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  • Les attentats de Boston

    travers le prisme des médias américains

     


    Les attentats de Boston vus à travers le prisme des médias américains

    le 6 mai 2013

    Nous publions ci-dessous, avec leur autorisation, un article paru le 17 avril dernier sur le site socialistworker.org [1]. Il est suivi d’un post-scriptum d’Acrimed.

    Les médias ont essayé d’inscrire les explosions dramatiques du marathon de Boston dans le cadre cynique et raciste de la « guerre menée contre le terrorisme », selon Nicole Colson. 

    ***

    Dans la confusion, l’horreur et la désolation qui ont suivi les explosions du marathon de Boston le 15 avril, une seule chose était claire : certains avaient décidé qui étaient les responsables, au mépris des faits.

    Avant même qu’il y ait un bilan précis des victimes, certains dans les médias de droite et parmi les islamophobes patentés se sont mis à suggérer que cet acte ne pouvait bien évidemment être le fait que de terroristes musulmans.

    Dans l’ensemble, dans les heures qui ont suivi les explosions ayant fait 3 morts et 176 blessés, les médias sont restés, pour l’essentiel, assez mesurés, comparés à certains drames précédents. Les présentateurs n’ont fait que répéter la stricte vérité : il était trop tôt pour savoir qui avait perpétré ces attaques et connaître les motivations de leurs auteurs. Furent surtout mises en avant des images de courage et d’espoir – les secouristes et les gens ordinaires qui se sont précipités sur les lieux du carnage pour s’occuper des blessés, mettre les gens à l’abri et offrir un peu de réconfort.

    Mais au fil des heures, et du temps d’antenne à combler, les spéculations d’insipides « experts » médiatiques ont surgi.

    Sur CNN et WABC, on rapporta que la police recherchait un « homme à la peau foncée ou un homme noir » parlant « éventuellement avec un accent étranger ». Le New York Post, qui ne rate jamais une occasion de se vautrer dans le racisme, rapporta à tort que 12 personnes avaient été tuées, que la police croyait un Saoudien responsable de ces actes et que cet homme était sous surveillance dans un hôpital des environs.

    Sous entendu : on assistait à un nouveau 11 septembre.

    Or la police de Boston déclara un peu plus tard qu’il n’y avait pas de suspect en garde à vue, Saoudien ou autre.

    Un Saoudien, étudiant à l’université de Boston fut bien interrogé dans un hôpital des environs. Il figurait parmi les victimes des explosions ayant subi de graves brûlures. Selon Boston.com, un responsable des forces de l’ordre a affirmé que l’homme avait été taclé puis retenu par un passant après avoir été aperçu quittant les lieux précipitamment, à l’instar de centaines d’autres essayant d’échapper aux explosions.

    Malgré la déclaration de la police, Steve Emerson, expert en terrorisme autoproclamé, est allé sur C-SPAN dire ce qu’il pensait de l’étudiant saoudien non identifié, dès le lendemain des explosions. « J’ai eu accès à certaines informations top secrètes », a dit Emerson. « Il semble que c’est un acte terroriste commis pour des raisons politiques… sur la page Facebook de la personne en question, il y avait des messages assez révélateurs hostiles aux États-Unis. Certes il n’a pas été inculpé à l’heure qu’il est, mais les brûlures sur sa peau correspondent aux résidus de la bombe qui a explosé. »

    Sur Fox News, Emerson fut contraint d’admettre que « le suspect saoudien a été mis hors de cause ». Mais il a assuré à la présentatrice de Fox Megan Kelly que les explosions ne pouvaient être que l’œuvre de terroristes islamistes. Pourquoi ? Parce que l’utilisation d’une bombe est « la marque de fabrique » des terroristes islamistes, tandis que, toujours selon lui, les terroristes d’extrême droite « utilisent des armes à feu pour perpétrer leurs attaques ».

    Apparemment, cet « expert » en terrorisme avait oublié que c’est bel et bien une bombe qui explosa devant un bâtiment fédéral à Oklahoma City – attaque terroriste la plus meurtrière sur le sol américain jusqu’au 11 septembre –, déposée par des membres d’une milice suprémaciste blanche.

    Le raccourci raciste consistant à n’envisager la responsabilité que d’un terroriste musulman ne se limita pas aux médias. Les hommes politiques eurent tôt fait d’entrer dans l’arène.

    Interrogée pour savoir si elle connaissait le pourquoi des ces explosions, la sénatrice du Maine Susan Collins (membre du Parti républicain et de la commission chargée du renseignement au Sénat) déclara : « chaque fois qu’une attaque de ce genre se produit, il est difficile de ne pas songer à la responsabilité de l’extrémisme islamiste. » Semblant se rendre compte qu’elle était en train de proférer publiquement des accusations sans fondement, elle s’empressa d’ajouter : « Mais je n’ai aucune preuve qui puisse accréditer cette thèse. »

    Sur CNN, l’ancienne députée démocrate Jane Harman apparut dans l’émission The Lead quelques heures après les explosions dans lesquelles elle crut non seulement déceler la main d’Al-Qaïda, mais où elle annonçait également d’autres attaques à venir : « Je dirais, en m’appuyant sur ce qu’on sait de nos jours d’Al-Qaïda et des organisations liées à Al-Qaïda, que nous devons, si leur responsabilité est confirmée, nous attendre à d’autres attaques lors d’évènements sportifs, dans des villes très exposées ou encore lors de rassemblements de masse les jours fériés. »

    Le député républicain de l’Iowa Steve King profita de l’occasion pour lancer des pistes en matière de réforme de l’immigration. « Si l’on ne peut plus contrôler les antécédents des gens qui viennent d’Arabie saoudite, comment va-t-on contrôler les antécédents des 11 à 20 millions de gens qui vivent ici et qui sont originaires de je-ne-sais-où ?  » s’interrogea-t-il sur la National Review Online.

    Mais tout cela n’était rien comparé aux propos du commentateur de Fow News Erik Rush. Le jour des explosions, Rush a tweeté le message suivant : « Que tout le monde fasse l’autruche en matière de sécurité ! Laissons entrer toujours plus de Saoudiens sans les faire passer par les contrôles ! Allons-y ! » Et lorsque quelqu’un lui demanda si les musulmans dans leur ensemble étaient coupables de ces explosions, Rush répondit : « Oui, ils sont diaboliques. Tuons-les tous. »

    Rush eut recours un peu plus tard à la seule excuse – piteuse – possible : c’était « sarcastique ».

    Mais il ne précisa pas s’il était toujours sarcastique quand il tweeta un peu plus tard : « Qu’il est bon de voir tous ces apologistes de l’islam voler au secours de ceux qui se retourneraient contre eux en un clin d’œil. » Idem pour son article intitulé « Oui, l’islam est l’ennemi à abattre », dans lequel Rush déclarait : « La vérité, la voici : aussi bien la gauche que les islamistes aux États-Unis exploitent le 1er amendement et la nature généreuse des Américains afin de nous conquérir. C’est aussi simple que cela, et si cela doit aboutir à un conflit, je préfère être du côté des vainqueurs, quoi qu’il en coûte. »

    Rush a peut-être le verbe plus haut que les autres, mais ses commentaires reflètent le racisme profond à l’encontre des Arabes et des musulmans qui ne cesse de croître dans la société américaine depuis le 11 septembre.

