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Azel Guen : Décryptage de l'Actu Autrement - Page 39

  • La Licra, son livre contre le racisme ...

    La Licra, son livre contre le racisme et l'antisémitisme : un prêche partial pro-israélien

    Publié le 06-02-2015 à 18h13 - Modifié le 07-02-2015 à 10h51

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    Temps de lecture Temps de lecture : 4 minutes

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    Par 
    Directeur de l'IRIS
     

    LE PLUS. En septembre dernier, la Licra a publié un ouvrage rassemblant 100 textes, relatifs à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme. Problème, quand il est question d'Israël, il n'est jamais question de Palestine. Pour Pascal Boniface, qui a décortiqué les textes, ce traitement de la question du racisme et de l'antisémitisme est extrêmement problématique.

    Édité par Henri Rouillier  Auteur parrainé par Maxime Bellec

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    Antoine Spire, l'un des co-directeurs de l'ouvrage de la Licra, ici le 30 octobre 2012 (REVELLI-BEAUMONT/SIPA).

     

    La Licra a édité en septembre 2014 "100 mots pour se comprendre, contre le racisme et l’antisémitisme", sous la direction d’Antoine Spire et Mano Siri, aux éditions "Le bord de l’eau".

     

    Ce livre vient d’être publié sur le site Eduscol du ministère de l’Education nationale, qui a récemmentrenouvelé son partenariat avec la Licra, pour des interventions dans des établissements scolaires, ou la formation des formateurs.

     

    Un traitement fondamentalement partial de la question


    Combattre le racisme et l’antisémitisme, rien de plus nécessaire. Il n’est pas certain que ce livre y contribue réellement. On parle beaucoup d’éviter d’importer le conflit du Proche-Orient en France. J’ai déjà eu l’occasion de dire que ceci me paraissait vain, ce conflit étant de fait déjà importé. Le véritable objectif doit être d’en limiter les conséquences négatives sur notre société.


    Le livre en question aborde bien le sujet, mais de façon tout à fait partiale. La volonté de donner un visage positif d’Israël est nette. L’entrée Israël est rédigée par Frédéric Encel. On peut y lire (p.93) :

     

    "Seule authentique démocratie au Moyen-Orient, Israël fut confronté dès sa création au rejet quasi unanime des voisins arabes, et mena plusieurs guerres pour asseoir son existence."

     

    Des élèves qui auraient fait un peu d’histoire pourraient s’interroger sur qui fut à l’origine de guerres en 1956, 1967 et 1982.


    Rassurons-nous, le processus de paix "finira sans doute par aboutir à un partage territorial entre l’État juif d’Israël et un État arabe de Palestine". On ne sait pas trop quand. Mais aucun mot sur l’occupation, les checkpoints, la répression ou la colonisation, pour ne pas parler du blocus de Gaza.


    "Quant au racisme, s’il existe hélas autant en Israël que dans d’autres pays, celui-ci tombe sous le coup de la Loi." (p.94)


    C’est oublier un peu rapidement les multiples déclarations de l’extrême-droite israélienne ou les manifestations où l'on crie "mort aux Arabes".


    On apprend aussi, à la même page, qu’"une forte minorité arabophone dispose des mêmes droits et devoirs civiques que ceux de la majorité juive."

     

    D'énormes oublis, dont le mot "islamophobie"


    Le terme Palestine, Palestiniens, n’apparaît pas. Le terme sionisme (antisionisme), oui. Il est jugé utile d’écrire que "l’arrivée d’Hitler au pouvoir et les débuts de la Shoah accompagnent la montée en puissance du mufti de Jérusalem, Mohammed Amin al-Husseini qui croit pouvoir, en soutenant les nazis, contribuer à liquider la question juive de Palestine." (p.140)


    Mais rien sur les attentats des extrémistes juifs pour faire partir les Britanniques avant la création d’Israël. On apprend que "les armées arabes pourtant supérieures en nombre perdent la guerre" (de 1948) et qu’"Israël conquiert 26% de territoires supplémentaires par rapport au plan de partage."


