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Societe - Page 43

  • QUEL AVENIR POUR NOS QUARTIERS ?

    Posté par 2ccr le 14 septembre 2012


    Nous nous alarmons 
    de la violence qui parcourt l’humanité, alors que cette violence fonde nos rapports et est intrinsèque à nos modes de fonctionnement. Un enfant livré à lui-même, qui voit ses parents à la dérive, qui ne peut être scolarisé dans des conditions normales, qui a faim toute la journée, ne subit-il pas une violence ? On ne rend que ce qui nous a été donné, on communique par les moyens avec lesquels on nous a habitués à communiquer. La violence est un mal inoculé par la société.

    Les cités sont la part d’ombre de la nouvelle économie libérale. La misère qui y sévit est utile au système, c’est une pression permanente comme celle des pays riches sur les pays pauvres. Un espace de silence où La République entasse ce quelle ne veut ou ne sait pas prendre en compte. Le système est inadapté à offrir des solutions à ces quartiers car il repose sur sa capacité à exclure et à discriminer.

    Il y a sur le terrain un réel dégout de la politique et de ses cortèges de discours et de promesses sans lendemain. Il n’est plus admissible, en effet, que les politiques soient à ce point en décalage avec la réalité de notre société prise dans toute sa diversité. Il appartient donc aux pouvoirs de choisir : laisser ces populations à l’abandon ou faire le constat de leur incapacité à répondre aux réalités du terrain et d’en tirer les conséquences.

    Etre dans ces ghettos est presque toujours un non choix. La vision des medias et des hommes de pouvoir repose sur un schéma mental où on ne voit plus des femmes et des hommes, des citoyens, mais un quartier, des problèmes, une entité globale opaque. Là aussi pour ces cités, les autorités n’arrivent pas à faire la différence entre une partie et un tout. Une étiquette est collée définitivement sans rachat possible. La violence est omniprésente, les habitants désœuvrés la subissent, quotidiennement dans la cité, et à l’extérieur par un discours d’exclusion. Ce rejet est total, devant les boites de nuit, devant la justice aveugle, devant des policiers qui se croient tout permis au nom de cette étiquette, devant les medias, devant l’école, devant le regard des autres citoyens. L’humiliation est totale, la condamnation permanente, la stigmatisation incessante !

    Sur ce terreau les petits caïds rallient à eux même les plus modérés des habitants lorsque l’on polarise l’opinion dans un schéma d’opposition. L’Etat brille par son absence et le peu de moyens qu’il déploie dans ces quartiers. Les collectivités locales écrasent de leur mépris tous les acteurs sociaux, car là aussi il n’y a de place que pour le clientélisme et le paternalisme.

    Face à  ce délabrement et à l’absence de projet, le citoyen veut partir et sauver ses enfants. Certaines communautés se réfugient dans des valeurs propres à leurs cultures et sont  injustement diabolisés comme servant des idéologies étrangères. De nouvelles forces profitent de cet espace vide pour s’installer et développer un autre choix de société en réaction au rejet général. La seule et unique solution consiste en un plan Marshall pour les cités. Il est anormal de laisser persister des zones où La République ne fait pas face à ses devoirs !

    Il convient de faire passer les cités des rubriques des faits divers à la rubrique politique. Les ghettos répondent au principe d’Heisenberg, qui veut que lorsque deux facteurs sont liés, quand on accroit l’un, l’autre diminue. En augmentant l’action sociale, les infrastructures, les moyens d’éducation, les contrats locaux de sécurité, les crèches, les emplois, la présence de l’Etat, on diminue la violence, le sentiment d’exclusion, l’incivisme, l’échec scolaire, la toxicomanie, le désarroi… Il est temps de faire entendre un projet constructif et pertinent et non pas accompagner la démagogie ambiante.

