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Gouvernement français:décryptage - Page 12

  • CONDAMNATIONS POUR APOLOGIE...

    CONDAMNATIONS POUR APOLOGIE DU TERRORISME : LES "PROVOCATIONS" CONTRE LA POLICE PRISES EN COMPTE...

    ...mais pas la déficience mentale

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    Plus de 70 procédures et un appel solennel du gouvernement à la plus grande fermeté contre tous ceux qui feraient "l'apologie du terrorisme". Depuis quelques jours, les condamnations se multiplient et vont de quatre ans ferme, à en croire les titres de presse, au simple... rappel à la loi. Alors comment expliquer de telles différences dans les peines ? Et l'apologie au terrorisme sur Facebook est-elle plus ou moins sévèrement punie que des menaces en pleine rue ?

    Le gouvernement avait appelé à la "fermeté" contre "l’apologie du terrorisme". La ministre de la Justice avait publié en ce sens une circulaire le 12 janvier, dans laquelle elle demandait aux procureurs de la Républiquede faire preuve d’une "extrême réactivité dans la conduite de l’action publique envers les auteurs de ce type d’infractions".

    Monde1

    Deux jours plus tard, Le Monde comptait plus de 70 procédures ouvertes pour apologie et menaces d’actions terroristes et notait une "répression accrue". Si la plupart des sites de presse qui traitent du sujet rappellent les condamnations les plus lourdes, dont celle à quatre ans fermes (qui n’avait pas grand-chose à voir avec l’apologie du terrorisme comme @si l’expliquait aussi), peu soulignent que tous les prévenus n’ont pas été jugés aussi sévèrement.

    "JE N'AIME PAS CHARLIE, ILS ONT EU RAISON DE FAIRE ÇA"

    Ainsi, un homme, qui a hurlé "je suis fier d’être musulman, je n’aime pas Charlie, ils ont eu raison de faire ça" dans la rue à Saint-Étienne le 11 janvier, a bien commis un délit d’apologie du terrorisme, qui consiste à "présenter ou commenter" publiquement un attentat "sous un jour favorable" selon la circulaire de Taubira. Pourtant, il n’a pas été condamné et a écopé d’un simple rappel à la loi. Idem pour un homme à Courbevoie (92) qui clamait "nique la France, nique Charlie Hebdo". Point commun : aucun des deux hommes ne menaçait quelqu'un en particulier, et rien n’indique qu’ils avaient déjà été condamnés pour d’autres faits.

    Il semble en fait que les peines les plus lourdes ont été prononcées contre des individus ayant menacé directement des policiers ou des fonctionnaires. Dans ces cas-là, les peines semblent en tout cas plus exemplaires.

    "SA PLACE N'EST PEUT-ÊTRE PAS EN PRISON"

    Il en est ainsi pour un Marocain de 38 ans, par exemple, souffrant de problèmes psychiatriques. "Il s'est fait contrôler après avoir fait un doigt d'honneur à la police lundi dans le XIXe arrondissement. Il traite alors les «Français de bouffeurs de porc», qui «méritent ce qui leur est arrivé» et aurait dit selon la police «quand je vois des bombes qui explosent et des policiers qui crèvent, je rigole», «les policiers méritent de mourir, je suis le fils de Ben Laden»", raconte Le Parisien. Alors que le procureur estimait que sa place n'est "peut-être pas en prison", le tribunal a tout de même prononcé une peine de trois mois ferme avec placement en détention immédiate.

    Parisien

    Un Isérois qui souffre d'une "déficience mentale légere" depuis l'enfance a lui été condamné à six mois de prison ferme pour avoir "provoqué une patrouille" de police, explique Metronews, en ces termes "Ils ont tué Charlie, moi j'ai bien rigolé. Par le passé ils ont déjà tué Ben Laden, Saddam Hussein, Mohamed Merah et de nombreux frères... Si je n'avais pas de père ni de mère, j'irai m'entraîner en Syrie".

    Un dernier cas a été largement relayé : une fille de 14 ans a été mise en examen pour avoir menacé des contrôleurs dans le tram à Nantes. "On est les sœurs Kouachi, on va sortir les kalachnikov" a lancé l'adolescente aux agents, pour laquelle le juge des enfants a prononcé une mesure de réparation (alternative éducative à l'incarcération) explique Ouest-France.

