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  • Ce que l’extrême droite ne nous prendra pas

    lundi 8 juillet 2013, par Frédéric Lordon

    La colorimétrie des demi-habiles ne connaissant que deux teintes, toute mise en cause de l’Europe, fût-elle rendue au dernier degré du néolibéralisme, est le commencement d’une abomination guerrière, toute entrave au libre-échange est la démonstration manifeste d’une xénophobie profonde, toute velléité de démondialisation l’annonce d’un renfermement autarcique, tout rappel au principe de la souveraineté populaire la résurgence d’un nationalisme du pire, tout rappel au principe de la souveraineté populaire en vue d’une transformation sociale, la certitude (logique) du… national-socialisme, bien sûr ! Voilà sur quel fumier intellectuel prospère le commentariat européiste quand, à bout d’argument, il ne lui reste plus que des spectres à brandir.

    Le pire cependant tient au fait que ces imputations, où le grotesque le dispute à l’ignoble, font sentir leurs effets d’intimidation jusque dans la gauche critique, terrorisée à l’idée du moindre soupçon de collusion objective avec le FN, et qui se donne un critère si bas de cet état de collusion que le moindre regard jeté sur une de ses idées par les opportunistes d’extrême droite conduit cette gauche à abandonner l’idée – son idée – dans l’instant : irrémédiablement souillée. A ce compte-là bien sûr, la gauche critique finira rapidement dépossédée de tout, et avec pour unique solution de quitter le débat public à poil dans un tonneau à bretelles. Comme on sait, sous couleur de ne pas donner prise aux accusations de « repli national », elle a laissé tomber de fait toute idée de mettre quelque entrave que ce soit au libre-échange puisque toute restriction à la libre circulation des conteneurs est une offense égoïste faite aux peuples des pays exportateurs – et la démondialisation y a été vue comme une inacceptable entorse à un internationalisme de principe. En bonne logique ne faudrait-il pas, à cette partie de la gauche, renoncer également à la critique de la déréglementation financière internationale au motif que l’extrême droite, elle aussi, en fait l’un de ses thèmes de prédilection, en conséquence de quoi la chose ne pourrait plus être dite ?

    Souverainisme de droite, 
    souverainisme de gaucheRetour à la table des matières

    « Repli national », en tout cas, est devenu le syntagme-épouvantail, générique parfait susceptible d’être opposé à tout projet de sortie de l’ordre néolibéral. Car si cet ordre en effet se définit comme entreprise de dissolution systématique de la souveraineté des peuples, bien faite pour laisser se déployer sans entrave la puissance dominante du capital, toute idée d’y mettre un terme ne peut avoir d’autre sens que celui d’une restauration de cette souveraineté, sans qu’à aucun moment on ne puisse exclure que cette restauration se donne pour territoire pertinent – n’en déplaise à l’internationalisme abstrait, la souveraineté suppose la circonscription d’un territoire – celui des nations présentes… et sans exclure symétriquement qu’elle se propose d’en gagner de plus étendus !

    Prononcer le mot « nation », comme l’un des cas possibles de cette restauration de la souveraineté populaire, peut-être même comme l’un de ses cas les plus favorables ou du moins les plus facilement accessibles à court terme – précision temporelle importante, car bien sûr le jacquattalisme du gouvernement mondial, lui, a le temps d’attendre… –, prononcer le mot « nation », donc, c’est s’exposer aux foudres de l’internationalisme, en tout cas de sa forme la plus inconséquente : celle qui, soit rêve un internationalisme politiquement vide puisqu’on en n’indique jamais les conditions concrètes de la délibération collective, soit qui, les indiquant, n’aperçoit pas qu’elle est simplement en train de réinventer le principe (moderne) de la nation mais à une échelle étendue !

    En ce lieu de la souveraineté, qui donne naissance à toutes les confusions politiquement intéressées, il pourrait être utile de commencer par montrer en quoi un souverainisme de gauche se distingue aisément d’un souverainisme de droite, ce dernier se concevant généralement comme souveraineté « de la nation », quand le premier revendique de faire droit à la souveraineté « du peuple ». Les tenants de la « souveraineté nationale » en effet ne se posent guère la question de savoir qui est l’incarnation de cette souveraineté, ou plutôt, une fois les évocations filandreuses du corps mystique de la nation mises de côté, ils y répondent « tout naturellement » en tournant leurs regards vers le grand homme, l’homme providentiel – l’imaginaire de la souveraineté nationale dans la droite française, par exemple, n’étant toujours pas décollé de la figure de de Gaulle. L’homme providentiel donc, ou tous ses possibles succédanés, comités de sages, de savants, de compétents ou de quelque autre qualité, avant-gardes qualifiées, etc., c’est-à-dire le petit nombre des aristoi (« les meilleurs ») à qui revient « légitimement » de conduire le grand nombre.

    La souveraineté vue de gauche, elle, n’a pas d’autre sens que la souveraineté du peuple, c’est-à-dire l’association aussi large que possible de tous les intéressés à la prise des décisions qui les intéressent. Le souverainisme de droite n’est donc rien d’autre que le désir d’une restauration (légitime) des moyens de gouverner mais exclusivement rendus à des gouvernants qualifiés en lesquels « la nation » est invitée à se reconnaître – et à s’abandonner. Le souverainisme de gauche est l’autre nom de la démocratie – mais enfin comprise en un sens tant soit peu exigeant.

    Faute de ces élémentaires distinctions, une partie de la gauche en est venue à ostraciser l’idée de souveraineté quand elle prétend par ailleurs lutter pour une extension de la démocratie… qui n’en est que le synonyme ! Démocratie, souveraineté populaire : une seule et même idée, qui est celle de la maîtrise par une communauté de son propre destin. On mesure donc les effets de captation et de terrorisme intellectuels de l’extrême droite, et les effets de tétanie de la gauche critique, à cette aberration d’auto-censure et d’intoxication qui a conduit cette dernière à abandonner l’idée de souveraineté, faute d’être simplement capable de se souvenir que, sous l’espèce de la souveraineté populaire, elle est l’une de ses propres boussoles idéologiques depuis la Révolution française !

    Contre l’« armée de réserve » des sans-papiers : 
    la régularisation !

    Il est bien vrai cependant que le FN se montre d’une redoutable habileté dans le pillage éhonté des idées de la gauche critique. Il aurait tort de se gêner puisqu’il ne vient personne pour lui rappeler les orientations foncièrement reaganiennes de sa « pensée économique » jusqu’au début des années 2000, ni lui faire observer les légères traces de pneu qui résultent d’un tête-à-queue idéologique aussi parfait – mais les journalistes politiques qui disent déplorer le dépérissement du « débat d’idées » ne sont visiblement pas très intéressés par ce genre d’idées… Le terrain de l’imposture intellectuelle ainsi grand ouvert, le FN s’avance gaiement, sans le moindre complexe ni la moindre vergogne, se goinfrant de thèmes de gauche pour mieux semer une réjouissante confusion, mais affinant également son art de couler ses obsessions xénophobes de toujours dans une critique du néolibéralisme de fraîche date.

    Ainsi, dans cette veine, sa nouvelle empathie pour les travailleurs revient-elle périodiquement souligner que l’immigration irrégulière constitue une « armée de réserve » prête à s’employer aux pires conditions, et vouée par là à faire une concurrence déloyale aux salariés réguliers (on est invité à comprendre nationaux), notamment à tirer vers le bas les salaires. Il n’y aurait pas pire objection que celle qui se réfugierait dans le pur et simple déni de tout effet de cette sorte. Car il est hautement vraisemblable que l’entretien d’une armée de réserve, et même d’une « sous-armée de réserve », constituée de travailleurs rendus au dernier degré de la précarité pour être exclus de toute protection légale, offre au patronat une formidable masse de main d’œuvre corvéable à merci avec, oui, pour effet de tirer vers le bas tous les standards sociaux, en tout cas de faire une concurrence directe aux salariés « réguliers » du niveau juste au dessus.

    Le MEDEF, lui, ne s’y trompe pas qui défend l’immigration avec des accents que ne renierait pas Harlem Désir : « Restons un pays ouvert, qui accueille de nouvelles cultures et profite du métissage » déclare la main sur le cœur Laurence Parisot [1], inquiète des tours de vis de l’équipe Guéant-Sarkozy en 2011 qui pourrait bien tarir la source miraculeuse aux exploitables. « Je ne crois pas qu’il faille faire de l’immigration un problème », ajoute-t-elle avec un humanisme criant de sincérité. Bien sûr – il ne s’agit tout de même pas de se mettre le gouvernement d’alors à dos –, Parisot ne manque pas de préciser que l’immigration à laquelle elle pense est l’immigration de travail légale – mais c’est celle dont Guéant se propose de réduire les volumes... Il suffirait cependant de pas grand-chose pour imaginer que Parisot étendrait volontiers le métissage et l’accueil de toutes les cultures à une immigration moins légale, celle, précisément qui fait les meilleures (sous-)armées de réserve.

    On remarquera au passage que, dans une asymétrie caractéristique, l’endos enthousiaste de l’immigration par le MEDEF est un de ces rapprochements bizarres qui pose curieusement moins de problème que la récupération de la démondialisation par le FN… Mais l’essentiel est ailleurs. Il est dans l’instrumentation éhontée de l’immigration par le patronat telle qu’elle donne symétriquement sa matière à la xénophobie d’extrême droite, qui trouve ici le moyen idéal de se rendre présentable en se ripolinant de critique sociale. Vu de loin, on admirera l’habileté tactique, car c’est indéniablement une manœuvre très réussie que de faire cheminer ainsi un fond inaltérable de racisme sous les dehors les plus honorables de la préoccupation pour la condition ouvrière, la seconde, protestée de bonne foi, permettant alors de faire vibrer implicitement toutes les cordes du premier sans avoir l’air d’y toucher – parfois aussi sans prendre la peine de ne pas avoir l’air...

    Rien n’oblige cependant à tomber dans des stratagèmes aussi grossiers, et ceci d’autant plus que les capacités de récupération idéologique de l’extrême droite atteignent assez vite leur limite, en tout cas ici on va les leur faire atteindre, et rapidement. Car, au-delà de l’immigration légale à laquelle Laurence Parisot affecte de s’en tenir, on fera observer à Marine Le Pen qu’on règle très facilement le problème de la sous-armée de réserve des clandestins : par la régularisation intégrale ! Plus de clandestinité, plus de vulnérabilité ; plus de vulnérabilité, plus de chantage patronal, donc plus de salaires de misère ni de traitement de quasi-esclaves. Les régularisés auront les mêmes salaires et les mêmes droits que les nationaux et les résidents légaux – auxquels ils appartiendront –, cessant par là même de créer cette poche de sous-salariat dépressionnaire qui produit objectivement tous ses effets de dumping social intérieur, et ceci d’autant plus violemment qu’on a poussé plus loin la déréglementation du marché du travail.

    Faucher la nation au FN

    Mieux encore : s’il est évident que l’abandon de toute régulation des flux de population est une aberration indéfendable, il n’est pas moins évident que les résidents et les régularisés qui le souhaitent ont pleinement vocation à être intégrés dans la nationalité française. Ce sont des femmes et des hommes qui travaillent, qui contribuent à la vie matérielle et sociale de la collectivité, qui payent leurs cotisations et leurs impôts – eux.

    Au lieu de se laisser défaire en rase campagne et de tout abandonner sans même combattre, la gauche critique ferait mieux non seulement de se tenir un peu fermement mais aussi de songer à quelques contre-mesures, manière de retourner contre le FN ses propres procédés. Cette question de l’immigration et de la régularisation offre peut-être l’occasion idéale de lui faucher la nation, dont elle s’est fait le monopole et qu’elle a constitué en pôle toxique du débat public, mais au prix bien sûr d’en avoir défiguré l’idée. Par un effet de tétanie aussi navrant que caractéristique, la gauche critique n’a pas même fait l’effort de s’y attaquer et, là encore, comme à propos de la souveraineté dont elle est évidemment profondément solidaire, la nation s’est trouvée de fait rendue à l’idée que s’en fait l’extrême droite – et à ses seuls usages.

    Là contre, il faut dire que la nation n’est en aucun cas le fantasme ethnique que propage le FN, et qu’on ne voit pas au nom de quoi la gauche devrait abandonner l’idée de la nation ouverte, jouant le sol contre le sang, assise sur la citoyenneté et sur elle seule, qui lui a été, elle aussi, léguée par la Révolution. S’il est vrai que, sous couleur de « République », on a longtemps bourré les crânes avec « nos ancêtres les Gaulois », ce temps-là est révolu. A quelque chose malheur étant bon, l’époque de crise profonde est on ne peut plus propice à expliquer, et dès l’école !, qu’appartenir à la nation s’apprécie en tout premier lieu par le respect de ses devoirs fiscaux, que cette appartenance n’est pas une affaire de naissance, encore moins de lignée (pour ne pas dire de souche…), mais d’une démonstration simple et permanente de citoyenneté comprise comme participation à une forme de vie commune dont la reproduction emporte naturellement des sujétions contributives. A ce compte-là, pour parler comme Le Pen, et aussi pour parler très différemment d’elle, on voit très vite qui est « vraiment français » et qui ne l’est pas – et c’est un nouveau crible qui va sans doute lui faire tout drôle, on attend de voir si elle va le récupérer celui-là.

    Car voilà le nouveau paysage de la nationalité : Bernard Arnault ? Pas français. Cahuzac ? Pas français. Johnny et Depardieu qui se baladent dans le monde comme dans un self-service à passeports ? Pas français. Les Mamadou et les Mohammed qui triment dans des ateliers à sueur, font les boulots que personne d’autre ne veut faire, et payent leurs impôts sont mille fois plus français que cette race des seigneurs. Le sang bleu évadé fiscal, dehors ! Passeport et bienvenue à tous les basanés installés sur le territoire, qui, eux contribuent deux fois, par leur travail et par leurs impôts, à la vie collective, double contribution qui donne son unique critère à l’appartenance de ce qui, oui !, continue de s’appeler une nation – mais pas la même que celle du Front « National ».

    Immigration et chômage ?

    Il y a peu de crainte que le FN vienne nous chercher sur ce terrain-là. Davantage que, dans sa comédie de néo-macroéconomiste, il vienne nous objecter que si la régularisation fait disparaître le « dumping interne » et la concurrence intra-salariale déloyale, elle ne règle rien à la concurrence intra-salariale « ordinaire », et même l’intensifie en faisant grossir une population active déjà confrontée à une pénurie objective d’emplois. Mais d’où vient cette pénurie elle-même ? Il faut toute l’emprise du biais xénophobe pour refuser de poser cette simple question et, par défaut – en fait par propos délibéré – faire des immigrés la cause générale, voire unique, du problème du chômage.

    Or on ne répond à ce genre de question qu’en commençant par remarquer combien les liens entre démographie et emploi sont autrement plus complexes que ne le supposent ceux dont l’outillage intellectuel s’arrête aux quatre opérations de l’arithmétique élémentaire, pour conclure que si la démographie augmente alors le chômage aussi « puisqu’il y a plus de gens pour le même nombre d’emplois »… Il faudrait d’ailleurs que le FN finisse par arrêter une position car ce même argument qui cherche à singulariser les immigrés s’appliquera tout autant aux bonnes familles françaises, invitées par lui à croître et à se multiplier... Petits français de souche, ou immigrés, ça ne va pas changer grand-chose à ses équations simplistes du chômage…

    En vérité il n’y a aucune détermination univoque aussi rudimentaire entre démographie et chômage. On le sait bien depuis le fordisme qui a connu simultanément une démographie salariale galopante, notamment du fait du mouvement de salarisation des femmes, et un plein-emploi éclatant… au point d’ailleurs que le patronat français n’a pas manqué d’aller faire de massives campagnes de recrutement en Afrique du Nord. Dans cette affaire, loin de se combattre, croissance démographique et emploi se soutiennent : l’afflux de nouveaux salariés employés injecte plus de revenu dans l’économie, donc plus de consommation, plus de demande… et plus d’offres d’emploi. La croissance démographique vient donc intensifier les propriétés vertueuses, établies par ailleurs, du régime d’accumulation fordien.

    Le régime qui succède au fordisme est tout autre. A l’exact opposé de ce que soutient la doctrine néolibérale, la déréglementation généralisée ne produit aucune croissance : il suffit de comparer en longue période le taux de croissance moyen en Europe sur les périodes 1945-75 et 1985-2013 pour que l’affaire soit vite entendue. Les mondialisateurs libéraux répondent en général à ce genre d’objection en préférant détourner le regard vers les BRICS et autres pays émergents… à ceci près, comme l’a montré Rodrik [2], que le succès de ces pays doit tout ou presque… au fait qu’ils ont pris bien soin de n’appliquer aucune des recettes que leur préconisait le FMI, la Banque mondiale et l’ensemble des prescripteurs autorisés du néolibéralisme !

    Dans le dispositif néolibéral tel qu’il s’est appliqué aux pays les plus industrialisés, un élément s’est révélé particulièrement nuisible, il s’agit du pouvoir actionnarial qui est l’un des « charmes » de la déréglementation financière. Les exigences de rentabilité des fonds propres en constant relèvement ont en effet conduit à passer à la trappe tous les projets d’investissement qui ne passent plus la barre des 15 %, et forcent les entreprises à se saigner en dividendes ou en buy-back pour rétrocéder leur cash « oisif » aux actionnaires – forcément il est « oisif » puisqu’on lui interdit de travailler à moins de 15 %... Le néolibéralisme est donc un régime d’accumulation dépressionnaire par inhibition actionnariale de l’investissement.

    Il suffit d’y ajouter toutes les pertes d’emploi liées à la large ouverture aux délocalisations et à la concurrence très distordue du libre-échange, plus les politiques économiques aberrantes d’austérité en période de crise, pour avoir toute les données structurelles de la pénurie d’emploi – dont on voit alors qu’elle est le propre des orientations profondes de l’accumulation du capital en régime néolibéral, et qu’elle n’a pas grand-chose à voir avec la présence des immigrés sur notre sol. Toutes choses égales par ailleurs, l’occupation des emplois par des immigrés nourrit la boucle macroéconomique « revenu-consommation-demande » et contribue à la création d’emplois pour tout le monde – raison pour quoi, en passant, le renvoi instantané de tous les immigrés que fantasme le FN n’améliorerait en rien la situation de l’emploi, au contraire !

    Mais toutes choses ne sont pas égales par ailleurs. Diffèrentes, donc, les caractéristiques structurelles du régime d’accumulation en vigueur. C’est de ce côté-là, et de ce côté-là seulement, qu’il faut aller chercher les causes du chômage, et non du côté de la couleur de peau de ceux qui occupent les postes. C’est la forme dépressionnaire prise par l’accumulation du capital en régime néolibéral qui donne toute l’explication de la pénurie d’emploi. Et ce sont ces structures-là le problème de première instance – pas l’immigration.

    Le FN ou la « réconciliation nationale »... 
    sous l’égide du capital

    Mais ce problème-là, le FN a-t-il quelque envie sérieuse de s’y attaquer ? Tout à son nouveau rôle, il clame vouloir faire la peau à la mondialisation et à la finance. Voire. Comme l’attestent ses revirements de longue période, le FN est un invertébré idéologique quand il s’agit d’économie, où il n’a d’autre boussole que l’opportunisme. Il se trouve qu’il peut compter avec une paire d’effrayés et d’éditorialistes décérébrés pour que tout lui profite. Mais on n’est pas forcés de s’y laisser prendre. Ni d’oublier de rappeler ce que sont les grands invariants de l’extrême droite en France (et sans doute ailleurs) : loin d’être, comme une lobotomie médiatique en entretient l’idée, l’apanage du peuple affreux, sale et méchant, l’extrême droite est un projet qui plaît beaucoup à une certaine fraction de la bourgeoisie, et dont d’autres, la bourgeoisie d’affaire notamment, s’accommoderaient très bien s’ils ne font pas œuvre de soutien manifeste.

    L’histoire a suffisamment montré que la bourgeoisie avait le libéralisme politique qui s’arrêtait là où commence sa liberté de valoriser le capital. Rien ne permet d’exclure formellement une remise au goût du jour du « Hitler plutôt que le Front populaire » si la situation « l’exigeait ». Mais surtout rien ne permet de douter que la sociologie de ses élites dirigeantes, et de celles qu’elles recruteraient dans l’hypothèse d’une arrivée au pouvoir, conduirait le FN à mener une politique conforme aux intérêts du capital, ou disons à passer avec le capital un compromis politique, sans doute différent de celui de la mondialisation néolibérale, mais tout à fait satisfaisant pour la préservation de ses intérêts.

     Lire le dossier « Les extrêmes droites à l’offensive », Le Monde diplomatique, janvier 2011 L’extrême droite prête à défier le capital pour les travailleurs est une fable qui ne résiste pas un instant à l’analyse. Ni encore moins aux enseignements de l’histoire. Car très loin de tout anticapitalisme, l’extrême droite est plutôt un rêve de « réconciliation nationale »… autour d’un ordre social dominé de fait par le capital. Aucun des fascismes n’a jamais cherché la confrontation avec le capital, tout au contraire : ils n’ont cessé de poursuivre la chimère d’un corps national fondu dans l’unité affective d’une appartenance mystique, cette fusion étant d’ailleurs explicitement conçue comme le moyen d’un dépassement de toutes les (inutiles) divisions « secondaires » – au premier rang desquelles le conflit de classes bien sûr…

    C’est peut-être le Metropolis de Fritz Lang qui en donne la représentation la plus frappante, puisque, commençant à la manière d’un Marx cinéaste, campant la lutte des classes entre le sous-sol des prolétaires asservis et la surface de la bourgeoisie jouisseuse, il finit dans l’exaltation pré-nazie [3] de la réconciliation du capital et du travail, dont les personnages représentatifs finissent par triompher de leurs animosités respectives et se donner la main… sous le porche de la cathédrale !, soit exactement la trajectoire prévisible d’une Marine Le Pen qui tiendrait presque le discours de la lutte des classes, et emprunte tout ce qu’elle peut au discours de la gauche critique, mais finira à coup sûr dans le plus complet déni du conflit capital-travail – dont on sait qu’il est bien fait pour garantir et la domination et la tranquillité du capital –, et ceci au nom du « rassemblement » dans la « communauté nationale unanime ».

    Récupérations lepénistes et braiements médiatiques

    Faute de ces rectifications élémentaires, les erreurs intellectuelles et politiques s’enchaînent les unes aux autres. La gauche critique abandonne la souveraineté populaire et la nation-citoyenne à l’extrême droite qui les défigure en souveraineté du chef et nation ethnique ; et l’incapacité à qualifier, c’est-à-dire à affirmer le qualificatif pertinent – populaire pour la souveraineté, citoyenne pour la nation – suffit à rabattre ces deux idées sur les usages qu’en fait l’extrême droite, qui ne les fait plus exister implicitement que sous ses propres qualificatifs à elle – où l’on retrouve incidemment que les entreprises de récupération trouvent aussi leur possibilité dans la passivité de ceux qui se laissent dépouiller.

