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Gouvernement français:décryptage - Page 11

  • PHALLUS CACHÉS SUR LA COUVERTURE DU DERNIER CHARLIE HEBDO ?

     

    "Ils glissent des bites comme d'autres glissent des quenelles" (Berruyer)

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    Mots-clés : BerruyerbiteCharlie HebdoLuzMahometphallus

    "Luz a assez clairement dessiné Mahomet en partant de deux bites". Cette hypothèse est celle d'Olivier Berruyer, blogueur, actuaire, jusque-là spécialisé dans les questions monétaires et le conflit ukrainien, bien connu des @sinautes, et qui estime sur son blog que Charlie Hebdo, avec son dernier numéro, a manipulé une bonne partie de l'opinion française et provoqué la colère d'une partie du monde musulman. Un billet polémique, qui a trouvé un certain écho dans nos forums où la discussion s'est poursuivie, images à l'appui.

    Dans son dernier billet, inspiré par une chronique de Daniel Schneidermann et une analyse du sémiologue Jean-Didier Urbain, Berruyer a décidé de mettre les pieds (ou autre chose) dans le plat. Pour le blogueur, cela ne fait aucun doute : il y a bien deux phallus cachés sur la dernière couverture de Charlie. Comment en arrive-t-il à cette conclusion ? En épluchant les sites de presse tout d'abord, où les auteurs de Charlie auraient disséminé, ici ou là, quelques indices sur leurs réelles intentions. Selon lui, le plus gros est même dans Le Parisien qui a interviewé le dessinateur Luz, auteur de la couverture, et qui écrit en introduction : "Mais ce dessin a fait marrer la rédaction du journal satirique et c'est pour lui bien l'essentiel". "«Emu», je comprends. «Plu» ou «renforcé la conviction» je comprends. «Donné un clin d'oeil», je comprends. Mais «Marrer» ?", s'interroge alors le blogueur avant de rentrer dans le vif du sujet.

    Le sujet ? La Une du dernier Charlie. Berruyer note tout d'abord que la forme du turban de Mahomet, tel que dessiné par Luz, a évolué entre 2011 et 2015 :

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    "Vous remarquez que la forme de la tête et du chapeau sont vraiment différents des autres fois" Berruyer

    Mais la démonstration ne s'arrête pas là. Il suffirait, selon le blogueur, de retourner la couverture du dernier numéro, et de zoomer sur le visage et le turban de Mahomet pour découvrir le pot aux roses. Une expérience que le blogueur n'hésite pas à mettre en scène dans son billet, la couverture du dernier Charlie dans une main, la dernière version de Photoshop dans l'autre.

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    "Et encore, je ne parle pas de la larme blanche", ajoute Berruyer

    "IL FALLAIT LE DIRE CLAIREMENT EN CONFÉRENCE DE PRESSE"

    "Qu'on ne vienne pas me dire que j'exagère ou que je fantasme, on parle de Charlie Hebdo (...) C'est le coeur de leur métier de faire des bites !!!! Ils glissent des bites comme d'autres glissent des quenelles" se justifie Berruyer, en produisant, à l'appui, cette vieille couverture de Charlie où le doute, en effet, est moins permis :

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    Et Berruyer, après avoir rappelé qu'il condamne sans ambiguité l'attentat, de s'adresser directement aux journalistes de Charlie : "Vous vouliez créer un Mahomet-bites (un Hollande-bites, j’aurais hurlé de rire, mais là, dans ce contexte…) ? Mais enfin, il fallait le dire clairement en conférence de presse". Un Berruyer très remonté qui accuse, dans l'ordre, l'équipe de Charlie "d'être des irresponsables qui jettent de l'huile sur le jeu", "de jouer avec la sécurité et la vie de nos citoyens avec inconséquence" et "de semer la haine dans le monde". Sur sa lancée, le blogueur accuse aussi les médias "de taire ceci et de laisser les Français dans l'ignorance". Des médias qui ont pourtant posé la question à Luz, sur ce prétendu double-phallus. Réponse du dessinateur dans Libé : "Je l’ai toujours dessiné comme ça. En tout cas, s’il a une paire de couilles sur la tête, il est super bien épilé". Démenti ou confirmation ? Comprendra qui pourra...