    DES PEINES ENCOURUES PLUS LOURDES SUR INTERNET

    Et il n'y a pas qu'en hurlant ce type de propos dans la rue qu'on risque de lourdes peines. Plusieurs cas d'apologie du terrorisme en ligne ont été jugées ces derniers jours. Un homme de 22 ans de Rueil-Malmaison a ainsi été condamné à un an ferme après avoir publié sur Facebook une vidéo dans laquelle "il se moquait d'Ahmed Merabet, le policier abattu lors de l'attaque contre Charlie Hebdoraconte Metronews, qui précise toutefois qu'il était connu de la police pour des affaires de stupéfiants. Next Inpact a recensé au moins quatre autres condamnations à de la prison ferme pour des messages postés pour les réseaux sociaux, en plus du jeune de Rueil-Malmaison et de la mise en examen de Dieudonné (dont @si parlait ici et ).

    Un Varois de 27 ans a ainsi écopé d'un an de prison dont trois mois ferme pour avoir dit, sur Facebook, «On a bien tapé, mettez la djellaba, on ne va pas se rendre, il y a d'autres frères à Marseille». Il avait pourtant avoué avoir "agi par bêtise, pour faire le buzz" avant de présenter ses excuses. Deux Castrais ont été condamnés à respectivement 5 et 12 mois ferme pour des faits similaires, sur le même réseau social. Idem pour un jeune homme de 18 ans de Châlons-en-Champagne : trois mois de prison ferme pour avoir écrit "Il faut rafaler, rafaler (...), nique sa mère Charlie (...), il y en aura d'autres (...), mort à la France" et publier une photo de djihadistes armés.

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    Des condamnations parfois lourdes, qui s'expliquent notamment par le fait que la loi antiterroriste de novembre 2014, en plus de faciliter les condamnations pour apologie du terrorisme, a revu à la hausse les condamnations pour ce délit s'il est commis en ligne : la peine maximale encourue est passée de cinq à sept ans d'emprisonnement et de 45 000 à 100 000 euros d'amende (@si vous en parlait ici). Une sévérité qui fait bondir la Ligue des droits de l’homme, citée par Next Inpact. Celle-ci est très critique vis-à-vis de la dernière loi antiterrorisme, qui créerait un quasi-"délit d’opinion" : "les récentes poursuites en rafale sur la base de cette nouvelle disposition, au motif d’une apologie du terrorisme, donnent lieu à des condamnations parfois importantes, et sont prononcées dans les conditions détestables qui sont celles des comparutions immédiates, alors que le plus souvent il s’agit d’actes d’ivrognes ou d’imbéciles sans même aucune publicité".

    SANCTION ADMINISTRATIVE POUR UNE PROF

    Outre les sanctions pénales, une mesure de suspension a été prise à l'encontre d'une enseignante de Bobigny. En cause, le discours complotiste qu'elle aurait tenu face à une classe, et que des élèves ont enregistré. Un incident rapporté par Le Monde : "Mme M. évoque«le flic soi-disant mort». Elle ajoute qu’«on n’a pas vu les corps des journalistes». «Vous trouvez pas ça bizarre qu’il en manquait un à leur réunion?», interroge l’enseignante en évoquant la conférence de rédaction de l’hebdomadaire satirique".

     
  • « Nique la France »

     
     

    14 janvier 2015

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    Le rappeur Saïdou du groupe Z.E.P (Zone d’expression populaire) et le sociologue et militant Saïd Bouamama sont mis en examen pour « injure publique » et « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence » sur une plainte de l’Agrif, un groupe d’extrême droite nostalgique de l’Algérie française. Comme des millions de gens à travers le globe ces dernières années, les deux auteurs ont attaqué le colonialisme et le système capitaliste et impérialiste. Comme beaucoup d’entre nous, ils dénoncent une idéologie toujours très en vogue : le racisme, sous ses formes les plus courantes mais aussi les plus décomplexées. Comme de nombreux habitants des quartiers populaires, ils ont crié leur colère contre les inégalités, les discriminations et la justice à double vitesse. C’est pour cela qu’ils sont poursuivis en justice. Le procès de Saïdou Zep et de Saïd Bouamama aura lieu le 20 janvier, à 13h30 au TGI de Paris. (4 Boulevard du Palais, 75001 Paris - Métro Cité Ligne 4) Soyons nombreuses et nombreux à nous mobiliser, c'est la liberté d'expression qui y est directement attaquée.