    Or la souveraineté du peuple inscrite dans une citoyenneté élective, constituée dans et par le consentement fiscal, est cela-même qui ne cesse d’être attaqué par le néolibéralisme, comme l’attestent et les confiscations technocratiques (augmentées du pur et simple pouvoir des marchés…), et la généralisation de l’évasion fiscale des possédants. Il est certain que la lutte contre le néolibéralisme s’en trouve singulièrement compliquée lorsqu’on abandonne à l’ennemi les deux thèmes à la fois les plus centraux politiquement et les plus susceptibles de faire, à raison, levier dans l’opinion publique…

    On comprend mieux alors, dans ce vide créé par une désertion intellectuelle, que des militants, voire des publicistes, sincèrement de gauche, finissent par s’égarer sérieusement en louchant du mauvais côté – mais le seul restant qui fasse vivre, quoique pour le pire, des thèmes qui leur sont chers, mauvais côté auquel ils cèdent sous l’habileté captieuse d’une extrême droite qui, comme toujours en période de grande crise, sait s’habiller des oripeaux de la révolution sociale.

    Il leur suffirait pourtant d’aller creuser sous ces convergences trompeuses, et d’interroger ceux qu’ils envisagent de se donner pour nouveaux compagnons de route sur la régularisation des sans-papiers, sur leur intégration entièrement justifiée dans la nationalité, sur la profonde bêtise de la « théorie » qui lie chômage et immigration, pour recueillir des réactions qui leur montreraient le primat de la compulsion xénophobe, la manière dont elle ordonne et même dont elle subordonne toute la « doctrine », et pour voir combien ce qu’on pourrait appeler le délire de l’homogène nourrit un fantasme de « communauté nationale », littéralement parlant le fantasme d’une communauté et non d’une société, c’est-à-dire d’une fusion qui impose son principe (mystique) à tous les clivages, à tous les dissensus… à commencer bien sûr par celui qui oppose le capital et le travail.

    Le voile est bien mince qui sépare cet arrière-plan de toujours de l’extrême droite de la comédie « sociale » qu’il nous joue à l’avant-scène. La stratégie de la récup’ est à coup sûr d’une grande habileté ; elle n’a cependant rien d’irrésistible, il est même assez simple de remettre quelques pendules à l’heure, pour peu qu’à gauche, on n’ait pas le désir de se laisser contraindre à un strip-tease intégral. La chose n’est pas seulement simple : elle est de la plus urgente nécessité. Elle l’est pour conserver des éléments de fond pertinents de la critique du néolibéralisme, elle l’est au moins autant pour ôter leur fourrage aux braiements médiatiques intéressés, trop content de se précipiter – « ah ! vous voyez bien ! » – sur la dernière récupération lepéniste, et dont l’empressement opportuniste à l’amalgame est le symétrique de celui du FN, l’un et l’autre également obstacles objectifs à la perspective de la transformation sociale.

    Notes

    [1] « Immigration : Parisot s’oppose à Guéant », Le Figaro, 16 avril 2011.

    [2] Dani Rodrik, Nations et mondialisation. Les stratégies nationales de développement dans un monde globalisé, La Découverte, 2008.

    [3] Le scénario de Metropolis a été co-écrit par Fritz Lang et par son épouse Thea von Arbou que ses inclinations nazies ont fini par faire adhérer au NSDAP.

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    94 commentaires sur « Ce que l’extrême droite ne nous prendra pas »

    • permalien Lepromeneursolitaire :
      8 juillet @15h39   »

      Le Front national est bien profondément reaganien et néolibéral, et il serait bon de lire plus d’articles comme le vôtre ! Sur ce même sujet :

      http://contratsocial.wordpress.com/...

    •  rscarcpac :
      8 juillet @15h47   « »

      Je comprends pas bien de qui Lordon parle au début de l’article quand il parle d’une gauche critique qui refuse tout protectionnisme. C’est soit une partie très minoritaire de la gauche de gauche, soit un partie fantasmée par Lordon. Ce serait bien de nommer clairement les organisations visées, de justifier l’assertion par des citations et de ne pas mettre implicitement tout le monde dans le même bain.

      Lordon n’a jamais cité explicitement que 2 partis français dans ses articles, le FN et le PS et ne parle de la gauche de gauche que pour la ridiculiser sans discernement. En cela il fait le même boulot que les médias dominants.

    •  pablo :
      8 juillet @16h06   « »
      en passant

      "Nos ancêtres les gaulois", "le corps mystique de la nation"...

      Avant 2012, le Canard enchaîné citait, dans l’une de ses éditions, un haut fonctionnaire disant que Sarkozy était contre tout ce qui s’est fait en France depuis Philippe Auguste, c’est à dire depuis le début de la montée en puissance de l’Etat en France.

      C’est à cette histoire institutionnelle (plus qu’à une origine ethnique) que faisait surtout référence l’école républicaine, et elle avait bien raison.

      Les autres pays n’ont pas tous la même histoire ou le même mode de fonctionnement, ce qui justifie aussi l’idée de nation.

      Ainsi, les habitants de la Hollande ou des pays scandinaves n’ont en moyenne pas la même vision des choses que les français, et ils n’ont donc pas besoin des mêmes institutions...

      => Notre ancêtre Philippe Auguste...

    •  CM :
      8 juillet @16h18   « »

      La gauche critique comme vous l’appelez n’existe pas, ou plutôt, elle n’existe plus. La gauche est libérale-libertaire et totalement embourgeoisée. Vous avez juste un train de retard et vous pensez que le FN ressemble encore à la fausse blonde bourgeoise botoxée caniche dans le sac à main. 
      Actuellement, la gauche est l’arme la plus efficace du capitalisme et donc du mondialisme. Elle permet de détruire les fondemants de nos sociétés afin d’y laisser le capitalisme s’infiltrer (ce dont il a besoin, c’est vital pour le capitalisme). Rien à voir avec un manque de courage de la gauche quand il faut reprendre des idées du FN, c’est juste qu’elle n’a pas du tout envie de ça. Elle ne s’adresse pas aux travailleurs. Les ouvriers français votent FN depuis que la gauche les a laissé tomber pour du sociétal et des caprices de minorités agissantes. Seuls les pauvres ouvriers d’origine se sentent obligés de voter encore pour des partis qui ne les représentent pas, car ils ont subi la diabolisation du FN. Ils sont doublement victimes donc. Ceci n’a absolument rien de raciste. 
      C’est d’ailleurs le seul truc qui reste aux anti-FN quand ils ne savent que répondre sur le fond. Hurler au racisme, à l’homophobie etc. Que le FN soit opportuniste (que dire de Mélenchon et de l’extrême gauche en général...cfr affaire Méric : Plus que de l’opportunisme c’était dégueulasse et un beau mensonge) et qu’une partie de son électorat soit raciste est vrai, mais c’est le seul parti qui a fait du travailleur français sa priorité dans ses programmes, réalisables ou non. 
      L’hypocrisie est plus de gauche que de droite aujourd’hui.

    •  Jordi Grau :
      8 juillet @16h20   « »

      Merci, M. Lordon, pour cet article salutaire ! Puisse-t-il être largement diffusé...

      Permettez-moi cependant de faire deux minuscules critiques. Vous écrivez :

      Là contre, il faut dire que la nation n’est en aucun cas le fantasme ethnique que propage le FN, et qu’on ne voit pas au nom de quoi la gauche devrait abandonner l’idée de la nation ouverte, jouant le sol contre le sang, assise sur la citoyenneté et sur elle seule, qui lui a été, elle aussi, léguée par la Révolution.

      Si vous lisez Qu’est-ce qu’un français ?, de Patrick Weil, vous verrez que le droit du sang est parfaitement légitime. Cette invention juridique de la Révolution permet à quelqu’un qui est né à l’étranger de parents français d’avoir la nationalité française. Rien de choquant là-dedans. D’ailleurs, notre législation se base à la fois  sur le principe du droit du sol et sur le principe du droit du sang. Les deux principes ne sont pas du tout incompatibles.

      La vraie opposition n’est donc pas entre le droit du sol et le droit du sang, mais entre ceux qui veulent garder les deux principes et les xénophobes qui aimeraient bien faire disparaître le premier.

      Ma deuxième critique porte sur la notion de croissance. Vous dites, si je vous ai bien compris, que la croissance démographique n’est pas une mauvaise chose, parce qu’elle est facteur de croissance économique. Mais l’une et l’autre croissances n’ont-elles pas des limites ? A partir d’un certain seuil, l’augmentation de la taille d’une population et de la quantité de richesses produites ne cause-t-elle pas un épuisement des ressources naturelles et une pollution excessive ? Toute la question est de savoir quelles sont ces limites. En France, il y a peut-être de la marge, étant donné les immenses territoires dépeuplés.... Le problème, c’est que la croissance démographique - dans l’état actuel des choses - profite aux villes, et principalement aux grandes villes...

      Pour que votre raisonnement soit impeccable, il faudrait montrer que la critique de la croissance ne conduit pas nécessairement à la xénophobie, et qu’il est possible d’envisager une société sans croissance, mais où les ressources (argent, matières premières, temps de travail, territoires...) seraient partagées plus équitablement.

      Cordialement,

      J. Grau

    •  Sophie :
      8 juillet @17h09   « »

      Merci de rappeler que le patronat est pour une immigration large. Il en a toujours été ainsi historiquement, c’est le patronat qui depuis les années 20 via la SGI (société générale d’immigration) fait entrer la main d’œuvre sur le territoire français. 
      Quand Sarkozy a annoncé que les patrons seraient punis si ils ne surveillaient pas les illégaux, je me suis doutée que son heure allait sonner. 
      Votre article est excellent, je diffuse !

    •  Clément Sénéchal :
      8 juillet @17h39   « »

      La République est effectivement une pratique (à commencer par l’impôt), pas une identité.

      http://lesions.ragemag.fr/trois-ide...

      Très bon billet.

    •  Coma81 :
      8 juillet @17h52   « »
      Mais que font les antifas ?

      Après cet article, Frédéric Lordon va devenir la prochaine cible de la secte Antifa, que Philippe Corcuff ne va pas manquer de lancer à ses trousses :

      http://blogs.mediapart.fr/blog/phil...

      Car selon lui, Lordon, avec d’autres comme Todd ou Mélenchon se trouverait "du côté sombre" (!!) de la gauche, du côté de "l’impensée nationaliste"

      "Sombre", ça fait penser "au côté obscure de la force" non ? Au mal, au fascisme.

      Mais que font les Antifas !

    •  john :
      8 juillet @18h02   « »

      Un analyse que je rejoins très majoritairement, salutaire à plus d’un titre ! mais j’aimerais avancer une critique :

      - concernant la citoyenneté élective et la souveraineté populaire, Rousseau définissait la souveraineté populaire comme le pouvoir législatif étendu au suffrage universel (et non à une minorité d’élus ou de représentants) : la citoyenneté législative (non élective) correspond à la souveraineté populaire, à l’instar du réferendum, comme celui de 2005 sur la constitution européenne par exemple. 
      Nous sommes des citoyens libres car nous obéissons aux lois que nous avons proposées/votées, tandis que le système représentatif est l’aliénation de notre souveraineté politique.

      Car il me semble que le FN s’accomode davantage du système représentatif/électif actuel que de la souveraineté populaire. Le capitalisme n’est il pas lui même un système représentatif, l’aliénation de notre souveraineté économique, où seuls une minorité, les plus gros exploiteurs ou héritiers ou propriétaires de moyen de production/brevets/entreprises, (parfois reconnu légitimes tout comme un représentant élu : si Bernard Arnault est si riche, c’est parce qu’il le "mérite") décident des politiques économiques, ont l’oreille du personnel législatif, au détriment du plus grand nombre ?

      Historiquement, deux courants de gauche se sont opposés à ce propos durant la convention montagnarde :

       1) le courant des Jacobins, auquel appartenait Robespierre, qui certes tout en se revendiquant de Rousseau et fit des mesures en faveur des exploités a préféré le système représentatif (bien qu’il y avait un système de pétition dans les communes et de controle par les citoyens à l’assemblée),

       2) le courant des Enragés (ou anarchistes, c’est à dire démocratie directe) de Jacques Roux et Jean Varlet, revendiquant déjà la citoyenneté sans distinction de sexe. Ce dernier courant manque véritablement de reconnaissance, alors qu’il nous est un héritage inestimable, le Manifeste des Enragés est disponible à ce lien et frappant par sa virulence anti-spéculation qui aurait toute son actualité aujourd’hui :

      http://fr.wikisource.org/wiki/Manif...

      Il n’y a pas "d’aristoi", il n’y a que le "demos", qui n’est "incompétent" qu’autant qu’on lui aliéne ses droits à l’éducation, (civique, populaire, économique, historique), à la santé, à la prise de décision politique (législative, constitutionnel) et économique (propriété publique des moyens de production).

    •  Jordi Grau :
      8 juillet @18h19   « »

      A CM et autres apologistes du Front National

      Bonsoir.

      Vous affirmez que la défense du travailleur français est la priorité du Front National. Visiblement, vous n’avez pas été convaincu par le billet de M. Lordon, qui a pourtant de bons arguments à opposer à votre idée.

      Je vous suggère donc d’aller regarder l’excellent papier dont le promeneur solitaire a fait la promotion plus haut. Je vous redonne le lien :

      http://contratsocial.wordpress.com/...

      Par ailleurs, je vous rappelle que beaucoup de musulmans vivant en France sont des Français. En s’attaquant régulièrement à l’islam, le Front National divise les travailleurs français. Ceux-ci, au lieu d’être unis contre la minorité qui les exploite, sont incités à s’entredéchirer. Ou plutôt, les "Français de souche" (c’est-à-dire ceux qui ont la peau plutôt claire et un nom à consonance européenne, sinon française) sont invités à se défouler de toute leur rancœur sur quelques boucs émissaires tout désignés : les musulmans, les "Arabes" (même ceux qui ont depuis toujours la nationalité française), mais aussi les "assistés" (entendez les pauvres qui touchent des allocations, non les riches actionnaires ou spéculateurs qui vivent sur le dos du reste de la société)....

    •  Jordi Grau :
      8 juillet @18h33   « »

      Un exemple typique de la façon de penser de l’extrême droite, ce discours que je viens de trouver sur le site du FN. Je précise que cette mentalité, malheureusement, déborde largement le cadre du Front National :

      Communiqué de Presse de Louis Aliot, Vice-président du Front National

      Un incendie vient de provoquer à Lyon la mort de trois personnes dans une ancienne usine désaffectée squattée par des Roms. Ce drame de l’immigration incontrôlée s’ajoute aux victimes déjà enregistrées à Paris dans des incendies d’immeubles insalubres.

      Les responsables de ces situations sont évidemment les gouvernants qui ne prennent pas les mesures nécessaires au contrôle d’une immigration sauvage toujours plus importante.

      En effet, dans de nombreux pays la misère humaine pousse des familles à s’installer là où le système social et sanitaire est le plus avantageux, la France représentant pour beaucoup un eldorado.

      Les associations soi-disant humanitaires ou prétendument antiracistes qui, sous couvert de bons sentiments, défendent coûte que coûte et en pleine crise économique une immigration clandestine et illégale, portent une grande responsabilité dans ces drames humains. La pénurie de logements et l’immigration incontrôlée conduisent à des situations inextricables où les marchands de sommeil pullulent et les trafics se banalisent en toute impunité. Face à ces aberrations les pouvoirs publics subissent et font payer toujours plus aux contribuables les résultats de leur impuissance.

      Les autres pays d’Europe et du monde doivent savoir que la France durement touchée par la crise ne peut plus se permettre le luxe de recevoir toute la misère du monde et d’assumer les charges inhérentes de logement, de soins et d’éducation.

      Le Front National, en plus d’une politique de priorité nationale, demande un arrêt de l’immigration, le démantèlement des camps de Roms et par mesure de sécurité sanitaire et sociale leur expulsion immédiate dans leur pays d’origine.

      Que demande le FN ? Qu’on rénove les logements insalubres ou qu’on construise de nouveaux logements ? Non. Et pourtant, il n’y a pas que des étrangers qui souffrent d’une pénurie de logements. La seule chose qui intéresse le FN, c’est de trouver un nouveau prétexte pour expulser les Roms. A sa décharge, il faut dire que la "crise" du logement n’est pas nouvelle, et que le PS et ses alliés n’ont guère fait mieux que l’UMP ou le RPR pour la résoudre. D’ailleurs, il est symptomatique que le FN reprenne la tristement célèbre formule de M. Rocard sur la "misère du monde"...

    •  Helios :
      8 juillet @18h35   « »

      Je trouve assez drôle qu’on suggère de régulariser tous les sans-papiers pour couper l’herbe sous les pieds du FN. 
      La souveraineté populaire s’applique aussi à l’immigration. C’est cela que la "gauche critique" a du mal à se mettre dans la tète. Tant que cela ne sera pas fait, aucune chance de concurrencer le FN. Si le désir de la majorité est qu’il n’y en ait pas, ou peu d’immigration, le peuple doit avoir le droit et les moyens de mettre cela en oeuvre.

    •  john :
      8 juillet @19h13   « »

      J’aurais une deuxième remarque, qui serait davantage sous forme de questionnement :

      vous rappelez que la baisse de croissance constatée après 1945-75 serait du à un capitalisme décomplexé et déréglementé (inspiré par Milton Friedman), mais certains, comme Jean Marc Jancovici, ou des écologistes (naifs ?), avancent que ce n’est pas à cause du capitalisme (ou "néolibéralisme") mais à cause des chocs pétroliers (1973-79), et, de la baisse de production de pétrole (et de combustible fossiles de manière générale) étant donné la finitude du stock et la demande galopante (voir le graphique à ce lien) :

      http://www.manicore.com/documentati...

      Nos modes de production dépendent largement du pétrole dans nos société (qu’on l’ait voulu ou qu’on nous l’ait imposé), de là à disculper le capitalisme de tout effet de système néfaste, voire de prétendre que la création de richesse (croissance) dépend du pétrole, et non du travail, cela me parait approximatif ou même erroné. Mais cette opposition que j’observe n’est peut être pas légitime (?).

      Qu’en pensez vous ?

    •  Ian :
      8 juillet @19h18   « »
      Merci de laisser l’idéologie de côté et de regarder la réalité en face...

      Il faut être particulièrement fort pour réfuter l’évidence : oui, dans une situation de chômage de masse (> 10%), il est délétère de laisser penser que l’immigration n’aura pas d’impact négatif.

      "En vérité il n’y a aucune détermination univoque aussi rudimentaire entre démographie et chômage."

      Énoncer une "vérité" ne la rend pas vraie. Encore faut-il la prouver.

      Et pour le coup, en se tournant vers de vrais économistes (l’École d’Économie de Toulouse, la seule en France à avoir une vraie reconnaissance internationale), on tombe sur des raisonnements un peu plus solides.

      Oui l’immigration a un impact sur le chômage. Le bon sens populaire est bien confirmé par l’analyse.

      L’économiste va plus loin et montre que le droit de vote accordé aux étranger ne peut mener qu’à des conséquences négatives pour le travailleur français à travers une paupérisation généralisée ! Pour que l’immigration ait un effet positif, il faut que les immigrés acceptent de ne pas toucher de transferts sociaux, chose impensable à gauche, mais pourtant oui, l’immigré bénéficie rien qu’en émigrant d’une amélioration de sa situation !

      http://www.cae.gouv.fr/IMG/pdf/084.pdf

      Morceaux choisis (du résumé à la fin) :

      ‎"En particulier, le rapport montre qu’en présence de rigidités salariales (dues à un salaire minimum par exemple), l’ajustement des salaires peut être incomplet et un influx d’immigrés (peu qualifiés) peut engendrer une hausse du chômage. Dans un cas pareil, il est possible que l’immigration ne soit plus source de gains nets pour l’ensemble des natifs et elle peut même conduire à une perte nette dans la mesure où le chômage est indemnisé."

      "Si ceux-ci votent, ils changent à la fois la base fiscale de la redistribution et la nature des coalitions politiquement décisives. Cela signifie que si les immigrés sont relativement pauvres, la base fiscale est réduite relativement au revenu moyen, et les choix politiques se feront en faveur d’une redistribution élevée, car la présence d’immigrés pauvres accroît la taille de la coalition en faveur de la redistribution. Il en résulte que le gain agrégé pour les natifs sera négatif du fait des distorsions induites par l’imposition supplémentaire, et que seuls les natifs relativement pauvres bénéficieront de l’influx d’immigrés, grâce au supplément de transfert que ce « renfort politique » leur permet d’obtenir."

    •  Ian :
      8 juillet @19h22   « »
      Merci de laisser l’idéologie de côté et de regarder la réalité en face... (2)

      Dernier morceau très croustillant :

      "Ces effets redistributifs soulèvent la question d’une politique de transferts assurant une compensation des perdants. L’auteur montre que l’existence du surplus de l’immigration permet d’instaurer un système de transferts forfaitaires assurant la compensation des perdants, de sorte que tous les résidents du pays d’accueil soient bénéficiaires. Avec un tel système de transferts et si l’on se limite au strict plan économique, tous les natifs du pays devraient être favorables à l’immigration. Cependant, pour qu’un tel consensus soit atteint, il est indispensable que les mécanismes de transferts compensatoires soient discriminatoires, c’est-à-dire que les immigrés en soient exclus. On peut faire valoir que ceux-ci restent bénéficiaires de toute façon puisqu’ils auraient pu exercer l’option de ne pas immigrer et que leur migration a déjà amélioré leur situation initiale. Ce résultat ne peut provenir des nombreux transferts sociaux en vigueur en France et en Europe qui, par construction, sont non discriminatoires. Ces transferts compensatoires discriminatoires devraient être explicitement liés à une politique migratoire."

    •  sdz :
      8 juillet @19h27   « »

      Votre argumentaire sur les bienfaits de l’immigration est pitoyable, d’ailleurs démenti par les dernières statistiques officielles (de mémoire, cotisations inférieures à celles des natifs pour 60% des immigrés). Quelle date choisir pour une prise de conscience : le 1er choc pétrolier ? la création des restos du coeur (1985) ou du rmi (1987) ? ou l’absence de progression du PIB/Hab depuis 2006 jusqu’en 2012 malgré une progression légère du PIB ?

      Votre argumentaire binaire sur la souveraineté de la nation ou populaire ne vaut guère mieux : notre recours au référendum est en deçà de celui de la Suisse. Quant à l’irrespect du vote souverain du peuple français (2005), la chose me semble très partagée... Un peu facile d’affirmer une souveraineté comme populaire qui ne serait que celle du peuple de gauche...

      Puisqu’il n’y a pas de socialisme sans souveraineté monétaire avec main mise sur la Banque centrale, et d’ailleurs plus de République, il faut chercher les responsabilités uniquement chez les partis "de gouvernement" . Bientôt les vendanges mais attention, le Lordon ne se bonifie pas forcément sur la durée.

      http://www.la-France-contre-la-cris...

