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Gouvernement français:décryptage - Page 5

  • Pilleurs d'Etat

    Pilleurs d'Etat : pourquoi nos élus en arrivent à se prendre pour des surhommes (et s'en mettent plein les poches)

    Philippe Pascot a côtoyé les élus de tout bord pendant près de 25 ans. Il recense dans cet ouvrage les abus légaux dans lesquels tombe la classe politique française : salaire exorbitant, exonération d’impôts, retraite douillette, cumuls, emplois fictifs, déclarations d’intérêts et d’activités bidons et tant d’autres petits arrangements entre amis... Extrait de "Pilleurs d'Etat", publié aux éditions Max Milo (2/2).

    Bonnes feuilles

    Publié le 15 Mai 2015

    Certains de nos élus en arrivent à se prendre pour des surhommes, au-dessus des lois. Crédit Reuters

     

    C’est l’ancienne ministre Michèle Delaunay, députée de Gironde, qui a très bien décrit le phénomène sur son blog en septembre 201430. Elle y décrit le parcours carriériste de nombre de ses collègues qui suivent tous à peu près le même chemin, certains allant juste plus vite que d’autres. Elle constate aussi que les élus (de plus en plus nombreux) et les parlementaires ne savent rien de la vraie vie, celle des fins de mois difficiles, des courses à faire pour la semaine, des repas à préparer pour les enfants, de la voiture qui tombe en panne au mauvais moment, des transports en commun bondés et toujours en retard.

    De tous ces petits détails, qui empoisonnent la vie quotidienne de tout un chacun, ils n’ont jamais connu l’ombre d’une miette. De la vie, ils ne connaissent que celle qu’ils se sont bâtie en consacrant l’essentiel de leur temps à atteindre le seul objectif qu’ils se sont fixé : être élu. Et comme le dit très justement Mme Delaunay, le virus sympathique du départ, cette envie de transformer le monde, d’aider son prochain, se mue en maladie incurable de celui qui sait tout, dont la parole devient d’évangile, la volonté de puissance remplace celle de bien faire : le surhomme vient au monde. Celui qui, parce que le système le veut, perd toute spontanéité et se met à calculer ce que veut voir l’électeur et non ce qu’il faut faire en réalité pour l’intérêt général.

    Car à ce stade de la carrière naissante de l’élu, celui-ci prend goût au pouvoir et à tout ce qu’il représente. Du jour au lendemain, son statut change, il cesse de faire partie du commun des mortels, il devient un personnage, un notable, quelqu’un de respectable et de respecté.

    Je l’ai moi-même vécu après mon élection en tant que conseiller régional d’Île-de-France, puis de président de la commission de la formation professionnelle et de l’apprentissage de la Région Île-de- France. D’un coup d’un seul, je suis devenu quelqu’un d’autre. On aurait pu croire qu’une fée s’était penchée soudainement sur mon berceau d’élu et, d’un coup de baguette magique, m’avait rendu immédiatement beau et intelligent… Du jour au lendemain, un certain nombre de courtisans administratifs, souvent des chefs de service qui hument la possibilité d’une promotion, venaient me voir, l’échine courbée, me serinant de façon obséquieuse du « Le président veut-il… » ou du « Si le président pense… » à chaque phrase requérant mon attention.

    À l’époque, ce tumulte soudain m’avait tellement perturbé que j’ai mis une bonne journée à comprendre que le président dont parlaient sans arrêt ces gens, et qui paraissait si important à leurs yeux, eh bien c’était moi ! Et non Jean-Paul Huchon, le président de Région, comme je l’ai cru toute la journée.

    Cela crée un choc et vous propulse vite, si on n’y prend pas garde, sur un nuage où on se laisse vite bercer..

    Le pouvoir que l’on vous octroie procure les avantages qui en sont l’accessoire (téléphone, Internet, frais de représentation, invitations diverses et variées…), eux-mêmes doublés d’un soupçon de privilèges et d’un zeste de passe-droits qui font que très vite, de tout là-haut sur le petit nuage, les vraies gens deviennent tout petits, voire insignifiants. Vous venez de toucher le gros lot et plus rien ne compte vraiment que la contemplation de ce que vous êtes devenu.

    Une fois bien installé, l’élu, prenant goût à la fonction, commence à réfléchir et se demande comment faire pour que de locataire de son mandat, il en devienne propriétaire. Sans s’en rendre compte ou par calcul (pour toujours davantage d’élus), l’élu fait ce qu’on appelle « un plan de carrière ». Il commence alors à cumuler : un mandat pour la soif, un autre au cas où, une viceprésidence par-ci, un petit mandat local comme base de repli par-là, un territoire à garder pour avoir sa base arrière…

    Le formatage des élus : un frein à la diversité, la créativité et la prise de risques

    On entre maintenant en politique, toutes tendances confondues, avec un plan de carrière préétabli. On va essayer dans un premier temps de gagner sa place au soleil, puis de la garder et d’agrandir à mesure son terrain de jeu. Le tout entre gens du même monde, de la même corporation, qui se serrent les coudes quand on essaye de toucher à leurs prérogatives. Certes, de temps en temps, ces gens se donnent quelques coups de griffes, mais en général ce sont plutôt des coups de pattes, comme le ferait une portée de chatons joueurs entre eux, juste pour désigner celui qui sera le dominant de la tribu.

    Comme de plus en plus d’élus à responsabilités multiples ont quasiment le même parcours pour arriver au pouvoir, qu’ils sont tous issus à peu près des mêmes couches sociales (à quelques rares exceptions près), qu’ils ne travaillent, vivent, respirent quasiment qu’en vase clos, il tombe sous le sens que la compréhension de la vie au quotidien leur échappe. Dans le même moule de fonctionnement, ne vivant que pour et par leur carrière emportée de haute lutte, entourés d’une foule d’assistants courtisans qui les conseillent tout en montant autour d’eux un cordon sanitaire infranchissable pour celui qui n’est pas coopté par le « sérail », ces élus parlementaires aux mandats multiples ne peuvent plus comprendre et sentir les besoins d’une population dont ils ne font plus partie car ils n’en partagent plus rien (si ce n’est les petits fours lors des inaugurations, des comices agricoles et pince-fesses nombreux).