    A. BLIDI

    Voir également : QUARTIERS IMPOPULAIRES

    « Il n’est point nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer »…GUILLAUME 1ER dit « Le Taciturne »« 

     
  • LE CHIFFRE : 10 KM/H

    LE CHIFFRE : 10 KM/H

    Posté par 2ccr le 16 septembre 2012


    10km/h, c’est la vitesse maximale
     désormais autorisée sur la piste cyclable du front de mer à Cagnes sur Mer, dans les Alpes-Maritimes. Les cyclistes qui ne respecteront pas la limitation encourront désormais 35 euros d’amende. Cette mesure a été mise en place, parait-il, uniquement pour protéger les piétons des accidents de vélos ! Mais le problème est que les cyclistes dont les vélos ne sont pas équipés de compteur de vitesse n’ont aucun moyen de savoir s’ils sont en infraction.

    Il faudra donc avoir obligatoirement un compteur sur son vélo sous peine d’une autre amende, pour défaut de compteur ! Pourquoi pas également un éthylotest comme dans les voitures, et comme il s’agit d’un parcours en front de mer, on peut imaginer de rendre également obligatoire un gilet de sauvetage ou une bouée en cas de chute dans la grande bleue ! Jusqu’où ira …

    Tout ce grand cirque risque surtout de décourager les cyclistes qui ont choisi de laisser leur voiture au garage pour se déplacer écologiquement. Et il serait sûrement plus intelligent de faire de vraies pistes cyclables bien délimitées. Comme pour les voitures on se demande où commence la prévention et où finit le racket des usagers !

    Sous prétexte de sécurité, on essaie de tout contrôler, de tout réglementer, de tout aseptiser. Il faut tendre vers le risque zéro, il faut enlever toute idée de dialogue, de concertation ; non, pour le bonheur et la sécurité de tous, il faut sévir, punir, frapper au porte monnaie. Ce qui est drôle, c’est que le maire de Cagnes sur mer fait partie de l’UMP, il devrait savoir que le plus grand nombre d’accidents se produisent dans le milieu du travail, mais là son parti n’a plus envie de contrôle ou de règlement, au contraire. Pour le bonheur des salariés, à l’UMP on met tout en œuvre pour promouvoir l’insécurité sociale.

    Après cagnes sur Mer, on arrive à Nice, et sur la célèbre promenade des anglais de nombreuses personnes se déplacent en rollers, et côtoient les joggers, qui eux-mêmes passent à proximité des piétons, et des…cyclistes !!! Quelle décision va prendre le maire de Nice pour mettre fin à cette zone d’insécurité ? Va-t-il falloir délimiter une vitesse pour chacun et mettre des radars multifonctions ? Va-t-on mettre en place des contrôles ? Faudra-t-il posséder un permis de vélo ou de rollers ? Devrons-nous bientôt  demander une permission pour courir, ou simplement pour marcher ?

    A Rouen, la municipalité a mis en place un radar  pour piéton. Celui-ci se trouve rue de la Poterne, rue désormais limitée à 3 km/h pour les piétons. À la différence de Cagnes-sur-Mer, cette limitation et son radar sont fictifs. Ils sont présents pour sensibiliser les passants au patrimoine culturel devant lequel ils marchent sans y prêter attention. Voila, on a la ville et le maire que l’on mérite.

    A lire également : JE SUIS POUR !

    « La démagogie est à la démocratie ce que la prostitution est à l’amour »…Georges ELGOZY

  • L’ARROGANCE DU SHOW BIZZ

    L’ARROGANCE DU SHOW BIZZ

    Posté par 2ccr le 28 mars 2012

    L’ARROGANCE DU SHOW BIZZ Quelle est la légitimité de Florent Pagny pour dire à Philippe Poutou lors de l’émission « on n’est pas couché » : « travailler 32H, ce n’est pas possible pour tout le monde, moi je fais beaucoup plus ! » Ce monsieur fait donc plus que 32H par semaine, mais 32H de quoi ? D’écrire des chansons, de jouer avec des musiciens, de passer à la télévision ou de donner des concerts ? Bref de faire sa passion, de nombreux français s’ils pouvaient vivre grassement de leur passion feraient plus de 35H par semaine. Mais est-ce que Florent Pagny sait ce que c’est de travailler pour un salaire qui permet juste de survivre comme des millions de français ? Est-ce qu’il sait ce que c’est que d’avoir des horaires imposés par un patron, d’avoir derrière son dos un chefaillon toute la journée, d’être obligé de fermer sa gueule parce que l’on a peur d’être licencié. De ne pouvoir prendre des congés seulement aux dates imposées par l’entreprise. Ce monsieur devrait au moins avoir la décence de se taire.

