Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Politique française - Page 3

  • Le très "cultivé" Philippe Val

    Le nouveau marathon promotionnel du très cultivé Philippe Val

    par Martin Coutellier , Mathias Reymond, le 20 mai 2015

     

    Si la surface médiatique dont dispose un auteur pour faire connaître ses ouvrages était corrélée à l’intérêt du contenu de ceux-ci, cela se saurait. Pour autant, lire, voir et entendre Philippe Val tenir un discours parfois grotesque et souvent simpliste dans les médias pourrait surprendre. Malheureusement, il n’y là rien de nouveau : copinages, renvois d’ascenseur et bienveillance du petit groupe des éditocrates pour l’un des leurs. Même si les plus enthousiastes ne sont pas ceux que l’on attendait !

    Dans son dernier livre, Philippe Val se surpasse [1]. Ayant déjà démontré sa maestria dans l’art de la calomnie, du mensonge, de la compromission, de la fabulation et de l’expertise psychiatrique, l’ancien directeur de Charlie Hebdo n’a plus rien à prouver, et continue de parsemer ses idées de noms d’auteurs connus (jusqu’à cinq en une seule phrase), usant jusqu’à la corde le name dropping qui lui vaut parfois l’appellation d’« intellectuel ». De longue date également, Philippe Val méconnaît la sociologie, et en particulier celle de Pierre Bourdieu dont il construit de mauvaises contrefaçons pour les battre en brèche. Ce thème – central dans son livre – est au cœur de ses nombreuses interventions médiatiques : la France souffre du « sociologisme » qui « dit où est le bien et le mal » et « déresponsabilise l’individu ». D’après Val, cette pensée remonte à Jean-Jacques Rousseau, dont la thèse serait : « c’est la faute à la société », et aurait « engendré » des discours aussi divers que ceux de Lénine, Trotsky, Bourdieu, Pol Pot, Sartre ou plus généralement « la gauche totalitaire ».

    On pourrait naïvement penser que ces amalgames grotesques ne susciteraient que peu d’écho dans la presse. Ce serait se méprendre profondément sur les règles qui régissent la médiatisation des idées. Pourtant, force est de constater que les médias n’ont pas tous applaudi aussi fort… Si à droite, le livre est adoré, à gauche, et surtout chez certains de ses amis, on est embarrassé, voire agacé. 

    Une campagne médiatique

    Le 5 mars 2007, nous écrivions déjà : « Le regard hautain, la verve méprisante, le ton arrogant, Philippe Val se montre partout. Philippe Val - son personnage et non sa personne - est un symptôme. Un symptôme, parmi d’autres, des consécrations croisées et des complaisances mondaines qui permettent à l’"élite" de s’en décerner le titre. (…) Un symptôme des capacités digestives du cercle fermé des omniprésents qui absorbent toutes les formes de contestation. » La sortie de son dernier livre [2] est l’occasion de constater que peu de choses ont changé depuis. Si sa présence médiatique s’est largement réduite puisqu’il ne signe plus d’éditorial dans Charlie Hebdo et ne chronique plus sur France Inter, Philippe Val jouit toujours d’une attention soutenue pour cette nouvelle campagne de promotion.

    Le livre sortant le 8 avril 2015, les festivités commencent dès le 2 avril par un long entretien dans Le Point. Ensuite, le 5 avril, il enchaîne sur Canal Plus dans l’émission « Le Supplément ». Il accorde une interview au Figaro le 6 avril et s’installe sur France 5 le 9 avril : d’abord dans « C à vous », puis dans « La Grande Librairie ». Le lendemain, il est questionné par ses anciens subordonnés dans la matinale de France Inter. Puis c’est Europe 1 et Anne Sinclair qui l’accueillent le 11 avril. Il est invité le 17 avril dans « Le Grand Journal » sur Canal Plus. Le 20 avril, il se rend sur TF1 dans l’unique émission littéraire de la chaîne « Au fil de la nuit ». Les auditeurs de France Culture peuvent l’écouter le 5 mai. Enfin, il est convié par L’Express le 7 mai. Ouf ! À l’heure où nous écrivons, ses apparitions se font plus rares, mais gageons que la campagne n’est pas complètement terminée… Un marathon qui a donné lieu à quelques échanges cocasses et parfois fort intéressants (!). 

    « C’est la faute au système » donc « c’est la faute aux juifs »

     Le 5 avril, « Le Supplément » de Canal Plus consacre 15 minutes à la sortie de son livre, avec un long portait suivi d’un entretien. Le portrait, qui relate très favorablement les « milles vies » de l’ancien troubadour libertaire, ses « coups d’éclat, [ses] coups de gueule et [ses] polémiques », contient néanmoins une charge critique, au travers de l’intervention de Catherine Sinet, rédactrice en chef de Siné Mensuel et épouse du dessinateur Siné licencié par Val en août 2008 [3]. Concernant son livre, l’invité ne se voit poser qu’une seule question, dont l’énoncé incohérent et caricatural semble assez bien résumer le contenu de l’ouvrage : 
    - Maïtena Biraben : « Dans ce livre, […] vous dites "le monde n’est pas noir et blanc", y a pas les méchants et les gentils, et tout le monde en prend pour son grade : Snowden roule pour l’Iran, Assange est antisémite, la palme d’or "Entre les murs" minimise l’antisémitisme en France et Edwy Plenel c’est Claude François. C’est pour rire ou vous pensez tout ça vraiment ? » 
    - Philippe Val (avec aplomb) : « Non, je le pense vraiment. »

     Le 9 avril, Philippe Val campe sur France 5. Dans « C à vous », entouré de gens bienveillants (Pierre Lescure trouve son livre « absolument passionnant »), il expose une nouvelle fois le fond de sa pensée : « L’islamophobie c’est un mot pour éviter de parler du danger que représente la radicalisation au sein de l’Islam ». Ou encore : « il faut arrêter d’inverser la charge de la preuve entre la démocratie et les terroristes, mais c’est une vieille histoire, parce que ça vient aussi, comment dire, de la famille sartrienne, qui au moment de la guerre d’Algérie a cru bon de justifier le terrorisme. Voilà. » L’animatrice Anne-Sophie Lapix ne bronche pas.

    Le même jour, sur la même chaîne, dans l’émission littéraire « La Grande Librairie », l’ex patron de France Inter décrète : « Quand on sait où est le bien et où est le mal grâce à la sociologie, c’est plus la peine de se cultiver ». Puis il enchaîne et se déchaîne : « Rousseau prétend que l’homme est bon dès le départ, ce qui est une connerie, c’est quand même la culture, la sensibilité, la confrontation aux autres, aux talents des autres, aux défauts des autres, qui fait qu’un homme devient, qu’une femme devient, civilisé. Rousseau prétend le contraire, c’est sa thèse, c’est sa thèse de base, et la sociologie de l’EHESS d’aujourd’hui, majoritairement (…), elle pense ça, elle pense que la société rend l’homme mauvais, et pire que tout, surtout les États de droit, c’est toujours les États de droit qui ont tort. »

     Ensuite, le 10 avril, c’est en terrain non seulement conquis, mais connu, que se rend Philippe Val : chez Patrick Cohen dans le « 7-9 » de France Inter [4]. Après avoir permis à son ancien patron de se présenter comme le seul défenseur de la liberté d’expression en France depuis 2006 et « l’affaire des caricatures », l’animateur formule sa première question : « Expliquez-nous cette détestation de la sociologie, ou disons des explications sociologisantes ? ». Ayant fabriqué l’amalgame qui convient à son invité, Cohen ouvre la voie à cet échange burlesque :


