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Societe - Page 23

  • Maroc : Adoptions


    Le ministre de la Justice, Mustafa Ramid, a interdit l’adoption aux couples qui vivent à l’étranger. Argument : il y aurait un risque de changement de religion. Mais est-ce bien raisonnable ?

     

    Au moment où vous lisez ces lignes, quatre-vingts enfants orphelins ne sont plus sûrs d’avoir une famille. Pourtant, les démarches administratives étaient bouclées par les familles étrangères, en majorité espagnoles, mais aussi françaises, belges et mêmes australiennes, qui désirent les adopter.

    Tout était fin prêt jusqu’à ce qu’une circulaire s’en mêle… Le 19 septembre, le ministre de la Justice et des Libertés, Mustafa Ramid, a adressé aux procureurs des différents tribunaux une note administrative (N°40 S/2). Une note qui opère un changement radical dans les procédures d’adoption. Elle interdit dorénavant aux personnes non résidentes au Maroc le droit à la kafala, soit la prise en charge de l’enfant sans être une adoption au sens strict du terme (la seule méthode d’adoption compatible avec l’islam et permise au Maroc). La décision concerne aussi bien les familles étrangères que les couples de Marocains résidant à l’étranger.

    Depuis la publication de l’information, la polémique a fait boule de neige. Le Parlement s’en est emparé, suscitant un nouveau couac au sein de la majorité entre le PJD et le PPS. La députée PPS et ancienne ministre de la famille, Nouzha Skalli, s’est publiquement opposée à la décision de la majorité, appelant à l’annulation de la circulaire lors de la séance des questions orales au Parlement le 7 novembre.

    Une réaction qui fait écho à l’indignation de la société civile qui s’est constituée en collectif, le « Collectif Kafala », regroupant six associations parmi les principales œuvrant dans le domaine de l’enfance (SOS Villages d’Enfants, l’Association Bébés du Maroc, la Fondation Rita Zniber, l’Association Dar Atfal Al Wafae,  l’Association Osraty et l’association Amis des Enfants).

    Si cette circulaire ministérielle suscite autant d’émoi, c’est parce qu’elle a de lourdes conséquences sur l’avenir des petits orphelins marocains. « Près de 50% des kafalas étaient jusque-là accordées aux étrangers et aux MRE », observe Béatrice Beloubad, directrice du bureau national de SOS Villages d’Enfants et membre du « Collectif Kafala ».

     

    Contrôle religieux

    Selon une étude menée par la Ligue marocaine pour la protection de l’enfance, une instance officielle, près de 6 000 enfants sont abandonnés chaque année au Maroc. L’association Insaf estime, quant à elle, à 8 000 le nombre d’enfants abandonnés. L’initiative de Ramid devrait donc priver de l’adoption entre 3 000 et 4 000 enfants chaque année.

    Au-delà du grand nombre d’enfants concernés, Mustafa Ramid a cru devoir justifier sa décision, selon Akhbar Al Youm, en évoquant un argument de poids : le risque de voir, si ces enfants étaient ainsi adoptés, « entre 20 000 et 30 000  conversions au christianisme sur une vingtaine d’années ». Interrogé par Nouzha Skalli, le ministre a défendu sa circulaire, arguant qu’elle avait reçu l’aval du chef du gouvernement et l’a motivée par « la difficulté dans le contrôle de l’éducation religieuse des enfants marocains une fois qu’ils ont quitté le Royaume ».

     

    Il y a plus urgent

    Il y a bien eu, si l’on en croit les autorités, des tentatives de conversion « d’enfants musulmans » par des « missionnaires évangélistes ». La plus importante remonte à mars 2010. Le Maroc avait expulsé seize encadrants du « Village of Hope », un orphelinat situé à Aïn Leuh. Mais ces conversions supposées n’ont jamais été prouvées devant un tribunal. Or, pour les associations, la position du ministre confine à une position idéologique qui ne prend pas en compte « l’intérêt suprême de l’enfant ».

