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  • Guéant n'est pas en règle

    Guéant n'est pas en règle pour la vente de ses tableaux

    Lire aussi

    La vente des tableaux de Claude Guéant était illégale. Pour justifier le versement de 500 000 euros sur son compte en banque révélé mardi 30 avril par le Canard Enchaîné, l’ancien ministre de l’intérieur a affirmé que la somme provenait de la vente, en 2008, de deux tableaux hollandais à un « avocat malaisien ». Nous avions déjà pointé que la somme paraissait très élevée par rapport à la cote de l’auteur des tableaux, le peintre flamand du XVIIe siècle Andries van Eertvelt. Aujourd’hui, il est acquis que le ministre n’a pas demandé l’autorisation, pourtant obligatoire, du ministère de la culture pour effectuer cette vente hors du territoire national.

    Le ministère a affirmé à Mediapart ne pas avoir trouvé trace de la moindre demande d’exportation pour les deux tableaux de Van Eertvelt en 2008. Interrogé dans la foulée, Claude Guéant a déclaré : « J’ai dit tout ce que j’avais à dire sur ce sujet, et je réserve le reste au juge. » Pourtant, joint par téléphone une première fois plus tôt dans la journée, avant que le ministère ne donne sa réponse, il avait indiqué à Mediapart détenir « ce certificat », tout en refusant de donner des explications détaillées. Il est manifestement allé trop loin : lors du second appel, il nous a assuré ne jamais avoir confirmé ce point délicat.

    Le sujet est grave pour l’ancien homme de confiance de Nicolas Sarkozy. Comme l’a signalé le site La Tribune de l’art mercredi 1er mai, tout tableau sorti de France doit obtenir un certificat d’exportation, si sa valeur dépasse 150 000 euros. « L’absence d’une telle autorisation ne ferait pas que fragiliser son argumentation, signalait le site. De deux choses l’une : soit la vente de ces tableaux ne serait qu’une fiction, cachant une source de financement bien plus opaque, soit il se serait rendu coupable d’exportation illégale de trésors nationaux, un délit passif de deux années d’emprisonnement et d’une amende de 450 000 € (article L 114-1 du code du patrimoine). »

    En l’occurrence, il ne s’agit pas ici de « trésors nationaux », mais de bien culturels, tels que définis par le décret n°93-124 du 29 janvier 1993. Pour qu’un tableau entre dans cette catégorie, il doit valoir au moins 150 000 euros et être daté de plus de 50 ans. Son exportation est alors « subordonnée à la délivrance du certificat »que le ministère doit délivrer ou refuser dans les quatre mois suivant la demande du propriétaire de l’œuvre d’art. Mais la sanction maximale est bien de deux ans de prison et 450 000 euros d'amende.

    Pourtant, mardi, répondant à de nombreux journalistes, à la télévision ou à la radio, Guéant avait assuré être en règle, rappelant par exemple sur Canal+ que les oeuvres d'art étaient soumises à« un régime fiscal spécifique ».

     

     

    Il a répété à Mediapart détenir les pièces justificatives de la vente. Ce qui signifie qu’il est donc théoriquement en mesure de prouver qu’il a payé les taxes sur la plus-value réalisée lors de la vente : soit une taxe forfaitaire de 5 % du prix de vente, soit l’imposition au régime général des plus-values sur biens meubles.

  • Les très chers tableaux de Guéant

    Mediapart

     

    Deux tableaux d’un artiste flamand du XVIIe siècle valaient-ils 500 000 euros en 2008 ? C’est ce qu’affirme Claude Guéant pour répondre aux informations du Canard enchaîné de ce matin. L’hebdomadaire révèle qu’au terme des deux perquisitions qui ont visé son domicile, dans le cadre de l’affaire Tapie et du financement de la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy par la Libye de Kadhafi, les enquêteurs ont trouvé la trace d’un versement de 500 000 euros, venant d'un compte à l'étranger, sur un des comptes de l’ex-ministre de l’intérieur.

    « Cet argent n'a strictement rien à voir avec un financement libyen, a déclaré Guéant sur RMC ce mardi. (…) Cet argent vient d'une transaction banale d'œuvre d'art. C'est juste le produit de cette vente. J'ai vendu ces tableaux à un avocat étranger. J'ai tous les justificatifs. Tout cela est une affaire privée et banale. »

    Cette vente, si elle a bien eu lieu, s’est faite à des tarifs étonnants, vu la cote de l’auteur de ces deux marines, Andries Van Eertvelt, dont le Louvre ne détient pas un seul tableau. Un lecteur de Mediapart, féru de peinture classique, nous a mis sur la piste d’un lot de tableaux du même peintre qui avait été mis à la vente en juillet 2008 chez Drouot. Proposée par l’étude Baron-Ribeyre associés, cette paire de tableaux, des batailles navales, était estimée entre 150 000 et 200 000 euros (pour le lot). Mais elle n’a pas trouvé preneur.