    - Philippe Val : « Le premier chapitre du livre commence par Rousseau parce que Rousseau est celui qui relance l’idée pour les temps modernes que l’homme est bon et que la société le pervertit, ce qui veut dire que l’homme est bon… » 
    - Patrick Cohen : « Enfin depuis Rousseau il y a eu, Lénine, Trotsky, Mao, Bourdieu, Sartre… » 
    - Philippe Val : « Oui, oui, mais ce sont ses enfants. Ce sont les enfants de Rousseau. » 
    - Patrick Cohen : « Oui. » 
    - Philippe Val : « Et, le pauvre, on ne peut pas l’accuser d’avoir engendré Pol Pot. » 
    - Patrick Cohen : « Non, et puis on ne peut plus débattre avec lui. » 
    - Philippe Val : « On ne peut plus débattre avec lui, il peut plus se défendre. Mais il a engendré tout ça, il a engendré cette famille de la gauche qu’on appelle la gauche totalitaire. »

    Les approbations monosyllabiques de l’intervieweur semblent galvaniser l’interviewé, qui s’élance à corps perdu dans « l’antisociologisme », c’est-à-dire dans la bataille contre le moulin à vent qu’il vient de construire (celui qui abrite Rousseau, Bourdieu, Mao et Pol Pot – entre autres) : « Accuser le système, la mécanique intellectuelle qui consiste à dire c’est la faute au système, ensuite c’est la faute à la société, ensuite c’est la faute à un bouc émissaire forcément, ensuite la faute aux riches, et ensuite d’avatar en avatar (sic), on arrive toujours à c’est la faute aux Juifs. » Qu’en pense Patrick Cohen ? Il accompagne gentiment le délire de Philippe Val lorsque celui-ci ne trouve plus ses mots pour condamner cette fameuse « mécanique intellectuelle » : 
    - Philippe Val : « Ça tue la culture, (…) ça remplace le jugement, on sait où est le bien, c’est-à-dire, euh, euh... » 
    - Patrick Cohen : « Les opprimés ? » 
    - Philippe Val : « Les opprimés. Et on sait où est le mal, c’est-à-dire la société. »

    Pourtant Patrick Cohen et ses comparses sentent bien que quelque chose ne tourne pas rond, et, comme de nombreux relais habituels de Philippe Val, ils sont embarrassés… 

    Des amis embarrassés

    Ainsi, pour prétendre défendre l’existence de la sociologie sans contredire Philippe Val, l’animateur use de quelques contorsions intellectuelles qui ne peuvent que briser la logique la plus élémentaire : « Vous ne pouvez pas jeter le bébé de la sociologie avec toute l’eau du bain de l’actualité (sic), tous les sociologues n’ont pas des explications qui tiennent à 100% à la sociologie. » En substance : certains sociologues ne sont pas entièrement mauvais, puisqu’ils ne font pas de la sociologie à 100% ! Puis, dans la seconde partie de l’entretien, Philippe Val se verra opposer quelques arguments (un peu) plus sérieux, notamment par Thomas Legrand.

    Le samedi 11 avril, c’est au tour d’Anne Sinclair, sur Europe 1 [5], d’être désorientée quand Philippe Val pourfend à nouveau le « sociologisme », exactement dans les mêmes termes que la veille sur France Inter. Mais l’animatrice semble mieux réveillée que Patrick Cohen, et reste interdite devant tant d’amalgames. Ainsi, lorsqu’elle dénonce un raccourci (« blâmer la société, c’est excuser les terroristes : on n’en est plus là quand même »), et signale que « dans l’ensemble de la gauche, personne ne s’est trouvé derrière les terroristes », cela débouche sur une réponse amphigourique :


    - Philippe Val : « Non bien sûr, une fois qu’ils commettent leurs crimes, on les lâche. Mais… Regardez Dieudonné par exemple, le nombre d’intellectuels, le nombre même de certains juristes de haut niveau, le nombre de journalistes, le nombre d’humoristes qui l’ont soutenu, soutenu, soutenu, alors que c’était une évidence qu’il était antisémite, qu’il tenait des propos scandaleux, mais enfin, avec des métaphores, des machins… Il a fallu vraiment qu’il fasse monter Faurisson sur scène, et qu’il tienne des propos nazis, pour qu’ils le lâchent... jusqu’au dernier moment… Alors, quand ils passent la ligne, on les lâche, mais tant qu’ils passent pas la ligne, on les soutient. Tout ça est insupportable. Et je pense que tous les mômes qui aujourd’hui se convertissent à l’Islam radical dans les banlieues, on ne peut plus analyser ça comme un phénomène social, c’est un phénomène politique et culturel qu’il faut traiter politiquement et culturellement, mais on ne va pas dire : c’est la faute à la société. Faut regarder les chiffres, les chiffres de l’argent public, qui s’est déversé sur les banlieues ces vingt dernières années, mais c’est énorme ! Il fallait le traiter culturellement, et politiquement. » 
    - Anne Sinclair, ne sachant que répondre, enchaîne : « Euh … Euh … Bon, alors, Rousseau … Euh … L’état de nature, on l’a vu (…). »

    Dans L’Express également, si l’hebdomadaire a soutenu Philippe Val à l’époque des caricatures de Mahomet et si Christophe Barbier fait partie de ses obligés, les questions qui lui sont posées laissent à penser que la pitance servie par l’ancien comparse de Patrick Font est trop indigeste : « Vous dénoncez dans votre livre les intellectuels qui pratiquent "l’exécution sommaire". Mais vous-même n’hésitez pas à tirer dans le tas, à "exécuter" brutalement Bourdieu, les sociologues, les écologistes, Plantu, Le Monde...  »  ; « Plantu et Bourdieu ne se résument pas à ce que vous en dites dans votre livre... »  ; « [Les gens] ne peuvent-ils être à la fois déterminés par l’histoire, l’environnement social et leur libre arbitre ? » ; « Dire que la crise économique est partie de la dérégulation sauvage de la finance mondiale, est-ce céder à ce principe du bouc émissaire ? » ; « Il n’est donc pas autorisé de reprocher aux États-Unis d’espionner ses alliés européens et de s’en offusquer ? » ; etc.

    En conclusion de ce long entretien, on comprend que toute critique venant de l’intérieur est inacceptable pour Val, « comme Bradley Mannings, s’interroge le journaliste, ce soldat américain qui a alimenté en informations Wikileaks parce qu’il se disait révolté par la torture de son armée ? » La réponse est sans appel : « La torture est inefficace, grotesque, horrible, on n’a pas le droit de torturer. Mais la torture vient après le terrorisme. Qu’est-ce qui engendre la torture ? C’était vrai pour la France au moment de la guerre d’Algérie, c’est vrai aujourd’hui pour les démocraties confrontées au terrorisme. On rend responsables de la torture les seules démocraties, alors que la torture et le terrorisme sont l’avers et le revers d’une même médaille. » [6].

