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Media-info - Page 10

  • "Coup de filet" d'islamistes:la parole policière...

    "Coup de filet" d'islamistes: la parole policière, vérité révélée pour les médias ?

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    LE PLUS. Douze interpellations, un mort, et un traitement médiatique qui questionne Eric Hazan, fondateur des éditions La Fabrique. Selon lui, les médias ont couvert les arrestations d'hommes soupçonnés d'appartenir à une cellule terroriste en prenant la parole policière pour parole d'évangile, sans recul. Et sans tenir compte des précédents...


     Opération anti-terroriste à Strasbourg, le 6 octobre 2012 (P. HERTZOG/AFP)

    Opération anti-terroriste à Strasbourg, le 6 octobre 2012 (P. HERTZOG/AFP)

     

    Dans l’affaire de la "cellule terroriste démantelée" à Strasbourg et à Cannes au début du mois d’octobre, les médias ont été unanimes à reprendre sans état d’âme les déclarations de la police. Aucun conditionnel, aucune petite phrase prudente permettant une retraite éventuelle en bon ordre.

     

    RER D, incendie rue Popincourt, Tarnac...

     

    Ce n’est pas la première fois. On se souvient de l’agression antisémite du RER D en 2004, de cette jeune femme victime de "6 étrangers, dont 4 Maghrébins et 2 Noirs", un acte odieux dénoncé par toute la presse, par le président Chirac, par Villepin, ministre de l’Intérieur, par toute la classe politique, droite et gauche mêlées. Dommage, c’était une mythomane.

     

    On n’a pas oublié non plus le scandaleux incendie criminel du centre social juif de la rue Popincourt, la même année : le ministre israélien des Affaires étrangères, Sylvan Shalom, était venu à Paris pour visiter les lieux et critiquer le laxisme français face aux actes antisémites. Pas de chance, là non plus : l’incendie était l’œuvre d’un vieux fou, juif de surcroît. Dans un cas comme dans l’autre, tous les médias ont donné dans le panneau, aucun sauf erreur n’a présenté d’excuses.

     

    Plus près de nous, dans les premiers jours de "l’affaire Tarnac", presse écrite, radios et télévisions ont été unanimes à dénoncer l’action terroriste des "anarcho-autonomes", de "ce noyau dur qui avait pour objet la lutte armée", dixit le procureur Marin. "Libération" titrait en une "L’ultra-gauche déraille", "Le Point" parlait de "nihilistes clandestins", le Figaro Magazine des "caténaires de la peur", France 2 de "la petite épicerie tapie dans l’ombre" qui servait de QG au "commando". Là non plus, pas d’excuses quand le montage policier s’est profilé à l’horizon.

     

    La construction d'un ennemi intérieur

     

    Dans le coup de filet récent, il est possible que Jérémie Louis-Sidney, "un converti de 33 ans, apprenti terroriste qui voulait finir martyr" (France 24) ait été abattu par des tirs de riposte des policiers, il est possible que les hommes placés en garde à vue pendant cinq jours, puis inculpés, soient bien ceux qui ont lancé une grenade contre l’épicerie juive de Sarcelles.

     

    Mais l’unanimité des médias à tenir la parole policière pour vérité révélée, l’indignation générale des politiques, l’énorme retentissement donné à toute l’affaire, tout cela a un sens. En dénonçant les dérives françaises de "l’islam radical", les médias asservis et les politiques cherchent à faire monter dans le pays un sentiment de peur.

     

    La peur est la meilleure des diversions possibles – voir ce à quoi ont servi en leur temps la grippe aviaire, la vache folle, la grippe H1N1 ou les JO de Londres. Et puis, en montrant que la barbarie n’est plus seulement à nos portes mais qu’elle est désormais parmi nous, en incriminant une fois de plus – tout en jurant le contraire – la jeunesse des quartiers populaires, on reste entre nous, on resserre les rangs, on relègue à l’arrière-plan le racisme et la misère.

     

    Construire un ennemi intérieur est un procédé politicien médiocre, mais c’est bien du camp des médiocres que proviennent souvent les plus graves dangers.

  • A propos de l’affaire Balme

    A propos de l’affaire Balme, du Front de Gauche et de « qui est pris qui croyait prendre »
    Jean Bricmont

    juillet 2012

     

    Pendant des décennies, la gauche, particulièrement la « gauche radicale », a utilisé la « lutte contre le fascisme et l’antisémitisme » (ou la « lutte contre le fascisme, le racisme et l’antisémitisme », pour être plus politiquement correct) comme arme contre l’extrême-droite et, parfois même contre la droite, en faisant fi du fait que, d’une part, cette lutte avait pour fonction essentielle de faire taire les critiques « excessives » de la politique israélienne ou de ceux qui la soutiennent en France, et, d’autre part, violait souvent des principes fondamentaux en ce qui concerne la liberté d’expression [1]

     

    Mais lorsque la même arme a été utilisée par Rue 89 contre René Balme, militant du Parti de gauche, maire de Grigny et candidat du front de gauche aux élections législatives, son parti l’a simplement abandonné, ce qui a entraîné sa démission et un communiqué particulièrement affligeant du Parti de gauche.

