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Societe - Page 40

  • Cette herbe qui fait rêver les banques

     

    Qu’on l’appelle ganja, shit, kif, marijuana, haschich ou autrement, le chanvre va contribuer au sauvetage économique de la Californie.

    En pleine crise, comme partout, la Californie envisage d’utiliser le cannabis pour en sortir…. stupéfiant !

    Le cannabis, traduction latine du mot chanvre, contient une substance appelée cannabine connue pour ses effets thérapeutiques et était utilisé 2000 ans avant JC en Chine, (pour traiter la migraine), en Egypte par le Pharaon lui même, par les Grecs et Romains qui s’en servaient contre la goutte et les rhumatismes. lien

    Le Royaume Uni, l’Australie, le Canada, les Pays Bas, la Suisse ont déjà recours à son utilisation thérapeutique.lien

    Cette plante fait pourtant en France l’objet d’une répression sévère alors qu’en 1840, 176 000 hectares y étaient cultivés.

    Faisant un parallèle avec la prohibition, lorsque la vente et la consommation de l’alcool étaient interdites, jusqu’en 1923, la Californie envisageait la légalisation du cannabis.

    Ses arguments étaient nombreux.

    Tout comme pour l’alcool, la vente clandestine pose de gros problèmes pour la santé, puisqu’il n’y a aucun contrôle, ce qui permet la mise en circulation de produits dangereux, coupés avec de l’héroïne, de la cocaïne, ou d’autres substances chimiques encore plus toxiques.

    (ce qui était le cas de l’alcool pendant la prohibition).

    Ensuite, la légalisation permet de lancer un marché plus que juteux, de 15 milliards d’euros, annuels, ce qui n’est pas négligeable.

    L’argument final étant que la consommation de cannabis, sous toutes ses formes, permet de soutenir physiquement et psychologiquement les patients atteints de maladies graves comme le cancer.

    Il redonne l’appétit aux personnes atteintes du sida, et intervient pour d’autres maladies.

    Le chanvre a de multiples utilisations possibles dans le bâtiment, ou il remplace avantageusement la laine de verre, dangereuse et interdite un jour prochain, comme cela a été le cas de l’amiante.

    L’isolation à base de chanvre est un marché porteur et les revêtements de murs sont très intéressants non seulement pour l’aspect décoratif, mais surtout pour la qualité du matériau au point de vue phonique et thermique qui devance, en qualité les produits actuels.

    Le chanvre remplace aussi avantageusement le pétrole devenu si cher, et dont sont faits aujourd’hui la plupart de nos vêtements..

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    Sans oublier que la répression contre le trafic de chanvre coûte aussi très cher.

    Elle mobilise des forces de police importantes, et remplit les prisons, et cela à un coût.

    Aux Etats-Unis, elle remplit la moitié des prisons.

    En France, il y a quelques années, cela avait fait l’objet d’un rapport demandé par Catherine Trotman, prouvant que cela coûtait à l’état 1,5 millions d’euros par jour.

    Ceux qui consomment l’herbe sont souvent des inconnus, mais d’autres le sont moins.

    Ils sont rarement inquiétés et dépensent environ 5000 € par mois pour consommer héroïne, cocaïne, ou cannabis.

    Comme par exemple François Debré, frère du président du sénat jean Louis Debré.

    Il en a même fait un livre (trente ans avec sursis éditions Denoël 1998)

    La Californie a pesé le pour et le contre, et a fini par choisir la légalisation.

    Kévin Reed a grandi à Mobile, en Alabama, et a commencé à fumer du cannabis, après avoir eu un problème de dos à la suite d’un accident de voiture. Il n’avait pas d’assurance maladie, et a trouvé dans le cannabis une opportunité de soigner son mal de dos.

    il a créé un dispensaire (le croix verte) qui permet grâce à une ordonnance de se procurer du cannabis. lien

    Obama était pour sa légalisation, mais il vient de tourner sa veste. lien

    En tout cas, d’autres états américains lorgnent du coté californien, et sont tentés à leur tour par l’expérience.

    Tout çà ne devrait pas trop étonner les Français, puisque à l’époque ou l’Afrique du Nord était une colonie française, la SEITA (ancienne régie des kifs et des tabacs) commercialisait en toute légalité dès 1954 des cigarettes au chanvre. lien

    En effet, la consommation du cannabis faisant partie des coutumes régionales, l’Etat français avait préféré jouer l’opportunité et la tradition.

    Ou alors, ne soyons plus hypocrites : demandons aussi l’interdiction de l’alcool et du tabac, et faisons emprisonner les 600 000 français qui consomment régulièrement du cannabis. lien

    Car comme disait mon vieil ami africain : « le sage ne désire que l’absence de désirs »


     
  • Mourir pour un peu de chanvre

     

    Article publié le 24 novembre 2010

    Il s’appelle Bernard Rappaz et risque de mourir sous peu dans l’indifférence quasi générale.

    Il est suisse, et sa condamnation à 5 ans et 8 mois de prison pour utilisation de chanvre l’ont poussé, il y a 90 jours, à se lancer dans une grève de la faim.

    Mais comment en est-on arrivé là ?

    Mourir pour un peu de chanvre
    Si tôt sa condamnation connue, devant l’énormité de la disproportion de celle-ci,Bernard à demandé d’être libéré au bout de six mois, faute de quoi il cessera de s’alimenter.

    Devant l’autisme de la justice helvétique, il a donc mis sa menace à exécution. lien

    Esther Waeber-Kalbermatten, chef du service valaisan de la sécurité attend en vain qu’il mette un terme à sa grève de la faim. lien

    La justice valaisanne veut obliger les HUG(hôpitaux universitaires de Genève) d’alimenter de force Bernard, et ceux-ci on déposé un recours car ils estiment que ce nourrissage forcé est médicalement inapplicable. lien

    D’ailleurs le canton de Neuchâtel dispose d’une loi unique en Suisse Romande qui exclut de nourrir contre son gré un détenu en grève de la faim.

    C’est ce qu’a expliqué le conseiller d’Etat neuchâtelois Jean Studerlien

    La justice suisse pourrait donc avoir sous peu du sang sur ses belles mains.

    Bernard fait l’apologie du chanvre, et comment ne pas lui donner raison.

    Il rappelle que le chanvre est une plante écologique, supportant le froid, la sécheresse, l’inondation et se cultive sans engrais chimiques.

    Il a toutes les qualités : il n’est pas cher, naturel, ne provoque pas d’accoutumance, soigne et améliore la santé.