    Mais la plus grande déception provient de Libération et elle est signée Laurent Joffrin : « on ne peut s’empêcher de conclure, en refermant le livre, qu’il y a là beaucoup de circonvolutions pour masquer une conversion. Philippe Val quitte la gauche comme certains quittent leur femme, en lui trouvant soudain tous les défauts de la Terre. » (17 avril 2015). Puis le directeur du quotidien se retrouve même à défendre Pierre Bourdieu : « La sociologie de Pierre Bourdieu, par exemple, est autrement plus complexe que ce qu’en dit ce procureur sommaire. » Et de conclure en soulignant le grotesque de la thèse de Val : « Reste la question-clé, celle de l’égalité, dont Val se défie avec vigueur. Comment peut-on qualifier de "totalitaires" ceux qui s’en soucient ? Chacun voit bien que l’égalité des chances, dont il se réclame, n’est pas assurée dans une société où le capitalisme dérégulé crée d’énormes inégalités de condition qui se reproduisent inéluctablement. » 

    Adoré par la droite

    Si les médias de centre-gauche, ses alliés habituels, sont parfois un peu frileux dans leur soutien, ce n’est pas du tout le cas à droite où l’on acclame le revirement conservateur du libertaire des années 1970.

    Dans Le Point, Emmanuel Berretta chronique le livre de Val avec l’exaltation d’un fan authentique : « Sa protection policière renforcée depuis les attentats ne le dissuade pas d’attaquer toujours et encore, d’une plume acérée, les ennemis de la liberté. (…) Un brûlot animé d’un esprit voltairien. À lire absolument ». Dans Le Figaro, quotidien de droite s’il en est, Yves Thréard, qui recueille les propos de l’ancien chansonnier, contient difficilement sa joie : « Révolté par le prêt-à-penser médiatique, indigné par la lâcheté des intellectuels, déçu par la gauche française », « iconoclaste », l’ex-patron de presse aux « mille métiers » est loué pour son désir proclamé de vouloir « regarder la réalité en face ».

    Le 19 avril, dans le périodique libéral L’Opinion, le très droitier Éric Le Boucher est aux anges : « Ah le bon livre ! Voilà des années qu’on attendait un joyeux et méchant livre contre la bien-pensance de gauche, contre la sociologie du ressentiment, contre le journalisme moralisateur. » Et rend grâce à l’ex-patron de Charlie Hebdo : « Merci à Philippe Val (…). Il cogne, il disperse façon Audiard, les intellos, les gauchos, les écolos, les bobos, dans des formules assassines, des jugements à la hache, parfois exagérés, toujours jubilatoires. »

    Enfin, dans l’hebdomadaire ultra réactionnaire Valeurs Actuelles, le 24 avril 2015, on rassure d’abord le lecteur : « L’homme n’est pas un habitué de Valeurs actuelles, c’est même le moins que l’on puisse dire… Il est issu de cette gauche libertaire, antimilitariste et provocatrice plus à l’aise dans les colonnes de Libération ou de Charlie Hebdo, dont il a été le rédacteur en chef, que dans les nôtres. » Puis on tente d’expliquer l’évolution : « Il est très probablement de gauche, mais il est avant tout un homme libre, ce qui est bien pire aux yeux de certains, car un homme libre est un homme capable de renier en partie ce en quoi il a cru et ce qu’il a défendu, dès lors que la raison le lui commande. » Avant de s’enthousiasmer devant « ce livre aux démonstrations parfois fulgurantes. »

    « Les masques tombent ! » s’exclameront les nouveaux pourfendeurs de Philippe Val. Pourtant Acrimed avait déjà mis en garde ses aficionados dès 2003, et avant nous, PLPL l’avait rangé dans la catégorie des « faux impertinents » en juin 2000. Il y a donc bien longtemps que le masque tombe. Même si la chute est longue, nous attendons avec une impatience éberluée de voir où se fera l’atterrissage.

    Martin Coutellier et Mathias Reymond 



    Annexe – En guise de bonus, un échange très significatif sur France Inter

    Sur France Inter, l’échange entre Thomas Legrand et Philippe Val, commencé avec des « vous » et fini avec des « tu » est finalement interrompu par Patrick Cohen : « Bon, alors, on va sortir de cet entre-soi, certes sympathique, mais qui reste un peu un entre-soi ». On retrouve cette idée dans un tweet d’auditeur lu à l’antenne par « Bernadette » (les liseuses de tweets n’ayant apparemment pas de nom de famille) : « MadMarx qui vous voit invité partout et qui se demande si c’est pour votre seule mérite individuel, le tutoiement de Thomas fait penser effectivement à un certain entre-soi ». Le froid jeté dans le studio par cette remarque justifie que Patrick Cohen y revienne (après une nouvelle démonstration de « philosophie valienne » sur « l’expérience marxiste ») : « Je réponds à la dernière question qui s’adresse d’avantage à nous qu’à Philippe Val, qui ne s’est pas invité lui-même au micro de France Inter, c’est nous qui l’avons invité. Et si nous l’avons fait ce n’est pas parce que Philippe Val est ancien directeur de France Inter, mais parce qu’on a jugé que son livre était intellectuellement intéressant et stimulant, comme on invite un certain nombre d’essayistes, d’intellectuels à ce micro, qu’il méritait en tout cas d’être débattu ». Serait-ce verser dans le sociologisme que d’envisager qu’une certaine proximité, un certain « entre-soi » justement, puissent expliquer l’inclinaison de Patrick Cohen à trouver les analyses de Philippe Val intéressantes et stimulantes intellectuellement ?

  • Les musulmans français face à la méfiance

     

    Publié le 12 mai 2015 dans Nation et immigrationReligion

    Face au terrorisme et au djihadisme, que penser des réactions des musulmans français ?

    Par Yves Montenay

    Musulman - Hernán Piñera (CC BY-SA 2.0)

     

     

    Face au terrorisme et au djihadisme qui touchent maintenant la France, et à la méfiance qui en découle, quelles sont les réactions et les analyses politico-sociales des musulmans européens ?  Et leurs idées personnelles et religieuses ? Voici le premier volet d’une série de deux articles.

    Socialement, les musulmans occidentaux sentent grandir une méfiance à leur égard. Et souvent bien plus qu’une méfiance. En tant que rédacteur de la lettre « Échos du monde musulman », je me trouve embarqué dans des débats où s’étale une hostilité due à une ignorance reflétant parfois le racisme le plus cru. Avec beaucoup d’autres, je fais de mon mieux pour réduire cette ignorance. Mais il y a souvent un blocage intellectuel total.

    Les musulmans occidentaux attribuent cette méfiance aux médias, en constatant qu’on les présente comme violents, délinquants, et maintenant djihadistes. Les islamophobes insistent par exemple sur le fait que la majorité des détenus dans les prisons françaises sont musulmans, ce qui est exact, mais ces détenus ne représentent que moins de 1% de la population musulmane française. Voir sur ce sujet l’étude de Farhad Khosrokhavar sur « Les prisonniers musulmans en France ».

    On y voit notamment que cette forte proportion de musulmans chez les détenus vaut non seulement pour la France, mais également pour l’Europe, et n’est valable que pour les hommes et non pour les femmes. Bref s’il y a un réel problème, dont on discutera les causes à l’infini (culturelles ? sociales ?), il reste néanmoins qu’il ne concerne pas 99% de la population musulmane française.

    Cette méfiance est bien sûr ressentie comme une injustice par les musulmans occidentaux, d’autant qu’elle accroît les discriminations à l’embauche, ce qui nourrit un cercle vicieux d’assistanat, d’humiliation, et, maintenant, de disponibilité envers les arguments des salafistes et djihadistes. C’est donc une catastrophe nationale.