     

    Nous vivons des discriminations racistes massives, systémiques, structurelles et institutionnelles. Celles-ci touchent l’ensemble des sphères de notre existence (scolarité, formation, emploi, logement, rapport à la police, etc.) faisant de nous un groupe social infériorisé, délégitimé, assigné aux places les plus précaires, les plus dégradées, les plus inégales de la société française.

    Nous sommes l’objet de campagnes idéologiques régulières nous construisant comme « barbares », « homophobes », « antisémites », « allergiques à la laïcité », « terroristes », etc.

    L’islamophobie s’impose progressivement comme seule porte d’entrée pour faire de nous des « ennemis de l’intérieur » à mettre sous surveillance, à traquer, à réprimer, etc. Notre intimité est violée par des débats médiatiques et politiques insultants. De la loi sur le foulard à l’école au projet de loi sur la « burqa », en passant par le débat sur les minarets, celui sur ladite « identité nationale » et celui sur la révolte des quartiers populaires en novembre 2005.

    La production systématique d’humiliations à l’endroit de tout un groupe social continue et s’amplifie. Nous sommes enfermés systémiquement dans des frontières qui pour être invisibles n’en sont pas moins réelles. L’ouverture des check points pour quelques uns, largement médiatisés, n’occulte aucunement qu’ils sont infranchissables pour la grande majorité des nôtres.

    Du guichet des préfectures au contrôle de police, en passant par la sélection scolaire et les discriminations à l’emploi, notre quotidien est le rappel permanent de ces frontières. Nous sommes en permanence sommés à l’allégeance. À la soumission. À la justification. À la politesse. À la discrétion. À l’invisibilité. Alors même que la sauvegarde de notre dignité exige de la révolte. De la lutte. De la visibilité. De l’impolitesse.

    De l’irrévérence. De l’insoumission. De l’impatience égalitaire. Nous sommes sommés d’aimer le système qui nous opprime. Nous sommes accusés de « communautarisme » lorsque nous tentons de nous organiser entre dominés de manière autonome. Lorsque nous ne baissons plus la tête et que nous refusons d’être invisibilisés. Ce « communautarisme » diabolisé est pourtant dans le contexte de domination qui est le nôtre, un rempart contre la dépersonnalisation. La décomposition. La « haine de soi ».

    Pourquoi diable aurions-nous honte d’être Arabe, Noir, Musulman… D’être des non-Blancs. Nous sommes accusés de « victimisation » lorsque nous nous contentons de dénoncer les discriminations racistes massives que nous subissons et que nous exigeons d’être traités égalitairement. Nous sommes objectivement des victimes d’un système raciste se traduisant par des discriminations massives et systémiques.

    Quel est donc ce Nous ? Ce nous est à la fois un héritage de la colonisation et une production permanente du système social français actuel. Ce nous est repérable statistiquement dans les multiples travaux de recherches mettant en exergue les catégories touchées par les discriminations et les inégalités. Ce nous est facilement cernable par l’observation des stigmatisations médiatiques et politiques régulières d’une origine, d’un statut juridique, d’une couleur de peau, d’une religion.

    Ce nous est composé des Noirs, des Arabes et des Musulmans de France, quels que soient leur statut juridique et leur nationalité. C’est d’abord et surtout à ce nous que nous nous adressons pour qu’il relève encore plus la tête. Pour qu’il s’organise de manière autonome. Pour qu’il ne se berce plus d’illusions devant les fausses promesses, les discours d’intentions et/ou de compassions et les mythes de la République (égalité des chances, fraternité, pensée des Lumières, etc.) que l’on nous brandit pour nous endormir. Notre avenir dépend d’abord de nous-mêmes. Des luttes que nous serons capables de mener. Des rapports de force que nous serons à même de poser.