    •  RST :
      8 juillet @19h37   « »
      Ce que la "gauche critique" ne nous prendra pas

      Fréderic,

      Vous n’avez pas le monopole de la démocratie : Ce que la "gauche critique" ne nous prendra pas

    •  Jean-Michel Masson :
      8 juillet @19h56   « »

      Merci pour cette analyse brillante. 
      Je n’aime pas le mot "européiste". 
      Au lieu d’une suite de recroquevillements chauvins (ce qui se passe dans de nombreuses contrées européennes), pourquoi ne pas changer l’Europe, pour en faire une Europe sociale et environnementale ? 
      Au début du siècle précédent, le débat progressiste a porté sur la question de savoir s’il fallait construire le socialisme dans un pays ou chercher à le faire au niveau mondial. Nous en sommes toujours à la case départ. 
      L’autonomie locale, avec une énergie assurée massivement par des ressources fossiles importées ne rend pas cette autonomie facile. Le remplacement rapide de ces énergies désormais coûteuses par du renouvelable locale semble être une priorité. D’ailleurs, sur ce terrain, les chauvins sont assez silencieux. 
      Nous devons également affronter la crise climatique anthropique : un phénomène mondial, liés à tous les productivismes, n’exige-t-il pas une politique mondiale ? 
      La démographie est un sujet tabou qui classe définitivement dans le camp malthusien ceux qui pensent que la pression anthropique est trop forte : le style de vie local actuel, dépendant des hydrocarbures et producteur de GES n’est pas le modèle d’avenir. Se recroqueviller sur ce style de vie n’est-il pas une impasse ? 
      Votre dénonciation du vent mauvais et du brouet infâme de l’agitation raciste et xénophobe est réconfortante. 
      http://jmmasson.wordpress.com

    •  Blanc :
      8 juillet @19h57   « »

      Monsieur Lordon , on aimerait beaucoup que vous consacriez un article sur le grand marché transatlantique.Ce machin risque à terme de détruire tout ce qui reste de notre modèle social donc il serait intéressant d’avoir votre avis la dessus.

    •  Arthurin :
      8 juillet @20h16   « »
      Démocratie, souveraineté populaire : une seule et même idée

      Non.

      Un processus anti-démocratique reconnu par le peuple serait tout de même l’expression d’une souveraineté populaire...

      Enfin, ce que j’en dis...

    •  KarlMarcs :
      8 juillet @20h40   « »

      Pourquoi le Lordon est-il si long ?

      PS : Partager un texte comme celui-là sur facebook ? et pourquoi pas pas sur tweeter tant qu’on y est.

    •  Jordi Grau :
      8 juillet @21h49   « »

      A KarlMarcs

      Pourquoi Karl Marx était-il si long ? Et pourquoi tous les grands auteurs ont-ils écrit des centaines de pages pour exprimer leur pensée alors qu’un simple tweet suffit à tout dire ?

      Sans doute étaient-ils trop bêtes ou trop maladroits. Ou peut-être étaient-ils sadiques et jouissaient-ils de torturer le cerveau de leurs lecteurs. Quoi qu’il en soit, heureusement que vous êtes là pour relever le niveau. Pourriez-vous nous résumer l’article de F. Lordon en 140 caractères ? Je suis sûr que des millions d’internautes vous en seraient reconnaissants...

    •  Engel :
      8 juillet @22h21   « »
      Merci de présenter les choses telles qu’elles sont

      Au vu de la grogne qui monte en France et de la vacuité du débat politique, qui omet de remettre en question la source du malaise social (le capital et son support, une monnaie d’échange fructifiable) , nous nous acheminons hélas possiblement, l’ignorance aidant, vers un "dernier recours" populiste, comme l’Allemagne économique dévastée de 1923 y a eu recours. 
      Je vous invite à lire cet essai d’Anne-Marie Chartier qui montre très bien le fonctionnement actuel de l’économie, qui est sans issue : 
      http://marx21siecle.com/notrebuthyp...

      "Mais une dictature peut être un système nécessaire pour une période transitoire. Parfois il est nécessaire pour un pays d’avoir, pour un temps, une forme ou une autre de pouvoir dictatorial. [...] Personnellement je préfère un dictateur libéral plutôt qu’un gouvernement démocratique manquant de libéralisme" Friedrich Hayek, 1981, gourou de l’économie libéral.

    •  RV :
      8 juillet @22h33   « »

      A force ne ne pas dévoiler ce que vous étiquetez la "gauche critique" il est difficile de vous suivre dans l’exercice. 
      Je ne peux imaginer que vous songiez à ranger le PS sous ce vocable. 
      Alors il ne reste, parmi les partis de gauche, que le PCF, le PG et le NPA, pour ne nommer que les plus important (chacun verra midi à sa porte) qui l’un comme l’autre appelle à la régularisation, soit des travailleurs sans papiers, sois des sans papiers tout court. 
      Conclusion, une bonne partie de votre article me semble sans fondement.

    •  RV :
      8 juillet @22h52   « »

      """.../... Différentes, donc, les caractéristiques structurelles du régime d’accumulation en vigueur. C’est de ce côté-là, et de ce côté-là seulement, qu’il faut aller chercher les causes du chômage, et non du côté de la couleur de peau de ceux qui occupent les postes. C’est la forme dépressionnaire prise par l’accumulation du capital en régime néolibéral qui donne toute l’explication de la pénurie d’emploi. Et ce sont ces structures-là le problème de première instance – pas l’immigration.../... """ 
      Puis-je apporter une nuance de gris à ce tableau en noir et blanc ? 
      Que pensez vous, ou comment prenez vous en compte, la raréfaction des matières premières, notamment celle du pétrole et qui fait dire à Jancovici, tout en noir et blanc comme vous même, (j’exagère, dans un sens comme dans l’autre) que c’est la cause première du chômage ? 
      Peut-il y avoir deux causes premières ?

    •  john :
      8 juillet @22h58   « »

      @RV,

      je tente une réponse qui ne tient qu’à mon expérience et à mon interprétation :

      ce que F. Lordon désigne par "gauche critique" peut correspondre à tout.e.s représentant.e.s qui se disent de gauche et qui ostracisent les termes "nation" et "souveraineté", et ignorent ou feignent d’ignorer _car ces mots, monopolisés le FN, sont devenus trop connotés et invendables électoralement, sauf à un électorat d’érudits ou d’universitaires en philosophie politique_ leur fondement historique en tant que souveraineté populaire c’est à dire la démocratie (et non la souveraineté d’un monarque ou de représentants), et nation en tant que citoyenneté par le droit du sol (Robespierre, que je critiquais plus haut pour sa trahison des principes anti-représentatifs de Rousseau, nous a laissé cependant des discours pour le droit du sol saisissants).

      Un gauche aussi qui confondrait internationalisme (universalité des droits sociaux, anti capitalistes, à toute l’humanité) avec la mondialisation "heureuse" actuelle (du FMI, des plans d’ajustement structurelle an afrique, de al politique monétariste, de la circulation de capitaux et des classes aisés en jet privé).

      Il me semble que la "gauche critique" est "transparti" : vous pouvez en trouver dans les 4 partis politiques que vous mentionnez, majoritairement au PS.

    •  Joe Liqueur :
      8 juillet @23h08   « »
      "Régulariser" n’est pas jouer

      @ Frédéric Lordon

      Si on veut renvoyer les clandestins il ne suffit pas de les renvoyer… il faut aussi construire un rideau de fer. Et en sens inverse, si on veut les régulariser il ne suffit pas de les régulariser… il faut continuer de régulariser ceux qui continuent d’arriver… Ce sont toujours les deux mêmes points aveugles du raisonnement, de part et d’autre.

      En ce qui me concerne, tant qu’il n’y a pas de risque de surpopulation, je suis favorable à une solution que même vous jugez aberrante et indéfendable (à l’occasion il faudrait que vous nous disiez pourquoi) : l’abandon de toute régulation des flux de population (ce qui, au passage, ne signifie pas l’abandon des contrôles d’identité, ni aux frontières ni à l’intérieur des frontières).

    •  Néophyte attérré :
      8 juillet @23h55   « »
      Chômage : Uniquement les dividendes ?

      Bonjour Monsieur Lordon

      Juste une remarque concernant le chômage

      Vous expliquez, à moins que je ne me trompe que la cause du chômage est dût au capitalisme...

      Il est vrai que l’augmentation des dividendes est un problème majeur ainsi que les délocalisations mais le problème ne serait-il pas dût au fait que le capitalisme est en bout de course et que justement il serait temps de changer de paradigmes, en parlant du revenu de base p.e.

      Plusieurs économistes ont déjà mit en évidence qu’il est peu probable qu’il y ait un retour de la croissance et qu’aujourd’hui il ait besoins de moins de personnes avec plus de qualification là où par le passé il fallait plus de personnes avec peu de qualification.

      Il est vrai que le sujet principal de ce billet est le Front National et l’abandon des valeurs de la gauche par u parti qui se réclame de gauche mais je pense que le sujet pourrait être intéressant.

    •  picaro :
      9 juillet @00h03   « »

      Quant à ne rien laisser au FN, il convient aussi de revisiter à nouveaux frais la question de la "communauté" qui ne devrait pas s’opposer de manière si "rhénane" au concept de société, fondé sur la distinction des fonctions de production et la conscience d’une co-existence "de fait". 
      Les études réalisées sur la fête comme espace-temps de l’expérimentation du social dévoilent une communauté en fête qui n’est autre qu’un mode d’existence de la société complexe. 
      A rebours du rêve aryen, ou fasciste pour résumer, de la communauté comme un tout, la communauté ne peut être, structurellement, que l’adjonction, de manière phénoménologique, d’unités hétérogènes, ie d’individus, dans le temps et l’espace le reste du temps. 
      Par contre, la conscience d’une communauté vécue ou imaginée au sens de Benedict Anderson est le ferment de toute possibilité d’existence collective et, le cas échéant, d’affirmation du substrat populaire comme reconnaissance commune d’une pareille condition. 
      Il s’agit donc de dépasser la distinction "sciences-po" entre gemeinschaft et gesellschaft pour savoir opposer l’Un mortifère de la reconnaissance de l’identique, utopie fasciste, à la collectivité des reconnaissants, alterégos poétiques et ontologiques de l’Autre-moi, d’un Moi vécu autrement.

    •  Jean-Michel Masson :
      9 juillet @08h26   « »

      La "nation" est-elle le cadre idéal de la citoyenneté mondiale ? 
      Victor Hugo avait une autre vision : 
      http://oasisfle.com/culture_oasisfl... 
      Les marchés ayant réussi à se développer pour devenir eux-mêmes source de tyrannie, ce ne sont pas les nations qu’il faut développer, ce n’est pas l’Europe qu’il faut annihiler mais les marchés qu’il faut encadrer et restreindre... ici et ailleurs. Désormais les activités humaines n’harmonisent plus la nature, elles la détruisent : raison de plus pour contester "les marchés" libres.

      http://jmmasson.wordpress.com : d’où l’idée que l’Europe pourrait être fondée non pas sur la concurrence mais sur l’économie plurielle.

    •  Plutarque :
      9 juillet @08h33   « »

      Il suffit d’avoir entendu le vibrant l’hommage de MLP à l’occasion du décès de Maggie pour savoir où se situe réellement le FN

    • 9 juillet @08h38   « »

      Je suis de l’avis de rscarcpac.

      Le texte de M. Lordon perd une bonne partie de son intérêt du fait qu’il ne précise pas qui il vise quand il évoque "la gauche critique" qui se laisserait aussi facilement intimider par la peur de se laisser récupérer par le FN.

      Il existe tout de même des penseurs, des organisations politiques et syndicales qui disent ce qu’ils ont à dire sans se préoccuper de ce que pense l’extrême-droite.

      A moins que M. Lordon se pense être le seul doué de lucidité ?

      Ceci dit, son article au ton comme toujours alerte rappelle quelques vérités élémentaires.

    •  Jordi Grau :
      9 juillet @09h14   « »

      A John

      Au sujet de la gauche critique, vous écrivez :

      Un gauche aussi qui confondrait internationalisme (universalité des droits sociaux, anti capitalistes, à toute l’humanité) avec la mondialisation "heureuse" actuelle (du FMI, des plans d’ajustement structurel an Afrique, de la politique monétariste, de la circulation de capitaux et des classes aisés en jet privé).

      Je pense que cette confusion est assez typique du PS, mais qu’on ne la trouve ni dans le PCF, ni dans le Parti de Gauche, ni dans les partis trotskystes, ni dans une association comme ATTAC. En revanche, ces organisations ont très peur d’être rangées dans le même camp que Le Pen, Pasqua, Villiers, etc. Le mot de souverainismeétant associé à une droite conservatrice et/ou xénophobe, celui de souveraineté est peu employé, je crois, par les organisations citées plus haut. Il en va de même pour le mot "démondialisation". Frédéric Lordon a écrit un article là-dessus dans le Monde diplomatique. Dans le même mensuel, Jean-Marie Harribey (d’ATTAC) avait pondu lui aussi un papier en expliquant pourquoi ce terme de "démondialisation" le gênait.

      En réalité, il me semble qu’il ne s’en faudrait pas de beaucoup pour que le Front de Gauche, ATTAC, voire les trotskystes, rejoignent les positions de F. Lordon. Il s’agit surtout d’une question de vocabulaire, peut-être aussi d’une question de stratégie. Par exemple, Mélenchon et son conseiller économique Généreux disent qu’il ne faut pas violer unilatéralement le traité de Lisbonne avant d’avoir proposé des négociations aux partenaires européens. En gros leur discours consiste à dire : "Essayons une dernière fois de construire l’Europe sur des bases sociales, humanistes et écologiques. Et si on n’y arrive pas, tant pis, la souveraineté nationale reprend ses droits."

      Je précise que je ne suis adhérent d’aucune organisation politique, et que je peux me tromper dans mon analyse. Si quelqu’un souhaite me rectifier, qu’il ne se gêne pas.

    •  Jordi Grau :
      9 juillet @09h34   « »

      A Ian

      Merci pour ce plaidoyer en faveur de l’immigration et de la naturalisation des travailleurs immigrés !

      D’après l’économiste de l’école de Toulouse que vous citez,

      [si] ceux-ci votent, ils changent à la fois la base fiscale de la redistribution et la nature des coalitions politiquement décisives. Cela signifie que si les immigrés sont relativement pauvres, la base fiscale est réduite relativement au revenu moyen, et les choix politiques se feront en faveur d’une redistribution élevée, car la présence d’immigrés pauvres accroît la taille de la coalition en faveur de la redistribution. Il en résulte que le gain agrégé pour les natifs sera négatif du fait des distorsions induites par l’imposition supplémentaire, et que seuls les natifs relativement pauvres bénéficieront de l’influx d’immigrés, grâce au supplément de transfert que ce « renfort politique » leur permet d’obtenir.

      Pour un égalitariste comme moi, l’idée d’une "redistribution élevée ne peut que me réjouir". Par conséquent, vive l’immigration des travailleurs non qualifiés ! Certes, la redistribution ne règle pas tous les problèmes. Il serait préférable qu’il y ait, avant toute redistribution, une distribution plus équitable des richesses. Les travailleurs peu qualifiés reçoivent des salaires souvent misérables, alors qu’ils font un travail aussi utile que les autres, et généralement plus pénibles. Est-ce équitable ?

    •  Jordi Grau :
      9 juillet @09h58   « »

      A Ian (suite)

      Si j’ai bien compris l’économiste que vous citez, l’immigration fait augmenter le chômage dans la mesure où les travailleurs étrangers sont peu qualifiés. Je ne suis pas économiste, mais je veux bien vous concéder ce point. Cela étant dit, je pense que cette hypothèse peut entraîner deux discours possibles. 

      Discours xénophobe :

      "Il est scandaleux que des Français restent des années au chômage sous prétexte qu’ils n’ont pas les qualifications nécessaires tandis qu’on donne un emploi à des travailleurs étrangers qui ne sont pas plus qualifiés. Le bon sens et la justice exigent que l’immigration soit beaucoup plus sévèrement contrôlée, et que les emplois soient attribués en priorité aux travailleurs nationaux."


      Discours non xénophobe :

      "Il est scandaleux que des Français restent des années au chômage sous prétexte qu’ils n’ont pas les qualifications nécessaires tandis qu’on donne un emploi à des travailleurs étrangers qui ne sont pas plus qualifiés. Le bon sens et la justice exigent qu’un programme ambitieux de formation des travailleurs non qualifiés soit mis en place. Ils exigent également que l’État intervienne pour créer des emplois correspondant à des besoins sociaux criants. Nous avons besoin de main d’œuvre dans les secteurs médicaux et paramédicaux, notamment pour faire face au vieillissement de la population. Nous avons besoin de main d’œuvre pour développer les énergies renouvelables et réaliser des travaux permettant des économies d’énergie (isolation des maisons...). Nous avons besoin de main d’œuvre dans le domaine agricole, car le modèle productiviste est arrivé en bout de course... Une fois qu’on aura créé tous ces emplois, on verra si l’immigration pose encore un problème économique."

    •  Ian :
      9 juillet @10h00   « »
      A Jordi Grau

      Savez-vous lire ?

      Il en résulte que le gain agrégé pour les natifs sera négatif.

      Belle démonstration de votre idéologie !

      L’immigration à tour de bras accompagnée de redistribution forcée, imposée à tous, même si elle doit appauvrir ceux qui sont déjà là !

      Bravo !

      Sans moi, car moralement, c’est intenable.

    •  Ian :
      9 juillet @10h04   « »
      A Jordi Grau

      Intéressant. Oui, les deux discours sont possibles. Mais je ne vois pas pourquoi le xénophobe serait supérieur au non-xénophobe...

    •  Jordi Grau :
      9 juillet @10h25   « »

      A Ian

      Oui, je sais lire, et je lis même jusqu’au bout des phrases :

      Il en résulte que le gain agrégé pour les natifs sera négatif du fait des distorsions induites par l’imposition supplémentaire, et que seuls les natifs relativement pauvres bénéficieront de l’influx d’immigrés, grâce au supplément de transfert que ce « renfort politique » leur permet d’obtenir.

      Ce qui m’intéressait, dans cette phrase, c’était surtout la fin, que j’ai mise en gras. Bien entendu, tout dépend de ce qu’on appelle "relativement pauvres"....

      Par ailleurs, il va de soi qu’il y avait un soupçon de malice et d’ironie dans mon propos. L’économiste que vous citez fait évidemment un réquisitoire contre l’immigration. Mais ce réquisitoire est boiteux, parce qu’il laisse entendre qu’une redistribution des richesses serait une mauvaise chose. Or, si tous les gens "relativement pauvres" - y compris les "natifs - bénéficient du vote des travailleurs d’origine étrangère, cela a plutôt tendance à me réjouir, même si les riches et les classes moyennes (catégories floues, qu’il faudrait sans doute définir) doivent gagner un peu moins.

      Malheureusement, j’ai peur que le raisonnement de notre économiste ne soit bien discutable. Si tous les citoyens votaient en fonction de leurs véritables intérêts économiques, cela se saurait. Les pauvres votent souvent à droite... ou pour une gauche de droite...

    •  Nicks :
      9 juillet @10h38   « »

      Je rejoins les intervenants qui posent la question de la circonscription des termes "gauche critique". Qui cela vise t’il exactement ?

      A gauche, le FdG promeut ouvertement une souveraineté citoyenne et la nation dans son acception révolutionnaire est mise en avant. Mélenchon étant jacobin, la notion d’Etat est également totalement assumée. Pourquoi l’ignorer ?

      Pour le reste, le constat économique est pertinent comme d’habitude et l’hypocrisie du Fn bien démontrée.

    •  goutelle :
      9 juillet @10h57   « »
      Terrains de travaux pratiques ?

      Allez, on forme des groupes : on répète, arguments du FN et contre arguments à la Lordon. Une fois qu’on possède bien nos répliques (avec l’aide de quelques artistes sachant leur donner une charge affective forte ?), on va sur le boulevard Baille à Marseille où dans les bars, pas mal d’ouvriers se vantent de plus en plus qu’ils vont voter FN aux prochaines élections. On engage la conversation....."hé oui, tu vas te faire avoir". "tous ça c’est des apparences superficielles", "les petits, ils sont forts que quand ils se serrent les coudes....". Bon, parce que je veux pas dire, mis à part l’excité libéral marginal ici, persuadé de posséder une logique irréfutable concernant le lien chômage-immigration, j’ai bien l’impression que Lordon "touche" ici un public (dont moi) pas mal conquis d’avance. Ce qui manque aux lecteurs du Monde Diplo, c’est pas des arguments. C’est la capacité à les rendre vivants dans la rue. Lordon, tu viens prendre un pot quand tu veux au boulevard Baille. Un petit concentré vivant (travailleurs désubusés des hopitaux autour, roms faisant les poubelles, retraités paupérisés, jeunes précaires faisant la fête et lorgnant sur ces étudiants en médecine au destin futur si différent du leur...) des conséquences logiques de la construction du monde social par le néolibéralisme financier que tu ne cesses d’incriminer comme cause la plus déterminante du malheur contemporain....

    •  Aurélie M. :
      9 juillet @12h36   « »
      @ Ian

      L’immigration à tour de bras accompagnée de redistribution forcée, imposée à tous, même si elle doit appauvrir ceux qui sont déjà là !

      Bravo !

      Sans moi, car moralement, c’est intenable.

      Et moralement, vous tenez comment en sachant que nous avons littéralement pillé les pays d’origine de ces immigrés de leurs richesses, et nous continuons "or", "pétrole", "uranium", ... nous en avons fait nos esclaves un temps, nous les avons considérés comme des sauvages longtemps... Après avoir quitter ses colonies ces états se retrouvent en grande instabilité politique par notre faute... Avant notre arrivée et notre souillure ils ne demandaient rien à personne... Jamais nous n’avons respecter leurs frontières, leurs lois, leurs culture, de quel droit voudriez-vous leur imposer les notres !

      Mon propos se veut excessif. Mais il ne faut pas oublier que la misère dans lequel le monde se plonge (que ce soit écologique ou économique), c’est l’occident qui en est responsable de par son comportement démesuré depuis des centaines d’années... Alors accusé l’immigré qui fuit pour survivre à une guerre ou une famine, ne serait-il pas temps de partager et de commencer à payer notre dette ?

      A bon entendeur...

    •  CM :
      9 juillet @12h54   « »
      A Jordi Grau

      A Jordi Grau

      Bonjour ;

      Loin de moi l’idée de faire l’apologie du FN, je voulais juste répondre à cette attaque du FN et par extension de tout ce que la gauche déclare être d’extrême droite ou facho etc... 
      Juste pour dire que la gauche bien plus néfaste que le FN étant donné qu’il n’est pas au pouvoir et ne l’a jamais été. 
      Il faut dépasser le bourrage de crâne simpliste et gauchiste qui nous dit sépare le monde entre gentils et méchants, entre Antifa et Fachos etc. 
      La gauche est seule responsable de ses échecs, pas le FN. La gauche a décidé il y a plusieurs décennies déjà de dire oui au capitalisme et au libéralisme. Mai 68 a été une aubaine pour le capitalisme ! 
      Le libéralisme-libertaire, voilà ce qu’est la gauche aujourd’hui. 
      Lisez Clouscard ou même Soral.

