Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 4

  • Migrants:Nousra et Naim ont traversé les Alpes à pied

     

    1. © Jean Sébastien Mora

      01

      Mi-juin 2015, devant la Méditerranée, sur le pont Saint-Ludovic entre Menton et Vintimille. Naïm et Nousra ont quitté le Tchad il y a trois ans avec une seule idée en tête : rejoindre la France pour y faire des études. Pour comprendre leur détermination, il faut remonter en 2011, à la mort du père du Nousra, alors âgé de 13 ans. Sa mère, qui a déjà trois enfants, ne peut plus subvenir à ses besoins, Nousra doit quitter son village du Sahel pour Moussoro, à 330 kilomètres au nord-est de la capitale N'Djamena. C'est là qu'il rencontre Naïm, lui-même issu d'une famille modeste de six enfants. Les deux amis ne voient pas leur avenir « au Tchad. Si tu n'as pas grandi dans une famille proche du clan du président Idriss Déby, tu n'as aucune perceptive », explique Naïm. En 2012, alors qu'ils vivotent de petits jobs, ils décident de quitter le Tchad pour tenter leur chance en Europe. Tous deux passionnés par la presse, assidus à France 24 en arabe – ils sont incollables sur François Hollande, le scandale Kadhafi-Sarkozy ou les exactions de Total en Afrique – ils projettent de venir en France et plus précisément à Lyon, où réside déjà un cousin de Nousra, pour suivre des études et une formation.

    2. © Jean Sébastien Mora

      02

      Mi-juin 2015, Vintimille. Depuis le 12 juin, la gare revêt des allures de camp de réfugiés, conséquence directe du blocus de fait de la frontière franco-italienne par le gouvernement Valls. Naïm et Nousra sont parmi les quelque deux cents migrants retranchés dans la gare. Débarqués en Europe depuis cinq jours – après avoir quitté la Libye à bord d'un rafiot proche de l'épave – ils sont bien décidés à « passer » coûte que coûte. Il faut dire que Naïm et Nousra reviennent de loin : avant de toucher l'Europe, ils dormaient retranchés dans des habitations de fortune à Zliten, petite ville côtière à 100 kilomètres de Tripoli. Ils y sont restés pendant deux ans. Dans un pays où toutes les structures étatiques se sont écroulées, Naïm et Nousra ont souvent subi les vexations et le racket des policiers. Ils ont survécu un mois dans les prisons illégales libyennes, tenaillés par la soif et dans des conditions de surpopulation effroyables, sans promenade et souvent recroquevillés faute d'espace pour s'allonger. Depuis l'effondrement du régime Kadhafi, la plupart des « centres pénitentiaires » sont gérés par des milices et des chefs de guerre. 
      Les traits fins de leur visage et une silhouette filiforme signent leurs origines goranes, cette ethnie nilo-saharienne principalement nomade dans le Sahara oriental. Nousra et Naïm ont grandi dans une communauté villageoise, pratiquant encore le pastoralisme. Face au chaos régnant dans la gare de Vintimille, ils entrevoient des chemins de traverse. Quitte à faire confiance à la rumeur selon laquelle certains Somaliens auraient réussi à rejoindre la France en franchissant les Alpes à pied. 

    3. © Jean Sébastien Mora

      03

      Mi-juin 2015, devant la gare de Vintimille. Avant de se lancer sur les pentes alpines, Naïm et Nousra préparent leur périple. Durant deux jours, ils cherchent à évaluer auprès d'autres migrants (de face sur la photo) leurs chances de réussite. Tous parlent un arabe littéraire approximatif, devenu la langue véhiculaire entre les nationalités. Ici, les réfugiés forment une communauté de destin relativement solidaire au sein de laquelle « on échange nos ressentis et on se tient au courant de l’évolution de la situation », rapporte Nousra. Nousra et Naïm se rendent aussi dans les librairies de la ville pour étudier les cartes et peaufiner leur itinéraire. Enfin, ils rassemblent quelques victuailles glanées çà et là : un surplus de sandwichs de la Croix-Rouge, des biscuits, une bouteille d'eau.

    4. © Jean Sébastien Mora

      04

      Mi-juin 2015, le départ. De Vintimille, Nousra et Naïm ont le train vers le nord. Après une brève escale à Turin, ils se sont arrêtés à Bardonnecchia, petite gare italienne située au fond d'une vallée très boisée. En cette fin de journée, l'air est humide et les montagnes disparaissent sous une brume épaisse. Pieds nus dans des tennis de contrefaçon, ils sont simplement vêtus d'une veste légère sur un tee-shirt. « Les sacs que nous avions préparés nous ont été volés par la police libyenne peu avant notre traversée pour l'Europe », explique Naïm. 

