Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 6

  • Langue de pute et bon client... Marc-Édouard Nabe

     

    Des éjaculations littéraires qui mettent le PAF mal à l'aise !

    Seuls Jean-Pierre Elkabach sur Europe 1 et Éric Naulleau sur Paris Premièreont accepté de recevoir Nabe pour son dernier roman.

    Du coeur à l'outrage 

    Auteur de L'Enculé, roman hilarant et poisseux sur l'affaire DSK-Diallo, Marc-Édouard Nabe jette un regard perçant sur cette histoire très (mal) médiatisée, qui n'avait pas encore été interprétée de manière si...profonde ! Langue de pute, mais pas de bois, l'écrivain nous a reçus chez lui pour dégueuler son mauvais goût irrésistible sur la politique, le sexe, les femmes... Attention, ça tache !
    Auto-édité par Nabe, son dernier roman s'est déjà vendu à plus de 2500 exemplaires.

    HOT VIDÉO : Vous étiez enthousiaste à l'idée de faire une interview pourHot Vidéo plutôt que pour Le Magazine Littéraire (je vous cite) lorsque nous vous avons contacté. Pour quelle raison ?
    MARC-ÉDOUARD NABE : Oh la la ! Bien sûr ! Pour moi, c'est une consécration ! Je suis enchanté, ravi et vraiment très fier d'être dans Hot Vidéo pour L'Enculé.

    Pourquoi un titre aussi insultant ?
    C'est insultant, mais c'est aussi poétique. C'est l'un des plus beaux mots de la langue française, je l'ai toujours adoré. Personne ne l'avait jamais utilisé comme titre, aucun éditeur ne l'aurait accepté. Et ça va parfaitement au personnage dont il est question. C'est un sacré enculé dans le sens où il s'en est sorti !

    On sent une jubilation dans votre narration de l'affaire, celle de voir le masque d'un puissant tomber et de le révéler dans sa condition animale, « simiesque » comme vous dites...
    Je me réjouis toujours quand les masques tombent. Je déteste les masques surtout les masques sociaux. Le social me dégoûte profondément. Dans le cas de DSK, le masque est tombé, mais il l'a vite ramassé et se l'est remis sur le visage avec l'aide de son entourage. On le lui a verrouillé comme le masque de fer : c'est le masque du « nieur ». C'est ça sa tragédie : il nie l'évidence. S'il avait simplement dit à la télé : « Oui tout à coup j'ai eu envie de baiser et il n'y a que ça qui m'intéresse, je me fous de la politique, j'aime la France, mais là c'est plus fort que tout, j'ai 62 ans, il me reste encore quelques années pour triquer, j'ai vraiment besoin de ça, d'ailleurs tous les hommes me comprendront », il aurait eu tout le monde avec lui. Et « pardon Nafissatou, c'est vrai, je l'ai un peu brutalisée, mais j'avais tellement envie d'elle ! », aucun homme ni aucune femme n'aurait pu, en l'entendant, résister à un pareil aveu de vérité.

    Pourquoi racontez-vous cette histoire à la première personne, dans la peau de DSK ?
    Donner mon avis sur DSK aurait été trop prévisible, j'ai des choses à dire sur cette affaire, mais en tant que romancier c'est beaucoup plus intéressant de se mettre dans la peau de DSK, d'expliquer à la première personne la pulsion masculine. Plus que la charge politique, c'est l'aspect sexuel de L'Enculé qui l'empêche d'être présent dans les médias, il est boycotté à cause de la bourgeoisie et de la bienséance, ça ne se fait pas de parler d'un livre aussi sexué.

    Vous écrivez : « foutre tout en l'air pour foutre un peu ». Au-delà du cas DSK, tous les hommes sont ils réductibles à leur désir sexuel ?
    Complètement. S'ils ne le sont pas, c'est qu'ils se refoulent, se briment. Un seul métier est compatible avec une sexualité débridée chez un homme : celui d'artiste. En tant qu'artiste, on peut ne rien s'empêcher sexuellement, cette liberté profite toujours à l'Art. Mon personnage a essayé d'appliquer ça dans le monde de l'économie et de la politique et s'est cassé la gueule. Les hommes politiques sont des queutards, mais ils ne le vivent pas bien, la preuve... Au moindre dérapage, ils se font gauler. Pour un artiste, ce n'est pas grave de se faire gauler. En tournant dans Paris pour trouver une pute, il m'est arrivé de tomber sur un lecteur qui m'a reconnu et m'a désigné du doigt en me disant « ah je t'ai vu ! Tu vas aux putes ! », comme s'il était de la police et comme si je me cachais... Je lui ai répondu « oui, et je m'en vante, Monsieur ! » puis il est parti.

    L'Enculé décrit le sexe de manière crue, obscène et pas forcément sensuelle. Vous êtes-vous inspiré de l'imagerie porno pour décrire le sexe?
    Non, je n'ai pas besoin de regarder des films pour me rappeler comment se passe le sexe. Mais considérer mon livre comme pornographique est un grand compliment littéraire. Vous savez, si c'est bandant, c'est gagné. J'ai trois objectifs quand j'écris, et ça devrait être les fondations de toute écriture : faire rire, faire pleurer et faire bander (ou mouiller).

    Êtes-vous consommateur de porno ?
    Oui, mais je ne suis pas un addict. J'ai davantage une addiction à la prostitution qu'aux films pornos, mais j'ai des flashes, des images que j'ai vues et qui me suivent, car j'ai une mémoire visuelle et sexuelle très forte, je peux me souvenir de tout ce qui s'est passé à chaque fois que j'ai rencontré une femme depuis que je suis adolescent. Il m'est arrivé de me branler en voyant des images pornos sans pour autant être en manque par rapport à une autre activité sexuelle, conjugale ou prostitutionnelle. J'ai toujours tout mélangé, on peut faire l'amour à sa femme, et pendant qu'elle va faire les courses se branler avec du porno, puis le soir aller avec une pute. Pourquoi s'interdire ? C'est la grande hypocrisie de la société, on croit toujours qu'il y a une maladie ou un manque, mais ce n'est pas parce qu'un type manque de femmes qu'il va voir une pute, ni parce qu'il est tout seul ou célibataire qu'il se branle devant des films pornos. Ce sont des étapes différentes de la journée sexuelle d'un homme.