    « Il n’y a eu qu’un seul cas de conversion rapporté dernièrement au ministre. On ne peut pas à partir d’un cas isolé prendre une telle décision », s’insurge la députée PPS Aïcha El Korch. Elle demande qu’il  y ait d’abord une véritable enquête sur la famille qui va accueillir l’enfant, que les parents adoptifs vivent au Maroc ou à l’étranger. « Le ministre devrait se soucier d’abord des cas de pédophilie au sein du Royaume », poursuit-elle.

    Béatrice Beloubad abonde dans le même sens et explique, qu’au moins, et contrairement à ce qui se passe au Maroc, une enquête rigoureuse est opérée par les autorités du pays étranger qui accueille les enfants kafil. « Les MRE et étrangers sont aussi pratiquement les seuls qui adoptent des enfants handicapés », remarque-t-elle en se fondant sur son expérience à la tête de SOS Villages d’Enfants.

     

    Enquête sociale

    Cela étant, tout le monde ne réfute pas les arguments de Mustafa Ramid. Zohra Fourat, juge des mineurs et ex-cadre associatif dans le domaine de l’enfance, soutient la circulaire. Elle estime que la difficulté du contrôle de la kafala accordée aux étrangers est une réalité.

    « Certains MRE adoptent des enfants uniquement pour bénéficier d’allocations chômage et d’avantages sociaux dans les pays d’accueil. Et, en règle générale, il est impossible de contrôler dans quelles conditions est élevé l’enfant », explique-t-elle. Mais la magistrate reconnaît qu’il y a plus urgent. Notamment la mise en place d’une « enquête sociale » avant l’accord de kafala. Une procédure… qui n’est toujours pas juridiquement obligatoire au Maroc, remarque-t-elle !

     

    Corruption et discrimination

    Pire, les enfants orphelins subissent la discrimination avant leur adoption. « Des parents veulent des enfants blonds, aux yeux verts. Ils préfèrent les filles, car ils pensent qu’elles sont faciles à élever. Ils ne veulent pas de bébés, car ils n’ont pas envie de changer de couches, etc. Tout cela et l’absence d’enquête en bonne et due forme favorise la corruption et la discrimination », assène la magistrate.

    Le « Collectif Kafala » publie, lui, un chiffre qui fait froid dans le dos : 80% des enfants qui restent dans les orphelinats deviennent des délinquants et 10 % d’entre eux se suicident. Pour l’heure, la circulaire est en vigueur mais le CNDH (Conseil national des droits de l’homme) s’est mobilisé pour écouter les associations et transmettre leurs griefs. La priorité : sauver les quatre-vingts orphelins et, à terme, annuler la circulaire.

    Zakaria Choukrallah

  • Ce geste répugnant n'est pas si rare que cela...

    Depuis quand lance-t-on des excréments en signe de protestation?

     

    Un manifestant antimondialisation lance un seau de déjections humaines sur des policiers à Cancun, au Mexique, pendant une rencontre de l'OMC le 13 septembre 2003. REUTERS/Daniel Aguilar

    - Un manifestant antimondialisation lance un seau de déjections humaines sur des policiers à Cancun, au Mexique, pendant une rencontre de l'OMC le 13 septembre 2003. REUTERS/Daniel Aguilar -

    Mark Cavendish a été victime lors de la 11e étape du Tour de France d’un jet d’urine venant de supporters mécontents du supposé coup d’épaule que le sprinteur britannique aurait donné la veille au Néerlandais Tom Veelers, qui avait chuté dans le sprint final. L’épisode n’est pas sans rappeler un autre incident survenu quelques jours plus tôt dans des circonstances bien différentes, quand la présentatrice de TF1 Claire Chazal s’est fait renverser un seau d’excréments dessus alors qu’elle conduisait sa voiture avec la vitre ouverte, sans que l’on connaisse pour le moment les motivations de son agresseur.