    5. © Jean Sébastien Mora

      05

      Mi-juin 2015, dans les Alpes. Se repérant sur une carte qu'ils ont eux-mêmes dessinée, les deux compagnons entament une longue marche qui va durer environ vingt heures. Côte à côte, en silence, ils adoptent la posture fluide et le pas efficace des personnes rompues aux grandes distances, sachant gérer leur effort. Par le passé, ils ont déjà traversé une partie du désert du Sahara à pied pour quitter le Tchad et rallier la Libye. C'était quelques mois après la chute de Mouammar Kadhafi, ils avaient tout juste quinze ans et pas de passeport.

    6. © Jean Sébastien Mora

      06

      Mi-juin 2015, dans les Alpes. Après à peine une heure de marche, Naïm et Nousra passent la frontière franco-italienne. Un changement à peine notable que seule souligne la langue française gravée sur les panneaux des sentiers. Ici, la frontière redessinée en 1947 est une anomalie. Pour atteindre réellement le versant français, il leur faudra encore grimper deux heures dans une forêt dense de mélèzes et de sapins. D'autant que pour les sans-papiers la frontière n'est pas limitée au tracé de la carte : sur des dizaines de kilomètres, la police de l'air et des frontières a érigé tout un système de barrages fixes et mobiles. Les quelques lueurs de phare, en contrebas sur la route, tétanisent Naïm. « Ces deux dernières années, nous avons survécu la peur au ventre », confie-t-il. En effet, les travailleurs émigrés subsahariens, longtemps assimilés par la population libyenne à des mercenaires pro-Kadhafi, sont souvent victimes de lynchage.

    7. © Jean Sébastien Mora

      07

      Mi-juin 2015, au sommet du premier col. À 2 200 mètres, la plupart des dernières plaques de neige ont déjà fondu. Le vent glacial a balayé les nuages laissant apparaître les étoiles et la lune dans son dernier quartier. Le froid des sommets rappelle à Nousra celui qu'il a enduré lors de sa traversée de la Méditerranée à bord du rafiot. Six heures de navigation, le corps trempé à écoper l'eau de mer qui rentrait dans la coque du vieux chalutier : « Nous étions environ 450. Autour de moi, des femmes et des gamins terrorisés criaient en permanence. C'était horrible ! » Sauvés in extremis par les gardes-côtes italiens, qui finiront par brûler l'épave avec une espèce de cocktail Molotov, les deux compagnons ont alors été acheminés dans un centre d’accueil près de Vérone dans le nord du pays. Ils y ont passé cinq jours.

    8. © Jean Sébastien Mora

      08

      Mi-juin 2015, dans les Alpes. La nuit paraît interminable mais il faut avancer. Les pauses sont rares. Nousra et Naïm marchent l'un derrière l'autre, sans plus vraiment réfléchir. En silence. Au-delà de l'obscurité de la forêt, on devine l'aube. À plusieurs reprises sur le sentier, des chamois et des chevreuils se font surprendre et déguerpissent. Vers 5 heures du matin, alors que la rosée retombe, le froid devient plus intense. Parfois, Nousra semble perdre patience. Il souffle alors avec énervement, prend un moment sa tête entre ses mains puis parvient à puiser à nouveau des forces pour repartir. Depuis Vintimille, il est le plus faible, le regard souvent distant. « T'inquiète pas, je ne suis pas malade », croit-il bon de me rappeler parfois.

    9. © Jean Sébastien Mora

      09

      Mi-juin 2015, dans les Alpes. Nousra a perdu deux phalanges à l'index, arrachées par une machine. Un accident survenu à Zliten où, toujours avec Naïm, il a taillé des menuiseries en aluminium, portes et fenêtres, pour 40 dinars libyens (20 euros) par jour, chez un artisan égyptien. C'est en économisant sur ce salaire qu'ils ont pu payer les passeurs et la traversée de la Méditerranée : 1 500 dinars chacun (environ 800 euros). Avant d'embarquer, ils ont été arrêtés par la police. Des proches ont alors payé 1 000 dinars pour libérer les deux amis. Une dette qu'ils devront rembourser. La Libye, qui n'a que cinq millions d'habitants, compte plus de deux millions d'immigrés venus travailler comme ouvriers dans le pétrole, le bâtiment ou l'agriculture. Les Tchadiens y seraient environ 500 000.

    10. © Jean Sébastien Mora

      10

      Mi-juin 2015, dans les Alpes. Nousra et Naïm boivent dans la même bouteille en verre, qu'ils remplissent dans les torrents sur le parcours. En cette saison, le bétail a déjà rejoint l'alpage et l'on croise plusieurs troupeaux de vaches, de moutons, et même de chevaux de trait. Les deux jeunes Tchadiens découvrent qu'en Europe il n'y a ni chameaux ni singes à l'état sauvage. Toute la journée, ils s'arrêtent, s'accroupissent et échangent en langue gourane sur la taille d'une fourmi, la couleur d'une abeille, la texture d'une pierre ou la forme d'une fleur. « Vous mangez ces animaux ? », demandent-ils en désignant les marmottes.