    Quel genre de porno regardez-vous ?
    Je préfère les films amateurs ou semi amateurs, je n'aime pas les films trop esthétisants avec de la musique. Dès qu'il y a un préservatif, c'est horrible ! Je me souviens d'un film où on voit une Roumaine sucer une cinquantaine de types les uns après les autres et elle les fait jouir sur elle. Le plan était toujours le même, les mecs rentraient et sortaient du champ sans qu'on ait vu leur tête (mais elle les regardait dans les yeux en les aspirant), et à la fin elle était recouverte de sperme, complètement inondée... L'affaire de « Dodo la Saumure », qui a eu lieu à L'Aventure, un bar dans lequel je passe souvent la nuit, m'a rappelé un film porno allemand, où l'on voit un mec sodomiser une vieille maquerelle dans les toilettes. C'est excitant parce qu'elle se laisse faire tout en n'étant pas trop d'accord. C'est exactement ce qui s'est passé à L'Aventure, DSK serait descendu aux toilettes et aurait sodomisé « Madame la Saumure ».

    Il y a forcément une part de vous-même dans ce personnage, mais laquelle?
    L'instantanéité. Je me retrouve dans le fait de rencontrer une femme et de pouvoir faire l'amour avec elle tout de suite, le jour même, dans une liberté totale. Ça m'est arrive assez souvent et à DSK aussi j'imagine. C'est ce que tous les hommes rêvent de vivre, la plupart ne le font pas parce qu'ils n'ont pas l'occasion, la force, ou le courage et ne savent pas prendre le présent à bras-le-corps. Moi je n'ai rien à voir avec ce mec et sa brutalité me répugne, je suis beaucoup plus tendre comme amoureux du sexe, mais l'impulsion originelle, fondamentale, primordiale, est là chez moi aussi, évidemment.

    Vous êtes plus féroce avec l'entourage de DSK, Anne Sinclair notamment (« Édith Piaf sous Cortisone »), qu'avec DSK lui-même...
    Bien sûr. Je suis contre l'épouse, la conjugale, l'autorité que la femme représente à l'intérieur d'un couple, parce que c'est un abus de pouvoir, surtout dans son cas puisqu'elle est millionaire, elle le domine completement sur le plan social...Je règle aussi à travers elle des conflits avec la gauche, cette gauche qui pue, qui est ignoble. Je déteste la droite, tous mes ennemis sont à droite, vous ne verrez jamais un article sur moi dans Le Figaro MagParis-Match, ils me détestent.Mais alors, cette gauche sartrienne, dont toutes les idées se sont écroulées depuis la Libération, est encore pire. Comment un type comme DSK peut-il encore se prétendre de gauche ? Mitterrand le premier a sacralisé cette figure de l'hypocrite suprême, le franchouillard de droite qui se déguise en gauchiste humanitaire pour avoir des électeurs et pour devenir président de la République.Mitterrand n'a jamais rien eu de gauche à part sa femme qui vient de mourir.C'était elle, la seule gauchiste du couple, elle l'était authentiquement, ce n'est pas du tout le cas d'Anne Sinclair et de Strauss-Kahn, les deux sont des hyperbourgeois de droite qui se déguisent en gens de gauche pour accroître leur pouvoir.

    Vous tournez en dérision les sujets les plus sensibles, le racisme, la misogynie, le viol, la religion, la pédophilie, les Juifs... Pourquoi choisissez-vous toujours les thèmes les plus périlleux comme supports humoristiques?
    Ce n'est pas moi qui invente notre époque, harcelée et hantée par ces sujets-là.C'est comme dans la musique, souvent les mêmes thèmes reviennent. Écoutez Beethoven qui, petite parenthèse, était complètement frustré sexuellement. S'il avait pu, il aurait sauté sur n'importe quelle femme de ménage, c'était une brute de douleur, de sexe, il s'est toujours amouraché de connasses bourgeoises de Vienne qui n'en avaient rien à foutre de sa gueule et toute sa musique n'est que l'expression de sa frustration, ses symphonies ne sont que des frustrations de sexe non accompli. Il n'a rien à voir avec Mozart, qui est un flamboyant sexuel, libertin, je ne sais pas s'il avait le temps de baiser tout ce qu'il pouvait, mais en tout cas il était très léger sur ça, tandis que Beethoven, sa musique n'exprime que le manque de baiser, « je souffre de ne pas baiser », c'est ce que dit la Neuvième Symphonie, L'Hymne à la joie est en fait un hymne à la jouissance qui ne peut pas s'accomplir pour le pauvre Beethoven. Ce n'est pas impossible qu'il soit devenu sourd à force de se branler et il était rejeté par toutes les femmes parce qu'il avait un coeur d'artichaut en plus, cet abruti.

    Je reviens à votre livre. L'Enculé suinte la haine, envers de nombreux personnages publics, juifs surtout...
    (Il coupe) Ce n'est pas le livre qui suinte la haine, c'est le personnage qui ne peut plus supporter les gens de se communauté. J'ai déjà écrit ça dans bien des livres sur ces gens-là : Badinter, Elie Wiesel, Anne Sinclair... Dans mon Journal intime, il y a des portraits monstrueux d'un tas de personnalités, pas seulement juives, où je parle en mon nom propre. Dans L'Enculé, c'est différent : je joue avec les clichés du racisme, sans me positionner en tant que raciste, mais en faisant de DSK et de son entourage des racistes, ce qui casse les clichés justement. Par exemple, on dit que les noirs sont comme des singes et que les juifs aiment l'argent. Dans le livre, c'est le contraire : les Noirs aiment l'argent et les Juifs se comportent comme des singes. Anne Sinclair est très raciste envers les Noirs et DSK envers les Juifs, alors que lui-même fait partie de la communauté juive. On est dans ce mauvais goût.

    L'humour est-il possible sans mauvais goût, selon vous ?
    Oui, mais moi, ça me fait moins rire. L'Enculé est vraiment un livre d'humour très noir. C'est de l'humour noir juif ! Par exemple, le torchage avec La Nuitd'Elie Wiesel, ce n'est pas par hasard, je n'ai pas pris n'importe quel livre de déporté, je n'aurais jamais fait ça avec Si c'est un homme, de Primo Lévi, qui est un livre authentique, irréprochable, tandis que celui d'Elie Wiesel est beaucoup plus contestable, selon moi...