    Depuis quand lance-t-on des déjections corporelles sur des gens, et pourquoi?

     
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    Personne ne connaît la période exacte à laquelle le lancer d’excrément est apparu, mais il s’agit d’une pratique répandue qui ne se limite pas à un espace géographique en particulier, le plus souvent en signe de protestation ou pour humilier quelqu’un.

    Dans l'Antiquité déjà, les selles représentaient l’une des choses les plus sales et humiliantes qu’il soit. Dans l’Ancien Testament, Dieu ordonne au prophète Ezéchiel de faire manger aux Israélites des gâteaux d’orge cuits avec des excréments humains, tandis que le Talmud parle de faire bouillir dans des excréments l’esprit de ceux qui veulent du mal à Israël pour les humilier. Dans la Divine Comédie de Dante, les flatteurs se retrouvent en enfer dans une fosse remplie d’excréments.

    Aujourd’hui, les excréments et l’urine sont utilisés dans certainesméthodes de torture. L’une des photos de la tristement célèbre prison d’Abou Ghraib, où des soldats américains ont multiplié les actes de torture et d’humiliation pendant la guerre en Irak, montre un prisonnier enduit de fèces.

    Geste de protestation politique

    Le lancer d’excréments est parfois utilisé comme un geste de protestation politique. Dans quasiment toutes les sociétés humaines, la saleté est une offense contre l'ordre social. Lancer des selles prend alors toute sa signification contestataire. En 2008, lors de la Convention nationale du Parti démocrate à Denver, les autorités avaient voté une loi interdisant les manifestants à porter des seaux remplis de fèces pour prévenir d’éventuels lancers de selles.

    Plus récemment, un membre du mouvement Occupy Wall Street a été photographié à New York en train de déféquer sur une voiture de police, tandis que la ville de Chicago a équipé en 2012 ses policiers anti-émeute de visières pour se protéger des éventuels jets d’urine et de matière fécale des manifestants contre le sommet du G8 qui s’est tenu dans la ville.

    La manifestation scatologique n’est pas l’apanage des Américains. En juin, plusieurs personnes ont été arrêtées en possession de sacs d’excréments en marge d’une manifestation contre le manque d’installations sanitaires dans la ville sud-africaine de Cape Town, ce qui n’avait pas empêché plusieurs sacs de fèces d’être déversés dans des bureaux d’élus locaux.

    La présidente de la province du Cap-Occidental avait été aspergée de la même matière une semaine plus tôt lors d’une visite dans les quartiers pauvres de la ville. Les habitants des townships protestaient ainsi contre les toilettes collectives en extérieur insalubres dont beaucoup doivent se contenter.

    Du côté de l’Asie, un Sud-Coréen a été interpellé l’année dernière après avoir lancé des excréments humains sur l'ambassade du Japonpour protester contre la revendication territoriale de Tokyo sur des îlots sud-coréens dans la mer de l'Est.

    Pulsions

    Dans d’autres cas, les lancers de défécations ou d’urine n’ont absolument aucun but politique, et semblent plutôt répondre des pulsions irrépressibles. En 2011, trois supporters du FC Cologne ont été interdits de stade dans toute l’Allemagne pour trois ans, la peine maximale dans leur cas, pour avoir lancé des gobelets remplis de fèces et d’urine dans les tribunes. Au Japon, un ouvrier qui s’était rendu de lui-même à la police parce qu’il avait jeté ses selles sur des passantes en circulant à moto a expliqué son geste par le fait que son travail le stressait trop.

    Si l’origine de la pratique chez l’homme n’est pas claire, nous partageons cette tendance à jeter nos excréments sur nos semblables avec le chimpanzé, qui est un véritable habitué du lancer de fèces. Des scientifiques sont même arrivés à la conclusion qu’il s’agissait d’unsigne d’intelligence chez notre cousin éloigné.