    Car quand les vedettes médiatiques, les hommes politiques et d’autres attisent l’islamophobie, ce n’est pas sans conséquence. Dans les heures qui ont suivi les explosions de Boston, un torrent d’injures nauséabondes à l’encontre des Arabes et des musulmans s’est répandu dans les médias. Et le lendemain, un vol de la compagnie American Airlines au départ de l’aéroport Logan de Boston et à destination de Chicago fut rappelé à la porte d’embarquement après que des passagers ont fait part de leur inquiétude ayant entendu deux hommes parler arabe à bord. Ceux-ci furent finalement exclus du vol.

    Le délit de « l’Arabe en avion » n’est que trop familier pour de nombreux Arabes et musulmans aux États-Unis depuis le 11 septembre : des passagers sont soupçonnés dès qu’ils prient, qu’ils portent des vêtements islamiques ou, comme à Boston, qu’ils parlent une autre langue, tout simplement.

    Cette montée de la rhétorique anti-musulmans depuis les explosions de Boston accroît considérablement le risque d’attaques racistes. Il nous faut être solidaire de nos amis arabes et musulmans pour éviter qu’un tel retour de flammes ne se produise.

    L’islamophobie est la conséquence directe du jeu malsain de l’establishment politique américain avec la peur du terrorisme afin d’obtenir un plus large soutien à la guerre au terrorisme menée à l’étranger, tout en restreignant les libertés publiques ici, sur le territoire national.

    Comme l’a écrit le chroniqueur du Guardian Glenn Greenwald, « l’histoire de ce type d’attaques depuis 10 ans est claire et cohérente : elles sont menées afin d’accroître le pouvoir du gouvernement, de renforcer la surveillance de la part de l’État et de confisquer les libertés individuelles. »

    De nombreux organes de presse et autres commentateurs conservateurs se sont élevés contre l’absence du mot « terrorisme » dans la première déclaration de Barack Obama sur les explosions de Boston (sans doute parce que, dans la loi américaine, qualifier un acte de « terroriste » a des conséquences juridiques).

    Que les conservateurs de tous poils se rassurent, cependant. Moins d’un jour a suffit à Obama pour déclarer que « chaque fois que des bombes sont utilisées contre des citoyens innocents, c’est un acte de terreur. »

    Comme l’a écrit Greenwald : « Bien sûr, derrière la question "s’agit-il ou non de terrorisme ?", s’en cache une autre : "des musulmans sont-ils responsables ?" » Et pour cause : dans le discours politique américain, le « terrorisme » signifie forcément des violences commises par des musulmans contre l’Occident. La raison pour laquelle il y a eu une telle confusion et un tel flou autour de la notion de terrorisme est qu’il n’existe aucune définition claire et cohérente de ce terme. À l’heure actuelle, ce n’est guère plus que de la propagande visant à émouvoir et à manipuler.

    Parmi les spéculations sur la responsabilité des Arabes ou des musulmans dans les explosions de Boston, personne ou presque dans les médias n’a rappelé la longue série d’actes terroristes sanglants perpétrés par les racistes d’extrême droite.

    De la destruction du bâtiment Alfred P. Murrah à Oklahoma City en 1995 à l’explosion dans Centennial Park lors des Jeux Olympiques d’Atlanta en 1996 en passant par les incendies visant des cliniques où sont pratiquées l’avortement et des mosquées, la liste d’attaques violentes et de complots terroristes issus de la droite est longue.

    Et pourtant, le visage du terrorisme reste associé aux Arabes ou aux musulmans. Le New York Times, par exemple, a affirmé que les explosions de Boston marquaient « la fin de plus d’une décennie au cours de laquelle les États-Unis subirent étonnamment peu d’attaques terroristes, notamment grâce à une stratégie fondée sur un maintien de l’ordre beaucoup plus strict au lendemain des attentats du 11 septembre. »

    De manière assez révélatrice, le journal a omis de parler du meurtre en 2009 de George Tiller, médecin pratiquant des avortements et ayant subi pendant des années menaces et violences avant d’être abattu dans une église par un fanatique anti-avortement. Pas plus que le journal de référence n’a mentionné les six victimes du néonazi Wade Michael Page lors de la fusillade survenue l’an dernier dans un temple sikh du Wisconsin.

    Est-ce parce que les auteurs étaient des hommes blancs que ces gens ne sont pas considérés comme victimes du terrorisme ?

    L’occultation par le New York Times de la violence d’extrême droite va de pair avec l’argument selon lequel la guerre menée contre le terrorisme a accru la sécurité des Américains – notamment sur le territoire américain, se traduisant par un renforcement des mesures de sécurité qui a généré une augmentation sans précédent des lois sécuritaires et une diminution des libertés publiques depuis le 11 septembre.

    « Dans le sillage du 11 septembre, il y a eu une révolution dans la façon dont les autorités ont traité ce problème » estime Gary Lafree, directeur du consortium national sur l’étude du terrorisme, dans les colonnes du New York Times. « Les équipes de police sous la houlette du FBI font beaucoup plus de prévention. Elles stoppent les complots avant même que les terroristes ne sortent de chez eux. »

    Mais dans un grand nombre de cas, le FBI et la police ne « stoppent » pas les complots. Elles les fomentent puis attrapent des individus vulnérables considérés comme responsables avant de les diaboliser.

    La vérité, c’est que la plupart des gens inculpés de terrorisme aux États-Unis au cours des dix dernières années dans cette guerre menée contre le terrorisme n’ont non seulement jamais tué quiconque, mais n’ont même jamais été sur le point de commettre une quelconque attaque sur le sol américain.

    Prenez par exemple le cas de Newburgh : quatre Afro-Américains originaires de Newburgh dans l’État de New York, arrêtés pour terrorisme en 2009 et suspectés d’avoir préparé des attentats dans deux synagogues et de vouloir abattre des avions militaires à l’aide de missiles. Ces hommes n’avaient ni les moyens ni la motivation de commettre de tels actes avant de rencontrer Shahed Hussain, agent provocateur du FBI, qui les a recrutés dans une mosquée locale en leur promettant une rétribution. Devant le tribunal, même les juges ont dit que cette affaire relevait de tout « sauf du terrorisme ».

    Au-delà de ces abus commis sur des individus marginaux comme le quatuor de Newburg, le gouvernement fédéral exploite ces « complots terroristes », aussi invraisemblables soient-ils, pour renforcer la sécurité nationale. Comme l’écrit encore Greenwald : « C’est précisément ce que fait le gouvernement à chaque fois (aidé en cela par l’armée déplorable "d’experts en terrorisme"), à savoir exploiter la peur suscitée afin d’accroître son propre pouvoir et d’affaiblir celui des individus, y compris celui d’avoir une vie privée. »

    Il est néanmoins possible de résister à l’hystérie médiatique, à ceux qui attisent la peur et à la tentation de faire d’un drame horrible un prétexte à un nouveau tour de vis gouvernemental. Les gens ordinaires à Boston ont montré la voie, des milliers de gens ayant pris part à une veillée funèbre pour les victimes en signe de soutien à leurs familles et à leurs amis.