    L'outrage est-il le moteur de votre travail ?
    Oui, c'est vrai, c'est l'un des moteurs, surtout dans ce livre-là : c'est l'outrage aux bonnes moeurs. L'outrage que le personnage a fait subir à Nafissatou Diallo, je le lui fais subir à lui par les mots. Il ne faut pas oublier que c'est un livre « hyper-Nafissatoussien », c'est la première fois qu'on prend sa thèse pour argent comptant. La scène du viol que j'ai décrite est une reconstitution littéraire de ce qu'elle a dit à la police et aux médias.

    « Nafissatoussien », peut-être, mais pas féministe : vous pestez contre la « sensiblerie lacrymale » des femmes, vous traitez les féministes de « connasses »... Que vous ont-elles fait ?
    Rien, justement ! (rires) Tout dépend ce que l'on entend par féministe, je peux me considérer comme féministe dans ce livre, puisque je dénonce l'outrage infligé aux femmes par DSK, mais c'est vrai que le côté « ni pute ni soumise » est tellement révélateur de la méconnaissance volontaire de la femme... Les femmes qui se connaissent elles-mêmes savent qu'elles sont fondamentalement « et putes et soumises » et que toute leur vie est un combat contre cette putasserie et cette soumission. Alors tant mieux si ça les a fait évoluer sur le plan social, mais fondamentalement, quand une femme est excitée dans votre lit, elle est et pute et soumise, et ça la fait jouir, je ne parle pas de l'homme qui jouira de ça, c'est elle qui jouira d'être pute et soumise. C'est la nature féminine qui est comme ça, et tant mieux, c'est ça qui est magnifique, splendide.

    Ne craignez-vous pas d'être pris pour un odieux macho en disant cela ?
    Je m'en fous, il n'y a rien de macho là-dedans, et si on le croit, tant pis. Les vraies femmes et toutes mes amies putes savent bien que j'ai raison, je ne serais pas si ami et si tendrement attaché aux prostituées si elles me considéraient comme un macho. Elles savent bien que je suis le contraire d'un macho. Et pourtant, s'il y a bien des femmes qui revendiquent leur côté pute et soumise, ce sont bien les prostituées, tout en étant bien souvent les plus libres, les plus rebelles et les plus intelligentes.

    Propos recueillis par François Brummell

    Légendes et extraits :

    Les murs de l'appartement parisien de Nabe sont colorés de ses propres tableaux. Une série de nus commencée il y a plus de 10 ans.

    « J'ai juste secoué une boniche pour qu'elle me fasse une pipe vite fait. » Extrait de L'Enculé

    « Tous les hommes sont capables de remuer des mondes, de renverser des univers ou de bouleverser des galaxies juste à cause de cette bite et de ces deux couilles. » Extrait de L'Enculé

  • Affaire DSK...L'Enculé:Marc Edouard Nabe


    Nabe.jpgLes critiques boudant le dernier livre de Marc-Edouard Nabe à propos de l’affaire DSK, l’Enculé, je me suis dit qu'il fallait bien que quelqu’un s’y colle (1)...

     

    Et pour revenir à ces critiques (2), en attendant d'en venir à Nabe et à son ouvrage, critiques qui, et cela n’aura échappé à personne, ne découvrent le plus souvent, et parfois même exclusivement, la littérature qu'à travers le service de presse des éditeurs…

    En effet, on n’a jamais vu un critique acheter un livre ; et les livres de Nabe étant auto-édités, pas moyen de se les procurer à l’œil : faut raquer. Et un critique… ça raque pas !

    Dommage d’ailleurs, car, comme pour le cinéma, s’ils devaient débourser quelques euros pour faire leur métier, cela changerait du tout au tout la donne : pour commencer, ces critiquent liraient beaucoup moins de livres… moins et mieux ; et nul doute qu’ils seraient plus exigeants et donc, moins indulgents avec des livres pour lesquels il leur aura fallu débourser quelque argent !

    Aussi, soit dit en passant, et pour cette raison qui en vaut bien d’autres... un conseil : évitez de prendre pour argent comptant l’avis de ceux qui n’en dépensent jamais ! Et gardez-vous bien de côtoyer ces professionnels de la lecture - professionnel non pas dans le sens de « compétent » mais… dans le sens de… « qui tire un revenu de son activité » !

    ***

    .

    A la fois récipiendaires et garçons de course des services de presse, marathoniens de la lecture, compte-rendu après compte-rendu qu’ils appellent abusivement critiques… pour ne rien dire de ceux qui ne commentent que les livres qu’ils ont aimés (3) parmi ceux qui leur sont adressés par des éditeurs qui jettent les livres par les fenêtres comme d’autres leur argent...

    Tout bien considéré, et toute chose étant égale par ailleurs, même si on sera bien en peine de savoir qui et quoi…

    Curieux tout de même ce métier de critique quand on y pense ! Car, tout comme les libraires dont on ne sait déjà plus quoi faire, difficile d'ignorer, quand on prend la peine et le temps d'y réfléchir un peu... le fait que tous ces tâcherons passeront finalement leur vie de lecteurs-critiques-professionnels à ne découvrir une littérature que seuls les éditeurs auront bien voulu leur faire connaître… et pas n’importe quels éditeurs : une trentaine tout au plus, tous confinés, à quelques exceptions près, dans notre belle capitale que plus personne ne peut d’ailleurs s’offrir le luxe d’habiter, excepté en célibataire ou à deux, couple stérile de préférence, ou bien franchement hostile à toute vie familiale, dans un 40m2 bien tassés.

    Un autre conseil alors : côté lecture, détournez-vous de ceux qui jamais ne choisissent les ouvrages qu'ils lisent ou vendent - critiques et libraires confondus.

    Une dernière chose avant d’en venir à Nabe : une idée... comme ça ! Et si demain on décidait d’interdire cette activité de critique, de toute façon ingrate et superflue (4), aux auteurs ? Oui ! Aux auteurs qui, le plus souvent, font de la critique comme d'autres font la plonge chez Mc Donald pour payer leurs études, tout en gardant à l’esprit ce qui suit : passer son temps à lire les livres des autres, quand on sait le temps que ça prend d'écrire les siens (5)...

    Alors oui ! A tous ces auteurs, si on leur interdisait de faire de la critique… la littérature s'en porterait beaucoup mieux, et puis aussi, cela permettrait en partie de mettre fin aux conflits d’intérêts que cette double identité-activité d'auteur-critique engendre inévitablement : complaisance à l’égard des auteurs appartenant au même éditeur que notre critique ; et plus sournois encore : critiques dithyrambiques comme autant d'appels du pied vers la maison d’édition que ce même critique-auteur meurt d’envie de rejoindre…

    Alors, combien de membres cette corporation perdrait-elle si cette interdiction devait être appliquée ?