    Ils décident, peaufinent, détaillent, inventent des règles et des lois qui sont à 100 000 lieues des préoccupations quotidiennes de la population. Comment des parlementaires peuvent-ils comprendre qu’il est difficile de vivre avec un revenu de 500 euros par mois alors que tous sont plus que largement à l’abri du besoin ? En 2012, il ne restait au sein du Palais-Bourbon qu’un seul député ouvrier. Depuis cette date, légère amélioration, il y a 11 députés ouvriers et employés, soit environ 3 % de l’ensemble de l’Assemblée31.

    Si on ne doit pas tomber dans les clichés simplistes et stériles, on est quand même obligé de constater que nos parlementaires ne sont plus à l’image de leurs mandants. La fracture entre ceux « d’en haut » et ceux « d’en bas » s’agrandit d’année en année.

    Dans un rapport du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof ) de 201232, on constate qu’il n’y a quasiment plus aucun parlementaire qui le devient au titre d’un premier mandat. Quasiment tous ont déjà une longue carrière politique ou d’appareil derrière eux. La plupart ayant commencé leur parcours avant 25 ans dans des instances politiques soit comme assistants parlementaires, soit comme conseillers municipaux ou régionaux.

    La politique n’est plus vue comme un sacerdoce dans lequel on s’engage pour défendre la veuve et l’orphelin mais comme une carrière au long cours. Il faut la gérer avec prudence au sein d’un groupe qui vous protégera, et sa continuité passera, pour beaucoup, par une soumission profonde sous des dehors de liberté apparente.

    Sans soutien, sans appui, sans argent, il est quasiment impossible aujourd’hui de gagner une élection parlementaire. Le trublion qui vient déranger la machine bien huilée du parcours obligatoire du candidat programmé ne passe plus que très rarement la barre du premier tour. Il faut être du « sérail ».

    Tous ces élus forment un conglomérat bien tassé dont les couleurs politiques se distinguent de moins en moins, tant le fonctionnement interne de ce bloc uniformisé procède d’un immobilisme prudent nécessaire pour conforter un parcours politique qu’ils veulent sans risque.

    Les parlementaires se gardent bien de s’aventurer dans des réformes profondes de la société en évolution ou sur des terrains trop voyants qui les exposeraient à la critique ou pire, à la vindicte populaire.

    La prise de risque altruiste s’amoindrit pour faire place à une prise de risque calculée qui n’entachera pas leur plan de carrière.

    Extrait de "Pilleurs d'Etat", de Philippe Pascot, publié aux éditions Max Milo, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

  • Lettre ouverte au Président de la République

     

    Lettre ouverte au Président de la République sur l’accueil des réfugiés et des migrants en France et en Europe

    11 septembre 2015 | Par Les invités de Mediapart

    Lettre ouverte au Président de la République envoyée par 43 organisations, le jeudi 10 septembre, sur l’accueil des réfugiés et des migrants en France et en Europe. Les organisations demandent qu'après les paroles, le chef de l'Etat passe aux actes : « La France et ses partenaires européens doivent, d’urgence, ouvrir des voies d’accès légales et sûres pour les personnes qui se trouvent dans des pays tiers (Liban, Jordanie, Libye etc..) et qui souhaiteraient rejoindre l’Europe sans risquer leur vie et sans avoir recours à des passeurs ».


     

    Paris, le 10 septembre 2015

     

    Monsieur le Président,

     

    Lundi dernier, lors de votre conférence de presse vous avez fait un certain nombre d’annonces sur le thème de l’asile et des migrations qui éclairent la position que la France entend défendre lors de la réunion des ministres de l’Intérieur de l’UE du 14 septembre prochain à Bruxelles.

     

    Nous notons que la tonalité de vos propos et leur contenu contrastent significativement avec les positions que la France défendait avant l’été. Les tragiques événements survenus depuis semblent avoir enfin provoqué le sursaut tant attendu pour que ces personnes qui souhaitent rejoindre l’Europe en quête de protection et de conditions de vie dignes soient considérées pour ce qu’elles sont : des êtres humains qui méritent en premier lieu notre compassion et notre solidarité, et non un regard suspicieux et le rejet à coup de murs, de barbelés et de répression policière.

     

    Pour autant, vos annonces, si elles sont plus généreuses que celles faites avant l’été, restent de notre point de vue très en deçà du défi posé à notre pays et à l’Union européenne pour répondre à l’attente de ces réfugiés et migrants, qu’ils se trouvent déjà dans l’UE ou encore dans des pays tiers.

    Aujourd’hui la France doit urgemment adopter des positions courageuses, et ce, dès la réunion des ministres de l’Intérieur de l’UE du 14 septembre. Elles sont au moins au nombre de trois :

     

    1. Concernant les réfugiés et migrants se trouvant déjà sur le sol français.

     

    Compte tenu de la tradition d’accueil par la France des exilés, que vous avez réaffirmée, comment justifier l’insuffisance de l’accueil proposé à ces personnes? Aujourd’hui, il faut sortir de la logique d’encampement à Calais. La France a la capacité logistique et économique de proposer des mises à l’abri dans des dispositifs en dur, à Calais et tout au long de la trajectoire migratoire en métropole et notamment à Paris. Ces lieux de mise à l’abri doivent permettre d'apporter aux personnes une réponse à leurs besoins vitaux comme manger, boire, se laver, être soignées et, pour la plupart, être accompagnées sur le plan psychologique. Des conditions d’accueil décentes sont indispensables pour que les migrants puissent être correctement informés et exercer sereinement leurs droits, notamment de demander l’asile.

     

    Comme vous, nous saluons la mobilisation de nombreuses communes de France, certaines n’ayant pas attendu les événements tragiques récents pour agir. Nous attendons de l’Etat et des collectivités qu’ils mobilisent des moyens humains et financiers suffisants pour que la parole de la France se traduise en actes concrets de solidarité pour un accueil digne.

     

    2. Concernant l’accueil des personnes se trouvant actuellement dans des pays de première arrivée (Grèce, Italie, Hongrie…).

     

    Vous avez annoncé que la France accueillera 24 000 de ces personnes dans le cadre d’un dispositif permanent et obligatoire de relocalisation. Nous saluons le soutien de la France à un tel dispositif qui devra permettre une meilleure répartition de l’effort d’accueil des demandeurs d’asile entre les pays de l’UE.