    Les parents de Trayvon Martin – cet adolescent afro-américain assassiné par un milicien raciste l’an dernier en Floride – ont de la même façon marqué les esprits en envoyant un message à la famille de l’une des victimes des explosions, Martin Richard, âgé de huit ans (la sœur et la mère de Martin ont également été grièvement blessées).

    Une photo prise par Martin Richard brandissant lui-même une photo sur laquelle figure un symbole de paix après le meurtre de Trayvon Martin a beaucoup circulé dans les médias. Les parents de Trayvon, Sybrina Fulton et Tracy Martin, ont envoyé un message de solidarité à la famille du petit Martin : « Il semble que le symbole de paix que Martin brandit en photo qui circule actuellement dans les médias fit suite à un cours de son professeur portant sur la mort de notre fils et le problème de la violence en général. Nous vous adressons nos pensées et nos prières les plus sincères et nous souviendrons de votre fils pour toujours. »

    Puisse cet exemple synonyme de solidarité au cœur de l’horreur et de refus de céder à la peur être suivi à l’avenir.

    Traduction de Thibault Roques


    Post-scriptum d’Acrimed

    Ce type de journalisme de précipitation et d’anticipation, qui prétend connaître les coupables avant qu’ils soient identifiés, peut voir, parfois, ses prédictions tomber juste, ce qui ne change rien au fait qu’il se contente de relayer des rumeurs ou les préjugés de ses « sources », et ne se fonde en tout cas sur aucune information consistante et vérifiée…

    Du fait de la course au scoop et de la « nécessité » de tenir l’antenne ou de remplir des pages, la déontologie et les règles habituelles du journalisme semblent comme suspendues dans les heures, voire les jours qui suivent ce type d’évènement dramatique. En mars 2004, par exemple, faisant fi de toute prudence, les médias français, dontLe Monde, comme nous le soulignions ici-même, emboîtaient le pas de leurs confrères espagnols pour accuser à tort l’ETA d’être responsable des attentats qui venaient d’avoir lieu à Madrid.

    Il est ainsi quelque peu cocasse de lire dans Le Monde du 23 avril dernier un article – remarquable au demeurant – tançant CNN pour sa couverture des attentats de Boston… Nous attendons avec intérêt le jour où Le Monde se penchera avec la même lucidité critique sur ses propres turpitudes passées, présentes et à venir, comme sur celles des médias français.

    Notes

    [1] Site américain d’information alternative ancré à gauche.

  • Google réhabilite...

    Google réhabilite l’appellation "Palestine"

     
     

     

     


    Les mots sont lourds de sens, surtout quand ils sont sciemment galvaudés pour ne véhiculer que des sophismes sur la tragédie palestinienne, les territoires occupés étant honteusement qualifiés de « territoires contestés », entre autres énormités mensongères. Aussi ne peut-on que se réjouir lorsque, grâce à un moteur de recherches incontournable du Net, ils recouvrent leur sens premier à travers la réhabilitation de l’appellation "Palestine".

    C’est Google qui a mis un terme à cette injustice sémantique, à l’aune d’une injustice géo-politique grandeur nature et à ciel ouvert, en remplaçant la mention "Territoires palestiniens" par "Palestine" sur sa page palestinienne, et ce au grand dam des autorités israéliennes, ulcérées par cette reconnaissance linguistique inaudible.

    Les médias-mensonges d’Israël, semés aux quatre vents, auront largement infecté le débat public sur l’épineuse question, jusqu’à rendre taboue l’appellation "Palestine" et par là-même la souveraineté qui en découle. L’irritation trahie par Yigal Palmor, le porte-parole israélien du ministère des affaires étrangères, à l’égard de Google, est à ce titre édifiante. Ce dernier s'est en effet interrogé, certainement en s'étranglant, "sur les raisons controversées derrière cette implication surprenante d'une entreprise internet privée dans la politique internationale"...

    L’Etat hébreu pourra toujours fulminer et taper du poing sur la table, après avoir fait trembler toutes les tables rondes, rien ne fera infléchir la décision de Google qui a procédé à cette modification "dans tous nos produits", comme l’a indiqué le porte-parole, Nathan Tyler, en précisant que ce changement respectait en tout point la qualification choisie par l'ONU – la Palestine avait obtenu en novembre le statut d'Etat observateur –, mais aussi par l'Icann (régulateur des noms de domaine sur internet) et "d'autres organisations internationales".

    Pour les autorités palestiniennes, cette revalorisation du terme "Palestine", riche de sens, est un bon présage qui va dans le bon sens. Sabri Saïdam, conseiller du président palestinien Mahmoud Abbas, pour les télécommunications et internet, s’est félicité de ce "pas dans la bonne direction", l'interprétant comme un "résultat du vote des Nations unies". "Nous espérons que Google Maps montrera aussi les terres palestiniennes confisquées par la colonisation israélienne", a-t-il ajouté auprès de l'AFP.

    Confortées par cette nouvelle légitimité, prélude à un droit à l’auto-détermination qui ne serait que justice, les autorités palestiniennes apposent désormais le sceau « Etat de Palestine » dans leurs correspondances diplomatiques, pour lesquelles des timbres, avec le même libellé, ont été émis
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  • Israël-ASL, même combat

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    6 mai 2013

    Un chef rebelle syrien se réjouit de voir son pays bombardé par l'ennemi israélien.

     

    Ce dimanche, un leader de l'opposition "syrienne" dénommé Hassan Rastanaoui est apparu en direct depuis Homs sur la deuxième chaîne israélienne.
     
    Il était l'invité surprise du journaliste israélien Yaari Ehud. 

    Rastanaoui a été présenté sur le site Internet de la chaîne israélienne comme un leader de la rébellion "syrienne".

    Répondant à une question du journaliste relative aux bombardements effectués ces derniers jours par l'aviation israélienne à Damas, Hassan Rastanaoui a exprimé sa joie et sa gratitude.

    D'après lui, les bombardements de l'aviation israélienne visaient des caches d'armes appartenant à l'armée arabe syrienne mais aussi aux milices du Hezbollah et à la Garde républicaine iranienne qu'il qualifie de "plus grands dangers terroristes".

    Cette nouvelle attaque de l'ennemi israélien, dixit Rastanaoui, "emplit le cœur du peuple et des révolutionnaires syriens".

    La complicité entre la rébellion syrienne et l'armée israélienne n'est pas un scoop. 

    L'an dernier, la même chaîne israélienne avait interviewé le cheikh Abdallah Tamimi, un leader salafiste originaire de Homs très Israel-friendly. 