    D’aucuns pensent qu’il ne resterait que le tronc pour une activité sans queue ni tête.

     

    ***

    .

    Mais trêve de bavardages ! Revenons à l'Enculé de Nabe, son dernier ouvrage.

     

    Nabe uleski enculé dsk.jpg

    Et à ce sujet, laissons la parole à l’auteur..

     

     

    Bonne découverte et bonne lecture à tous !

     

     

     

    1 - D'autant plus que je sais maintenant que j'ai plus de lecteurs que Nabe : lecteurs à la fois payants et non payants. Aussi, n’étant pas moi-même un enculé, je m’empresse de lui donner un petit coup de pouce.

     

    2 – Et les « critiques » de Mediapart aussi ; sans doute pour ne pas être en reste : rien donc sur le dernier ouvrage de Nabe.

     

    - La bonne blague ! Comme si cela nous importait qu’ils les aient aimés – ils feraient bien mieux de les comprendre et de se demander d’où vient leur rejet !

     

    4 - A quelques exceptions près – pour rester sur le Net, notre maison commune à tous… pensez à visiter le site STALKER

     

    5 – Un auteur qui se respecte ne lit que les livres dont il a besoin pour écrire les siens ; et ces livres-là, ne sont pas si nombreux !

     

    ___________________________

    TOUS LES COMMENTAIRES

    .

    Pour ce qui est de l'ouvrage en question, je ne me prononcerai pas ; mais pour ce qui est des considérations de Serge Uleski sur les ouvrages auto-édités et sur la critique, je ne vais pas rater cette occasion de dire combien je suis fier d'éditer moi-même mes ouvrages.

    .

    Combien je recommande à tous ceux qui ont quelque chose à dire et se situent en dehors des réseaux de l'édition de connivence d'en faire autant. (Surtout, sans oublier, les ressources de l'ebook et du numérique ).

    .

    jpylg

    Merci pour votre commentaire.

     

    Et soyez le bienvenu sur ce fil !

    Vous écrivez : "quand je le vois à la télé, où heureusement pour lui il n'est pas tricard."

     

    Merci pour ce "heureusement" très heureux.

    Vous l'avez lu ou pas ?

     

    Sinon il y a aussi des videos pornos avec "DSK" dans le titre, sur le net, mais je ne les ai pas visionnées.

    Oui bien sûr ! Je l'ai lu.

    Et je garde pour moi mon avis qui ne regarde que moi. Je suis un auteur et pas un critique !

    Pas de mélange des genres.

    En tout cas je me suis bien bidonné en le lisant . Un gros culot ce Nabe dont j'avais aimé 'une lueur d'espoir "et "Billie Holiday"... Il fait subir à des personnalités que d'habitude les médias bichonnent le traitement que ces mêmes médias se permettent pour les Lepen.

    Je ne suis pas expert en litterature Monsieur Uleski, mais il me semble que beaucoup de grands écrivains n'ont pas cachés leurs critiques envers leur confrères.

     

    Merci pour votre commentaire.

    Vous écrivez : "Beaucoup de grands écrivains n'ont pas cachés leurs critiques envers leur confrères."

    En effet, c'est vrai ! Mais ce n'était pas dans le cadre d'une activité rémunérée.

    Sinon, entre auteurs, il y a de savoureux règlements de comptes...

    Cliquez NabeHouellebecq...

     

    Et si vous n'êtes pas un expert en littérature... cela ne vous empêche pas de donner votre avis (quand on sait ce que les experts ont fait de Proust !...)

    Pour le moins qu'on puisse en lire Nabe n'a pas l'air de vous plaire , j'ai cherché et je n'ai pas bien compris pourquoi. Comme je vous l'ai dit précedemment je n'ai lu Nabe que pour y voir traité des idées impossibles à découvrir ailleurs ou alors vraiment très cachées. Je me rappelle qu'il vit presque seul, à ma connaissance, après le 11 septembre "une lueur d'espoir " là ou tout le monde médiatique occidental voyait de la barbarie - en Arabie les gens exultaient .C'est certainement ce que vous appellez "n'avoir pas une seule d'idée".Donc je ne peux parler de son style bien que ma lecture de "l'âme de billie Holiday" m'ait à ce sujet impressionné

    J'ai continué en lisant votre article sur Céline qui lui aussi ne semble pas vous convenir et j'ai remarqué que vous lui déniez tout courage physique. Vous oubliez de spécifier ce qui pourrait vous contredire qu'il s'est engagé volontairement pour combattre contre l'Allemagne en Quatorze dix-hui. Cet épiphénomène négligé vous faites référence à sa présence durant cette guerre un peu plus loin en affirmant qu'il y aurait connut des évènements qui lui auraient fait douter de son courage. C'est assez succint lors d'une guerre tous les hommes ( à part l'extraordinaire Ernst Junger faisant corps avec l'acier des bombes reçues ) connaissent la peur , celle-ci est même la donnée la plus immédiate mais cela ne fait pas de ces hommes des laches, mais des hommes.Céline n'est certainement pas handicapé côté physique comme une lecture superficielle pourrait le faire penser mais je n'ai comme preuve que son engagement volontaire à 18 ans je crois...et toute sa vie et son oeuvre.

    En refeuilletant l'âme de Billie Holiday de ME Nabe je relis que celle-ci interprêta un role de bonniche dans un obscur film de jazz on comprend pourquoi donc Nabe sauta sur"l'enculé" Strauss Khan , il a vu en Nafitassou l'éternel mais riche malheur noir.

    Merci pour ce commentaire construit et dont je partage en grande partie le point et angle de vue.

    Impossible d'acheter les ouvrages de Nabé de l'étranger, les frais de porc étant trop élevés.

    Quoiqu'il en soit il n'y a pas d'"enculé" mais une "enculée" pour le moment dans l'affaire DSK (Nouvel Obs de cette semaine page 30)

     

    Et pour donner son avis sur un livre il faut le lire (ou être critique littéraire ou journaliste).

    Merci pour votre commentaire.

     

    Vous écrivez : "Impossible d'acheter les ouvrages de Nabé de l'étranger, les frais deporc (!) étant trop élevés."

    L'auto-édition n'a pas que des avantages mais elle vous apporte un autre type de lecteurs : des lecteurs déterminés, quasi... militants. Des lecteurs de convictions et non d'humeur.