    11. © Jean Sébastien Mora

      11

      Mi-juin 2015, sur la face nord du dernier col. En cette saison, la neige est particulièrement compacte et persiste sous forme de grandes plaques espacées : après avoir fondu au soleil, elle gèle à nouveau dans la nuit. « Elle tombe aussi dure depuis le ciel ? », questionne Nousra. Lorsqu'il aperçoit un sommet enneigé, voire un glacier, Naïm s'interroge aussi sur la température qu'il fait là-haut, curieux de savoir s'il parviendrait à la supporter. Et de se demander encore : « Comment vivaient les paysans autrefois quand il n'y avait pas de routes et qu'il neigeait plusieurs mètres ? »

    12. © Jean Sébastien Mora

      12

      Mi-juin 2015, la descente. Lorsque Naïm et Nousra croisent des randonneurs, ces derniers devinent rapidement à leur tenue inappropriée et à leur posture quelque peu craintive qu'ils sont réfugiés sans papiers. Dans la région, tout le monde sait ce qu'il se passe à Vintimille. Les attitudes sont toujours bienveillantes : certains commentent de manière banale la vue magnifique depuis ce bout de sentier ; d'autres se contentent d'un « bonne journée » sincère. Le soir même, arrivés dans la première ville de France, Naïm et Nousra entrent dans un bar tenu par un Algérien, afin de s'informer en arabe des possibilités de se rendre à Lyon. À nouveau, les deux jeunes Tchadiens ne parviennent pas à cacher leur clandestinité. Plusieurs personnes se proposent de les héberger, certains se cotisent pour leur payer le train jusqu'à Lyon. « Ce que l'on fait subir au migrants, c'est devenu de la folie, lâche Émilie, une jeune trentenaire. La seule chose qui en 2012 m'avait fait choisir Hollande, c'était l'espoir d'une autre politique migratoire. Il nous a bien trompés. » Finalement, Naïm et Nousra seront logés à quelques kilomètres de là, par une famille modeste. Ils dormiront 15 heures d'affilée, épuisés par ces jours de voyage.

    13. © Jean Sébastien Mora

      13

      Mi-juin 2015, arrivée à Lyon. C'est un grand soulagement. Longtemps silencieux, Naïm et Nousra sont impressionnés par « la taille des maisons anciennes » et par la diversité de la foule qui remonte les rues piétonnes. Rapidement, ils aiment s'y perdre, comme en un anonymat retrouvé. Sur les pentes de la Croix-Rousse, ils font d'abord étape à la Cimade. Là, une juriste leur prend rendez-vous avec le Forum des réfugiés afin qu'ils fassent une demande d'asile auprès de l'Ofpra, mais aussi avec RESF, le Réseau éducation sans frontières. Puis, le cousin de Nousra ne répondant pas au téléphone, elle les dirige vers les services de l'Aide sociale à l'enfance où une assistance sociale refuse de prendre en charge leur hébergement, arguant qu'en l'absence de passeport, rien ne prouve qu'ils sont mineurs. Et d'ajouter : « La traversée des Alpes à pied… On n'y croit pas ! »

  • Produire de l’électricité solaire en Tunisie pour éclairer l’Europe

    Parker, Global Voices,
    avec Edward Robinson, directeur de Culmer Raphael



    Maquette du projet de centrale solaire TuNur (TuNur)

    TuNur, un des projets actuels de centrales solaires les plus intéressants, espère produire dans le désert tunisien autant d’énergie renouvelable que deux centrales nucléaires et l’acheminer, grâce à des lignes haute tension de 1000 km, vers les réseaux européens et alimenter ainsi plus de 2 millions de foyers.

    D’un coût total de 10 milliards d’euros, le projet Tunur est un partenariat entre le développeur d’énergie solaire britannique Nur Energie et des investisseurs tunisiens, maltais et britanniques, notamment Low Carbon, une société basée à Londres.

    Projet ambitieux, il est aidé par de nouveaux facteurs majeurs :

    • l’amélioration du rapport coût-efficacité des câbles sous-marins de transport d’électricité,
    • la baisse du coût des technologies de production d’électricité solaire,
    • le plan climat de l’Union européenne (ou paquet climat-énergie),
    • et enfin le changement de politique énergétique tunisienne qui tend vers la libéralisation du marché.

    Energie solaire concentrée

    Grâce à cette nouvelle donne, TuNur servira de référence pour d’autres projets futurs.

    Du point de vue technologique, le projet apparaît tout à fait réalisable. Il prévoit d’utiliser l’énergie solaire concentrée (ESC) au lieu des panneaux solaires photovoltaïques (PV).

    D’ici à 2018, le projet devrait pouvoir produire 2,5 GW d’électricité en utilisant une surface de 100 kmde désert située au sud-ouest de la Tunisie. Il est prévu une perte en ligne d’environ 3% liée au transport de l’électricité vers l’Italie via le câble sous-marin.