  • Le cunnilingus ciment du couple ?

    Le cunnilingus ciment du couple ? Ne faisons pas de ce plaisir sexuel une stratégie

    Modifié le 10-07-2013 à 15h38

    9 réactions | 64221 lu

    Temps de lecture Temps de lecture : 4 minutes

    Avatar de David Courbet

    Par 
    Chroniqueur Sexo
     

    LE PLUS. Messieurs, vous êtes prévenus, le cunnilingus rendrait votre partenaire fidèle. C'est la conclusion à laquelle sont arrivés des chercheurs souhaitant à l'origine démontrer que cette pratique sexuelle avait des avantages en termes de rétention du sperme (et donc de reproduction). Pour David Courbet, transformer le cunni en tactique pour éviter de porter les cornes, c'est revenir au Moyen Âge.

    Édité par Daphnée Leportois  Auteur parrainé par Aude Baron

    J'aime le cunnilingus (Steve Rhodes/FLICKR/CC).

    Peut-on aimer le cunnilingus (et le proclamer martialement) sans en faire une stratégie conjugale ? (Steve Rhodes/FLICKR/CC).

     

    "Vous voulez un enfant ? Mettez-vous au cunnilingus !" Tel était en gros l’objet d’une récente étudepubliée dans la revue, a priori sérieuse, américaine en ligne "Evolutionary Psychology". L’intitulé exact fait de suite moins sexy : "Atteindre l’orgasme grâce à un cunnilingus, permet-il de mieux retenir le sperme ?"

     

    Sauf qu’après avoir interrogé 243 cobayes par questionnaire (pas d’ateliers pratiques, le sérieux en aurait pris un coup), ce fut la débandade. Après avoir obtenu son orgasme, madame ne semble pas mieux retenir les petites bêtes de monsieur en vue de créer un marmot.

     

    Afin d’éviter l’échec total, ils ont tout de même découvert un aspect exclusif de la relation sexuelle. En fait trois, mais tous découlent les uns des autres :

     

    1. L’orgasme féminin permettrait d’augmenter la satisfaction de vie de couple (ouah, ça commence bien !) ;

     

    2. Encouragerait à d’autres relations sexuelles (dingue) ;

     

    3. Et enfin atténuerait les risques de devenir cocu. Et là on dit chapeau !

     

    Ces génies ont donc conclu que la sexualité permettait une meilleure harmonie du couple. Et qui plus est, en sus (oui, elle est facile) de la pipe, le cunni serait aussi un ciment du couple !

     

    Merci messieurs : un petit pas pour l’homme, un grand pour la recherche. L’aspect positif à en retirer serait peut-être le fait qu’enfin on s’intéresse à l’orgasme féminin et non plus à la toute puissance masculine.

     

    Une sexualité stratégique ?


    On connaissait déjà plus ou moins différents moyens sexuels pour permettre d’accoucher, comme stimuler les tétons ou garder une sexualité durant sa grossesse permettant de stimuler et préparer l’utérus au travail, comme nous le rappelle cet extrait de la série "Friends" où il est conseillé à un couple séparé d’avoir des rapports sexuels pour que bébé arrive. Ou d’aider les petits spermatozoïdes à atteindre leur but en restant en position du poirier. Bonjour les cervicales…

     

    Sauf que la sexualité doit-elle toujours être reliée à la procréation ou à un aspect pratique ? Faire partie d’un schéma stratégique ?

     

    Procéder à des études comme celle menée par ces chercheurs américains revient à essayer de légitimer le sexe et d’en faire un produit. Dans une société où tout se vend, tout s’achète, tout se consomme, le sexe fait bande à part. Le plaisir, c’est sympa, mais ça ne rapporte pas de fric en soi (sauf dans quelques cas). En plus d’être une vision purement comptable et capitaliste de la sexualité, son arrière-pensée manque cruellement de modernité.