     

    En revanche, le nombre de 24 000 (sur deux ans), suggéré par la Commission européenne, est inadapté à la réalité immédiate. Le HCR lui-même estime à 200 000 au minimum le nombre de personnes à « relocaliser » en Europe sachant qu'il en est arrivé 350 000. La solidarité européenne, notamment vis-à-vis de la Grèce et de l’Italie, doit être autrement plus ambitieuse.

     

    Vous avez par ailleurs insisté sur l’importance de la mise en place de « centres d’identification et d’enregistrement » (hotspots) dans les pays de première arrivée pour effectuer un tri entre les demandeurs d’asile et les personnes qui doivent être « raccompagnées », « dans la dignité ». Nous avons les plus grandes inquiétudes quant aux méthodes qui seraient utilisées pour procéder à ce tri, et aux conditions matérielles dans lesquelles il s'effectuerait. Pouvez-vous nous garantir que ces centres ne seront pas des lieux de privation de liberté, des prisons aux portes de l’Europe ?

     

    Nos organisations sont par ailleurs choquées qu'il soit envisagé de rejeter d’emblée certaines catégories de ces personnes qui, pour la plupart, ont risqué leur vie pour rejoindre l'Europe, alors que la complexité croissante des causes de départ rend de plus en plus difficile la distinction entre asile « politique » et exil « économique ». Rejeter ceux qui sont déjà plongés dans une extrême précarité, parce qu’ils seraient « pauvres » et non « réfugiés », n’est pas acceptable. En face de personnes qui fuient des situations de guerre, d’oppression ou de misère, la seule conduite digne, c’est celle fondée sur l’accueil et le respect des droits fondamentaux.

     

    La crise actuelle a amené l’Allemagne à suspendre unilatéralement l’application du règlement Dublin pour les ressortissants syriens. Nos organisations alertent depuis longtemps l’UE sur les conséquences dramatiques de ce dispositif injuste, inéquitable et pourtant très inefficace. Nous vous demandons donc de tirer les conséquences de la crise actuelle et d’appeler l’UE à remettre à plat le système d’asile européen, en commençant, comme le préconisent le Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe et le Rapporteur spécial sur les droits de l'homme des migrants de l'ONU, par suspendre l’application du règlement Dublin, quelle que soit la nationalité du demandeur d’asile.

     

    Enfin, nous estimons que la France et l’UE doivent urgemment renégocier avec le Royaume-Uni les règles d’entrée sur le territoire britannique. Ces règles sont à l’origine des problèmes majeurs rencontrés dans le Calaisis depuis bientôt 20 ans. Si, comme vous l’avez rappelé, cette crise doit nous amener à faire des « choix qui compteront » et qui seront jugés « par l’histoire » et à traiter les migrants avec « humanité et responsabilité », alors il est urgent de rouvrir ces discussions.

     

    3. Concernant les personnes qui souhaitent rejoindre le territoire européen.

     

    Vous avez également évoqué les défis posés par ces flux migratoires sur le plan international, notamment dans la perspective du sommet Europe-Afrique de La Valette (11 novembre 2015) et d’une conférence internationale sur les réfugiés que la France pourrait accueillir.

     

    Pour nos organisations, l’urgence de la situation est telle que des mesures doivent être prises immédiatement pour éviter de nouvelles tragédies, de nouveaux décès - près de 3 000 - que vous avez-vous-même rappelés au début de votre conférence. La France et ses partenaires européens doivent, d’urgence, ouvrir des voies d’accès légales et sûres pour les personnes qui se trouvent dans des pays tiers (Liban, Jordanie, Libye etc..) et qui souhaiteraient rejoindre l’Europe sans risquer leur vie et sans avoir recours à des passeurs. La délivrance de visas et la suppression des visas de transit aéroportuaire s'imposent, comme s'imposent le soutien au regroupement familial et la sécurisation des parcours.

     

    Pour faire face à cette urgence, l'UE pourrait aussi mettre en œuvre le mécanisme prévu par la Directive 2001/55/CE du 20 juillet 2001 relative à l'octroi d'une protection temporaire en cas d'afflux massif de personnes déplacées, précisément conçue pour offrir, « en cas d’afflux massif ou d’afflux massif imminent de personnes déplacées en provenance de pays tiers qui ne peuvent rentrer dans leur pays d’origine », une protection immédiate à ces personnes.

     

    Quant aux discussions avec les pays de départ et les pays de transit des migrants, nous constatons que, depuis des années, des politiques de coopération et d'aide au développement sont mises au service de l'externalisation des contrôles migratoires, entraînant parfois de graves conséquences en termes de droits humains des migrants. Nous sommes très alarmés par les travaux en cours dans le cadre du processus de Khartoum, où sont sous-traités, y compris à des régimes dictatoriaux, certains aspects de la politique migratoire de l'Union européenne. Nos organisations vous demandent solennellement de bannir, en matière de migrations, toute coopération avec des États tiers, d’origine et de transit, qui ne respectent pas les libertés et droits fondamentaux.

     

    Monsieur le Président, l’émotion provoquée dans l’opinion par les images récentes, nous la ressentons depuis des années. Pour être à la hauteur des défis posés par la nécessaire protection des personnes qui frappent aux portes de l’UE, les dirigeants européens doivent faire preuve d’une grande volonté politique. Si cette volonté est bien expliquée, si vous et votre gouvernement vous engagez résolument, nous sommes persuadés que nos concitoyens seront de plus en plus disposés à accueillir ces personnes en quête de paix et de protection.

     

    Nous souhaitons pouvoir évoquer de vive voix ces sujets avec vous, en particulier en vue du prochain sommet européen et des futures conférences internationales. Nous vous invitons une nouvelle fois à recevoir tous les acteurs de la société civile qui agissent concrètement, et certains depuis longtemps, en faveur d’un accueil digne et respectueux des réfugiés et des migrants. C’est ensemble que nous pourrons relever ce défi.

     

    Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l’assurance de notre très haute considération.