    Le catalogue de la vente est encore disponible sur le net, les tableaux sont présentés dans le lot n° 86. Les voici (cliquez sur l'image pour la voir en grand format) :

     

    © BaronRibeyre.com

     

    Il ne semble pas s'agir des tableaux détenus par Guéant. Bien que le peintre, le sujet et les dates concordent, l'ex-ministre a indiqué sur Canal+ que ces tableaux, désormais propriété d'un avocat« malaisien » étaient de petite dimension : « environ 30 cm sur 60, peintes sur bois. » Les tableaux repertoriés par Baron-Ribeyre sont plus grandes (109 x 159 cm).

    Le mystère persiste donc sur le prix de la transaction : les petits tableaux de Guéant se sont vendus plus de deux fois plus chers que l'estimation faite pour les grandes toiles. Et sans doute à une valeur bien plus élevée que la cote officielle de l’artiste. À la même période, une autre marine de Van Eertvelt s'est vendue à Munichpour 17 000 euros. Et chez Sotheby’s, son tableau le plus cher s’est vendu à 168 750 euros en mai 2010. Cela n'a pas empêché Claude Guéant d'indiquer mardi soir sur Europe 1 : « Vous pouvez regarder Internet, c'est à peu près ça. » Mais il était convenu plus tôt : « C'est vrai, j'ai fait une bonne affaire. »

    Des fonds spéciaux toujours distribués après l'interdiction de Jospin en 2001 ?

    Par ailleurs, Claude Guéant s’est livré à des déclarations étonnantes pour justifier des paiements en liquide qui intriguent aussi les enquêteurs. Il assure que l’argent venait des primes en liquide versées aux collaborateurs ministériels : « Les factures en liquide portent sur des montants modestes (20 000 euros). Cela vient de primes payées en liquide. Elles n'ont pas été déclarées car ce n'était pas l'usage. A posteriori, on se dit que c'était anormal. D'ailleurs, ça a été modifié », a-t-il déclaré. Problème, Lionel Jospin est censé avoir officiellement mis fin à cette distribution des« fonds spéciaux » en 2001.

    Or c’est en mai 2002 que Guéant est devenu directeur de cabinet du ministre de l'intérieur Nicolas Sarkozy. Mais il a expliqué auMonde qu’à son époque, le système perdurait : « Quand je suis arrivé au ministère de l'intérieur, il y avait plus de 400 personnes concernées par ces primes dont le régime fiscal n'était pas défini. J'ai d'ailleurs remis le système à plat pour mettre fin à ces pratiques en 2006. » Sur Europe 1, Guéant a ensuite parlé de« plusieurs milliers de personnes concernées ». Des explications qui ne convaincront sans doute pas Roselyne Bachelot, ministre de l’environnement en 2002. « Soit c'est un menteur, soit c'est un voleur », a-t-elle déclaré sur Direct8. Interrogé par Mediapart, un ministre du gouvernement, très au fait de ces questions, ne croyait pas non plus à ces justifications. À notre connaissance, ces primes en liquide, maintenues un moment, concernaient les agents des services secrets ou certains fonctionnaires réalisant des enquêtes. Mais sur France 2, Guéant a indiqué que les primes des membres du cabinet au ministère de l'Intérieur était « alignées ».

  • La responsable des malheurs du monde

    La responsable des malheurs du monde : la « end bottom line »

    Divers auteurs cherchent à définir les responsables des malheurs du monde en citant tel ou tel groupe humain (franc-maçonnerie, juifs, etc.). C’est une erreur, montre Alain Benajam. Nous souffrons tous d’un système et c’est ce système qui doit être revu.

     | PARIS (FRANCE) | 21 AVRIL 2013 
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    Suite à mon article sur « Les voies d’une Nouvelle Révolution Française » [1], de nombreux lecteurs m’ont demandé qui pouvaient être désignés responsables de l’impérialisme, impérialisme que je plaçais à la source des malheurs du monde. Beaucoup me sommaient d’y voir la main de quelques communautés ou sectes particulièrement maléfiques qui tireraient les ficelles de cette machinerie impérialiste.