    Concrètement, des milliers de miroirs réfléchiront les rayons du soleil vers un récepteur central placé au sommet d’une tour. Cela dans le but de chauffer des sels fondus (sels en phase liquide) et produire une vapeur qui actionnera des turbines. Une autre innovation importante du projet consiste en la capacité de stockage. En chauffant les sels pendant le jour et en libérant la chaleur emmagasinée pendant la nuit, ce qui permettra de produire une énergie fiable et… renouvelable !

    Une baisse du coût plus rapide que celle des photovoltaïques

    Si TuNur est envisageable, c’est en partie grâce à la diminution des coûts de production de l’énergie solaire concentrée.

    Comme le souligne Jonathan Walters, ancien directeur de la Banque mondiale et conseiller du projet TuNur :

    « L’ESC est produite avec des matériaux comme l’acier et verre. Les coûts diminuent rapidement en fonction de la quantité.

    Il n’est donc pas surprenant que la baisse du prix de cette énergie soit plus rapide que celle des panneaux solaires photovoltaïques, pourtant de plus grande hauteur.

    Même si leur prix a baissé de moitié au cours des cinq années, les panneaux sont plus complexes à fabriquer et ont besoin d’alliages de métaux rares. »

    Cependant pour être un succès financier, TuNur aura quand même besoin de la mise en place d’un système de tarif d’achat (Feed-in Tariff).

    Le projet espère d’ailleurs obtenir, de la part du gouvernement britannique, la garantie d’un prix minimum 20% moins cher que celui de l’éolien offshore. Daniel Rich, chef de l’exploitation de Nur Energie, affirme :

    « La différence des prix ne permet pas actuellement d’importer de l’énergie solaire. Cependant, au regard de ses prix compétitifs et des prévisions de production, TuNur est, depuis un an, en discussion avec le ministère britannique de l’Energie et du Changement climatique pour essayer de changer cette situation et établir un mécanisme adapté. »

    La priorité de TuNur : cibler les marchés allemand et britannique

    TuNur envisage également de nouvelles opportunités avec d’autres pays européens tels que l’Allemagne, la France ou la Suisse… Pour Daniel Rich :

    « L’ECS avec son système de stockage est une alternative intéressante au nucléaire, et nous voulons cibler en priorité les marchés allemand et britannique. »

    Mais tout n’est pas si simple car, aussi important que soit TuNur, les processus pour obtenir des subventions de la part des Etats nationaux pour un tel projet sont très complexes.

    Et cela confirme toute l’importance du rôle de l’UE dans la mise en place d’un cadre clairement défini, d’un soutien à l’investissement stratégique et peut-être même dans la coordination en tant que principal acheteur d’énergie renouvelable.

    D’ailleurs un récent communiqué de la Commission européenne informe :

    « Dans le cadre d’une revitalisation de sa diplomatie en matière énergétique et climatique, l’Union européenne utilisera tous les instruments de sa politique extérieure pour établir des partenariats énergétiques stratégiques avec des pays producteurs et des pays ou régions de transit qui gagnent en importance. »

    De plus le plan d’action UE/Tunisie engage l’Union européenne à ouvrir progressivement son marché aux acteurs de la production d’énergie tunisiens.

    Questions sur le rôle du Parlement tunisien

    De plus, le Parlement européen appelle à investir une partie des 80 milliards d’euros dédiés à la recherche et le développement (dont 60% sont affectés au développement durable) chez ses voisins des régions méridionales et orientales.

    Une solution pour atteindre ses objectifs dont un est d’atteindre, d’ici 2030, 27% en matière d’intégration des énergies renouvelables. Et cela sur l’ensemble du territoire européen plutôt que de le répartir entre les Etats membres avec des objectifs individuels.

    La dernière condition dépend de l’aptitude du nouveau gouvernement de Tunisie à créer un environnement propice aux investissements à long terme. Même si une nouvelle loi permettant l’exportation d’électricité a été votée en 2014, il reste encore de nombreuses questions quant au rôle exact du Parlement tunisien dans la supervision des nouveaux projets énergétiques.

    Un projet qui doit bénéficier aux économies locales

    Riccardo Fabiani, conseiller principal pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Eurasia Group, est optimiste :

    « Il existe des risques, mais ils sont nettement plus faibles que dans le reste de la région. Pour la première fois depuis longtemps, nous voyons un pays arabe qui peut introduire des reformes propres à améliorer la transparence et transformer positivement son climat d’investissement. »

    L’exportation d’énergie solaire à grande échelle d’Afrique du Nord vers l’Europe était envisagée depuis longtemps. Un des leçons à tirer de l’échec du projet Desertec est que l’investissement étranger direct dans les projets d’exportation d’énergie doit bénéficier aux économies locales.