    Usurpant l'identité sunnite et insultant des millions de Syriens sunnites patriotes, Tamimi déclarait que "pour les citoyens syriens sunnites, Israël n'est pas et n'a jamais été leur véritable ennemi (...) Nous (les sunnites) sommes dans le même camp que celui d'Israël".

    D'autre part, de nombreux combattants de l'ASL sont hébergés et se font soigner par l'armée israélienne (AFP, 16 février 2013 et Marc Henry, Le Figaro, 29 mars 2013)

    Ils reçoivent des armes israéliennes, accueillent des journalistes et des agents israéliens dans leurs rangs renseignent les services secrets israéliens sur la localisation des rampes de lancement des missiles balistiques syriens et des dépôts d'armes et promettent que la Syrie "libre" normalisera ses relations avec Israël.

    Malgré l'abondance de preuves sur les collusions entre Israël et les rebelles syriens, dans les médias mainstream mais aussi dans certains milieux soi-disant alternatifs et propalestiniens, on trouve encore quelques conspirationnistes frustrés qui défendent la thèse selon laquelle la Syrie et Israël seraient des pays amis, arguant que depuis la guerre de Tichrine (désigné que par son nom hébreux -Yom Kippour- dans les médias occidentaux), Damas a renforcé sa frontière la séparant d'Israël ainsi que ses lignes de défense dans le Golan.

    Cette théorie est pourtant aussi absurde que de soupçonner une complicité entre les Etats-Unis et Cuba au motif que La Havane n'a toujours pas reconquis la baie de Guantanamo, un territoire cubain sous occupation militaire étasunienne depuis 1898.

    N'en déplaise à certains spécialistes de l'enfumage, l'insoumission du gouvernement de Damas face à Israël et à ses vassaux wahhabites, le soutien politique et militaire qu'il apporte aux résistances libanaise et palestinienne, son alliance stratégique avec l'Iran, telles sont les raisons objectives qui poussent les Etat-Unis, l'Europe et Israël à faire durer la guerre de Syrie autant que faire se peut.

    A la veille de la guerre contre l'Iran, la mission accomplie par les djihadistes syriens arrange Israël tout comme les opérations menées par Israël contre le gouvernement syrien sont du pain béni pour les djihadistes syriens. Et ce, de l'aveu même d'un chef rebelle.
     
     
    Source : Bahar Kimyongür pour Investig'Action.

     

    Israël - Syrie

  • Israël, les Palestiniens

     

    2 mai 2013

    : Si les Palestiniens concentrent leurs effort sur la demande ‘‘une personne, une voix’’, l’argumentaire d’Israël ne tiendra plus. Que pourra-t-il dire ? Que les Palestiniens ne sont pas des êtres humains ?

     

     
    PRETORIA : Il n’y a pas qu’Israël qui devrait tirer les leçons de l’expérience Sud-Africaine. Les Palestiniens aussi. La bataille de la population noire s’est focalisée sur un seul thème : le vote universel. La demande de Nelson Mandela pour ‘‘une personne, une voix’’ était bien plus qu’un slogan, elle était un objectif stratégique. Elle est devenue réalité il y a 19 ans, le 27 Avril, lorsque la première élection multiraciale était organisée. Et depuis cette date, la démocratie a été préservée, les élections ont lieu régulièrement et la nouvelle Constitution soutient et guide cet État, en dépit de ses difficultés et de sa complexité.

    Les Sud-Africains ont démontré que rien n’était impossible ; que le rêve de la majorité et le cauchemar de la minorité pouvaient se rejoindre. Que la haine, les menaces et les peurs pouvaient être remplacées par un espoir bien réel. Mandela, qualifié hier de ‘‘terroriste’’, lui et son ‘‘organisation terroriste’’ le Congrès National Africain (ANC), est parvenu à dissiper les peurs de la population blanche.

    Il s’agissait probablement là de l’étape la plus importante de leur combat, étape franchie avec la conscience intime des limites de leur pouvoir. Ils ont compris que la violence ne les conduirait nulle part, que le régime était plus fort, et que l’usage aveugle de la terreur les conduirait à perdre l’essentiel du soutien international. L’ANC a ainsi limité l’usage de la force. C’est une leçon importante que les Palestiniens devraient prendre en considération.

    Tout aussi importante était l’unité des dissidents. Les Palestiniens, jusque-là, ont échoué sur ce point. Mais le facteur le plus important dans le succès de l’Afrique du Sud était l’accord sur le but supérieur de ‘‘une personne, une voix’’. Il est temps pour les Palestiniens d’opter pour cet objectif. Il est temps pour eux de comprendre que le rêve de deux États devient impossible. Que l’occupation est plus forte qu’eux, que les colonies sont désormais trop importantes, et que l’État palestinien, s’il devait voir le jour, ne serait rien de moins qu’un groupe de bantoustans séparés par des ‘‘blocs de colonies’’ qui ont pris des proportions énormes et ont obtenu l’accord consensuel des Israéliens et de la communauté internationale.

    Il est temps, chers Palestiniens, de changer de stratégie et de ne pas combattre l’occupation ou les colonies. Elles sont vouées à rester. Il est temps de suivre l’exemple Sud-Africain et d’exiger un droit basique : une personne, une voix.

    Cette exigence effraiera les Israéliens, au moins autant qu’elle a effrayé les Sud-Africains blancs. Les Israéliens hurleront, à juste titre, que cela signifiera la fin du Sionisme et de l’État Juif. Mais c’est Israël qui s’est mis dos au mur avec l’occupation, et l’expérience sud-africaine nous a montré que les peurs d’hier peuvent disparaître rapidement ; qu’au moyen d’une Constitution efficace et d’une ligne de conduite sage, les droits et l’identité de tous peuvent être sauvegardés. De toute manière, les États basés sur l’ethnie, composés uniquement d’une seule race ou nationalité, sont en voie d’extinction dans un monde interconnecté. Et ce monde ne peut rester indifférent à l’exigence simple de ‘‘une personne, une voix’’ ; personne ne peut nier à n’importe quel être humain ce droit fondamental.

    Se concentrer sur cette exigence privera Israël de toutes ses excuses. Que pourra-t-il dire ? Que les Palestiniens ne sont pas des êtres humains ? Qu’ils n’ont pas de droits comme c’est le cas pour toute Nation ? Toutes les nations n’ont pas d’État, mais chaque personne a le droit de voter. Les Palestiniens n’ont pas de droit dans l’État qui détermine leur destinée. Leur destinée doit justement être un combat pour ce droit sans violence criminelle, comme la terreur survenue après la seconde Intifada. Un tel combat va engendrer le soutien international des peuples et des gouvernements. Personne, si ce n’est les Israéliens, ne pourra s’y opposer. Les Israéliens seront contraints de revoir leurs valeurs, leurs croyances, ainsi que toutes les vérités sacrées et lignes rouges qu’ils ont inventées. Les Israéliens seront contraints d’admettre qu’ils vivent depuis un certain temps déjà dans un État dont le régime d’apartheid ne fait plus l’ombre d’un doute. Une fois que ce sera le cas, seulement deux possibilités se présenteront ; soit les Palestiniens parviendront, comme l’a fait Mandela, à atténuer la peur de la population, permettant à la solution d’un seul État démocratique (qui constitue le cauchemar pour tout Israélien) de faire son chemin pour un futur plus radieux. Soit les Israéliens reviendront à la raison et se retireront des territoires occupés et permettront, au bout du compte, l’établissement d’un État Palestinien viable. Il n’y a pas d’autres possibilités à la résolution de ce conflit.
     