    Les réactions à la méfiance

    En gros, il y a eu trois périodes.

    – Dans un premier temps, les musulmans français constataient un racisme banal, mais minoritaire, notamment alimenté par l’amertume des Pieds-Noirs, et les réactions étaient inexistantes, ou demandaient une meilleure intégration.

    – Une deuxième période commence en 2001 avec l’attentat contre le World Trade Center de New York, la multiplication des attentats en Occident ensuite, et maintenant les tueries de l’État islamique. Ce sont alors multipliés des discours du genre « les musulmans modérés sont sympathisants ou complices des terroristes, puisqu’ils ne manifestent pas leur réprobation ». Il suffisait pourtant d’aller dans leurs réseaux sociaux et de lire leurs interventions publiques pour constater cette réprobation.

    Ces accusations de complicité ont été contre-productives : « Pourquoi nous, musulmans occidentaux, devrions-nous nous sentir coupables parce que des fous furieux massacrent à 5000 km d’ici en se proclamant musulmans ? Les chrétiens, les juifs ou les hindous descendent-ils dans la rue lorsqu’un autre chrétien, juif ou hindou commet un attentat dans un pays lointain ? »  D’où le slogan qui a fait rapidement le tour de la planète : « Nous n’avons pas à nous excuser d’être musulmans ».

    – Nous entrons maintenant dans une troisième époque, après notamment l’attentat contre Charlie Hebdo : ce n’est plus à 5000 km, mais ici, en France, que les attentats ont lieu, tandis que de jeunes musulmans, dont 22% de fraîchement convertis, rejoignent en Syrie les rangs de l’EI.

    Cela fait évoluer les réflexions de nombreux musulmans, comme nous le verrons dans le deuxième article, mais en attendant, l’incompréhension est plus vive que jamais.

    Deux exemples d’incompréhension

    Un sondage, mondial et très remarqué, montre que la grande majorité des musulmans est favorable à la charia. Voilà une preuve de leur barbarie disent les islamophobes. Ils oublient que le terme signifie en gros « le chemin qui mène à Dieu », ce qui en donne une idée positive, et qu’il a de plus une connotation identitaire (« c’est notre droit »).

    Les musulmans sondés n’imaginent pas pour autant une seconde d’en appliquer les brimades et les violences, ce qu’ils ne font plus depuis des siècles, voire n’ont jamais fait. On remarque que c’est dans les pays occidentaux, ou à proximité, que les musulmans sont moins favorables à la charia, probablement parce qu’ils ont l’expérience d’un autre droit et que pour eux il s’agit d’une question concrète et pas seulement de réagir à un mot.

    De même, mais en sens inverse, pour « laïcité ». Elle était plébiscitée par les sondages auprès de musulmans français parce qu’ils y voyaient la liberté d’être musulman dans un État considéré comme chrétien. Elle est moins bien vue depuis qu’ils se voient apostropher au nom de cette laïcité. Les musulmans qui ignorent l’histoire de France pensent même qu’il s’agit d’une « invention » récente mise en place pour s’attaquer à eux. C’est un beau gâchis !

    Bref les sondages sont rares, et les questions et réponses ne sont pas comprises de la même façon par les sondeurs et les sondés.

    L’évolution des réflexions

    Une autre idée répandue est que les musulmans ne distinguent pas entre politique et religion. Non seulement l’islam n’a pas l’équivalent de « rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu », mais Mahomet, contrairement à Jésus, n’était pas seulement prophète, mais aussi chef d’État et chef de guerre. Certes, mais c’est donner aux textes plus d’importance qu’ils n’en ont : l’histoire nous montre que, contrairement à ces textes, l’Église catholique et les églises protestantes ont longtemps joué un rôle politique en Occident, alors que dans les pays musulmans, le palais a souvent ignoré ou combattu la mosquée et réciproquement.

    Dans ce domaine, les islamistes sont en train de nous rendre un immense service : leur passage au pouvoir a fait comprendre à la masse des musulmans du Nord comme du Sud qu’il ne fallait surtout pas mélanger politique et religion, et les islamistes ont été écartés du pouvoir (Tunisie, Égypte), ou ne se maintiennent que par la force (Iran).

    Sur le plan géopolitique, la réaction est moins nette, car le rejet de l’État islamique et la peur qu’il inspire sont partiellement compensés par la réaction anti-israélienne, qui vire souvent à l’antisémitisme. Or les États-Unis sont à la fois de proches alliés d’Israël et à la tête de la coalition contre l’EI, ce qui amène certains musulmans, arabes surtout, à se féliciter des victoires de l’EI. Reste le plan personnel et les convictions religieuses. C’est un vaste sujet que je traiterai dans une prochaine tribune.

    Vous remarquerez que je parle des musulmans et non de l’islam, car ce qui compte est ce que pensent et font des individus concrets. Une autre raison est d’éviter de tomber dans le même piège que les islamophobes. Ces derniers, en répétant sur Internet « nous sommes en guerre contre l’islam » font le jeu des terroristes qui clament « venez nous rejoindre, car l’Occident est en guerre contre notre religion ». Les djihadistes, qui sont quelques dizaines de milliers, rêvent ainsi d’enrôler tous les musulmans, soit plus d’un milliard et demi de personnes. Ne les aidons pas !

  • Mourir pour des dessins

     

    mercredi 14 janvier 2015, par Alain Garrigou

    Douze personnes ont été assassinées le 7 janvier 2015 dans l’attaque du journal Charlie Hebdo. Dans les guerres comme dans les attentats, chaque fois que la violence humaine tue volontairement, la question resurgit : pourquoi meurent-ils ? Il en va ainsi depuis que l’on ne peut demander de sacrifices sans leur donner du sens, comme dans les grands conflits depuis la guerre du Péloponnèse jusqu’aux guerres mondiales, et que la sensibilité exige que l’on ne puisse plus se résoudre à des morts pour rien. Les douze personnes prennent place dans la longue série de l’héroïsme civique, tel qu’il s’est construit au 19e siècle dans les révolutions et les luttes pour la démocratie. Comme un irrémédiable scénario tragique de l’histoire, on en retrouve tous les éléments avec d’abord les morts qui se savaient menacés, les collaborateurs de Charlie Hebdo, mais aussi indirectement ceux qui ont perdu leur vie en protégeant les premiers comme les policiers. Il est bien clair que dans la rédaction collectivement visée, à en croire la revendication des tueurs – « On a tué Charlie Hebdo » –, les dessinateurs de presse étaient davantage visés car les dessins parlent un langage universel. Ces hommes et femmes étaient engagés dans une cause dont ils savaient les risques. Ils en payaient les coûts ordinaires de la peur pour soi et les proches, manifestant ainsi un courage physique de longue haleine. Ils ont eu aussi des mots sublimes qui sont à la fois la prémonition et le sens du sacrifice. S’agissant des humoristes de Charlie Hebdo, on n’a que l’embarras du choix. Au XIXe siècle était restée célèbre cette phrase du député Alphonse Baudin, avant qu’il meure sur la barricade le 3 décembre 1851, par laquelle il répliquait à ceux qui lui rappelaient qu’il était bien payé comme parlementaire : « vous allez voir comment on meurt pour 25 francs ».