  • Assange et l'hypocrisie des puissants

     

    |

    2 juillet 2015

    Article en PDF :  

    Le 19 avril dernier, cela faisait trois ans que Julian Assange, fondateur et éditeur de WikiLeaks, était réfugié à l’ambassade de l’Equateur à Londres. Le problème essentiel de son incarcération est un problème de justice, puisqu’il n’a été accusé d’aucun crime.

     

    Policiers en face de l’ambassade équatorienne de Londres. 

    Le premier procureur suédois a rejeté les accusations à l’encontre de Julian Assange pour mauvaise conduite envers deux femmes à Stockholm en 2010. 

    Les actions du second procureur suédois ont été et sont encore aujourd’hui manifestement politiques. Pendant longtemps, il refusa de se rendre à Londres pour interroger Assange. Il finit par se décider à y aller, puis annula son rendez-vous. 

    Cette affaire est une farce, mais une farce aux conséquences tragiques pour Assange qui n’ose même pas mettre un pied hors de l’ambassade de l’Equateur. Une enquête criminelle est menée par les US contre lui et Wikileaks pour avoir commis le « crime » d’avoir exercé un droit pourtant ancré dans la constitution Américaine. La révélation de vérités gênantes a eu un impact et des répercussions d’une ampleur inédite selon les documents US. Pour cette raison, il a été condamné à plusieurs peines de prison à perpétuité dans un établissement pénitentiaire américain et est sommé de quitter l’ambassade de l’Equateur de Londres. 

    Les accusations suédoises ne sont rien d’autre qu’une diversion puisque les SMS entre les femmes impliquées dans cette affaire (qui ont été lus par des avocats) disculperaient Assange. Les avocats se réfèrent en effet à des accusations fabriquées par la police. Dans le rapport de police, une des femmes concernées dit avoir été forcée par la police suédoise. Quelle honte pour le système judiciaire suédois ! 

    Julian Assange est un réfugié bénéficiant de la protection du droit international. Le gouvernement du Royaume Uni est donc censé l’autoriser à quitter le territoire pour aller en Equateur. Et cela révèle le non-sens de son absence lors de son procès. Si l’affaire de son extradition allait devant les tribunaux anglais aujourd’hui, le mandat d’arrêt européen serait levé et Julian Assange serait un homme libre. Qu’est-ce que le gouvernement anglais cherche donc à prouver en ayant mis en place cet absurde barrage de police autour d’une ambassade qui n’a nulle intention d’abandonner Assange ? Pourquoi ne pas le laisser partir ? 

    Pourquoi un homme qui n’a été accusé d’aucun crime a-t-il dû passer 3 ans dans une chambre, privé de lumière, en plein cœur de Londres ? L’affaire Assange a amplifié bien des vérités, et la principale est le totalitarisme international de Washington, et ce, sans tenir compte de la personne élue comme Président. 

    L’on me demande souvent si je pense qu’Assange a été « oublié ». D’après mon expérience, une quantité innombrable de personnes à travers le monde, particulièrement en Australie (son pays natal), comprennent parfaitement l’injustice dont Julian Assange est victime. Ils les respectent, lui et Wikileaks, pour avoir fourni un service public épique, en informant des millions de personnes à travers le monde du dessein conçu pour eux dans leurs dos : les mensonges gouvernementaux, leurs intérêts, ainsi que toute la violence qu’ils engendrent. 

    Le pouvoir, avec sa capacité à corrompre, en est effrayé, puisque la vraie Démocratie est en marche. 

    Source :http://johnpilger.com/

  • Toujours notre comique BHL

    Grèce : l’inévitable contribution de BHL à la propagande anti-Tsipras

    par Martin Coutellier , le 3 juillet 2015

     

    Dans la tempête actuelle, Bernard-Henri Levy fait preuve d’une constance admirable : autant que sa force d’attraction pour les tartes à la crème, ses méthodes – mensonges, insinuations, insultes – résistent à l’épreuve du temps. À l’évidence, la crise politique actuelle en Grèce, qui excite toute l’éditocratie française [1], nécessitait toute la sagacité du philosophe milliardaire. Dans son « bloc-notes » paru le 30 juin sur le site du Point, son « analyse » subtilement titrée « Tchao Tsipras » ne nous apprend rien sur la situation de la Grèce, mais dit beaucoup de l’état de rage dans lequel cette situation le plonge.

    Après avoir expliqué qu’il s’autorise à donner son avis sur l’attitude d’Alexis Tsipras parce qu’il s’est autorisé, « ailleurs », à donner son avis sur tout (« J’ai assez dit, ailleurs, la colère que m’inspire l’Europe sans âme d’aujourd’hui (…), j’ai assez dénoncé l’aveuglement, à quelques notables exceptions près (...), de la plupart des acteurs de l’époque (…) pour m’interdire de dire, aussi, les sentiments que m’inspire l’attitude, ces jours-ci, de M. Tsipras »), BHL entre dans le vif du sujet.