    De l’autonomie politique, revendicative, organisationnelle que nous serons en mesure de bâtir. Désormais, nous avons le choix entre la passivité productrice d’une sous-citoyenneté et la lutte productrice de progrès.

    Nous nous adressons ensuite aux « Blancs » qui refusent sans ambiguïté ce système raciste caractérisant la société française, mais qui sont cependant conscients de bénéficier d’un statut de « petits Blancs ». Ils sont produits et construits par un système social raciste qui les met à une place différente de la nôtre par la distribution d’avantages ou de privilèges aux uns, et de désavantages et de traitements inégalitaires aux autres. En construisant une rareté des biens (logement, travail, formation, etc.), ce système social produit une concurrence entre les Blancs et les non-Blancs, poussant les uns à adopter une mentalité de « petits Blancs », comme à l’époque coloniale, et cantonnant les autres à un statut d’indigènes.

    C’est pour cette raison que nous exigeons, aujourd’hui, tout de suite, et dans toutes les sphères de la vie sociale : l’égalité de traitement. Par ailleurs, nous savons aussi que l’histoire coloniale et le système social français actuel ont imprégné et imprègnent profondément toutes les couches et classes sociales de la société française. C’est parce que nous voulons rompre radicalement avec cette imprégnation, qui pour nous prend la forme d’une mentalité du colonisé embrassant la main de son tortionnaire, que nous exigeons la même rupture radicale avec les postures de petits Blancs, les postures paternalistes, civilisatrices, intégrationnistes, etc.

    En 1984, lors d’une de nos marches nationales (Convergence 84 pour l’égalité), nous disions déjà être dans les caves de la société française, mais aussi qu’en tâtonnant dans le noir, nous nous apercevions que des Blancs étaient dans ces caves, juste à l’étage au-dessus. Nous ne nous faisions aucune illusion quant à leur paternalisme. Cependant, nous en appelions à la convergence car nous considérions qu’eux aussi, en tant que pauvres, étaient mis à la marge de la société. Nous ne sommes pas surpris pour autant de constater aujourd’hui, 25 ans après, que nous en sommes à des débats sur la « burqa », l’identité nationale, à des expulsions de sans-papiers dans l’indifférence générale, à la multiplication des crimes racistes et à des discriminations faisant désormais système, qui attestent de l’échec de cette inclusion proposée. La seule conclusion possible, dans ce contexte, est la nécessité de construire une posture de rupture nette, claire, radicale, avec tous les discours mystificateurs produits et diffusés pour légitimer et faire perdurer les inégalités et les injustices de cette société et de cette France qui n’a jamais été décolonisée. Ainsi que l’exigence d’une autonomie inviolable des modes d’énonciation du « soi » et du « nous ».

    C’est pourquoi nous disons calmement et sereinement « Nique la France » coloniale, raciste et inégalitaire. Si cette expression est apparue spontanément dans la bouche de jeunes des quartiers populaires, et ensuite dans des titres et des paroles de chansons, ce n’est ni par une attirance particulière vers la vulgarité ni pour les connotations sexuelles que certains y voient. Cela fait bien longtemps que cette expression signifie le refus de l’insupportable. Le rejet d’une place assignée. La volonté de ne plus être un objet parlé mais de devenir un sujet parlant. Toutes les lois et répressions du monde ne pourront rien contre l’expression du refus d’une vie d’esclave ou d’indigène.

    Siffler la Marseillaise ou dire « Nique França » est un acte politique qui se décline dans une multitude de formes. Il signifie le refus de la place assignée.

