repousse le droit à la retraite, on fait des coupes dans le budget de la santé, on privatise les droits élémentaires,…bref on repousse toujours plus loin les conditions de l’indignité.

    Les pauvres, qui au départ ne l’étaient pas toujours, pourraient avoir la haine facile contre ces esclaves mais quel bénéfice pour eux au final si ce n’est la lente descente aux enfers? C’est là le piège que nous tend notre oligarchie notamment à travers la stigmatisation de l’Islam qui est la religion majoritaire de ces nouveaux arrivants. Attiser la tension religieuse amène le soufre satanique. Bien sûr nous avons une identité culturelle et religieuse à défendre, ce sont nos racines, mais la montée de l’Islam en France n’est que la conséquence d’une volonté oligarchique. Plus il y aura d’immigrés islamiques, plus il y aura de tensions, plus les pauvres se taperont dessus entre eux, et moins ils s’occuperont des affaires de l’état, de LEUR état, de LEUR société.

    Du moins c’est ce qu’ils espèrent! Mais l’âme humaine de ce XXI ème siècle reflète quand même le poids de l’histoire. On sait dans nos fibres culturelles ce que représente une révolte populaire avec les dégâts que cela entrainent. On sait que cela finit toujours mal pour celles et ceux qui en viennent aux armes car la force est TOUJOURS du côté de l’oligarchie car elle détient le nerf de la guerre: l’argent. Ce combat est donc perdu d’avance si on se décide à la suivre.
    En fait le vrai chemin, la voie à suivre, est celui de reconstruire du lien social, une société humaine, sans eux. Avec des valeurs humaines simples et compréhensibles par tous: le respect, la dignité, les droits et les devoirs, … Cette société-là n’est pas une utopie elle est à notre portée et elle a d’ailleurs déjà commencée. Il existe des embryons de micro-société, d’entraides solidaires et citoyennes, qui fait qu’on pourrait avoir la possibilité de désamorcer les plans de guerre de l’oligarchie faute de combattants.

    Si on décidait de faire tout l’inverse de ce à quoi elle nous prépare? Si au lieu de nous déchirer entre nous on commençait à créer des filières de solidarité ne serait-ce qu’avec notre entourage, notre famille, nos amis? Si on comprenait qu’il existe des choses beaucoup plus importantes que de se battre pour ce Dieu? Oui chacun de nous avons une théorie sur la vie, l’univers, Dieu mais cela vaut-il le coup de se battre pour l’imposer aux autres? C’est ce que l’on fait depuis que ce livre biblique a été écrit non? Et puis l’argent fait-il vraiment le bonheur? Est-ce l’essence même de la vie? Est-ce vraiment notre raison de vivre? Il y a matière en tout cas à  profiter de « l’opportunité » de cette crise systémique pour construire une société véritablement humaine.

    Un exemple de mouvement citoyen qui nait de la dureté des circonstances et qui commence à imposer sa « loi » aux autorités:

     

                    Mis en ligne par : News360x

    Publié par : le citoyen engagé

     
     
     
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    Samedi 3 novembre 2012

    sandy_fake.jpg<< L’ouragan Sandy, rapidement rebaptisé Frankenstorm, a atteint NewYork avant-hier, y causant aussitôt une dizaine de morts. Le quotidien Libération a alors publié un article titré Sandy touche terre et fait ses premières victimes, ce qui semble un peu léger, puisqu’avant d’atteindre la côte Est des États-Unis, le cyclone a tout de même fait au moins soixante-quinze morts dans les caraïbes, dont cinquante sur la seule île d’Haïti1. >>

    Article entier....

    Publié par : le dernier des blog

    via : les mots ont un sens

     
     
     
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    Mercredi 19 septembre 2012

    Un monde sans oiseaux serait bien triste, je vous invite

    à aider ceux qui nous font l'honneur de rester pour nous

    accompagner cet hiver à se nourrir et à s'abriter !

    Merci pour eux.