    Le dernier dessin de Charb

    Cela lui valut l’admiration, comme devrait la susciter le dernier dessin de Charb, directeur de publication de Charlie Hebdo, s’étonnant qu’il n’y ait pas eu d’attentat en France en ce début d’année 2015, un islamiste répondant que pour les vœux, « il avait jusqu’à la fin de janvier ». Le lendemain intervenait la « belle mort » selon les termes qu’on employait aussi au XIXe siècle et qu’on hésite aujourd’hui à employer tant la mort est devenue taboue. Peut-être certaines personnes assassinées n’auraient-elles d’ailleurs pas récusé cette belle mort tant leurs visions ont été pétries d’héroïsme civique.

    On a évidemment remarqué que la revendication d’héroïsme s’était immédiatement exprimée chez les assassins. Quel héroïsme y a-t-il à tuer avec des fusils d’assaut des professionnels de la plume hostiles à la violence ? On aurait tort de succomber aux faiblesses du relativisme. L’héroïsme des djihadistes s’ancre aussi dans l’histoire, mêlant à celui des guerriers le martyre religieux. Or plutôt que de renvoyer dos à dos toutes ces revendications, il faut remarquer que l’héroïsme civique s’est justement constitué contre les héros guerriers et religieux, les premiers rangés par Voltaire au rang de « saccageurs de province », les autres au rang de fanatiques. Les vrais héros, ont pensé les jansénistes puis les philosophes des Lumières, étaient les hommes se sacrifiant pour une juste cause. Ce sont aussi les assassins, les tortionnaires, qui les désignent comme tels. Charlie Hebdo, ce n’est pas faire injure aux victimes qui y ont participé indirectement ou autrement, se distingue par ses dessins et son humour. Les assassins ont ainsi montré ce qui les a dérangés : la caricature et l’humour. De quoi laisser humbles ceux qui ont la plume mais pas le trait pour exprimer les révoltes. De quoi rappeler chacun à ne pas s’abandonner à la colère méchante quand l’humour la soigne, la sert, avec tant d’efficacité. De quoi encourager ceux qui désespéraient de l’utilité de leurs combats de plume dans un monde dominé par le cynisme et le matérialisme.

    Dans cette époque de nihilisme européen qu’avait prophétisée Nietzsche, on s’étonnerait presque quand une société est ainsi ramenée à s’interroger sur ses valeurs. On ne boudera donc pas les paroles d’unanimité et d’union quand il s’agit de défendre la liberté. En même temps, on doit aux victimes et à la vérité d’exercer la raison, sans nécessairement se départir de l’émotion et, dans les luttes d’interprétation inévitables après les événements traumatiques, de poser rationnellement la question : pour quelle cause sont-ils morts ? La liberté d’expression bien sûr, mais en l’exerçant et non en brandissant l’étendard d’un mot abstrait. C’est-à-dire aussi, comme certains l’ont heureusement rappelé, mais comme beaucoup l’ont oublié dans leur unanimisme corporatif ou émotif, en dérangeant beaucoup de monde, à commencer par ceux-là mêmes qui se livrent aujourd’hui aux hommages. En la matière, on entre volontiers dans les morts comme dans un moulin, selon l’expression de Jean-Paul Sartre.

    Or, hommage du fanatisme à la vertu, les assassins ne se sont pas attaqués à n’importe qui. On pardonne à ceux qui, n’ayant pas eu le temps de comprendre, ont repris le refrain du « terrorisme aveugle » malgré l’évidence. Rien de moins aveugle que de s’en prendre à un journal satirique, de gauche comme on ne l’a guère entendu, unanimisme et corporatisme obligeant, et iconoclaste. Avec les anciens comme Cabu et Wolinski sont morts les figures d’une pensée critique ayant formé les esprits depuis les années 1960, et l’ayant entretenue avec leurs cadets en dignes continuateurs de « la pensée 68 », même si, comme souvent, certains s’étaient assagis. Tant mieux si les thuriféraires de la liberté d’expression qui n’avaient pas de mots assez durs pour les gens de Charlie Hebdo s’aperçoivent aujourd’hui que ces dessinateurs de presse et chroniqueurs étaient les meilleurs défenseurs de la liberté d’expression en s’en servant. Et puisque l’attaque de Charlie Hebdo relève de l’assassinat politique, autant que du terrorisme, il faut bien chercher pourquoi ce sont ces gens qui ont été assassinés et non d’autres. Car l’émotion suscitée le 7 janvier 2015 dans les salles de rédaction ne saurait faire oublier que la connivence, la pusillanimité et la soumission caractérisent plus l’ensemble des médias que l’insolence, l’impertinence, l’irrévérence de Charlie Hebdo. On ne saurait oublier que ce journal n’a pas exercé sa dérision seulement à l’égard de ses assassins djihadistes mais aussi à l’égard des autres religions qui lui ont intenté des procès, de tous les pouvoirs, des politiques, qui ne les aimaient guère, de l’orthodoxie libérale comme le faisait Bernard Maris, mais aussi des médias « sérieux ». Quelques commentateurs ont eu l’honnêteté de s’en souvenir.

    Le sacrifice de douze personnes n’aura pas été vain, comme on le disait immanquablement dans un temps où l’héroïsme était amplement célébré. Il nous aura déjà libéré de la fatigue morale et du cynisme mercantile en rappelant qu’en matière de liberté, on ne saurait se contenter d’être des héritiers, comme si tous les combats avaient été menés et gagnés. A l’évidence, il faut des drames pour prouver que la plume reste l’arme des combats contre l’obscurantisme, mais comme Charlie Hebdo le martelait au cours des semaines et des combats, il en est d’autres moins virulents mais peut-être pas moins dangereux. Il faut encore mourir pour des idées. Avec dérision et raison.

     

    Notes

    Cf. Alain Garrigou, Mourir pour des idées. La vie posthume d’Alphonse Baudin, Paris, Les Belles Lettres, 2011.

  • La loi sur le renseignement contre Soral et Dieudonné

    A A A 

     

     
         


     

    Manuel Valls à l’Assemblée : « La surveillance sera ciblée strictement sur les comportements menaçants. Les données tierces ne seront pas accessibles ou exploitables par les services. »

     

    Mardi 5 mai 2015, l’Assemblée vote le projet de loi sur le renseignement, officiellement pour mieux lutter contre le terrorisme, dont les décrets seront applicables cet été. Le terrorisme, vous l’aurez compris, n’est qu’un prétexte : cette loi sur le renseignement intérieur qui vise la contestation sur Internet, dont Soral et Dieudonné sont les fers de lance, était en préparation bien avant les étranges attentats de janvier 2015. Seulement, nos gouvernants auraient eu un peu de mal à la faire passer dans un climat anti-NSA et pro-Snowden. Désormais, c’est du tout cuit, pour Manuel Valls, le nouvel homme fort du pays, et ses employeurs, qui cherchent de la sorte à éliminer toute opposition politique. Vous avez dit pouvoir totalitaire ?

     

    Pourquoi cette loi, ici et maintenant ?