    LIEN ÉVIDENT AVEC LA COLÈRE DU MONDE MUSULMAN

    Dans son billet, le blogueur n'hésite pas à faire le lien entre ce dessin et les multiples réactions dans le monde musulman. Depuis hier, les manifestations en réaction à la couverture du dernier Charlie se sont multipliées dans une dizaine de pays d'Afrique et du Moyen-Orient. Des manifestations parfois violentes, comme au Niger, où au moins sept églises et lieux de culte chrétiens, notamment évangéliques, ont été incendiées samedi à Niamey. La veille, à Zinder, la deuxième ville du pays, trois civils et un policier avaient été tués et environ 45 personnes blessés. 35 000 personnes ont également manifesté, vendredi, à Jérusalem-Est, partie palestinienne annexée et occupée par Israël. 2500 manifestants ont été recensés dans la capitale jordanienne. Et le roi Abdallah II, qui avait pourtant participé à la marche de dimanche dernier, a depuis retourné sa veste, qualifiant Charlie Hebdo d'"irresponsable et inconscient". De son côté, l'Union mondiale des oulémas, dont le siège est au Qatar et qui est dirigée par Youssef al-Qaradaoui, considéré comme l'éminence grise des Frères musulmans, a appelé à des "manifestations pacifiques" tout en critiquant le "silence honteux" de la communauté internationale sur cette "insulte aux religions".

    Une discussion qui a rebondi dans nos forums, où s'est poursuivie la recherche de la bite subliminale dans les dessins de Luz. Et à ce petit jeu, l'un de nos @sinateurs, IT, l'a emporté haut la main, démontrant par l'image, exemples à l'appui, que le dessinateur a l'habitude de rendre "éloquents" les yeux et le nez de ses personnages :


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  • RESPONSABLES, JUSQU'AU BOUT...

     

    Par Daniel Schneidermann le 19/01/2015 - 09h15 - le neuf-quinze

    Attention, chronique garantie responsable. Car maintenant, assez joué, il faut être responsables. Evidemment, ça ne pouvait pas durer. Après le pape, voilà les sondages. Pour 40% des Français (oui, les mêmes qui étaient Charlie par millions, dans les rues, le 11 janvier), il vaudrait mieux s'abstenir de caricaturer Mahomet. Et voilà qu'on entend, ici et là, les premiers appels à la responsabilité. Formidable, votre liberté, les gars, formidable, mais faudrait voir à être responsables, maintenant. Res-pon-sables. Regardez le Niger. Regardez le Pakistan. Dix morts, pour vos petits dessins. Et ça ne fait que commencer. Contents ?


    &gt; Cliquez sur l'image pour un gros plan &lt;

    Et là-dessus, en plein week-end, comme si ça ne suffisait pas, déboule cette affaire du dessin caché dans le dessin. Ayant décidé d'être responsable, je ne précise pas la nature de l'offense, vous renvoyant à notre article irresponsable. Embrasement immédiat de nos forums. Curieusement, ce sont d'ailleurs les plus anciens défenseurs de Charlie Hebdo, les plus fervents, qui démentent l'hypothèse du dessin dans le dessin, formulée par le blogueur Olivier Berruyer. Un dessin sournois dans le dessin ? Pas du tout ! Quelle curieuse idée. A la niche, l’obsédé. Va soigner ta libido !

    Eh, chers défenseurs de Charlie : savez-vous bien qui sont vos nouveaux héros, ce qu'est votre nouvel emblème ? Une équipe de dessinateurs de zizis, de foufounes, et de nénés. Pas seulement, mais aussi. D'accord, Luz a démenti, mollement, avoir glissé un dessin dans le dessin. N'empêche : connaissant les lascars, la lecture malintentionnée de Berruyer est pour le moins, disons, plausible.

    Et alors ? Même s’ils l’ont fait exprès, au nom de quoi leur demanderions-nous de se l’interdire ? Ils sont morts pour ça. Morts pour garder le droit dérisoire, le droit scandaleux, d’être irresponsables. Regardez notre émission. Ecoutez bien ce que rappelle notre invité, Fethi Benslama, sur le droit à l’irresponsabilité pour les artistes, cette conquête des Lumières. Sachez bien qu'en les sommant d'être responsables, vous les tuez une deuxième fois.

    J’entends bien que le problème, aux yeux de Berruyer, n’est pas le dessin. C’est le dessin caché sur le visage du prophète -référence évidemment au croquis déclencheur de la grande controverse des caricatures, qui dessinait le turban de Mahomet en forme de bombe. Ce dessin caché prendrait en otages les millions d’innocents marcheurs, d’innocents acheteurs du journal, que le pervers Luz tranformerait à leur insu en armée, enrôlée malgré elle, au service de la lubricité chafouine.