    Mais les termes de "réfugiés" ou "nakba" n’apparaissent pas.


    Un chapitre est consacré au terrorisme, qui est réduit à sa dimension islamiste.


    Le terme islamophobie est absent, et celui d’islamiste assimilé à islamiste radical ou terroriste, sans nuance. On apprend dans l’introduction (p.13) : "Chaque islamiste contribue un peu plus à diaboliser l’Islam." Ennahda, l’AKP, les Frères musulmans, le Hamas, Al-Qaida, Daesh, tous dans le même sac ?

     

    Une présentation grossière et biaisée

     


    Peut-être certains lecteurs adhéreront à ce type de message et en tireront une approche plus favorable à Israël. On peut penser qu’une partie non négligeable y verra un souci de donner aux évènements du Proche-Orient une lecture biaisée et pro-israélienne. Que tous ne sont pas à ce point ignorants de la situation et que le caractère excessif du parti-pris dans un document censé rassembler leur sautera aux yeux.

     

    Cela les conduira à contester ce document. Va-t-on dès lors dire qu’ils contestent l’objectif de la lutte contre le racisme ?


    Parmi les rédacteurs, on retrouve Robert Redeker, présenté comme "philosophe, menacé de mort suite à une tribune parue dans Le Figaro". Les menaces reçues par Redeker sont inadmissibles. Chacun doit exprimer sa solidarité pour dénoncer de telles menaces. Cela n’oblige pourtant pas à adhérer à ses propos qui permettent de se demander s’il est réellement bien placé pour participer à un outil pédagogique de lutte contre le racisme.

     

    Rappelons quelques extraits de sa prose de l’époque, dans "Le Figaro", du 19 septembre 2006 : "Le Coran est un livre d’inouïe violence" ; l'islam est "une religion qui, dans son texte sacré même, autant que dans certains de ses rites banals, exalte violence et haine" ; Mahomet est "un chef de guerre impitoyable, pillard, massacreur de juifs et polygame". 


    On conviendra que ceci ne le rend pas très crédible pour participer à un manuel de lutte contre le racisme. Que sa présence peut légitimement être reçue par les musulmans comme une provocation.


    Y-a-t-il quelqu’un qui au ministère a relu ce livre avant de le référencer ?


    Ses auteurs ont manifestement choisi de privilégier la défense d’Israël à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme. C’est leur libre-choix. Que l’Éducation nationale le cautionne officiellement est beaucoup plus discutable, et risque plus de faire monter les tensions que de susciter de l’apaisement.

     

     

     

     

     

    Sur le web : Le défenseur des droits appelle à lutter contre le racisme
     
     
  • De la lutte de classe et de ce que nous mangeons

    <p>Partenaires</p>
    Esther Vivas6 février 2015

    Les riches et les pauvres mangent-ils la même chose ? Est-ce que nos revenus déterminent notre alimentation ? Aujourd’hui, qui est en surpoids ? Bien souvent, et dans certains cercles, l’appel en faveur d’une nourriture saine et bonne pour la santé est considéré avec dédain, comme une mode » « chic », « hippie » ou « flower power ». La réalité est très différente de ce que ces commentaires à courte vue suggèrent. Défendre une alimentation écologique, paysanne et locale est très « révolutionnaire ».

    Si nous y regardons de plus près, nous voyons comment le modèle agricole actuel est déterminé par les intérêts du capital, des grandes entreprises (du secteur agro-industriel et de la grande distribution), qui cherchent à profiter de quelque chose d’aussi essentiel que l’alimentation. Le système capitaliste, dans sa course pour transformer les besoins en marchandises, les droits en privilèges, transforme aussi la cuisine, et en particulier les produits alimentaires de qualité, en un luxe. Tout comme il a rendu le logement accessible uniquement à ceux qui peuvent se le permettre. Le même sort attend nos systèmes de santé et d’éducation.