    Lorsque Hélène Ségara se permet de dire qu’elle sait ce que c’est que la galère alors qu’a 23 ans elle enregistrait son premier disque et connaissait le succès à 25. Elle se la joue en disant « je fais travailler du monde », elle ne se rend pas compte que c’est surtout les français qui la font travailler ! Directement en achetant ses CD et en allant l’écouter et indirectement en mettant à sa disposition les infrastructures qu’ils payent avec leurs impôts ! Elle a réussi, tant mieux pour elle, elle a du talent, c’est bien, mais elle doit comprendre que ce n’est pas pour cela que d’autres méritent la galère dans laquelle ils se trouvent. Pour réussir il faut aussi une bonne dose de chance et nombres de personnes pétris de talents n’ont pas percé parce qu’ils n’ont pas rencontré les bonnes personnes ou ne se sont pas trouvé au bon endroit au bon moment, alors elle ne peut pas se poser en donneuse de leçons !

    Lors d’une émission, j’ai même entendu un représentant de cette « classe laborieuse » déclarer qu’il ne comprenait pas cette polémique sur le travail dominical et au nom de quoi l’on empêcherait les gens de travailler le dimanche, lui-même travaillait le dimanche et ne comprenait pas le problème ! Cet idiot ne s’est même pas dit que si les gens travaillaient le dimanche, ils ne seraient pas à ses spectacles ! Et lui aussi confond travail obligatoire et subi  avec passion choisie et  lucrative.

    Lorsque des humoristes « Les Lascars Gays » à une émission sur une chaine du service public, donc financé en partie par nos impôts, trouvent facile de faire des gags sur le personnel de la poste, on se dit qu’ils ont choisi leur « camp » ! Est-ce qu’ils savent que des personnels de la poste, et de France télécom se suicident ? Que savent-ils des conditions de travail de ces gens dont ils se moquent ? Ce rendent-ils compte que ce dénigrement perpétuel des salariés des entreprises publiques fait le jeu des capitalistes qui ont entrepris de détruire toutes les solidarités afin de les remplacer par des services payants et lucratifs. Evidement une bonne blague sur les fonctionnaires ne coute pas cher et fait toujours plaisir à des gens bien placés, ça peut toujours servir ! D’ailleurs, tout le monde se souvient des bons mots de Coluche sur les fonctionnaires, mais est-ce que quelqu’un se rappelle de ses blagues sur le Medef par exemple ? On fait toujours plus de mal en se moquant des pauvres qu’en vilipendant les riches !

    Les Réno, Depardieu, Clavier, Johnny ou autres vénèrent le fric,  caressent la main qui protège leurs intérêts, en oubliant que ce sont les pauvres qui les nourrissent. . Ils ont remplacé la petite noblesse qui vivait sur le dos du peuple. Cette classe de privilégiés perpétue le système en se cooptant ou en plaçant leurs proches et leurs familles dans un système très lucratif. L’on ne verra bientôt plus que les fils de, les cousins de, les frères ou sœur de…si le métier était si pénible et mal payé, ils seraient moins pressés d’y trouver une place pour leurs rejetons. Nombres d’entre eux en plus de profiter du système, de faire un maximum d’argent en France, vont tranquillement ensuite s’installer à l’étranger pour échapper au fisc. Alors messieurs continuez à nous amuser mais ne  parlez pas de ce que vous ne connaissez pas, et cesser de vous comporter en parasites.

    Il est loin le temps ou des acteurs comme Mastroiani reconnaissaient qu’ils vivaient de leur passion et que ce n’était pas un travail. Mastroiani disait qu’il avait de la chance et ne comprenait pas ces jeunes acteurs qui se la jouaient en déclarant que le métier était dur, le tournage de tel film épuisant, ou qu’il faut beaucoup travailler : ils n’ont qu’à aller à l’usine et ensuite on en rediscute !