     

    Signataires :

    L’ACAT-France; l’ACORT; Action tunisienne; ADTF; Anafé; ARDHIS; ATMF; CCFD Terre-Solidaire; Centre Primo Levi; La Cimade; Coordination 93 de lutte pour les sans-papiers; Coordination SUD; CRID; DIEL (Droits Ici et Là-bas); Elena-France; Emmaüs France; Emmaüs International ; EndaEurope; EuroMed Droits – REMDH; FASTI (Fédération des Associations de Solidarité avec Tou-te-sles Immigré-e-s); Fédération de l’Entraide Protestante; FIDH; FNARS; Fondation France Libertés - Danielle Mitterrand; FORIM; Français Langue d’Accueil; France Amérique Latine; FTCR ; Gisti; Grdr Migration-Citoyenneté-Développement; IDD; Ligue des Droits de l’Homme; Médecins du Monde; Migreurop; Mouvement de la Paix; Mouvement pour la dignité et les droits des Maliens; MRAP; l'Observatoire Citoyen du CRA de Palaiseau; l’Organisation pour une Citoyenneté Universelle; Réseau Foi et Justice Afrique Europe; Secours Catholique-Caritas France; Secours Islamique France; Syndicat de la Magistrature; Terre des Hommes France; Union syndicale Solidaires.

     

    Cc : M. Manuel Valls, M. Laurent Fabius, M. Bernard Cazeneuve, Mme Marisol Touraine, Mme Annick Girardin, M. Harlem Désir

  • Affaire Ulcan

    Privilège communautaire dans l’affaire Ulcan

    Robert Faurisson et Alain Soral ne figurent pas dans la liste officielle des victimes...

     
         

     

    Ulcan est-il de retour ? Denis Sieffert, Pierre Haski et Daniel Schneidermann ont vu débarquer chez eux, entre mardi et jeudi, une armada de policiers alertée par les appels téléphoniques du hacker sioniste. L’affaire, largement relayée et commentée par les médias, fait silence sur les précédentes agressions concernant les familles d’Alain Soral et Robert Faurisson. Une question d’appartenance communautaire ?

    Le Monde, Mediapart, L’Express, Les Échos… autant de rédactions nationales qui, parmi bien d’autres, n’ont cessé de relayer sur la toile les mésaventures des trois dernières victimes de canulars téléphoniques attribués à Ulcan, le cybercriminel sioniste. Dans la nuit de mercredi à jeudi dernier, Denis Sieffert, directeur de la publication de Politis, avait en effet été réveillé par la police et les locaux de son journal avaient été dévastés par l’intervention d’un autre groupe armé de la police. Dans le même temps, Pierre Haski, cofondateur du pure-player Rue 89, avait vu débarquer chez lui le SAMU, les pompiers et la police ; contrôle nocturne instillé par un canular similaire. Une agression groupée puisque la veille, le fondateur d’Arrêt sur images, Daniel Schneidermann, avait lui aussi été victime du même procédé.

    Après avoir offert une tribune aux trois journalistes, les médias semblaient avoir enfin pris le dossier Ulcan à bras le corps en dressant une liste malheureusement non-exhaustive des victimes du hacker franco-israélien. Ont été évoqués tour à tour les noms de Pierre Stambul, membre du bureau national de l’Union juive française pour la paix (UJFP), Stéphane Richard, PDG d’Orange, Jean-Claude Lefort, ex-président de l’association France-Palestine Solidarité, ou encore du journaliste de Rue 89, Benoit Le Corre, première victime réellement médiatisée (dont le père était décédé d’une attaque au cœur suite à un canular d’Ulcan). Pour autant, aucune mention n’a été faite des agressions téléphoniques subies par Hicham Hamza, fondateur du média indépendant Panamza, en février 2015, par Robert Faurisson en août 2014 ou par la famille d’Alain Soral en septembre 2014. Oubli involontaire ? Pas si sûr.

    Et pour cause, les dernières victimes du hacker font partie intégrante du système médiatique français et jouissent du suprême privilège d’être membres de la communauté qui y est la mieux représentée. Dès lors, leurs timides prises de positions pro-palestiniennes n’auront pas entamé l’engouement affiché de la caste médiatique à s’épancher sur les déboires de leurs confrères.

    Nommée « swatting », la technique de harcèlement téléphonique rappelle précisément le mode opératoire du hacker franco-israélien Grégory Chelli, alias « Ulcan », tristement célèbre pour ses agressions verbales malsaines auxquelles il a dédié un site web crée en 2011 (violvocal) et dont se gargarise un petit groupe de fanatiques.

    Réfugié à Ashdod (Israël), Ulcan jouit pour le moment d’une impunité effrayante, malgré les nombreuses plaintes déposées à son encontre. En l’absence de traité d’extradition entre la France et Israël, seule une prise en main virile et concertée du dossier dans les deux pays pourrait inquiéter le hacker. « Il est grand temps que le ministère de l’Intérieur s’exprime sur ces affaires », s’est d’ailleurs insurgé récemment Denis Sieffert dans les colonnes du journal Le Monde. Et le directeur de Politis de pointer du doigt « des complicités qui apparaissent de plus en plus évidentes ». Alors qu’Ulcan, ancien membre de la LDJ condamné en 2009 à quatre mois de prison avec sursis, sévit depuis déjà plusieurs années, le ministre de l’Intérieur a soudainement prêté une oreille attentive à ses dernières victimes. Bernard Cazeneuve recevra dans son bureau les trois journalistes dès mardi prochain. Aux dernières nouvelles, il semblerait que Robert Faurisson et la famille d’Alain Soral n’aient pas été conviés.

  • Syrie: LETTRE OUVERTE À FRANÇOIS HOLLANDE

     
    LETTRE OUVERTE À FRANÇOIS HOLLANDE 

    Semer la sauvagerie dans nos pays se retournera contre vous

    par Hassan Hamadé

    C’est avec beaucoup d’assurance et de satisfaction que le président français, François Hollande, a reçu les Amis du Peuple syrien, le 6 juillet 2012. C’est avec orgueil qu’il leur a lu un discours, écrit pour lui par le département d’État et mal traduit en français. En quelques instants, il s’est converti en leader de l’opposition armée syrienne agitant le drapeau vert, blanc, noir de la colonisation française. Depuis, il ne perd aucune occasion de vouloir, d’annoncer, puis de renoncer à la guerre. Hassan Hamadé observe sa triste agitation.

     
     

     

    Le 6 juillet 2012, François Hollande présidait un sommet des Amis de la Syrie. Parmi les invités d’honneurs, on comptait plusieurs criminels contre l’humanité (c’est-à-dire ayant organisé l’exécution massive de personnes au seul motif de leur appartenance religieuse). Douze jours plus tard, il donnait l’ordre d’assassiner les membres du Comité syrien de Sécurité nationale et de donner l’assaut de Damas.