    Non seulement la logique du capital a des répercussions sur l’alimentation, mais la main invisible du patriarcat pèse aussi lourdement sur les chaînes de ce système. Sinon, comment expliquer que celles qui produisent le plus de nourriture, les femmes, sont aussi les plus affamées ? Il ne faut pas oublier que entre 60% et 80% de la production alimentaire dans le Sud, selon la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), est entre les mains des femmes, mais paradoxalement, ce sont elles qui souffrent le plus de la faim, 60% à l’échelle mondiale.

    Les femmes travaillent la terre, mais elles n’ont souvent pas accès à la propriété foncière, aux moyens de production ni au crédit agricole. Ce n’est pas faire de l’idéologie, mais essayer de faire comprendre à tous ceux qui considèrent que l’idée de « bien manger » est, comme on dit en France, une idée de « bobos », des« bourgeois bohème », alors que c’est loin d’être la réalité.

    Si nous répondons aux questions initiales, les données confirment cela. Les riches et les pauvres mangent-ils la même chose ? Non. Est-ce que notre revenu détermine notre alimentation ? En effet. Une étude de la Plate-forme espagnole des personnes expulsées de leur logement a révélé cela noir sur blanc : 45% des expulséEs ont des difficultés à acheter assez à manger. Le revenu impose des limites sur ce que nous achetons : il diminue la consommation de bœuf et de poisson et, par rapport à la période pré-crise, la consommation de fruits et légumes frais. En revanche, il y a une augmentation d’achats de produits moins nutritifs, transformés industriellement et riches en calories, tels que les sucreries emballées : biscuits, chocolats, pâtisseries et gâteaux. Notre classe sociale, notre éducation et notre pouvoir d’achat détermine ce que nous mangeons.

    Alors, qui est obèse aujourd’hui ? En général, ceux qui ont moins mangent moins bien. Si l’on regarde la carte de la péninsule espagnole, c’est clair : les régions avec les taux les plus élevés de pauvreté, comme l’Andalousie, les Canaries, Castille-La Manche et l’Estrémadure ont le plus haut pourcentage de personnes en surpoids. Aux États-Unis, les taux de surpoids se retrouvent beaucoup plus dans les populations d’origine afro-américaine et sud-américaine. La crise ne fait que renforcer la différence entre l’alimentation pour les riches et l’alimentation des pauvres.

    Questionner le modèle agricole dominant et défendre une alternative qui mise sur les besoins sociaux et le respect de la terre, c’est aller vers le cœur de la lutte de classe. Le Syndicat des travailleurs agricoles d’Andalousie qu’on peut difficilement qualifier de « petit-bourgeois », est très clair à ce sujet. Leur engagement est de défendre une campagne vivante, la terre appartenant aux paysans qui la travaillent, en faveur de l’agriculture biologique et d’un autre modèle de consommation. Ce combat défend les « moins que rien », les oppriméEs.

    Se battre pour une alimentation qui est locale, saine et paysanne est la bataille la plus subversive qui soit.


    Voir en ligne : Publié sur le blog d’Esther Vivas

  • VU DES ÉTATS-UNIS


    Stop djihadisme : méfiez-vous des gens qui ne mangent pas de baguette

    Changer d'alimentation ou arrêter le sport peuvent être des signes de radicalisation : tel est le message délivré par le site du gouvernement français de prévention de la menace terroriste. Pas sûr que cela aide à combattre "l’apartheid" dénoncé par Valls, selon ce site américain.
    • 3 FÉVRIER 2015
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           Des baguettes - Nic McPhee/Flickr/CC
    Le site américain Quartz a réagi avec ironie au lancement par le gouvernement français, le 28 janvier dernier, d’un site internet dédié à la prévention du djihadisme auprès du grand public, notamment en apprenant à décrypter les vidéos de propagande qui foisonnent sur la Toile, mais aussi les signes avant-coureurs d'un processus de radicalisation.

    "Si vous vivez en France et que vous ne mangez pas de baguette, il y a des chances pour que vous soyez un terroriste", lance Quartz en titre de son article illustré par une photo de djihadistes dont la légende rappelle qu’"ils ne mangent pas de foie gras non plus"...



