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Azel Guen : Décryptage de l'Actu Autrement - Page 36

  • MEURTRE DE TROIS MUSULMANS

    COMMENT TWITTER A FORCÉ LES MÉDIAS À S'INTÉRESSER AU MEURTRE DE TROIS MUSULMANS AMÉRICAINS

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    Les médias ont-ils failli dans leur couverture de la tuerie de Chapel Hill, en Caroline du Nord, où trois musulmans ont été abattus par un voisin mardi 10 février en fin d’après-midi ? Difficile d’en douter à en croire les centaines de milliers de messages sur Twitter condamnant la sous-médiatisation d’un meurtre possiblement islamophobe.

    Trois morts sur un campus américain, et une polémique internationale. Mardi peu après 17 heures, une étudiante de 21 ans, sa sœur et son mari sont assassinés sur un campus de Caroline du Nord par un voisin de 46 ans, Craig Stephen Hicks. Ce qui pourrait ressembler à un fait divers habituel aux États-Unis, s’est transformé dès le lendemain en un débat qui déborde des frontières américaines. Le fait que les trois victimes soient musulmanes, et que le tueur se présente sur Facebook comme un "athée militant" ont d’abord posé la question du motif, potentiellement raciste et islamophobe du triple homicide. Surtout, la faible couverture médiatique a provoqué hier, mercredi 11 février, un véritable tollé aux États-Unis.


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    Le tueur Craig Hicks postait très régulièrement sur son mur Facebook des images anti-religions, mais aussi des photos de ses armes et des images en faveur des droits des homosexuels. Ici : "Si tu penses que tu pourras profiter du paradis pendant que la multitude est torturée pour toujours... alors tu es autant un sociopathe que le dieu que tu adores."

    Il faut dire que mercredi matin, aucune des chaînes nationales d’info américaines ne faisait ses titres sur la mort de Deah Shaddy Barakat, 23 ans, sa femme Yusor Abu-Salha, 21 ans, et la soeur de cette dernière, Razan Abu-Salha, 19 ans. Les premiers détails des meurtres étaient pourtant sortis dès mardi 18h dans la presse locale, après que le tueur s’était rendu de lui-même aux autorités. Résultat, des milliers de personnes sur Twitter ont fustigé cette absence de traitement médiatique derrière le hashtag #MuslimLivesMatter ("la vie des musulmans compte", en référence au hashtag utilisé après Ferguson) et #ChapelHillShooting (utilisé plus d’un million de fois depuis mardi).

    Tweet1

    "S'il s'agissait d'un tireur musulman qui avait tué 3 athées, les titres «ATTAQUE TERRORISTE» seraient sur toutes les Unes"

    Chapel

    "La tuerie de Chapel Hill a eu lieu il y a plus de 9 heures. Toujours pas de couverture par CNN, Fox News, MSNBC et les principales chaînes"

    Et les réactions n’étaient pas cantonnées aux États-Unis. Dans une tribune publiée par Al Jazeera tôt mercredi matin, le professeur de communication canadien Mohamad Elmasry estime ainsi que Chapel Hill montre à quel point les médias occidentaux ont un problème avec les musulmans. "Les médias vont probablement dépeindre le tueur comme un fou isolé, comme ils le font pour la plupart des criminels islamophobes […] Il y aura surement très peu d’indications sur le fait que le tueur aurait agi sur la base d’une idéologie, d’un problème plus large. Et si les violences anti-musulmans étaient en fait la conséquence d’une certaine idéologie occidentale actuelle ? Et si l’islamophobie était devenu tellement évidente, tellement acceptée, qu’elle représente maintenant un système de pensée dominant, ou au moins partagé par de larges poches de populations dans certaines régions ?", analyse le chercheur, citant plusieurs études ayant montré que les musulmans sont le plus souvent désignés comme un groupe homogène d’individus violents ou menaçants dans les médias occidentaux. Il n’hésite d’ailleurs pas à faire le lien entre le peu d’intérêt des médias américains pour la tuerie de Chapel Hill et le silence occidental face au "nettoyage ethnique" dont sont victimes les musulmans de Birmanie.