    Monsieur le président,

    J’ai tenu à vous adresser par la présente une parole vraie, avec l’espoir qu’elle puisse être lue avec attention par votre Excellence. Cette parole émane d’une personne admirative du patrimoine culturel français, attachée à sa diversité et à sa richesse ; un attachement d’autant plus intense que, pour lui, le grand héritage des Lumières subit de nos jours, une véritable persécution. Ses nobles principes sont brutalement écartes de la vie publique, à commencer par ceux contenus dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, énoncée le 26 août 1789, en pleine Révolution.

    C’est avant tout un héritage libre de par sa nature. Il forge, immunise et protège des êtres humains libres, tels que Dieu les a crées et voulus. Il porte en lui des valeurs humaines, sociales, qui ne peuvent être ligotées, ni refoulées dans les coulisses de la mémoire, sans que cela constitue un crime culturel contre l’humanité. Des valeurs résumées par le fameux triptyque, Liberté, Égalité, Fraternité, faisant de la Révolution française le flambeau et la boussole pour plusieurs peuples au monde et préparant le terrain à la naissance du système démocratique, en France et dans d’autres pays.

    Hélas, ces valeurs sont exclues, remplacées par une culture visant à amadouer les gens, à les priver petit à petit de leurs acquis sociaux, à les porter à accepter l’injustice sociale, voire même l’esclavage masqué, préparant ainsi la naissance d’un homme quasi-robotisé, dépourvu de dignité, de sentiment et d’ambition.

    Comment ne pas réagir face à ce contraste flagrant, révoltant, entre l’actuelle culture décadente et celle des Lumières, construite par des hommes libres qui n’ont pas hésité à annoncer leurs convictions devant le grand roi de France Louis XIII : 
    « Pour grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes, 
    Ils peuvent se tromper comme les autres hommes ». 
    Le Cid, de Pierre Corneille, 1637, soit un siècle et demi avant la Révolution française.

    C’est cette même flamme de la liberté qui a porté le vrai philosophe Jean Paul Sartre à refuser, en 1964, le prix Nobel. Comme s’il prévoyait que ce prix allait être décerné à des politiciens tels Shimon Peres, commanditaire du massacre de Cana et père de la bombe atomique israélienne, ainsi qu’à d’autres de son genre avides de guerres d’agressions.

    Je me contenterai de ces deux exemples, riches en symboles et en significations, sans oublier de saluer la mémoire de Voltaire, de Rousseau et d’autres phares de la culture franco-universelle, pionniers et contemporains.

    Monsieur le président

    Comment se fait-il que cet héritage fantastique n’a plus droit de cité dans les choix politiques actuels de la France ? Est-il possible qu’il en demeure ainsi ? Comment ne pas poser ces questions alors nous assistons à des transformations rapides dans le conflit en Syrie, dont vous êtes un des principaux intervenants étrangers, depuis sa conception et sa préparation par le camp militaro-politique auquel vous appartenez, sans jamais parvenir à influencer les choix décisifs. Ces transformations ainsi que leurs répercussions et les indications dangereuses qu’elles portent, justifieraient une simple question : n’avez-vous donc pas pensé, ne serait-ce qu’un instant, à l’éventualité de voir votre principal allié, les États-Unis vous réserver une mauvaise surprise, récidivant sa perfidie de 1956 qui avait réduit en cendres les espoirs franco-britanniques de récupérer les propriétés coloniales nationalisées par le président Gamal Abdel Nasser ? Une volte face qui a facilité la défaite humiliante des deux ex-empires européens, remplacés par le fameux condominium soviéto-états-unien avec l’entrée triomphale de Moscou sur la scène régionale etc..

    Nul chef d’État ne peut se payer le luxe d’ignorer les leçons de l’Histoire. Elles doivent être prises en compte dans les analyses et les prévisions qui précèdent l’action dans les crises internationales.

    Monsieur le président,

    Vous avez fait preuve d’un enthousiasme étrange pour renverser militairement l’État syrien. Vous étiez même prêts à participer à une vaste offensive de l’Otan, sous le prétexte de la nécessité de trancher à tout prix, d’autant que vos alliés sur le terrain se montraient incapables d’arriver au but. N’avez-vous pas remarqué que ces massacres, perpétrés depuis plus de deux ans et sept mois, ne sont pas moins que la destruction totale de la Syrie en tant qu’État et société ? Une question clé se pose ici : renverser un régime que vous décrivez des plus despotiques au monde, justifierait-il la destruction du pays en entier pour le transformer en un vaste cimetière ? Quel est donc ce système démocratique qui naîtra des cimetières ?

    Vous avez manifesté une très ferme détermination à engager l’Otan dans une guerre d’agression contre la Syrie au motif que « le régime » utiliserait des armes chimiques. Soit. Vous avez approuvé a priori la décision US, annoncée publiquement, de recourir pour cette expédition « punitive » à des missiles de croisière Tomahawk. Cependant, nous savons d’après l’expérience irakienne, que les États-Unis, utilisant une technique française, les équipent d’ogives couvertes d’uranium appauvri et ce pour deux raisons. 
    La première c’est le besoin de se débarrasser d’une partie de l’énorme stock d’uranium appauvri en le vidant sur des pays destinés à être détruits, sans tenir compte des conséquences catastrophiques que cela pourrait avoir sur l’environnement et la santé des générations à venir des peuples cibles. 
    La deuxième raison est économique. Car les armes à uranium appauvri ont une capacité de destruction et de pénétration des blindages nettement supérieure aux armes conventionnelles. L’effet direct de ce procédé permet une réduction substantielle des coûts et des dépenses de la guerre. Les États-Unis ont ainsi utilisé, lors de la guerre de destruction de l’Irak en 2003, plus de 2 800 tonnes d’uranium appauvri, selon les témoignages précis d’experts internationaux réputés pour leurs compétences scientifiques et leur intégrité morale, tels qu’Hans Christopher Van Spoonek ou Denis Halliday. 
    La morale de cette histoire : vous êtes résolument opposé à l’extermination des populations en Syrie par des armes chimiques, mais vous ne trouvez pas d’inconvénient dans leur extermination par les armes nucléaires ! Étrange est vôtre logique.

