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Israël, les Palestiniens

 

2 mai 2013

: Si les Palestiniens concentrent leurs effort sur la demande ‘‘une personne, une voix’’, l’argumentaire d’Israël ne tiendra plus. Que pourra-t-il dire ? Que les Palestiniens ne sont pas des êtres humains ?

 

 
PRETORIA : Il n’y a pas qu’Israël qui devrait tirer les leçons de l’expérience Sud-Africaine. Les Palestiniens aussi. La bataille de la population noire s’est focalisée sur un seul thème : le vote universel. La demande de Nelson Mandela pour ‘‘une personne, une voix’’ était bien plus qu’un slogan, elle était un objectif stratégique. Elle est devenue réalité il y a 19 ans, le 27 Avril, lorsque la première élection multiraciale était organisée. Et depuis cette date, la démocratie a été préservée, les élections ont lieu régulièrement et la nouvelle Constitution soutient et guide cet État, en dépit de ses difficultés et de sa complexité.

Les Sud-Africains ont démontré que rien n’était impossible ; que le rêve de la majorité et le cauchemar de la minorité pouvaient se rejoindre. Que la haine, les menaces et les peurs pouvaient être remplacées par un espoir bien réel. Mandela, qualifié hier de ‘‘terroriste’’, lui et son ‘‘organisation terroriste’’ le Congrès National Africain (ANC), est parvenu à dissiper les peurs de la population blanche.

Il s’agissait probablement là de l’étape la plus importante de leur combat, étape franchie avec la conscience intime des limites de leur pouvoir. Ils ont compris que la violence ne les conduirait nulle part, que le régime était plus fort, et que l’usage aveugle de la terreur les conduirait à perdre l’essentiel du soutien international. L’ANC a ainsi limité l’usage de la force. C’est une leçon importante que les Palestiniens devraient prendre en considération.

Tout aussi importante était l’unité des dissidents. Les Palestiniens, jusque-là, ont échoué sur ce point. Mais le facteur le plus important dans le succès de l’Afrique du Sud était l’accord sur le but supérieur de ‘‘une personne, une voix’’. Il est temps pour les Palestiniens d’opter pour cet objectif. Il est temps pour eux de comprendre que le rêve de deux États devient impossible. Que l’occupation est plus forte qu’eux, que les colonies sont désormais trop importantes, et que l’État palestinien, s’il devait voir le jour, ne serait rien de moins qu’un groupe de bantoustans séparés par des ‘‘blocs de colonies’’ qui ont pris des proportions énormes et ont obtenu l’accord consensuel des Israéliens et de la communauté internationale.

Il est temps, chers Palestiniens, de changer de stratégie et de ne pas combattre l’occupation ou les colonies. Elles sont vouées à rester. Il est temps de suivre l’exemple Sud-Africain et d’exiger un droit basique : une personne, une voix.

Cette exigence effraiera les Israéliens, au moins autant qu’elle a effrayé les Sud-Africains blancs. Les Israéliens hurleront, à juste titre, que cela signifiera la fin du Sionisme et de l’État Juif. Mais c’est Israël qui s’est mis dos au mur avec l’occupation, et l’expérience sud-africaine nous a montré que les peurs d’hier peuvent disparaître rapidement ; qu’au moyen d’une Constitution efficace et d’une ligne de conduite sage, les droits et l’identité de tous peuvent être sauvegardés. De toute manière, les États basés sur l’ethnie, composés uniquement d’une seule race ou nationalité, sont en voie d’extinction dans un monde interconnecté. Et ce monde ne peut rester indifférent à l’exigence simple de ‘‘une personne, une voix’’ ; personne ne peut nier à n’importe quel être humain ce droit fondamental.

Se concentrer sur cette exigence privera Israël de toutes ses excuses. Que pourra-t-il dire ? Que les Palestiniens ne sont pas des êtres humains ? Qu’ils n’ont pas de droits comme c’est le cas pour toute Nation ? Toutes les nations n’ont pas d’État, mais chaque personne a le droit de voter. Les Palestiniens n’ont pas de droit dans l’État qui détermine leur destinée. Leur destinée doit justement être un combat pour ce droit sans violence criminelle, comme la terreur survenue après la seconde Intifada. Un tel combat va engendrer le soutien international des peuples et des gouvernements. Personne, si ce n’est les Israéliens, ne pourra s’y opposer. Les Israéliens seront contraints de revoir leurs valeurs, leurs croyances, ainsi que toutes les vérités sacrées et lignes rouges qu’ils ont inventées. Les Israéliens seront contraints d’admettre qu’ils vivent depuis un certain temps déjà dans un État dont le régime d’apartheid ne fait plus l’ombre d’un doute. Une fois que ce sera le cas, seulement deux possibilités se présenteront ; soit les Palestiniens parviendront, comme l’a fait Mandela, à atténuer la peur de la population, permettant à la solution d’un seul État démocratique (qui constitue le cauchemar pour tout Israélien) de faire son chemin pour un futur plus radieux. Soit les Israéliens reviendront à la raison et se retireront des territoires occupés et permettront, au bout du compte, l’établissement d’un État Palestinien viable. Il n’y a pas d’autres possibilités à la résolution de ce conflit.
 

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