    Ségrégation

    "Dans un pays qui interdit de recenser les citoyens selon leurs origines, leurs races ou leurs religions – le dernier recensement religieux a eu lieu en 1872 – beaucoup ont un sens profond de ce qu’‘être français’ veut dire alors que l’affiche en ligne sur le site ne se prive pas de désigner ce qui peut être considéré comme un comportement ‘non-français’.

    Le Premier ministre a déclaré qu’il voulait en finir avec la ségrégation. Mais de telles affiches enverront sûrement un message très différent aux jeunes musulmans : si tu ne te conformes pas à certains usages, tu deviens une menace potentielle", s’inquiète Quartz.

  • Radars, humour parisien et sécurité routière bidon

    Radars, humour parisien et sécurité routière bidon

    Publié le 28 janvier 2015 dans Édito

    Ô route, ô désespoir, ô vitesse ennemie ! La route continue à nous faire des ennuis. Malgré l’averse de radars et d’amendes salées, on apprend que le nombre de morts sur les routes augmente à nouveau, chose qui ne s’était pas vue depuis douze ans : il semble qu’il faudra compter entre 120 et 140 morts de plus qu’en 2013.

    Certes, l’année 2013 avait été une année notable avec un record à la baisse du nombre de victimes, laissant tout de même à l’année 2014 la deuxième place des années les moins meurtrières en France, depuis que les statistiques existent. Bien évidemment, cette atténuation du constat de base, scandaleuse tentative de faire oublier que les routes françaises sont des mouroirs apocalyptiques, est vivement combattue par Chantal Perrichon, la présidente calme et pondérée de la Ligue Contre La Violence Routière Et Les Gens Qui Roulent En Voiture À Plus de 35 km/h, qui n’y voit, elle, qu’une augmentation due à la scandaleuse propension de la puissance publique à se la jouer pépère puisqu’elle « n’a annoncé aucune nouvelle mesure depuis mars 2013″ (cette bande de fumistes). Elle en profite donc pour demander la mise en place rapide (la vitesse a du bon, parfois) d’une loi interdisant les avertisseurs de radar, le passage de 90 à 80 km/h de la limitation de la vitesse sur le réseau secondaire français ou l’interdiction de toute pratique de téléphone au volant, y compris bluetooth.

    Parce que voyez-vous, la seule mesure qui marche vraiment pour diminuer le nombre de victimes, d’après Perrichon, la Sécurité Routière, le gouvernement et un nombre conséquents de politiciens aux intérêts bien compris, c’est la réduction des vitesses autorisées sur le réseau routier. Ceci explique sans doute les voix insistantes en provenance de la mairie de Paris où l’on se tâtouille pas mal pour savoir si l’on ne va pas encore diminuer la vitesse autorisée sur le périphérique de la capitale, la faisant passer de 70 km/h (anciennement 80 km/h jusqu’en janvier 2014) à 50 km/h, au moins pendant la nuit.

    radars routiers moins laxistes

    Cependant, si on peut faire la constatation physique indéniable qu’avec une vitesse maximale autorisée de zéro, il n’y aurait probablement plus aucun accident, force est de constater que les expériences menées en matière de réduction de la vitesse ne permettent en réalité pas du tout de tirer les conclusions pour le moins hardies de nos politicards et des dirigeants d’associations satellites qui sont toujours là lorsqu’il s’agit d’aller cadenasser le citoyen pour son bien.

    L’exemple du périphérique parisien est d’ailleurs fort intéressant : la baisse récente de limitation n’a pas franchement abouti à l’effet escompté, bien que la presse se soit largement gargarisée du communiqué de presse dithyrambique de la mairie assurant urbi & orbi – comme c’est pratique – que l’effet bénéfique fut spectaculaire. En réalité, outre une baisse inaudible du bruit, une diminution imperceptible de la pollution (et une probable augmentation du benzène de combustion), la mairie occulte habilement qu’on est passé de 4 morts en 2013 à 7 en 2014, ce qui montre de façon assez éclatante que s’il y a eu un effet, il n’est pas très glorieux.