    Comme vous le constatez, Monsieur le président, j’évite d’avancer une quelconque opinion quant à la véracité des accusations que vous portez sur l’usage d’armes chimiques par l’État syrien. Cependant, il m’est extrêmement difficile d’ignorer les affirmations du juge international, Carla Del Ponte. La magistrate a déterminé, preuves à l’appui, la responsabilité directe des opposants armés dans l’utilisation d’armes chimiques contre des civils à Khan Al-Assal. Je ne conteste pas la sincérité de vos accusations parce que vous insistez toujours pour ignorer les massacres commis par les terroristes, vos alliés. Depuis plus de deux ans et sept mois, l’Otan n’en a dénoncé aucun. Pas même un seul. Ce comportement, pour étrange qu’il puisse paraître, s’inscrit dans la logique qui guide les choix du commandement de l’Alliance atlantique dans la confrontation internationale qui se déroule en Syrie. Votre camp procède au ramassage des « djihadistes »(d’Al-Qaïda et de ses dérivés) et à leur transfert vers la Syrie. Il se charge de leur fournir les armes sophistiquées et la logistique nécessaire à l’accomplissement de leurs missions destructrices. Aujourd’hui, les masques sont tombés. Ce n’est que par respect pour votre prestigieuse fonction présidentielle que je m’abstiendrai de tout commentaire des déclarations compromettantes d’officiels français de haut rang, tels par exemple les dires de votre ministre des Affaires étrangères (dont le génie, les compétences et les performances diplomatiques ne peuvent passer inaperçus). Selon lui, « Les gars d’Al-Nosra font du bon boulot sur le terrain ». Cette déclaration, déjà gravée dans les Annales de ce conflit, est certes antérieure à l’annonce officielle de la fusion de leurs structures organisationnelles avec celles d’Al-Qaïda en Mésopotamie, mais bien ultérieure à de multiples massacres perpétrés par « Al-Nosra » dans différentes régions de Syrie.

    Monsieur le président,

    Pour comprendre la politique d’un pays il faudrait tout d’abord avoir ne serait-ce qu’un simple aperçu de son patrimoine culturel. Partant de ce principe, j’ai tenu à évoquer le patrimoine culturel français et son rôle déterminant dans le façonnage de la démocratie française et dans le rayonnement de vôtre pays. Mais, comme je l’ai évoqué plus haut, ce patrimoine se trouve, hélas, persécuté. Pourquoi en est-il ainsi ? Tout simplement parce que, de nos jours, il n’a plus droit de cité, ni dans la vie publique ni dans les choix diplomatiques. Il suffit simplement d’observer, de près, les modalités du fonctionnement des médias pour se rendre compte que la culture prédominante dans ce milieu est quasiment réduite à des stéréotypes dont l’unique mission est de lancer des campagnes de propagande en faveur du bellicisme états-unien et de ses entreprises guerrières sur la scène internationale.

    Justifier les « guerres d’agressions » et le « chaos constructeur », dont les théories sont mises en place à Washington par « les princes de l’obscurité », telle semble-il est la principale mission politique des « grand intellectuels » qui monopolisent vos écrans. Terrible fracture entre aujourd’hui et hier. André Malraux fut le philosophe et le penseur le plus proche de l’esprit et du cœur du général De Gaulle. Permettez-moi, Monsieur le président, de vous poser une question qui pourrait paraitre naïve : quel est le philosophe ou le penseur le plus proche de votre esprit et de votre cœur ? Est-ce Bernad-Henri Lévy, Alain Alain Finkielkraut ou d’autres parmi les fervents thuriféraires des guerres de l’Otan ? Des « intellectuels » qui défendent un concept politique visant, conformément aux directives de Washington et d’Israël, à « semer la sauvagerie » (selon l’expression du penseur libanais Youssef Aschkar) dans nos pays, avoisinants l’Europe. Des « intellectuels » qui ne réalisent pas qu’en implantant la sauvagerie dans nos terres, c’est à l’Union européenne qu’il font le plus grand tort. Des « intellectuels » monopolisant les médias et les transformant, avec l’aide des patrons du monde de la finance et des complexes militaro-industiels, en outils de terrorisme, menaçant quiconque oserait exprimer son refus de se soumettre au diktat de la « pensée unique ».

    Comme vous le savez bien, la « pensée unique » est une rhétorique idéologique, injuste de nature, qui mène la plupart du temps aux pires aboutissements. Dans le livre de Youssef Aschkar, intitulé La Mondialisation de la terreur [1], il apparait clairement que « ce qui se passe actuellement dans la Méditerranée et ce qui pourrait s’y passer est dangereux, abominable et destiné à l’être encore d’avantage si l’on permet à cette percée idéologique monstrueuse avec toutes ces facettes, de conduire cette opération qui consiste à "semer la sauvagerie" au point de non-retour, où tous les partenaires de la Méditerranée, en premier les Européens, découvriront trop tard qu’ils sont en face d’un courant incontournable et devant des dégâts et des dommages à jamais irréparables ».

    Excusez-moi si j’ai utilisé le terme « terrorisme » en évoquant vos médias qui incitent à « semer la sauvagerie » et à mener des guerres offensives contre nos pays. Et je ne suis pas le seul à le dire. Votre prédécesseur, le président Nicolas Sarkozy a reconnu cette réalité lorsqu’il s’était plaint durant sa dernière campagne électorale d’être devenu la cible du « terrorisme du système médiatique ». C’est un aveu, qui sert désormais de référence, une confirmation que vos média exercent le terrorisme. Des médias terroristes. Le président Sarkozy va même jusqu’à évoquer l’existence d’un « système » médiatique terroriste. Et comme vous le savez, Monsieur le président, le terme « système » dans ce contexte porte une connotation fort péjorative, car il englobe également la propagande du « discours unique » qui est loin d’être une attribution des démocraties.

    Cette opinion, fort précise, converge avec la vôtre, Monsieur le président, voire même la complète. Comment ? Vous avez, Monsieur le président, proclamé de vive voix lors de la même campagne électorale, dans un discours que vous avez prononcé en janvier 2012 à l’aéroport du Bourget : « J’ai un adversaire, et mon adversaire n’a ni visage ni adresse, ni parti politique, il ne se porte pas candidat aux élections, mais c’est lui qui gouverne. C’est le monde de la finance ».