  • 11-Septembre : Gérald Bronner

    Blog de l'association ReOpen911

    11-Septembre : Gérald Bronner ou le côté obscur de la sociologie

    Posté par .Rédaction le 28/04/2013

    Dans sa matinale du vendredi 1er mars, France Inter se demandait "comment distinguer la vérité et le fantasme dans l'actualité ?". En effet, comment savoir quelles sont les informations fiables et celles qu'il faut prendre avec des pincettes ? Un journaliste sérieux répondra qu'il faut tout simplement s'intéresser aux faits, les étudier, les confronter entre eux, c'est du moins ce qu'on enseigne habituellement dans les écoles de journalisme. Il faut pour cela réussir à mettre de coté ses préjugés, ses croyances, ses a priori et être capable de n'exclure aucune hypothèse. Mais les croyances peuvent s’avérer tenaces, y compris chez ceux qui les étudient…

     
    Gérald Bronnerprofesseur de sociologie à l'Université Paris-Diderot
     

     
    Gérald Bronner, l'invité de la matinale, est un sociologue, spécialiste des croyances. Il vient de publier La démocratie des crédules. Il aurait été utile que son analyse commence par définir ce que recouvre précisément le terme de « croyant » ou fournisse au moins les critères permettant de distinguer les croyances des convictions, des connaissances. Peut-on dire par exemple que celui qui adhère à la version des attentats du 11-Septembre telle qu’elle est présentée dans les rapports de l’administration américaine est un croyant ? A contrario, peut-on qualifier de croyant celui qui doute de cette description des évènements sans adhérer pour autant à une quelconque thèse alternative ?
     
    Selon la définition généralement admise, la croyance est « le processus mental expérimenté par une personne qui adhère dogmatiquement à une thèse ou des hypothèses, de façon qu’elle les considère comme vérité absolue ou une assertion irréfutable, et ce indépendamment des preuves, notamment empiriques, qui en attestent ou en contestent la crédibilité ».
     
    Une définition que ne partage visiblement pas le sociologue, pour qui celui qui a pris le temps d’examiner les faits et qui aurait des doutes serait un croyant, alors que celui n'ayant pas étudié le sujet mais qui s’en remettrait aveuglément au discours officiel ne serait lui, pas un croyant. Pourquoi ? Tout simplement parce que selon M. Bronner, la thèse officielle du 11-Septembre est vraie et donc ceux qui la critiquent sont dans l’erreur.
     
    Quelques jours plus tard, M. Bronner donnait aux auditeurs de France Culture sa définition toute personnelle de la croyance : « Une information, c’est une donnée : elle peut être vraie ou fausse. Ensuite selon qu’elle soit vraie ou fausse, on peut les classer en connaissance ou en croyance. »
     
    Nous verrons au cours de l’article que pour établir si une information est vraie ou fausse, M. Bronner adoptera le comportement des croyants qu’il étudie.
     
    L'émission - que vous pouvez écouter ici dans son intégralité - commence avec plusieurs réflexions pertinentes, que nous ne pouvons qu'approuver, mais dont la mise en application semble arbitraire :
     
    • « Une des grandes tentations du croyant, c'est d'aller chercher des informations qui confirment sa croyance (...) Nous avons tendance à aller chercher toujours une information qui va confirmer ce que nous pensons. Si nous sommes de droite par exemple, nous fréquentons tel type de journal, si nous sommes de gauche, nous fréquentons tel type de journal ». (2'08) 
     
    Et les journalistes convaincus par la thèse officielle ne vont fréquenter que les sites la défendant. Partant du postulat que la remise en question de la thèse officielle est infondée, nombre de journalistes accordent une confiance aveugle à ceux qui prétendent réfuter les arguments des sceptiques [1]. Aucune vérification n’est alors menée, aucune confrontation entre les deux partis n’est même envisagée, tant il leur parait évident qu’une telle démarche (pourtant à la base du travail journalistique) s’avèrerait une perte de temps.
     
     
    • « il y a un consensus scientifique et il y a quelques farfelus, quelquefois ils ont raison ces farfelus, mais la plupart du temps ils ont tort » (5'20) 
     
    Etrange raisonnement que nous délivre ici M. Bronner au sujet des « lanceurs d’alertes » [2] qui restent à ses yeux des « farfelus » quand bien même ils auraient raison. De notre côté, nous avons été quelques fois qualifiés de farfelus, de sales cons, de cerveaux malades, ou même d'extrémistes, par des gens victimes de préjugés ou qui voulaient nous discréditer. Nous ne prétendons pas détenir une quelconque vérité au sujet des attentats du 11-Septembre. Nous constatons simplement, à l'instar de nombreuses familles de victimes et d'associations de professionnels que le rapport officiel comporte de graves omissions et manipulations et qu'à ce titre, il est légitime, et non farfelu, de militer pour une nouvelle enquête.
     
     
    • « le droit au doute doit s'accompagner, comme tout droit, de devoir. Et le devoir du doute, c'est celui d'exprimer son doute de façon méthodique avec des arguments réfutables par la communauté scientifique. [Si vous refusez de discuter avec vos contradicteurs] vous n'acceptez pas de jouer le libre débat, argument contre argument, méthode contre méthode ». (6'18) 
     
    L’ingénieur en génie civil Jonathan Cole et le physicien Steven Jones n'ont pas attendu les conseils du sociologue et ont présenté des arguments basés sur des expériences que chacun peut reproduire et qui contredisent certaines hypothèses du NIST (l'organisme en charge de l'étude technique de la chute des 3 tours du WTC). Nous laissons à M. Bronner le soin de juger s'ils ont exprimé leur doute « de façon méthodique avec des arguments réfutables par la communauté scientifique » [3].
     
    Notons qu’en plus de se dispenser d’expériences pour valider ses hypothèses, le NIST refuse de livrer les données de ses simulations informatiques (au motif que leur divulgation « pourrait compromettre la sécurité publique ») et décline les invitations à débattre, n'acceptant pas ainsi - pour reprendre les mots de M. Bronner - « de jouer le libre débat, argument contre argument, méthode contre méthode ».

    En ce qui nous concerne, nous ne demandons pas mieux que de voir défenseurs et détracteurs de la thèse officielle débattre ensemble (c'est d'ailleurs l'un des principaux objectifs de notre association). Malheureusement, force est de constater que la plupart des médias ne semblent guère prêts à un vrai débat public sur les attentats du 11-Septembre [4].
     