    « L’argent pollue toute chose et dégrade inexorablement la personne humaine »…A.EINSTEIN

  • Le planteur de cannabis

     

    Le planteur de cannabis qui voulait être jugé comme un criminel
    Emmanuelle Germain | Journaliste

    Pierre-Michel Zipstein, 57 ans, fume entre cinq et dix joints par jour. Depuis trente ans, il fait pousser du cannabis chez lui, près de Carlucet dans le Lot. Il ne deale pas, mais le consomme avec ses amis. Il a été coincé il y a trois ans.

    Engagé au Circ – mouvement prônant la dépénalisation du cannabis –, il a alors mené jusqu’à la Cour de cassation une bataille étonnante : il a exigé d’être jugé non pas par un tribunal correctionnel, mais par le jury d’une cour d’assises spéciale : la loi considère en effet comme un crime la production de stupéfiants. Mais sa croisade, visant à mettre en lumière l’absurdité de la loi, a échoué : mercredi, la Cour de cassation a rejeté son pourvoi.

    Une législation kafkaïenne

    Août 2009 : M. Zipstein est poursuivi pour la détention de 29 pieds de cannabis. Son avocat plaide par l’absurde l’incompétence du tribunal correctionnel de Cahors : il n’est pas qualifié pour juger des crimes. Les juges ne tiennent pas compte de ce qu’ils considèrent comme une provocation et condamnent Zipstein à 10 000 euros d’amende et douze mois de prison, dont six ferme.

    Il fait appel en soulevant une question prioritaire de constitutionnalité devant la cour d’Agen sur la question de l’absence de définition du mot « stupéfiant ». Jugée « sérieuse » par le tribunal d’Agen, la QPC est transmise à la Cour de cassation. C’est un échec. L’affaire revient donc devant la cour d’appel d’Agen où M. Zipstein argue à nouveau de l’incompétence de la juridiction correctionnelle. Pas de surprise, c’est un rejet.

    En dernier recours, il forme un pourvoi en cassation contre cet arrêt. Mais la Cour de cassation a rejeté sa demande en validant ce mercredi l’arrêt attaqué. Son avocat, maître Caballero, dénonce une pratique illicite du parquet. Il explique :

    « Pour le cannabis et les stupéfiants, les principes généraux du droit sont souvent violés par la jurisprudence et en particulier par la chambre criminelle de la Cour de cassation. En rejetant le pourvoi, elle dit que les tribunaux correctionnels sont compétents pour juger les planteurs. C’est une fois de plus une violation de la procédure pénale, du droit pénal, et des principes normaux dans une société démocratique. Ça me choque, la loi est mal faite. »

    Des peines inapplicables ?

    Les faits reprochés constituent un délit de détention de stupéfiant (article 222-37 du code pénal) mais aussi un crime de production (article 222-35), une infraction relevant de la compétence exclusive de la cour d’assises spéciale (article 706-27 du code de procédure pénale).

    L’avocat dénonce une technique de « correctionnalisation » du parquet, pratique illégale qui consiste à négliger la primauté de la qualification criminelle sur la qualification correctionnelle.

    Cette mauvaise habitude évite l’encombrement des cours d’assises spéciales et permet de mieux contourner la loi. Car « vingt ans de réclusion pour quelques plants de cannabis dans son jardin, c’est une peine manifestement disproportionnée », souligne maître Caballero.