    Vous avez fort raison, Monsieur le président. Vos paroles sont très claires. Le pouvoir réel dans votre pays ne réside plus dans les institutions constitutionnelles du « Pouvoir ». Le temps, à ce qu’il parait, est devenu celui de la post-démocratie. C’est l’ère de « l’oligarchie », le pouvoir de la finance. D’ailleurs le « néolibéralisme », qui est la forme la plus brutale du capitalisme déchaîné, ne peut coexister avec les systèmes démocratiques. Le néolibéralisme enfante des dictatures proclamées ou camouflées. Nous ne sommes donc pas étonnés de voir les médias érigés en « système » terroriste, sachant qu’ils appartiennent en majorité aux grands capitaux, aux complexes militaro-industriels et au monde de la finance. Ceci étant, il est normal que leur vocation devienne l’implantation de la sauvagerie, non seulement dans nos pays, mais dans les vôtres aussi… Pouvons-nous par exemple reprendre les mots de Pierre Corneille sur les erreurs des rois et remplacer le vocable « rois » par « néolibéralisme » ? … ou employer le mot « Israël » à la place « des « rois » ?

    Nous sommes devant plusieurs éléments qui constituent le grand puzzle de la scène globale, dans votre pays comme dans le nôtre et dans le monde entier. Ce paysage est réel. Il ne peut être éclipsé, ni rendu crédible par les prétextes avancés pour détruire un pays en entier : tuer ses habitants, éradiquer sa société, ses fondements économiques, culturels, environnementaux et existentiels, tout en y semant la sauvagerie pour le « renvoyer à l’âge de la pierre » comme le répètent, en toute arrogance, sans jamais être critiqués, les dirigeants des États-Unis et d’Israël quand il s’agit de faire souffrir nos pays. Y a-t-il un terrorisme plus terrible que d’anéantir des peuples et des pays entiers pour les renvoyer à « l’âge de la pierre » ?

    N’est-ce pas l’apogée du terrorisme que de soumettre les peuples de Syrie, du Liban et de Palestine — durant trois mois — aux menaces d’une guerre de destruction massive, par des missiles de croisière qui rappellent la destruction de l’Irak avec les mêmes armes à l’uranium appauvri ?

    Monsieur le président, si vous aviez visité la Syrie, le Liban ou la Palestine, et aviez eu des contacts directs avec ses peuples, vous auriez rencontré un chauffeur de taxi qui vous aurait récité des poèmes de Victor Hugo. Je vous demande, vous qui êtes si enthousiaste pour la destruction de nos pays : avez-vous lu de votre vie, l’ouvrage d’un seul intellectuel syrien ?…

    Monsieur le président,

    Je vous invite à envoyer une invitation à la grande chercheuse, Hoda Abdel Nasser, pour qu’elle vous présente les précieuses lettres échangées entre son père, le président Gamal Abdel Nasser, et le général De Gaulle. Ce serait peut-être un moyen pour vous de vous soigner de ce « prurit belliqueux » qui atteint certain chefs d’États. D’autant que Washington a brusquement fait volte-face, sans prendre votre avis, comme lors de l’agression tripartite contre Suez. Je vous conseille également de lire 1956, Suez, un ouvrage écris par l’ancien ministre français des Affaires étrangères, le diplomate chevronné Christian Pineau.

    Croyez-moi, Monsieur le président, seule la culture est capable de stopper l’avancée de cette stratégie diabolique visant a implanter la sauvagerie et à renvoyer nos pays à « l’âge de la pierre ».

    Monsieur le président, je vous prie de bien vouloir prendre en considération cet humble conseil provenant d’un allié de l’opposition démocratique syrienne, qui a refusé, dès le début, la militarisation de l’opposition, l’argent corrompu des pays du Golfe, vos ingérences destructrices et le maintien en place du régime au pouvoir. Je parle de l’opposition démocratique que vous-même avez refusé d’écouter, bien que nul en Syrie ne doute de sa sincérité.

    Je réitère mes remerciements pour toute l’attention que vous pourriez réserver à cette parole vraie car elle tient à la sauvegarde des relations de respect et d’amitié entre nos pays et la France.

    As Salam Aleiqom (La paix soit avec vous).

    Source 
    As-Safir (Liban)

  • INTERVENTIONS DU RAID...

    enquête du 16/06/2015 par Vincent Coquaz

    INTERVENTIONS DU RAID AU DOMICILE DE MILITANTS PRO-PALESTINIENS

    Des agressions attribuées à Ulcan (qui "nie formellement")

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    Mots-clés : ChelliPierre StambulRaidUJFPUlcan

    Quatre personnalités "pro-palestiniennes" ou "anti-sionistes" ont été visées en quelques mois par une pratique appelée le "swatting" : les forces de l’ordre sont envoyées chez la victime par de faux appels téléphoniques. Pour Pierre Stambul, président de l’Union Juive Française pour la Paix, visé le 9 juin, le hacker franco-israélien Ulcan serait derrière ces attaques à distance. Ce dernier nie toute implication (mais est félicité pour l'agression par ses partisans sur Facebook).

    "Il était 3h50 du matin lorsque les policiers du RAID sont rentrés de force chez la voisine et ont pointé un pistolet sur elle en criant «on cherche M. Stambul». [...] J’ai immédiatement été plaqué au sol, tutoyé, insulté, menotté avec des menottes qui vous blessent les poignets et se resserrent dès que l’on bouge.raconte à Politis Pierre Stambul, co-président de l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP), organisation juive pro-palestinienne et anti-sioniste. La cause de cette intervention particulièrement musclée du Raid, dans la nuit du 8 au 9 juin ? Un appel à la police d’une personne qui s’est faite passer pour Stambul et qui assurait avoir tué sa femme. Une pratique appelée "swatting" (de l'anglais SWAT, nom des forces d'élite américaines) dont le but était ici d’empêcher une réunion publique que Stambul devait animer le lendemain, pour le compte de l’UJFP et l’association BDS France (qui défend le boycott d’Israël), sur le thème : "Antisemitisme/antisionisme : à qui profite l’amalgame ?" (réunion à laquelle il a finalement pu participer).

    Pierre Stambul a décrit la scène et montré les dégâts causés par le Raid à France 3

    Contacté par @si, Stambul assure avoir été blessé lors de cette "visite" des forces d’élite de la Police nationale : "Je sors de chez le médecin. J’ai un énorme hématome au pied qui m’empêche quasiment de marcher". Menotté par les forces de l’ordre, qui pouvaient pourtant constater que sa femme était toujours en vie, il a par ailleurs passé sept heures en garde à vue, suspecté d'être à l’origine des fausses déclarations.