    « Nique França » ne dit pas : « Je suis ceci ou cela », mais « Je conteste d’être ceci », « Je refuse d’être cela », « Je m’insurge contre la place à laquelle on veut m’assigner » ;

    « Nique la France » c’est le refus de l’invisibilité et de la discrétion. C’est l’affirmation de notre droit à être ce que nous sommes et à le montrer ostensiblement ;

    « Nique la France » c’est refuser l’injonction de déférence et de politesse envers un fonctionnement social qui nous opprime. Nous exploite. Nous stigmatise. Et nous relègue ;

    « Nique la France » c’est nous affirmer comme seuls porteurs de notre émancipation en refusant une « intégration », une « assimilation », une « civilisation » que l’on a définit pour nous comme si nous n’étions que de la pâte à modeler, façonnable à souhait ;

    Le « Nique la France » perdurera tant que durera l’inégalité. Il ne peut disparaître tant que subsistent l’oppression et les discriminations. Il est engendré en permanence par nos conditions d’existence et les violences physiques, sociales, symboliques qui les caractérisent. Aucune personne ni aucun groupe n’a le moindre pouvoir de le faire disparaître tant que ses causes profondes sont encore en œuvre.

    Nous ne voulons plus être sur la défensive et la justification, car ces postures sont celles de la domination intériorisée. Nous nous situons dans l’exigence d’une égalité immédiate et non dans la plainte ou la négociation.

    Nous n’avons qu’une colère, mais elle est profonde : celle contre les injustices ; nous n’avons qu’une haine, mais elle est profondément enracinée : celle envers l’oppression. Nous n’avons qu’une passion, mais elle est totale : celle de l’égalité.

  • A mes amis chrétiens, juifs, musulmans...

    A mes amis chrétiens, juifs, musulmans, athées, à la République française

    Publication: 13/01/2015 09h41 CET Mis à jour: 13/01/2015 10h02 CET
     
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    Le ministre de l'Intérieur de la république française veut poursuivre l'humoriste Dieudonné M'Bala M'Bala pour avoir dit sur Facebook "je me sens Charlie Coulibaly". Je n'aime pas ce propagateur d'idées antisémites, mais l'attitude du ministère dénote une certaine hypocrisie. La liberté d'expression qui tolère qu'on se moque des religions ne peut-elle pas souffrir qu'on se moque des valeurs républicaines? Ce n'est qu'une opinion. Les musulmans remuent ciel et terre lorsqu'on touche à leur prophète. La république fait-elle autre chose? Or, on ne se débarrasse des perturbateurs qu'en les ignorant. Si les Musulmans respectaient ce principe, nous n'aurions pas ce carnage sur la conscience. Car ce malheur nous concerne tous. Y aurait-il des valeurs plus grandes que d'autres?

    La France a été touchée dans ses valeurs les plus ancrées, fruit d'un processus long et douloureux, mais qui a été d'un grand apport à l'humanité. Ce n'est pas tant le principe de liberté d'opinion qui a été touché. La France sait le préserver et le protéger. Ce qui a été touché depuis longtemps c'est l'Egalité. Et là, il faut le reconnaître, de grandes lacunes existent. Mais à la décharge de la France, cette situation n'est pas liée à la race ni à la religion. Bien sûr, aucun pays au monde ne peut prétendre être parvenu à l'égalité absolue entre ses citoyens, ce n'est pas facile, même à imaginer. Mais la France y est plus avancée que d'autres pays, là aussi, il faut le reconnaître. Si elle a été touchée c'est parce qu'elle a ouvert ses bras à toutes les nationalités, toutes les cultures et toutes les idées. C'est là la grandeur de la France.

    J'admire cette France-là. La France de mes professeurs français qui étaient toujours respectueux de leurs élèves. La France de ceux que j'ai connus tout au long de ma vie au Maroc, en France ou ailleurs dans le monde. J'admire cette France de l'effort, de l'intelligence, des hommes libres qui ont fait son histoire.

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    Or, le mur de cette grande histoire commence à se fracturer, et nous pouvons voir distinctement les zébrures du temps et de la lutte des cultures. La France a toléré l'intolérable, abandonnant sur le chemin de je ne sais quelle immanence politique ses valeurs de base. Lorsque des islamistes fanatiques ont provoqué la république laïque en transformant une rue en lieu de prière, la république n'a pas réagi. Et ceux qui l'ont fait ont été accusés de racisme et d'anti islamisme primaire. Pourtant, on voit bien que ce n'est pas un comportement respectueux de la république et de ses valeurs, notamment la laïcité.