     

    Une vision moyenâgeuse

     

    N’ayant qu’un but procréatif, le sexe doit être vanille et rester dans un schéma classique hétérosexuel tout bien tout propre. L’homosexualité ? Une terrible déviance qui ne mène qu’à la zoophilie, à la polygamie incestueuse et bien sûr à la pédophilie, cela va de soi.

     

    Cela rappelle quelque peu le Moyen Âge. Toute sexualité subversive, orientation sexuelle ou position "contre-nature" durant cette période était condamnée par l’Église et débouchait à une véritable chasse aux sorcières. Se terminant bien souvent par le bûcher. Plus tard, les travaux du docteur Samuel Auguste Tissot vont démontrer les dangers de l’onanisme. Et, comme par hasard, la masturbation était manifestement plus grave chez la femme que chez l’homme. Selon ce brave homme, celle-ci courait le risque de devenir indécente et furieuse et nécessitait parfois un internement.

     

    Le "fléau" de l’onanisme


    Au XIXe, d’autres études vont rappeler aux femmes qui ne l’avaient pas encore remarqué la société patriarcale dans laquelle elles vivent. En atteste l’exemple de la nymphomanie, considérée par les médecins comme une maladie organique. Sous prétexte qu’une femme puisse désirer une activité sexuelle plus intense que la normale (reste à savoir en quoi consiste la norme), la société masculine, touchée dans sa virilité, considèrera cet état de fait comme une menace éventuelle à l’ordre moral et public. Qui se voit accusée de nymphomanie va au-devant de sévères sanctions : enfermement pour folie, mise au ban de la société, clitoridectomie ou autres actes mutilants.

     

    Afin de lutter contre le "fléau" que représente l’onanisme, l’excision du clitoris a notamment été préconisée par certains médecins, à l’instar du gynécologue-obstétricien anglais Isaac Baker Brown (fervent défenseur de la clitoridectomie dans les années 1850), jusqu’au XXe siècle. Mais également dans le but de traiter le lesbianisme, considéré par beaucoup comme une maladie psychique.

     

    Ces temps sombres ne sont pas entièrement révolus, certaines femmes en faisant encore les frais sous couvert de respect des traditions. Quant au terme nymphomanie, il s’est vu substituer par le terme hypersexualité, politiquement plus correct et moins stigmatisant à l’égard des femmes.  

     

    Le sexe oral comme véritable amour


    Alors avant de s’intéresser à savoir si le sperme ferait maigrir ou non (peut-être était-ce le seul argument qu’a trouvé ce chercheur pour recevoir une gâterie…) ou de pouvoir se vider les testicules en bonne conscience pour sauver sa prostate, pourquoi ne pas simplement mettre le plaisir en avant ? Pour soi comme pour son/sa/ses partenaire(s).

     

    Le plaisir n’est-il pas toujours plus grand quand il est partagé ? Et tout aussi intense et naturel, voire moins anxiogène, s’il est dénué de toute arrière pensée procréative ? Les préliminaires ou le sexe oral tout simple sont au contraire les véritables marques de l’amour et du désir qu’ont les partenaires l’un pour l’autre.

     

    En passant outre l’odeur et le goût, qui peuvent en freiner plus d’un, la fellation associée en retour au cunnilingus, en se livrant totalement à son partenaire, procure des moments de complicité et de partage parfois bien plus intenses que les rapports sexuels plus formatés. Et jusqu’à preuve du contraire, personne n’en est tombée enceinte !

  • PATRIMOINE GÉNÉTIQUE


    03/07/2013 à 18h55

    Ce que transmet une femme à un embryon qui n’est pas le sien

    Elsa Fayner | Journaliste Rue89


    Paillettes de sperme au Cecos de l’hôpital Cochin à Paris en 2010 (Audrey Cerdan/Rue89)

    On se pose la question pour les mères porteuses. Pour ces couples de lesbiennes, de plus en plus nombreux, où l’une fournit les ovocytes, et l’autre porte l’embryon. Mais cette question vertigineuse concerne bien plus de femmes, toutes celles, infertiles, qui ont recours à des dons d’ovocytes.