    • « Si vous avez envie de croire cela, vous trouverez toujours une forme d'autorité pour assoir votre point de vue » (7'20)
     
    N'est-ce pas précisément ce que font les journalistes qui invitent M. Bronner à s’exprimer ? Par ailleurs, l'expert sollicité pour renforcer une croyance est flatté d'accéder à la reconnaissance de son travail, ce qui lui permet ainsi d'acquérir une notoriété qu'il estime bien méritée. On peut comprendre qu'il soit difficile pour n'importe quel spécialiste, invité à s'exprimer sur un sujet, d'envisager qu'il est sollicité non pas pour la qualité de ses analyses mais pour conforter les journalistes dans leurs préjugés [5].
     
    • « Les croyants sont beaucoup plus motivés que les non croyants en général, ce qui fait qu'ils arrivent à imposer souvent leur point de vue » (8'19)
     
    Notons que la motivation la plus forte ne pèsera guère si les arguments solides ne sont pas là pour soutenir les convictions défendues. Dans le cas du 11-Septembre, nous récusons évidemment ce terme de « croyant » car il ne s’agit pas pour nous d’imposer notre point de vue ou "nos croyances" mais d’essayer de faire entendre nos arguments. En revanche, lorsque des journalistes refusent par exemple la parole à des experts remettant en cause la thèse officielle [6], n'imposent-ils pas alors leur point de vue ?

     
    • « Le problème, c'est celui des indécis [...]. Si on laisse les croyants occuper une place majoritaire dans l'espace des idées, il est possible que ces indécis basculent du côté obscur de la rationalité ». (8'28)
     
    Heureusement pour M. Bronner, les éditocrâtes qui adhèrent sans réserve à la version officielle veillent assidûment à ce que les indécis ne basculent pas « du côté obscur de la rationalité ». Pour cela, ils disposent de toute une palette d’argumentaires : injures, accusations d’antisémitisme, de révisionnisme, de négationnisme, de conspirationnisme, d’antiaméricanisme, d’antidémocratisme, de soutien au terrorisme … sans oublier le recours aux intellectuels nous mettant en garde contre les dévoiements de la raison.
     
     
    C'est ensuite qu'intervient le journaliste Thomas Legrand :
     


     
    Transcriptions avec nos commentaires :
     
    Thomas Legrand : « Les conspirationnistes du 11-Septembre (terme bien pratique qui permet de discréditer celui qui se pose des questions) disent : "Les enquêtes ne vont pas jusqu'au bout, et donc il y a un complot (un raisonnement caricatural que ne tiennent généralement pas les sceptiques). Ce qu'on peut suspecter, c'est que si les enquêtes allaient jusqu'au bout (on reconnait donc que jusqu'à présent, les enquêtes n'ont pas été jusqu'au bout...), on verrait qu'il n'y a pas de complot évidemment (ni même un complot organisé par al-Qaïda ? Le 11-Septembre serait donc ... un accident ?), mais que effectivement les services secrets américains ont un peu (notion très relative) manipulé (mais il faut croire que ce n'est pas bien grave), ils ont peut-être (mais ce n'est pas sûr) mal réagit (comme par exemple une guerre en Irak et une autre en Afghanistan ?) à certains moments (qu'on imagine rares et brefs), mais ils n'ont pas organisé le 11-Septembre (félicitations à M. Legrand qui reconnait que les enquêtes ne sont pas allées au bout mais qui sait avec certitude quel en aurait été le résultat). »
     
    Gérald Bronner : « Oui, certainement pas ! » (parole d’expert en sociologie)

    Thomas Legrand : « Et peut-être que plus de transparence mettrait en cause des gens mais effondrerait cette théorie du complot (le journaliste Thomas Legrand ne peut donc qu’être favorable à notre demande d’une nouvelle enquête…). »
     
     
    Poursuivons avec notre sociologue :
     
    • « Quand on a demandé à Tony Blair quelle était sa plus grande erreur politique on aurait pu croire que c’était peut-être son alliance avec les Etats-Unis dans la 2ème guerre d’Irak (…) mais en fait c’est pas ce qu’il a dit du tout. Il a dit sur un ton semi-ironique, que sa plus grande erreur a été de faire voter la loi FOI qui est une loi de transparence, de liberté d’information pour le public. C’est une revendication démocratique à mon avis irrésistible : vous ne pouvez pas dire au nom de quoi j’aurais le droit de savoir et pas vous, sauf les secrets d’états bien entendu. Le problème, c’est que cette transparence, elle organise en effet… Pourquoi est-ce que Tony Blair a considéré que c’est sa grande erreur ? Parce qu'on a constaté que statistiquement les journaux de presse faisaient ensuite des articles de plus en plus basés sur la théorie du complot conspirationniste. Plus vous avez d’informations, plus vous pouvez mettre en scène ces informations pour raconter une histoire. C’est exactement ce que font par exemple les conspirationnistes du 11-Septembre… » (10’34)
     
    Touchante histoire que nous raconte ici M. Bronner mais bien éloignée de la réalité. Le 6 février 2003, Tony Blair déclarait : « Permettez-moi d’évoquer cette histoire de pétrole … la théorie du complot du pétrole est honnêtement une des choses les plus absurdes quand vous regardez ce qu’elle dit. Le fait est que si nous étions intéressés par le pétrole d’Irak, nous pourrions probablement conclure un accord dès demain avec Saddam Hussein sur ce pétrole. Ce n’est pas le pétrole le problème, ce sont les armes… »
     
    Seul problème : cette soi-disant « théorie du complot du pétrole » avancée par M. Blair n’en était pas une. Après plusieurs années de lutte, l’activiste Greg Muttit, spécialiste du pétrole irakien, parvient à faire déclassifier grâce à la loi FOI sur la liberté de l’information plus de 1000 documents confidentiels. On y trouve notamment un mémo du Foreign Office du 13 novembre 2002, faisant suite à un meeting avec BP : «L’Irak est [le pays] le plus prometteur en pétrole. BP veut absolument y mettre pied et s’inquiète de ce que des accords politiques ne lui offrent pas cette opportunité. Les potentialités à long terme sont énormes… »
     
    Si Tony Blair regrette d’avoir fait voter la loi FOI sur la liberté de l’information, ce n’est pas parce que cela propagerait les théories du complot comme le prétend M. Bronner, mais au contraire parce que celle-ci a permis de révéler au grand jour une stratégie secrète bien réelle. L'ancien premier ministre britannique a tenté de dissimuler ce fait en accusant ceux qui cherchaient les vraies raisons de la guerre en Irak d’être des théoriciens du complot [7].
     
    • « Aujourd'hui pour le 11-Septembre - et là internet joue le rôle d'incubateur de mythologies contemporaines -, on trouve plus de 100 arguments techniques différents. Certains relèvent de l'aspect sismologique, d'autres des cours de bourse avant le 11-Septembre, certains relèvent de la physique des matériaux. Donc tout ça compose un mille-feuille argumentatif. Chaque étage est ffff... fragile, faux, mais l'ensemble donne une impression de vérité et on retombe sur le "y'a pas de fumée sans feu" ». (12'25)
     
    M. Bronner reconnait qu’il existe de nombreux arguments techniques mais décrète qu’ils sont tous faux. Sur quelles recherches s’appuie-t-il pour en avoir la certitude ? Les auditeurs de France Inter ne le sauront pas, pas plus d’ailleurs que les lecteurs de son livre La démocratie des crédules [8].
     