    Question alimentation, le chènevis contient autant de protéine que le soja, tout en étant plus digeste et on peut en faire du lait, ou du tofu. lien

    Son huile est riche en oméga 3 et 6 ainsi qu’en acide gamma-linoléique et est une bonne alternance avec l’huile de palme. lien

    Côté bâtiment, le béton de chanvre (chènevotte et chaux), et l’isolation végétale a base de chanvre sont une alternative propre au ciment et à la laine de verre. lien

    Pour l’habillement, il est une alternative de qualité au coton, et aux tissus synthétiques, gros consommateurs de pétrole. lien

    Le papier produit avec du chanvre donne 4 à 5 fois plus de cellulose à l’hectare que l’exploitation du « bois à papier » de plus, contrairement au papier « de bois », il ne jaunit pas dans le temps et il est beaucoup plus résistant. lien

    Industriellement, il est une bonne alternative à l’amiante, par exemple pour les plaquettes de freins, ou l’isolation. lien

    Energétiquement, il développe la plus grande biomasse en un minimum de temps, et peut être transformé en carburant. lien

    Et puis bien sur, il est récréatif, moins dangereux que l’alcool, ne provoque pas d’accoutumance.

    Bernard avait donc défendu ce produit, et l’avait commercialisé.

    Pourtant on le condamne pour en avoir vendu, tout à fait ouvertement, avec force factures, comptes vérifiables, la justice appelant cela « blanchiment d’argent » !

    Les motifs d’accusations sont nombreux, et pour ainsi dire quasi surréalistes.

    Une gifle donnée à son ex-belle fille devient une « lésion corporelle simple »

    Il est question aussi de « gestion déloyale aggravée » pour des erreurs commises par son comptable.

    L’utilisation de main d’œuvre de bonne volonté, le temps d’un weekend, ou pendant du temps libre devient « violation grave de loi fédérale »

    Un excès de vitesse, pour lequel il s’est acquitté d’une amende et de cours de rattrapage devient « violation grave des règles de la circulation routière »

    La saisie de son stock de chanvre sous diverses formes a provoqué une perte sèche d’1 250 000 de francs suisses, et la faillite de son entreprise.

    Pour agir, il faut aller sur le site de ses soutiens qui propose plusieurs actions allant de jeune de solidarité, aux envois de lettre aux autorités suisses, en passant par des messages à la présidence de la confédération helvétique. lien

    Bien sur, Bernard commence à trouver de plus en plus de soutiens, y compris dans le milieu médical, comme par exemple celui de Jean Charles Rielle.

    Ce dernier se bat contre la cigarette, et pourtant justifie son soutien à Bernard Rappaz, et il explique que si on peut dire de l’accusé qu’il est un entrepreneur qui a franchi la limite, il n’est en tout cas pas un dealer. lien

    Cet article se veut un appel au secours, afin d’alerter les citoyens responsables et d’empêcher la mort d’un homme subissant une peine disproportionnée, et pour le moins injuste.

    Car comme dit mon vieil ami africain :

    « La figue ne tombe jamais toute seule dans la bouche ».

    Source image : http://www.ardechecoucheslavables.com

  • CANNABIS NOCIF ? PLUTÔT OUI, MAIS...

     

    Tentative de synthèse des études scientifiques

    Le débat est relancé: faut-il dépénaliser le cannabis? Comme le rappelle Le Monde, cette question enflamme régulièrement les politiques. Après Cécile Duflot en juin dernier, c’est Vincent Peillon, ministre de l’Education nationale qui se prononce en faveur d’une dépénalisation sur France Inter. Il est vite recadré par le chef du gouvernement. Mais dans ce débat souvent politisé voire idéologisé par les politiques et les médias (les partisans de la dépénalisation ayant tendance à minimiser les risques pour la santé, tandis que leurs adversaires les exagèrent), où en est-on des connaissances scientifiques sur la dangerosité ou non du cannabis? Schizophrénie, risque d'escalade, de cancer, de baisse de QI, dangerosité comparée par rapport à l'alcool: tentative de tour d’horizon des recherches.

    Se plonger dans le maquis des études scientifiques sur le sujet du cannabis n'est pas chose facile. Il existe nombre de rapports et d'études, chacune sur des points bien précis et quelques rapports, parfois datés. Tentative de synthèse.

    - SCHIZOPHRÉNIE, DÉLIRES, ANXIÉTÉ ?

    Risque réel. Une étude publiée en 2011 à Londres par le British Medical Journal et relayée ici par l'AFP, précise que les adolescents et les jeunes adultes consommateurs de cannabis ont davantage de risques de souffrir de troubles psychotiques que ceux qui n'en consomment pas. Des experts allemands et néerlandais ainsi que ceux de l'Institut de psychiatrie de Londres ont suivi 1900 personnes âgées de 14 à 24 ans pendant huit ans. L'étude a montré que ceux qui avaient commencé à consommer du cannabis après le début de l'étude et ceux qui en avaient consommé avant et après avaient davantage de risques de souffrir de troubles psychotiques que ceux qui n'en avaient jamais consommé. "La consommation de cannabis constitue un facteur de risque de développement de symptômes psychotiques", conclut l'étude. cannabis

    Une précédente étude publiée en 2007 dans la revue scientifique The Lancet faisait état d'une augmentation du risque de schizophrénie d'environ 40 % chez les consommateurs de cannabis. Selon les chercheurs, ce risque augmenterait avec l'intensité et la durée de la consommation - de 50 % à 200 % pour les gros utilisateurs. Toutefois, les auteurs de ce travail n'ont pas pu démontrer de relation directe de "causalité entre la consommation de cannabis et les affections psychotiques", précise Le Monde, qui relaye l'article. Ils soulignent aussi que s'ils observent bien une augmentation du risque, la fréquence de ces affections, notamment sous forme chronique comme pour la schizophrénie, demeure relativement faible chez les consommateurs réguliers. Michel Reynaud, addictologue (CHU Paul-Brousse) précise au Monde que la fréquence de la schizophrénie dans la population reste constante, alors que la proportion de fumeurs de cannabis ne cesse de grimperélément qui relativise cette étude.

    Un rapport réalisé pour l'Obervatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) en 2006 fait état aussi de risques de schizophrénie. Hélène Verdoux, chercheuse à l'Inserm, cite des études conduites dans plusieurs pays européens qui ont montré que l'usage de cannabis augmente le risque de schizophrénie, d'autant plus important '"si l'usage de cannabis débute à l'adolescence'". Pendant longtemps, on a constaté que l'usage de cannabis était plus fréquent chez les personnes atteinte de schizophrénie, en l'expliquant par une automédicamentation des patients, qui soulageait leur mal-être avec du cannabis, explique-t-elle. Mais maintenant, il est avéré que le cannabis a pu être à l'origine de leurs troubles schizophréniques.