    Ne croyez pas : évidemment, je me sens moi-même un peu pathétique, à me retrouver en défenseur du droit imprescriptible à dessiner des phallus, même cachés. Mais je ne me sens pas d’autre choix que de le défendre, ce droit. Je ne dis pas que ce dessin me fait rire. Je ne dis pas que je l’approuve. Ca fait longtemps qu'on n'en est plus là, à rire ou approuver. Je ne demande pas à Hollande, à Valls et aux autres de rire, ou de l’approuver. Ce n’est pas leur métier. Je dis seulement qu’on n’a pas, aujourd'hui, d’autre choix que de défendre ce droit. Dix siècles d'Histoire de France, deux siècles de guerres et de révolutions, et Henri IV, et Molière, et Pasteur, pour en arriver là ? Oui. Et c’est l'obligation de l'Etat, de défendre le droit des dessinateurs à dessiner ce qu'ils veulent, y compris le cul de Jehovah, d'Allah ou de Vichnou, si ça leur chante. La nouvelle ligne de front, redessinée le 7 janvier par deux artistes qui ne travaillaient pas au porte-plume, passe aussi par ce droit. On en est là.

    Ces incendies d'églises au Niger, tout de même, quand on y réfléchit. Ces manifestants qui vont, pour répliquer à Charlie Hebdo, incendier des églises, comme si Jésus y était pour quoi que ce soit. Ces quelques milliers de manifestants d’Alger, de Karachi, d’Islamabad, de Lahore, de Peshawar, sur lesquels zoome comme d'habitude l'information mondiale, comment les appeler ? Des jeunes ? Des croyants offensés ? Des paumés manipulés ? Ou simplement des cons obtus ? Elle passe aussi par là, la ligne de front. Par le choix des mots. Qu'il faut peser. D'ailleurs, et si on commençait, simplement, par s'abstenir de zoomer sur eux ? Si on écoutait les centaines de millions de musulmans qui, en se levant le matin, pensent à autre chose qu'à la couverture de Charlie Hebdo. Tant qu'à être responsables...

    Dessin de Marcel Gotlib, extfrait de Rhâââââ Lovely, Tome 2, 1977

     

  • D’étranges défenseurs de la liberté

    D’étranges défenseurs de la liberté de la presse à la manifestation pour « Charlie Hebdo »

    lundi 12 janvier 2015, par Alain Gresh

     

    Ils furent des millions de personnes à travers la France à défiler, samedi 10 et dimanche 11 janvier, après l’attentat contre Charlie Hebdo. Ils exprimaient leur immense émotion devant tous ces morts, mais aussi leur attachement à la liberté de la presse. Or cette célébration a été ternie — c’est le moins que l’on puisse dire — par la présence, en tête du cortège parisien, dimanche, de responsables politiques du monde entier dont le rapport avec la liberté de la presse est pour le moins ambigu. Nous n’évoquerons pas ici le fait que ces dirigeants, notamment occidentaux, ont une responsabilité directe dans la guerre contre le terrorisme lancée depuis une vingtaine d’années et dont le résultat essentiel a signifié plus de terrorisme et plus de chaos pour le monde arabo-musulman.

    Lire « “Guerre contre le terrorisme”, acte III », Le Monde diplomatique, octobre 2014.Nous n’en citerons que quelques-uns, parmi les plus emblématiques. Partons du communiqué de Reporters sans frontières (RSF) qui « s’indigne de la présence à la “marche républicaine” à Paris de dirigeants de pays dans lesquels les journalistes et les blogueurs sont systématiquement brimés, tels l’Egypte, la Russie, la Turquie, l’Algérie et les Emirats arabes unis. Au classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF, ces pays sont respectivement 159e, 148e, 154e, 121e et 118e sur 180 ».

    En Egypte, en plus des trois journalistes de la chaîne de télévision Al-Jazira emprisonnés depuis plus d’un an, des dizaines d’autres restent en détention (Lire Warda Mohammed, « Egypte, guerre ouverte contre le journalisme », Orient XXI, 3 juillet 2014. J’ai reçu moi-même un message de quatre d’entre eux (dont Abdallah Fakhrani) attendant, depuis plus d’un an, dans les geôles du régime, un éventuel procès (sur leur cas, lire ici, en arabe). Ce même jour où le ministre des affaires étrangères égyptien défile place de la République, une cour condamne à trois ans de prison un Egyptien pour athéisme.

    Le site de 20 minutes écrit : « Symbole de l’aberration, le communiqué du ministère des affaires étrangères du Maroc annonçant sa présence à la manifestation, mais précisant “au cas où des caricatures du Prophète — prière et salut sur Lui —, seraient représentées pendant cette marche, le ministre des affaires étrangères et de la coopération ou tout autre officiel marocain ne pourraient y participer”. »

    Quant à la Turquie, elle a, ces derniers mois, intensifié la répression contre la presse [1]. Le président Recep Tayyip Erdogan a ainsi fustigé le bilan 2014 des violences contre les journalistes publié par Reporters sans frontières (RSF). A quoi l’organisation a répondu : « Reporters sans frontières tient à la disposition de M. Erdogan les précisions sur les 117 cas d’agressions et menaces de journalistes recensées cette année en Turquie, relève Christophe Deloire, secrétaire général de l’organisation. Faut-il rappeler que RSF est une organisation indépendante et impartiale, dont les conclusions s’appuient sur une méthodologie précise et des faits dont nous pouvons rendre compte ? (…) Les accusations contre RSF participent de la même hostilité contre le pluralisme que celle dont fait preuve le chef de l’Etat contre des journalistes turcs qui n’ont pas l’heur de lui plaire. »