    Je suis prêt à payer un livre cher, mais l'arnaque sur les frais de port (dont Nabé n'est sans doute même pas au courant) non merci. Je parle de 20 ou 30 euros l'envoi quand la poste demande 5 euros.

    Pour donner son avis sur un livre, il suffit de l'avoir lu, même en partie ; il n'est pas nécessaire d'être critique ou journaliste.

     

    Et sans l'avoir lu, on peut aussi donner son avis autour d'un livre et de son environnement (comptes rendus dans la presse, télé, radio, promo, interviews de l'auteur, extraits).

    Tout comme le cinéma, un extrait suffit à vous renseigner sur... qui, quoi, comment et pour qui...

    Ensuite... libre à vous d'être concerné ou pas par cette publication.

    Exiger qu'un livre ait été lu pour que l'on vous autorise à donner votre avis, c'est une exigence de commerçants, et de leurs porte-parole, salariés VRP que sont alors les critiques, ou plus simplement, les tâcherons des comptes rendus de lecture.

  • "Balancer des noms ?

    "Balancer des noms ? Ce n'est pas le rôle de la presse "

    Evasion fiscale : comment rompre l'omerta ?

    600 milliards d'euros, rien que ça ! Ce serait le produit de l'évasion fiscale en France. Une évasion fiscale que la justice et la police se garderaient bien de combattre malgré les moulinets officiels contre les paradis fiscaux. C'est l'accusation lancée par un journaliste de La Croix, Antoine Peillon, dans un livre paru il y a quelques semaines et qui bizarrement, semble passer sous le radar des médias dominants.

    Nous avons donc souhaité l'inviter pour en savoir plus sur les mécanismes de cette évasion fiscale. A ses côtés, nous recevons également Xavier Harel, spécialiste de l'évasion fiscale et auteur d'un livre intitulé La grande évasion (éd. Les Liens qui libèrent et Babel) ; et Philippe Dominati, sénateur UMP et président d'une commission d'enquête au Sénat sur l'évasion fiscale.

    Dans ce domaine complexe, les choses pourraient bien évoluer assez rapidement : deux heures après le tournage de notre émission, on apprenait qu'une information judiciaire devait s'ouvrir sur l'évasion fiscale orchestrée par UBS.

    L'émission est présentée par Daniel Schneidermann, préparée par Marion Mousseau et Dan Israel
    et déco-réalisée par Dan Israel et François Rose.

    Chroniqueurs: Anne-Sophie Jacques, Didier Porte, Maja Neskovic, et Charline Vanhoenecker

    La vidéo dure 1 heure et 33 minutes.

    Si la lecture des vidéos est saccadée, reportez-vous à nos conseils.


    Une fois n'est pas coutume, nous commençons l'émission par la chronique de Maja Neskovic, qui est allée @ux sources d'un autre chroniqueur d'@si : Didier Porte ! Comment trouve-t-il l'inspiration ? Un travail d'équipe...

    On enchaîne logiquement par la chronique de Didier Porte. Cette semaine, il s'est intéressé à la Politique Académy de France 4 : "Qui veut devenir Président ?". Une émission au casting de rêve... (acte 1)

    Place au débat : l'exil fiscal. Un thème choisi après les révélations de l'ancien directeur du Monde, Eric Fottorino, dans notre émission D@ns le texte . Selon lui, la justice aurait stoppé des enquêtes sur des évasions fiscales impliquant des hommes politiques. Un sujet tabou, l'évasion fiscale ? Dans son livre, Ces 600 milliards qui manquent à la France (reportez-vous au compte-rendu d'Anne-Sophie Jacques si vous ne l'avez pas encore fait), Antoine Peillon a enquêté sur les activités de la filiale française de la banque suisse UBS, qui apparaît comme "la Rolls" de l'évasion fiscale. Comment ça marche ? "Des commerciaux suisses d'UBS sont invités le territoire français à l'occasion d'événements mondains, et sont mis en contact, via leurs collègues d'UBS France, avec des clients très fortunés, explique Peillon. La discussion est conviviale, discrète et elle aboutit à la proposition d'ouverture de comptes non déclarés de l'autre côté de la frontière". Ce procédé est doublement illégal car, outre l'évasion fiscale, il est interdit à un agent suisse d'opérer sur le territoire français. 

    A propos du travail de son confrère, Xavier Harel est dithyrambique : "Il y a un scoop, toutes les deux pages", assure-t-il. Certes, on savait déjà qu'UBS avait eu les mêmes pratiques aux Etats-Unis mais c'est la première fois que le mécanisme est décrit précisément en France. Philippe Dominati, président d'une commission d'enquête au Sénat sur l'évasion fiscale, assure qu'il n'était pas au courant du cas particulier de cette banque. Mais Peillon doit témoigner devant la commission la semaine prochaine. D'ailleurs, le journaliste assure que certaines de ses sources "sont déterminées à venir devant la commission" pour témoigner et "certains sont prêts à sortir de l'anonymat". Mais comment expliquer que la création de cette commission d'enquête au Sénat ait été passée sous silence jusqu'à présent ? "L'ampleur du phénomène [de l'évasion fiscale] a été très peu perçu, y compris par des confrères très bien informés", assure Peillon. "C'est en cours de travail que, moi-même, j'ai découvert les montants, les proportions et le poids en conséquence sur notre économie", ajoute-t-il. (acte 2) 

    Si Peillon n'a pas rencontré la direction d'UBS au cours de son enquête, il a été confronté, sur la télévision suisse, à un dirigeant de cette banque lors de la sortie du livre. Tout en réfutant le contenu du livre, ce dirigeant a déploré la méthode du journaliste, qui n'aurait cherché à joindre la direction de la banque que la veille de la remise du manuscrit. "C'est une blague, rétorque Peillon. Mais il n'a cherché à joindre la direction que son enquête bouclée. "Si je l'avais fait avant, ils auraient empêché ce travail", assure le journaliste avant d'ajouter : "On est sur des affaires où la situation est très tendue du point de vue de la sécurité". L'enquête a débuté en août 2011 et dès le mois de novembre, plusieurs sources de Peillon lui ont rapporté qu'il était surveillé. "Ils m'ont dit qu'il fallait que je prenne des précautions et de ce point de vue, ces avertissements sont assez désagréables car ils sont lourds". Dans ces conditions, comment recueille-t-on des informations sur ce type de sujet ? "La source d'information, ce n'est jamais la direction de la banque" qui s'abrite derrière le secret bancaire selon Harel. "Ce sont souvent des individus au sein de la banque, qui ont eux-mêmes été menacés parce qu'ils ont refusé de faire ce qu'on leur disait". 