    - PASSAGE VERS D'AUTRES DROGUES ?

    Non prouvé. Aucune étude n'a encore prouvé que la consommation de cannabis entraîne la consommation de d'autres drogues, plus "dures". C'est la "thèse de l’escalade", défendue notamment par le professeur Jean Costentin,pharmacologue, membre de l'Académie de médecinePour lui, c'est sûr, il y a un phénomène d'escalade, même de"polytoxicomanie". "Tous les consommateurs d'héroine ont été des consommateurs de cannabis", explique-t-il à @si. L'inverse est-il vrai ? Si tous les consommateurs de cannabis ne se tournent pas vers l'héroine, c'est qu'ils n'ont jamais eu l'occasion d'en consommer, sinon ils seraient devenus eux aussi accro, assure-t-il. Il détaille une étude, publiée dans la revue "Sciences" qui selon lui le prouve : "sur des souris qui ont subit une manipulation génétique qui fait disparaitre les récepteurs de leur cerveau sensibles au cannabis, alors ces souris ne sont pas du tout dépendantes à l'héroïne", preuve selon lui du lien de dépendance entre cannabis et héroine. Mais cette étude est critiqué ici, ou encore ici dans Libé, qui dénonce une interprétation "fumeuse". Selon Jean-Pol Tassin, neurobiologiste au Collège de France interviewé par Libé, les conditions de l'expérience sur les souris sont fortement discutables, et Costentin "est le seul à défendre cette théorie de l'escalade qui n'a jamais été démontrée, même expérimentalement", souligne-t-il.

    Cette théorie de l'escalade est mise en doute aussi par l'Inserm (dans une mise à jour en 2004 du rapport de l'expertise cité précédemment). "A ce jour, en France, aucune donnée disponible ne montre d'augmentation de la consommation d'héroine, néanmoins, les experts estiment que cette question mérite une attention particulière", soulignait le rapport. Des expériences ont eu lieu sur les animaux, et ont pu montrer des liens entre administration de cannabis et sensibilisation à une autre drogue. Pour autant, l'étude précise que ce que l'on constate sur les animaux n'est pas forcément transférable aux êtres humains. "Les modèles animaux utilisés pour ces études ne rendent pas compte de la variété des facteurs psychologiques, sociaux et culturels qui interviennent dans le comportement humain. Seules des études prospectives épidémiologiques ou cliniques chez l'homme pourront étudier la chronologie d'apparition des dépendances selon la séquence tabac-alcool-cannabis/ cocaïne/opioïdes."

    - RISQUES DE CANCER ?

    Le risque est réel, surtout si l'on consomme du cannabis à haute dose. Dans le rapport destiné à l'OFDT de 2006, la chercheuse de l'Inserm Annie Sasco explique que le THC présent dans le cannabis n'est pas un agent cancérogène en lui-même, mais c'est "la concentration de goudron et de composés cancérogènes dans la fumée d'une cigarette de canabis" qui est plus élevée que celle d'une cigarette de tabac."Toutes les études cas-témoins disponibles à ce jour (...) trouvent que l'usage du cannabis multiplie environ par 3 les risques de survenue d'un cancer du poumon", affirme-t-elle. Et ce après avoir éliminé les autres facteurs pouvant influer, type consommation de tabac.

    Selon Costentinle cannabis génèrerait même cinq à sept fois plus de goudrons cancérigènes que le tabac. La consommation de cannabis accroit donc "la fréquence des cancers broncho-pulmonaires et O.R.L. et rendra leur apparition plus précoce", conclut-il.

    Une étude de l'Institut de recherche médicale de Nouvelle-Zélande, publiée en 2007 et relayée ici par Reuters estime que fumer un joint de cannabis serait aussi nocif que de fumer 2,5 à 5 cigarettes. "La consommation de cannabis est associée à une dégradation du fonctionnement des bronches, avec obstruction respiratoire, ce qui sollicite davantage les poumons. Les fumeurs de joint souffrent de respiration sifflante, de toux, d'oppression de la poitrine, d'expectorations", précise la dépêche. Cette étude été réalisée sur 339 patients adultes répartis en quatre groupes : les fumeurs de cannabis, les fumeurs de tabac, les fumeurs de tabac et de cannabis, et les non-fumeurs. Chaque participant a été soumis à des examens de tomodensitométrie des poumons (scanner à rayons X assisté par ordinateur) et à des tests respiratoires.

    cannabis

     

    Une autre étude plus étonnante estime même que fumer du cannabis augmenterait le risque de cancer des testicules. C'est le cas si le patient fume "au moins une fois par semaine, ou régulièrement depuis son adolescence", il double alors "les risques de développer la forme la plus agressive d'un cancer des testicules", estime une étude américaine relatée par le quotidien britannique Guardian.

     

    Les chercheurs ont lancé leur enquête après s'être rendu compte que les testicules "sont un des rares organes munis de récepteurs pour la substance active du cannabis, le tétrahydrocannabinol (THC)". Depuis les années 1950, le nombre de cas de cancer des testicules a augmenté de 3 à 6 % par an aux Etats-Unis, au Canada, en Europe, en Australie et en Nouvelle-Zélande expliquent-il. Or, durant la même période, l'usage du cannabis a augmenté dans les mêmes proportions. Ce sont ces chiffres qui au départ ont conduit les chercheurs à explorer l'hypothèse d'un lien entre cette drogue et le cancer des testicules.

    Pour vérifier leur hypothèse, ils ont procédé à une étude épidémiologique : les chercheurs ont interviewé 369 hommes atteint d'un cancer des testicules, âgés de 18 à 44 ans, sur leur consommation de cannabis. Ils ont également interrogé sur le même sujet 979 hommes en bonne santé. Après avoir pris en compte les facteurs liés aux antécédents familiaux de cancer et les facteurs de style de vie, comme le tabagisme et la consommation d'alcool, l'étude conclut que l'usage de cannabis apparaît comme un important facteur de risque pour la maladie.

    - BAISSE DU QI ?

    Oui, en cas de prise précoce. Une étude neo-zélandaise publiée en août dernier a montré des conséquences sur les capacités intellectuelles du cerveau en cas de prise précoce de cannabis : jusqu'à 8 points de quotient intellectuel en moins à l'âge adulte. Pour cette recherche, les chercheurs ont suivi un millier d'individus pendant vingt ans. Les volontaires ont été interrogés, de façon confidentielle, sur leur consommation et leur dépendance, à cinq reprises : à 18, 21, 26, 32 et 38 ans. Des tests neuropsychologiques ont été pratiqués à l'âge de 13 ans et 38 ans. Un déclin marqué du quotient intellectuel (jusqu'à 8 points entre les deux mesures) a donc été retrouvé chez ceux qui ont commencé leur expérimentation dans l'adolescence, et qui sont ensuite devenus des fumeurs réguliers - au moins quatre fois par semaine -, pendant une longue période. Un arrêt de la consommation ne permet pas de récupérer entièrement ses facultés intellectuelles, précise l'étude.