    En revanche, s’il y a bien eu un effet très palpable, c’est sur les infractions constatées dont le nombre a bondi puisqu’elles ont triplé en un an. Ici, on pourrait soit admettre que le parisien moyen est subitement devenu un chauffard entre le 31 décembre 2013 et le premier janvier 2014, soit que l’abaissement drastique de la vitesse maximale autorisée a largement permis de multiplier les contredanses (dont on apprend, au passage, que 40% sera reversée aux collectivités territoriales). Pratique financièrement, mais d’une moralité douteuse.

    Cette douteuse moralité ne serait donc pas franchement au service d’une route moins dangereuse contrairement à ce que tenteraient de nous faire croire les passionarias d’associations de sécurité routière, mais plutôt au service des finances de l’État, éventuellement à leurs corps défendant (mais pas toujours). Cette supposition hardie semble corroborée par la multiplication des radars automatiques en parfaite décorrélation des points noirs du réseau routier français et en forte corrélation avec les lieux d’importants passages à vitesse élevée.

    Du reste, cette affirmation est assez facile à vérifier. Pour cela, j’emprunterai une méthode fort intéressante auparavant décrite par Charles Murray et reprise sur le site Evoweb (dont je recommande la lecture). En substance, si l’introduction des radars doit marquer une amélioration notable de la sécurité routière, cela doit pouvoir se constater facilement.

    Pour cela, voici le graphique du nombre de tués sur la route en France.

    (Cliquez sur les graphiques pour les agrandir au besoin)
    tues sur les routes - muet

    Pour illustrer mon propos, j’ai enlevé la marque des années et celle indiquant le moment où les radars automatiques furent introduits. En toute bonne logique, leur introduction doit se remarquer sur la courbe parl’apparition d’une pente décroissante, ou, mieux encore, par un retournement de tendance (passer d’une hausse à une baisse). Toute autre positionnement prouvera en revanche que l’effet des radars ne peut pas être l’unique facteur d’une hausse ou d’une baisse.

    Pourtant, lorsqu’on rétablit la courbe complète, où apparaissent années et le moment précis d’introduction des premiers radars en France, on constate – c’est dommage – que ces derniers s’inscrivent en plein milieu d’une tendance à la réduction des accidents mortels, déjà largement entamée depuis des années. Si l’on regarde attentivement, on constate même que leur arrivée sur les routes correspond aussi au moment où la baisse du nombre de morts ralentit nettement.

    Autrement dit, non, les radars ne sont en rien une garantie de l’augmentation de la sécurité sur les routes. Les progrès continus de sécurité passive sur les voitures (air-bags, anti-patinage, aide au freinage d’urgence, etc.), l’abaissement des seuils de tolérance pour l’alcool, les changements notoires d’habitudes (ceinture de sécurité, notamment) ont certainement plus fait pour sauver des vies que les automates à contredanses sur les bords des autoroutes.

    tues sur les routes - full

    En outre, faire marcher la fibre émotionnelle et prétendre lutter pour la sécurité en culpabilisant les conducteurs sur le seul critère de la vitesse dispense complètement les autorités d’efforts pour améliorer les infrastructures, ce qui est fort coûteux et souvent pénible électoralement. En tout état de cause, l’augmentation récente des décès montre surtout que ne peut plus tenir l’argument quasi-unique de la répression par l’abaissement des vitesses maximales autorisées. D’ailleurs, d’autres pays, comme le Royaume-Uni qui a retiré près de 60% de ses radars, présentent de bien meilleurs résultats que la France.

    Il faut se résoudre à l’évidence : tant pour le périphérique de la capitale en particulier, qui montre bien tout l’humour de l’équipe municipale parisienne drapée d’hypocrisie écolo-sécuritaire, que pour le réseau routier français en général de plus en plus encombré de boîtiers automatiques, l’actuelle politique de sécurité routière n’a jamais réellement visé à une diminution du nombre de victimes. Les décideurs savaient pertinemment que ce nombre continuerait à décroître régulièrement, indépendamment de leurs « efforts ». Simplement, en feignant de porter une attention soutenue aux hystériques de la répression tous azimuts, ils ont trouvé une excuse solide pour racketter un peu plus, un peu mieux l’automobiliste, véritable vache à lait républicaine.
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    Sur le web

     
     
  • Philippe Tesson se lave les mains

    Philippe Tesson se lave les mains, France Inter et Le Monde fournissent le savon

    par Henri Malerle 24 janvier 2015

    Bienheureux Philippe Tesson !