    Nous n’évoquerons pas ici les autres pays où la liberté de la presse est bafouée mais qui ne sont pas situés dans la zone couverte par ce blog. Un dernier mot concerne la venue de Benyamin Nétanyahou, le premier ministre israélien, criminel de guerre « présumé », et de quelques-uns des ses ministre encore plus à l’extrême droite que lui, si c’est possible. Un texte publié dans Haaretzd’Ido Amin, ce 12 janvier (« In Israel, “Charlie Hebdo” would not have even had the right to exist »), faisait remarquer qu’un journal comme Charlie Hebdo ne pourrait pas exister en Israël. Et les journalistes palestiniens emprisonnés, sans parler de ceux qui ont été tués à Gaza par exemple, témoignent de la liberté de la presse « made in Israel ». Au demeurant, la présence de ces ministres est une insulte à toutes les valeurs dont prétendent se parer les organisateurs de la manifestation, un hold-up qu’il est important de dénoncer.

  • « Le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde. »

    « Le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde. »
    Bertolt Brecht


    L’attentat contre l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo marquera notre histoire contemporaine. Il reste à savoir dans quel sens et avec quelles conséquences. Dans le contexte actuel de « guerre contre le terrorisme » (guerre extérieure) et de racisme et d’islamophobie d’Etat, les artisans de cet acte ont, consciemment ou non [1] accéléré un processus de stigmatisation et d’isolement de la composante musulmane, réelle ou supposée, des classes populaires.

    Les conséquences politiques de l’attentat sont déjà désastreuses pour les classes populaires et cela va se renforcer si aucune alternative politique à la fameuse « Union Nationale » n’est proposée.

    En effet, la manière dont les médias français et une écrasante majorité de la classe politique réagissent est criminelle. Ce sont ces réactions qui sont dangereuses pour l’avenir et qui portent en elles de nombreux « dégâts collatéraux » et de futurs 7 et 9 janviers toujours plus meurtriers. Comprendre et analyser pour agir est la seule posture qui peut permettre aujourd’hui d’éviter les instrumentalisations et dévoiements d’une émotion, d’une colère et d’une révolte légitime.

    L’occultation totale des causes

    Ne pas prendre en compte les causalités profondes et immédiates, isoler les conséquences du contexte qui les fait émerger et ne pas inscrire un événement aussi violent dans la généalogie des facteurs qui l’ont rendu possible condamne, au mieux, à la tétanie, au pire, à une logique de guerre civile. Aujourd’hui, personne dans les médias n’aborde les causes réelles ou potentielles. Pourquoi est-il possible qu’un tel attentat se produise à Paris aujourd’hui ?

    Comme le souligne Sophie Wahnich, il existe « un usage fasciste des émotions politiques de la foule » dont le seul antidote est le « nouage possible des émotions et de la raison » [2]. Ce que nous vivons aujourd’hui est ce cantonnement des discours médiatiques et politiques dominants à la seule émotion, en occultant totalement l’analyse réelle et concrète. Toute tentative d’analyse réelle de la situation, telle qu’elle est, ou toute analyse tentant de proposer une autre explication que celle fournie par les médias et la classe politique, devient une apologie de l’attentat.

    Regard sur le ventre fécond de la bête immonde

    Regardons donc du côté des causes et d’abord de celles qui relèvent désormais de la longue durée et de la dimension internationale. La France est une des puissances les plus en guerre sur la planète. De l’Irak à la Syrie, en passant par la Libye et l’Afghanistan pour le pétrole, du Mali à la Centrafrique, en passant par le Congo pour les minerais stratégiques, les soldats français contribuent à semer la mort et le désastre aux quatre coins de la planète.

    La fin des équilibres mondiaux issus de la seconde guerre mondiale avec la disparition de l’URSS, couplée à une mondialisation capitaliste centrée sur la baisse des coûts pour maximiser les profits et à la nouvelle concurrence des pays émergents, font de la maîtrise des matières premières la cause principale des ingérences, interventions et guerres contemporaines. Voici comment le sociologue Thierry Brugvin résume la place des guerres dans le monde contemporain :

