Sous Obama...
Sous Obama, pas de pitié pour ceux qui informent les journalistes
Alors que Guantanamo, oublié des médias, n’a toujours pas été fermé et que les libertés individuelles sont très régulièrement restreintes au nom de la sécurité, ce sont maintenant les lanceurs d’alerte qui sont la cible du gouvernement états-unien. Alors que Wikileaks et les réseaux sociaux sur internet sont des accélérateurs d’information, les gouvernements tentent de garder le contrôle de populations chaque jour plus indignées par les pratiques des dirigeants.
En France, on saluera l’initiative toute récente de Mediapart, qui vient de lancer FrenchLeaksafin de faciliter les fuites d’information. Espérons que de nombreux "lanceurs d’alerte" français en profiteront pour permettre la diffusion de documents d’intérêt public.
"Première Agence de renseignement du peuple"
ou Wikileaks, le symbole d’une nouvelle guerre de l’information.
ou Wikileaks, le symbole d’une nouvelle guerre de l’information.
Sous Obama, pas de pitié pour ceux qui informent les journalistes
21 mars 2011, par Lucile Malandain pour l’AFP
Elu sur la promesse d’un gouvernement transparent, le président américain Barack Obama et son administration ont poursuivi en justice depuis deux ans davantage de personnes pour avoir fourni des informations confidentielles aux médias qu’aucun de ses prédécesseurs.
"L’actuel président a pour l’instant poursuivi cinq personnes pour avoir dénoncé des dysfonctionnements ou pour avoir donné des informations confidentielles" aux médias, regrette Dan Ellsberg, un ancien militaire qui a lui-même, en 1971, fourni à des journaux des documents secrets sur la guerre du Vietnam.
Poursuivi à l’époque par l’administration Nixon dans une affaire connue sous le nom des "Pentagon papers" (les documents du Pentagone), il avait finalement bénéficié d’un non-lieu, l’administration ayant multiplié les irrégularités dans l’enquête.
"Nous assistons à une campagne totalement sans précédent en termes judiciaires contre ceux qui dénoncent des dysfonctionnements", ajoute cet homme, dont le cas a fait jurisprudence depuis les années 70.
Sollicitée par l’AFP sur ce sujet, la Maison Blanche n’a pas donné suite.
Selon des experts, seules trois personnes avaient jamais été poursuivies aux Etats-Unis pour des fuites aux journalistes, quand Obama a, à lui-seul, engagé – ou poursuivi – cinq instructions.
Parmi elles, le jeune soldat Bradley Manning, incarcéré et inculpé pour avoir fourni des dizaines de milliers de documents à WikiLeaks. Ses pénibles conditions de détention provisoire font débat.
Mais Jeffrey Sterling, un ancien de la CIA accusé d’être la gorge profonde d’un journaliste du New York Times sur des opérations américaines secrètes en Iran, risque également la prison. De même que Thomas Drake, dont le procès pour avoir révélé au même journal en 2005 l’existence d’un vaste programme secret de surveillance électronique des Américains sous l’administration Bush doit se tenir en avril.
Dans tous ces cas, "il va être difficile de prouver que les informations révélées l’ont été dans l’intention ou en ayant des raisons de penser que ces informations doivent être utilisées au préjudice des Etats-Unis", déclare à l’AFP Andrew Contiguglia, avocat constitutionnaliste, en citant la loi sur l’Espionnage de 1917 en vertu de laquelle le ministère public poursuit les redresseurs de torts.
Ces hommes "ont donné des documents à des journalistes, pas à des espions" ni des gouvernements étrangers, relève-t-il.
"Qu’est-ce qui permet de penser qu’une information fournie à la presse sera utilisée contre les Etats-Unis?" s’interroge-t-il.
Mais, nuance Dan Marcus, professeur de droit à l’American University de Washington, "le président Obama essaie peut-être de démontrer que malgré ce que disent les Républicains, il prend très au sérieux la défense de la sécurité nationale".
"Je suis sûr que certaines investigations sur des fuites ont été déclenchées par des craintes émanant de la Maison Blanche", explique-t-il à l’AFP. Pour autant, selon lui, "la décision d’entamer des poursuites judiciaires n’est pas vraiment politique" puisque lancée par les procureurs.
M. Marcus reconnaît néanmoins "une certaine hypocrisie" lorsque, dans le même temps, "de hauts responsables de ces administrations font souvent fuiter des informations quand ils pensent que c’est dans l’intérêt du gouvernement".
Par Lucile MALANDAIN pour l’AFP.
WASHINGTON
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