     

    « Dans un monde globalisé, incertain, complexe et traversé par des crises de toute nature, la France doit faire face à la menace terroriste. Pour assurer la sécurité des Français, le Gouvernement a complété l’arsenal juridique avec la loi du 13 novembre 2014 relative à la lutte contre le terrorisme. Par ailleurs, le projet de loi sur le renseignement a été présenté, le 19 mars, en Conseil des ministres. Fruit d’une réflexion approfondie, ce texte permet de renforcer les moyens d’action des services de renseignement tout en protégeant les Français dans le respect des libertés. »

    Intitulé « La lutte contre le terrorisme », ce petit paragraphe estampillé Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, est destiné à rassurer les Français, historiquement épris de liberté(s), et quelque peu inquiets de la tournure des évènements : l’État français copie en effet le modèle américain, qui a vu en 45 jours seulement le Congrès et le Sénat voter un Patriot Act de 300 pages après les évènements du 11 Septembre, afin de renforcer le renseignement et l’arsenal répressif. Cinq ans plus tard, la loi était renouvelée, qui avait pourtant permis enlèvements et torture, sans même parler du contrôle quasi-total de la population. La déclaration du président Obama ne rassura pas les citoyens américains très attachés au premier amendement, sur la liberté d’expression :

    « Je donnerai les moyens nécessaires à nos agences de sécurité et de renseignement pour traquer et neutraliser les terroristes dans le respect de notre Constitution et de nos libertés. »

    Chez nous, la loi dite « sécurité et liberté » de Giscard, avait déjà déclenché la polémique en février 1981 : où placer le curseur entre liberté absolue et sécurité absolue ? Ce qui est peut-être un faux débat, et une fausse question, nous le verrons par la suite. Aujourd’hui, les socialistes donnent des gages de « respect des libertés » à tout bout de champ, et notre président François Hollande donne l’exemple, sur le plateau de Maïtena Biraben le 19 avril 2015 :

     

    « Qu’est-ce que nous voulons ? On ne veut pas que nos conversations soient enregistrées... Personne ne pourra écouter votre conversation, aucun service, sans demander une autorisation. Une autorisation à qui ? Une autorisation pour qu’une commission donne un avis : dans cette commission y aura des parlementaires, des magistrats, cour des euh, cour de Cassation, Conseil d’État, et un spécialiste des technologies… La dernière loi sur le renseignement elle date de 1991. Y avait pas de portable, y avait pas d’Internet. »

     

    Ce qu’il faut comprendre ? La société a changé, le terrorisme a changé, il a frappé, le renseignement n’était plus adapté, nous ne faisons que moderniser l’outil. Après New York en 2001, Bali en 2002, Madrid en 2004, Londres en 2005, Marrakech en 2011 (une enclave occidentale), Toulouse en 2012, Bruxelles en 2014, Paris, Copenhague et Tunis en 2015, les islamistes frappent avec une étonnante régularité. La France, qui semblait en retard du point de vue de la surveillance des ennemis de la nation, se hisse enfin au niveau des grands surveillants de la planète, que sont les Américains avec la NSA et ses grandes oreilles, le réseau Echelon qui permet de capter tout message à caractère menaçant sur tous les supports : téléphone, Internet (Google et Facebook sont tracés). Au-delà du danger terroriste, la NSA sert surtout à espionner les gouvernements dits amis et les sociétés concurrentes des entreprises américaines ! La France est ainsi écoutée par les Américains depuis l’Angleterre, où la NSA possède deux centres d’écoutes tournés vers le continent européen, concurrent commercial numéro un des États-Unis.

    L’argument de modernisation de l’outil de renseignement français ne tient pas : les services français ont toujours été très efficaces, quand ils le voulaient, et nous soulignons cette phrase, et n’ont jamais ignoré les menaces réelles qui pesaient sur notre pays, même quand des attentats ont eu lieu sur notre sol. À ce niveau de surveillance, il n’y a jamais de surprise. En revanche, il peut y avoir des calculs politiques ou des deals (incluant des risques) passés avec d’autres services de renseignement, qui agissent sur notre sol. Avec plus ou moins de liberté. Nous pensons à la CIA, et au Mossad, qui a longtemps été persona grata en France, par exemple dans les années 60, malgré le général de Gaulle.

    Mais avant d’en discuter la portée politique, entrons dans la réalité de cette loi, qui ne vise pas uniquement le terrorisme, qui ne représente qu’un point sur sept. Les autres étant les « intérêts majeurs de la politique étrangère », « la prévention des atteintes à la forme républicaine des institutions », et aussi « la criminalité et la délinquance organisées ». La prévention des atteintes… une définition volontairement nébuleuse, qui servira de fourre-tout en matière d’accusations. Reconsidérer le suffrage universel, rendu bidon par la propagande médiatique massive et le choix unique UMPS ? Une atteinte aux institutions de la République.

     

    Thierry Lorho ex-agent de la DGSE 
    de 1990 à 2000 : 
    « On ne peut pas faire de renseignement sans faire d’actions qui sont borderline, et c’est toute la difficulté. » 
    (Le Grand Journal du 13 avril 2015)

     

    Pour ce qui concerne le terrorisme, la nouvelle loi légalise tout simplement des pratiques traditionnelles à la limite de la légalité. Il y a donc moins d’hypocrisie : des agents de la DGSI (direction générale de la surveillance intérieure, ex-DST, rattachée au ministère Intérieur, par rapport à la DGSE, rattachée aux ministère de la Défense), pourront placer une balise sous votre voiture, un mouchard dans votre appartement, et vous pourrez être tracé dans la rue par un IMSI-catcher, un appareil qui permet de siphonner à (proche) distance toutes les données d’un téléphone portable. Des notions qui sortent du flou artistique précédent, et qui sont, on le sait, utilisées par la police criminelle contre les réseaux de truands organisés, mais aussi contre l’opposition politique intérieure. Les dissidents réels sachant ce qu’il en coûte d’échanger des informations par téléphone, mail, ou même Skype, qui est officiellement écoutable par « nos » services depuis peu. Pour exemple, Jean-Marie Le Pen sait qu’il est sur écoute depuis des décennies.

     

     

    La nouveauté, ce sont les « boîtes noires ». Une machine qui permet de détecter une activité « anormale » sur le Net, installée chez les FAI (fournisseurs d’accès). Un principe vendu par la société Amesys à des pays qui voulaient filtrer leurs communications intérieures, afin d’isoler les réseaux de résistance. Ce fut le cas de la Libye, avec la bénédiction des autorités françaises. Nos gouvernants promettent que l’anonymat de ce système de « pêche au chalut », ces filets géants qui ratissent tout, pour faire le tri ensuite, sera garanti. Par ailleurs, la surveillance électronique sera élargie à tous les cercles de la famille et des proches des terroristes en puissance ou sous surveillance. Connaissant les degrés de liberté entre les individus (il suffit en moyenne d’une chaîne de trois individus pour relier deux individus qui ne se connaissent pas sur terre), cela permettra une surveillance extrêmement large. Avec toutes ces métadonnées, un superfichier, le FIJAIT (fichier judiciaire national automatisé des auteurs d’infractions terroristes) sera créé. On a vu ce que la multiplication des fichiers a donné en matière de recherche des tueurs en série pour les enquêteurs de la police et de la gendarmerie… Données conservées pendant 20 ans et sans droit réel de regard de la population. Même la CNIL, pourtant pas bien méchante, n’y aura pas accès.