    Et bien non, il n’y a aucune secte, aucune communauté pour pousser le monde vers le gouffre ou il s’avance à grand pas. Nulles toges, nuls tabliers, nulles kabbales, nulles paroles sibyllines pour présider à l’impérialisme ; le véritable responsable est à chercher ailleurs et voici son nom : la « end bottom line » [2].

    La « end bottom line », dans la langue de l’impérialisme, désigne la dernière ligne du bas d’un bilan de société. Cette ligne doit afficher le résultat du bilan et donc les bénéfices réalisés ou non au cours d’un exercice annuel. Une partie de ces bénéfices, après paiement des impôts et éventuellement recyclage dans la société même en investissements, est distribuée aux actionnaires. C’est un moyen, pour ceux qui ont investi du capital dans cette société, d’augmenter leur mise de départ, ou de la diminuer ou la perdre en cas de résultat négatif.

    Ce système d’accumulation du capital est communément appelé capitalisme.

    Structure d’un bilan de société

    Conserver une « end bottom line  » positive n’est pas chose aisée pour le « manager » qui doit gérer la société. Celui-ci doit faire face à de nombreux obstacles pour la maintenir. On peut en relever un certain nombre ; leur description peut nous aider à comprendre les mécanismes qui peuvent affecter ce système et comprendre les moyens par lesquels chaque « manager  » peut palier chaque inconvénient qui surgit, et comment une tendance se dessine suite à l’ensemble additionné des moyens utilisés pour rendre positive cette fameuse « end bottom line ».

    Parmi les forces qui s’opposent à cette « end bottom line » on peut citer les suivantes.

    La concurrence est bien la première force destructrice de la ligne du bas.

    Considérons une entreprise A produisant une marchandise quelconque M a un prix donné, prix abordable pour le consommateur et permettant de dégager un bénéfice au profit des actionnaires de A. Si une autre entreprise B produit la même marchandise M à un prix moins élevé, les consommateurs vont évidemment acheter la moins cher et l’entreprise A ne vendra plus rien ou considérablement moins.

    Qu’elle devra être la réaction du dirigeant de l’entreprise A face à ce grave problème ?

    D’abord la haine s’emparera de ce dirigeant et des actionnaires de A, haine de l’entreprise B qui cherche à les appauvrir et haine de cette concurrence indésirable.

    Cette haine du dirigeant A sera d’autant plus vive que la conséquence de cette concurrence peut être le dépôt de bilan de sa société, et, pour lui, le chômage sans indemnité et le risque d’un plongeon dans la ruine et la pauvreté.

    Que peut-il faire ? Il peut évidemment baisser son prix de vente et accepter de faire moins de bénéfices, mais il peut surtout chercher à produire la marchandise M avec un prix de revient moindre afin de retrouver une marge afin de concurrencer B et lui soustraire le marché.

    Les dirigeants d’entreprises haissent la concurrence et préfèrent les monopoles.

    Dans le bilan de l’entreprise A comme B figurent deux colonnes ; le passif, à droite, dont les montants vont se soustraire a ceux de la colonne d’actifs à gauche dans laquelle figure, principalement, le montant des ventes.

    Dans la colonne de droite de passif, les postes les plus importants sont les achats des matières premières et des produits semi finis à transformer, et surtout les salaires avec les charges inhérentes qui y sont attachées. Il faut donc pour A diminuer le montant de la colonne passif de droite pour relancer les ventes et augmenter le montant de la colonne de gauche, actif.

    La dernière ligne du bas ou « end bottom line » montre la différence entre la somme des montants figurant dans ces deux colonnes.

    Pour produire moins cher A dispose de cinq solutions.

    - 1. Augmenter la productivité, c’est à dire produire plus dans le même temps d’emploi des salariés, donc mécaniser, rationaliser et simplifier les gestes productifs (taylorisme, fordisme), ce qui équivaut a diminuer le nombre des salariés pour faire baisser la valeur de la marchandise.

    - 2. Supprimer la concurrence : 
    • vendre de nouveaux produits, par l’innovation, en créant des marchandises qui seront momentanément sans concurrence ; 
    • monopoliser, étatiser, posséder des marchés protégés

    - 3. Employer une main d’œuvre acceptant de plus bas salaires pour le même travail

    - 4. S’approvisionner à moindre coût en matières premières et produits semi finis

    - 5. Abandonner carrément la production de marchandises devenues non rentables et utiliser le capital pour spéculer sur le coût des matières premières. Pour cela il lu faut évidement disposer d’un montant important de capitaux.

    Voici donc les principaux ennemis de la «  end bottom line » d’un bilan d’entreprise manufacturant des marchandises.

    - 1. la concurrence

    - 2. les salariés

    - 3. le coût des matières premières.