    Des chercheurs précisent toutefois que ce risque est similaire à la prise d'alcool. Interviewé par France 24 sur cette enquête, le docteur Alain Rigaud, psychiatre et président de l’association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA), explique : "Toutes les conclusions de cette étude peuvent être appliquées à la consommation excessive d’alcoolLe débit de boisson dès l’âge de 13 ans – à raison de plus d’un verre par jour – pendant 30 ans "conduira de la même façon à perturber considérablement le cerveau, à provoquer des troubles cognitifs graves et à abaisser le quotient intellectuel. Et d'ajouter : "contrairement à l’enquête qui affirme que les personnes commençant à fumer du cannabis à l’âge adulte ne souffrent d’aucun écart intellectuel, la consommation excessive d'alcool même à partir de 40 ans "expose à de sévères dommages physiques et intellectuels en vieillissant."

    - EFFETS RÉVERSIBLES ?

    En 2001, l’Inserm a réalisé un rapport d’expertise à la demande du gouvernement, une synthèse des recherches effectuées jusqu'à cette date dans le monde entier. Le rapport s'avérait peu alarmiste. Il estimait que la "prise de cannabis altère les performances psychomotrices et cognitives", mais de "manière réversible". Il mentionnait aussi des "troubles de la mémoire à court terme", "des difficultés à se rappeler des mots, des images, des histoires". Il mentionnait enfin des "attaques de panique", "des angoisses de dépersonnalisation", une "psychose cannabique" qui se manifeste par des signes proches de ceux des bouffées délirantes aigues, avec une plus grande fréquence des hallucinations". Mais leur fréquence est faible: elle est estimée à 0,1% dans une étude suédoise, précise le rapport.

    LE CANNABIS MOINS DANGEREUX QUE L'ALCOOL ?

    Mises bout à bout, ces études - même si chacune d'entre elle peut être nuancée, critiquée par d'autres chercheurs - semblent bien alarmistes. Pour autant, ce n'est pas ce que retiennent les partisans d'une dépénalisation. Marc Valleur, médecin chef du centre médical Marmottan à Paris, spécialisé dans la toxicomanie, assure à @si : "ces études, on les connait, on sait que le cannabis n'est pas un produit anodin". Mais ce ne serait pas le produit le plus dangereux."le cannabis est beaucoup moins dangereux que l'alcool" affirme-t-il. Qui lui n'est pas illégal. Par exemple, chaque année, environ 200 personnes sont hospitalisés pour une addiction à l'alcool dans son hôpital. A peine 2 personnes pour le cannabis.

    Dans la classification de la dangerosité des drogues, le cannabis se situe après l'alcool, l'héroine et la cocaine selon Valleur. Cette classification se retrouve dans le rapport Roque (un résumé ici), en 1998, auquel a participé le médecin. Un rapport plus récent, de David Nutt, (un résumé ici), président du Conseil gouvernemental britannique sur l'abus des drogues (ACMD), a conservé la même classification, souligne-t-il. Nutt avait d'ailleurs dû démissionner de son poste après ce rapport. De son côté, Costentin est vent debout contre cette classification. Le cannabis est plus dangereux que l'alcool, assure-t-il. Pour lui, mentionner la dangerosité de l'alcool pour faire accepter le cannabis est une "manipulation". "Il faut faire baisser le taux de consommation de l'alcool, mais il ne faut surtout pas en rajouter avec l'autorisation du cannabis". Le rapport Roque aurait tout simplement été "commandité par le gouvernement Jospin, qui voulait se targuer auprès de la jeunesse de légaliser le cannabis". "On réunit les experts que l'on veut bien réunir", lance-t-il. "Je n'ai pas été convié".

    Dépénaliser, donc ? Partisan de la dépénalisation, Valleur a lancé une charte pour appeler à une "autre politique des addictions". "Pour lui, dépénaliser les usages ne veut pas dire supprimer l’interdit sur les drogues : cet interdit, comme le niveau requis de régulation, devrait être réexaminé, produit par produit, objet d’addiction par objet d’addiction." Lui prône par exemple l'interdiction de la consommation de cannabis pour les moins de 18 ans. La nocivité du cannabis, et sa dépénalisation, sont deux débats nécessaires et légitimes. Encore faut-il bien les distinguer.

    Mise à jour, mercredi, à 19h30 : ajout de l'interview de Jean Costentin. Mise à jour, vendredi, à 19 heures : précisions concernant l'étude sur "l'escalade", publiée dans la revue Sciences.

     
  • Les paradoxes de la « démocratie » : exemple de l’affaire Charlie Hebdo


    Je ne tiens plus, j'ai pourtant essayé de prendre des distances concernant ces sujets, mais après la pelleté d'immondices encore une fois jetée au visage des musulmans il m'a fallu réagir en écrivant un article.

    Ce que je ne saisis pas bien dans cette affaire ce n'est pas en soit les caricatures de Charlie Hebdo car en tant que farouche partisan de la démocratie, je pense que ces caricatures doivent pouvoir être publiée même si le but pour moi était simplement de choquer une communauté déjà largement stigmatisée et non pas de plaisanter, mais après tout cela est subjectif. Ensuite, je vois le gouvernement et les divers gardiens de la bonne morale (je pense à des gens comme Zemmour, BHL mais aussi la très grande majorité des médias de masse, et toute la secte laïque et bien pensante...) invoquer la formule de « liberté d'expression ». Admettons, jusqu'ici je dirais : « tout va bien ». Nous pourrions alors nous mettre d'accord sur le fait que la liberté d'expression doit être accordée à tous les niveaux, quand bien même l'avis défendu (du moment qu'il est défendu de façon pacifique et en accord avec le respect des droits de l'Homme) est totalement contraire à notre position. Pour ma part je m'oppose farouchement aux avis contre lesquels je suis, cela dit je serais prêt à me battre pour que ces idées puissent tout de même avoir fenêtre sur cour car c'est pour moi un fondement immuable des démocraties modernes (qui est rarement respecté), c'est certainement ce qui va se passer à travers les réactions et les commentaires de cet article, et mêmes si vos interventions sont un peu musclées, me mettent dans tous mes états, me semblent incroyablement abusives, je ne suis personne pour imposer un monopole de la bonne parole.