    •  Phil24 :
      9 juillet @13h04   « »

      "Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde" disait Camus.

      Je crois qu’il est indispensable d’arrêter d’employer les mots "droite" et gauche" en matière de politique parce que cela n’a plus aucun sens. Il faut instaurer une terminologie qui permette de décrire la réalité actuelle sans ambiguïté. Des mots simples qui désigneraient ceux qui sont pour la loi du plus fort, riche, beau, intelligent...peu importe le critère au fond, et ceux qui pensent qu’à partir du moment où tu es né, tu as le droit de vivre dignement.

    •  Dom :
      9 juillet @13h05   « »

      Pour ceux que ça intéresse, un article ancien : "pas de pitié pour les sans-papiers"

      http://www.journaldumauss.net/spip....

    •  CM :
      9 juillet @13h12   « »

      D’ailleurs, l’immigration de masse a été voulue par les grands patrons bien capitalistes et qui est-ce qui a suivi cette idée ? La gauche, en mettant en avant des principes humanistes à la noix.

      On peut relier immigration et féminisme aussi. 
      Le féminisme (idéologie de la gauche bourgeoise) a été une arme très efficace pour le capitalisme. Il a permis de mettre la gente féminine sur le marché du travail (il est plus juste de parler de salariat que de travail car les femmes travaillaient déjà : aux champs, mines etc). La moitié de la main-d’oeuvre donc ! 
      Le féminisme a parfaitement remplis son rôle d’idéologie de gauche libérale-libertaire : Faire avancer le capitalisme sous couvert de progrès, d’humanisme etc 
      Tout en faisant croire aux femmes qu’elles obtiendraient ainsi leur liberté (Salariat=argent, argent=émancipation, liberté etc), le féminisme a fait la joie des grands patrons qui ont simplement utilisé les lois de l’économie de marché pour faire travailler ces nouvelles travailleuses à salaires moindres. C’est ce que recherche toute entreprise ! Baisser ses coûts de production. 
      Et là encore, le féminisme (l’idiot utile du système en gros) décharge le capitalisme de toute responsabilité puisque si les femmes gagnent moins, c’est la faute aux hommes, c’est du machisme. On remarque la transformation de la lutte des classes (idée de la vraie gauche) en lutte des sexes (féminisme). 
      Et c’est le même principe capitaliste pour les immigrés, les mêmes lois. Du travail à coûts réduits et qui est là pour naïvement couvrir tout cela ? La gauche et son humanisme à deux francs.

    •  CM :
      9 juillet @13h17   « »
      A Aurélie

      Ce n’est pas à nous de payer pour ce qu’on fait nos ancêtres. Le colonialisme était tout à fait légal et moralement juste à l’époque. Rien de plus mauvais et dangereux que de comparer deux époques avec la même grille de lecture.

      Au lieu d’accepter sans broncher les flux d’immigrés parce que nos grands-parents exploitaient leurs grands-parents, aidons-les à rester chez eux et à se développer.

    •  Fabien :
      9 juillet @14h17   « »

      Belle analyse, qui apporte des outils conceptuels utiles pour combattre la mystification lepéniste. 
      Je ne sais pas ce que vous étendez par "gauche critique". Si c’est le NPA et les écolos, effectivement, ils ont une méfiance instinctive vis à vis de l’idée de nation et du protectionnisme. Au Front de Gauche, c’est différent. Le PG, pour parler de ce que je connais fédère des cultures assez diverses, mais il a aussi le républicanisme dans son socle idéologique. Savez-vous qu’il a inscrit dans la plate-forme adoptée lors du dernier congrès l’idée de "protectionnisme solidaire" ? Non sans débats, mais c’est passé. Franchement, je crois qu’une large majorité d’entre nous pourraient se reconnaître dans vos analyses. 
      Nous avons un désaccord sur l’euro, mais plutôt d’ordre stratégique, et les positions évoluent...

    •  Roger :
      9 juillet @14h44   « »

      @Ian et CM :

      En l’occurence, je pense qu’on touche un point de désaccord qui n’est pas de l’ordre rationnel. Ce que vous défendez ne peut être vu comme rationnel que si l’on considère comme positif la défense de l’intérêt égoïste d’une éthnie contre les autres (ce qui correspond justement à cette idée d’une nation mystique justement dénoncée par Lordon). La plupart des gens qui vous ont répondu jusqu’ici rejettent totalement de regarder la question sous cette angle et ne la voit que sous l’angle de l’intérêt de la majorité des individus de l’Humanité.

      Comme très justement rappelé dans cet article, cet angle là n’est absolument pas contradictoire avec l’existence au moins temporaire de Nations et d’Etats-Nations, mais nécessite une définition de la Nation effectivement ouverte à tous.

      Par ailleurs, Ian, ce que vos citations disent n’est absolument pas incompatible avec ce que dit cet article. Je ne crois pas que quiconque ici nie que les problèmes dû à un chômage de masse sont aggravés par une immigration massive. C’était effectivement le sens des mots "armée de réserve" et "sous-armée de réserve" employés ici. Mais on ne parle ici que d’aggraver ou non les conséquences d’un problème. En l’occurence, l’objet de l’article de F. Lordon ici était de rappeler que les réelles causes sont à chercher du côté de la libre circulation des capitaux, la dérégulation de la finance et l’interdiction du refinancement des états au près des banques centrales. Il n’est pas question ici de se contenter d’ouvrir les frontières, sans rien toucher au reste. Il est d’abord question d’éliminer les causes du chômage de masse afin de revenir dans un fonctionnement d’une société dans laquelle l’immigration a des conséquences majoritairement positives.

      Que je saches, aujourd’hui la France est très loin de manquer de main d’oeuvre qualifiée. Je vous concèdes qu’il me manque des statistiques sur ce point précis, mais il me semble que les titulaires de BAC+2 ou BAC+5 qui ne trouve rien d’autre que des petits boulots de caissières ou de barman sont légions. En contexte de plein emploi, l’immigration d’une main d’oeuvre moins qualifiée permettrait surtout à tous nos travailleurs surqualifiés par rapport à leur poste de voir s’ouvrir des postes qui font un meilleur usage de leur qualification et dont ils ont plus envie.

    •  Ian :
      9 juillet @14h46   « »
      A Jordi Grau

      Bon, je continue à dérouler l’étude :

      Qui sont les gagnants et les perdants de l’immigration ? 
      Quand l’immigration génère des gains agrégés pour le pays d’accueil, ces gains sont inégalement distribués entre les natifs. L’immigration va profiter aux natifs qui détiennent les facteurs de production qui lui sont complémentaires et réduire le revenu de ceux dotés en facteurs qui lui sont substituables. Ces effets redistributifs opèrent entre les détenteurs du capital et ceux qui offrent leur force de travail, ainsi qu’au sein de cette dernière catégorie. Une immigration peu qualifiée aura pour effet de réduire le salaire des non-qualifiés et d’accroître celui des qualifiés (en l’absence de mobilité des qualifiés). Contrairement aux gains agrégés, ces effets sont du premier ordre.

      En bref, même quand l’immigration a un impact positif sur l’économie, qui profite de l’immigration ? Les actionnaires ! Ceux qui détiennent le capital !

      Mais pas seulement ! Les travailleurs qualifiés, dont le salaire augmente, c’est-à-dire nous, les lecteurs du monde diplomatique, les bobos, quoi ! On comprends l’attrait de l’immigration pour les classes dirigeantes, les politiciens et les militants socialistes ou UMP ! Ça améliore leurs salaires !

      Qui est pénalisé ? Les travailleurs pauvres français ! Youpi !

      On continue ?

    •  Jordi Grau :
      9 juillet @14h47   « »

      A CM

      Je veux bien croire que vous ne soyez pas au FN, mais votre discours n’en est pas moins réactionnaire (dans le pire sens du terme, car il n’est pas mauvais de réagir contre de prétendus "progrès" qui sont en fait des régressions). Peut-être est-ce dû à l’influence d’Alain Soral.... Quoi qu’il en soit, j’aimerais revenir à un passage de votre message :

      Le féminisme (idéologie de la gauche bourgeoise) a été une arme très efficace pour le capitalisme. Il a permis de mettre la gente féminine sur le marché du travail (il est plus juste de parler de salariat que de travail car les femmes travaillaient déjà : aux champs, mines etc). La moitié de la main-d’oeuvre donc ! 
      Le féminisme a parfaitement remplis son rôle d’idéologie de gauche libérale-libertaire : Faire avancer le capitalisme sous couvert de progrès, d’humanisme etc 
      Tout en faisant croire aux femmes qu’elles obtiendraient ainsi leur liberté (Salariat=argent, argent=émancipation, liberté etc), le féminisme a fait la joie des grands patrons qui ont simplement utilisé les lois de l’économie de marché pour faire travailler ces nouvelles travailleuses à salaires moindres. C’est ce que recherche toute entreprise ! Baisser ses coûts de production.

      Ce que vous dites vaudrait à la rigueur pour certaines formes de féminisme. Mais où voyez-vous qu’il y ait une contradiction entre la lutte pour l’égalité entre hommes et femmes et la lutte des classes ? Pour moi, il n’y en a pas, de même qu’il n’y a pas de contradiction entre l’écologie et la lutte contre la capitalisme, ou entre le socialisme (véritable, pas le social-libéralisme du PS) et l’antiracisme. Dénoncer le capitalisme, c’est dénoncer entre autres l’exploitation dont les femmes sont victimes. Être féministe, réciproquement, cela conduit logiquement à refuser le capitalisme, système qui profite effectivement de la compétition entre hommes et femmes (et plus généralement entre travailleurs peu précaires et travailleurs très précaires).

      Par ailleurs, même le féminisme "bourgeois" a au moins eu le mérite de contribuer à l’abolition de lois scandaleuses, qui faisaient des femmes d’éternelles mineures. Irez-vous jusqu’à faire l’éloge de ces lois, et à réclamer le retour à la tutelle légale exercées par les hommes sur leurs épouses ? Sans aller jusque là, considérez-vous que le travail domestique soit le seul travail digne d’une femme ? Et pensez-vous que les femmes qui ne sont pas d’accord avec vous soient des "idiotes utiles", c’est-à-dire des idiotes tout court ? Tâchez un peu de vous mettre à leur place avant de répondre à ces questions....

    •  Ian :
      9 juillet @14h51   « »
      A Aurélie M.

      On reste vraiment dans l’idéologie la plus basique, avec vous, c’est pas possible !

      1. Quand on voyage dans d’anciens pays colonisés, il n’est pas rare d’entendre des locaux regretter le temps de la colonisation. C’est un fait rarement rapporté.

      2. Comment expliquez vous que des pays anciennement colonisés et disposant de matières première aient également profité de cette transition pour se développer ? La colonisation n’est pas une cause du sous-développement !

      3. Au risque de vous choquer, les migrants ne sont pas tous de pauvres hères qui fuient la famine ou la guerre ! La plupart font un choix économique rationnel. Or ce choix rationnel (profiter de salaires décuplés en Europe) vous le refusez aux citoyen français (refuser l’immigration qui pèse sur leurs salaires) ! Bravo !

      Oui, les immigrés qui atteignent notre pays sont déjà particulièrement bien lotis puisqu’ils ont amélioré leur situation.

      On peut faire valoir que ceux-ci restent bénéficiaires de toute façon puisqu’ils auraient pu exercer l’option de ne pas immigrer et que leur migration a déjà amélioré leur situation initiale.

      Peut-on dire la même chose du travailleur français ?

    •  Ian :
      9 juillet @14h55   « »
      A Roger

      Que je saches, aujourd’hui la France est très loin de manquer de main d’oeuvre qualifiée. Je vous concèdes qu’il me manque des statistiques sur ce point précis, mais il me semble que les titulaires de BAC+2 ou BAC+5 qui ne trouve rien d’autre que des petits boulots de caissières ou de barman sont légions. En contexte de plein emploi, l’immigration d’une main d’oeuvre moins qualifiée permettrait surtout à tous nos travailleurs surqualifiés par rapport à leur poste de voir s’ouvrir des postes qui font un meilleur usage de leur qualification et dont ils ont plus envie.

      Certes, mais pourquoi ne pas simplement réformer notre politique de formation professionnelle et d’éducation ? Pourquoi aller chercher de la main d’oeuvre ailleurs quand nous "créons" nous même de la main d’oeuvre inadaptée chaque année ?

      Cette analyse nie également l’impact sociétal de l’immigration à long terme !

    •  Jordi Grau :
      9 juillet @15h04   « »

      A Ian

      Je pense que Roger a dit les choses de façon suffisamment convaincante. Étant donnée la structure actuelle de nos sociétés oligarchiques et capitalistes, l’afflux de travailleurs immigrés contribue sans doute à aggraver le problème du chômage (encore faudrait-il voir ce point plus en détail). Mais les causes profondes sont à chercher ailleurs. Une des causes principales, c’est qu’une grande partie des richesses produites, au lieu d’être distribuée sous forme de salaires ou d’être investie dans l’économie réelle, alimente une spéculation effrénée. Ce véritable détournement de fonds est donc doublement cause de chômage. D’une part, parce que l’éclatement des bulles spéculatives est cause de récession, donc de faillites ou de plans de sociaux. D’autre part parce que l’argent détourné pourrait être investi pour former des gens et développer des activités utiles socialement.

      A supposer qu’on parvienne, par un coup de baguette magique, à stopper complètement l’immigration, ces causes structurelles n’en disparaîtraient pas pour autant. Elles auraient d’ailleurs d’autant moins de raisons de disparaître que les détenteurs du capital ont besoin d’un certaine quantité de chômage pour faire pression sur les salariés et leur imposer des rémunérations basses et des conditions de travail déplorables. Or, pour atteindre ce but, le recours à une main d’œuvre étrangère n’est qu’un moyen parmi d’autres.

    •  Ian :
      9 juillet @15h11   « »
      A Jordi Grau

      A supposer qu’on parvienne, par un coup de baguette magique, à stopper complètement l’immigration, ces causes structurelles n’en disparaîtraient pas pour autant. Elles auraient d’ailleurs d’autant moins de raisons de disparaître que les détenteurs du capital ont besoin d’un certaine quantité de chômage pour faire pression sur les salariés et leur imposer des rémunérations basses et des conditions de travail déplorables. Or, pour atteindre ce but, le recours à une main d’œuvre étrangère n’est qu’un moyen parmi d’autres.

      Absolument. Mais l’immigration étant un des derniers leviers sur lesquels on a encore notre souveraineté, pourquoi ne pas l’activer au plus vite et réduire l’immigration ?

      Réponse : par pure idéologie et par la collusion d’intérêts de classe entre les dirigeants, leurs soutiens politiques (les travailleurs qualifiés) et le patronat.

      Traitons ce problème et libre à nous de continuer à travailler sur les autres causes structurelles (finance, politique monétaire, spéculation) !

      Si l’on affectait le budget de gestion de l’immigration (accueil migrants, OFII, visas, gestion de la délinquance immigrée) à la refonte de notre système de formation professionnelle, n’aurait-on pas déjà fait un grand pas en avant ?

      Par ailleurs, en attendant, l’immigration entraine des changements sociétaux majeurs dont la gestion à long terme va être d’autant plus couteuse...

    •  Sam :
      9 juillet @16h34   « »
      Pour une critique intelligente de l’immigration

      Cher monsieur Lordon,

      Merci pour votre article, mais permettez-moi d’y opposer plusieurs objections, et notamment celle-ci : on peut très bien être en désaccord avec le FN (et refuser de stigmatiser les immigrés) tout en étant contre l’immigration massive (légale ou illégale), voulue par le patronat. Telle était d’ailleurs la position du PCF sous Georges Marchais.

      L’immigration légale n’est bien entendu pas la cause du chômage. Mais il faut tout de même reconnaître qu’elle participe activement à la déflation salariale : un ouvrier fraîchement immigré acceptera plus facilement un salaire bas qu’un ouvrier (français ou non) vivant en France depuis plus longue date.

      Ensuite, l’immigration, surtout quand elle est soudaine et massive, pose tout de même un problème d’identité nationale, en contribuant à la mise en place du "village global" où tout le monde est chez soi partout, supprimant les différences, et par là les richesses des peuples. Loin d’être un "délire de l’homogène", cette critique doit être vue plutôt comme un cri d’alerte lancé par ceux qui, amoureux des différences, entendent les préserver. Telle est par exemple la position de Régis Debray, écrivain de gauche, dans son ouvrage "Eloge des frontières". Alors que la globalisation homogénéisante est le rêve des actionnaires.

      Vous dites ensuite que "la nation s’apprécie en tout premier lieu par le respect de ses devoirs fiscaux". Non ! Le respect de ses devoirs fiscaux est quelque chose que chaque être humain sur terre devrait respecter ; c’est un devoir universel, "anational". Si tout le monde sur terre respectait ce devoir, cela signifierait-il qu’il n’y aurait plus de nations ? Au contraire, la nation se définit précisément par des caractères non universels : la géographie, l’histoire, la culture, etc., tout ce qui constitue les différentes identités de ce beau et vaste monde.

      Le meilleur moyen de contrer l’extrême droite, c’est d’assumer cette critique de l’immigration. Tout en conservant un esprit de bienveillance vis-à-vis des personnes immigrées, et de solidarité avec le reste du monde. A l’époque où le PC de G. Marchais tenait ce discours, il avait encore pour lui l’électorat ouvrier.

    •  Cyberpipas :
      9 juillet @16h52   « »
      Serait-ce une tentative d’aborder les questions d’échelles ?

      Au lieu de nous faire peur avec les dernières manoeuvres désespérées de partis moribonds pataugeant dans une démocratie représentative poussiéreuse ; réjouissons-nous.

      Au lieu de nous exhorter au vote inutile, au vote utile, bref à notre adhésion renouvelée au parlementarisme bourgeois ; réjouissons-nous.

      Au lieu de nous enfermer dans ce faux dilemme "national" ou "international" ; se "replier" ou "s’ouvrir", réjouissons-nous.

      Réjouissons-nous car les bonnes idées progressent, partout. Par delà les "frontières", administratives ou idéologiques, elles progressent. Même chez nos cancres de souche, c’est vous dire.

      La question de "l’échelle" est cruciale.

      *Certaines personnes pensent que s’isoler à la cambrousse dans une "autonomie" de production paysanne, d’autoconstruction, etc, est la bonne échelle pour la bonne solution à l’équation "production=démocratie".

      *D’autres personnes pensent pertinente une solution à l’échelle de la nation.

      *D’autres enfin jugent que nos ressources sont mondiales, que notre population est mondiale, et que nos modes de production et de gouvernement sont destinés à une régulation planétaire.

      Les trois réponses sont bonnes. Et il y en a bien d’autres. Reste à les rendre opérationnelles en même temps. Ce dont nous allons avoir besoin ? Un système, des systèmes économiques planétaires pour un patrimoine mondial de l’humanité (et de nos symbiotes) : notre planète. Une organisation fédéraliste en réseau pour la gérer !

      Ecarter cette tâche historique au nom de son ampleur et se retourner vers une solution unique, nationale, fût-elle "de gauche", vous n’êtes pas sérieux mon très cher Frédéric !

      Salutations anarchistes !

    •  Engel :
      9 juillet @17h04   « »

      "La conséquence de l’existence et de l’accroissement de l’armée industrielle de réserve est la pression sur les salaires, ce qui permet d’en espérer une plus-forte plus-value. De plus rien de tel que le chômage pour casser une organisation ouvrière. Les pays occidentaux interdisent la libre-circulation des travailleurs, car elle supprimerait la concurrence entre travailleurs, supprimerait l’avantage des bas salaires dans le Tiers-monde (notre usine), rétablirait les liens de solidarité, ferait disparaître un certain nombre d’avantages pour les travailleurs des pays riches mais exigerait de remettre à plat tout une série de problèmes, etaboutirait à la mise en cause du système. 
      Tandis que nous serions définitement entrés dans l’ère de la mondialisation, c’est à dire de la libre-circulation des capitaux et des marchandises, il n’est nullement question d’y adjoindre celle des humains, et pour cause !"

    •  Ian :
      9 juillet @17h07   « »
      A Sam

      L’immigration légale n’est bien entendu pas la cause du chômage. Mais il faut tout de même reconnaître qu’elle participe activement à la déflation salariale : un ouvrier fraîchement immigré acceptera plus facilement un salaire bas qu’un ouvrier (français ou non) vivant en France depuis plus longue date.

      Ensuite, l’immigration, surtout quand elle est soudaine et massive, pose tout de même un problème d’identité nationale, en contribuant à la mise en place du "village global" où tout le monde est chez soi partout, supprimant les différences, et par là les richesses des peuples. Loin d’être un "délire de l’homogène", cette critique doit être vue plutôt comme un cri d’alerte lancé par ceux qui, amoureux des différences, entendent les préserver. Telle est par exemple la position de Régis Debray, écrivain de gauche, dans son ouvrage "Eloge des frontières". Alors que la globalisation homogénéisante est le rêve des actionnaires.

      Bravo ! Rien à redire.

      Cependant, il n’y a qu’un seul parti aujourd’hui qui propose un arrêt de l’immigration.

    •  rudolf BKOUCHE :
      9 juillet @17h43   « »

      Merci pour ce texte qui rappelle qu’on peut lutter contre cette construction dite européenne dont l’objectif est de favoriser le libre échange. 
      S’opposer à la mondialisation ne relève pas de quelque enfermement communautaire. La mondialisation n’est pas la démocratie, au contraire.

      Et on peut regretter que le mouvement antimondialisation se soit cru obligé d’inventer l’altermondialisation pour se donner une belle image.

    •  Jordi Grau :
      9 juillet @17h49   « »

      A Sam - première partie

      J’aimerais revenir sur un deux phrases de votre message :

      Ensuite, l’immigration, surtout quand elle est soudaine et massive, pose tout de même un problème d’identité nationale, en contribuant à la mise en place du "village global" où tout le monde est chez soi partout, supprimant les différences, et par là les richesses des peuples. Loin d’être un "délire de l’homogène", cette critique doit être vue plutôt comme un cri d’alerte lancé par ceux qui, amoureux des différences, entendent les préserver.