    Plus on dépeint une communauté comme étrangère, comme une menace, plus on risque de les déshumaniser. Et c’est ce qui se passe, à tel point que quand ils se font tuer, il n’y a pas de désir de leur donner la même attention qu’à d’autres victimes de la terreur", analysait de son côté une militante associative anglaise, Sabbiyah Pervez, dans une tribune pour le journal britannique The Independant.

    24 HEURES PLUS TARD, FOX NEWS ET CNN ONT OUBLIÉ CHAPEL HILL

    Pour d’autres, cette très faible couverture pourrait s’expliquer en partie par le fait que les homicides ont coïncidé avec la confirmation par Obama de la mort d’une otage américaine en Syrie mardi après-midi. Une mort qui occupait alors la quasi-totalité des chaînes d’info en continu. Surtout, le site américain Mashable note que la forte mobilisation des réseaux sociaux a finalement convaincu ces chaînes de se pencher sur Chapel Hill. "Le meurtre de trois étudiants musulmans américains est désormais la principale information de CNN et Fox News après que #MuslimLivesMatter et #ChapelHillShooting soient repris au niveau international", précisait ainsi la journaliste de l’AFP Sarah Hussein mercredi en fin de matinée. Elle notait également que le nom des victimes n’a été connu que vers 4 heures du matin heure de New York, ce qui pouvait expliquer selon elle que les chaînes n’aient pas ouvert sur Chapel Hill. Un problème accentué par le décalage horaire pour les Européens : en Europe, certains s'impatientaient mercredi après-midi de l'absence de couverture de Chapel Hill, alors que les chaînes américaines ont traité la tuerie "dès" mercredi dans le courant de la matinée (heure locale).

    CNN

    Sujet de CNN sur le meurtre de Deah Barakat, Yusor Abu-Salha et Razan Abu-Salha, mercredi après-midi

    Mais 24 heures après les premiers sujets, les chaînes d’info étaient déjà passées à autre chose. Ainsi, si la tuerie de Chapel Hill figure encore aujourd'hui en bonne place sur la plupart des sites d’infos américains (comme sur le New York Times, ou leWash Post), les chaînes TV ne semblent toujours pas vraiment convaincues de l’intérêt du sujet. Sur CNN, les titres au moment d’écrire ses lignes vont de l’accord Russie/Ukraine au procès de DSK en passant par la condamnation d'une héritière de Korean Air, mais ne mentionnent pas les trois homicides. Idem sur Fox News, qui consacre pourtant un sujet (brulant) à un "étonnant bateau, échoué… en plein Boston !" suivi d’un débat (forcément polémique) sur la dangerosité de "sniffer du chocolat" (promis, on n’invente rien).

    ET EN FRANCE ?

    En France, aucun des deux grands JT n’a consacré de sujet hier soir à Chapel Hill et les chaînes d’infos en continu s’en tiennent aujourd’hui à une couverture minimale… sur leurs sites. Du côté de la presse écrite, si la plupart des sites ont relayé la tuerie en se fondant notamment sur une dépêche AFP (et certains les polémiques qui ont suivi), le triple assassinat de Chapel Hill n’est quasiment jamais en page d’accueil. Un trop plein d’actu ? 20Minutes.fr a pourtant trouvé la place pour faire figurer en une le portrait d’un homme de 109 ans qui tricote des pulls pour des pingouins. Une information qui n’intéresserait que les Américains ? Peu probable puisque le mot clé "#ChapelHillShooting" compte aujourd’hui parmi les plus utilisés en France sur Twitter.