    Depuis 2009, Nicolas Sarkozy assure "qu'il n'y a plus de paradis fiscaux" ou presque. Or, pour Xavier Harel, "rien ou presque n'a changé". D'ailleurs, si ça avait été le cas, "les paradis fiscaux se seraient vidés comme une baudruche" puisque tous les avoirs seraient rentrés. Seule (maigre) avancée : un début d'échange d'informations entre les pays européens et les paradis fiscaux. Car pour éviter d'être sur une liste noire, un pays, considéré comme un paradis fiscal, doit signer 12 conventions d'échanges d'informations bancaires avec d'autres pays. Sauf que les paradis fiscaux ont signé des conventions entre eux : "Le Lichtenstein a signé neuf conventions sur douze avec des paradis fiscaux", ironise Harel. Et comme par magie, aujourd'hui, il n'y a plus de pays dans la liste noire. Quant aux pays qui ont signé une convention avec la France, les résultats parlent d'eux-mêmes : seules 30% des demandes d'informations sur des comptes soupçonnés d'évasion fiscale ont été satisfaites... et les données transmises étaient déjà connues de la France. Un système totalement inefficace donc. D'ailleurs, "les fuites de l'argent français vers la Suisse se sont aggravées cette année" selon Peillon. Philippe Dominati ne partage pas ce pessimisme et assure qu'il y a eu de réelles avancées : "Le fisc a récupéré seize milliards d'euros cette année, soit un de plus que l'an dernier". (acte 3)

    Que font le fisc, la justice, la police française face à l’évasion fiscale? "Ils transmettent au Parquet de paris", répond Peillon. "Mais un an, deux ans passent, et rien n’est instruit. Ils s’en étonnent et commencent même à s’en scandaliser". La section financière est appelé le coffre-fort, "tout est verrouillé", assure-t-il. Sarkozy ne souhaite pas de poursuites judiciaires contre les bénéficiaires d’évasion fiscale? demande Daniel. "En tout cas les poursuites qui devraient avoir lieu n’ont pas lieu" répond Peillon. Dominati rétorque que c’est la Cour de cassation qui a empêché le gouvernement de poursuivre plusieurs personnes, car elle estimait qu’ils n’y avait pas assez de preuves. Les listes obtenues par Peillon sont-elles exploitables juridiquement? "Elles sont déjà exploitées, transmises au Parquet", assure-t-il.

    Pourquoi la question est-elle absente de la campagne? s'interroge Daniel. Peillon n'est pas aussi scandalisé. "C’est certainement parce que les candidats découvrent tout juste sa dimension économique, le montant n’était pas connu auparavant", assure-t-il. "Le sujet est compliqué", ajoute Harel, " il en train d’infuser". "Le problème est que le sujet est verrouillé dans le débat démocratique, il y a des gens qui profitent de l’évasion fiscale, des financements dans les partis qui ne sont pas légaux", ajoute Peillon. "Des hauts fonctionnairesme disent : nous ne pouvons plus faire notre métier dans de bonnes conditions. Certains intérêts particuliers empêchent que cela fonctionne". De son côté, Dominati rappelle que, depuis 2008, "il y a eu 23 lois pour lutter contre la fraude fiscale, votées à l’unanimité". (acte4)

    Le thème n’est pas complètement absent de la campagne présidentielle: sur France 2, dans l’émission "Des paroles et des actes", Eva Joly a accusé Sarkozy de bénéficier indirectement de l'évasion fiscale en recevant des financements politiques illicites de ceux qui détiennent ces comptes. "Mes sources m’ont dit que la campagne présidentielle de 2007 présente des gros problèmes de légalité", souligne Peillon. "Mais je ne suis pas sur que d’autres candidats n’ont pas bénéficié de systèmes équivalents", ajoute-t-il. Et d’assurer: "La justice ira jusqu’au bout", se fondant sur "beaucoup de contacts dans le monde judiciaire". Remarque prémonitoire, puisque nous apprenions quelques heures après l'enregistrement, que la justice s'apprêtait à ouvrir une information sur UBS .

    Comment faire émerger ce sujet dans le débat public?, se demande Anne-sophie. Elle propose dans son article de faire comme les Américains, "balancer les noms" qui sont sur les listings. "Ca a fait énorme débat idéologique chez nous, au Seuil" confie Peillon. "Ce n’est pas forcément le rôle de la presse de faire ce relaisparce qu’il y a défaut du système judiciaire", ajoute-t-il. "On a donné les noms de gens qui ont une notoriété publique importante, précise-t-il. L'Intérêt de ce livre, n'est pas de donner des noms, mais de soulever un phénomène dont l'ampleur dépasse les noms qui sont donnés." Au passage, Peillon précise que Fottorino travaillerait aussi sur le sujet. "Je sais que mes sources sont aussi les sources de Fottorino", précise-t-il.

    Charline s’est glissé cette dans les coulisses de l’émission "Des paroles et des actes" jeudi soir. Surprise: Mélenchon tutoie les journalistes. (acte 5) Re-surprise : Mélenchon a livré un scoop interplanétaire à la notre chroniqueuse, par ailleurs journaliste à la RTBF, sur la Wallonie dans une future et hypothétique VIe République. 


     

  • UN LIVRE DÉNONCE L'IMPUNITÉ DE L'ÉVASION

    Un livre dénonce l'impunité de l'évasion fiscale en France 

    "Ces 600 milliards qui manquent à la France"

    Et si l’évasion fiscale industrialisée était le prochain gros scandale à faire trembler le pouvoir ? La lecture du livre d’Antoine Peillon, journaliste de la Croix, donne sacrément envie de mettre la lumière sur ces pratiques frauduleuses jusqu'alors restées dans l'ombre de Bernard Squarcini, patron de la DCRI, ou dans les placards du procureur du parquet de Nanterre, Philippe Bourion. A la clé: 600 milliards d'euros.

     

    En refermant le livre d’Antoine Peillon, on reste médusés : comment ? Alors que manifestement la filiale française de la banque Suisse UBS organise quasi industriellement l’évasion fiscale, aucune instruction judiciaire n’a encore été ouverte ? Comment ? Nous, pères la morale montrant du doigt les vilains Grecs fraudeurs, on laisse s’évader ainsi l’équivalent de cinq fois les recettes annuelles de l'impôt sur le revenu ? En pleine crise de la dette publique, mère des plans d’austérité, rien n’est fait pour retenir ne serait-ce qu’une petite partie des grosses fortunes qui partent travailler pour espérer des rendements grassouillets ?