    Le comité consultatif national d’éthique a reporté à début 2014 le débat sur la PMA, la procréation médicalement assistée. Ça nous laisse le temps de répondre à cette question : quand une femme porte un embryon qui n’est pas le sien, que lui transmet-elle ? Elle sera mère, juridiquement, puisqu’en France, « c’est l’accouchement qui fait la mère », mais aussi l’adoption.

    Certes, celle qui donne vie à un enfant fabriqué avec les gamètes d’une autre ne transmet pas son patrimoine génétique. Mais durant ces mois, il se passe des échanges et des interactions qui seront déterminants.

    Anticorps, nutriments, tabac, médicaments

    Que la mère porte un embryon issu de ses ovules ou pas, pour l’embryon en question, durant la grossesse, cela ne fait pas de différence, constate Laurent Salomon, gynécologue obstétricien à l’hôpital Necker. Le placenta – un acteur clé dans notre sujet – fonctionne de la même manière.

    Concrètement, au niveau de ce placenta, les racines fœtales trempent dans le sang maternel. Les échanges y sont « très intenses ». Des substances peuvent passer : à travers les membranes pour les plus petites, par un « transporteur » naturel pour les autres, ou par les cellules de la barrière, voire au travers de la barrière si celle-ci est abîmée. Enfin, certaines substances entrent directement par le vagin et le col de l’utérus.

    Du côté des substances sympathiques qui peuvent passer, on recense :

    • les nutriments (sucres, etc.) qui apportent de l’énergie ;
    • l’oxygène ;
    • la plupart des anticorps, qui vont persister pendant plusieurs semaines après la naissance, le temps que l’enfant développe les siens pour se défendre en cas de maladie.

    Du côté des substances qui peuvent être nocives, on compte :

    • les toxiques, en particulier les drogues, l’alcool, le tabac ;
    • les substances infectieuses : certains virus, bactéries, parasites ;
    • certains produits utilisés pour les examens médicaux ;
    • certains médicaments (ce qui peut avoir un impact positif, d’ailleurs : pour soigner un fœtus malade, il est possible de donner un médicament à la mère... qui lui fera suivre).

    Bref, c’est un peu l’auberge espagnole. Ce qui fait dire à Laurent Salomon que la grossesse « est une greffe qui fonctionne parfaitement ». Le corps de la mère accepte des éléments étrangers (les antigènes du père, comme les ovocytes d’une autre femme). Il est « immunotolérant ». Ce qui est rare. « Et on ne sait toujours pas exactement comment l’expliquer. »

    Voix, langue, plaisirs et peurs

    La psychanalyste Geneviève Delaisi de Parseval écoute toutes les semaines des femmes qui ont reçu un don d’ovocytes :

    « Beaucoup disent : “Je sais bien qu’il n’aura pas les yeux de ma grand-mère”, mais elles sont persuadées qu’elles transmettent plus qu’on ne le croyait jusqu’à récemment pendant leur grossesse. Elles ont l’impression d’avoir dit une bêtise quand elles expriment ce ressenti. En réalité, même dans les colloques médicaux, la grossesse n’est plus considérée comme un simple portage. »

    Et l’auteure de « Familles à tout prix » (Seuil, 2008) de raconter une patiente musicienne qui a reçu un don d’ovocytes et joué du piano durant les neuf mois, dans l’espoir d’avoir une fille musicienne. Une lubie inutile ?