    - 4. enfin la marchandise elle-même dont la valeur s’écroule perpétuellement

    Bien entendu, si A peut agir sur ces cinq solutions évoquées plus haut, l’entreprise B peut en faire autant. Ceci va définir les tendances qui vont affecter ce mode de production dit capitaliste et son évolution dans le temps.

    Suite aux travaux des économistes libéraux du 18ème siècle et du début du 19ème siècle comme Adam Smith, David Ricardo et d’autres désignés comme « classiques », Karl Marx produisit un important ouvrage de description du mode de production capitaliste et de ses tendances, ouvrage intitulé Le Capital (Das Kapital dans la langue allemande dans laquelle il fut écrit) publié en 1867.

    Les fondateurs de l’économie politique

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    Adam Smith (1723 - 1790)
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    David Ricardo (1772- 1823)

    Ces tendances inéluctables comme la baisse de la valeur des marchandises, la baisse du taux de profit et l’appauvrissement (paupérisation) des producteurs, devaient selon Marx creuser la tombe du mode de production capitaliste dans un délai qu’il prévoyait très bref. Il n’en fut rien et ce mode perdure, pourquoi ?

    Les travaux de Marx sont intéressants pour la compréhension du système mais incomplets, il n’avait pas prévu que ces tendances inquiétantes et néfastes allaient engendrer des réactions qui purent, durant certaines périodes, susciter l’apparition de contre tendances positives amenant un formidable essor de l’humanité.

    Cependant, tendances néfastes et tendances positives, qui s’opposent en permanence dans ce que Marx a appelé la «  lutte des classes », voient l’une ou l’autre l’emporter momentanément et alternativement. Le résultat peu soit contredire Marx soit lui donner raison dans la description toujours négative qu’il fait du capitalisme.

    Les tendances, les contre tendances et la résultante

    - 1. L’augmentation de la productivité

    Elle engendre d’abord une diminution du nombre des producteurs et incidemment une augmentation du chômage. Elle conduit également à l’abaissement de la valeur des marchandises et en corollaire son acquisition à moindre prix par une masse plus importante de consommateurs. Elle conduit aussi parfois à une augmentation considérable des ventes et donc de la production et du nombre de producteurs. Elle conduit également vers une sophistication accrue des moyens de production, donc de la technologie usuelle.

    Elle peut conduire à une amélioration du niveau de vie, mais la baisse de la valeur atteint fatalement une limite au-delà de laquelle tout bénéfice devient impossible dans des conditions salariales données.

    - 2. La suppression de la concurrence…

    - 2. 1. … par la recherche de nouvelles marchandises innovantes 
    Ces nouvelles marchandises vont se trouver momentanément sans concurrence et bénéficier d’une valeur élevée jusqu’à ce qu’un concurrent soit en état de produire la même marchandise à un coût égal ou moindre. En 1990 un téléphone portable coûtait plus de 3 000 € et peu en avait ; aujourd’hui il est possible d’acheter un modèle pour 30 € et tout le monde en possède. 
    Cette tendance fut le moteur de l’innovation technique.

    - 2.2. … par la monopolisation et l’étatisation 
    C’est ce que les communistes des années 70-80 ont appelé le capitalisme monopoliste d’État. Ici il s’agit d’une tendance lourde actuelle de l’évolution du grand capitalisme de production. Cette tendance conduit à chercher et obtenir des marchés protégés par l’État pour palier les énormes coûts d’investissement dans les moyens de production. 
    Les grandes industries issues d’un processus de concentration par éliminations successives des concurrents sont contraintes de s’accaparer l’usage de l’État au travers de leurs hommes afin de protéger leur marché. Aujourd’hui toutes les entreprises cotées en bourses du CAC40 sont liées plus ou moins à l’État et ne pourraient fonctionner sans lui. 
    C’est la banque, l’industrie de l’énergie, de la chimie et la pharmacie, des transports de la construction aéronautique, de l’automobile et surtout l’industrie de défense. 
    On assiste à une véritable symbiose entre l’État et les grandes entreprises, ses dirigeants passant du sommet de l’État à la direction de ces entreprises et vice versa. Cette monopolisation/étatisation va être à l’origine de l’impérialisme, ce que Lénine a appelé le « stade suprême du capitalisme ». 
    La contre tendance est la nationalisation d’entreprises ne pouvant se passer de l’État pour vivre. Bien entendu nationalisations et privatisations ont alterné en France en fonction de la puissance des forces politiques s’affrontant dans la lutte des classes. 
    Le grand capitalisme hait particulièrement le libéralisme il préfère monopoles et étatisation.