    Hippie des premières heures qui assure ne pas être « redescendu depuis l’île de Wight en 68 », héritier d’une famille enrichie dans la distribution (les magasins Hamon), Pierre-Michel Zipstein revendique son mode de vie :

    « Depuis plus de quarante ans, la justice m’ennuie pour le cannabis. J’ai bientôt 60 ans et je continue à me battre pour sa légalisation. Je n’ai pas le choix : je suis consommateur, j’en fais pousser, ils me poursuivent, donc je me défends. »

    « J’adore la peine de prison »

    Sur sa propriété de 50 hectares, ce « pur et dur » comme il se décrit, ne craint plus les hélicoptères de la gendarmerie qui repèrent ses plantations :

    « Je continue de planter pour ma consommation. Je me bats pour les 5 à 10 millions de consommateurs que nous sommes en France et que la justice ne veut pas reconnaître. »

    Il ne craint pas la prison ou le bracelet qui l’attend :

    « J’adore la peine de prison qu’on me donne à chaque fois ! De toute façon, ils ont fermé la prison du coin donc ils vont devoir me mettre un bracelet électronique. Sauf que moi, je suis hippie, j’adore les bracelets ! Ce qui m’ennuie le plus dans l’histoire, c’est cette amende. »

    Jardinier bio, Zipstein milite chez les Verts. Mais sa philosophie de vie va au-delà d’un banal engagement politique : 

    « La guerre de la drogue, ça fait quarante ans qu’elle dure, et c’est toujours les mêmes hypocrisies. Moi, ça m’est égal, je suis là pour continuer l’histoire, de toute façon je suis déjà tellement repéré, ils ne peuvent pas me repérer plus ! Faudrait que la loi change et elle va changer. La lutte continue tant que le cannabis ne sera pas dépénalisé ou légalisé. »


  • Label BIO:Ah ces Incorrigibles Italiens...

    Comme si les fraudes n'existaient pas, la réglementation européenne autorise désormais toutes les dérives. 

    C'est une affaire dont la presse n'a pas fait ses choux gras. En décembre, la police italienne a démantelé un énorme trafic de faux produits bio. Les margoulins, soupçonnés d'être liés à la mafia, avaient trouvé la combine: acheter en Roumanie des céréales et des fruits secs bon marché, transformés en produits bio grâce à de faux documents, et revendus quatre fois plus cher à des grossistes qui n'y voyaient que du feu. Neuf pays européens, dont la France, ont profité de ces marchandises pleines de pesticides, dûment étiquetées « bio ». 

    Depuis cinq ans que durait le trafic, des milliers de tonnes de faux produits bio auraient ainsi été écoulées pour un paquet d'oseille, au moins 220 millions d'euros. Parmi les fraudeurs, cinq dirigeants italiens d'entreprises agroalimentaires et ça ne s'invente pas - deux responsables d'organismes de certification censés contrôler la filière bio... 

    Question : quelles quantités de céréales, pâtes alimentaires, farine de froment, raisins secs ou huile de tournesol faussement bio les consommateurs français ont-ils ingurgitées ? Huit mois après ce joli coup de filet, on n'en sait que pouic. Comme d'habitude, la Répression des fraudes, dont la mission est de traquer les tricheurs, est dans les choux. Incapable d'apporter la queue d'une précision. Au ministère de l'Agriculture, on parle de 7 000 tonnes importées en deux ans. 

    Ça la fiche mal quand on sait que 32 % du bio qui est dans notre assiette est importé. Même si les prix sur l'étiquette sont de 20 à 50 % plus élevés, les ventes de bio, chez nous, ont quadruplé en dix ans. 

    Pour ne pas tuer la poule aux œufs d'or - un marché annuel de 4 milliards - , les tenants français de l'agriculture biologique font valoir que leur filière est archi contrôlée. 

    « AB », ah bon ? 

    Au fait, comment ça marche, les contrôles du bio en France ? Neuf organismes certificateurs sont chargés de repérer les tricheurs parmi les 22 500 producteurs et 7 400 transformateurs qui arborent le fameux logo « AB ». Ces gendarmes du bio épluchent les dossiers de candidature et renouvellent, ou pas, les licences octroyées pour un an. On compterait chaque année une petite centaine de suspensions ou de retraits de licence. Dans sa chasse aux filous, la Répression des fraudes intervient en deuxième ligue, sur les étals. Ou plutôt sur le papier, parce qu'elle n'a pas les troupes suffisantes pour veiller au grain. D'ailleurs, quand on demande le nombre et le résultat des contrôles à la chef de cabinet du patron, responsable de la com', c'est silence radio. 