      L’immigration en provenance de l’Afrique - et du Maghreb en particulier - n’a rien d’un phénomène nouveau. Il ne s’agit donc pas d’une vague "soudaine". Par ailleurs, je ne sache pas que cette immigration ait entraîné une dilution de la culture française dans une vaste culture mondiale. En fait, il me semble que les immigrants en provenance du Maghreb ont bien plus été influencés par la culture française que celle-ci n’a été influencée par eux. Certains se sont d’ailleurs parfaitement intégrés dans la société française. Et si ce n’est pas le cas de tous, c’est plus en raison de facteurs sociaux que de facteurs culturels. Ces gens et leurs enfants ont été relégués dans des zones géographiques défavorisées et ont plus de mal que les autres à trouver un logement ou un emploi. Même quand ils sont nés en France, on continue à les appeler "immigrés de la deuxième ou troisième génération", c’est dire si on a envie de les intégrer. Aussi ne faut-il pas s’étonner si une partie de ces gens revendiquent fièrement leur appartenance à une religion que leurs parents et leurs grands-parents ne pratiquaient pas forcément avec autant de ferveur : c’est pour eux une force et une dignité (peut-être illusoire, mais ce n’est pas à nous de juger) dans une société qui les considèrent encore comme des étrangers.

      Ce qui menace la culture française, à mon avis, ce n’est donc pas cette minorité soigneusement marginalisée, voire diabolisée : c’est bien plutôt l’imitation de ce que les États-Unis ou l’Allemagne font de pire, le conditionnement des cervelles par la publicité, l’abandon progressif des acquis sociaux et des services publics (car cela aussi fait partie de notre culture)... Ce qui détruit l’unité du peuple français (expression que je préfère à "identité nationale"), c’est aussi le fait que les minorités qui nous dirigent prennent bien soin de diviser les catégories : les adultes contre les jeunes, les actifs contre les retraités, ceux qui ont un emploi contre les chômeurs et les RMAstes, les précaires contre ceux qui sont encore plus précaires, les Français de souche contre les "Auvergnats", etc.

    •  Jordi Grau :
      9 juillet @18h03   « »

      Deuxième partie

      Ce qui fait l’"identité" d’un peuple, ce n’est pas la référence à un passé mythique. C’est, d’une part, un passé commun - et un passé plein de conflits et de contradictions - et d’autre part un avenir commun. Ce qui pose problème, aujourd’hui comme hier, c’est qu’une bonne partie de la société refuse, par ignorance, par lâcheté ou par égoïsme, de connaître ce passé commun et de construire cet avenir commun.

      Quand je dis "passé commun", je ne fais pas tellement référence à des icônes nationales comme Jeanne d’Arc, Napoléon ou de Gaulle. Je pense à tous les événements qui ont marqué l’histoire de la société française, y compris les conflits les plus graves : conflits entre royalistes et révolutionnaires, entre Versaillais et Communards, entre Français et immigrants italiens, etc. C’est tout ce passé-là qu’il faut assumer, dans sa complexité et ses contradictions, si nous voulons surmonter les contradictions du présent. Par exemple, si nous prenions conscience que la xénophobie, autrefois, était extrêmement violente contre les Italiens ou, dans des époques plus lointaines, contre des travailleurs issus de provinces voisines, nous aurions sans doute un autre regard sur les Français issus du Maghreb. Si nous prenions conscience de la violence des conflits qui ont opposé jadis les catholiques et les anticléricaux, nous aurions sans doute un autre regard sur les musulmans de notre pays.

      Quant à l’avenir, il est clair que nous en sommes dépossédés, puisqu’une oligarchie politique, économique et médiatique prend les grandes décisions à la place des citoyens. Si les Français veulent se réapproprier leur territoire et leur destin, qu’ils se soulèvent contre cette oligarchie, au lieu de s’en prendre aux travailleurs étrangers et à leurs compatriotes dont les familles sont originaires d’Afrique.

    •  mtessier :
      9 juillet @18h55   « »

      Pas si simple... 
      Que les idées de l’extrême gauche puissent être recyclées par d’autres courants anti-libéraux de l’autre bord politique est un vieux risque. 
      Mais si l’on veut vraiment faire une analyse politique, et ne pas se contenter de rêveries éthérées, il faut considérer le champ politique actuel tel qu’il est, et non tel qu’on voudrait qu’il fût. 
      Force est de constater aujourd’hui, dans la grande inquiétude des classes moyennes, coincées entre les ghettos pour pauvres et les ghettos pour riches (la fracture de l’habitat l’atteste suffisamment), que l’agitation du Front de gauche (pour prendre l’exemple le plus significatif) produit des effets directement engrangés par le FN. 
      Est-ce à dire qu’il faut se prosterner devant le postérieur socialiste et dire amen à ce que fait -ou ne fait pas- le gouvernement ? 
      Sûrement pas, mais il serait peut-être temps de réfléchir pour de bon et ne plus se contenter de postures diverses, sectaires d’un côté (NPA), matamoresques de l’autre (parlons dru, parlons cru etc) dont l’inefficacité tourne de plus en plus à la nocivité.

    •  kounet :
      9 juillet @19h06   « »

      Cet article est excellent comme son auteur ;je regrette aussi qu’il n’ait pas nommé cette gauche critique, le connaissant, il ne parle pas du PS qu’il sait fort bien à droite !Parle-t-il du NPA ? des autres groupuscules ? Il aurait pu nommer enfin le FDG, seule gauche critique qui se bat comme un beau diable...honni par tous les médias aux ordres .

    •  Sam :
      9 juillet @19h09   « »
      @Jordi Grau

      Je suis globalement d’accord avec vous, et suis moi-même favorable à une immigration limitée et contrôlée, qui est un enrichissement évident. Mais à mon sens il faudrait limiter l’immigration à deux cas : l’asile accordé aux réfugiés (peu importe leur volonté d’intégration, l’urgence passe avant), et l’accueil de ceux qui souhaitent réellement vivre en France.

      Or, l’immense majorité de l’immigration que nous connaissons ne correspond à aucun de ces deux cas. Il s’agit essentiellement d’une immigration économique, voulue et organisée par les détenteurs de capitaux qui, en recourant à une main-d’oeuvre moins chère, augmentent leurs profits.

      Du côté des migrants, la motivation (tout à fait légitime par ailleurs) est simplement de s’établir dans un pays qui leur offre de meilleures conditions de vie. Ceux-là restent attachés principalement à leur identité d’origine (ce qui est légitime là aussi), et rentreraient sans doute dans leur pays "de coeur" si celui-ci offrait soudainement les mêmes conditions de vie que la France. Pour ces migrants, l’immigration est purement économique, elle est davantage "calculée" que "choisie" (calcul qui est l’autre face du calcul des riches d’ici), sans qu’il y ait envie de s’acculturer. Encore une fois, tout cela est légitime.

      Comme vous j’éprouve de la sympathie pour ces gens, et combats leur stigmatisation ; n’aurais-je d’ailleurs peut-être pas fait de même à leur place ? Mais pour autant, je reste opposé à l’immigration (du moins massive telle que nous la connaissons), pour les raisons que j’ai exposées plus haut. Je préférerais que notre action à l’égard du Sud consiste à aider ces pays à se développer, en leur permettant de conserver leurs richesses, c’est-à-dire autant leurs ressources matérielles (arrêtons de les piller) que leurs ressources humaines (car l’émigration pose aussi un problème à ces pays, en générant par exemple des pénuries de médecins).

      En résumé : oui à l’immigration d’urgence et à l’immigration choisie ("de coeur"), non à l’immigration économique ("de calcul"). A la place, soyons solidaires autrement : aidons les pays du Sud à se développer (au minimum, gardons-nous de piller leurs richesses !). Et conservons notre identité culturelle, qui est une richesse aussi, en espérant que nos amis des autres continents conservent la leur également. Notre monde en sera bien plus beau que si nous allons vers le "melting pot" planétaire voulu par les néolibéraux.

    •  Peretz :
      9 juillet @20h20   « »

      A J.Grau. ne pas tomber dans le panneau typique des écolos anticroissants : la croissance s’exprime par des chiffres qui ne représentent pas systématiquement la valeur de biens matériels bouffeurs d’énergie terrestre. Il y a par exemple toutes les valeurs de protection, toutes les valeurs spirituelles, toutes les valeurs de protection de l’individu , les valeurs artistiques, de communication non matérielle, valeurs liées au plaisirs. La croissance est indispensable pour que le social puisse en bénéficier.

    •  CM :
      9 juillet @20h37   « »

      La nation va au-delà de la couleur de la peau ou de la religion. C’est une idée avant tout. Ou plutôt des idées, car nous n’avons pas tous la même définition du mot "nation". 
      Pour ma part, je crois en une nation bâtie sur un passé commun, une culture partagée (pas forcément la seule mais il faut qu’il y en ait une qui fasse "la norme"), une langue partagée et un désir de vivre ensemble. Je ne rejette pas le côté mystique ! Il fédère les gens ! 
      Ce qui empêche l’Europe de devenir les Etats-Unis d’Europe tant rêvés c’est la culture et la langue. A moins de détruire les nations, les EUE sont irréalisables et nous allons de toute manière vers un certain chaos je crois. 
      L’UE est une union des oligarques, une union du fric. La gauche en est coresponsables puisque la gauche c’est aussi le fric.

      Gauche caviar/Droite rolex ce sont les mêmes. 
      Le FN ne fait que jouer là-dessus mais au final, ça reste le seul choix assez rationnel si on veut faire face au néolibéralisme (pour les grands partis je parle) 
      Car comme déjà dit, l’extrême gauche est libertaire donc libéralisante et capitalisante à son insu. 
      Voilà pourquoi l’extrême gauche est dangereuse, c’est l’idiote utile du capitalisme. 
      Il serait fort temps de s’en rendre compte.

      Nicolas Dupont-Aignan est vraiment pas mal aussi.

    •  Ankalogon :
      9 juillet @21h13   « »

      Ceux qui menacent, tabassent, enferment dans les HLM, offrent nos retraites aux riches, lacrymogènisent, etc, sont depuis de nombreuses décennies tantôt la droite, tantôt la gauche (qui enfoncent encore plus le clou)... 
      Ne prêtez plus attention aux politiciens, ils sont juste des émanations du pouvoir économique (les plus célèbres : Ladreit de Lacharrière, Bouygues, Rothschild, Bettencourt... Sans oublier tous les intermédiaires : Directeur de ceci, chef de cela).

      PS : J’aimerai une exception culturelle française pour tous les travailleurs, à l’image de ce qui se fait pour le cinéma (ici aussi y’a des gens bien gras). Mais là, y’a plus personnes :-)

      Bien à vous.

    •  Valentin :
      9 juillet @21h33   « »

      "....Mamadou et les Mohammed qui triment dans des ateliers à sueur, font les boulots que personne d’autre ne veut faire, et payent leurs impôts...." 
      Quand un directeur de supermarché, faisant suite aux doléances de sa clientèle musulmane, m’interdit d’être torse nu dans son magasin ; Je vote FN. 
      Et accessoirement, je prépare activement mon expatriation.

    •  X :
      9 juillet @22h14   « »

      @ Valentin.

      Torse nu dans un magasin ?? 
      A Saint-Cloud ça ne se fait pas !!

      Bon voyage.

    •  X :
      9 juillet @22h16   « »

      LUMPENPROLETARIAT ! VORWARTS !!

      Que deviendrais-je sans le Diplo, Lordon, Warde et Bullard moi qui possède cette tare fondamentale d’être un supporter du PSG.....

      LE FN n’a aucun avenir....AU-CUN.....

      Non seulement je ne vois pas comment une gosse de riche qui a passé son enfance à faire du poney dans son hôtel particulier de Saint-Cloud pourrait une seule seconde défendre les intérêts des classes laborieuses, fussent-elles nationales, mais surtout la démographie européenne a considérablement évoluée depuis les années 20.

      La ou Adolfe, (qui lui avait le bon goût d’être issu d’un milieu populaire), pouvais compter sur une démographie lui permettant de fantasmer une "Europe Blanche", l’évolution de ladite démographie laisse peu de place aujourd’hui pour une telle perspective.

      D’ailleurs le FN, qui n’en n’est plus à une contorsion idéologique prêt, présente de plus en plus fréquemment sur ses listes électorales ......Des maghrébins........De souche assurément.

      Avant même de se demander comment appliquer leur merveilleuse "idée" de préférence nationale à ceux de leur militants qui ont pour parents deux immigrés d’Afrique du nord, les "souschistes" du FN devraient admettre cette vérité démographique ultime pour tout européen.....La minorité c’est NOUS !

      Et les dés sont jetés depuis longtemps, depuis que le prodigieux Reich Fureur a décidé d’enterrer quelques 20 millions d’européens biens blancs sous les ruines du front de l’Est.

      Comme en plus les politiques économiques n’ont fait que renforcer les disparités de niveau de vie entre l’Europe et ses voisins du sud, et que par dessus le marché des conflits honteux ont poussé des millions de personnes à des migrations forcées......Les dés sont jetés........L’Europe Blanche n’existera plus.........

      Alors un parti, comme le FN, qui prétend appliquer une politique de préférence nationale destinée aux populations résident en France depuis au moins trois génération, n’a aucune chance d’appliquer son programme, à moins de mettre en place un appareil répressif hors de prix qui ne lui laisserai pas plus de perspectives qu’au Reich millénaire.

    •  X :
      9 juillet @22h16   « »

      LUMPENPROLETARIAT ! VORWARTS !!

      C’est un tuyau pour "la gauche critique".

      Le taux d’abstention en France oscille entre 20% et 70% selon les élections........ 
      A tel point qu’il est devenu habituel d’entendre nos commentateurs politiques les plus émérites nous expliquer que "l’abstention est le premier parti de France".

      Cette force politique dormante, qui devient un enjeu électoral, est essentiellement composé des petites frappes des banlieues populaires et de leurs parents immigrés.

      LE SOUS-PROLETARIAT......Qui vit de petit trafics et de larcins, qui est la victime préférée de l’appareil de répression de l’Etat, à depuis 1870 conquis le droit de vote !

      Il sera de plus en plus aisé pour un populiste peu scrupuleux, de coaliser tous ces bulletins, avec un slogan simpliste comme "Fier d’être Musulman".....Et hop 60 députés à l’assemblée nationale.

      Dieudonné s’y est essayé sans succès, et pour l’instant la Charria n’est pas compatible avec le Hip-Hop et la pornographie qui sont des piliers de l’identité culturelle des quartiers populaires.

      Si à l’instar du NPA, la "gauche critique" avait l’idée de coaliser cette force politique, elle pourrait en tirer des résultats inattendus..

      Et si ce n’était ma répugnance naturelle à l’égard du FN, et de ses prolétaires félons, j’aurai presque tendance à penser que Marine Lepen est susceptible de leur filer un sérieux coup de main.

    •  J. Grau :
      9 juillet @22h33   « »

      A Peretz

      A J.Grau. ne pas tomber dans le panneau typique des écolos anticroissants : la croissance s’exprime par des chiffres qui ne représentent pas systématiquement la valeur de biens matériels bouffeurs d’énergie terrestre. Il y a par exemple toutes les valeurs de protection, toutes les valeurs spirituelles, toutes les valeurs de protection de l’individu , les valeurs artistiques, de communication non matérielle, valeurs liées au plaisirs. La croissance est indispensable pour que le social puisse en bénéficier.

      Désolé, mais votre critique ne me semble pas pertinente. Personne, pas même les plus fanatiques des "objecteurs de croissance", n’est contre les valeurs dont vous parlez. Le problème, c’est que la notion économique de "croissance" n’en tient guère compte. A ma connaissance, c’est essentiellement l’augmentation du PIB qui sert à mesurer la croissance. Or, le PIB est en grande partie - bien que pas seulement - lié à la production de biens matériels et à la consommation d’énergie, et il n’est aucunement une mesure du bien-être ni de l’élévation spirituelle d’une population. Si vous connaissez d’autres modes de calcul de la croissance qui permettent de dissocier celle-ci de la consommation d’énergie et de matières premières, soyez gentil(le) : éclairez ma lanterne.

      Cela dit, à supposer que vous ayez raison, la croissance n’est que très rarement évaluée selon vos critères... malheureusement !

    •  Sarah :
      9 juillet @23h10   « »

      @ Valentin :

      Depuis quand on a le droit d’être torse nu dans un supermarché ??(à part en été dans certaines stations balnéaires)

      Cela n’a jamais été toléré en France dans des lieux publics,pour respecter la bienséance.

      Et ça n’a strictement rien à voir avec les musulmans !

      C’est bon les bouc-émissaires,ça suffit ! 
      Les musulmans ne sont pas responsables de tous vos problèmes économiques,culturels,identitaires,etc.

      Incroyable,bientôt on va accuser les musulmans d’être aussi responsables du réchauffement climatique !

      Dans une période de crises économique,sociale, aussi graves,les sociétés ont en général deux choix : 
      Essayer de régler leurs problèmes en s’attaquant aux vraies causes de ceux-ci. 
      Ou s’agiter sur des questions secondaires en essayant de trouver un bouc-émissaire bien commode,car en général faible(les juifs autrefois,les musulmans ou les Roms aujourd’hui).

      Les sociétés qui choisissent la seconde option,non seulement ne règlent pas en général leurs problèmes,mais s’engagent sur la pente du déclin...

    •  Valentin :
      9 juillet @23h40   « »

      @Sarah 
      Il n’y a pas si longtemps...40 ans. 
      Pour la bienséance...Je suis un pédonazi de l’internet (made by Sarko)

    •  CM :
      10 juillet @00h02   « »

      A Valentin

      Pas sûr que le FN soit d’accord avec ta façon de voir les choses. Le fait de pouvoir se balader nu ou moitié-nu dans des lieux publics (outre que la plage ou la piscine évidemment) est plus une preuve d’immaturité, d’impolitesse et de non-respect voire d’atteinte à la pudeur. 
      Va donc rejoindre les mi-putes mi-soumises et les FMEN. Il te manque les nibards (quoique certaines sont plates comme des planches à repasser) mais avec les gender studies et théorie queer, (qu’on appelle "progrès" à gauche) tu peux t’implanter des seins puisqu’il parait qu’on ne naît pas homme ou femme, on le devient.

      Le voile est plus respectable que le string.

    •  Policymix :
      10 juillet @01h19   « »

      Excellent article.

      Un bémol toutefois : l’idée, appuyée sur le précédent historique des fascismes, selon laquelle le FN plairait beaucoup à la grande bourgeoisie d’affaires, qui s’accommoderait volontiers de son accession au pouvoir.

      C’est peut-être en partie vrai (quoique l’analyse de la sociologie de son électorat ne semble pas aller dans ce sens), mais de toute façon, le problème majeur pour la gauche aujourd’hui, c’est le succès du FN auprès des milieux populaires.. Et je ne sais pas si c’est en promouvant la régularisation de tous les travailleurs sans papiers qu’elle renouera avec cet électorat.

      http://fabrique-changement.org/soci...

    • 10 juillet @04h55   « »
      Opinion d’un rentier.

      M*** est un "retraité" (environ 45 ans) de la finance vivant en Asie du Sud-est. Lui aussi veut que la France aille mieux. Ca commencerait par : 1) faire aimer la France "aux banlieusards" (et d’ailleurs toute personne demandant l’insigne privilège de devenir français devrait savoir... chanter "La Marseillaise", ... M*** la connaît-il lui-même ?) ; 2) baisser "les charges" ; 3) dégraisser une administration "trop obèse". Et en finir avec les impôts confiscatoires, car lui aussi aimerait pouvoir vivre dans son pays. Quand il s’égaye sur le thème de l’économie (il aime l’argent, le fait savoir, et ne parle que de ça), les fameux 15% sont tout ce qu’il y a de plus normal (compétition mondiale et prévoyance obligent). Et la propriété. Pour M***, le crime le plus terrible de l’indépendance algérienne (car il est pour l’Algérie française) et d’avoir spolier les Français vivant là-bas. Comment la propriété des colons s’est établie en Algérie, le statut d’infériorité des "Musulmans" d’alors, ne changent pour lui rien à l’affaire pas plus que le fait que nombre de Français sont restés en Algérie sans rien craindre des "voleurs". Le retraité n’oublie en outre jamais qu’il est supérieur à la moyenne. Il aime bien la démocratie mais avoue que c’est gênant que le quidam moyen puisse donner son avis sur tout. En Asie, les Français, pas forcement tous retraités de la finance, pensent souvent comme lui.

    •  Parkway :
      10 juillet @08h13   « »

      " on fera observer à Marine Le Pen qu’on règle très facilement le problème de la sous-armée de réserve des clandestins : par la régularisation intégrale ! Plus de clandestinité, plus de vulnérabilité ; plus de vulnérabilité, plus de chantage patronal, donc plus de salaires de misère ni de traitement de quasi-esclaves. Les régularisés auront les mêmes salaires et les mêmes droits que les nationaux et les résidents légaux – auxquels ils appartiendront –, cessant par là même de créer cette poche de sous-salariat dépressionnaire qui produit objectivement tous ses effets de dumping social intérieur, et ceci d’autant plus violemment qu’on a poussé plus loin la déréglementation du marché du travail."

      voilà l’essentiel du billet de F. LORDON.

      il n’est donc pas difficile de situer politiquement les commentateurs qui s’y éloigne rapidement...

      Même si on ne les nomme pas, nommément...

    •  Cyberpipas :
      10 juillet @08h18   « »
      Les supermarchés naturistes !

      @ Valentin

      Non ! Ne partez pas ! 
      Déjà que tous les riches s’expatrient ! 
      Si en plus nos cancres de souche s’en suivent...

      Je sais qu’il n’est pas évident de vivre avec l’esprit corrompu au milieu de canaux de propagande anti-immigration, islamophobe et plus généralement bazanophobe, mais avant que vous ne cédiez à la fuite martiale laissez-moi vous rassurer : je suis blanc, j’emmène mes enfants jouer au parc torse-nu et je discute avec les mamans de l’école, voilées ou pas, et même avec les papas barbus ou pas... aucun souci.

      Pour les supermarchés, c’est plus compliqué qu’au parc, c’est vrai, souvent on me demande de me rhabiller, ça doit être pour ne pas choquer, par bienséance n’est-ce pas, pour un minimum de décence, par pudeur, entre deux pubs géantes avec des personnes mineures quasi à poil... quand elles ne sont pas à poil. Et faut voir dans quelle posture. Bref, rien à voir avec les musulmans. Il faut tout de même être un sacré cancre de souche pour se convaincre du contraire.

      Mais bon, la bonne nouvelle, c’est qu’il existe des supermarchés naturistes, souvent à proximité des camps naturistes, vous pouvez y pousser votre caddie les couilles à l’air si cela vous chante, aucun cul béni, chantre de la bienséance ou amoureux de la burka ne viendra vous incommoder. Attention toutefois au rayon surgelé !

    •  J. Grau :
      10 juillet @09h50   « »

      Quand un directeur de supermarché, faisant suite aux doléances de sa clientèle musulmane, m’interdit d’être torse nu dans son magasin, je vote FN.

      Je suis comme ça, moi, je me défends quand je suis attaqué.

      Un jour j’ai été réveillé par un voisin qui jouait de la trompette à deux heures du matin. Depuis, je vais à tous les concerts où se trouve cet instrument maudit, et je balance des boules puantes sur les musiciens.

      Il y a deux mois, un gamin n’arrêtait pas de crier dans le train. Ça m’a empêché de lire les Mémoires d’une croisée d’Ornella Fallacci. Depuis, je gifle tous les enfants que je rencontre dans la rue.