    - 2.3. … par l’emploi d’une main d’œuvre acceptant des salaires moindres 
    Tout d’abord Marx n’avait pas prévu l’ampleur des luttes sociales qui sont menées dès la fin du 19ème siècle avec l’émergence des syndicats ouvriers. Ceux-ci parvinrent à obtenir satisfaction sur nombre de revendications, à obtenir le décret de lois sociales avec des salaires minimums, des congés payés, la sécurité sociale et autres. Ces luttes et ces lois permirent l’augmentation des salaires et des niveaux de vie et, en corollaire, l’émergence de nouveaux marchés de consommation. 
    Cela fut une formidable opportunité pour le mode de production capitaliste durant tout le 20ème siècle car les marchés furent en constante augmentation et permirent de palier les tendances néfastes en germe dans l’« end bottom line ». 
    Seulement voilà : cette fameuse « end bottom line » conserve sa logique propre, qui est, pour chaque entreprise, de diminuer la masse salariale. Ne pouvant employer des salariés payés en dessous d’une limite fixée par la loi, toute entreprise rivée à sa « end bottom line » est amenée, dès que l’opportunité lui en est donnée, à délocaliser sa production là ou les salaires sont bien plus bas et attractifs. 
    La dérégulation mondiale, un des aspects de la mondialisation, va changer la donne en permettant aux entreprises qui en ont les moyens de délocaliser. 
    Chaque entreprise ne peut considérer individuellement l’intérêt général, y compris pour son propre intérêt social, ce qui devrait logiquement la conduire à conserver un niveau d’emploi et de salaire élevé afin de maintenir des marchés. 
    Si « Intérêt général » n’est pas un poste dans un bilan, « masse salariale » figure au premier plan dans la colonne passif. Chaque entreprise va travailler à diminuer l’importance de ce poste en délocalisant et en important massivement une main d’œuvre étrangère pouvant accepter de très bas planchers de salaires quand cette délocalisation est impossible comme dans les travaux publics. 
    Les délocalisations massives d’entreprises occidentales en Chine attirées par les bas salaires et accompagnées de monumentaux investissements ont fait de ce pays qualifié de « communiste » la première puissance industrielle du globe. Le « manager » d’une entreprise ne dirige jamais en fonction d’une idéologie politique, encore moins d’une religion, celles-ci ne figurant pas dans la colonne passif ou actif du bilan. 
    Ce faisant cette fameuse « end bottom line » contribue à scier la branche sur laquelle chaque entreprise est assise avec les peuples ou elle opère.

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    Les conquètes sociales avec l’existance d’un puissant Parti Communiste ont préparé l’avènement des 30 glorieuses en augmentant le pouvoir d’achat des travailleurs avec en conséquence la promotion d’un capitalisme industriel devenu florissant.

    - 2.4. … par l’abaissement du coût des matières premières 
    La recherche du coût le plus bas pour les matières premières a poussé un certain nombre d’entrepreneurs à s’aventurer hors des frontières nationales afin de s’accaparer les richesses de régions transformées en « colonies » et, par la suite, tenter de vendre aux habitants de ces régions, cher, les produits manufacturés avec ces mêmes matières premières. 
    Par exemple les Britanniques exploitaient le coton produit par l’Inde le transformait en tissus sur leur territoire et le revendait aux Indiens, c’est la raison pour laquelle Gandhi avait toujours un rouet et passait son temps à filer le coton pour protester contre ce type d’exploitation impérialiste des britanniques. 
    Le colonialisme et les prémisses de l’impérialisme sont nés dés le 17ème siècle avec l’émergence des fameuses Compagnies des Indes de pays occidentaux. 
    Cette action coloniale ne pouvait se réaliser sans la puissance régalienne des États, notamment des forces militaires, une alliance intérêts privés moyens/publics a été alors scellée très tôt. À cette alliance colonialiste se sont greffés des moyens financiers privés bancaires afin de lever les importants capitaux nécessaires à l’exploitation et la vente sur les marchés occidentaux des matières premières.

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    Gandhi filant le coton en signe de protestation.