     
     
     
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    Mardi 28 août 2012

     

                 
    mis en ligne par : joetke
    publié par : Vérités et mensonges
     
     
     
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    Samedi 4 août 2012

    Sinkholes.jpg<< Je remarque, particulièrement dans les derniers jours, et depuis les deux dernières années, un nombre incroyable d'affaissements (sinkholes) de la route ou de partie de sol dans différentes régions du globe. À presque tous les jours, les médias rapportent ce type de phénomène, la plupart du temps associé à des bris de canalisation d'eau. Ces bris de tuyauterie souterraine, selon les explications données, sont causés par des pluies diluviennes. >>

    article et vidéos....

    publié par : conscience du peuple

     
     
     
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  • Du colonialisme français à l’intervention française au Mali


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    6 mai 2013

    F :  

    « La guerre au Mali a pour but de se débarrasser des islamistes radicaux », nous dit-on. Pourtant, ces mêmes islamistes combattent dans « notre » camp en Libye et en Syrie. Et ils sont financés par « nos amis » : Arabie Saoudite et Qatar. Spécialiste de l'Afrique et auteur chez Investig'Action de « La stratégie du chaos », Mohamed Hassan éclaire les dessous d'une guerre beaucoup trop schématisée par les médias. Troisième et dernier volet de notre série « Causes et conséquences de la guerre au Mali » (IGA).

     

     
     

     

     

    Le conflit au Mali s’inscrit dans un large contexte et il a toute une histoire derrière lui. Il y a les djihadistes qui ont quitté la Libye pour le nord du Mali, armés par le Qatar et l’Arabie saoudite. Et il y a les militaires français, belges et autres, occidentaux et africains, qui sont intervenus au Mali. Pour situer correctement cette intervention française, nous devons faire un retour sur le colonialisme français au Mali.

     

    Quand les colonialistes français ont conquis le Mali, le territoire faisait partie d’une vaste zone économique s’étendant autour du Sahel. Les caravanes partaient d’une ville oasis vers une autre, tout droit à travers le désert. Dans cette économie originelle régnait une bonne intelligence entre les paysans et les nomades. Les paysans avaient besoin des nomades pour pouvoir acheter des marchandises venant d’autres régions et constituaient donc leur clientèle. Toute la population de cette région était musulmane.

     

    Cette zone économique était très prospère à l’époque. L’an dernier, le site Internet celebritynetworth.com a classé un Malien à la première place du classement des vingt-cinq individus les plus riches ayant jamais vécu. Le journal a converti les biens du roi Mansa Moussa Ier qui, de 1312 à 1337, a régné sur un royaume situé à l’intérieur du Mali actuel, en tenant compte de l’actuel prix de l’or et de l’inflation au fil des siècles. L’homme, aujourd’hui, pèserait quelque 400 milliards de dollars. Il y avait également une vie intellectuelle très riche : Tombouctou est connue comme l’un des premiers et principaux centres intellectuels du monde. À son apogée, le royaume malien s’étendait jusqu’à la côte du Sénégal. L’arabe y était la langue véhiculaire.

     

    Le colonialisme français a détruit tout ce système. Pour tuer toute capacité intellectuelle, des milliers de professeurs ont été assassinés. À l’instar de la quasi-totalité des pays africains, le Mali que nous connaissons aujourd’hui a des frontières artificielles. La région faisait partie de ce qu’on appelait le Soudan français. En 1960, elle devint indépendante, d’abord comme une fédération avec le Sénégal, mais, après deux mois à peine, le Sénégal se retira de cette fédération. Le Mali actuel est le quatrième pays d’Afrique par sa superficie. Après le coup d’État contre le premier président nationaliste du Mali, Modibo Keita (1960-1968), le pays est devenu un État néocolonial.

     

    Un tel État ne peut constituer une nation ni ne peut se développer de façon autonome. Le Nord, une région désertique, est abandonné à son sort et les habitants y sont discriminés. Il y a des tensions ethniques entre les Touaregs (nomades) et les autres groupes de population. Le commerce à grande échelle de jadis a complètement décliné. Que reste-t-il pour un grand nombre de nomades qui sillonnent la région avec leurs caravanes ? Contrebande, enlèvements moyennant rançon, trafic d’humains…

     

    Une partie importante de ces Touaregs sont devenus soldats en Libye, dans l’armée de Kadhafi. Après leur retour dans le nord du Mali, ils ont entamé une guerre au Nord-Mali pour l’indépendance de ce qu’ils appellent l’Azawad — une lutte qui, depuis quelques décennies, s’anime brusquement puis se calme à nouveau. Le 24 janvier 2012, ils se sont emparés de la ville d’Aguelhok et y ont tué une centaine de soldats de l’armée malienne. Au cours des mois suivants, ils se sont mis à attaquer d’autres villes dans le nord.