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    En plus d'une sous-médiatisation, un deuxième reproche était adressé aux médias sur Twitter : la réticence à évoquer d’éventuels motifs islamophobes alors qu’ils font preuve de moins de prudence dans le cas de violences d’individus présumés islamistes. "Pourquoi personne n'a parlé d'un acte de terrorisme à propos de cette fusillade ? Les victimes sont-elles de la mauvaise religion ?" s’est ainsi interrogé un responsable de l’organisation "American-Arab Anti-Discrimination Committee".

    En cause notamment, la mention par les médias de l’information selon laquelle la tuerie trouverait ses origines dans une dispute autour d’une place de parking, communiquée par la police, plutôt que des motifs religieux ou politiques. Sauf que, comme le note le rédacteur en chef du magazine Muslim American, cette "dispute" entre voisins n’invalide en aucun cas l’hypothèse d’un crime raciste et/ou islamophobe. Dustin Barto souligne ainsi que les deux femmes étaient clairement "identifiables" comme musulmanes et que le niveau de violence permet de douter d'une simple querelle liée à une place de stationnement. Dans une interview, le chef de la police de Chapel Hill avait d'ailleurs bien précisé qu'il n'excluait pas qu'il puisse s'agir d'un crime raciste ("hate crime" en VO). Et les premiers éléments sur la personnalité de Craig Hicks publiés par des sites internet montraient bien à quel point il semblait quasi-obsédé par la religion.

    "CET HOMME S’EN EST DÉJÀ PRIS À MA FILLE ET SON MARI PLUSIEURS FOIS"

    Surtout, le père d’une des victimes a vivement rejeté cette explication : "Ce n’était pas une dispute à propos d’une place de parking ; c’était un crime raciste. Cet homme s’en est déjà pris à ma fille et son mari plusieurs fois, et il leur parlait avec son pistolet à la ceinture. Ils étaient mal à l’aise avec lui, mais ils ne savaient pas qu’il irait aussi loin", a expliqué Abu-Salha à la presse. Il affirme par ailleurs que sa fille avait déjà fait part de ses craintes à sa famille en parlant d’un "voisin haineux" : "Je le jure, il nous hait pour ce que nous sommes et notre apparence", lui aurait-elle confié avant le drame.

    S’il est encore difficile de confirmer ou infirmer définitivement les motifs racistes du tueur, certains se sont en tout cas déjà fait leur avis. Peu de temps après l’annonce de la tuerie, des messages de "remerciement" adressés au tueur pour son acte "courageux", ont ainsi été repérés sur Facebook et Twitter (même si comme toujours, il est difficile de connaitre l’ampleur et l’origine exacte de ces messages de haine).


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    D’autres, comme le magazine américain de centre gauche américain The New Republicpointent plutôt du doigt un "nouvel athéisme" agressif, particulièrement envers l’islam, et dont la tuerie symboliserait les dérives. Tout ça avant même que les motifs des meurtres ne soient encore établis.

     
  • La liberté d'expression de Mr Dumas

    Tollé après les propos de Dumas sur Valls

    Publié le 16/02/2015 à 10:07, Mis à jour le 16/02/2015 à 15:31

    A la Une

    Le Premier ministre Manuel Valls et sa femme Anne Gravoin, à l'hôtel Matignon, à Paris - Joel Saget - AFP/Archives
    Le Premier ministre Manuel Valls et sa femme Anne Gravoin, à l'hôtel Matignon, à Paris Joel Saget  /  AFP/Archives

    L'ex-ministre PS des Affaires étrangères Roland Dumas a provoqué un tollé lundi en affirmant sur RMC et BFMTV que Manuel Valls était "probablement" sous influence juive, évoquant ses "alliances personnelles" et, sans la nommer, l'épouse du Premier ministre, Anne Gravoin.