      Quand j’étais petit, on m’a obligé de m’asseoir à la gauche d’un élève gaucher. Pendant les dictées, c’était un vrai cauchemar. Ce petit con n’arrêtait pas de me gêner. Et le pire, c’est qu’il ne faisait même pas exprès. C’était dans sa nature. Sale race ! Depuis, je milite à la LPEG, la Ligue pour l’Expulsion des Gauchers. Salauds de gauchers, retournez dans votre pays ! Voilà ce que je crie dans nos manifs. Encore une fois, j’ai rien de personnel contre toutes ces ordures. Seulement, faut bien se défendre !

      Je pourrais continuer la liste de mes ennemis pendant longtemps, mais j’ai comme l’impression que je deviens fatigant.

    •  Shiv7 :
      10 juillet @10h45   « »

      Il est étonnant que personne n’ait fait allusion à la mécanisation/robotisation/numérisation, enfin en bref à la montée en puissance de la production par un minimum de personnes, comme l’une des causes du chômage. Car même si cette nouvelle donne induit de nouveaux emplois s’y référant, il y a tout de même une perte d’emplois pour l’homme au profit de la machine.

      Un autre facteur est aussi comme le notait mal adroitement un intervenant, le fait que tout le monde est sensé travailler (en fait produire de l’argent), notamment toutes les femmes qui anciennement travaillaient en dehors du circuit économique en font désormais partie, par delà l’aspect libération de la femme, cela demeure un fait.

      Un autre fait qui va dans le même sens est la montée en puissance du citadin, depuis quelques années ce dernier à pris le dessus, de plus en plus de petits paysans ou artisans qui vivaient relativement autarciquement sont désormais assujettis au monde du travail rémunéré et à l’économie globalisée.

      Ce qui est à remettre en cause au-delà de toutes luttes partisanes quelles soient de gauche ou de droite, est la notion de production, de progression, de travail et de but de la vie, cette remise en question va bien au-delà d’un simple débat politique.

    •  BA :
      10 juillet @10h47   « »
      Un débat sur le site "Arrêt sur images"

      Sur le site "Arrêt sur images", la journaliste Anne-Sophie Jacques écrit :

      "l’évidence s’impose : la convergence des économies souhaitée lors de la création de la monnaie unique n’a pas eu lieu. Pire : les économies divergent, et pas qu’un peu. On le voit bien sur les graphiques brandis par Jacques Sapir en début d’émission : ces lignes vous semblent peut-être absconses – vous pouvez les regarder de plus près, les graphiques sont au pied de cet article – mais peu importe, l’important est dans le mouvement. On ne converge pas, on s’éloigne. On s’oppose. Et cette opposition crée des tensions, forcément. Suffit d’avoir l’œil rivé sur le fil d’actualités espagnoles, italiennes, portugaises, sans même parler de la Grèce ou de Chypre pour comprendre que la situation va tourner en eau de boudin."

      http://www.les-crises.fr/debat-sapi...

      A l’intérieur de la zone euro, ça diverge, et ça diverge de plus en plus.

      Autrement dit :

      Dans le monde réel, nous avons obtenu le contraire de ce que nous avaient promis les partisans de l’euro en 1992.

      La question n’est plus :

      "Faut-il sortir de l’euro ?"

      La question est désormais :

      "Quand allons-nous subir la sortie de l’euro ?"

      Le mot important, c’est : "subir".

      La sortie de l’euro ne sera ni choisie, ni organisée. Nous allons subir la sortie de l’euro.

    •  Valentin :
      10 juillet @10h48   « »

      Je vote FN, parce que la charia, j’en veux pas. 
      Je vote FN, pour emmerder ceux qui m’emmerdent avec leurs lois débiles et leurs règlements n’ayant pour pour seul but que de pomper le sang du peuple. 
      Je vote FN, pour emmerder les médias qui me mentent à longueur d’articles. 
      Je vote FN, pour emmerder les tenants de la bienpensance comme Sarah. 
      Je vote FN, parce que la dictature d’une femme vaudra bien celle de 400 imbéciles corrompus. 
      Et je vote FN, parce que ce sont les seuls qui sont encore debouts.

    •  Shiv7 :
      10 juillet @11h08   « »


      Du voile ou du dévoilement, quel est le plus aliénant, le plus humiliant, le plus insultant ? Insondable tartufferie de tous ces dénonciateurs du voile, qui s’accommodent si bien de la pornographie universelle. De toute façon, la question dépasse de loin le voile et la condition féminine. Il s’agit d’une culture de l’obscénité, qui ne peut qu’arracher tous les voiles — transparence oblige. Il s’agit de la jalousie profonde d’une culture dépenaillée pour toutes les cultures cérémoniales — celles que leurs signes enveloppent alors que la nôtre est mise à nu par ses signes mêmes.

      Ceci n’est que l’amorce d’une désignification générale, où tous les signes distinctifs deviendront anathèmes, suspect de masquer ou même tout simplement de signifier quelque chose, donc terroriste en puissance. Ne subsisteront plus, au terme du processus, que les signes léger et inoffensifs — signes publicitaires ou du fanatisme désincarné de la mode.

      C’est là, sans doute, que finira l’histoire du voile.

      Jean Baudrillard Cool Memories V

    •  Cyberpipas :
      10 juillet @12h18   « »
      à poil ! à voile ! à poil sous le voile ?

      @ Shiv7

      Belle citation de Baudrillard, nous regretterons cependant le cantonnement de son raisonnement à l’espace public, et encore à un certain espace public. Les supermarchés sont eux des espaces privés ! Vous ne voudriez tout de même pas qu’Edouard Leclerc puisse débarquer chez vous dans le plus simple appareil ! Si ?

      Nous regretterons aussi le raccourci infamant, ou l’association par déshonneur (à votre préférence) entre nudiste et pornolâtre.

      Nous regretterons enfin le faux dilemme "à poil ou à voile" puisque nous sommes tous tour à tour et à poil et à voile, c’est ainsi, cela dépend des lieux, des moments et des personnes présentes....

      Il me semble que la distinction fondamentale reste l’aspect subi ou choisi d’une tenue vestimentaire appropriée. Il me semble que la pudeur ou l’impudeur sont des sentiments intimes, certes en partie déterminés socialement mais avant tout intimes, c’est à dire ne pouvant faire l’objet de lois par essence générales et impersonnelles. 
      Et tout va bien : nous pouvons aujourd’hui choisir la ou les solutions suivant nos préférences.

    •  Nicks :
      10 juillet @12h23   « »

      @Valentin

      Une police à base de skinheads, ça vous ira ? Alors que vous saluez un parti qui serait d’après vous debout, avez vous vraiment envie de finir à genoux ?

    •  Montvert :
      10 juillet @13h30   « »

      M. Lordon est brillant lorsqu’il décortique les manigances des financiers mais en l’espèce sont raisonnement sur l’immigration se heurte à une vision qui pense ce sujet en termes de stocks " on fera observer à Marine Le Pen qu’on règle très facilement le problème de la sous-armée de réserve des clandestins : par la régularisation intégrale ! Plus de clandestinité, plus de vulnérabilité ; plus de vulnérabilité, plus de chantage patronal, donc plus de salaires de misère ni de traitement de quasi-esclaves" plutôt qu’en termes de flux.

      Gilles Deleuze décrivait l’alcool comme un problème de quantités, je ferai la même chose pour l’immigration : rien de mal en soit, mais l’abus ne peut être que destructeur pour un corps social (au delà de la validation comptable et hasardeuse de l’immigration comme recette pour une population vieillissante)

      Penser que régulariser règlerait le problème de "l’armée de réserve des clandestins" est ridicule : cela a été fait par le passé (gouvernement Jospin) sans que cela change quoi que ce soit. D’autre ont pris les rangs libérés tout simplement.

      C’est d’ailleurs un des grands problèmes de la Gauche qui n’a jamais vraiment été réglé : prouver son humanisme en accueillant des immigrés (tout en s’assurant qu’ils ne viennent pas mettre leurs enfants dans les mêmes écoles que les vôtres) ou les rejeter en arguant qu’il faut d’abord s’occuper des nôtres (avec toutes les sous-entendus que peut comporter ce terme).

      Le discours de Georges Marchais de 1981 s’opposant clairement à l’immigration légale et illégale en France était sans doute la dernière tentative de ce parti de gagner les cœurs de ses électeurs historiques. 
      Depuis, cette ligne a été abandonnée au parti de Mme Le Pen et ce ne sont pas les "combats" sociétaux, justement dénoncés par M. Lordon, qui vont faire revenir "les pauvres blancs" dans le giron de la Gauche. Alors, contre ce peuple ingrat quelle autre solution restait-il que d’en chercher un autre ? C’est ce que fait avec entrain la Gauche depuis 30 ans, en oubliant que celui-ci (l’immigré héros : reconstructeur de la France et qui paye nos retraites, vide nos ordures et assure tant de services essentiels au pays) - comme le précédent - peut aussi décider, après services rendus, d’être infidèle. 
      Reste plus que les harangues contre la "tentation populiste", "les heures les plus sombres de notre histoire", le "retour aux années 30"... Bref le chantage moral, en se référent à une époque bien différente que seule une poignée de français encore en vie a réellement connu, ne marche plus vraiment. Alors que faire ? Peut-être commencer par sortir la tête du sable ? 
      Carpe diem

    •  J. Grau :
      10 juillet @14h02   « »

      A Montvert

      Vous dites :

      Alors que faire ? Peut-être commencer par sortir la tête du sable ?

      Votre appel au réalisme est salutaire, seulement il s’agit de savoir qui se berce le plus d’illusions. Seraient-ce ceux qui considèrent que l’immigration n’est pas un problème, ou constitue un problème secondaire ? Ne seraient-ce pas plutôt ceux qui croient en une union sacrée de toutes les classes sociales dans un grand élan patriotique ?

    •  J. Grau :
      10 juillet @14h11   « »

      A Valentin et aux autres personnes qui pensent comme lui

      Pas plus que vous je ne voudrais d’une société dominée par des religieux - qu’ils soient catholiques, protestants, musulmans ou hindous.

      Seulement la perspective d’une instauration de la charia en France est extrêmement improbable. La seule chose qu’on peut redouter - quand on déteste l’islam - c’est d’avoir à faire de menus compromis avec les tenants de cette religion. C’est ce qu’on fait les anticléricaux il y a un siècle vis-à-vis de la religion catholique, et cette politique de compromis n’avait rien de scandaleux, dans la mesure où elle a apaisé les conflits.

      De toute manière, j’attire votre attention sur un fait d’importance : tandis que vous craignez l’avènement d’une improbable dictature islamiste en France, nous sommes actuellement victimes d’une dictature bien réelle, et qui n’a rien à voir avec l’islam, ni avec aucune religion, quelle qu’elle soit. Je veux parler de la dictature d’une petite poignée de puissants capitalistes (banquiers, gros actionnaires, etc.) et de leurs petits copains politiciens. C’est contre eux que nous devons unir nos forces, et je doute fort que le Front National soit le meilleur parti pour organiser ce combat. Et si aucun parti ne mérite notre confiance, eh bien ! il faut se battre sans l’aide des partis....

    •  J. Grau :
      10 juillet @14h29   « »

      A Shiv7

      Bonjour.

      En admettant que les gains de productivité et le travail des femmes soient deux facteurs de chômage dans la société telle qu’elle est actuellement organisée, ils n’en constituent pas pour autant les conditions suffisantes, ni les conditions nécessaires.

      En effet, on pourrait très bien envisager une société où la quantité de travail globale serait mieux répartie. Beaucoup de gens - à droite comme à gauche - s’accordent à trouver anormal qu’une partie de la population active soit exténuée par le travail tandis qu’une autre se voit privée d’emploi. C’est particulièrement manifeste en France, où les jeunes et les personne de plus de 50 ans ont souvent toutes les peines du monde à trouver ou à garder un emploi.

      En soi, les gains de productivité sont une excellente nouvelle, s’ils peuvent diminuer la charge globale de travail. Il en va de même pour le travail des femmes - du moins si ce travail est choisi par elle. Encore faudrait-il que tout le monde puisse profiter de ces changements historiques. Les femmes elles-mêmes n’en profitent pas toujours, car elles sont souvent contraintes d’accepter des emplois précaires et mal payés. Et comme les mentalités n’ont pas évolué aussi vite que l’organisation sociale du travail, elles doivent généralement s’acquitter dans leur foyer de la plus grosse partie des tâches domestiques.

      La cause principale du chômage, à mon sens, n’est donc pas tant dans l’évolution des techniques ou dans l’évolution des rapports hommes-femmes, que dans une absence de volonté politique. Si nos gouvernants voulaient vraiment instaurer un meilleur partage du temps global de travail, cela se saurait. Il y a au moins un domaine dans lequel ils pourraient agir : je veux parler des entreprises et organisations gérées par l’État. Or, dans ces domaines, la tendance lourde est à la suppression des postes et à l’augmentation du nombre d’heures supplémentaires ;

    •  Valentin :
      10 juillet @14h47   « »

      @ J. Grau 
      "....la perspective d’une instauration de la charia en France est extrêmement improbable...." 
      Ce n’est qu’une question de chiffres. 
      Et que penser de la détermination de gens, qui endoctrinés depuis la plus tendre enfance sont prêts à sacrifier leur vie pour la "cause" ? 
      Il est bien évident que la France est une dictature qui ne dit pas son nom. 
      Les français rassurés de voir le mot "Liberté" gravé au fronton des mairies, a perdu le sens exact de ce mot. 
      Il y aurait beaucoup à dire sur la liberté de circuler, de bâtir, d’entreprendre, de commercer de certains pays qualifiés de dictatures (politiques). 
      Et quelques comparaisons point par point, seraient édifiantes.

    •  Toto :
      10 juillet @14h58   « »

      @Ian

      Vous écrivez en chapeau de votre commentaire : 
      "Merci de laisser l’idéologie de côté et de regarder la réalité en face..."

      Vous me faites doucement rigoler quand on voit que vos sources roulent pour le néo-libéralisme mondial. Pour vous des "vrais" économistes ce sont ceux qui font partie de l’élite ultra-libérale mondiale préconisant que les gouvernements se mêlent de moins en moins des affaires économiques ?

      Votre Gilles Saint-Paul que vous citez il a pondu ça aussi : "Liberté et société post-utilitariste" (idei.fr/doc/wp/2012/wp_idei_745.pdf)

      Il y présente son papier de critique de l’utilitarisme (fr.wikipedia.org/wiki/Utilitarisme) dont je vous livre l’intro (histoire de présenter le personnage et son ton verbeux) :

      "Les fondements utilitaristes d’un gouvernement limité sont instables, dans la mesure où ils supposent des individus rationnels et cohérents. L’hypothèse d’agent rationnel faite par les économistes a récemment été l’objet d’attaques soutenues. L’économie comportementale a suggéré que les individus sont en proie à des biais irrationnels et des incohérences. L’auteur explique comment ces développements ont mené à un post-utilitarisme, qui justifie des interventions paternalistes de l’Etat via des « impôts sur le vice », des interdictions directes ou de nouvelles obligations. La responsabilité individuelle est sévèrement dépréciée, tout comme la confiance dans les marchés. Il conclut que les défenseurs de la liberté individuelle doivent s’éloigner du raisonnement utilitariste, réaffirmer les valeurs fondamentales d’autonomie et de responsabilité, et définir les limites strictes du champ d’intervention du gouvernement. "

      Ah bin bravo, si c’est pas de l’idéologie économique, ça...

      CQFD

    •  fredines :
      10 juillet @15h01   « »

      Un peu de logique : 
      Soit les propositions suivantes 
      p0 :="L’immigration existe" 
      p1 :="L’immigration augmente le taux de chômage" 
      P2 :="Une majorité de citoyens considèrent que p1 est vraie" 
      p3 :="La démocratie existe"

      Si l’on raisonne sous l’hypothèse H0 :=(p0==VRAI) alors

      Si p3==VRAI alors les hypothèses vertueuses sont 
      H1 :=(p1==VRAI)ET(p2==VRAI) 
      H2 :=(p1==FAUX)ET(p2==FAUX)

      Si p3==FAUX alors la seule hypothèse vertueuse est 
      H3 :=(p1==FAUX)

      Conclusions : 
      1- La démocratie n’est efficiente que si les citoyens ont des croyances conformes à la réalité. 
      2- En l’absence de démocratie, la réalité s’impose à nous sans moyens de correction possibles.

      Moralité "personnelle" 
      "Démocratie sans vérité n’est qu’illusion. Vérité sans démocratie n’est qu’abandon."

    •  Shiv7 :
      10 juillet @15h44   «

      J. Grau, bonjour.

      En effet, on pourrait très bien envisager une société où la quantité de travail globale serait mieux répartie.

      Oui tout à fait cela serait déjà ça.

      Mais quand je disais que le réel sujet est la remise en question de la notion de production, de progression, de travail et de but de la vie, cette remise en question va bien au-delà d’un simple débat politique, cela va de soit que par ce questionnement la quantité de travail globale serait revue et mieux répartie.

      A contrario se pencher uniquement sur ce dernier point améliorait bien sur les choses, mais ne résoudrait pas profondément les problèmes actuels, ça ne ferait que mettre en avant le problème de l’égalité sans résoudre et resituer les notions sur lesquels cette égalité s’établi. 
      Car si l’égalité est une bonne chose en soi, une égalité établie sur de mauvais fondement ne peut qu’amener un mal être généralisé.

      Autrement dit oui à l’égalité, mais une égalité s’appuyant sur une redéfinition de ce devrait être la production, la progression, le travail et le sens de la vie dans les nouvelle conditions ambiantes contemporaine.

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  • Sous Obama...

    Sous Obama, pas de pitié pour ceux qui informent les journalistes

    Alors que Guantanamo, oublié des médias, n’a toujours pas été fermé et que les libertés individuelles sont très régulièrement restreintes au nom de la sécurité, ce sont maintenant les lanceurs d’alerte qui sont la cible du gouvernement états-unien. Alors que Wikileaks et les réseaux sociaux sur internet sont des accélérateurs d’information, les gouvernements tentent de garder le contrôle de populations chaque jour plus indignées par les pratiques des dirigeants.
     
    En France, on saluera l’initiative toute récente de Mediapart, qui vient de lancer FrenchLeaksafin de faciliter les fuites d’information. Espérons que de nombreux "lanceurs d’alerte" français en profiteront pour permettre la diffusion de documents d’intérêt public.

     

     

     

    "Première Agence de renseignement du peuple" 
    ou Wikileaks, le symbole d’une nouvelle guerre de l’information.
     
     

    Sous Obama, pas de pitié pour ceux qui informent les journalistes

    21 mars 2011, par Lucile Malandain pour l’AFP
     
    Elu sur la promesse d’un gouvernement  transparent, le président américain Barack Obama et son administration ont  poursuivi en justice depuis deux ans davantage de personnes pour avoir fourni des informations confidentielles aux médias qu’aucun de ses prédécesseurs.
    "L’actuel président a pour l’instant poursuivi cinq personnes pour avoir dénoncé des dysfonctionnements ou pour avoir donné des informations confidentielles" aux médias, regrette Dan Ellsberg, un ancien militaire qui a lui-même, en 1971, fourni à des journaux des documents secrets sur la guerre du Vietnam.
    Poursuivi à l’époque par l’administration Nixon dans une affaire connue sous le nom des "Pentagon papers" (les documents du Pentagone), il avait finalement bénéficié d’un non-lieu, l’administration ayant multiplié les irrégularités dans l’enquête.
    "Nous assistons à une campagne totalement sans précédent en termes judiciaires contre ceux qui dénoncent des dysfonctionnements", ajoute cet homme, dont le cas a fait jurisprudence depuis les années 70.
    Sollicitée par l’AFP sur ce sujet, la Maison Blanche n’a pas donné suite.
    Selon des experts, seules trois personnes avaient jamais été poursuivies aux Etats-Unis pour des fuites aux journalistes, quand Obama a, à lui-seul, engagé – ou poursuivi – cinq instructions.
    Parmi elles, le jeune soldat Bradley Manning, incarcéré et inculpé pour avoir fourni des dizaines de milliers de documents à WikiLeaks. Ses pénibles conditions de détention provisoire font débat.
    Mais Jeffrey Sterling, un ancien de la CIA accusé d’être la gorge profonde d’un journaliste du New York Times sur des opérations américaines secrètes en Iran, risque également la prison. De même que Thomas Drake, dont le procès pour avoir révélé au même journal en 2005 l’existence d’un vaste programme secret de surveillance électronique des Américains sous l’administration Bush doit se tenir en avril.
    Dans tous ces cas, "il va être difficile de prouver que les informations révélées l’ont été dans l’intention ou en ayant des raisons de penser que ces informations doivent être utilisées au préjudice des Etats-Unis", déclare à l’AFP Andrew Contiguglia, avocat constitutionnaliste, en citant la loi sur l’Espionnage de 1917 en vertu de laquelle le ministère public poursuit les redresseurs de torts.
    Ces hommes "ont donné des documents à des journalistes, pas à des espions" ni des gouvernements étrangers, relève-t-il.
    "Qu’est-ce qui permet de penser qu’une information fournie à la presse sera utilisée contre les Etats-Unis?" s’interroge-t-il.
    Mais, nuance Dan Marcus, professeur de droit à l’American University de Washington, "le président Obama essaie peut-être de démontrer que malgré ce que disent les Républicains, il prend très au sérieux la défense de la sécurité nationale".
    "Je suis sûr que certaines investigations sur des fuites ont été déclenchées par des craintes émanant de la Maison Blanche", explique-t-il à l’AFP. Pour autant, selon lui, "la décision d’entamer des poursuites judiciaires n’est pas vraiment politique" puisque lancée par les procureurs.
    M. Marcus reconnaît néanmoins "une certaine hypocrisie" lorsque, dans le même temps, "de hauts responsables de ces administrations font souvent fuiter des informations quand ils pensent que c’est dans l’intérêt du gouvernement".
     
    Par Lucile MALANDAIN pour l’AFP.
    WASHINGTON
     
  • 09/11: les « Pilotes kamikazes »

    11-Septembre et les « Pilotes kamikazes » : voici la preuve dont parle Sibel Edmonds

     

    Nous ne parlons plus d’indices désormais, mais de preuves. Malgré toute la volonté de la Commission d’enquête sur le 11-Septembre et des autorités pour dissimuler la vérité, celle-ci finit par émerger grâce à ces gens que l’on appelle les "lanceurs d’alertes" (WhistleBlowers) en tête desquels on trouve Sibel Edmonds. Comme elle l’avait promis voilà deux jours, S. Edmonds nous livre donc le témoignage certifié du traducteur du FBI Behrooz Sarshar qui a fait part, devant la Commission d’enquête, des informations que lui et deux agents du FBI à Washington avaient obtenues d’un contact dès le mois d’avril 2001, et qu’ils avaient fait remonter à leur hiérarchie via des formulaires ’302′ comme le veut le règlement. Non seulement il était déjà question de pilotes kamikazes, d’avions utilisés comme bombes, mais comme vous allez le voir, les informateurs parlaient aussi de "grandes tours" comme cibles potentielles des attentats.