     

    Mensonges

    En deux courts paragraphes, BHL prétend résumer le contenu des négociations en cours entre le gouvernement grec et ses « partenaires » : on demanderait à la Grèce « un effort fiscal minimal », un relèvement de la retraite à 67 ans, et une diminution du budget de la défense ; « en échange de quoi M. Tsipras s’était vu offrir une nouvelle tranche d’aide de la part du FMI » [2], prétend l’ancien nouveau philosophe. Peu lui chaut que le FMI en question ait refusé des propositions du gouvernement grec visant à augmenter les rentrées fiscales, comme relaté – entre autres – dans cet article du Monde. Peu lui chaut également que « l’offre » du FMI soit conditionnée à d’autres mesures, comme la suppression de retraites complémentaires pour les plus fragiles, et surtout que la question de la dette soit tout à fait centrale dans ces négociations (voir par exemple cet article de La Tribune). Si Bernard-Henri Lévy expose une situation compliquée de façon simpliste, c’est qu’il en ignore volontairement certains aspects cruciaux. Le philosophe à la crème ment donc au moins par omission.

    Second mensonge, et pas des moindres, celui selon lequel Alexis Tsipras aurait pris la décision d’avoir recours à un référendum « entre deux visites à Poutine ». Une argutie rhétorique destinée à jeter le soupçon sur le Premier ministre grec, qui agirait donc sur ordre de Moscou. Le problème est que, là encore, BHL raconte n’importe quoi : la dernière visite d’Alexis Tsipras en Russie remonte au 19 juin, soit une semaine avant l’annonce de l’organisation du référendum et il n’y est, depuis, pas retourné. Certes, BHL finira par avoir raison la prochaine fois qu’Alexis Tsipras rencontrera Vladimir Poutine : la décision d’organiser le référendum aura été prise « entre deux visites à Poutine ». Mais quel rapport entre le référendum et les visites ? Aucun. Mais signalons tout de même à Bernard-Henri Lévy cet autre fait troublant : le vote en première lecture de la Loi Macron (février 2015) a eu lieu « entre deux visites d’Hollande à Poutine » (décembre 2014 et avril 2015). Voilà qui mériterait une enquête de l’inspecteur BHL …

     

    Insinuations… et insultes

    De longue date, Bernard-Henri Lévy a trouvé ce qui unit les gens qui ne lui plaisent pas : ils sont tous nazis ! Alexis Tsipras, lui, se contenterait dans un premier temps de « reprendre la rhétorique d’extrême droite », en appelant le FMI, la BCE et les représentants de l’UE « les institutions » et en faisant référence à « l’humiliation grecque ». On ne voit pas bien en quoi cette rhétorique est « d’extrême-droite », mais si BHL le dit… Quant aux raisons qui ont poussé Alexis Tsipras à demander un référendum, BHL « sent » et « devine » qu’elles n’ont « probablement » rien à voir avec l’inflexibilité de la Troïka : « On sent, derrière l’opération, la lutte de courants minable au sein de Syriza. On devine, derrière ce coup de poker qu’il a probablement cru habile, le politicien ménageant l’aile radicale de son parti en même temps que son image, son avenir personnel, ses arrières. » Ménager son image et son avenir personnel, voilà bien le genre de comportement que le modeste et altruiste BHL a toujours refusé.

    Au total, selon Bernard-Henri Lévy, ce référendum « ressemble moins à une juste et saine consultation populaire qu’à un chantage en bonne et due forme à l’adresse de l’Occident. » Où cet Occident avec majuscule permet de sous-entendre que le gouvernement d’Alexis Tsipras, en organisant une consultation de tous les Grecs, s’en prend au fond à tous les Français, Allemands, Belges, Américains [3], etc. La Grèce exclue de « l’Occident » ? Étonnant de la part de quelqu’un qui se prétend « philosophe »... Ou alors le gouvernement grec ne fait pas partie de « l’Occident »... parce qu’il n’agit pas en conformité avec les « valeurs occidentales » ? Le référendum concernant la suite des négociations entre la Grèce et ses créanciers serait-il le dernier épisode en date du « choc des civilisations » ?

    De l’autre côté de la table des négociations, le FMI devient une association philanthropique sous la plume de BHL : il s’agit « d’un fonds supposé aider, aussi, le Bangladesh, l’Ukraine ou les pays d’Afrique ravagés par la misère, la guerre et l’échange inégal », dont les versements à la Grèce sont à mettre en balance avec « l’avant-dernier décaissement des sommes promises à la Tunisie, le maintien ou non de la facilité élargie de crédit au Burundi et la révision des plans d’aide aux systèmes de santé des pays les plus frappés par le virus Ebola. » Alexis Tsipras allié objectif d’Ebola ? Il fallait oser ! Mais BHL ose tout, c’est même à ça qu’on le reconnaît.