    - 2.5. … par l’abandon de l’industrie et la financiarisation du capitalisme
    L’exploitation des matières premières, appelées « commodities », et leur vente sur des marchés boursiers occidentaux avec fluctuation des cours en fonction de l’offre et de la demande a demandé la levée d’importants capitaux rapidement devenus spéculatifs. En effet il convenait souvent de surseoir à la vente d’une cargaison par exemple de coton, en attendant que les prix montent. Il fallait donc pour les capitalistes disposer d’importants moyens financiers pour attendre le meilleur prix de vente et faire des bénéfices d’autant plus importants que la cargaison ou le stock était volumineux et la mise de fond importante. 
    Ainsi naquit la spéculation haussière sur les matières premières, mode d’accumulation du capital qui a pris de l’importance au cours des 18 et 19ème siècle et qui, nous le voyons maintenant, est devenue la principale source d’accumulation du capital dans les pays occidentaux. 
    Aujourd’hui cette spéculation haussière se traite en salle dites de marché ou « platforms » qui ne voient jamais la moindre marchandise, et dans lesquelles tout se traite électroniquement à la vitesse électronique : des robots informatiques achètent et vendent, achètent et vendent, contribuant à une hausse incessante des prix. 
    On voit maintenant que la hausse incessante du coût des matières premières par spéculation haussière alourdit finalement la colonne passif des bilans au lieu de l’alléger et rend la fabrication de marchandises encore moins intéressante pour accumuler du capital.

    On peut constater maintenant :

    L’accumulation de capital, de nos jours, par la production de marchandises manufacturées est, dans les pays occidentaux, largement grevée par les hauts salaires et les lois sociales. Le taux de profit y est devenu trop faible, la tendance décrite par Marx arrive vers zéro.

    L’industrie ayant fait jadis la prospérité des pays de l’Europe occidentale et des USA quitte ces pays pour l’Extrême-Orient et surtout la Chine qui offre des bas salaires, peu de lois sociales et une main d’œuvre docile à l’exploitation.

    En conséquence les populations des pays occidentaux s’appauvrissent, et la paupérisation de ces populations décrite par Marx, un moment interrompue, reprend avec, en corollaire, la diminution du marché représenté par ces pays.

    Les lois tendancielles affectant la production de marchandises décrites par Marx vont s’appliquer à la Chine de la même manière.

    Spéculation haussière

    La spéculation haussière sur le coût des matières premières est devenue la principale source d’accumulation du capital. Les investissements quittent l’industrie manufacturière dans les pays occidentaux pour les « merchant account » des salles de marchés.

    Le rendement d’un « merchant account » d’une «  platform » peut être de 10 % par mois ; on est très loin de l’industrie où les bonnes performances se situent aux alentours de 5 % par an.

    Cependant, la spéculation toujours haussière sur le coût des matières premières n’est pas simple à organiser. La loi de l’offre et de la demande est insuffisante pour générer les immenses profits actuels.

    On comprend que pour organiser cette hausse continuelle il faut plus acheter que vendre ; en conséquence la disponibilité de matières premières réelles ne suffit pas ; il devient nécessaire de fabriquer des matières premières virtuelles, ou matières « premières papier » possédant la même valeur reconnue que les véritables. On arrive à cette situation où le volume des matières premières traitées en salle de marché est largement supérieur aux stocks réels disponibles

    Cette spéculation demande la disponibilité de capitaux toujours plus importants. Le volume de ces capitaux nécessaires dépasse le volume de la création monétaire habituelle traditionnellement gagée sur l’or.À partir des accords de Bretton Wood en 1945 toutes les monnaies ont été gagées sur le dollar ; seule la réserve fédérale US possédait en effet le stock d’or nécessaire pour gager sa monnaie.

    Le dollar des USA est devenu, en conséquence des accords de Bretton Wood, la seule monnaie utilisée en spéculation haussière sur les matières premières, donc la seule monnaie bénéficiaire de cette spéculation, ce qui la maintient à un niveau élevé.

    Il a fallu drainer vers le dollar et les salles de marché de grandes quantités de capitaux ; cela a été accompli avec l’organisation de l’endettement des riches pays occidentaux solvables et ceux de l’OCDE comme le Japon. En Europe, l’organisation de l’endettement est dévolue à l’Union Européenne et à sa monnaie unique privatisée l’Euro [3].

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    Les transactions bancaires d’achat et de vente de pétrole en dollar représentent à elles seules la moitié des transferts de capitaux.

    La génération de gros profit par spéculation haussière sur les matières premières nécessite d’acheter ces produits aux prix les plus bas possibles même quand les cours sont élevés. Les matières premières ne s’achètent jamais au cours du jour aux producteurs, mais avec un discount sur ce cours. Il est donc nécessaire pour les compagnies occidentales notamment pétrolières que ce discount soit le plus important possible, il est donc nécessaire de faire pression sur les nations productrices voire d’en prendre le contrôle pour minimiser voire supprimer les redevances qui leur sont dues.