    Rappelons que ce témoignage de Behrooz Sarshar ne figure pas dans le Rapport final de la Commission d’enquête sur le 11/9 paru en 2004, ni dans les mémos (censurés) de la Commission, publiés récemment par le site Cryptome.org, et que la demande des Familles de victimes pour connaître les raisons de cette censure n’ont reçu aucune réponse des ex-présidents de cette Commission. Le silence pourra-t-il durer encore longtemps ?

     

    Sibel Edmonds, l’ex-traductrice du FBI.

     


    L’affaire des "Pilotes kamikazes" du FBI

    par Sibel Edmonds, sur son Blog,  le 2 février 2011

    Traduction GV pour ReOpenNews

    Dans une déclaration publique diffusée le lundi 31 janvier, des membres du Comité des familles de victimes du 11/9 ont demandé une réponse rapide de la part de l’ex-président et du directeur exécutif de la Commission sur le 11/9 concernant la censure exercée sur le témoignage devant cette même commission de l’ancien spécialiste en langues Behrooz Sarshar. Les ex-membres de la Commission n’ont pas répondu à cette requête.

    En février 2004, Behrooz Sarshar a fourni aux enquêteurs de la Commission sur le 11/9 des documents spécifiques et le nom des témoins concernés, dont le nom complet et les références de l’informateur-clef du FBI dans une affaire portant le nom de « Pilotes kamikazes ». Pourtant, la Commission a décidé de ne pas contacter ni interviewer ces témoins, y compris le directeur du FBI Robert Mueller. Le rapport final de la Commission ne mentionne absolument rien de ce témoignage et de ces documents, et leur mémorandum publié récemment omet tout simplement la totalité de l’interview sans fournir aucune explication.

    L’information qui suit a été communiquée par M. Sarshar à plusieurs bureaux du Congrès ou à des enquêteurs, dont l’équipe du Comité judiciaire du Sénat, le Démocrate à la tête du Comité, le Sénateur Patrick Leahy, ainsi que le bureau de l’inspecteur général du Département de la Justice. J’étais présente à au moins quatre de ces réunions pour lesquelles les échanges furent enregistrés et certifiés. Lors de mon travail au Bureau [FBI, ndr], j’avais été informée sur cette affaire par M. Sarshar, mais aussi par d’autres témoins directs, et j’avais vu de mes yeux les fameux ‘formulaires 302′ déposés par le superviseur de l’unité (les spécialistes en langues du FBI gardent une copie de ces rapports ou formulaires). De plus, j’ai personnellement informé les enquêteurs de la Commission sur le 11/9 au sujet des détails de cette affaire, ce qui est d’ailleurs confirmé par le mémo de la Commission.

    J’ai juste effacé les données personnelles sensibles concernant l’informateur du FBI, et comme vous le verrez, chaque item effacé (par moi, indiqué par S.E) est signalé en « italique ». À part cela, l’information ci-dessous est exactement ce qui a été raconté par M. Sarshar à quatre reprises :

    * * *

    Nom du dossier du FBI : « Les pilotes kamikazes »

    Dans les années 90, le Bureau a embauché un Iranien comme informateur, a payé son salaire à hauteur de 1.500$ par mois, et l’a utilisé lui et ses informations au cours de plusieurs opérations criminelles, de renseignement ou d’antiterrorisme, et aussi pour des investigations. Au fur et à mesure, cet informateur, un homme dans les (âge effacé par S.E.) a montré une grande fiabilité et ses informations étaient jugées dignes de confiance.

    Cet homme avait été à la tête du SAVAK, l’unité de contre-espionnage de la principale agence de renseignements iranienne, sous le régime du Shah. Son théâtre d’opérations incluait les régions est et sud-est de l’Iran, et aussi les pays comme l’Afghanistan, le Pakistan et l’Inde. Il gérait également les unités de renseignements chargées des opérations au Sistan et au Baloutchistan, deux régions semi-indépendantes à la frontière de l’Afghanistan. Contrairement aux agences US, le Renseignement iranien menait la plupart, sinon l’ensemble de sa surveillance et de ses opérations de collecte d’information, via le renseignement et des sources humaines. Cet homme, l’informateur, était très bon dans ce qu’il faisait ; il avait établi un grand nombre de contacts et de sources répartis dans les zones stratégiquement les plus importantes de ces pays.

    Immédiatement après la révolution islamique, il planifia sa fuite du pays. Tous les  ex-agents du SAVAK et du renseignement militaire avaient été mis sur la liste noire du nouveau régime, et des récompenses accompagnaient leur capture, morts ou vifs. Il réussit à s’échapper d’Iran, et passa ensuite plusieurs années en (nom du pays de résidence de l’informateur, (effacé par S.E.)  où il tenta d’obtenir un visa US et de se rendre aux États-Unis, où résidaient déjà plusieurs membres de sa famille ou des amis.  À la fin des années (date effacée par S.E.), il parvint à ses fins et parti aux USA.

    Sa réputation d’avoir un ensemble de sources d’information tout autour du globe était arrivée aux oreilles du FBI vers la fin des années 90 – vers 1991, 1992. Via un intermédiaire, le Bureau réussit à contacter notre homme et à le convaincre de devenir informateur. Il fut embauché et commença à fournir au Bureau des informations extrêmement utiles et fiables. Le FBI était tellement satisfait de ses performances qu’il commença à l’utiliser à la fois comme informateur et comme agent. Régulièrement, presque chaque mois, des agents du siège du FBI et du Washington Field Office (WFO) le rencontraient à … et … (lieux effacés par S.E.) afin d’obtenir des informations et des renseignements sur différentes opérations ou enquêtes en cours.

    Étant donné que l’informateur n’était pas très bon en anglais, on considérait qu’il était loin de le parler couramment, à chaque fois ou presque, les agents devaient faire appel aux services d’un interprète, un traducteur, au cours de ces réunions mensuelles. C’est là qu’Amin et moi-même entrons en scène.  Pour ces réunions, les agents se faisaient accompagner soit par moi, soit par Amin. Par pure coïncidence, il se trouva que je reconnus l’homme lors de la première réunion, car je l’avais rencontré au cours d’une soirée entre amis que je fréquentais. Je savais où il vivait et j’avais son numéro de téléphone.

    Vers la fin du mois d’avril 2001, on m’a demandé d’accompagner deux agents spéciaux du bureau du FBI de Washington, Tony et John, qui se rendaient à un meeting avec cet informateur ; nous nous sommes rejoints quelque part près de (lieu effacé par S.E.). Les agents et moi travaillions alors sur une enquête criminelle qui devait être jugée à (donnée sensible effacée par S.E.), et les informations de cet informateur jouèrent un rôle prépondérant dans la construction de ce dossier.

    Nous avons retrouvé notre informateur dans cette espèce de parking et avons passé presque une heure à discuter du dossier, posant des questions détaillées et évidemment, je traduisais les propos échangés dans un sens et dans l’autre. Alors que nous en avions fini et nous apprêtions à repartir pour l’agence de Washington (WFO), l’informateur nous a priés de rester quelques minutes de plus et d’écouter quelque chose de très important et d’alarmant qu’il venait de recevoir d’un de ses contacts.

    L’informateur a dit :

    «  Écoutez, j’ai été contacté récemment par deux sources de longue date extrêmement fiables, aucune n’est iranienne ; l’une en Afghanistan et l’autre dans la région frontalière entre le Pakistan et l’Afghanistan. Par le passé, ces gens m’avaient fourni des informations et des renseignements très difficiles à obtenir, compte tenu de la taille extrêmement réduite des groupes et des réseaux qu’ils ont réussi à pénétrer. Ils m’ont appris qu’un groupe actif de moudjahidines mené par Ben Laden avait donné l’ordre d’attaquer certaines cibles aux États-Unis, et qu’ils étaient en train de planifier les attentats au moment où nous parlions. »

    À ce moment-là, l’informateur avait toute notre attention ; les agents paraissaient alarmés, car leur principale unité d’opérations se trouvait dans la division antiterroriste de l’agence de Washington (WPO). Ils demandèrent à l’homme d’arrêter de parler et de répéter ce qu’il avait dit, et m’ordonnèrent de prendre des notes au fur et à mesure que je traduisais. Eux aussi prirent des notes.

    L’informateur continua :

    « D’après mes gars, le groupe de Ben Laden travaille à une attaque massive des États-Unis. L’ordre a été donné. Ils visent les principales villes, les grandes métropoles ; environ quatre ou cinq grandes villes ; New York, Chicago, Washington DC, San Francisco, peut-être Los Angeles ou Las Vegas. Ils vont utiliser des avions pour mener leurs attaques. Ils disent que certains des types chargés des attaques sont déjà aux États-Unis. Ils sont ici, aux USA ; ils vivent parmi nous, et je crois que certains au gouvernement savent déjà tout ça (j’ai compris qu’il parlait de la CIA ou de la Maison-Blanche). »

    Tony, l’un des deux agents, a demandé : « Ont-ils dit pour quand c’était ? Ont-ils donné des dates précises ? Ou comment ils veulent utiliser les avions ? Comme bombes ou en les détournant ? »

    L’informateur s’est arrêté un instant :

    « Pas de date précise ; pas que je sache. Mais ils ont dit que tout ça, c’était pour ‘très bientôt’. Ils pensent, dans les deux ou trois mois. » Et il a ajouté : « Pour ce qui est de la façon d’utiliser les avions, vous en savez autant que moi. Je pense qu’ils vont les faire exploser ; en mettant des bombes dans les avions, peut-être dans un cargo, et puis ils le font exploser au-dessus des grands centres habités. »

    Les agents hochaient de la tête et prenaient beaucoup de notes. Je prenais mes notes en Farsi ; je faisais souvent ça, et après, de retour au bureau, je m’asseyais et traduisais le texte. Nous nous sommes levés, prêts à partir, quand l’informateur nous a exhortés à faire suivre tout de suite cette information et de prendre des mesures :

    « Si j’étais vous, les gars, je prendrais ça extrêmement au sérieux. Si j’étais dans la même position ici que celle que j’avais à la SAVAK, je mettrais tous mes hommes dessus 24 heures sur 24. Assurez-vous que les gars de l’antiterrorisme vont prendre ça en main. »

    Les agents ont fait oui de la tête et l’ont remercié pour l’information. Nous sommes rentrés en silence. Après avoir garé la voiture au parking, alors que nous attendions l’ascenseur, les agents discutaient de la personne, la bonne, celle à qui il fallait soumettre cet avertissement. Ils ont décidé d’en parler à l’agent spécial (Special Agent in Charge, ou SAC) Thomas Frields, qui était en charge de la division antiterroriste de Washington (WFO) et qui était à la tête de la division au moment de la crise des otages iraniens dans les années 1980. Je leur ai rappelé que même si l’homme était un Iranien, ses contacts ne l’étaient pas, mais qu’ils étaient au Pakistan et en Afghanistan, pas en Iran ; Ben Laden n’était pas iranien, mais saoudien. Ils ont approuvé, mais ont rétorqué que Frields dirigeait l’unité antiterroriste au Washington Field Office (WFO).

    Une fois arrivé dans mon bureau, je suis allé directement m’asseoir et j’ai commencé à traduire toute la conversation et à la mettre dans mon rapport officiel. Les agents sont partis dans leur secteur et ont rempli les formulaires 302 règlementaires. Ces formulaires, les 302, sont utilisés par les agents pour rapporter les informations collectées par les contacts du Bureau ou leurs informateurs. Les agents, Tony et John, ont rempli deux ensembles de formulaires 302 ; un sur l’affaire criminelle et les données de l’informateur ; l’autre sur l’avertissement, en mettant le nom de code « Pilotes kamikazes », comme information liée aux opérations d’antiterrorisme.

    Les agents m’ont appelé au téléphone et m’ont demandé de les escorter dans l’unité de traduction. Je les ai conduits à mon bureau, où nous nous sommes assis pour comparer nos notes, les finaliser et coordonner nos comptes-rendus. Ils m’ont fait faire plusieurs copies de la traduction pour les inclure dans leur rapport. J’ai pris la liberté de faire aussi des copies de leurs formulaires 302 pour mes propres archives, mes dossiers. A la fin de la journée, vers 17h, ils ont remis leur formulaire 302 avec mon rapport contenant la traduction. Et ils ont remis le rapport sur l’avertissement à l’agent spécial (SAC) Frields, accompagné d’une note, un post-it jaune en haut qui disait : « TRES URGENT : ‘Pilotes kamikazes’ »

    Aucun de nous n’a eu de retour de Frields ou de la division antiterroriste. Personne n’a demandé de suivi ou d’informations supplémentaires. Deux mois ont passé. Vers la fin juin 2001, j’ai accompagné les deux agents à une autre réunion avec l’informateur iranien. Cette fois nous nous sommes retrouvés à (lieu effacé par S.E.)

    Après avoir parlé de l’enquête criminelle qui nous amenait  – c’était alors (date effacée par S.E.), et alors que nous nous apprêtions à partir, il nous a interpelés :

    « Qu’avez-vous fait des informations que je vous ai données il y a deux mois ? En avez-vous parlé à vos patrons ? »

    Les agents ont approuvé de la tête. L’un d’eux a dit : « Oui, nous avons fait remonter l’info. Nous avons remis [un rapport] au grand patron. »

    L’informateur était agité :

    «  Oui, mais, est-ce qu’ils vont faire quelque chose avec ça ? Parce que, il y a trois jours, j’ai eu des infos d’une de mes deux sources ; celui au Pakistan. Il m’a juré que les attentats étaient en préparation ; ça pourrait être n’importe quand maintenant, un mois ou deux au maximum. »

    Tony a dit : « Je sais ; j’entends bien ce que vous dites, mon gars ; mais ça n’est pas à nous de faire quelque chose pour ça. Et en plus, nous n’avons pas assez d’information pour décider d’une action. On ne sait ni quand, ni comment, ni exactement où. Les seules choses que nous savons sont : des moudjahidines, des pilotes kamikazes, Ben Laden, cinq villes, et des avions. Ce n’est pas suffisant ! »

    L’informateur a répondu :

    « J’ai pensé à tout ça ; en essayant de lui trouver un sens. Le contact a dit quelque chose à propos de grandes tours (tall buildings). Peut-être qu’ils vont faire exploser les avions au-dessus de grandes tours ; je ne sais pas. Le FBI peut sans doute obtenir des précisions par les Pakistanais ; l’ISI. Ont-ils essayé ? Après tout, ce sont nos potes, et ils savent déjà tout là-dessus. »

    Les agents commençaient à montrer des signes d’exaspération et d’impatience, « iI faut qu’on y aille ; on a encore du boulot nous. On a fait tout ce qu’on a pu. On a remonté l’info au gars qui s’occupe de ça, c’est à lui de voir. »

    Alors que nous repartions à pied, le gars a crié en Farsi :

    « Pourquoi n’en parlez-vous pas à la CIA ? Ils savent. Dites-le à la Maison-Blanche. Ne ‘les’’ laissez pas ignorer tout ça jusqu’à ce qu’il soit trop tard… »

    J’ai demandé à Tony : « Peut-être que ce n’est pas une si mauvaise idée de partager ces infos avec les autres agences. Qu’est-ce que t’en penses ? »

    Il a fait les gros yeux : « C’est pas à nous de décider, Behrooz. Pour ce qui est de la Maison-Blanche, les gars du siège [du FBI] vont l’inclure dans leurs rapports ; je suis sûr qu’ils l’ont déjà fait. Frields est obligé de rapporter les infos qu’il a, tout ce qu’il collecte au niveau de l’antiterrorisme, et de l’envoyer au gars du siège qui est en charge des Bulletins de sécurité nationale (National Security Briefings) pour la Maison-Blanche. Il le fait à chaque fois. Et donc, la Maison-Blanche et les autres agences ont déjà eu vent de tout ça. Laisse tomber [ce que dit] ce gars, ok ? »

    C’est la dernière fois que nous avons parlé de cette affaire avant que les attentats du 11/9 ne se produisent. La seule autre personne à qui j’ai montré les formulaires 302 et le compte-rendu de ma traduction, avant le 11-Septembre, c’était Amin, ici présent. Ensuite, le mardi matin du 11 Septembre, tout ça m’est revenu en pleine figure, c’était comme un mur qui s’écroulait sur ma tête.

    Ce matin-là, nous avons écouté les infos, et nous sommes tous allés dans l’unité d’à côté pour regarder les reportages de CNN sur les écrans télés installés là-bas. Dès que j’ai vu les avions percuter ces tours, je me suis dit : ‘Oh mon dieu, oh mon dieu ; on avait été prévenus ; on avait été prévenu de tout ça, très précisément’ ; je me suis quasiment évanoui ; j’entendais encore les mots de l’informateur : ses derniers avertissements qui nous exhortaient à faire quelque chose rapidement. Et nous n’avions RIEN FAIT. Et maintenant c’était trop tard. J’avais la nausée. J’en étais malade.

    Quelques minutes plus tard, j’ai vu l’un des deux agents ; j’ai traversé la foule amassée devant les écrans, des centaines de personnes, et je l’ai rejoint. Il m’avait vu avant que je l’atteigne  nous nous sommes regardés dans les yeux ; des yeux qui savent ; il ressentait ce que je ressentais ; nous étions responsables de tout ça. Quelqu’un au FBI allait être poursuivi pour tout ça.

    Quand j’ai pu finalement le rejoindre, je lui ai demandé « qu’est-ce qu’on va faire ? Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? » Il a secoué la tête et a murmuré : « Aucune idée. J’arrive même plus à réfléchir maintenant. Je ne sais pas, Behrooz. On a bien foiré là ; le Bureau a baisé notre pays. Pourquoi ? Oh mon dieu, on a laissé ça se produire. »

    Sur ce, nous sommes sortis de la pièce. Je suis retourné contrôler mon tiroir et m’assurer que tout y était encore ; les formulaires 302, ceux des deux réunions, mes comptes-rendus de traduction ; les deux. Tout y était.

    Quelques jours plus tard, alors que nous nous rendions sur une mission avec Amin et les deux agents, j’ai  abordé le sujet.  Ils évitaient de me regarder dans les yeux. J’ai demandé aux deux agents ce qu’ils comptaient faire ; s’ils avaient déjà fait quelque chose. Au début ils restèrent évasifs. Puis, sur mon insistance, l’un d’eux, Tony, a dit : « Écoute, Frields nous a convoqués à son bureau et nous a donné un ordre ; un ordre absolu. » J’ai demandé ce qu’était cet ordre. Il a dit : «  Nous n’avons jamais eu aucun avertissement ; ces conversations n’ont jamais existé ; ça ne s’est jamais produit. C’est tout.  Il a dit que c’était super sensible… et que personne ne devait jamais parler de cette affaire. Point final. »

    * * *

     

    Sibel Edmonds

    BoilingFrogs, le 2 fév. 2011

     

    Traduction GV pour ReOpenNews


    En lien avec cet article :

    Et aussi :

    Film sur Sibel Edmonds :

     


    A ne pas manquer : le film "911 Press for Truth" en visionnage libre sur notre compte DailyMotion

    Ou commandez le DVD

    Après les attentats du 11 Septembre, un petit groupe de familles en deuil mena une bataille tenace contre ceux qui cherchaient à dissimuler la vérité sur ces évènements. A leur grande surprise, le président Bush fut de ceux-là. Dans 9/11 PRESS FOR TRUTH, six membres de ces familles, dont trois des fameuses "Jersey Girls", racontent pour la première fois comment ils ont affronté les grandes puissances de Washington – et gagné – en les contraignant à la mise en place d’une commission d’enquête qui très vite s’avéra incapable de répondre à la plupart de leurs questions.

    En adaptant la Chronologie complète du 11 Septembre (Complete 9/11 Timeline) publiée par HarperCollins sous le nom "The terror Timeline", les réalisateurs ont collaboré avec des professionnels du film documentaire de chez  Globalvision (WMD: Weapons of Mass Deception, Beyond JFK) pour rassembler de rares reportages d’actualité oubliés, des histoires tues et des conférences de presse du gouvernement, mettant ainsi à jour de nombreux mensonges officiels, fraudes et défilements. Il en ressort un tableau du 11 Septembre complètement différent qui soulève des questions nouvelles et cruciales.

    Quelles actions furent menées par les hauts responsables du gouvernement qui reçurent des douzaines d’alertes spécifiques avant les attentats ? A-t-on permis à Oussama Ben Laden et à son second d’échapper aux forces US en Afghanistan ? Et quelle fut la raison de la dissimulation délibérée des preuves par l’État ? Peut-être la chose la plus important de toutes : Pourquoi, 8 ans après, tant de questions des familles des victimes restent-elles sans réponse ? … autant de questions soulevées par ce documentaire exceptionnel.
    "On sentait que le pays était menacé par le terrorisme et par l’incompétence, et peut-être pire." Lorie Van Auken, veuve du 11 Septembre

     

     

  • 09/11: L’ex-agent Susan Lindauer


    L’ex-agent Susan Lindauer : la CIA savait en avril 2001 que le 11-Septembre allait se produire

    23 mai, 2011 by GeantVert

    L’ex-agent de la CIA Susan Lindauer vient de publier un livre intitulé "Extreme prejudice" dans lequel elle réitère ses affirmations sur la pré-connaissance par la CIA des événements du 11/9. Selon cette "lanceuse d’alertes" qui a servi pendant la période précédant les attentats de 2001 d’intermédiaire entre les USA et la diplomatie irakienne, les cibles des Tours Jumelles et l’utilisation d’avions détournés étaient des éléments connus de la CIA depuis avril-mai 2001. Son témoignage pourrait paraître exubérant s’il n’avait été corroboré à plusieurs reprises par des témoins à qui elle avait fait part de ses inquiétudes durant l’été 2001, dont son frère John Lindauer, qui l’a rapporté au New York Times en juillet 2004

    On savait déjà grâce à l’autre lanceuse d’alertes Sibel Edmonds, que le FBI avait aussi été informé d’opérations kamikazes imminentes, mais qu’aucune mesure visible n’avait été prise, au grand désarroi des deux agents du FBI qui avaient recueilli ces informations.

    Notons aussi que Susan Lindauer est une cousine lointaine d’Andrew Card, le chef de cabinet de George W. Bush, et qu’elle dit avoir tenté à plusieurs reprises de le prévenir de ces attentats en août 2001. Sa dénonciation du camouflage entourant le 11/9 et la guerre en Irak lui a valu d’être poursuivie par la justice américaine et de passer une année en prison. Quel crédit apporter à ses déclarations ? Aux lecteurs de se faire leur propre idée. Toujours est-il que nous ne pouvions pas omettre de relayer cet article saisissant paru récemment sur le site The Intel Hub

    Enfin, même si cela n’a pas encore paru dans nos pages, qu’au moment même où les lois  liberticides PATRIOT ACT sont reconduites pour quatre ans aux USA, des mesures drastiques sont sur le point d’être adoptées contre les lanceurs d’alertes menacés notamment de perdre leur droit à la retraite fédérale sur la seule décision de l’administration, c’est-à-dire sans recours juridique.  A l’instar du soldat Manning toujours incarcéré pour avoir soi-disant transmis des documents classifiés à Wikileaks, il est clair que les avertissements se multiplient.  On voudrait faire taire les contestataires, ou ceux qui en savent un peu trop, qu’on ne s’y prendrait pas autrement.