    « La conclusion de la guerre froide a précipité la fin d’une régulation des conflits au niveau mondial. Entre 1990 et 2001 le nombre de conflits interétatiques a explosé : 57 conflits majeurs sur 45 territoires distincts. […] Officiellement, le départ pour la guerre contre une nation adverse est toujours légitimé par des mobiles vertueux : défense de la liberté, démocratie, justice… Dans les faits, les guerres permettent de contrôler économiquement un pays, mais aussi de faire en sorte que les entrepreneurs privés d’une nation puissent accaparer les matières premières (pétrole, uranium, minerais, etc.) ou les ressources humaines d’un pays. » [3]

    Depuis les attentats du 11 septembre 2001, le discours de légitimation des guerres s’est construit essentiellement sur le « danger islamiste » contribuant au développement d’une islamophobie à grande échelle au sein des principales puissances occidentales, que les rapports officiels eux-mêmes sont contraints de constater. [4] Dans le même temps, ces guerres produisent une solide « haine de l’occident » dans les peuples victimes de ces agressions militaires. [5] Les guerres menées par l’occident sont une des principales matrices de la bête immonde.

    Dans la volonté de contrôle des richesses pétro-gazières, le Proche et le Moyen-Orient sont un enjeu géostratégique central. Les stratégies des puissances occidentales en général et françaises en particulier, se déploient sur deux axes : le renforcement d’Israël comme base et pivot du contrôle de la région, et le soutien aux pétromonarchies réactionnaires du golfe.

    Le soutien indéfectible à l’Etat d’Israël est ainsi une constante de la politique française ne connaissant pas d’alternance, de Sarkozy à Hollande. L’État sioniste peut assassiner en toute impunité sur une grande échelle. Quels que soient l’ampleur et les moyens des massacres, le gérant local des intérêts occidentaux n’est jamais véritablement et durablement inquiété. François Hollande déclare ainsi lors de son voyage officiel en Israël en 2013 : « je resterai toujours un ami d’Israël ». [6]

    Et, là aussi, le discours médiatique et politique de légitimation d’un tel soutien se construit sur la base d’une présentation du Hamas palestinien mais également (à travers des imprécisions verbales récurrentes) de la résistance palestinienne dans son ensemble, de la population palestinienne dans son ensemble et de ses soutiens politiques internationaux, comme porteurs d’un danger « islamiste ». La logique « du deux poids, deux mesures » s’impose une nouvelle fois à partir d’une approche islamophobe portée par les plus hauts sommets de l’État et relayée par la grande majorité des médias et des acteurs politiques.

    Tel est le second profil du ventre de la bête immonde.

    Ces facteurs internationaux se conjuguent à des facteurs internes à la société française. Nous avons déjà souligné, plus haut, l’islamophobie d’État, propulsée par la loi sur le foulard en 2004 et entretenue depuis régulièrement (discours sur les révoltes des quartiers populaires en 2005, loi sur le niqab, « débat » sur l’identité nationale, circulaire Chatel et exclusion des mères voilées des sorties scolaires, harcèlement des lycéennes en jupes longues, interdiction des manifestations de soutien au peuple palestinien, etc.).
    Il faut maintenant souligner que ce climat islamophobe n’a été confronté à aucune réponse par les forces politiques se réclamant des classes populaires. Plus grave, un consensus très large s’est fait jour à plusieurs reprises, au prétexte de défendre la « laïcité » ou de ne pas frayer avec « ceux qui défendent le Hamas ». De l’extrême-droite à une partie importante de l’extrême gauche, les mêmes arguments ont été avancés, les mêmes clivages ont été construits, les mêmes conséquences ont été produites.
    Le résultat n’est rien d’autre que l’enracinement encore plus profond des islamalgames, l’approfondissement d’un clivage au sein des classes populaires, la fragilisation encore plus grande des digues antiracistes déjà fragilisées, et des violences concrètes ou symboliques exercées contre les musulmans et les musulmanes. Ce résultat peut se décrire, comme le propose Raphaël Liogier, comme la diffusion, dans une partie importante de la société, du « mythe de l’islamisation » débouchant sur la tendance à constituer une « obsession collective ». [7]

    La tendance à la production d’une « obsession collective » s’est de surcroît encore approfondie avec le traitement médiatique récent des cas Zemmour et Houellebecq.
    Après lui avoir offert de multiples tribunes, Eric Zemmour est renvoyé d’I-télé pour avoir proposé la « déportation des musulmans français ». Dans le contexte d’obsession collective que nous avons évoquée, cela lui permet de se poser en victime. Quant à l’écrivain, il est défendu par de nombreux journalistes au prétexte de ne pas confondre fiction et réalité.

    Dans les deux cas cependant, il reste un approfondissement de « l’obsession collective » d’une part, et le sentiment d’être insulté en permanence une nouvelle fois, d’autre part.

    Tel est le troisième profil du ventre de la bête immonde.