    C’est ce qui conduit le grand capitalisme financier à supporter les idéologies mathusiennes de décroissance car selon lui :

    « La finance est l’industrie de demain car elle n’utilise pas de ressources naturelles de manière intensive  », telle est l’utopie évoquée par M. Bryan Scott-Quinn responsable du programme d’étude bancaire britannique [4].

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    Maintenant pour accumuler du capital, c’est la salle de marché plutôt que l’usine.

    Conclusion

    On voit à quoi conduit la logique intrinsèque de la « end bottom line ».

    - 1. À l’abandon de la marchandise comme moyen d’accumulation du capital.

    - 2. À laisser produire des marchandises de faible valeur à des nations où le niveau de vie des producteurs est faible (Chine).

    - 3. À reporter l’accumulation du capital sur ce qui est rentable encore, la spéculation haussière sur les matières premières.

    Les profits des négociants de matières premières dépassent ceux des banques

    En conséquence.

    - 1. Les nations occidentales s’appauvrissent rapidement et le marché qu’elles représentent va s’éteindre.

    - 2. Le coût des matières premières ne cesse d’augmenter accélérant le processus néfaste de baisse du taux de profit et donc de la paupérisation.

    - 3. La hausse continuelle des matières premières conduit à une inflation du montant des capitaux virtuels non gagés sur une richesse quelconque et au gonflement d’une bulle financière qui ne pourra qu’éclater comme cela s’est déjà produit en 2008, mais ce n’était là qu’un avertissement.

    - 4. Une petite oligarchie anglo-saxonne disposant seule du dollar, des salles de marché et des banques est devenue la seule bénéficiaire du nouveau système d’accumulation du capital par spéculation haussière.

    - 5. En disposant des moyens régaliens des USA, cette oligarchie financière est conduite à imposer sa volonté aux États, quitte à recourir à la plus extrême violence, en accélérant leur exploitation, soit par la dette pour les pays occidentaux encore riches, soit par la prédation sur les matières premières pour les pays producteurs dits « en voie de développement ».

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    Ainsi fonctionne l’impérialisme, stade suprême du capitalisme.

    Ceux qui pensent voir dans ce système une quelconque communauté ou un quelconque complot ne servent qu’à détourner l’attention des peuples des véritables problèmes et d’empêcher de les résoudre comme ce fut le cas après la révolution bolchevique en Russie avec l’avènement du fascisme.

    Le capitalisme en tant que mode de production est-il amendable ?

    Ce système en crise grave aujourd’hui a pourtant permis un formidable essor des forces productives et des niveaux de vie par la multiplication des initiatives, alors que le socialisme soviétique peinait à susciter ce développement. Le système capitaliste en fut capable quand il était encore sous le contrôle de chaque nation et de ses lois qui le contraignaient dans ses aspects positifs et bridaient ses aspects destructeurs.

    Cette dérégulation par l’affaissement des nations favorisées par les campagnes médiatiques et les politiciens corrompus a brutalement accéléré la dégénérescence du système principalement à partir des années 80.

    Il ne peut y avoir de solution sans commencer par rétablir des lois nationales et des frontières afin de favoriser la production nationale pour la consommation nationale, sans que soit aussi respecté le droit international qui interdit l’ingérence.

    Il est devenu nécessaire maintenant d’exiger le rétablissement d’une république véritable ou le peuple exercerait réellement la souveraineté afin que l’initiative économique reste au service de la nation.

    Une nouvelle révolution française s’avère donc nécessaire.

     
  • Marathon de Boston par Thierry Meyssan

    « SOUS NOS YEUX »

    Les mystères du Marathon de Boston

    Deux semaines après les attentats de Boston, les autorités états-uniennes donnent un à un les indices qu’ils auraient découverts. La question tourne autour de l’origine tchétchène des « coupables » et des conclusions qu’il faudrait en tirer. De leur côté les Internautes et la presse russe font apparaître une autre histoire, dans laquelle le « coupable » principal est un agent de la CIA.

     
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    Deux semaines après l’attentat de Boston (15 avril, 14h49), les autorités US ont désigné les frères Tamerlan et Dzhokhar Tsarnaev comme responsables. Elles affirment avoir tué l’ainé et arrêté son frère et complice. Le jeune homme, âgé de 19 ans, serait hospitalisé, mais ses blessures lui interdiraient de s’exprimer autrement que par des hochements de tête. Peu importe, il aurait reconnu les faits

    Cependant, on ignore tout des conditions dans lesquelles Tamerlan a été tué, ni de celles de l’arrestation de Dzhokhar. Ils auraient cédé au « syndrome Oswald » et se seraient distingués en tuant, sans raisons ni témoins, un officier de police de leur université. Puis, ils auraient pris en otage une Mercedes avec son chauffeur anonyme et l’auraient obligé à retirer 800 dollars à un guichet automatique. Cet homme a témoigné à la police qu’ils avaient revendiqués devant lui être les auteurs des attentats.