    Le Premier ministre est-il sous influence juive, l'invite à préciser le journaliste Jean-Jacques Bourdin après des propos tenus par M. Dumas en ce sens. "Probablement", "je peux le penser", a répondu l'ancien président du Conseil constitutionnel, âgé de 92 ans. "Il a des alliances personnelles qui font qu'il a des préjugés. Chacun sait qu'il est marié avec quelqu'un, quelqu'un de très bien d'ailleurs, qui a de l'influence sur lui", a-t-il également déclaré.

    Manuel Valls est régulièrement attaqué avec cet argument dans les milieux proches de l'extrême droite et ceux proches de Dieudonné M'Bala M'Bala, qui avait qualifié l'actuel Premier ministre "de petit soldat israélien veule et docile".

    Dans un dossier consacré à M. Valls, le 30 janvier 2014, le très droitier hebdomadaire Valeurs Actuelles écrivait notamment: "De nombreuses sources, Place Beauvau, attestent du +jusqu'au-boutisme+ d'Anne Gravoin, elle-même membre de la communauté juive, dans la lutte contre l'humoriste controversé (Dieudonné, NDLR). Une influence qui expliquerait que Manuel Valls ait mis tout son poids dans un combat pourtant loin d'être prioritaire".

    "Les mots de Roland Dumas sont inadmissibles et dangereux", a dénoncé le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll sur Tweeter.

    La ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a déploré, également sur Twitter, des propos "atterrants". "Roland Dumas nourrit l'antisémitisme ordinaire. Soutien à tous ceux qui combattent la haine".

    Ce sont des "propos inacceptables", qui "dépassent l'entendement en mettant en cause le Premier ministre avec un vocabulaire d'extrême droite", a renchéri le PS dans un communiqué.

    "C'est lamentable. C'est le discours des années 30 sur la France enjuivée. J'ai connu Roland Dumas résistant et pas reprenant le discours de ceux qu'il combattait", a renchéri le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis sur TV5 Monde.

    Le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Bruno Le Roux, s'est dit "révulsé". Proche de Manuel Valls, le sénateur PS Luc Carvounas a dénoncé des "propos nauséabonds", en rappelant que M. Dumas avait "apporté son soutien à Dieudonné en 2006" tandis que l'ex-ministre Benoît Hamon a lâché: "Dumas est écœurant".

    Claude Bartolone, le président PS de l'Assemblée nationale, s'est dit, également sur Twitter, "révolté" par des propos "qui relèvent d’un antisémitisme ordinaire et d’un complotisme délirant", appelant à "ne rien laisser passer".

    Jean-Jacques Urvoas, le président PS de la commission des Lois de l'Assemblée, proche du chef du gouvernement, a ironisé en postant sur Twitter: "Pour la 1ère fois je me sens gaulliste: la vieillesse est un naufrage. Dumas le démontre".

     

    Dumas 'tordu', disait Mitterrand

    Pour Carlos Da Silva, porte-parole du PS, "Roland Dumas a perdu les pédales". "Il faut qu'il arrête de s'exprimer. Des tombes ont été profanées, des citoyens français attaqués parce qu'ils étaient juifs, voilà de quoi on parle!", a dénoncé ce proche de M. Valls sur Europe 1.

    Jérôme Guedj, président PS du Conseil général de l'Essonne, a pour sa part jugé que "les mots choisis de Dumas sont assassins. Pas d'excuse dans l'âge: vieux ou jeune, c'est le même antisémitisme, qui va des mots au meurtre".

    A droite, les propos de l'ancien ministre de François Mitterrand ont également été condamnés: " Les propos de Roland Dumas sur sont inadmissibles et proprement scandaleux Quel naufrage!", a tweeté l'ancien ministre UMP des Transports Dominique Bussereau.

    "Roland Dumas va avoir 93 ans... L'âge du silence médiatique... ou de la révélation de la vraie personnalité? Ses propos sont odieux... comme lui?", a réagi le sénateur et ex-ministre UMP Roger Karoutchi.