     

     

     

    Un temps pour la vérité : La mort de Ben Laden ne mettra pas fin à la Guerre contre le terrorisme tant que les Américains ne comprendront pas que la vraie menace a toujours été l’Amérique elle-même.

    paru sur TheIntelHub, le 10 mai 2011

    Traduction Vincent pour ReOpenNews

    Susan Lindauer, lanceuse d’alertes (whistle Blower) sur les événements du 11-Septembre et auteur du livre Extreme Prejudice: The Terrifying Story of the Patriot Act and the Cover Ups of 9/11 and Irak.  qui relate son calvaire en tant que deuxième Américaine non arabe à avoir été inculpée au travers des lois Patriot Act, et à avoir dû faire face à des accusations secrètes, des preuves secrètes, des témoignages secrets d’un jury d’accusation, ainsi qu’à des menaces de détention illimitée.

      

    Certains de nos dirigeants pensent que les Américains n’ont pas besoin de connaitre la vérité au sujet du 11-Septembre maintenant qu’Oussama est mort et que tout est terminé.

    En tant que personne qui a souffert pendant presque dix ans des dissimulations entourant le 11-Septembre, je veux dire mon plus complet désaccord. J’en ai ma claque de demander une vraie enquête par le Congrès. Le Congrès connaît déjà la vérité sur le 11-Septembre.

    Voilà pourquoi ils ne fouillent pas. Mais ce serait une grossière erreur d’attendre la permission de parler pour tous ceux d’entre nous qui connaissent la vérité, du moins en  partie. L’Amérique s’est elle-même prise au piège dans le cauchemar mythologique d’un terrorisme qui exagère [la puissance de] nos ennemis, pendant que nos dirigeants utilisent notre patriotisme et nous aveuglent en faisant passer des mesures erronées de politique de sécurité nationale. Cette politique ne peut pas être efficace si elle affaiblit notre pays.

    Les États-Unis ont atteint un moment charnière, celui où il faut considérer la fin de l’ « Ere de l’Amérique ». C’est ce qui rend impératif un examen impartial du 11-Septembre.

    Les Américains doivent démystifier le 11-Septembre, et crever enfin cette bulle terrifiante qui entoure la « Guerre au Terrorisme », et  ils pourront ainsi balayer les menaces bidon dont Washington se sert pour fomenter des guerres au Moyen-Orient, tout en ruinant notre économie par des dépenses militaires hors de tout contrôle au détriment de nos  droits civils, tout cela au nom de la sécurité nationale. 

    Le mensonge lui-même est parfaitement effrayant. Valerie Plame, une femme que j’admire profondément, a récemment tenté d’expliquer aux Américains que le gouvernement des États-Unis n’aurait pas pu cacher aussi longtemps un secret aussi énorme et dévastateur.

    Vous voulez parier ? J’ai moi-même été récompensée de cinq années d’inculpation, accusée d’être un ‘agent irakien’, avec à la clef une année de prison dans la base aérienne de Carswell à Forth Worth au Texas – sans aucun procès ni audition – après que j’eus demandé à témoigner au sujet de l’Irak et du 11-Septembre.

    Trente jours après avoir parlé avec des hauts responsables de l’équipe des Sénateurs Trent Lott et John McCain, le FBI s’est présenté avec un mandat d’arrêt à mon encontre.

    Mon acte d’accusation de 5 ans sous couvert du Patriot Act m’a valu le surnom de ‘Symbol Susan’. Ce n’était pas très subtil. L’acharnement dont j’ai fait l’objet était résolument destiné à effrayer quiconque aurait envisagé de parler. Les dissimulations autour du 11-Septembre et de l’Irak ont mis le PATRIOT ACT en exergue comme l’outil de prédilection pour faire taire les « lanceurs d’alertes » (whistle blowers)

    Aux autres [lanceurs d’alertes] je dis ; ils ne peuvent pas nous faire taire si nous refusons de nous taire. Je mets au défi le Congrès de remettre notre pays sur la bonne voie en organisant des auditions sur le 11-Septembre afin de prendre en compte notre témoignage. Je serais heureuse de prêter serment devant tous.

    La vérité : un été plein d’avertissements

    La vérité est que notre équipe, qui triangulait avec la CIA et la DIA (Defense Intelligence Agency) a discuté pendant tout l’été 2001 du scénario exact des attentats du 11-Septembre et de leur planification.

    Nous en avons parlé pratiquement chaque semaine lors de nos réunions. Nous en avons également discuté par téléphone, plaisantant ouvertement – ‘Bonjour la NSA ! Allez, décrochez ce téléphone – ’ sachant bien que la NSA avait mis mes lignes sur écoute.

    Il ne fait aucun doute que l’histoire de la conspiration du 11-Septembre a été fabriquée plusieurs mois à l’avance afin de préparer les milieux du Renseignement à une réaction du gouvernement. Et cela s’est déroulé exactement comme ils nous l’avaient dit – avec l’aide d’une équipe autonome chargé des explosifs. Cela sera expliqué dans un deuxième article. Les deux ne sont pas contradictoires. 

    Avant d’en arriver là, les Américains doivent d’abord accepter les motivations qui ont conduit au 11-Septembre, et les raisons pour lesquelles le gouvernement des États-Unis a permis que cela se produise. C’était comme pour Pearl Harbor. Cela répondait à un agenda bien défini.

    Lorsque j’ai été prévenue du 11-Septembre, en avril-mai 2001, j’ai aussi appris que les États-Unis avaient prévu de déclarer la guerre à l’Irak immédiatement après les attentats. Les deux étaient déjà liés, de cause à effet.

    Menaces de guerre contre l’Irak

    Je peux en attester de manière catégorique, car j’étais la personne mandatée pour faire part de ces menaces aux diplomates irakiens à l’ONU. J’étais chargée de leur expliquer que « les États-Unis avaient l’intention de déclarer la guerre à l’Irak si Bagdad échouait à fournir des renseignements exploitables pour stopper le complot impliquant des détournements d’avion et une frappe contre le World Trade Center. Nous bombarderions l’Irak plus sauvagement que jamais – et le renverrions à l’âge de pierre. »

    Mon responsable à la CIA m’a en outre demandé de souligner le fait que la menace de guerre « qui émanait des plus hauts niveaux du gouvernement – au-dessus du Directeur de la CIA et du Secrétaire d’État. » Il a estimé que les avertissements auraient plus de poids si les diplomates irakiens avaient conscience du pouvoir de ceux qui formulaient ces menaces.

    Étant donné que je représentais le principal canal « secret » de communication avec Bagdad entre 1996 et 2003, j’ai continué de transmettre ce même message avec toutes les précisions voulues, d’avril-mai 2001 jusqu’au 4 août 2001. Je peux déterminer la date avec précision, car la conversation avec mon chef à la CIA eut lieu le jour même où se tint l’audience du Sénat pour confirmer la nomination de Robert Mueller à la tète du FBI.

    Mon responsable à la CIA, le docteur Richard Fuisz a supposé tout haut que l’attaque du 11-Septembre pourrait survenir, et il l’a fait avant même que Mueller ne prenne officiellement le poste de Directeur du FBI.

    Dans la même conversation, le docteur Fuisz m’a avertie que je ne devais pas retourner à New York, parce que l’attaque était ‘imminente’ et que la CIA s’attendait à des ‘pertes massives’ et à un ‘éventuel dispositif thermonucléaire miniature’. Passant outre ses objections, j’ai insisté pour retourner une dernière fois à l’ambassade d’Irak à l’ONU afin de vérifier si les diplomates avaient reçu des rapports de Bagdad. J’ai  ensuite promis de ne pas remettre les pieds à New York jusqu’à ce que les attentats aient eu lieu. 

    Ma réunion avec les diplomates irakiens s’est déroulée deux jours plus tard, le samedi 4 août. Et je ne suis retournée à New York que le 18 septembre.

    Soyons clairs : la menace n’était ni vague ni indéterminée. Nous nous attendions vraiment à des détournements d’avion et à une certaine forme de frappe aérienne visant spécifiquement le World Trade Center. Aucune autre cible ou lieu n’a jamais été évoqué.

    Les détails du complot du 11-Septembre et le récit complet du Renseignement d’avant la guerre en Irak sont révélés dans mon livre, “Extreme Prejudice: The Terrifying Story of the Patriot Act and the Cover Ups of 9/11 and Iraq.” Cet ouvrage constitue un authentique thriller d’espionnage, et s’attache au vrai fond du problème, alors que cet article ne fait qu’en effleurer la surface.  

    Extreme Prejudice’ révèle une réalité très différente de ce que l’Amérique a entendu jusque-là. Je défie le Congrès de me faire prêter serment et de me poser toutes les questions qu’ils veulent. Les Américains ont le droit d’entendre mon témoignage direct, qui révélera la chronologie complète de nos discussions à propos de ce complot, et aussi celle de tous nos efforts pour empêcher ces attentats.

    Attendez-vous à être surpris. En tant qu’activiste antiguerre de longue date, j’ai vraiment été troublée par les menaces qu’il m’avait été demandé de délivrer aux diplomates irakiens. Et je ne suis pas quelqu’un de passif. 

    Ajoutant à la tension, durant l’été 2001 la communauté internationale avait développé un profond écœurement à l’égard des sanctions de l’ONU qui détruisaient le tissu social et l’infrastructure publique de l’Irak. Les sanctions de l’ONU – que j’ai également condamnées – étaient sur le point de se terminer. La communauté internationale aurait condamné toute intervention militaire unilatérale contre l’Irak.

    La CIA connaissait à l’avance le sort réservé à l’Irak. A l’insu du public, depuis les premiers jours de l’administration Bush en janvier 2001[1], notre équipe avait commencé à élaborer un plan d’ensemble pour que tous les objectifs des USA soient atteints – y compris les inspections d’armes sur le terrain – et que les États-Unis puissent prétendre à une victoire significative tout en cédant à la pression pour que les sanctions de l’ONU prennent fin. 

    L’anti-terrorisme était une composante centrale de notre plan de paix. En fait, l’Irak avait donné son accord en février 2001 pour qu’une unité opérationnelle du FBI vienne sur place enquêter sur le terrorisme irakien. La CIA avait également obtenu l’accord de l’Irak sur des contrats de grandes reconstructions pour les sociétés américaines dans les télécommunications, les hôpitaux et les soins de santé, les transports – et le pétrole. Les États-Unis prenaient tout ce qu’ils voulaient. Et la CIA voulait tout.

    Nos efforts conjugués pour stopper le 11-Septembre

    Lorsque mon responsable à la CIA, le docteur Fuisz m’a informée le 2 août que l’attaque du 11-Septembre était en train de se mettre en place et était même considérée comme ‘imminente’, nous avons décidé d’un commun accord de tout faire pour empêcher cette tragédie.

    Je ne suis pas en train de vous parler de ce qu’on fait les autres, mais de ce que j’ai moi-même entrepris ‘en temps réel’ pour empêcher  les attentats du 11-Septembre de se produire.

    Le lundi 6 août, j’ai remis mon rapport au docteur Fuisz suite à mon voyage à New York. Je lui ai dit que les diplomates irakiens avaient baissé les bras. Ils n’avaient rien à nous donner. Oui, m’ont-ils assuré, Bagdad était pleinement conscient que l’Irak faisait face à une menace de guerre de grande ampleur si une attaque du style du 11-Septembre survenait. Ils ont compris qu’il était dans leur intérêt de nous fournir même le plus petit renseignement qui pourrait nous  aider à stopper l’attaque. Ils ont compris que le 11-Septembre compliquerait notre plan de paix exactement au moment où la communauté internationale s’apprêtait à rejeter les sanctions de l’ONU. Résultat des courses, ils n’avaient rien à nous offrir.

    Ma position dans cette discussion avait quelque chose d’étrange, car j’éprouvais une profonde antipathie envers les sanctions et envers la violence du terrorisme et de la guerre. Pour ces raisons, j’ai informé le docteur Fuisz que je me sentais très motivée pour faire tout ce qui était en mon pouvoir pour stopper le 11-Septembre, à la fois pour protéger les citoyens de la ville de New York et pour empêcher une guerre inutile – exactement au moment où notre équipe réalisait ce remarquable plan de paix qui allait permettre aux USA d’atteindre tous leurs objectifs.

    Sur instructions données par le docteur Fuisz le 6 août, j’ai personnellement téléphoné au cabinet du Procureur général John Ashcroft au Département de la Justice le 7 ou le 8 août. M’identifiant comme l’agent de la CIA couvrant les ambassades d’Irak et de Libye aux Nations Unies, j’ai personnellement demandé que le Bureau d’Ashcroft publie « un bulletin d’alerte d’urgence dans toutes les agences, pour rechercher toute source d’information sur des détournements d’avion, avec comme cible privilégiée le World Trade Center. »

    J’ai décrit l’attaque comme ‘imminente’, avec la possibilité de ‘pertes massives’. J’ai demandé le maximum de coopération entre toutes les agences, et aussi que toute information [pertinente] soit immédiatement envoyée à la CIA.

    Suite à ma requête, le personnel du sacro-saint bureau du Procureur Général John Ashcroft m’a transmis le numéro de téléphone du Bureau du Contre-terrorisme au Département de la Justice, et m’a urgemment prié de répéter exactement ce que je venais de leur dire. Ce que je fis sans délai. J’ai composé le numéro. J’ai parlé aux employés.

    Je ne prenais pas vraiment de risques. Quelques jours plus tard, je rendis visite à mon cousin Andrew Card, Chef de Cabinet à la Maison Blanche. J’ai patienté dans ma voiture pendant que ses voisins épiaient à la fenêtre ; j’étais bien déterminée à le prévenir au sujet de notre scénario du 11-Septembre, et à demander de l’aide au niveau du cabinet pour contrecarrer l’attaque. Hélas, Andy n’est pas rentré. Lorsque je suis partie deux heures plus tard, j’ai pensé que j’étais en train de  commettre la plus grande erreur de ma vie.

    Il restait beaucoup de temps pour contrecarrer l’attaque. Les Américains ont le droit de connaître la façon dont les hauts responsables du gouvernement ont accueilli nos avertissements, et  ont en réalité contrarié nos efforts dès août 2001.

    Beaucoup de choses se sont produites durant ce mois d’août 2001 – y compris une seconde série d’événements dont j’ai eu vent plusieurs années après, qui impliquait une équipe autonome non-identifiée chargée de poser des explosifs dans les Tours Jumelles. Mon prochain article expliquera comment ces deux complots ont convergé. Contrairement à ce que suppose l’association pour la vérité sur le 11/9, ces deux opérations ne s’annihilent pas l’une l’autre.

    Mais les Américains doivent d’abord comprendre que l’opération du 11-Septembre fut réellement une forme d’abdication, un authentique Pearl Harbor, autrement dit, les services de Renseignement américains et étrangers avaient très bien compris ce qui allait arriver. 

    Les hautes sphères de l’administration américaine ont pris la décision de laisser l’attaque se produire – parce que la décision d’utiliser le 11-Septembre comme prétexte pour déclarer la guerre à l’Irak avait déjà été prise. Alors même qu’à l’époque la paix s’installait au Moyen-Orient, le « Parti de la Guerre » a exigé une menace massive pour pouvoir renverser le processus de paix. Ils ont décidé clairement que rien ne pourrait faire obstacle à cet objectif. 

    Une fois que l’on a ces éléments en tête, le 11-Septembre devient compréhensible.

    Une partie de mon témoignage surprendra l’Amérique – comme les efforts du gouvernement de Saddam Hussein pour garantir une coopération totale de l’Irak dans la lutte anti-terroriste internationale avant et après le 11-Septembre. Ceci sera expliqué dans un prochain article.

    En fin de compte, mon livre, « Extreme Prejudice »fournit une vision d’ensemble de la brutalité utilisée par le Département de la Justice pour me réduire au silence, moi et d’autres agents, en utilisant le PATRIOT ACT comme arme pour garantir la réussite de sa supercherie. (Un indice : C’est en regardant la télévision depuis la prison que d’autres agents ont assisté [comme moi] aux dissimulations sur le 11/9. J’étais loin d’être la seule prisonnière). 

    Oh tout n’a pas été si mal ! Mon responsable de la CIA a reçu en novembre 2001 la somme de 13 millions de dollars exonérés d’impôts pour les enquêtes sur le 11-Septembre – il s’est construit une immense demeure située à un jet de pierre du quartier général de la CIA à McLean, en Virginie. Pas un centime n’a été dépensé pour le 11-Septembre.

    Cela dit, le gouvernement ne s’en plaint pas. Mais détourner l’argent du contribuable destiné à la coopération irakienne pour l’enquête sur le 11-Septembre, c’est enlever le pain de ma bouche. J’ai payé un prix terrible. Plus d’informations très bientôt.   

    La démocratie exige la transparence

    Tous les avertissements concernant le 11-Septembre, la dissimulation – les arrestations et les pots de vin – devraient déranger aussi bien les Démocrates que les Républicains qui se vantent du soutien de leur hiérarchie envers les personnes activement engagées dans la lutte contre le terrorisme. Cela revient à trahir leur serment de fidélité, c’est évident. Et cela noircit leur rôle de garant de la sécurité nationale, qui sera une mis à l’épreuve lors de la campagne électorale de 2012. Ceux qui ne se soucient pas du bien-être des citoyens ne doivent par être au gouvernement.

    En deux mots, la démocratie exige la transparence envers le citoyen. Les Américains ont le droit fondamental de connaître la vérité sur le 11-Septembre, et sur la décision prise plusieurs mois avant les attentats de déclarer la guerre à l’Irak – par les temps qui courent, la sécurité nationale est une affaire sérieuse. Les Américains exigent des éclaircissements, pour évaluer la performance des dirigeants et la qualité de la politique mise en œuvre en leur nom.

    Les dirigeants sincères et bien intentionnés ne doivent pas avoir peur. En revanche, les dirigeants malveillants doivent être renvoyés, et ce, pour le bien du gouvernement. Plus inquiétant, l’héritage du 11-Septembre s’est révélé être préjudiciable pour la sécurité de notre pays.

    Selon le National Journal, la lutte contre ce monstre fantomatique du terrorisme met en jeu aujourd’hui 1 271 agences gouvernementales, générant 50 000 rapports par an du renseignement que d’ailleurs personne ne lit.

    Pendant ce temps, ‘les budgets secrets’ pour des opérations de renseignements se sont multipliés à raison de 75 milliards de dollars par an, finançant la surveillance nationale et internationale qui contrôle les citoyens respectueux des lois de ce pays.

    Il n’existe aucune autorité de contrôle fédéral ou de surveillance du Congrès pour ces ‘budgets secrets’. Le tout est exonéré d’impôts et non régulé. C’est un gouvernement secret devenu incontrôlable.      

    La mort d’Oussama Ben Laden a peut-être été une grande victoire pour la CIA, mais elle ne ramènera pas les soldats américains d’Irak et d’Afghanistan, où les opérations militaires ont coûté 1 600 milliards de dollars et cela continue. Elle ne mettra pas fin au non-sens de la guerre contre la Libye, qui n’a aucune justification.[2]

    La mort d’Oussama Ben Laden n’annulera pas les étapes programmées pour les futures guerres contre la Syrie, et Dieu nous en protège, l’Iran.

    Est-ce vraiment patriotique de rester silencieux pendant que le complexe militaro-industriel dévore notre économie pour ses propres intérêts ? Et sans que cela bénéficie aux soldats américains ? L’Amiral Mullen, chef d’état-major, ne le considère pas de cette manière. Il a décrit la dette nationale américaine comme ‘la plus grande menace pour notre sécurité nationale’.

    Notre pays se trouve au bord du précipice. Si nous voulons restaurer les grandes traditions de liberté et d’autorité morale, nous devons réapprendre l’histoire du 11-Septembre.

    Nous devons reconnaître que les menaces réelles pour notre qualité de vie ne se trouvent pas ‘dehors’. Elles commencent ici. Et ces menaces sont perpétrées par les mythes que nos dirigeants ont inventés au cours de cette tragique matinée. 
    Aujourd’hui sonne le glas du mensonge. La réussite de notre politique de sécurité nationale, et notre capacité à éviter de futures guerres qui ne feront que détruire cette planète, en dépendent.


    Le prochain article de cette série montrera comment la théorie des explosifs va de pair avec celle des détournements d’avion et de la frappe aérienne sur le World Trade Center. Les Américains comprendront pourquoi les deux ne sont absolument pas contradictoires. 

     

    Susan Lindauer

    TheIntelHub, 10 mai 2011

     

    Traduction Vincent pour ReOpenNews


    Notes ReOpenNews :

    1. Ceci est expliqué notamment dans l’article "Pétrole et 11 septembre 2001", paru en avril 2010,
    2. Lire à ce propos l’article "Le recyclage des hommes de Ben Laden : Ennemis de l’OTAN en Irak et en Afghanistan, alliés en Libyesur VoltaireNet.org

     


    En lien avec cet article :


     

     

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    NUMERO 22, JUILLET/AOUT 2013

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    André Langaney, alias Dédé-la-science, raconte des histoires de gènes, de plaisir... L’interview fourmille d’anecdotes pour mieux comprendre l’évolution de l’espèce et notre intérêt pour la sexualité. Le mariage pour tous est dans la nature, foi de scientifique. Il a concocté un quiz pour “Tester vos connaisSciences”. Avec des questions comme : Qu’est-ce qui pèse 50 kg comme votre copine ?
      a. un œuf de dinosaure,
      b. une couille de baleine,
      c. une tortue luth adulte,
      d. un fruit de jacquier.

     
    N°22 Siné Mensuel

    Pierre Carles décortique l’affaire Clément Méric, avec une lecture bourdieusienne.

    Littérature : Après Mapuche et Zulu, une nouvelle inédite de Caryl Férey. Martine Laval nous livre un très beau texte, tout comme Patrick Raynal, l’auteur de polars, et Jean-Marie Laclavetine.

    Écran total, soit une sélection de films à voir ou à revoir pour petits et grands. Et un Cinéquiz signé Jean-Pierre Bouyxou.

    Les dessinateurs Jiho, Poussin, Berth, Chimulus, Large, Faujour, Aranega, Lasserpe, Carali, Willem, Desclozeaux, Lindingre, Geluck, Mix & Remix, Malingrëy, Mric, Kap, Siné… sont bien sûr au rendez-vous de ce numéro !

    Presse : presse@sinemensuel.com   06 61 54 37 69 / 01 43 26 01 11