    Pas totalement, explique Laurent Salomon :

    « Le fœtus modèle et développe son cerveau, qui est le support de la plupart de ses réponses comportementales, avec l’environnement qu’il a durant la grossesse. »

    Il peut s’agir des voix, des sons, des langues qu’il entend dans le ventre. D’ailleurs, poursuit le médecin, dès sa naissance, l’enfant répond de manière différente à la langue entendue durant la grossesse. Il développe également une certaine sensibilité aux sons – agréables ou désagréables – qu’a entendus la femme qui l’a porté.

    Cela va même plus loin. Le fœtus sent si ces sons, odeurs, ou autres, déclenchent du plaisir – ou de la peur – chez la femme qui le porte (en fonction des endorphines qu’elle produit). Résultat : « Le fœtus se sentira lui-même bien – ou mal – dans ces mêmes situations. » Il fabriquera les mêmes associations, au moins durant un certain temps.

    Mais peut-on aller plus loin ? Au-delà du temps de la grossesse, le fœtus hérite-t-il d’un peu du patrimoine de la femme qui le porte ?

    Les gènes ne passent pas par le ventre

    Génétiquement, la mère porteuse « ne transmet rien, sauf scoop à venir », répond Stanislas Lyonnet, professeur de génétique à l’université Paris-Descartes :

    « Le patrimoine génétique de l’embryon est déterminé à la conception. Quand l’embryon s’implante dans l’utérus, il a tout ce qu’on peut imaginer de patrimoine génétique. Le contact avec l’utérus maternel n’a pas d’influence. »

    Pendant la grossesse, le génome connaît certes des transformations, mais celles-ci ne viennent pas des échanges « materno-fœtaux », comme on dit. Lors des divisions cellulaires, les erreurs de recopiage sont « archibanales », tout simplement.

    L’environnement n’a donc pas d’influence sur les gènes de l’embryon. En revanche, il peut en avoir sur la manière dont ceux-ci « s’expriment ».

    Pour se faire comprendre, Stanislas Lyonnet propose une comparaison : le génome est comme un clavier, toujours le même, mais il peut servir à jouer différentes partitions. En fonction de ce que mange la mère porteuse, de ce qu’elle boit, voire de ce qu’elle vit :

    « Le génome de l’enfant porté par la mère va être soumis à une situation nutritionnelle – en particulier, l’afflux d’acides aminés et de sucres – qui va faire s’exprimer certains gènes et en verrouiller d’autres. »

    Après la naissance, exposé à une nutrition différente, l’enfant va exprimer d’autres gènes en réponse, par exemple, à des apports caloriques plus riches en acides gras.

    Cette régulation génétique se déroule sans aucun changement de la séquence de l’ADN, mais avec des modifications « épigénétiques », réversibles, souvent temporaires.

    Des caractéristiques transmises sans l’ADN

    Jusqu’à récemment, les généticiens en restaient là. C’était même le dogme : il existe une frontière totalement étanche entre le patrimoine génétique et l’environnement maternel.

    Le dogme est pourtant en train de se fissurer, poursuit Stanislas Lyonnet. Une étude a notamment été menée aux Pays-Bas sur les descendants de femmes qui avaient subi des famines à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les résultats se sont révélés étonnants :

    • les filles de ces femmes ont connu des retards de développement fœtal – en taille et en poids –, ce qui correspond à ce que nous savions : leurs gènes se sont exprimés de cette manière en réaction à l’environnement ;
    • mais – et c’est là la découverte – leurs propres enfants ont subi eux aussi un retard de développement fœtal plus important que la moyenne.

    Comme si la modification de l’expression des gènes pouvait se transmettre, remarque Stanislas Lyonnet. « Sans s’inscrire dans le génome » : il existerait des caractères qui ne seraient pas « héritables par l’ADN » mais seraient transmissibles quand même. Lesquels ? Comment ? Les recherches ne font que commencer.