    Déjà en janvier 2011, lorsque nous lui avions envoyé notre réponse au débunking de M. Quirant sur le documentaire "Jeudi Investigation : un Jeudi Noir de l'Information", M. Bronner avait simplement écrit :
     
    « Je ne répondrai pas point par point sur les arguments techniques que vous soulevez dans le lien que vous m'avez mentionné. Je crois qu'il s'agit d'une parfaite illustration de ce que je nomme un effet Fort (vous aurez peut-être la curiosité d'aller lire l'article que j'ai accepté d'écrire pour la Revue Raison Publique à paraître en 2012 sur la question des mythes du complot). »
     
    Nous avons eu cette curiosité [9], mais nous regrettons que M. Bronner n’en n’ait pas manifesté autant quand nous lui avions proposé de lire un article démontrant que Jérôme Quirant avait fait preuve de malhonnêteté dans sa réponse à notre documentaire. Il est d’ailleurs étonnant que M. Bronner ne se soit pas donné la peine de lire un article qui accuse de la sorte Jérôme Quirant : ce manque de curiosité pourrait-il s’expliquer par le fait que Jérôme Quirant fut le coordinateur du dossier de l'AFIS (association française pour l’information scientifique) [10]auquel avait participé un certain M. Bronner qui se trouve être par ailleurs membre du comité de parrainage scientifique de l’AFIS ?
     
    Nous invitons cordialement M. Bronner à lire l’article en question et à se prononcer simplement sur deux points :
     
    - Le journaliste de Canal+ Stéphane Malterre est-il honnête dans son reportage qui s'attaque à Loose Change ?
    - Le scientifique Jérôme Quirant est-il honnête dans sa défense de M. Malterre ?
     
    Il n’y a là aucun mille-feuille argumentatif : nous répondons simplement aux allégations de M. Quirant [11] et aucune connaissance technique particulière n’est nécessaire pour juger de l’honnêteté de Stéphane Malterre et Jérôme Quirant.
     
     
    • « Les mythes conspirationnistes sont surtout invraisemblables [car] à partir du moment où vous impliquez des dizaines voire des centaines de personnes, il est impossible dans la société dans laquelle nous sommes de ne pas imaginer que l’information va percer. » (15’27)
     
    Après l’avis du sociologue, voici celui de l’ancien analyste de la RAND Corporation Daniel Ellsberg, l’homme qui fut à l’origine de à la divulgation des fameux papiers du Pentagone révélant les mensonges de la guerre du Viêt Nam, sans doute une des plus grandes fuites de l’histoire :
     
    « C’est un lieu commun de dire que "vous ne pouvez pas garder un secret à Washington" ou "dans une démocratie", peu importe le degré de sensibilité du secret, vous êtes susceptibles de le voir [publié] le lendemain dans le New York Times. Ces banalités sont parfaitement fausses. Ce sont des histoires qui servent de couverture, de moyens de flatter ou de tromper les journalistes et leurs lecteurs, et cela fait partie intégrante du processus qui permet de garder les secrets bien au chaud ».
     
    Nous ne pouvons qu’inviter M. Bronner à lire le 4ème chapitre intitulé "Le critère de plausibilité" de notre réponse à Noam Chomsky et Jean Bricmont. Gérald Bronner, en sa qualité de membre du comité de parrainage scientifique de l’AFIS, sera très certainement intéressé de prendre connaissance de cette réponse qui prétend démonter la contribution de Jean Bricmont, président d’honneur de l’AFIS, qui fut publiée dans le dossier sur le 11-Septembre de l’AFIS.
     
     
    L'universitaire poursuit en nous présentant de beaux principes qu'il oublie de s'appliquer à lui-même :
     
    • « tout processus éducatif doit se fonder [...] sur la méfiance de nos propres intuitions » (20'35)
       
    • « beaucoup de nos intuitions qui se logent en nous, qui nous accompagnent tous, nous conduisent vers des erreurs sévères. » (20'44)
     
     
    L’interview se termine sur une remarque qui retiendra toute notre attention :
     
    • « Il est temps que les médias réfléchissent [...] à se doter d'instances de vérification de l'information, et pourquoi pas de sanctions. » (21'21) 
     
    En effet, il serait temps…
     
    Nous serons heureux d’apporter notre contribution à ces instances de vérification de l'information en leur proposant de visionner ces documentaires qui analysent le traitement médiatique du 11-Septembre. Nous attendons des médias qu'ils jouent pleinement leur rôle de 4ème pouvoir, au lieu d'en être un supplétif. Il en va de la confiance des citoyens envers les médias qui n'est pas, et c'est le moins qu'on puisse dire, au beau fixe.
     
    Plusieurs grands noms du journalisme ont pourtant fait part publiquement de leurs doutes comme par exemple Amy GoodmanRobert Fisk,Eric MargolisJohn Pilger ou encore chez nos compatriotes Karl ZéroJohn-Paul Lepers et Eric Laurent. Et de plus en plus de médias s'intéressent à cette controverse comme Le Huffington PostFrance3et bien d'autres. Les faits troublants du 11-Septembre représentent donc un intérêt et il est tout à fait possible de le traiter de façon journalistique et rationnelle au lieu de tomber dans la caricature comme c'est trop souvent le cas. Et pour simplifier la tâche des journalistes qui manquent généralement de temps, nous avons produit ou traduit plusieurs synthèses, comme par exemple le site Consensus911 qui recense, comme son nom l'indique, les points qui font consensus dans le mouvement.
     
     
    Le droit au doute ?

    Dans l’introduction de son dernier livre, M. Bronner cite le mail que nous lui avions adressé en décembre 2011 : « Ce qui a le plus attiré mon attention, c'est l'intitulé-objet de son mail : "droit au doute", qui indiquait que son expéditeur avait le sentiment de voir bafoué l'un de ses droits fondamentaux. On peut s'étonner que cette personne réclame un droit dont, manifestement, elle jouit déjà pleinement. Quelqu'un l'a-t-il empêché d'animer ce site, de poster des vidéos sur Internet, de publier des livres, d'écrire des articles, de distribuer des tracts dans la rue, d'organiser des manifestations publiques et de s'exprimer, d'une façon générale ? »
     
    Gérald Bronner aurait été bien inspiré de nous poser la question avant de publier son livre. Nous aurions pu lui donner quelques exemples manifestes d'atteinte à notre liberté d'expression, quand la projection de l'un de nos films est annulée à Rennes trois jours avant la date prévue (en septembre 2012) suite à des "recommandations" de la mairie, quand une autre projection est également annulée à Toulouse quelques mois plus tôt, quand nous sommes régulièrement insultés, ou recevons desmenaces d'agression physique. Doit-on s'inquiéter quand on entend que certains députés seraient prêts à supprimer notre liberté d'expression au prétexte que nous serions des « conspirationnistes » ? Quel degré de liberté a-t-on lorsqu’on s’expose à être traités de fanatiques, de farfelus, d’ennemis de la démocratie, d’extrémistes, de croyants, d’antisémites, de négationnistes, si jamais nous faisons part publiquement de nos doutes ? [12] Doit-on se résigner à ce que les médias empêchent tout débat argumenté sur le sujet au nom d’une prétendue responsabilité envers le public ? Peut-on réellement dans ces conditions affirmer que nous "jouissons pleinement" du droit au doute ?
     