    Roland Dumas avait été proche de François Mitterrand, ce qui n'empêchait pas ce dernier de porter un regard sévère sur lui: "J'ai deux avocats, Robert Badinter pour le droit, Roland Dumas pour le tordu", disait l'ancien chef de l'Etat.

    M. Dumas, ancien résistant et fils de résistant fusillé, a par ailleurs rejeté lundi l'expression "islamo-fascisme" employée par M. Valls. "Le fascisme, c'était pas ça, l’hitlérisme non plus, il ne faut pas exagérer". "Il y a une sorte d'escalade qui se produit, moi j'appelle à la raison", a-t-il dit.

     

  • TOUCHEZ-MOI, S'IL VOUS PLAÎT !

     

     

    Par Alain Korkos le 16/02/2015

    Un David qui cache son sexe avec ses mains, une Joconde tout ébouriffée, une Jeune fille à la perle avec du rouge à lèvres sur la joue : telles sont les trois réclames assurant actuellement la promotion du Museo Tiflológico de Madrid…


    Le Museo Tiflológico de Madrid est un espace créé en 1992 par la la Organización Nacional de Ciegos Españoles (ONCE), l'organisation nationale des aveugles espagnols. Son accès est gratuit. On y trouve des maquettes de monuments, des reproductions d'oeuvres que les aveugles peuvent toucher, des oeuvres créées par des mal-voyants ou des aveugles. (L'adjectif tiflológico vient du mot grec tiflós, aveugle. En Espagne, il s'applique aux aspects culturels et historiques de la cécité.)

    Please Touch, Touchez-moi s'il vous plaît, nous dit le slogan de ces trois publicités rigolotes dans lesquelles des chefs-d'oeuvre universels ont été un peu bousculés par des aveugles. Dommage que ceux-ci ne puissent pas les voir…

    Voici quelques autres réclames les concernant, ou les mettant en scène. 

    Trois images canadiennes datées de 2012 pour la fondation Mira, qui fournit des chiens d'aveugles. Trois labyrinthes menant de la maison au travail, de la table de restaurant aux toilettes, et du banc au marchand de glace dans le parc :


    Mais le plus intéressant est peut-être le logo de la fondation Mira qui mélange un portrait et deux têtes de chien, rappelant ainsi le fameux vase de Rubin :


    Voici maintenant une publicité chilienne de 2009 à propos d'aliments pour chiens : Bad Food Bad Dog, Mauvaise nourriture mauvais chien. La chute n'est pas loin, elle viendra plus tard, attendez un peu…


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    Trois réclames de 2008 pour la Thailand Caufield Foundation for the Blind, la fondation thaïlandaise pour aveugles Caufield. Regardez bien ces images pas faciles à décrypter au premier coup d'oeil (ah ah ah), observez les mains des personnages :


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    Une publicité française enfin, datée de 2008, pour une marque de fringues. Avec un type voyant qui court sur un passage pour piétons en entraînant un aveugle, un panneau routier montrant un personnage qui traverse, et un clown à ballons de baudruche qui court. Live Fast, Vivez vite :


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    Cette réclame évoque un tableau célèbre qui aurait pu être utilisé par le musée pour aveugles de Madrid, La parabole des aveugles guidant des aveugles peinte par Pieter Bruegel l'Ancien en 1568 avec une vraie chute finale dedans, badaboum !


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  • Le numérique et les politiciens

    Le numérique et les politiciens, une longue histoire d’amour brutal

    Publié le 16 février 2015 dans Édito

    Le numérique et les politiciens en France, c’est une histoire longue, douloureuse et remplie de multiples horions. Et lorsqu’on fait se rencontrer des politiciens particulièrement doués pour raconter des bêtises avec un numérique de plus en plus complexe, on obtient une véritable explosion de n’importe quoi que tous les lolcats de la Terre ne parviennent pas à juguler. Et badaboum, ce fut le cas cette semaine.