    « Si l'on ne croit pas à la liberté d'expression pour les gens qu'on méprise, on n'y croit pas du tout » (Noam Chomsky).

    Alors pourquoi cette liberté d'expression si fortement clamée ne s'applique pas au droit des musulmans à manifester contre ces caricatures ? Je parle de façon pacifique, je n'appelle pas à brûler des ambassades. Le fait est que les réactions d’extrémistes musulmans à travers le monde entier ne reflètent absolument pas l'islam français et qu'on prend à chaud un débat en accusant les musulmans de ne pas prendre cela sur le ton de l'humour. Tout d'abord c'est un droit de ne pas en rire, ensuite pourquoi dîtes vous cela à une communauté qui n'est absolument pas responsable des réactions encore une fois largement extrapolées par la presse ? Dans la vitesse et certainement une forme de pression idéologique, les médias diffusent des images de violence sans prendre le temps d'expliquer le contexte et surtout de marginaliser ce genre de procédé qui ne reflète absolument pas l'islam dans son ensemble. On montre des images choc, on laisse s'exprimer (très rapidement) les plus extrêmistes, ou des gens qui parlent mal le français ensuite l'amalgame est facilement faisable. On passe toutefois beaucoup plus de temps à parler de l'Iphone 5 et de son mode d'emploi. Triste constat intellectuel, mais je ne serais pas le premier à pleurer de honte devant un Journal télévisé de grande écoute.

    Les médias créent et s'emparent d'un faux débat, personne ne prend le temps de démêler le vrai du faux et on sert cette soupe amère à tout le monde. Franchement un tel film et de telles caricatures auraient mieux fait d'être ignorés car sincèrement, ne paniquez pas, l'islam n'est pas un problème, du moins pas en France, même si de sublimes processus de désinformations tentent de nous vendre ce mythe. « L'islam nous est présenté comme une menace interne, par l'exagération systématique du problème de l'immigration, et externe, par une politique étrangère hostile à la Turquie, plus encore à l'Iran, et par l'envoi de troupes "civilisatrices" en Afghanistan. » (Emmanuel Todd).

    Ensuite soyons cohérent, les états et les lobbyings financiers pressent le monde depuis trop longtemps, la nouvelle application de la règle d'or va bientôt être appliquée en Europe, après un premier référendum négatif, ils ont fini par nous faire passer le traité de Lisbonne en catimini et se préparent à refaire la même chose sans même nous consulter alors que 72% des français souhaiteraient voter par référendum concernant l’application d'une nouvelle loi d’austérité (sources Lemonde.fr). Et pourquoi ces mêmes médias bien pensants, ce même gouvernement qui ne fait que poursuivre les réformes entamées par Sarkozy, pourquoi ces gens là ne crient pas au scandale et au droit à la liberté d'expression ? Lorsqu'une injustice flagrante va dans le sens de la pensée dominante, personne ne s'émeut, les réformes passent et le reste suit son cours.

    Mes amis je vous le dis, ces affaires de caricature sont encore une fois un chiffon rouge agité pour nous distraire des vrais enjeux. On divise pour mieux régner, on pointe une ennemi du doigt, on joue avec les tentions communautaires, on se pose les mauvaises questions mais au final nous serons tous dans le même bateau (et nous le sommes déjà) d'un monde dérégulé par les empires financiers et les états à leur service. Ne tombons pas dans ce vulgaire piège, n'accusons pas les mauvaises victimes et surtout analysons finement ces concepts de liberté d'expression qui ne prévalent que pour certaines personnes et quand cela les arrange. On voudrait nous amener vers le consensus mais le consensus se fabrique.

    « Les islamistes radicaux, ou extrémistes, souvent appelés « fondamentalistes », ont été choyés par les États-Unis dans les années 1980, parce qu'ils étaient les meilleurs tueurs au monde. Dans ces années-là, l'ennemi principal des États-Unis était l'Église catholique, qui avait commis, en Amérique latine, le grave péché de prendre « le parti des pauvres » et qui a cruellement souffert de ce crime. L’occident est parfaitement œcuménique dans le choix de ses ennemis. Ses critères sont la soumission et les services rendus au pouvoir, et non la religion » (Noam Chomsky).

  • Lyon:Poste de police;journée ordinaire

    Des enfants pourchassés, violentés et humiliés par la police

    Arrestations violentes, menottage, chantage, absence d’avocat, palpations intimes … Certains policiers s’acharnent contre les enfants des rues au lieu de les protéger.

    « Enlève ton soutien-gorge, mets les mains contre le mur et écarte les jambes »:

    Maria et Monika (1) ont respectivement 14 ans et 12 ans. Alors qu’elles sont dans la gare de Lyon Part Dieu en cette fin de juillet ensoleillée, elles sont interpellées par 2 policiers et conduites au poste de police. C’est devenu de la routine. Le Président de la République a changé mais ni les préfets ni les procureurs. Les consignes sont les mêmes depuis le discours de Grenoble de Sarkozy et la course aux chiffres continue, il faut interpeller tout ce qui bouge et particulièrement les enfants qui font la manche pour survivre. Au poste de police, on leur demande de vider leurs poches et de décliner leur identité. La maman de Monika qui passe devant le poste voit sa fille et rentre pour la réclamer. En guise de réponse, on lui demande son passeport où figure l’identité de l’enfant, un policier en fait une photocopie, lui rend et lui ordonne fermement de partir sans lui donner aucune indication sur le sort réservé à sa fille. A ce moment là, la police est donc parfaitement au courant de l’âge de Monika et sait qu’elle a 12 ans. Un policier passe alors un coup de fil et l’attente se prolonge. Au bout d’une trentaine de minutes, un autre policier attrape les enfants par les bras et les emmène vers une voiture pour les conduire à l’hôtel de police. Maria témoigne : « Il me serrait fort par le bras. Quand je lui ai dit qu’il me faisait mal, il a serré encore plus fort. »

    Arrivés à l’hôtel de police, rue Marius Berliet, les enfants descendent de voiture : « Le policier nous a demandé si on avait de l’argent sur nous. J’ai dit que non. Il m’a dit que si jamais sa collègue en trouvait, il nous mettrait en garde à vue. (NDLR : la garde à vue est interdite sur les mineurs de moins de 13 ans) On a marché quelques mètres et il a recommencé à me demander si j’avais de l’argent sur moi. Il m’a dit que c’était mieux de le donner tout de suite sinon, il y aurait des problèmes. Je ne sais pas pourquoi, il m’a demandé plusieurs fois si j’avais de l’argent sur moi en répétant que si je ne le donnais pas, il me mettrait en garde à vue. » Une fois dans le bâtiment, les deux enfants sont amenés dans une salle : « une grande salle avec des murs sales et des mégots par terre. La porte, en fait, c’était une grille avec des barreaux qui s’ouvrait et se fermait en glissant. »