    Contrairement au cordonnier, la politique ne répare pas votre chaussure, mais vous apprend à marcher avec. C'est sans doute de là que viennent tous les problèmes. En France, pays laïque, mais il ne faut pas l'oublier non plus chrétien, la politique essaie de concilier des extrêmes inconciliables. Des fanatiques musulmans pour qui la conquête de l'Europe est pour bientôt et que celui qui y contribuerait irait certainement au paradis. Des Juifs tout aussi extrémistes qui veulent toujours en découdre avec les premiers. Et bien sûr des chrétiens qui, eux aussi, voyant une grande bagarre se dérouler sur leur propre terrain se disent qu'ils sont les propriétaires des lieux et que les autres doivent rentrer chez eux.

    Heureusement pour la France et pour le monde, ces agitateurs ne sont pas majoritaires, bien qu'on n'ait aucune certitude qu'ils vont le rester.

    De l'autre côté, il y a des Juifs, des Chrétiens, des Musulmans, des adeptes d'autres religions et des athées qui vivent bien entre eux, qui commercent, discutent, sortent ensemble, s'aiment et se solidarisent entre eux. Ce sont eux qui tiennent aux valeurs de la république et il ça ne les dérange absolument pas qu'un tel dise telle ou telle énormité. Ils savent que cela ne modifiera en rien leur train de vie et leur détermination à continuer à vivre ensemble. Bien sûr sauf lorsqu'un illuminé prenne un fusil d'assaut et commence à venger ses croyances. Cela n'est pas acceptable.

    Ce qui se passe en France n'est pas anodin. La république a commis des erreurs, certes, et une personne saine d'esprit ne peut penser que ces erreurs doivent se régler dans le sang. La négligence dont sont victimes les pauvres et les marginalisés est visible à l'œil et à cœur nu. Le beau principe de l'égalité des chances ne fonctionne pas, la machine s'est fripée depuis longtemps et depuis, le cordonnier essaie de convaincre tout les mal-chaussés qu'ils peuvent quand même bien se débrouiller avec leurs godasses élimées.

    La France n'est pas une petite nation, ses faits et gestes sont pris en exemple par plusieurs peuples à travers le monde. Même quand elle agace parfois par des positions plus ou moins incongrues, elle reste admirable. On peut se fâcher avec la France, mais on ne peut pas s'en éloigner trop longtemps, parce que justement on y trouve toutes les cultures. C'est aussi pour cela qu'elle est attaquée. Et souvent par des pays qui ne tolèrent aucune culture différente. Lorsque des pays critiquent la France qui refuse la construction d'une mosquée alors qu'eux-mêmes n'ont aucune église, synagogue, ou temple hindouiste, on comprend vite la différence entre un pays ouvert et des pays fermés sur eux-mêmes, croyant que leurs valeurs supérieures ne leur permettent pas de se mélanger avec d'autres peuples.

    La marche de ce dimanche qi a mobilisé des millions de citoyens et des sympathisants à travers le monde montre bien que la France veut renouer avec sa grandeur. La réaction du ministre de l'Intérieur risque de tout gâcher.

  • Qui a tué les caricaturistes de Charlie Hebdo ?

     

     
         

    Une fusillade terroriste a eu lieu au siège du journal satirique Charlie Hebdo ce mercredi au cœur de Paris : des assaillants armés et cagoulés se sont introduits dans le bâtiment, avant d’ouvrir le feu sur des employés, au nombre desquels figuraient quatre des caricaturistes, ceux-là mêmes qui de par leurs images anti-Mohamed ont provoqué il y a deux ans de cela un tollé à travers le monde musulman.

    Pour quiconque lirait ces quelques lignes, au moment où la France est sous le choc, le doute ne peut persister : comme à chaque coup anti-occidental, les musulmans, d’essence « terroriste », et dont le nombre dépasse les 3 millions en France, se seraient laissés guidés par leur instinct d’assassin, se vengeant d’intellectuels (caricaturistes) qui n’exerçaient après tout que leur droit le plus élémentaire en démocratie, à savoir celui de l’expression.