    Et lorsqu’on évoque les politiciens naturellement doués pour sortir des âneries, Ségolène Royal saute immédiatement à l’esprit avec des petits bonds joyeux et communicatifs. Son actuelle position de ministre de l’Écologie lui donne au demeurant un grand nombre d’occasions d’exercer son art de la saillie drôlatique et d’en faire profiter un vaste parterre de journalistes qui, bien trop déférents, se contentent de retranscrire sagement ses sottises pour notre plus grand plaisir. Lorsque les billevesées sont énormes, on ne peut cependant s’empêcher de détecter une pointe d’ironie dans les papiers des folliculaires, comme par exemple lorsqu’elle a récemment demandé aux fonctionnaires de son ministère de réduire la taille et la quantité de leurs e-mails afin de lutter contre le réchauffement climatique. Oui, vous avez bien lu.

    Ainsi, dans son plan « Administration exemplaire » (qui, lorsqu’on y réfléchit deux secondes, parvient à faire sourire dès le titre), la ministre de l’Écologie milite pour un usage festif, citoyen et éco-responsable de l’informatique qui passe par la réduction du nombre d’e-mails et, surtout, de la taille des pièces qui y sont jointes. Cette réduction permettrait de combattre l’émission de CO2 qui est, dois-je le rappeler ?, le gaz du Diable puisqu’il provoque le réchau refroid changement climatique.

    En effet, grâce à de diaboliques calculs dont la précision ne cessera d’étonner tout observateur un peu versé dans l’utilisation informatique courante, la ministre et ses équipes ont déterminé que, je cite, « un courriel de 1 Mo équivaut à l’émission de 19 g de CO2, avec un seul destinataire, de 73g avec 10 destinataires ». Si le calcul est, probablement, aussi douteusement correct que certainement inutile, croire qu’on va sauver Gaïa en réduisant la taille des attachements de son e-mail est parfaitement grotesque.

    Il faut en effet comprendre que l’e-mail n’est qu’une toute petite partie des coûts d’infrastructure informatique. En termes de bande-passante, on assiste actuellement à une explosion du streaming, que ce soit pour les vidéos, les visioconférences, ou le son (voix sur IP pour la téléphonie, musique, radio). En pratique, les e-mails et leurs attachements n’occupent qu’un petit et sympathique pouième des ressources utilisées pour faire fonctionner Internet (5% ou moins). Autrement dit, un brave fonctionnaire qui échange deux minutes de vidéo-conférence avec un de ses collègues gobe à lui seul l’effort de réduction d’attachements de tout son ministère. Et comme la plupart (pour ne pas dire tous) des appels téléphoniques, externes et internes, sont maintenant eux aussi sur internet, l’impact de la réduction prônée par la ministre est parfaitement négligeable.

    Au passage, il est intéressant de constater que si l’ADEME, l’organisme grâce auquel Royal et ses petits copains ont évalué le poids des e-mails en grammes de dioxyde de carbone, s’est fendu d’une étude détaillée sur les e-mails, il n’a pas poussé le professionnalisme jusqu’à évaluer la facture carbone d’une intervention de la ministre en conférence de presse, coût qui doit facilement se compter en tonnes de CO2 si l’on tient compte du déplacement des journalistes, des centaines de méga-octets d’informations mobilisées pour retranscrire ses performances artistiques, les photographier ou les filmer, et les répandre sur la toile à la vitesse de l’électricité… À n’en pas douter, fermer le clapet d’un politicien revient ici à sauvegarder des pans entiers de forêt amazonienne. Pensez-y, m’ame Royal : quand vous parlez, combien de chatons mignons condamnez-vous ?

    Et quand ce n’est pas Royal qui tabasse des chatons numériques, c’est Fleur Pellerin qui provoque la production de même rageur par paquets de douze.

