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L’esclavage n’est pas que l’affaire des Noirs

TRIBUNE
10/05/2013 à 08h17

Jean-Claude Tchicaya | ex-maire adjoint


TRIBUNE

En ce 10 mai, nous voulons rendre un hommage appuyé et une reconnaissance vibrante et républicaine aux femmes et hommes réduits en esclavage, célèbres, anonymes ou mis dans l’anonymat, qui ont participé à leur propre libération et à celle de la France et de la République.

La loi du 10 mai 2001 reconnaît la traite négrière et l’esclavage comme crime contre l’humanité.

Donc cela nous appelle à une reconnaissance politique du combat de ces héros de notre démocratie tous les 10 mai, reconnaître en ces femmes et hommes, esclaves ou non, tous leurs alliés actifs, célèbres ou non, blancs ou non, leur combat pour la liberté, pour la justice, pour la démocratie, pour l’égalité, pour le droit de vivre autrement que sous la férule et sous le joug des maîtres et des lois abjectes.

Durant plusieurs siècles, la souffrance, l’injustice à son paroxysme étaient les compagnes obligées de ces êtres humains.


Plan d’un navire de la traite négrière, musée d’histoire de Nantes (SALOM-GOMIS SEBASTIEN/SIPA)

Durant ces longs siècles, les esclaves ont éprouvé toutes les stratégies possibles, peu ou prou, pour résister, combattre, lutter contre l’avilissement, les coups de fouet, les humiliations, l’exploitation économique et physique, les nombreux viols, de la traversée en galères aux plantations, l’exigence du reniement d’eux-mêmes, de leur nom, de leur identité, de leur religion, de leurs cultures.

Leur couleur était associée politiquement et juridiquement à l’inégalité des dites « races », organisée par un code noir, le code juridique le plus terrifiant qu’ait engendrée notre République, écrit par Colbert à la demande de Louis XIV.

Ce code noir a rencontré beaucoup d’assentiment mais il a aussi, par ces articles, innommables d’inhumanité, aux effets concrets directs sur la vie des esclaves, déclenché des oppositions et non des moindres, des révoltes, des solidarités mais malheureusement, c’est bien l’assentiment qui a rassemblé la majorité de nos concitoyens.

Et pour ceux et celles qui veulent se cacher derrière le petit doigt de l’époque ou du contexte, nous ne devons pas oublier que chaque minute, chaque jour, chaque année, chaque décennie, chaque siècle, réduits en esclavage ou non, des gens s’y sont opposés au péril de leurs vies.

Ombres et de lumières

Oui, notre histoire est faite d’ombres et de lumières.

Pour certaines de ces lumières apprises à l’école, qui ne sont pas sans positions contradictoires, ambivalentes voire coupables et qui ont même organisé et convoqué le regard des uns et des autres pour installer dans l’esprit des gens, le racisme et le relativisme culturel, le complexe d’infériorité et de supériorité et passaient de l’esprit à la loi, souvent de manière simultanée.

Oui, notre Histoire est faite de moments glorieux et de moments ignominieux.

Le dire est se référer aux faits. Il n’y a pas de coupables héréditaires ni de victimes héréditaires mais il y a un héritage que l’on doit tous s’approprier.

Nous réitérons notre hommage et reconnaissance quelle que soit notre couleur, catégorie sociale, religion ou non, du combat pour la liberté de toutes ces femmes et hommes.

Pas de concurrence de mémoires

Ce n’est pas l’histoire des Noirs contre celle des Blancs ou seulement une histoire de Noirs, comme cela est malheureusement trop souvent perçu.

Il s’agit bien de l’histoire de France, de l’Europe, du monde car il y a quatre siècles, ce trafic à bouleversé le monde sur le plan humain, politique, géographique, juridique, philosophique, scientifique et dans bien d’autres domaines.

Et dans notre monde, le continent le plus meurtri fut l’Afrique et ceci n’est pas sans conséquences actuellement.

Ce texte n’est ni victimaire, ni doloriste, ni en concurrence de mémoires car mettre des mémoires en concurrence serait d’une incroyable indécence. Il y a un devoir d’Histoire, de justice, de vérité afin d’en traquer les avatars, les effets et les conséquences dans notre société, sans anachronismes.

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