    Cette conclusion assez hâtive se heurte toutefois à une réalité qui, elle, n’est pas aussi simple : les 11 victimes de l’attentat terroriste de ce mercredi ont vu des hommes armés de lance-roquettes et de mitraillettes s’introduire dans leur bureau, ouvrir le feu sur eux, tirer, se sauver, laisser derrière eux un bain de sang... Dans la foulée, les écoles ont fermé, les gens ont déserté les rues, la police s’est mise en état d’alerte, les Français terrorisés se sont cloîtrés chez eux par crainte de devenir la prochaine cible. Certains dires font même part de la mise en état d’alerte de l’armée, de l’aviation française pour défendre le pays contre toute éventuelle frappe terroriste. Bref, pendant quelques heures Paris est devenu Damas, Tripoli, Beyrouth, Bagdad, et les Français, des Syriens, des Libyens, des Libanais , des Irakiens !

    Depuis 2011, la France sarkozyste, puis hollandaise, s’est engagée dans une entreprise nauséabonde de soutien explicite au terrorisme wahhabite, le même qui entache le nom même de l’islam. Par simple appât de gain, pour quelques milliards de pétrodollars, les ministres français ont fait de Riyad et de Doha leurs temples, tournant le dos aux idéaux que la France non-américanisée des années 50-60 défendait encore ! Paris a voué aux gémonies la Syrie, ce pays dont la population lui vouait, elle, amour, intérêt et respect...

    La France a voulu la tête d’Assad et avec elle, la fin de l’État-nation syrien. Elle l’a voulu et elle a fait tout pour : la pseudo-coalition nationale, ce cocktail d’assassins, de vendus, de terroristes, a trouvé en France son meilleur refuge. Les traîtres à l’État syrien ont été hébergés sur le sol français, la France a favorisé le trafic d’armes à destination des terroristes takfiris et s’est liguée systématiquement sur la ligne belliciste d’une Turquie néo-ottomane, d’un Qatar fou des Frères et enfin d’une Arabie assoiffé du sang des non-wahhabites... La France s’est rendue complice des atrocités commises tour à tour en Libye, en Syrie, en Irak...

    Alors qui a tué les caricaturistes de Charlie Hebdo ? La réponse est dans la question...

  • A qui profite le crime ?

    Montée de la haine anti-islam : à qui profite le crime ?

     
         

    On observe depuis une dizaine d’années une montée de l’islamophobie en France et plus généralement dans les pays occidentaux.

    Selon Raphaël Lioger, la « grande bifurcation » (à partir de laquelle l’islamisation est posée par les responsables politiques comme un problème majeur) a lieu en France en 2003, année de l’intervention américaine en Irak. C’est à cette période que naissent l’ensemble des associations anti-islamisation comme l’Observatoire de l’islamisation, le Bloc identitaire, Riposte laïque ou encore Ni putes ni soumises. C’est aussi en 2003 que François Baroin rendra, à la demande du Premier ministre de l’époque, Jean-Pierre Raffarin, un rapport dans lequel il propose une nouvelle conception de la laïcité. Il conduira au vote de la première loi anti-voile en mars 2004. Elle sera suivie par d’autres qui contribueront à exclure les manifestations visibles de la religion musulmane d’un nombre croissant de lieux publics.

    La fabrication médiatique du « problème musulman » – érigé en « problème de civilisation » par Alain Finkielkraut – favorise une libération de la parole raciste et une stigmatisation des musulmans et de leurs pratiques religieuses avec la bénédiction des journalistes du système. Le battage médiatique autour du dernier roman de Michel Houellebecq, ouvertement islamophobe, la complaisance des médias vis-à-vis des dérapages d’Alain Finkielkraut, l’islamophobie déclarée de certains journalistesl’hostilité rencontrée par un mouvement qui prône la réconciliation avec les populations issues de l’immigration post-coloniale montrent que la classe politico-médiatique dans sa majorité encourage le rejet des musulmans. On peut être surpris de cette tolérance vis-à-vis d’opinions discriminatoires et parfois même racistes surtout au regard de la censure qui frappe impitoyablement les critiques, même mesurées, de la politique israélienne. Deux poids, deux mesures ? Si l’ostracisation de l’islam ne fait aucun doute, reste à en connaître les raisons. Dès lors, la question devient : quels bénéfices le système en place peut-il en tirer ?

    Lire la suite de l’article sur bourgoinblog.wordpress.com