    Concernant l’actuelle ministre de la Culture, on se souvient de ses précédentes tentatives, à la subtilité d’un hippopotame sous amphétamines, visant à taxer de toutes les façons possibles les géants de l’internet (cible officielle de la nomenklatura française qui n’a pas réussi à y placer ses petits copains énarques). L’idée générale est, bien sûr, que ces multinationales essentiellement américaines, dégageant de solides bénéfices trop loin des doigts crochus de Bercy, doivent être sanctionnées pour l’impudence que constitue leur réussite, tant sur le plan commercial que sur celui de l’optimisation fiscale.

    Il ne faut pas perdre de vue que l’internet et les technologies numériques font jusqu’à présent preuve d’une croissance absolument faramineuse du point de vue très étroit d’un froid collecteur de taxe, ce qu’est intrinsèquement tout politicien actuel, ministre de surcroît et étatiste à plus forte raison. Oublier d’en taxer les moindres recoins, c’est louper une énorme opportunité d’installer de nombreux robinets à finances publiques sur le gros pipeline de richesse que ces technologies créent et entretiennent.

    Ceci explique par exemple la prompte mise en place de taxes aussi iniques que juteuses comme – par exemple – celle sur la copie privée, dont la collecte ne cesse de grossir au détriment complet du consommateur français (qui aime tendrement se faire ramoner le portefeuille à l’aspirateur fiscal, semble-t-il, tant il continue de voter pour ces pillards) :

    Dans de précédents épisodes, Fleur Pellerin, sans doute pour ne pas quitter le gouvernement sans avoir une petite taxe à son nom, avait tenté d’instaurer une nouvelle ponction basée cette fois sur la bande-passante consommée par les internautes français. Les services principaux consommateurs étant précisément ceux-là même qui, par fine optimisation, échappent aux déluges fiscaux de Bercy, Fleur espérait ainsi récupérer ce terrible mankagagner, alpha et oméga de toute gestion étatique de nos jours. Las, son idée n’avait à l’époque pu se mettre en place.

    Qu’à cela ne tienne. Puisqu’apparemment, on autorise Royal à combattre le dioxyde en amaigrissant les e-mails, pourquoi ne pas combattre le déficit budgétaire en amaigrissant le pouvoir d’achat des Français… encore une fois ?

    Et c’est, encore une fois, parfaitement idiot. Outre les évidentes difficultés purement techniques à mettre en place une telle taxation et l’inévitable usine à gaz qui en résultera in fine pour le plus grand bonheur de tous ceux qui y seront assujettis, on peut raisonnablement parier sur des effets de bords à la fois nombreux et catastrophiques sur l’internet français : la vidéo étant la principale raison de consommation de bande-passante, les fournisseurs vont vraisemblablement mettre en place des mécanismes pour s’éviter une taxe trop importante. Autrement dit, ou bien la qualité de distribution des vidéos va décroître très sensiblement, ou bien les Français surferont sur une version particulière et dégradée d’internet. Électoralement, ma chère Fleur, je ne suis pas sûr du tout que ce soit une bonne opération.

    L’informatique et les technologies numériques ont, décidément, un petit coté magique. Surtout pour les profanes et les politiciens, les premiers, parce qu’ils n’en comprennent pas les tenants et les aboutissants, et les seconds parce qu’en plus de n’y rien comprendre, ils les parent de vertus miraculeuses propres à assurer des rentrées d’argent frais pour l’État, des capacités curatives de maux divers et variés, ou plus prosaïquement, leur réélection.

    Mais voilà : comme toujours dans le monde réel, manipuler un grand pouvoir avec une absence totale de responsabilité entraîne toujours de grosses déconvenues. Et, parfois, une bonne quantité de lolcats.

  • Cybercriminalité : les chiffres 2014 du vol des données

    Publié le 16 février 2015 dans Technologies

    Avec une hausse du vol de données de 78%, le cyberespace a été globalement «moins sûr» en 2014 qu’en 2013.