    Tout donne le tournis dans l'enquête de Peillon. Les chiffres d’abord, à commencer par le plus gros, celui de la couverture : 600 milliards d’euros. Ce chiffre est la somme de toutes les recettes qui ont échappé au fisc français du fait de l’évasion fiscale. Par an, selon l’auteur, ce sont 30 milliards qui manquent à l’appel. Il s’appuie sur les estimations des cadres de la banque UBS qui avancent également le chiffre de 850 millions (en dix ans) soustraits au fisc français par leur seule banque. Et encore, nous dit Peillon, c'est la fourchette basse. Basse peut-être, mais bien plus élevée que les chiffres officiels repris tels quels dans la presse. Le syndicat SNUI-SUD Trésor évalue la fraude entre 15 et 20 milliards. Toute fraude confondue (sur la TVA, le travail au noir, les prélèvements sociaux évités, plus l’évasion fiscale) la Cour des comptes penchait, en 2007, pour une perte comprise entre 29 et 40 milliards d’euros.

     

    Mais ce n’est pas tant les sommes sous-évaluées qui provoquent le vertige que les pratiques d’évasion fiscale organisées par la banque UBS. Pourquoi cette banque-là et pas les autres ? Après tout, Peillon estime que la banque suisse, premier groupe mondial dans la gestion de patrimoine, gère "seulement" un vingtième de l’évasion fiscale en France. BNP Paribas, la Société générale, les Banques populaires, toutes ont un don pour l’évasion. Mais l’auteur ne s’est pas intéressé à UBS par hasard.

    UBS et les riches américains

    Déjà, il y a un précédent aux Etats-Unis. Le fisc américain a mis au jour un manège d’évasion fiscale à grande échelle organisé par UBS. Rien qu’en 2004, la banque suisse avait créé 900 sociétés écrans pour garantir l’anonymat des grosses fortunes et ouvert 52 000 comptes non déclarés. L’année 2008 signe la fin de récré : la banque est lourdement condamnée, des têtes tombent, les Etats-Unis menacent UBS de retirer sa licence bancaire et décident coûte que coûte de récupérer l’argent évadé.

    Ces pratiques ne se sont pas limitées aux frontières des Etats-Unis. Pour Peillon, la création de la filiale UBS France en décembre 1998 n’avait pas d’autres buts que de capter des gros clients français pour les inviter à placer leur argent au chaud, dans les paradis fiscaux. La preuve ? UBS France enregistre un déficit comptable structurel de 560 millions. C’est-à-dire qu’avec sa seule activité de banque en France, UBS perd de l’argent. Un comble non ? Ce déficit ne cache-t-il pas un loup ? Non, il cache des vaches. Plus exactement, des "fichiers vaches" et des "carnets du lait", noms donnés à la comptabilité parallèle. Dans ces fichiers se cachent les coordonnées des clients ainsi harponnés. En résumé, UBS France pratique non pas l’évasion fiscale style court séjour au soleil mais l’évasion massive, industrialisée, et totalement illégale.

     

    Des vaches, des carnets de lait, on peut se dire que l’auteur a abusé du chocolat suisse. Même pas. Ces pratiques sont dénoncées par une multitude de témoins. Le récit s’appuie sur trois témoignages centraux et anonymes : un ex-commissaire divisionnaire de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI née de la fusion de la DST et des renseignements généraux, le FBI à la française), une dirigeante du groupe bancaire suisse UBS et un cadre de la filiale française. Tous sont d'accord : oui la fraude est massive, oui elle est organisée, oui elle est étouffée. Etouffée par qui ? Tout d’abord par la banque elle-même. Le livre de Peillon est parsemé de batailles en interne qui déchirent le personnel. Beaucoup sont scandalisés par ces pratiques. Beaucoup ont aujourd’hui envie d’en parler. Cependant, le livre montre bien que la situation n'est pas manichéenne: on ne trouve pas les méchants banquiers fraudeurs d'un côté et les gentils banquiers innocents de l'autre.

    Prenons le cas de John Cusach, dirigeant suisse du groupe UBS et plus précisément "patron de la Conformité" du secteur Gestion de fortune et banque d'affaires. Quand, en 2002, un juriste lui fait part de ses interrogations sur les pratiques d’évasion fiscale aux Etats-Unis, il ne bronche pas. Ceci est normal, c’est le modèle économique de la banque. En revanche, l’année suivante, quand il met le nez dans les locaux d’UBS France et se penche sur la liste des comptes soupçonnés d’être liés à des activités dites sensibles (entendez le terrorisme, la drogue, le grand banditisme), il devient tout rouge. Pas question de ternir l’image du groupe en abritant des fortunes peu recommandables. L’évasion fiscale oui, l’argent du terrorisme, non. Cette ambivalence se retrouve également dans l’adoption récente – certes anecdotique – d’un "dresscode" qui suggère aux salariés, hommes et femmes, de porter des sous-vêtements discrets. Comme le souligne la dirigeante du groupe, on y voit "le fond de la culture UBS, dans sa forme la plus pure: une volonté de contrôle moral absolu totalement contradictoire avec la réalité des pratiques."

     


    Les pratiques sont connues, et quand bien même UBS tente de les étouffer, elles se sont ébruitées. Une plainte a été déposée fin 2009 par une salariée d’UBS, plainte transmise au parquet de Paris qui, à cette heure, n’a toujours pas jugé bon d’ouvrir une instruction judiciaire. La salariée, quant a elle, a été licenciée cette année. De même, l’Autorité de contrôle prudentiel (ACP) de la Banque de France a été alertée à plusieurs reprises. Même si cette dernière a fait preuve, selon Peillon, d’un relatif immobilisme, elle a néanmoins transmis une note au parquet de Paris pour ouverture d’une enquête préliminaire. Cette enquête a été confiée au Service national de douane judiciaire (SNDJ). Et puis? Et puis rien. Ce qui ne manque pas d’étonner l’auteur : "l’investigation du SNDJ n’a toujours pas conduit le parquet, en la personne du vice-procureur de Paris [aujourd’hui à Nanterre], Philippe Bourion, à transformer l’enquête préliminaire en véritable instruction judiciaire."

    K comme kapital (ou comme koi ? kelle évasion fiscale ?)