    Ce qui se passe ensuite est assez ahurissant. Le récit s’appuie sur le témoignage écrit de Maria, 14 ans. Il est livré tel quel, la scène s’étant déroulée sans témoin:

    « Ils sont venus prendre ma copine et je suis restée seule dans la salle. Une femme policier en uniforme est arrivée. Elle était brune, elle avait une queue de cheval, des yeux noirs et des gants blancs. Elle m’a dit bonjour, je lui ai dit bonjour. Elle m’a dit d’enlever mon t-shirt, j’ai enlevé mon t-shirt. Ensuite, elle m’a demandé de retirer mon soutien-gorge. J’ai enlevé mon soutien-gorge. Elle l’a regardé dans tous les sens et puis elle l’a posé sur un banc. Je lui ai demandé si je pouvait me rhabiller. Elle m’a dit que non, que je pouvais juste remettre mon soutien gorge. Ensuite, la femme policier m’a dit de me tourner, de mettre les deux mains contre le mur et d’écarter les jambes. J’avais une jupe courte. Elle a relevé la jupe jusqu’au dessus de ma culotte et elle a commencé à mettre ses deux mains sur mon mollet et à remonter. Elle a continué à me tapoter  la peau avec ses deux mains en remontant, la jambe, le genou, la cuisse.

    Quand elle a mis sa main au niveau de mon sexe, j’ai sursauté tellement j’étais surprise, j’ai dit : aïe, vous me faites mal, madame, j’ai mes règles. Elle m’a dit : je m’en fous, j’ai des gants. Elle a du sentir que j’avais une serviette hygiénique parce que moi, j’ai bien senti sa main. Ensuite elle a recommencé avec l’autre jambe. Depuis le bas, jusqu’en haut. C’était insupportable.

    A la fin, elle m’a dit, c’est bon, tu peux te rhabiller. Je n’ai toujours pas compris pourquoi elle avait fait ça. Ca se voyait que j’avais rien sur moi. C’est comme si elle cherchait quelque chose sous ma peau… »

    L’histoire sordide se terminera quelques heures plus tard par une audition. «Un policier en civil m’a emmené dans un bureau. Il m’a demandé où j’habitais, comment s’appelaient mes parents, où ils étaient. Il m’a demandé si les autres policiers m’avaient mis des menottes. J’ai dit que non. C’était long. Le papier faisait 2 pages. A la fin, il m’a dit de signer. Je ne savais pas ce qui était écrit. J’ai juste vu écrit : procès verbal. J’ai signé, je n’avais pas le choix. Après, on est allé chercher ma copine. Elle ne voulait pas signer la feuille. Ils lui ont dit que si elle ne signait pas, ils ne la laisseraient pas sortir. A la fin, elle a signé.»

    Plus de 3 heures après avoir été interpellées à la gare de la Part-Dieu, les deux jeunes filles sortent donc de l’hôtel de police, relâchées dans la nature. Monika, 12 ans, aurait simplement subi une palpation sur tout le corps, y compris les seins, mais pas de mise à nue. Maria elle, est sortie très choquée. A aucun moment leurs parents n’ont été prévenus, elles n’ont vu ni médecin, ni avocat.

    Selon une source policière qui souhaite garder l’anonymat, l’absence de médecin et d’avocat serait normale car les enfants « n’ont pas été contraints ». Ils seraient « venus de leur plein gré » pour une « audition libre ». En ce qui concerne la fouille à nu, c’est impossible, selon la police, car interdit depuis mai 2011.

     

    Menotté à 12 ans, le bras en sang :

    Quelques jours auparavant, une autre histoire impossible s’était produite, mettant encore une fois en cause le comportement de certains policiers. Le récit des événements s’appuie sur le témoignage de l’enfant et de différents témoins.

    Roman (1) a 12 ans. Il fait la manche dans le métro en fin d’après-midi quand il aborde une passante qui le repousse. Probablement surpris par la réaction de la femme et se sentant agressé, il la pousse également et lui donne une tape au moment où elle se retourne pour partir. La main de l’enfant atterrit sur la partie postérieure de la dame. L’histoire aurait pu s’arrêter là. L’enfant n’a pas eu ce qu’il voulait et la femme a courageusement repoussé une tentative d’extorsion de quelques centimes par un enfant des rues qui faisait appel à sa générosité. Mais en réalité, l’histoire ne s’arrête pas là. Elle ne fait que commencer.

    A l’affût comme des chasseurs de gros gibiers, 3 policiers en civil surgissent et se précipitent sur l’enfant. Roman n’est pas vraiment un colosse. Il est même plutôt petit pour son âge. Il mesure 1m40 et pèse 45 kilos. Un de nos héros policiers sauveur de dame en détresse saute courageusement sur Roman et le projette contre un portillon en verre sécurit qui explose sous le choc. L’enfant a le bras en sang. Toute la scène est filmée par les caméras de surveillance. L’un des témoins raconte : « J’ai vu les policiers le traîner dans un coin à l’abri des regards. Beaucoup de sang coulait par terre. Un des policiers est parti en courant et les autres ont emmené le gamin derrière la porte qui donne sur les taxis. » Des copains de Roman essayent de pousser la porte pour rester près de lui. Ils sont violemment repoussés par les policiers qui se sentent probablement en grand danger face à deux enfants d’une quinzaine d’années. Les policiers mettent alors les menottes à Roman. Son bras ruisselle de sang, des traces sont encore visibles sur le sol plusieurs jours après les évènements. Ils le conduisent au poste de police de la gare.