    Il n’y a donc pas le moindre espace de liberté dans tout ce dispositif, et la loi entérine cet état de choses. Sauf que tout le monde n’use pas de la liberté d’expression : le grand public n’est pas concerné, cela ne touche que les opposants, les dissidents, et autres lanceurs d’alerte. Tout ce qui ne marche pas droit. Confirmation par Natacha Polony dans Le Grand Journal du 13 avril 2015 :

    « Il y a eu un sondage pour le site Atlantico qui nous dit que 63 % des Français seraient favorables à une limitation des libertés individuelles sur Internet, ce qui signifie qu’en fait ils préfèrent leur sécurité à une hypothétique diminution de leurs libertés. »

    Dont acte : le grand public regarde ailleurs, et l’attelage Hollande/Valls compte opportunément sur cette passivité. D’ailleurs, la société civile n’a pas véritablement bondi. Seuls les méchants de service, désignés par le pouvoir, risquent de pâtir de cette « modernisation ». Aucune résistance de masse ne s’est organisée : on a bien entendu des représentants de la Quadrature du Net hurler au loup, mais quand on sait qu’ils sont financés, entre autres, par Soros, on se pose des questions. Dans la même veine, le New York Times a sorti un article très critique sur cette loi française. Une forme de mea culpa quant à son implication dans toutes les guerres de Bush depuis 1991 ? Jérémie Zimmermann, cofondateur de la Quadrature du Net, apparaît sur nos écrans pour fustiger une loi liberticide :

     

    « Avec ce projet de loi, il sera possible pour le gouvernement, pour les services du Premier ministre de regarder vos textos, vos sextos, vos messages Facebook, vos chats, vos mails, et aucune forme de contrôle ne permettra de les en empêcher ! »

     

    Tiens, aucune trace de la dissidence politique, première visée derrière cet écran de fumée. Au risque d’en vexer beaucoup, la vie privée des Français utilisateurs de réseaux sociaux n’intéresse pas vraiment le renseignement intérieur. En revanche, la loi permettra, en élargissant le filet, de ratisser plus large et d’associer les sites de réinformation, pas forcément bien traités par la « démocratie » en place, à une certaine apologie du terrorisme. Et là, on comprend que le piège est parfait, l’organe de contrôle sur lequel s’adossent les autorités pour justifier d’un respect des libertés publiques, étant lui-même sans pouvoir, et sous surveillance.

    La CNCIS, commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité, devenue celle des techniques de renseignement (CNCTR), organe bêtement consultatif, n’est qu’une émanation des services de l’État et de ses obligés, comme l’explique le président de la République. Trois magistrats, un président (nommé par Hollande), le vice-président du Conseil d’État, institution rendue ridiculement célèbre en janvier 2014 lors de l’affaire Dieudonné, et du premier président de la cour de Cassation. De grands défenseurs de la liberté d’expression ! La presse souligne sans ironie que cet organisme est « indépendant ». Alors que toutes les informations qui passent entre ses mains seront classifiées secret défense ! Impossible pour un citoyen, à moins d’une démarche ubuesque financée par de généreux mécènes, d’arriver à obtenir une information sur une écoute… légale.

     

    Que cherche le pouvoir ?

     

    Pour comprendre les intentions cachées du pouvoir, il suffit de se référer à l’autorité qui a été choisie pour surveiller le blocage des sites Internet : Alexandre Linden. Né à Rabat au Maroc en 1945, cet apparatchik de la démocratie a été tour à tour conseiller honoraire à la cour de Cassation, président de la cour d’Appel de Paris de 1998 à 2005, président de la commission supérieure de la carte d’identité des journalistes professionnels depuis 2013, et donc finalement choisi par la CNIL en tant que juge de paix de la censure en ligne.

     

    Bernard Cazeneuve à l’Assemblée nationale : 
    « Il est hors de question, absolument hors de question, d’organiser en France je ne sais quel système de surveillance de masse ou de surveillance généralisée. »

     

    Le président François Hollande évoque la plateforme de cryptage PNCD :

    « Tout ce qui est fait à l’intérieur est contrôlé… Personne ne vous écoutera sauf si il y a eu un certain nombre de suspicions sur vos activités terroristes ou sur vos liens avec des personnes terroristes parce qu’il peut arriver ça. […] Et même un recours devant le Conseil d’État s’il devait y avoir quelque doute pasque vous pourriez vous posez la question, est-ce que je suis pas écouté ? Donc vous pouvez saisir la commission, qui elle-même pourra voir sa décision si elle n’est pas satisfaite, remise en cause par le Conseil d’État… Mais cessons de croire qu’il y a un système général d’écoute ! Pourquoi voudriez-vous que l’État, que même les services, euh, entreprennent de savoir ce que nous faisons, y compris dans notre vie privée ? Ce n’est pas de ça dont il s’agit. Ce dont il s’agit c’est uniquement, uniquement, de la lutte contre le terrorisme ou de nos intérêts. Car il y a aussi des personnes qui viennent nous espionner pour savoir comment nos entreprises travaillent, comment l’État, ça ne vous a pas échappé, qu’il y avait même eu des chefs d’État qui avaient été écoutés… » (Le Supplément, Canal+, le 19 avril 2015)

    Une loi mûrie après les évènements... 
    de janvier 2014 ?

     

    En réalité, au-delà de tous ces machins dont la démocratie a besoin pour apaiser les consciences – et celle du pouvoir en premier lieu –, le Premier ministre concentre tous les pouvoirs de décision. C’est Jean-Jacques Urvoas, petit député socialiste, initiateur de la loi sur le renseignement, qui a servi d’allumeur de mèche. Pour lui, les États-Unis sont « un exemple en matière de surveillance ». Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, obéit le doigt sur la couture aux instances supérieures. Le contrôle général est assuré par Valls, dont les objectifs collent absolument avec ceux du CRIF. Lors de sa Conversation secrète avec Michel Denisot, diffusée sur Canal+ le 15 avril 2015, il exprimait sa priorité profonde.

    Michel Denisot, en balade dans Paris :

    « Là on passe à côté du Mémorial des martyrs de la déportation, je vais vous citer, vous avez dit l’antisémitisme, le racisme, les actes antichrétiens sont des délits, il y a un an face à Dieudonné, je me suis senti un peu seul. »

    Maternelle de Manuel Valls dans le Marais (authentique)

     

    Manuel Valls :

    « Oui parce que quand je menais ce combat contre ce personnage, qui ne pratiquait pas de l’humour mais des délits permanents, j’ai trouvé que y compris dans la presse, comme si au nom de la liberté d’opinion on pouvait dire n’importe quoi, je me suis senti parfois un peu seul ; heureusement il y a des gens qui m’ont soutenu, mais le combat a été dur, rude, et jusqu’à ce que je réussisse à faire condamner le, Dieudonné M’Bala M’Bala parce que c’est un délit, je sentais bien qu’il y avait une hésitation que je peux comprendre ! Hum, parce que bon, nous sommes dans un pays de démocratie, les mots peuvent tuer. Faut jamais l’oublier. 

    – Roland Dumas il sous-entendait que vous étiez sous l’influence juive de votre épouse.

    – Le même jour, la revue Inspire, la revue de Daech, sortait ma photo avec une kippa et disait que j’étais enjuivé par ma femme. Et le même jour Roland Dumas tenait ses propos euh, euh, infâmes. Ça veut bien dire que l’antisémitisme est quelque chose de profondément ancré chez une partie de la société et chez certains.

    – Votre femme Anne Gravoin a été atteinte par ces propos ?