    Il rapproche son agression de celles subies par d’autres personnalités proches de sa mouvance, dont l’autre co-président de l’UJFP, Jean-Guy Greilsamer, chez qui la police est venue le 2 mars, ou une membre de l’UJFP, Pessi Borell, trois jours plus tard. Le lendemain du swatting de Stambul, c’était enfin au domicile parisien de l’ancien député et ex-président de l’association France-Palestine Solidarité Jean-Claude Lefort que la police frappait (mais ce dernier n’était alors pas chez lui).

    UN CANULAR "TRÈS BIEN MONTÉ"

    Tous attribuent plus ou moins directement la responsabilité au hacker franco-israélien ultra-sioniste Grégory Chelli, alias Ulcan, sans pouvoir le prouver pour le moment. "Ulcan ne gagnera pas, on part à Toulouse dans un petit moment", lançait ainsi, à chaud, Stambul. "J’ai alors pensé à un individu ultra-sioniste et très agressif qui depuis Israël a utilisé le même mode opératoire", estimait de son côté Greilsamer peu de temps après son agression.

    Mais Pierre Stambul va plus loin en évoquant une complicité des autorités israéliennes, dans le contexte d’une "hystérie israélienne autour du boycott". Pour arriver à cette conclusion, il s’appuie sur la technique employée par la personne à l’origine de l’attaque. Selon le préfet de Marseille, Laurent Nuñez, la police a procédé à un contre-appel, c’est-à-dire qu’ils ont rappelé le téléphone de Stambul pour s’assurer que le premier appel venait bien de lui. Or, c’est de nouveau la personne à l’origine de la fausse alerte qui a répondu. Une technique plus complexe que le simple fait d’appeler en camouflant son numéro avec celui d’une autre ligne ("spoofing"), et qui prouverait selon Stambul les moyens importants à la disposition d’Ulcan.

    Politis

    Le préfet y voit plutôt la marque de pirates doués. En rappelant, les policiers "sont retombés sur le même individu - une manipulation possible pour des personnes sachant manier certaines techniques de piratage -, qui leur a cette fois-ci dit que sa femme était morte [et qu'il attendait la police] avec un fusil. C'est ce contre-appel qui a déclenché l'opération du Raid", détaille ainsi le préfet, cité par Le Figaro.

    Cette technique du contre-appel, insuffisante dans le cas de Stambul, avait été imposée aux commissariats par le ministère de l’Intérieur suite à une précédente vague d’appels du même type en juillet 2014, qui visaient spécifiquement le journaliste de Rue89 Benoit Corre (sur notre plateau ici), dont le père est mort d’une crise cardiaque quelques jours après l’irruption des forces de l’ordre chez lui, mais aussi le fondateur de Rue89, Pierre Haski. Pour Laurent Nuñez, cité par Mediapart, Stambul a donc été victime d’un "canular très bien monté" par un "hacker" pour l'instant encore non identifié. Concernant l’implication d’Ulcan, Nuñez a admis que l’incident correspond à ce dont est capable Chelli, "autant sur le mode opératoire que sur les cibles".

    "ULCAN NIE FORMELLEMENT TOUT LIEN AVEC CETTE AFFAIRE"

    Pourtant, Ulcan lui-même a nié "formellement tout lien avec cette affaire", au site JSS News, proche de la droite israélienne. Il accuse même Stambul d'avoir prévenu lui-même la police pour faire sa promotion. Également évoqué comme suspect lors de "canulars" contre deux animateurs de l’émission Touche pas à mon poste (D8) et celui d’un Youtubeur jeu vidéo, Ulcan avait déjà indiqué ne pas en être le responsable. Il n’écartait toutefois pas que ces agressions émanent d’utilisateurs de son tchat "Viol vocal", estimant n’être pas responsable de ce qui s’y passait : "Je ne suis pas l'auteur des swattings de TPMP, ni de celui de BIBIX. Je ne suis pas non plus responsable des 6000 membres de vvocal.com, tout comme Bill Gates n'est pas responsable de tous les appels passés via Skype."

    Cependant, les "fans" d’Ulcan sur Facebook sont tous persuadés que Chelli est bien derrière le "swatting" de Pierre Stambul et rivalisent d’insultes contre le président de l’UJFP. Des félicitations auxquelles Ulcan ne répond à aucun moment pour nier son implication.


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    Surtout, ce n’est pas la première fois qu’Ulcan nie être à l’origine d’attaques… même s’il revendiquait dans un premier temps les avoir commises. Ainsi, après plusieurs semaines où il narguait ouvertement les équipes de Rue89 et revendiquait le harcèlement, il avait finalement nié être à l'origine du hacking du site et avait minimisé la gravité des attaques contre les journalistes (@si vous en parlait ici). Un rétropédalage qui pourrait être lié aux nombreuses procédures en cours qui le visent toujours en France.

    Un évènement en particulier pourrait également expliquer son changement de comportement : selon Mediapart, "fin octobre 2014, le hacker a été arrêté et placé en garde à vue, puis relâché après 48 heures d'interrogatoire par les policiers d'Ashdod (Israël), où il réside. L’ambassade d’Israël en France venait de publier un communiquéassurant aux autorités françaises leur volonté de coopérer dans le traitement judiciaire de cette affaire, même si les deux pays ne disposent d'aucune convention d'extradition." Un élément déjà donné par France Info en octobre dernier.

    Problème : Le Point a depuis démenti cette information. "Contrairement à ce qui a pu être relayé il y a quelques mois, Ulcan n'a fait l'objet d'aucune mesure de garde à vue en Israël où il est réfugié", écrit ainsi l'hebdo. Surtout, contacté par @si, le journaliste de France Info à l’origine de l’information confesse que "s’il avait bien pu recoupé l’information à l’époque", il n’est plus forcément "certain" de ce qu’il avançait. "J’avais eu des informations par la suite sur le fait qu’il avait été arrêté, mais pour des motifs totalement différents des affaires françaises. Mais c’était invérifiable et je n’ai jamais eu le fin mot de cette histoire, donc je suis passé à autre chose."


    En plus des canulars téléphoniques, Ulcan a aussi revendiqué l’attaque de plusieurs sites, dont France Info, France Inter, Mediapart mais aussi @rrêt sur Images. L'occasion de revoir notre émission sur l'affaire Ulcan : "Benoit, ils ont dit que tu étais décédé !"

    MAJ 17 juin 2015 : Ajout du démenti du Point et de la réaction de journaliste de France Info sur une possible arrestation de Chelli à Ashdod.