    Sans surprise, BHL finit par franchir le pas, et passe des insinuations à l’insulte franche : Tsipras est en réalité un « démagogue pyromane s’alliant avec les néonazis d’Aube Dorée ». Mais de quelle alliance parle-t-on ? Syriza et Aube dorée auraient-ils un programme politique commun ? Évidemment, non. BHL ment et diffame en prenant prétexte du fait que le parti Aube dorée est également favorable à un référendum (et à un vote « non »). Mais s’agit-il pour autant d’une « alliance » ? Dans ce cas, on ne pourra s’empêcher de noter qu’en soutenant l’intervention française au Mali en janvier 2013, BHL s’était « allié » avec le Front national, également partisan de l’intervention. Vous avez dit amalgames ?

    Mensonges, insinuations et insultes qui n’empêchent pas BHL d’asséner une grande leçon de morale politique en guise de conclusion : « on ne mène pas son peuple au précipice pour se sortir de l’impasse où l’on s’est soi-même enfermé. » Et nous le reconnaissons sans peine : la leçon serait valable si elle avait le moindre rapport avec la situation actuelle de la Grèce.

     

    ***


    L’image représentant les tenanciers de nos « grands » médias, éditocrates ubiquitaires et chroniqueurs multicartes, en chiens de garde de l’ordre établi ne s’était pas donnée à voir avec autant d’éclat depuis quelque temps [4]. À lire et entendre BHL et les autres éditorialistes et chroniqueurs aboyant et écumant de rage contre le gouvernement grec sous prétexte que celui-ci a pris la décision de consulter les électeurs qui l’ont placé aux responsabilités, on ne peut que trouver l’analogie frappante de justesse.

    Martin Coutellier (avec Julien Salingue)

  • Afrique : un top 5 des corrompus

     

    Publié le 2 juillet 2015 dans Afrique

    Qui sont les dirigeants corrompus les plus dommageables au développement de l’Afrique ?

    Si l’Afrique est un continent d’une extraordinaire abondance minérale, végétale, et bien sûr humaine et culturelle, ce qui la caractérise trop souvent dans l’inconscient collectif – aidé en cela par des médias prompts à ne relayer que les catastrophes – est l’instabilité des régimes politiques des pays qui la composent. C’est bien cette instabilité qui provoque famines, guerres et pauvreté sur une majeure partie de ce continent pourtant si riche.

    À la source de cette instabilité, difficile de ne pas voir l’incroyable corruption des dirigeants de ces pays. Pour illustrer ce lien néfaste entre la corruption des dirigeants et la misère qu’elle entraîne au sein des populations concernées, passons en revue cinq des dirigeants de pays les plus corrompus.

    Guinée Équatoriale – Teodoro Obiang

    Teodoro Obiang - Amanda Lucidon for White House - domaine public

    Teodoro Obiang - Amanda Lucidon for White House – domaine public

    La Guinée équatoriale est un état pétrolier de 700 000 habitants. Le revenu annuel par habitant y est de 27 000 € mais il cache des disparités abyssales, la majorité de la population vivant avec moins d’un euro par jour. Ce pays est actuellement dirigé par Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, au pouvoir depuis plus de 32 ans, ce qui lui a largement laissé le temps de s’enrichir dans des proportions assez inouïes.

    Cette richesse semble provenir pour une bonne part du trafic international de drogue. Elle s’étend au moins jusqu’à son fils, récemment impliqué dans une vaste affaire de corruption pour laquelle il a dû négocier avec les États-Unis. Il a en effet accepté de renoncer à 30 millions de dollars (23 millions d’euros) d’avoirs dans le cadre d’un accord passé avec le gouvernement américain qui le poursuit pour corruption. Il vendra sa villa de Malibu en Californie, une Ferrari et six statues grandeur nature de Michael Jackson, selon le ministère américain de la justice. Il lui est reproché d’avoir acheté tous ces biens avec de l’argent issu de la corruption, et d’avoir usé de son influence pour « amasser plus de 300 millions de dollars (230 millions d’euros) d’avoirs par la corruption et le blanchiment d’argent, en violation de la loi de Guinée équatoriale et des États-Unis ».

    Guinée – Alpha Condé

    alpha condé Alpha Condé at WEF 2012 in Davos - CC BY SA 2.0

    Alpha Condé at WEF 2012 in Davos – CC BY SA 2.0

    L’élection d’Alpha Condé en 2010 a été controversée. Alpha Condé a en effet perdu le premier tour du scrutin avec 18% des voix contre 44% pour son adversaire principal. Dix jours avant le second tour, le responsable de la commission électorale de Guinée a été emprisonné pour fraude électorale. Suite à de nombreux reports du second tour, Alpha Condé a remporté les élections avec une marge de 141 000 voix après que 177 000 voix aient été déclarées nulles.

    Le 9 novembre 2012, la directrice du trésor public guinéen, une ardente défenderesse de la transparence et de la lutte contre la corruption au sein du ministère des finances du pays, a été assassinée.