    Ce n’est pas la seule consternation : on peut en effet se demander pourquoi le ministère des finances ne réagit pas non plus. Pour l’auteur, il est impossible qu’il ne soit pas au courant. Alors ? Là, le témoignage de l’ex-commissaire de la DCRI est confondant. Le renseignement intérieur, dirigé par Bernard Squarcini, abrite un département consacré à la sécurité de l’économie française, qui répond au doux nom de K (comme Das Kapital, le livre de Marx). Selon le témoin, "Squarcini, Gilles Gray et son équipe de la sous-direction K de la DCRI ont fait preuve «d’incurie» voire de «contre-performance volontaire». Autrement dit: ils ont permis l’étouffement du scandale de l’évasion fiscale. Dans quel but ? A qui profite cette évasion massive, excepté évidemment aux grosses fortunes ? Peillon y va franco : l’évasion fiscale a servi au financement politique illégal du parti de Nicolas Sarkozy et au trafic d’influence. Ce scandale en rejoint un autre : celui de l’affaire Bettencourt. Car la vieille dame de L'Oréal possède de nombreux comptes en Suisse, dont certains chez UBS. Il est avéré que les mouvements suspects sur ces comptes, entre 2005 et 2008, sont carastéristiques de l'évasion fiscale. 20 millions ont ainsi pu être dissimulés au fisc français. Une somme qui a pu finir dans de petites enveloppes en papier kraft à destination des hommes politiques. Conclusion de Peillon : "les générosités de la milliardaire vis-à-vis des champions politiques expliqueraient-elles cette timidité judiciaire ?"

     

    A ce stade se pose une question médiatique : comment faire émerger le scandale de l’évasion fiscale dans le débat, qui plus est en pleine présidentielle ? Comment lui faire prendre l’ampleur qu’a connue l’affaire Bettencourt initiée et portée par Mediapart puis relayée ensuite par de très nombreux médias ? Soyons honnête : l'enquête de Peillon n’a pas été ostracisée. Si l’auteur n’a pas couru les plateaux des JT ou celui du Grand Journal, il a été l’invité de France 3 et de France Info . On le retrouve aussi sur Mediapart , un blog du Monde , Challenges , Marianne , Alternatives économiques … et bientôt sur @rrêt sur images ( Peillon sera l’invité de notre émission de vendredi). Malgré tout, le scandale n’a pas encore pris l’allure d’une vague qui emporte tout sur son passage. Pourtant, Peillon se dit prêt – voire impatient – de livrer sa brouette de documents à un juge d’instruction, et il affirme qu’aujourd’hui un grand nombre de ses témoins accepteraient d’être auditionnés à visage découvert. Mais comment réagir contre l'inertie des parquets de Paris et Nanterre ?

    Je propose une option : pourquoi ne pas balancer des noms ? Dans l’avant-dernier chapitre de son livre, "les jeux et le cirque", Antoine Peillon cite des sportifs (des footballeurs majoritairement) qui font partie de la liste de "clients off", c’est-à-dire soupçonnés d’évasion fiscale : Antoine Sibierski, Marcel Desailly, David Bellion, Christian Karembeu, Patrick Vieira, Claude Makélélé, Laurent Blanc. Cette liste, extraite de la note de l’ACP de la Banque de France, n’est pas exhaustive, on s’en doute.

    D’accord, ça s’appelle de la dénonciation, ou de la délation. Et ce n’est pas joli-joli. Peut-être qu’on peut juste faire peur : c’est ce qu’a fait le fisc américain qui, pour faire pression sur la Suisse, a très vite menacé de rendre publique la liste des 52 000 clients fraudeurs. Faut-il en passer par là ? Je vous laisse juges.

     

  • INDÉPENDANCE, MODE D'EMPLOI

     09h15 le neuf-quinze

     
    Par Daniel Schneidermann le 03/04/2013
     
    Je me souviens de Fabrice Arfi évoquant calmement, sur les plateaux, chez nous et ailleurs, le menteur Cahuzac. C'était un jeune flic poursuivant sa partie contre un élégant voyou, qui finirait bien par tomber un jour. Le flic était sûr de tenir sa proie. Et peu importait que le voyou parle bien, et porte l'habit de ministre. Il n'était déjà plus qu'un poisson, se débattant au bout d'une ligne.
    Dans ce poisson, tous les confrères d'Arfi faisaient encore semblant de voir un ministre. Ils le recevaient pour parler budget, comme si de rien n'était. Ils lui posaient rituellement une question de poisson au début de l'interview, puis semblaient oublier le poisson, et jouaient à l'interview classique, saluant l'artiste de l'austérité, son savoir-faire, sa virtuosité dans la cause sacrée de la réduction du déficit.
    Qu'est-ce d'autre, un journaliste indépendant, que quelqu'un qui n'est pas obligé de considérer un justiciable comme autre chose qu'un justiciable ? Ce n'est pas moi qui parle de journaliste indépendant, c'est Pujadas et Ayrault, hier soir, encore sonnés de l'aveu , évoquant tous les deux, comme une réalité désormais admise, institutionnelle, "les médias indépendants", en saluant leur travail. C'est donc officiel, ratifié par le Premier ministre et le speaker d'Etat: il y a "les médias indépendants", et les autres. Reste à trouver un nom pour les autres.

    Pourquoi les médias indépendants sont-ils plus indépendants que les autres ? Pas parce que leurs journalistes seraient intrinsèquement meilleurs. Et pas (seulement) non plus parce qu'ils sont financièrement indépendants, sans financements publicitaires ni étatiques, sans autres propriétaires que leurs équipes de rédaction. C'est aussi (me semble-t-il) parce qu'ils se sont rendus intellectuellement indépendants du suivi des pouvoirs au jour le jour. A la différence de tous ses confrères, Mediapart ne suit pas assidûment, au jour le jour, l'actualité politique traditionnelle au sens de la course de chevaux (y aura-t-il un remaniement ? Montebourg a-t-il vraiment engueulé Ayrault ? Où en est le feuilleton Copé-Fillon ? Et tiens, où en sont les sondages ? Etc). Se délivrer des servitudes de ces distrayants feuilletons (partager des déjeuners, solliciter des confidences, respecter le off) est aussi une condition de l'indépendance.

    PS: heureux de retrouver les matinautes, après une semaine d'enquête sur le terrain dont je rapporte (en toute indépendance) ce scoop exclusif: la grippe 2013 est vraiment implacable.

    Mediapart 2