    Ce facteur interne d’une islamophobie banalisée a des effets décuplés dans le contexte de fragilisation économique, sociale et politique générale des classes populaires aujourd’hui. La paupérisation et la précarisation massive sont devenues insoutenables dans les quartiers populaires. Il en découle des rapports sociaux marqués par une violence grandissante contre soi et contre les proches. A cela, se combinent le déclassement d’une part importante des classes moyennes, ainsi que la peur du déclassement pour ceux chez qui tout va encore bien mais qui ne sont pas « bien nés ». Ceux-là, se sentant en danger, disposent alors d’une cible consensuelle déjà toute désignée médiatiquement et politiquement comme légitime : le musulman ou la musulmane.

    La fragilisation touche encore plus fortement la composante issue de l’immigration des classes populaires, qui est confrontée aux discriminations racistes systémiques (angle absolument mort des discours des organisations politiques se réclamant des classes populaires), celles-ci produisant des trajectoires de marginalisation (dans la formation, dans l’emploi, dans la recherche du logement, dans le rapport à la police et aux contrôles au faciès, etc.). [8]

    L’approfondissement du clivage entre deux composantes des classes populaires dans une logique de « diviser ceux qui devraient être unis (les différentes composantes des classes populaires) et d’unir ceux qui devraient être divisés (les classes sociales aux intérêts divergents) » est le quatrième profil du ventre de la bête immonde.

    De quoi accouche un tel ventre ?

    Une telle matrice est à l’évidence propice à l’émergence de trajectoires nihilistes se traduisant par la tuerie à Charlie Hebdo. Extrêmement minoritaires, ces trajectoires sont une production de notre système social et des inégalités et discriminations massives qui le caractérisent.

    Mais ce qu’ont révélé les réactions à l’attentat est tout autant important et, quantitativement, bien plus répandu que l’option nihiliste (pour le moment ?).
    Sans pouvoir être exhaustifs, rappelons quelques éléments de ces derniers jours. Du côté des discours, nous avons eu Marine Le Pen exigeant un débat national contre le « fondamentalisme islamique », le bloc identitaire déclarant la nécessité de « remettre en cause l’immigration massive et l’islamisation » pour lutter contre le « djihadisme », le journaliste Yvan Rioufol du Figaro sommant Rokhaya Diallo de se désolidariser sur RTL, Jeannette Bougrab accusant « ceux qui ont traité Charlie Hebdo d’islamophobe » d’être les coupables de l’attentat, sans compter toutes les déclarations parlant « de guerre déclarée ».

    A ces propos, se joignent des passages à l’acte de ces derniers jours : une Femen se filme en train de brûler et de piétiner le Coran, des coups de feu sont tirés contre la mosquée d’Albi, des tags racistes sont peints sur les mosquée de Bayonne et Poitiers, des grenades sont lancées contre une autre au Mans, des coups de feu sont tirés contre une salle de prière à Port la Nouvelle, une autre salle de prière est incendiée à Aix les Bains, une tête de sanglier et des viscères sont accrochés devant une salle de prière à Corte en Corse, un restaurant-snack-kebab est l’objet d’une explosion à Villefranche sur Saône, un automobiliste est la cible de coups de feu dans le Vaucluse, un lycéen d’origine maghrébine de 17 ans est molesté lors d’une minute de silence à Bourgoin-Jallieu en Isère, etc. Ces propos et actes montrent l’ampleur des dégâts d’ores et déjà causés par les dernières décennies de banalisation islamophobe. Ils font aussi partie de la bête immonde.

    La bête immonde se trouve également dans l’absence criante d’indignation face aux victimes innombrables des guerres impérialistes de ces dernières décennies. Réagissant à propos du 11 septembre, la philosophe Judith Butler s’interroge sur l’indignation inégale. Elle souligne que l’indignation justifiée pour les victimes du 11 septembre s’accompagne d’une indifférence pour les victimes des guerres menées par les USA : « Comment se fait-il qu’on ne nous donne pas les noms des morts de cette guerre, y compris ceux que les USA ont tués, ceux dont on n’aura jamais une image, un nom, une histoire, jamais le moindre fragment de témoignage sur leur vie, quelque chose à voir, à toucher, à savoir ? ». [9]

    Cette indignation inégale est à la base du processus de production d’un clivage bien réel au sein des classes populaires. Et c’est ce clivage qui est porteur de tous les dangers, notamment en période de construction de « l’union nationale », comme aujourd’hui.
    L’union nationale qu’ils rêvent de construire, c’est « toutes et tous ensemble contre ceux qui ne sont pas des nôtres, contre celles et ceux qui ne montrent pas patte blanche ».

    Une formidable instrumentalisation politique

    Mais le scandale que nous vivons aujourd’hui ne s’arrête pas là. C’est avec un cynisme consommé que des instrumentalisations de la situation, et de la panique qu’elle suscite, se déploient à longueur de journée.