    En avril 2015, alors qu’Ebola faisait rage en Guinée, Alpha Condé séjournait au moins 4 nuits au luxueux hôtel Four Seasons à Washington D.C. dans une suite présidentielle coûtant 18 500 dollars la nuit (le revenu national par habitant en Guinée est de 1,2 dollar par jour).

    Malgré de riches ressources naturelles (la région guinéenne de Simandou contient ce qui est probablement le plus grand gisement de minerai de fer non-exploité au monde), la plupart des Guinéens vivent dans la pauvreté, en partie à cause de la corruption rampante.

    Cinq ans après son élection, il est devenu clair que la gestion des ressources minérales du pays est plus que jamais sous le contrôle personnel d’Alpha Condé et de soutiens extérieurs comme Tony Blair et George Soros par exemple. Ce contrôle prend la forme du protectionnisme et des expropriations. La corruption dans l’entourage d’Alpha Condé est endémique. Peu de temps après l’élection d’Alpha Condé, l’entreprise Rio Tinto aurait ainsi versé 732 millions d’euros à l’État guinéen sans que l’on en connaisse la raison exacte. On semble depuis avoir perdu la trace de cet argent.

    Soudan – Omar Al Bashir

    Omar Al Bashir -12th AU Summit - Jesse B. Awalt - Domaine Public

    Omar Al Bashir -12th AU Summit – Jesse B. Awalt – Domaine Public

    Le président actuel, Omar Al Bashir, en place depuis plus de 21 ans, s’est maintenu au pouvoir en écrasant systématiquement toute contestation, au besoin dans le sang.
    Cette longue période aura laissé toute latitude au dirigeant pour appauvrir sa population en pillant les ressources du pays : selon les télégrammes diplomatiques américains qui ont fuité fin 2010, plus de 9 milliards de dollars ont été ainsi siphonnés du pays vers des banques londoniennes.

    Luis Moreno-Ocampo, procureur de la Cour Pénale Internationale qui a ouvert une instruction pour génocide en 2008 à l’encontre du président soudanais, a révélé qu’une partie des fonds étaient détenus dans la Llyods Banking Group, partiellement nationalisée. Il a aussi expliqué à des officiels américains qu’il devenait nécessaire de rendre public l’ensemble de ces informations et l’échelle des extorsions et méfaits d’Al Bashir pour pouvoir retourner l’opinion publique mondiale contre lui.

    Zimbabwe – Robert Mugabe

    Robert Mugabe - 12th AU Summit - Jesse B. Awalt - Domaine Public

    Robert Mugabe – 12th AU Summit – Jesse B. Awalt – Domaine Public

    Dans la liste des corrompus africains, on ne présente plus guère Robert Mugabe, en poste depuis plus de 27 ans, qui a assez phénoménalement réussi à propulser son pays sur les pires pentes du socialisme et du collectivisme avec tout ce que cela peut comporter de corruption, de misère et de violences.

    Outre les tortures et meurtres d’opposants, outre une hyperinflation galopante qui a durement touché son pays suite à des décisions monétaires désastreuses et qui est devenue depuis emblématique de ce qu’il ne faut surtout pas faire en matière d’économie, Robert Mugabe apparaît régulièrement sur les listes des leaders les plus corrompus du monde.

    La liste des scandales dans lesquels il est directement ou indirectement impliqué (au travers de sa famille qui a mis le pays en coupe réglée) est maintenant si fournie qu’il est difficile de les énumérer. Citons au passage des détournements de diamants, le pillage du fonds de soutien aux victimes de guerre, le scandale de la ZISCO (Zimbabwe Iron and Steel Company), celui de la ZUPCO (Zimbabwe United Passenger Company), celui de la NOCZIM (National Oil Company of Zimbabwe) ou celui de l’extension de l’aéroport international d’Harare.

    Cameroun – Paul Biya

    Paul Biya - Amanda Lucidon - White House - Domaine public

    Paul Biya – Amanda Lucidon – White House – Domaine public

    Paul Biya est le président du Cameroun depuis plus de 32 ans, et, comme son homologue Mugabe pour le Zimbabwe, il est régulièrement dépeint comme l’un des dirigeants de pays les plus corrompus au monde (ce dernier a même reçu la douteuse distinction de Pays le plus corrompu au monde en 1998 et en 1999).

    L’histoire de la République du Cameroun, un État pétrolier de l’Afrique centrale, est assez typique de la trajectoire suivie par les pays décolonisés dans les années 50. Paul Biya est arrivé au pouvoir en 1982 (il y a plus de 30 ans, donc) avec le support tacite de la communauté. En 2008, il réussit à modifier la constitution du Cameroun pour en devenir quasiment le président à vie.
    Dans un récent rapport du CCFD (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement) sur les Biens Mal Acquis, il est estimé que la fortune personnelle de Biya s’élève à plus de 200 millions de dollars. La liste des possessions personnelles de Biya est énorme : plusieurs châteaux en France et en Allemagne, et la villa Isis sur la Côte d’Azur.