    – Non, elle a bien senti que c’était moi qui étais atteint, et en plus elle ne revendique jamais sa judaïté, elle est encore moins pratiquante, c’est donc une fête, elle est profondément laïque, athée, mais qu’on vous renvoie à votre origine c’est ce qu’il y a de pire pour ces, pour ces, pour ces raisons. »

    La République est en de bonnes mains !

     

    Manuel Valls a pris objectivement le pouvoir en trois actes : nomination à l’Intérieur en contrepartie de ses 10 % des voix pour Hollande au second tour des primaires du PS en octobre 2011, prise du pouvoir exécutif lors de l’affaire Dieudonné le 9 janvier 2014, avec l’appui des autorités médiatico-juridiques, et prise du pouvoir total en mai 2015 grâce à ce Patriot Act à la française, soit un soft coup d’État étalé sur quatre ans. Toute la question est de savoir pour qui travaille Manuel Valls. Pour la République ? Oui, mais la République selon le CRIF. Le Conseil nous donne toujours l’exemple en matière de lutte contre le terrorisme et contre l’antisionisme, ce qui n’est en toute objectivité pas exactement pareil, mais qui fusionne dans l’esprit de cette association. Le 5 février 2015 tombe le fameux décret (toujours plus important qu’une loi) relatif au blocage des sites faisant l’apologie du terrorisme. Le CRIF a jubilé, en rappelant ceci :

    « Si l’éditeur et l’hébergeur d’un site ne répondent pas aux demandes de retrait de l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication, les fournisseurs d’accès à internet sont alors notifiés pour bloquer l’accès. Il s’agit d’un blocage administratif, sans l’intervention d’un juge, ce qui laisse le ministère de l’Intérieur seul juge des critères justifiant une telle mesure. »

    Soral et Dieudonné en première ligne… de mire

     

    Un pouvoir discrétionnaire et absolu de plus pour le Premier ministre, qui ne s’en est pas privé, vu qu’il n’a pas à motiver ses choix. Concrètement, un imam comme Imran Hosein pourra être, dans le cadre de ce principe de précaution élargi, considéré comme proche des islamistes, eux-mêmes étant proches des islamistes radicaux, et donc des terroristes, dont la définition s’allonge ces derniers temps. Alors que ce sont ses prises de position politiques qui heurtent le pouvoir prosioniste. Ainsi, par une série d’amalgames artificiellement créés, des sites d’information non-alignés comme Égalité & Réconciliation ou Quenel+ pourront, même de loin, être assimilés à des formes bâtardes mais quasi officielles d’apologie du terrorisme. Sans avoir jamais appelé à la moindre violence. Et cela suffira pour le bloquer.

     

    Définition du terroriste : celui qui ne s’aligne pas sur les versions officielles ?

     

    On comprend donc que derrière tout ce mauvais maquillage démocratique, il s’agit avant tout de la mise en place d’un arsenal intérieur, ou plutôt Intérieur, qui donne les pleins pouvoirs à Manuel Valls, ce représentant numéro un du pouvoir réel, qui influence la politique française, intérieure et extérieure. Avec la passivité du président de la République, qui ne pense qu’à rester en poste, quelles que soient les humiliations infligées par son secondant, qui gouverne le pays à sa place. Le choix des Français a été bafoué, puisque Manuel Valls, qui n’a été choisi que par 10 % des socialistes lors des primaires du PS, ne pèse théoriquement pas 1 % dans l’électorat. Cependant, les sondages d’opinion le donnent en permanence devant le Président, c’est donc le chouchou des médias, toujours coupés du peuple, comme l’était Nicolas Sarkozy en 2004-2007. Avant de s’effondrer dans les sondages, et dans la tête des Français, une fois en poste, au vu de sa politique antifrançaise.

    À ceci près que Sarkozy était président de la République, et qu’il n’était donc pas question de le « doubler » par un Premier ministre soumis à un puissant lobby. C’est la difficulté qu’a tournée le pouvoir réel dans le cas de l’attelage Hollande/Valls : ou comment inverser le vote des Français, qui voulaient un socialisme social, pas un libéralisme répressif, comme c’était le cas sous Sarkozy. Où l’on comprend que quel que soit le résultat des élections, le même pouvoir finit toujours par traverser la fine couche de démocratie, et s’asseoir à la table des décisions.

    Pour ce qui concerne l’opposition au pouvoir réel, sur Internet, le simple fait de ne pas être sioniste pourrait bientôt suffire à être accroché à la locomotive du terrorisme, cette grande invention de nos gouvernants, pour justifier des décisions extraordinaires : c’est ainsi que les Américains ont déclaré leurs guerres en Asie depuis 2001, que les Français ont déclaré leurs guerres en Afrique depuis 2013 (Mali, Centrafrique), protégeant nos ressortissants mais aussi « nos » intérêts à coups de bombardements, autrement plus meurtriers que les attentats sur notre sol.

     

    Rafale bourré de missiles non piloté par les frères Kouachi

     

     
    Avec cette loi, le noyau du pouvoir réel s’assure un contrôle total sur son opposition réelle, les oppositions successives PS/UMP étant factices, simples leurres pour les croyants du dieu Démocratie. Ce pouvoir totalitaire, qui émane d’un réseau d’influence et de décision tenant le Premier ministre, est désormais intouchable, puisque tout contre-pouvoir peut être assimilé à une apologie du terrorisme, par lequel il faut sous-entendre antisionisme et antisémitisme. La liberté d’expression ne dit pas merci à Coulibaly, aux frères Kouachi et à ceux qui les ont laissés tuer des innocents. Aujourd’hui, dans la deuxième phase de l’Opération, même si ça peut paraître pompeux, c’est la liberté politique qu’on assassine.
  • Game of Thrones

    Quand le gouvernement se la joue Game of Thrones

    Publié le 14 avril 2015 dans Médias

    Sur le moment, on se dit que c’est une blague ou que le site du gouvernement a été hacké par de vraiment très terrifiants individus.

    Par Phoebe Ann Moses.

    GOT

    Cette page n’est en réalité pas accessible depuis le site. Elle a été envoyée sur les réseaux sociaux, sans doute pour toucher un public plus jeune. Et pour emballer dans un paquet cadeau moderne les récentes réformes oligarchiques.

    Sur le moment, on se dit que c’est une blague ou que le site du gouvernement a été hacké par de vraiment très terrifiants individus.

    Mais pas du tout ! En cliquant sur chaque article, on tombe sur une page tout à fait sérieuse expliquant la réforme territoriale, ou la maîtrise des dépenses publiques. Toutefois ne manie pas l’art de la parodie qui veut, surtout pas un gouvernement en période de crise. Ainsi, l’internaute veillera à ne pas s’étrangler quand il tombera sur la jeunesse sans emploi :

    GOT2

    Le gouvernement nous avait déjà concocté un jeu pour Noël, preuve qu’en ce haut lieu du pouvoir on est loin d’être sinistre et qu’on a l’esprit taquin.
    Le but de cette présentation était de créer le buzz ; en parler nous fait donc participer à cette mascarade. Mais l’occasion était trop belle pour ne pas la saisir. On peut donc d’ores et déjà s’amuser à distribuer les rôles des protagonistes.

    En tous cas il semblerait que les blagounettes présidentielles aient contaminé l’ensemble du royaume. D’ailleurs dès 2012, sa campagne annonçait sa devise : Winter is coming (« le changement c’est maintenant »). On attend impatiemment un Lannister paye toujours ses dettes.