    Mais, qu'on ne s'y trompe pas, la vraie menace qui pèse sur le bio, ce n'est pas la fraude mais une entourloupe parfaitement légale, et même encouragée par l'Europe : le bio « industriel ». Un oxymore inventé par de puissantes coopératives agricoles liées aux géants de l'agroalimentaire. 

    Une nouvelle réglementation, pondue par Bruxelles, a rendu possible cette dérive. Quand vous achetez votre poulet bio, vous n'imaginez pas un instant qu'il ait pu être élevé dans un poulailler de 25 600 places. C'est pourtant ce qu'autorise, depuis 2009, le logo « AB » revu par la Commission européenne. Et, du côté des pondeuses bio, il n'existe aucune limite de taille pour les ateliers. 

    Privilège du bio, les poulets profitent toutefois, dès leur âge adulte, d'un parcours extérieur où ils peuvent s'ébattre en journée sur... 40 cm2 chacun. Mais la promiscuité leur tape sur les nerfs, et ils sont souvent « ébecqués » pour ne pas s'étriper. Enfin, le poulet bio a désormais droit, une fois par an, à des antibiotiques et, sans aucune limite, aux traitements antiparasitaires. 

    Poulet ou pigeon ? 

    Autrefois, la réglementation imposait qu'au moins 40 % du menu des volailles soit cultivé dans la ferme. Aujourd'hui, l'éleveur bio n'a plus à se décarcasser pour faire pousser lui-même blé ou maïs : il peut acheter toute la pitance à l'extérieur. Exit, le sacro-saint « lien au sol »qui garantissait la traçabilité et une transparence sur le contenu de la gamelle. 

    Tout cela permet de faire du poulet bio en système « intégré », pour le plus grand bonheur des monstres coopératifs qui ont investi le créneau. Comme Terrena (4 milliards de chiffre d'affaires annuel) ou Maïsadour (1,2 milliard), filiale du géant suisse de l'agrochimie Syngenta. Simple exécutant,l'éleveur bio se contente d'engraisser en quatre-vingt-un jours des volailles qui ne lui appartiennent pas, nourries avec des aliments fournis par la coopérative. Comme son cousin industriel, le poulet estampillé « AB » se goinfre désormais de soja importé, certes bio, mais qui peut contenir jusqu'à 0,9 % d'OGM sans perdre son label. Un aliment hypercalorique moins cher que le maïs ou le blé. Sauf qu'en s'approvisionnant à bas coût sur les marchés internationaux on n'y voit pas toujours plus clair sur la qualité du produit. Il y a quatre ans, Terrena s'est fait refourguer par les Chinois 300 tonnes de tourteaux de soja bio contaminé à la mélamine... 

    La qualité aux fraises 

    Le consommateur, lui, ne décèle aucune différence sur l'étiquette quand il achète son poulet bio. Le gallinacé élevé dans une ferme traditionnelle, où il picore ce qui pousse sur place, et la volaille produite en élevage intensif ont droit au même logo « AB ». 

    Avec les fruits et légumes bio, au moins, il ne devrait pas y avoir de mauvaises surprises. Eh bien, si ! Grâce à l'Europe, on peut produire hors-sol dans des serres géantes. La mode du bio a même gagné la province de Huelva, en Espagne, l'usine à fraises de l'Europe, avec 7 000 hectares de serres qui produisent toute l'année. « Un des plus gros maraîchers du coin, qui faisait de l'intensif, produit aujourd'hui des fraises bio en exploitant les mêmes immigrés et avec quasiment les mêmes techniques agricoles dans les mêmes serres », raconte Philippe Baqué, coauteur du décapant livre La bio entre business et projet de sociétéAu lieu de plonger les racines dans du gravier ou de la laine minérale, on utilise du sable, isolé du sol par une enveloppe en plastique, le tout irrigué au goutte-à-goutte. Et rebelote : aucune différence de logo entre une tomate bio cultivée en plein champ par un producteur local et une autre élevée hors-sol et hors saison. 

    C'est bio comme l'antique !