    Ouf, mission accomplie pour nos gardiens de la paix. On est impatient de lire le rapport de police et leur version des faits. Pourquoi pas accuser le gamin d’agression sexuelle et de violences ? Qu’est ce qu’ils ne feraient pas pour gonfler les statistiques… La course aux chiffres devait disparaître, mais comme pour beaucoup de choses, le changement, c’est pas pour maintenant… Au poste de police, les policiers refusent d’abord à la famille de rentrer et puis ils laissent finalement passer la mère. Elle en ressort le passeport déchiré. A cet instant, les policiers connaissent l’âge de Roman et doivent donc en principe connaître également les procédures à respecter. Face à la blessure de l’enfant qui continue de saigner, les pompiers sont appelés et procèdent aux premiers soins. Puis les policiers décident de conduire l’enfant à l’hôtel de police sous les yeux de sa mère en larmes. La maman témoigne : « les policiers ont donné un coup de pied dans ma poussette avec le bébé et ils ont emmené mon fils avec les menottes et en le tenant par la gorge. Ils m’ont dit : dégage, ferme là… »

    A l’hôtel de police, Roman est placé dans la salle de garde à vue. Ici encore, les parents ne sont pas prévenus et pour cause, les policiers venaient d’écarter violemment la mère pour ne pas qu’elle reste avec son fils quelques instants auparavant. Ici encore, aucun avocat n’est appelé, ce qui constitue une violation des droits de l’enfant. Cette fois, en revanche, en ce qui concerne le médecin, on ne peut pas reprocher aux policiers d’avoir négligé l’aspect médical puisqu’ils décident de conduire l’enfant aux urgences. Les policiers déclarent alors au médecin que l’enfant s’est blessé en tapant dans un vitre. Ils ressortent de l’hôpital avec une radio rassurante du bras et un certificat médical qui disparaîtra mystérieusement du dossier. Au milieu de la nuit, les policiers emmènent Roman dans un foyer pour mineurs en disant qu’il a été trouvé à la rue, sans ses parents. Ses parents eux, paniqués, ne dormiront pas de la nuit, ne sachant pas où se trouve leur fils. Le lendemain ils retrouveront Roman traumatisé qui parle très peu. Son corps porte les stigmates de l’interpellation violente dont il a fait l’objet la veille: son avant bras est entouré par un large pansement et son poignet est noirci par les traces des menottes.

    Plus de 4 jours après les faits, un médecin constate : « l’avant-bras présente au tiers moyen des plaies en cours de cicatrisation et des ecchymoses du derme profond. Le poignet est aussi porteur de plaies en cours de cicatrisation et porteur de traces de striction. L’enfant se plaint d’avoir été très serré dans des menottes. »

     

    La loi, pourtant très claire, est violée:

    L’article 4 de l’ordonnance n° 45-174 du 2 février 1945 relative à l'enfance délinquante, récemment modifiée par les lois Perben I et II est le texte de référence concernant la garde à vue ou la mise en retenue des enfants mineurs. (2)

    Avant 10 ans, aucune mesure de retenue n’est possible sur un enfant.

    Entre 10 ans et 13 ans, l’enfant ne peut être placé en garde à vue, mais il peut être « retenu », on appréciera la nuance, pour les besoins d’une enquête. Pour être retenu, il faut 2 conditions. La première est que le mineur soit soupçonné d’un crime ou d’un délit que la loi punit d’une peine d’au moins 5 ans de prison. Par exemple un vol avec violences ou une agression sexuelle. La seconde condition est qu’un magistrat: juge ou procureur de la république autorise la mise en rétention de l’enfant. L’enfant peut alors être retenu 12 heures, renouvelables une fois. Dans le cas où les deux conditions contre le mineur sont réunies et que la mesure de retenue est appliquée, elle doit forcément être accompagnée de 3 mesures: les parents doivent être immédiatement prévenus, un médecin doit examiner l’enfant afin de s’assurer que son état de santé est compatible avec la rétention et enfin, un avocat soit s’entretenir avec l’enfant.

    Entre 13 ans et 16 ans, la garde à vue est possible, y compris quand le mineur est soupçonné d’une simple infraction. Les conditions sont à peu près les mêmes que pour l’enfant de moins de 13 ans, à ceci près que l’avocat n’est obligatoire qu’à la demande de l’enfant ou de ses parents. La loi est également très claire en ce qui concerne les auditions des enfants. Les interrogatoires des mineurs placés en garde à vue font l'objet d'un enregistrement audiovisuel.

     

    Le chantage à la garde à vue pour contourner la loi

    Lors de la réforme de la procédure de la garde à vue, on se rappelle tous de la levée de boucliers des syndicats de police qui nous expliquaient en substance que la présence d’un avocat dès le début des gardes à vue allait compliquer leur travail. Et bien, ils ont trouvé la parade… Elle s’appelle l’audition libre.

    L’audition libre est une procédure sans contrainte au cours de laquelle une personne est entendue par les services de police. Plus besoin de notifier la mise en placement, plus besoin de notifier de droits, plus besoin de médecin, plus besoin d’avocat. C’est magique, non ? Lors d’une interpellation, les policiers procèdent donc souvent à un chantage pour contourner la loi et les garanties que le législateur a voulu donner aux citoyens. Le chantage est simple : soit vous nous suivez volontairement pour une audition libre, soit vous refusez et nous vous mettons en garde à vue. Sauf que… Dans les cas des 3 enfants, il y a bel et bien violation de la loi. Pour un mineur de moins de 13 ans, en dehors d’une procédure de vérification d’identité, ce qui n’était pas le cas puisqu’une copie des papiers d’identité était en possession des policiers, on est forcément dans le cadre d’une procédure de retenue. Et lorsqu’on procède à la retenue d’un mineur de moins de 13 ans… On rentre dans le cadre de l’article 4 de la loi du 2 février 45 modifiée par la loi du 4 avril 2011. Par conséquent, les parents auraient dû être prévenus de la retenue, les enfants auraient dû être vus par un médecin et ils auraient dû s’entretenir avec un avocat.

    Pour Maria, qui elle a moins de 15 ans, l’absence de contrainte et le fait qu’elle soit venue « de son plein gré » est totalement contradictoire avec ses déclarations. Elle est formelle, elle a été emmenée à la voiture de police tenue par le bras et donc contrainte et forcée. La police pourrait prétexter pour elle qu’il s’agissait d’une mesure de vérification d’identité, mais alors pourquoi avoir procédé à une mise à nu partielle et à une fouille à même la peau ?  S’agirait-il d’une nouvelle technique pour vérifier l’identité d’un mineur ? D’autre part, à qui fera-t-on croire que deux filles de 12 ans et 14 ans se sont rendues de leur plein gré à l’hôtel de police de Lyon en plein après-midi ? Vous imaginez le tableau ? Tiens, on ne sait pas quoi faire, on s’embête un peu, il n’y a pas école, et si on allait faire un tour à l’hôtel de police pour se faire palper à nu par une femme policier… Enfin, le cas de Roman est pire encore puisqu’il a été menotté et emmené par un policier qui le tenait par une clé de bras autour du cou. Si ça, ce n’est pas de la contrainte, il faudra nous expliquer. Décidément, la police possède un langage bien à elle qui n’est pas vraiment le même que celui du simple citoyen.