     
    La sociologie est un sport de combat
     
    Toujours au cours de ces échanges par mail, nous avions envoyé à M. Bronner le lien d’une vidéo alors en cours de traduction où des psychologues expliquaient pourquoi selon eux il est si difficile pour certains d’accepter la remise en question de la thèse officielle. Sa réponse fut des plus lapidaires :
     
    « Un conseil, ne le traduisez pas : c'est une vidéo proprement ridicule. Supposer que la dissonance cognitive explique pourquoi une partie de la population n'adhère pas à vos thèses est franchement risible. Je crois que cette vidéo est parfaitement classique de la nature pseudo-technique des arguments que les croyants en quête de légitimité souhaitent mobiliser. C'est une bonne illustration aussi de la façon dont une théorie classique et parfaitement respectable peut être grossièrement instrumentalisée à des fins disons "idéologiques" à défaut d'autres termes. »
     
    Des psychologues face aux blocages du 11-Septembre (traduit par ReOpen911) :
     
     
    M. Bronner vit dans un monde finalement relativement simple : si vous doutez de la thèse officielle, alors vous êtes un « croyant », et si vous avez une compétence particulière, alors vous instrumentalisez votre discipline à des fins « idéologiques ». On imagine sans peine que pour lui, les ingénieurs en génie civil de cette liste et ces experts du contre-terrorisme qui remettent en question la thèse officielle doivent être bien dogmatiques…
     
    Des experts qui ne semblent guère intéresser non plus les médias, ces derniers trouvant plus amusant de demander leur avis sur la question à des peoples (des avis certes moins circonstanciés mais qui ont l’avantage non négligeable de pouvoir être discrédités plus facilement) ou d’inviter des sociologues à disserter sur ces étranges créatures que sont les « conspirationnistes ». Suite au passage de M. Bronner dans une émission de France Culture en septembre 2011, un de nos sympathisants avait noté à ce propos :
     
    « Invitons plutôt un sociologue confortablement assis et tentons une petite conversation appliquée sur le concept buté de la croyance irraisonnée. Sachons interroger de façon concise les fictions plutôt que les faits. Conversons sur la fantaisie populaire de toute époque et sur les rumeurs de toutes sortes colportées aujourd’hui via internet. N’analysons rien des incohérences scientifiques véhiculées par le NIST ou par la Commission d’enquête directement supervisée par l’ancien conseiller à la Sécurité Nationale auprès de Condoleezza Rice, M. Philip Zelikow. »
     
    Une tactique peu honorable qui parfois peut révéler des surprises. Ainsi, dans un des entretiens vidéos réalisés par Mediapart pour une série d'enquêtes sur les théories du complot, l’historien Emmanuel Kreis, docteur de l’École Pratique des Hautes Études (section sciences religieuses) déclare que ceux qui remettent en question la thèse officielle sur les attentats du 11-Septembre et qui se posent simplement des questions ne devraient pas être qualifiés de « conspirationnistes » car leurs questions sont « bien souvent même légitimes ». Des propos hétérodoxes qui ne seront toutefois pas cités dans l'article de Mediapart.
     
     
    Conclusion :
     
    Gérald Bronner est un universitaire régulièrement sollicité par les journalistes et dont le rôle consiste avant tout à les rassurer dans leurs préjugés, dans leurs croyances, de les conforter dans l’idée que le sujet ne mérite pas d’être étudié, analysé et qu’ils n’ont donc pas failli à leur devoir depuis plus de 11 ans. En d’autres mots, M. Bronner sert de caution intellectuelle à un système médiatique défaillant.
     
    Il prétend avoir « développé un certain nombre de réflexes » (pavloviens ?) pour démasquer les croyances, mais il ne voit pas celle qui est sous ses yeux sur le plateau de France Inter. Il est convaincu que les attentats du 11-Septembre se sont déroulés comme nous l'a rapporté l'administration américaine. Cette conviction ne s'appuie pourtant sur aucune enquête équilibrée de sa part : il accorde une confiance totale à ceux qui prétendent démonter les arguments des sceptiques et refuse de lire les contre-arguments présentés par ces derniers au prétexte de se retrouver face à un mille-feuille argumentatif.
     
    Comment déterminer quel camp a raison sur un point précis si on se dispense d’examiner et de discuter les arguments de l'ensemble des protagonistes ? Suffirait-il pour gagner un débat contradictoire d’être le premier à déclarer que les propos de son opposant sont une illustration de l’effet Fort ?
     
    M. Bronner prétend protéger la démocratie mais il fait en réalité parti de ces nombreux censeurs qui entendent délimiter le cadre de ce qui peut être discuté ou non. L'emploi du mot croyant n'a ici qu'un but : décréter que tout débat est impossible avec ceux qu'on qualifie ainsi. Comment en effet dialoguer avec des gens qui n’ont comme seuls repères des vérités révélées qu’on ne peut remettre en question ?
     
    Un procédé de mise à l’écart assez classique déjà utilisé par Libération en 2006 dans un article qui s'intitulait "La religion du complot" : «"Une fois qu'ils ont basculé, il est impossible de les convaincre", constate-t-il. Mark Fenster approuve : "C'est comme un débat entre un croyant et un athée. Il n'y a pas suffisamment de base commune." (…) "La seule chose que vous puissiez espérer, c'est empêcher ceux qui sont en train d'enjamber la palissade de passer de l'autre côté." »
     
    Les "conspirationnistes" du 11-Septembre ne sont pas les seuls à se faire stigmatiser par M. Bronner grâce au dévoiement des mots : derrière la neutralité de son titre d'universitaire se cache en réalité un idéologue [13qui n'hésite pas à qualifier de "croyants", "crédules" ou encore "farfelus", tous ceux qui ne partagent pas ses convictions, comme par exemple les citoyens nous mettant en garde contre les risques des OGM, ou bien ceux qui réclament de meilleures normes sanitaires ou environnementales.
     
    L’association ReOpen911 ne prétend pas détenir une quelconque vérité et ses membres ont d'ailleurs plus de questions que de certitudes sur le 11-Septembre. Nous ne cherchons pas à conforter des croyances mais à confronter une version à des faits.
     
    Nous invitons enfin tout spécialement les journalistes de Radio France à regarder par exemple ce documentaire ou celui-ci, afin de vérifier le sérieux de notre travail. Nous réitérons également notre demande de voir davantage de pluralisme dans l'information ou les débats, et qu'on puisse enfin discuter des faits, plutôt que de psychologie ou de sociologie. 
     
     
    -- La Rédaction de ReOpen911 –