     

    Le massacre d’Aguelhok a suscité un énorme mécontentement dans l’armée et parmi les familles des soldats, car c’est très pauvrement armés qu’il leur a fallu combattre les insurgés bien équipés et entraînés. Le 22 mars, le président malien Amadou Toumani Touré (surnommé « ATT ») a été renversé par un coup d’État de militaires mécontents et d’officiers subalternes sous la direction d’Amadou Sanogo.

     

    Pour les pays voisins du Mali qui, après le renversement du président ivoirien Gbagbo, subissent fortement l’influence de la France, ce fut un prétexte pour annoncer un embargo sur les armes contre l’armée malienne qui, de la sorte, n’avait pas l’ombre d’une chance contre les insurgés accourant en masse. Les mois suivants, le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) s’empara de tout le nord du pays. Ensuite, le MNLA fut chassé à son tour par trois groupes djihadistes : Ansar Dine, Al Qaeda dans le Maghreb islamique (AQMI) et MUJAO — des groupes qui reçoivent des armes et de l’argent du Qatar et de l’Arabie saoudite — et ainsi la boucle fut bouclée.

     

    Quand il a semblé alors que ces djihadistes allaient se précipiter vers la capitale malienne Bamako, le président par intérim Dioncounda Traoré aurait demandé au président français François Hollande (PS) d’intervenir militairement. Ce qui rendait en fait impossible un plan soigneusement et difficilement élaboré des Nations unies et de l’Union africaine.

     

    Conclusion

     

    Comment la situation devrait-elle évoluer ? Toute solution au conflit du Mali est contrecarrée par trois problèmes importants.

     

    Primo : personne ne permet aux Maliens de résoudre eux-mêmes leurs différends et problèmes mutuels. L’ingérence étrangère rend la chose impossible. La guerre ne fera qu’exacerber les tensions mutuelles dans tout le pays. Si vous avez la peau plus claire et qu’on vous prend donc pour quelqu’un du nord, vous risquez aujourd’hui de ne plus pouvoir traverser à l’aise les rues de Bamako.

     

    Secundo : les États africains sont très faibles, quand on voit qu’un pays comme le Mali ne peut même pas venir à bout d’une rébellion bien organisée de quelque 500 djihadistes. L’Union africaine (UA) elle aussi est faible. Les pays de la SADC (Southern African Development Community) essaient bien de changer le cours des choses et étaient à l’avant-plan de l’opposition de l’UA à la guerre en Libye. Mais il y a encore bien trop de chefs d’État africains qui pensent davantage à leur propre intérêt et aux ordres qu’ils reçoivent de leurs maîtres en Europe et aux États-Unis qu’à l’unité africaine.

     

    Tertio : si, depuis que la crise du capitalisme mondial s’est aggravée en 2008, la France ne veut pas devenir une nouvelle Espagne, Italie ou Grèce, elle va devoir défendre son hégémonie en « Françafrique » et autour de la Méditerranée. Mais les choses ne s’annoncent pas très bien pour la France, car les contradictions avec les États-Unis en Afrique s’accroissent. En Côte d’Ivoire, l’armée française est intervenue pour installer Ouatarra au pouvoir ; or, en fait ce dernier est avant tout un pion des États-Unis. Et les États-Unis ont tiré parti de la guerre au Mali pour installer une base pour leurs drones dans le pays voisin, le Niger. En d’autres termes, nous pouvons nous préparer à une période durant laquelle le Mali et toute la région qui l’entoure vont se retrouver dans un conflit permanent, comme celui qu’a connu la Somalie au cours des années 90.


     

    Extrait de « Causes et conséquences de la guerre au Mali », article paru dans Études marxistes, n°101.

     

    Voir aussi « L'Occident à la conquête de l'Afrique » et « Ces islamistes que soutient l’Occident ».

     

    Mohamed Hassan est spécialiste du Moyen-Orient et de l’Afrique. Il est l’auteur, avec David Pestieau, de L’Irak face à l’occupation (EPO, 2004) et, avec Grégoire Lalieu et Michel Collon, de La stratégie du chaos, Investig’Action/Couleur Livres, 2012.
     

     

     

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