    * Renforcement sécuritaire et atteintes aux libertés démocratiques

    Certains, comme Dupont Aignan, réclament « plus de souplesse aux forces de l’ordre » alors qu’une nouvelle « loi antiterroriste » a déjà été votée l’automne dernier. Et, en écho, Thierry Mariani fait référence au Patriot Act états-unien (dont la conséquence a été de graves atteintes aux libertés individuelles sous prétexte de lutte contre le terrorisme) : « Les Etats-Unis ont su réagir après le 11 Septembre. On a dénoncé le Patriot Act, mais, depuis, ils n’ont pas eu d’attentat à part Boston ». [10]

    Instrumentaliser la peur et l’émotion pour renforcer des lois et mesures liberticides, telle est la première manipulation qui est aujourd’hui testée pour mesurer le champ des possibles en matière de régression démocratique. D’ores et déjà, certaines revendications légitimes et urgentes sont rendues inaudibles par la surenchère sécuritaire qui tente de profiter de la situation : il sera par exemple beaucoup plus difficile de mener le combat contre le contrôle au faciès, et les humiliations quotidiennes qu’il produit continueront à s’exercer dans l’indifférence générale.

    L’unité nationale

    La construction active et déterminée de l’unité nationale est la seconde instrumentalisation majeure en cours. Elle permet de mettre en sourdine l’ensemble des revendications qui entravent le processus de dérégulation généralisé. La ficelle a beau être grosse, elle est efficace dans un climat de peur généralisé, que l’ensemble des médias produisent quotidiennement.

    Dans certaines villes, l’unité nationale est déjà étendue au Front National qui a participé aux rassemblements de soutien à Charlie Hebdo. Dati et Fillon s’indignent déjà de « l’exclusion » de Marine Le Pen de l’unité nationale. C’est cette « unité nationale » qui fait le plus de dégâts politiquement aussi, car elle détruit les rares repères positifs qui pouvaient exister auparavant en termes d’alliances possibles et d’identités politiques.

    L’injonction à se justifier

    Une autre instrumentalisation se trouve dans l’injonction permanente des musulmans réels ou supposés à se justifier pour des actes qu’ils n’ont pas commis, et/ou à se démarquer des auteurs de l’attentat.

    Cette mise en accusation permanente est humiliante. Il n’est venu à l’idée de personne d’exiger de tous les chrétiens réels ou supposés une condamnation lorsque le Norvégien Anders Behring Breivik a assassiné 77 personnes en juillet 2011 en se revendiquant de l’islamophobie et du nationalisme blanc.

    Derrière cette injonction, se trouve la logique posant l’islam comme étant par essence incompatible avec la République. De cette logique découle l’idée de mettre les musulmans, réels ou supposés, sous surveillance non seulement des policiers, mais également des médias, des profs, des voisins, etc.

    Être Charlie ? Qui peut être Charlie ? Qui veut être Charlie ?

    Le slogan « nous sommes tous Charlie » est enfin la dernière instrumentalisation en déploiement ces jours-ci. Si l’attentat contre Charlie Hebdo est condamnable, il est hors de question cependant d’oublier le rôle qu’a joué cet hebdomadaire dans la constitution du climat islamophobe d’aujourd’hui.

    Il est également hors de question d’oublier les odes à Bush que ses pages accueillaient alors que celui-ci impulsait cette fameuse « guerre contre le terrorisme » en Afghanistan puis en Irak. Ces prises de positions écrites ou dessinées ne sont pas des détails ou de simples amusements sans conséquences : elles sont à l’origine de multiples agressions de femmes voilées et de nombreux actes contre des lieux de cultes musulmans.
    Surtout, ce journal a fortement contribué à cliver les classes populaires au moment où elles avaient besoin plus que jamais d’unité et de solidarité. Nous ne sommes PAS PLUS

    Charlie hier qu’aujourd’hui.

    Les temps qui s’annoncent vont être difficiles et coûteux.
    Pour stopper l’escalade, nous devons mettre fin à la violence des dominants : nous devons nous battre pour stopper les guerres impérialistes en cours et abroger les lois racistes.

    Pour stopper l’escalade, nous devons développer tous les cadres et événements de solidarité destinés à empêcher la déferlante des propos ou actes racistes et notamment islamophobes.

    Pour stopper l’escalade, nous devons construire tous les espaces de solidarité économique et sociale possibles dans nos quartiers populaires, en toute autonomie vis-à-vis de tous ceux qui prônent l’union nationale comme perspective.
    Plus que jamais, nous avons besoin de nous organiser, de serrer les rangs, de refuser la logique « divisant ceux qui devraient être unis et unissant ceux qui devraient être divisés ».