  • Contrôle au faciès

    Contrôle au faciès : l'Etat poursuivi en justice pour la première fois

     

    Publié le 02.07.2013, 15h20 | Mise à jour : 16h59

    ILLUSTRATION. Treize personnes attaquent mercredi l'Etat et le ministère de l'Intérieur en justice pour contrôles au faciès lors d'une audience devant le tribunal de grande instance de Paris.

    ILLUSTRATION. Treize personnes attaquent mercredi l'Etat et le ministère de l'Intérieur en justice pour contrôles au faciès lors d'une audience devant le tribunal de grande instance de Paris. |LP/SOPHIE BORDIER

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    «Une première en France». C'est ce qu'a annoncé l' des treize personnes qui attaquent mercredi l'Etat et le ministère de l'Intérieur en  pour contrôles au faciès lors d'une audience devant le tribunal de grande instance de .

    Les plaignants, qui se sont signalés auprès du Collectif contre le contrôle au faciès, veulent pointer une pratique discriminatoire.  Ils sont étudiants, salariés, noirs ou arabes, âgés d'environ 18 à 35 ans, et ne sont «pas des militants», selon l'un de leurs avocats, Me Félix de Belloy. Pour lui, cette audience est «historique» et représente une «première en France».

    L'Etat comme le parquet souhaitent débouter les 13 plaignants

    Bocar, l'une des treize personnes concernées, attaque ainsi l'Etat car il dénonce un «contrôle musclé» qu'il a subi à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), en banlieue parisienne, «la goutte d'eau qui a fait déborder le vase» souffle-t-il. «Je sortais du quartier de mes parents. Un policier me prend par un bras, il m'emmène dans un coin, il me met contre un mur. Quand je demande pour quel motif je suis contrôlé, il ne m'en donne aucun. Quand j'essaie de me retourner, il me menace avec un taser», a-t-il expliqué. Après ce contrôle, Bocar a déposé une plainte auprès de l'IGS (Inspection générale des services, la «police des polices»), mais explique n'avoir pas eu de nouvelles.

    Du coup, le jeune homme a voulu aller jusqu'au bout de sa démarche : «C'est pour la kyrielle de gens qui sont contrôlés de façon humiliante, fouillés, palpés parfois au niveau des parties génitales», ajoutant que quand ces contrôles ont lieu «il n'y a aucun justificatif qui est donné. Les policiers peuvent contrôler qui ils veulent, quand ils veulent, sans rendre des comptes, c'est totalement opaque».

    L'Etat comme le parquet préconisent de débouter les 13 plaignants.
     
    Un engagement de François Hollande 

    Selon Lanna Hollo, représentante de l'ONG, ce problème de «délit de faciès» existe «dans tous les pays d'Europe», mais la particularité de la France était d'être dans le «déni du problème», jusqu'à la dernière campagne présidentielle. Si l'«Engagement 30» de François Hollande annonçait qu'il lutterait notamment contre ce phénomène lors des contrôles, il ne s'est traduit que par des «demi-mesures», déplore Mme Hollo. 

    La remise d'un récépissé après un contrôle d'identité avait été évoqué par le ministère de l'Intérieur, puis a finalement été abandonnée en septembre dernier.  Le ministère de l'Intérieur avait néanmoins annoncé en octobre le retour du matricule sur les uniformes. Au micro de France Inter,Manuel Valls avait déclaré que bientôt un «élément d'identification» sur l'«uniforme ou (le) brassard» des policiers, apparaîtrait. L'objectif étant justement d'éviter les contrôles d'identité abusifs, notamment les contrôles au faciès.

    En 2011, des avocats avaient mené une offensive devant la justice en déposant des questions prioritaires de constitutionnalité (QPC), qui ont été rejetées par la Cour de cassation.

    Selon une enquête publiée en 2009 menée par l'Open Society Justice Initiative (émanation de la Fondation George Soros) et le CNRS à Paris, un Noir a de 3 à 11 fois plus de chances d'être contrôlé par la police qu'un Blanc, et un Maghrébin de 2 à 15 fois plus.