Afrique : un top 5 des corrompus
Qui sont les dirigeants corrompus les plus dommageables au développement de l’Afrique ?
Si l’Afrique est un continent d’une extraordinaire abondance minérale, végétale, et bien sûr humaine et culturelle, ce qui la caractérise trop souvent dans l’inconscient collectif – aidé en cela par des médias prompts à ne relayer que les catastrophes – est l’instabilité des régimes politiques des pays qui la composent. C’est bien cette instabilité qui provoque famines, guerres et pauvreté sur une majeure partie de ce continent pourtant si riche.
À la source de cette instabilité, difficile de ne pas voir l’incroyable corruption des dirigeants de ces pays. Pour illustrer ce lien néfaste entre la corruption des dirigeants et la misère qu’elle entraîne au sein des populations concernées, passons en revue cinq des dirigeants de pays les plus corrompus.
Guinée Équatoriale – Teodoro Obiang
La Guinée équatoriale est un état pétrolier de 700 000 habitants. Le revenu annuel par habitant y est de 27 000 € mais il cache des disparités abyssales, la majorité de la population vivant avec moins d’un euro par jour. Ce pays est actuellement dirigé par Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, au pouvoir depuis plus de 32 ans, ce qui lui a largement laissé le temps de s’enrichir dans des proportions assez inouïes.
Cette richesse semble provenir pour une bonne part du trafic international de drogue. Elle s’étend au moins jusqu’à son fils, récemment impliqué dans une vaste affaire de corruption pour laquelle il a dû négocier avec les États-Unis. Il a en effet accepté de renoncer à 30 millions de dollars (23 millions d’euros) d’avoirs dans le cadre d’un accord passé avec le gouvernement américain qui le poursuit pour corruption. Il vendra sa villa de Malibu en Californie, une Ferrari et six statues grandeur nature de Michael Jackson, selon le ministère américain de la justice. Il lui est reproché d’avoir acheté tous ces biens avec de l’argent issu de la corruption, et d’avoir usé de son influence pour « amasser plus de 300 millions de dollars (230 millions d’euros) d’avoirs par la corruption et le blanchiment d’argent, en violation de la loi de Guinée équatoriale et des États-Unis ».
Guinée – Alpha Condé
L’élection d’Alpha Condé en 2010 a été controversée. Alpha Condé a en effet perdu le premier tour du scrutin avec 18% des voix contre 44% pour son adversaire principal. Dix jours avant le second tour, le responsable de la commission électorale de Guinée a été emprisonné pour fraude électorale. Suite à de nombreux reports du second tour, Alpha Condé a remporté les élections avec une marge de 141 000 voix après que 177 000 voix aient été déclarées nulles.
Le 9 novembre 2012, la directrice du trésor public guinéen, une ardente défenderesse de la transparence et de la lutte contre la corruption au sein du ministère des finances du pays, a été assassinée.
En avril 2015, alors qu’Ebola faisait rage en Guinée, Alpha Condé séjournait au moins 4 nuits au luxueux hôtel Four Seasons à Washington D.C. dans une suite présidentielle coûtant 18 500 dollars la nuit (le revenu national par habitant en Guinée est de 1,2 dollar par jour).
Malgré de riches ressources naturelles (la région guinéenne de Simandou contient ce qui est probablement le plus grand gisement de minerai de fer non-exploité au monde), la plupart des Guinéens vivent dans la pauvreté, en partie à cause de la corruption rampante.
Cinq ans après son élection, il est devenu clair que la gestion des ressources minérales du pays est plus que jamais sous le contrôle personnel d’Alpha Condé et de soutiens extérieurs comme Tony Blair et George Soros par exemple. Ce contrôle prend la forme du protectionnisme et des expropriations. La corruption dans l’entourage d’Alpha Condé est endémique. Peu de temps après l’élection d’Alpha Condé, l’entreprise Rio Tinto aurait ainsi versé 732 millions d’euros à l’État guinéen sans que l’on en connaisse la raison exacte. On semble depuis avoir perdu la trace de cet argent.
Soudan – Omar Al Bashir
Le président actuel, Omar Al Bashir, en place depuis plus de 21 ans, s’est maintenu au pouvoir en écrasant systématiquement toute contestation, au besoin dans le sang.
Cette longue période aura laissé toute latitude au dirigeant pour appauvrir sa population en pillant les ressources du pays : selon les télégrammes diplomatiques américains qui ont fuité fin 2010, plus de 9 milliards de dollars ont été ainsi siphonnés du pays vers des banques londoniennes.
Luis Moreno-Ocampo, procureur de la Cour Pénale Internationale qui a ouvert une instruction pour génocide en 2008 à l’encontre du président soudanais, a révélé qu’une partie des fonds étaient détenus dans la Llyods Banking Group, partiellement nationalisée. Il a aussi expliqué à des officiels américains qu’il devenait nécessaire de rendre public l’ensemble de ces informations et l’échelle des extorsions et méfaits d’Al Bashir pour pouvoir retourner l’opinion publique mondiale contre lui.
Zimbabwe – Robert Mugabe
Dans la liste des corrompus africains, on ne présente plus guère Robert Mugabe, en poste depuis plus de 27 ans, qui a assez phénoménalement réussi à propulser son pays sur les pires pentes du socialisme et du collectivisme avec tout ce que cela peut comporter de corruption, de misère et de violences.
Outre les tortures et meurtres d’opposants, outre une hyperinflation galopante qui a durement touché son pays suite à des décisions monétaires désastreuses et qui est devenue depuis emblématique de ce qu’il ne faut surtout pas faire en matière d’économie, Robert Mugabe apparaît régulièrement sur les listes des leaders les plus corrompus du monde.
La liste des scandales dans lesquels il est directement ou indirectement impliqué (au travers de sa famille qui a mis le pays en coupe réglée) est maintenant si fournie qu’il est difficile de les énumérer. Citons au passage des détournements de diamants, le pillage du fonds de soutien aux victimes de guerre, le scandale de la ZISCO (Zimbabwe Iron and Steel Company), celui de la ZUPCO (Zimbabwe United Passenger Company), celui de la NOCZIM (National Oil Company of Zimbabwe) ou celui de l’extension de l’aéroport international d’Harare.
Cameroun – Paul Biya
Paul Biya est le président du Cameroun depuis plus de 32 ans, et, comme son homologue Mugabe pour le Zimbabwe, il est régulièrement dépeint comme l’un des dirigeants de pays les plus corrompus au monde (ce dernier a même reçu la douteuse distinction de Pays le plus corrompu au monde en 1998 et en 1999).
L’histoire de la République du Cameroun, un État pétrolier de l’Afrique centrale, est assez typique de la trajectoire suivie par les pays décolonisés dans les années 50. Paul Biya est arrivé au pouvoir en 1982 (il y a plus de 30 ans, donc) avec le support tacite de la communauté. En 2008, il réussit à modifier la constitution du Cameroun pour en devenir quasiment le président à vie.
Dans un récent rapport du CCFD (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement) sur les Biens Mal Acquis, il est estimé que la fortune personnelle de Biya s’élève à plus de 200 millions de dollars. La liste des possessions personnelles de Biya est énorme : plusieurs châteaux en France et en Allemagne, et la villa Isis sur la Côte d’Azur.