    (1) Après s’être livré sur Europe 1, le 13 janvier 2015, à une violente charge contre les musulmans de France (dont nous avions relevé avec quelle complaisance elle avait été fréquemment accueillie), Philippe Tesson a bénéficié du témoignage de moralité de son propre fils, Sylvain Tesson : Europe 1 (encore !), le 20 janvier, a donné à ce dernier l’occasion de défendre son père dont les déclarations auraient, selon lui, dépassé la pensée. Complaisamment, Le FigaroL’Express et le Huffington Post ont relayé la défense du fiston.

    (2) Ce n’était pas assez. Le preux défenseur de la laïcité contre les musulmans qui « amènent la merde en France » était reçu sur France Inter, lors du 7-9 du 22 janvier 2015, en qualité d’invité de Léa Salamé. Une invitation confraternelle en quelque sorte, destinée à permettre à Philippe Tesson de se justifier (et que l’on peut consulter notamment sur le site du Monde).

    Pour sa défense, le cher confrère distingue la forme et le fond alors qu’en l’occurrence la forme est indissociable du fond : une distinction que Léa Salamé, pourtant insistante, lui concède. Ce qui permet à Tesson de se dédouaner sur la forme… en modifiant le fond. Inutile de reproduire la totalité de son indécent et confus bavardage. Il suffit relever ces deux points :

    - D’abord, il se croit obligé de corriger Léa Salamé quand elle le cite de façon inexacte. Non il n’a pas dit que les musulmans « foutent la merde », mais précise-t-il, qu’ils « amènent la merde ». Nuance ! Mais d‘où l’amènent-il ? Léa Salamé n’a pas relevé cette stupéfiante rectification.

    - Ensuite, il prétend se répéter sur le fond en déclarant (ce qui est déjà une généralisation antimusulmane) ceci : « je crois que je n’ai pas complètement tort, tout le monde en convient, s’il y a un problème avec la laïcité, ce ne sont pas les chrétiens qui le posent pour l’instant […], ce sont les musulmans ». Or il avait déclaré : « Ce qui a créé le problème, ça n’est quand même pas… c’est pas les Français. […] D’où vient le problème ? D’où vient le problème de l’atteinte à la laïcité sinon des musulmans ? ». Des pas-français ou des pas-vraiment français : on comprend pourquoi, aux yeux de Tesson, ils « amènent la merde » puisqu’ils viennent d’ailleurs. Léa Salamé, pas plus que ses confrères, n’a relevé le propos initial : elle n’a donc pas relevé la correction qui ne le corrige pas !

    (3) Défenseur lui aussi de la veuve, de l’orphelin et du Philippe Tesson, Le Monde (mais aussi Sud Ouest) résuma le contenu des propos tenus sur France Inter. Les chers confrères ayant déjà parlé d’un simple « dérapage », le titre de l’article du Monde le concède d’emblée : « Philippe Tesson admet un "dérapage" sur les musulmans, mais se défend "sur le fond" » [1].

    Pour évoquer le prétendu « dérapage », le scrupuleux quotidien ne retient que cette phrase : « D’où vient le problème ? D’où vient le problème de l’atteinte à la laïcité, sinon des musulmans ? On le dit, ça ?! Moi je le dis ! ». Et il oublie la phrase qui précède et qu’il nous faut répéter : « Ce qui a créé le problème, ça n’est quand même pas… c’est pas les Français. »

    Un jour viendra, soyons en certains, même s’il faudra sans doute un certain temps, où les « grands » journalistes prêteront attention à ce que disent leurs confrères mis en cause, sans atténuer leurs propos les plus indignes, au moment même où ils entendent s’en démarquer.

    Henri Maler

    Notes

    [1] Titre également choisi par Sud Ouest.