     

    La mise à nu et les palpations des parties intimes

    Les cas de mises à nu abusives se sont multipliés ces dernières années. On rappellera simplement quelques exemples comme celui de ce couple de retraités de 70 ans convoqué à un commissariat et dont la femme « a dû se déshabiller complètement, sous-vêtements compris, tandis que son mari a été palpé en slip et en t-shirt. » (3) Ou encore cet homme de 63 ans arrêté pour défaut de permis de conduire et fouillé à nu 3 fois. (4) Même si depuis juin 2011, un arrêté (5) précise que la fouille intégrale avec mise à nu complète est interdite, il existe un lourd passif concernant le recours abusif des fouilles à nu par des policiers. Dans un rapport publié en janvier 2012 concernant les contrôles d’identité à l’encontre des jeunes issus des minorités, Human Rights Watch dénonce certaines pratiques policières notamment à Lyon: « Ils nous touchent de plus en plus les parties intimes », témoigne un jeune homme. L’organisation internationale regrette notamment l’absence de règles spécifiques concernant les palpations corporelles sur les enfants. (6)

    En ce qui concerne le témoignage de Maria, la police niera peut-être tout en bloc, à moins qu’elle ne joue sur les mots en parlant de mise à nu partielle et donc autorisée. Il restera néanmoins à expliquer les palpations à même la peau car les déclarations de jeune fille sont très choquantes. S’il ne s’agissait pas d’un policier, on pourrait parler à minima d’attouchements à caractère sexuel. D’autre part, quel est l’intérêt pour la police de procéder à des palpations sur les jambes de l’enfant, en partant des mollets et en remontant jusqu’à l’entrejambes à même la peau ? De nombreux autres cas de palpations à même la peau ont également été recensés. Une palpation sert à s’assurer que rien n’est dissimulé, non ? Sur une chemise, un jean, un pantalon, cela à un sens, mais à même la peau ? Quel est donc le but poursuivi par les policiers lors de ces palpations ?

    Mais au-delà de ces questions, ce qui est profondément choquant et inadmissible, c’est qu’en France, dans un pays démocratique qui vient d’élire un président socialiste, un citoyen et à fortiori un enfant mineur puisse se retrouver seul dans une salle avec un policier qui lui demande de se déshabiller et que ce dernier puisse procéder à des palpations sur son corps, à travers des vêtements ou à même la peau, sans personne pour contrôler ce qui se passe. Ni médecin, ni avocat, ni même aucun autre témoin. Combien de mineurs ont-ils été ainsi palpés, touchés, humiliés ? Combien de plaintes ont été déposées ? De quels moyens les parents disposent-ils pour prouver la véracité des faits avancés par leurs enfants ? C’est parole contre parole… Et on sait ce que cela signifie face à un fonctionnaire de police assermenté.

     

    La méconnaissance du code de déontologie de la police :

    En juin 2012, le Défenseur des Droits a remis son rapport à François Hollande. Il fait état de violences policières persistantes: menottage systématique, insultes, brutalités entraînant parfois la mort. Alors que le nombre global de dossiers reçus dans les quatre domaines d’activité du Défenseur a baissé de plus de 3 %, les plaintes concernant la déontologie de la sécurité ont explosé avec une augmentation de 96 %. (7)

    Garde à vue qui ne dit pas son nom et masquée par une prétendue audition libre à laquelle on emmène les enfants manu militari, usage des menottes sur un enfant de 12 ans, mise à l’écart des parents, fouille à nu partielle, palpations à même la peau, obligation faite aux enfants de signer des procès verbaux qu’ils ne comprennent pas, absence d’avocat, absence d’examen médical, absence d’enregistrement video des auditions… En plus d’une violation de la loi pour certaines d’entre elles, toutes ces dérives constituent très clairement une violation du code de déontologie de la police qui précise notamment dans son article 10: « Toute personne appréhendée est placée sous la responsabilité et la protection de la police ; elle ne doit subir, de la part des fonctionnaires de police ou de tiers, aucune violence ni aucun traitement inhumain ou dégradant. »  (8) Cet article précise en outre: « Le fonctionnaire de police qui serait témoin d'agissements prohibés par le présent article engage sa responsabilité disciplinaire s'il n'entreprend rien pour les faire cesser ou néglige de les porter à la connaissance de l'autorité compétente.»

    Ironie de l’histoire, le code de déontologie de la police date du 18 mars 1986. Elle est signée par un certain Laurent Fabius, Premier Ministre de l’époque et Pierre Joxe, Ministre de l’Intérieur. 26 années se sont écoulées depuis. Laurent Fabius est à nouveau en responsabilité aux plus hautes fonctions de l’Etat. Quant à Pierre Joxe, il exerce une activité d’avocat spécialisé dans le droit des enfants. On espère qu’ils se pencheront, ainsi que le gouvernement, sur ces exemples qui ne sont ni des exceptions, ni l’apanage de la police. Dans un article mis en ligne en septembre 2012, Louise Fessard dénonce également dans Médiapart les pratiques illégales de certains gendarmes contre des enfants roms. (9)

    On imagine l’effet destructeur de ce genre de traitement sur des enfants qui subissent des traumatismes à la fois physiques et psychologiques. Ces pratiques sont d’autant plus scandaleuses qu’elles sont commises par des agents dépositaires de l’ordre public et visent des enfants qui devraient être protégés plutôt que pourchassés, violentés et humiliés.

    Après l’affaire Neyret à Lyon, celle des policiers de Vénissieux mis en examen pour corruption, les fonctionnaires de la BAC écroués à Marseille pour vol, racket et trafic de drogue, il y a vraiment des pratiques à revoir de toute urgence au sein de la police française.

     

    (1) Les prénoms ont été modifiés

    (2) http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexteArticle.do;jsessionid=B8926A431D899272A108C6A693FFD5E5.tpdjo08v_2?idArticle=LEGIARTI000023876789&cidTexte=LEGITEXT000006069158&dateTexte=20120727

    (3) http://www.cnds.fr/avis/reponses_nov_08/Avis_2007_130.pdf

    (4) http://www.liberation.fr/societe/0101636431-fouille-a-nu-a-trois-reprises-pour-defaut-de-permis-de-conduire

    (5) http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=D097B418CC0952D6709EC4920C9E5F1C.tpdjo08v_2?cidTexte=LEGITEXT000024146234&dateTexte=20120727

    (6)  http://www.hrw.org/fr/news/2012/01/26/france-des-contr-les-d-identit-abusifs-visent-les-jeunes-issus-des-minorit-s

    (7) http://defenseurdesdroits.fr/documentation

    (8) http://www.interieur.gouv.fr/misill/sections/a_l_interieur/la_police_nationale/deontologie/code-deontologie/

    (9) http://www.mediapart.fr/journal/france/140912/des-gendarmes-varois-racontent-les-pratiques-illegales-contre-les-roms