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Les paradoxes de la « démocratie » : exemple de l’affaire Charlie Hebdo


Je ne tiens plus, j'ai pourtant essayé de prendre des distances concernant ces sujets, mais après la pelleté d'immondices encore une fois jetée au visage des musulmans il m'a fallu réagir en écrivant un article.

Ce que je ne saisis pas bien dans cette affaire ce n'est pas en soit les caricatures de Charlie Hebdo car en tant que farouche partisan de la démocratie, je pense que ces caricatures doivent pouvoir être publiée même si le but pour moi était simplement de choquer une communauté déjà largement stigmatisée et non pas de plaisanter, mais après tout cela est subjectif. Ensuite, je vois le gouvernement et les divers gardiens de la bonne morale (je pense à des gens comme Zemmour, BHL mais aussi la très grande majorité des médias de masse, et toute la secte laïque et bien pensante...) invoquer la formule de « liberté d'expression ». Admettons, jusqu'ici je dirais : « tout va bien ». Nous pourrions alors nous mettre d'accord sur le fait que la liberté d'expression doit être accordée à tous les niveaux, quand bien même l'avis défendu (du moment qu'il est défendu de façon pacifique et en accord avec le respect des droits de l'Homme) est totalement contraire à notre position. Pour ma part je m'oppose farouchement aux avis contre lesquels je suis, cela dit je serais prêt à me battre pour que ces idées puissent tout de même avoir fenêtre sur cour car c'est pour moi un fondement immuable des démocraties modernes (qui est rarement respecté), c'est certainement ce qui va se passer à travers les réactions et les commentaires de cet article, et mêmes si vos interventions sont un peu musclées, me mettent dans tous mes états, me semblent incroyablement abusives, je ne suis personne pour imposer un monopole de la bonne parole.

« Si l'on ne croit pas à la liberté d'expression pour les gens qu'on méprise, on n'y croit pas du tout » (Noam Chomsky).

Alors pourquoi cette liberté d'expression si fortement clamée ne s'applique pas au droit des musulmans à manifester contre ces caricatures ? Je parle de façon pacifique, je n'appelle pas à brûler des ambassades. Le fait est que les réactions d’extrémistes musulmans à travers le monde entier ne reflètent absolument pas l'islam français et qu'on prend à chaud un débat en accusant les musulmans de ne pas prendre cela sur le ton de l'humour. Tout d'abord c'est un droit de ne pas en rire, ensuite pourquoi dîtes vous cela à une communauté qui n'est absolument pas responsable des réactions encore une fois largement extrapolées par la presse ? Dans la vitesse et certainement une forme de pression idéologique, les médias diffusent des images de violence sans prendre le temps d'expliquer le contexte et surtout de marginaliser ce genre de procédé qui ne reflète absolument pas l'islam dans son ensemble. On montre des images choc, on laisse s'exprimer (très rapidement) les plus extrêmistes, ou des gens qui parlent mal le français ensuite l'amalgame est facilement faisable. On passe toutefois beaucoup plus de temps à parler de l'Iphone 5 et de son mode d'emploi. Triste constat intellectuel, mais je ne serais pas le premier à pleurer de honte devant un Journal télévisé de grande écoute.

Les médias créent et s'emparent d'un faux débat, personne ne prend le temps de démêler le vrai du faux et on sert cette soupe amère à tout le monde. Franchement un tel film et de telles caricatures auraient mieux fait d'être ignorés car sincèrement, ne paniquez pas, l'islam n'est pas un problème, du moins pas en France, même si de sublimes processus de désinformations tentent de nous vendre ce mythe. « L'islam nous est présenté comme une menace interne, par l'exagération systématique du problème de l'immigration, et externe, par une politique étrangère hostile à la Turquie, plus encore à l'Iran, et par l'envoi de troupes "civilisatrices" en Afghanistan. » (Emmanuel Todd).

Ensuite soyons cohérent, les états et les lobbyings financiers pressent le monde depuis trop longtemps, la nouvelle application de la règle d'or va bientôt être appliquée en Europe, après un premier référendum négatif, ils ont fini par nous faire passer le traité de Lisbonne en catimini et se préparent à refaire la même chose sans même nous consulter alors que 72% des français souhaiteraient voter par référendum concernant l’application d'une nouvelle loi d’austérité (sources Lemonde.fr). Et pourquoi ces mêmes médias bien pensants, ce même gouvernement qui ne fait que poursuivre les réformes entamées par Sarkozy, pourquoi ces gens là ne crient pas au scandale et au droit à la liberté d'expression ? Lorsqu'une injustice flagrante va dans le sens de la pensée dominante, personne ne s'émeut, les réformes passent et le reste suit son cours.

Mes amis je vous le dis, ces affaires de caricature sont encore une fois un chiffon rouge agité pour nous distraire des vrais enjeux. On divise pour mieux régner, on pointe une ennemi du doigt, on joue avec les tentions communautaires, on se pose les mauvaises questions mais au final nous serons tous dans le même bateau (et nous le sommes déjà) d'un monde dérégulé par les empires financiers et les états à leur service. Ne tombons pas dans ce vulgaire piège, n'accusons pas les mauvaises victimes et surtout analysons finement ces concepts de liberté d'expression qui ne prévalent que pour certaines personnes et quand cela les arrange. On voudrait nous amener vers le consensus mais le consensus se fabrique.

« Les islamistes radicaux, ou extrémistes, souvent appelés « fondamentalistes », ont été choyés par les États-Unis dans les années 1980, parce qu'ils étaient les meilleurs tueurs au monde. Dans ces années-là, l'ennemi principal des États-Unis était l'Église catholique, qui avait commis, en Amérique latine, le grave péché de prendre « le parti des pauvres » et qui a cruellement souffert de ce crime. L’occident est parfaitement œcuménique dans le choix de ses ennemis. Ses critères sont la soumission et les services rendus au pouvoir, et non la religion » (Noam Chomsky).

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