    Plus que jamais, nous devons désigner l’ennemi pour nous construire ensemble : l’ennemi c’est tout ce qui nous divise.

    Publié sur Le blog de Saïd Bouamama

  • L'ENFANCE MISÉRABLE DES KOUACHI

    CHARLIE : L'ENFANCE MISÉRABLE DES KOUACHI (MEDIAPART / REPORTERRE)

    Par la rédaction le 15/01/2015 - 15h23 - lu

    Père absent, mère prostituée, un placement dans un foyer violent : l'enfance des frères Kouachi, auteurs de l'attentat contre Charlie Hebdo, est racontée par Mediapart et le site Reporterre. 

    Nous sommes au 156 rue d’Aubervilliers, dans le 19ème arrondissement de Paris, dans les années 1980-1990. Les frères Kouachi vivent chez leur mère. Une habitante du quartier, qui a créé une association pour sortir les enfants de leur environnement, raconte au site Reporterre le contexte dans lequel vivaient les frères Kouachi, qu'elle a bien connus : l'aîné est plus effacé, le cadet remuant. Mais attachant : "J’adorais cet enfant. Il suffisait qu’on le cajole, qu’on le prenne dans les bras pour qu’il se calme. Moi, je l’ai trouvé touchant, ébahi comme tous les autres par la bande à Mickey, explique-t-elle après une sortie à Eurodisney. On les emmenait au cinéma, Chérif adorait y aller".

    Le père est absent, la mère se prostitue pour tenter de subvenir aux besoins de sa famille. "Quelques mois après la sortie à Eurodisney, Chérif rentre de l’école comme chaque midi, poursuit Reporterre. Accompagné comme toujours de son grand frère, il découvre ce midi-là, en plein milieu de l’appartement, sa maman morte. Morte de quoi ? Elle aurait avalé trop de médicaments. Pour beaucoup, il s’agit d’un suicide". Orphelins, les enfants, âgés de 10 et 12 ans, sont placés dans un foyer, en Corrèze.

    Un de leurs amis de l'époque, que Mediapart a rencontré, raconte l'environnement de ce foyer de la fondation Claude Pompidou : "C’était très violent. On se battait beaucoup entre nous. Certains éducateurs avaient peur de nous. On était tous mélangés : des orphelins, des types vraiment dangereux qui avaient commis des choses très, très dures, des requérants d’asile complètement perdus". Une description qui contraste avec celle du directeur du centre, Patrick Fournier, lequel a déclaré au quotidien La Montagne : "Durant leurs parcours chez nous, ils n’ont jamais posé de problèmes de comportement". Ce que confirme un autre pensionnaire, Jean-Henry Rousseau, qui les a cotoyés entre 1994 et 1996 : "Personne à la Fondation n’avait de problèmes avec ces jeunes. Ils étaient sympas. Moi aussi je venais de Paris. On remontait ensemble sur la capitale. C’était des gamins sans histoire, des gamins carrés".

    Foyer en Corrèze

    Selon le témoin de Mediapart, Saïd Kouachi était discret, il ne boit pas, ne fume pas, et finit par obtenir un CAP en hôtellerie. "C’était un musulman modéré. Il n’avait rien contre les autres religions et n’a jamais essayé de m’embarquer", raconte cet ami qui assure qu'il a dû se "faire laver le cerveau par des ordures qui profitent de la faiblesse d’adolescents paumés". 

    Aujourd'hui, l'habitante du 19ème arrondissement qui s'est occupée des enfants culpabilise : "J’ai pleuré. Je me suis dit que je suis responsable. J’aurais dû aider cette maman. On n’aurait jamais dû emmener les enfants à Eurodisney, avec cet argent-là, on aurait dû aider cette maman. Chérif avait une dizaine d’années, pas plus. Finalement, à n’avoir rien vu, nous avons tué cette mère et avons été incapables de sauver ses enfants", raconte-t-elle. Avant de poursuivre : "Chérif était un enfant comme les autres. Mais il n’aura pas reçu d’amour… Il a trouvé dans le fanatisme religieux, la famille qu’il n’a jamais eue. Ils ont su lui monter la tête. En même temps, c’est facile de s’en prendre à des gamins aussi isolés et fragiles. Personne n’était là pour le remettre dans le droit chemin".

     

    Pour elle, la responsable de cette dérive est toute trouvée : c'est la politique de la ville. "Le but était de parquer là les pauvres. Et personne ne s’en occupait. Les assistantes sociales démissionnaient une à une. Elles avaient trop de boulot par chez nous, elles préféraient se faire muter ailleurs".

    Maj 17h20 : rajout des témoignages publiés dans La Montagne.

    L'occasion de revoir notre émission consacrée à Charlie Hebdo, dans laquelle notre chroniqueuse, Judith Bernard, évoquait le malaise social de certains quartiers.