    À ce jour, la presse n’a pas rencontré le suspect, ni auditionné le témoin. Elle se contente de relayer les dires des parents et amis des suspects qui s’étonnent tous de les voir impliqués dans cette affaire.

    Quoi qu’il en soit, la juge Marianne B. Bowler a inculpé Dzhokhar pour « usage d’armes de destruction massive », à savoir des cocottes-minute bourrées de clous. C’est la première fois que la notion « d’arme de destruction massive » est appliquée à un outil ménager courant.

    De son côté, le leader démocrate de la Commission du renseignement, Dutch Ruppersberger, a affirmé, à l’issue d’une réunion à huis clos avec des responsables de trois services de renseignement, que les Tsarnaev avaient utilisé une télécommande de jouet pour actionner leurs deux bombes. Il y a vu la confirmation de ce que les suspects avaient appris à fabriquer leurs engins en lisant Inspire, la revue en ligne signée par « Al-Qaida dans la péninsule arabique ». Pourtant, si le numéro 1 de la revue (daté « été 2010 ») indique en détail la fabrication d’une bombe avec une cocotte-minute, à aucun moment, il n’indique comment utiliser une télécommande de jouet pour actionner un explosif installé dans une cocotte fermée.

    Tout ce vacarme tourne autour d’une seule conclusion : les frères Tsanaev étaient Tchétchènes, ce qui promeut la Russie au centre des débats. Le président Vladimir Poutine a discrètement éliminé les questions à ce sujet, lors de la longue séance de réponse au peuple qu’il a conduite jeudi dernier. Des jihadistes tchétchènes, il y en a en Syrie qui viennent de prendre en otage deux évêques orthodoxes. Et il risque d’y en avoir à Sotchi, lors des Jeux Olympiques. La Russie a tout intérêt à renforcer la coopération antiterroriste avec les États-Unis, surtout si elle compte réellement déployer des troupes de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) en Syrie.

    Pendant ce temps, les Internautes se divisent entre ceux qui s’alignent sur le FBI et ceux qui le contestent. Deux grandes objections circulent sur la Toile.

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    « Jeff Bauman » est-il Nick Vogt ?

    La première accuse les services de sécurité d’avoir mis en scène des personnages chargés d’histoires et d’émotions. Des images extraites d’une vidéo montrent deux individus en train de trafiquer le corps de Jeff Bauman, qui aurait perdu ses deux jambes. Il s’agirait en fait d’un lieutenant de l’US Army ayant perdu ses jambes à Kandahar, en novembre 2011, Nick Vogt. On ne peut qu’être étonné par le fait que « Jeff Bauman » porte toujours sa tête haute et ne semble pas souffrir d’une hémorragie alors qu’on le transporte sur une chaise roulante, sans que ses cuisses aient été fortement ligaturées. La chose est d’autant plus significative que c’est le témoignage de « Jeff Bauman » qui a permis d’identifier les suspects (conférence de presse du 18 avril, 17h20).

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    Des mercenaires de Craft International sur le lieu de l’explosion.

    La seconde porte sur la présence d’une équipe de sécurité, probablement de l’armée privée Craft International, qui semble porter les mêmes sacs à dos que celui montré par le FBI comme ayant contenu une des cocottes-minute.

    Mais le plus étonnant est ailleurs. Un exercice anti-bombes a été mené au Marathon de Boston, deux heures avant le drame, au lieu exact où les vraies bombes ont explosé. Pourtant, lorsque un journaliste a posé une question à ce sujet lors de la conférence de presse du FBI, l’agent spécial Richard Deslauriers a refusé de lui répondre et a cherché une autre question.

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    Izvestia : « Tamerlan Tsarnaev recruté par une Fondation géorgienne. L’un des responsables de l’attentat terroriste de Boston, a étudié au séminaire organisé par les Etats-uniens avec les services spéciaux géorgiens »

    Enfin, selon les Izvestia (24 avril), Tamerlan Tsarnaev a participé en Géorgie à un séminaire du Fonds pour le Caucase, une association paravent de la Jamestown Foundation, créée par la CIA. Il y a suivi un entraînement pour « augmenter l’instabilité en Russie » [1]. Dans une note de protestation, le Fonds du Caucase dément et évoque un homonyme [2].

    Il est trop tôt pour conclure sur ce qui s’est réellement passé à Boston. Une chose cependant est sûre : le FBI ment.