    Par Thierry Berthier

    Le vol de données est en augmentation de 78%

    Une étude menée par SafeNet, Gemalto, société spécialisée en cybersécurité vient d’être publiée et révèle que plus d’un milliard vingt trois millions de données ont été volées durant l’année 2014. Il s’agit d’un record absolu marqué par une hausse de 78% sur un an en volume. Ce milliard de données volées a été réalisé par l’intermédiaire de 1541 opérations d’intrusion dans les systèmes avec un pic de deux millions huit cent mille données volées en une seule journée ! Les opérations de hacking d’acquisition de données ont augmenté de 49 % en un an. Le vol d’identité arrive en pole position dans le classement des motivations de la cybercriminalité et représente à lui seul 54% des attaques. Les secteurs d’activité les plus touchés sont la vente de détail avec 55% du volume total de données volées, suivi du secteur des services financiers avec 20% des vols. L’étude montre que 76% des opérations de vol de données de 2014 ont eu lieu en Amérique du Nord.

    Les grandes tendances 2014

    La cybercriminalité a adapté ses pratiques aux évolutions des solutions de protection des systèmes et à celles des usagers. La durée fonctionnelle des opérations de hacking d’acquisition augmente nettement avec un scénario typique : vol d’identité puis ouverture de comptes de crédits à partir de ces données. Le tableau ci-dessous fournit le top10 des groupes industriels et administrations les plus impactés par le vol de données en 2014.

    La création de fausses identités donne accès à de nombreux services qui le plus souvent se contentent des informations fournies sans plus de contrôle. L’usurpation d’identité numérique est à la fois très simple à mettre en œuvre et très difficile à contrer. Le risque d’exposition de l’usager à ce type de vol a considérablement augmenté entre 2013 et 2014. Cette augmentation prouve que le cyberespace a été globalement «moins sûr» en 2014 qu’en 2013. Qu’en sera-t-il en 2015 ? Peut-on anticiper et prévenir ?

    Détecter les structures de données fictives avant l’attaque

    Lutter contre le vol de données passe d’abord par une éducation à «l’hygiène numérique» de l’usager, et ceci le plus tôt possible. La prévention et l’enseignement des pratiques minimisant le risque peuvent contribuer à faire baisser les mauvaises statistiques de 2014.

    Au niveau technique, il devient urgent de s’intéresser à une phase du hacking souvent négligée, celle de l’ingénierie sociale précédant l’attaque. Les messages frauduleux du type «mon oncle millionnaire vient de mourir, il me laisse un héritage de plus de dix millions d’euros, pouvez-vous m’aider à récupérer cette somme ? Vous toucherez 10% de l’héritage si vous cliquez sur ce lien»  ne fonctionnent plus aujourd’hui. Ils ne dupent presque plus personne. L’attaquant doit inventer des stratagèmes bien plus sophistiqués pour espérer tromper sa cible. Son objectif premier est d’instaurer la confiance durant un intervalle de temps suffisant puis d’exploiter cette confiance en diffusant sur la cible un malware furtif de collecte d’identifiants et/ou de données. Le coût d’installation de la confiance auprès de la cible augmente régulièrement pour l’attaquant. Il faut dépenser plus (en termes de niveau de ruse et d’énergie) pour espérer obtenir un gain.

    En défense, le fait d’agir le plus tôt possible dans la chronologie de la construction d’une attaque peut donner En déun avantage informationnel décisif. Il faut ainsi s’orienter vers la construction d’infrastructures automatisées permettant de tester en temps réel la véracité d’une donnée et la cohérence globale d’un ensemble de données. Ce défi est un problème algorithmiquement complexe mais, même partiellement résolu, ses sous-solutions peuvent s’avérer rentables en termes d’anticipation de l’attaque. Nous ne devons pas oublier que pour l’attaquant comme pour le défenseur du système, il s’agit d’un duel à la fois temporel et informationnel. Seule l’anticipation donnera l’avantage…