     

    Que reproche-t-on à René Balme ? D’avoir été l’animateur d’un site (oulala.net, aujourd’hui fermé) ou l’on trouve des articles ou des liens avec des anti-sionistes « obsessionnels » (Israël Shamir, Gilad Atzmon), avec des « complotistes » (Thierry Meyssan) ou avec Dieudonné et Soral.

     

    Personne n’a donné le moindre argument montrant que René Balme lui-même a en quoi que ce soit des opinions racistes ou antisémites. Ce que l’on fait, c’est éplucher soigneusement un site, contenant des milliers d’articles, pour en exhiber certains qui sont qualifiés de « suspects », dont on se dispense d’ailleurs d’en faire une critique détaillée.

     

    Dans le réquisitoire de Rue 89, on trouve, par exemple, des perles comme : « René Balme s’est inspiré de la télévision vénézuélienne Vive TV pour créer Vivé (pour « vidéo-vérité »), « école internationale de vidéo et de TV participative » après un voyage en 2006 au pays d’Hugo Chavez. » C’est vrai, quand on a déjà TF1, pourquoi créer d’autres médias ? Et n’est-il pas « suspect » de voyager « au pays d’Hugo Chavez » ? Par ailleurs, tout le monde sait que la TV participative est un dangereux pas vers le fascisme.

     

    La même méthode, de culpabilité par association, est d’ailleurs utilisée contre des sites comme Le Grand Soir ou celui de Michel Collon. Eh bien, jouons à ce jeu, mais différemment. Le parti travailliste israélien a participé à la colonisation des territoires occupés, à l’offensive contre Gaza, et à plusieurs guerres israéliennes. Or ce parti est dans l’Internationale Socialiste. Et, hop, culpabilité par association : tous les partis socialistes sont « liés » à la colonisation, aux guerres etc. Le tour est joué. Pire : Mélenchon, qui a appelé à voter pour les candidats socialistes aux élections présidentielle et législative, est aussi « lié à » tout cela. Ou prenons les dirigeants américains : ils ont tous des liens avec les principaux partis français et ont presque tous attaqué des pays qui ne les menaçaient pas, bombardé des civils, violé le droit international, assassiné sans jugement (au moyen de drones par exemple).

     

    Peut-on m’expliquer pourquoi être « lié » à cela est moralement plus acceptable qu’être « lié » à un film de Dieudonné ou à un livre de Meyssan ou de Soral ? La différence étant que, dans un cas, on parle de morts (par centaines de milliers), dans l’autre, de mots ou d’images. Et, dans les deux cas, on a tout autant affaire à des choix délibérés (sans doute bien plus dans le cas des partis, puisqu’on peut difficilement s’attendre à ce que René Balme, maire de Grigny, vérifie soigneusement le contenu de chaque article de son site).

     

    Je ne connais pas bien René Balme, mais pour autant que je puisse voir, il est une sorte d’écologiste radical, partisan d’une démocratie participative qui, par ailleurs, prend fait et cause pour le peuple palestinien. Le type même du « fasciste » (dans la triste France d’aujourd’hui).

     

    En réalité, à moins de vivre totalement coupé du monde, chacun a des contacts avec toutes sortes de gens, par nécessité, par hasard, par intérêt... La culpabilité par association, c’est comme la censure-elle n’est utilisée que par les forts contre les faibles et, si elle était appliquée de façon impartiale, elle mènerait vite à une condamnation universelle.

     

    Cette culpabilité par association, tout comme la censure, la diffamation, les accusations sans preuves, ne devraient pas faire partie de l’arsenal d’une gauche véritable ; pour utiliser le langage de la gauche morale, toutes ces tactiques devraient être « contraires à ses valeurs ». Mais quand il s’agit de « combattre le fascisme et l’antisémitisme », on a décidé que « tous les moyens étaient bons ». C’est la racine du problème et, ce que l’affaire Balme montre, c’est que ces moyens finissent par se retourner contre la véritable gauche elle-même. Des armes telles que censure, amalgame, diffamation, légitiment l’arbitraire et sont toujours, en fin de compte, les armes du pouvoir.

     

    Par ailleurs, quand on voit les obstacles rencontrés par les révolutions française, russe, chinoise, vietnamienne, algérienne, cubaine, iranienne, ou par des réformateurs comme Allende, Chavez et Lumumba, on peut difficilement prendre au sérieux un parti qui prétend « combattre le capitalisme » et qui capitule à la première salve du canon de la « lutte contre le fascisme et l’antisémitisme ».

     

    Jean Bricmont

     

    Note :

    [1] Voir http://www.dailymotion.com/video/xrw0zl_jean-bricmont-resister-au-sionisme-defendre-la-liberte-d-expression_news pour une discussion plus détaillée des problèmes posés par la censure, en ce qui concerne la solidarité avec la Palestine.

    Anti-fascisme - Antisémitisme - Coupable par association

     

  • Les paradoxes de la « démocratie » : exemple de l’affaire Charlie Hebdo


    Je ne tiens plus, j'ai pourtant essayé de prendre des distances concernant ces sujets, mais après la pelleté d'immondices encore une fois jetée au visage des musulmans il m'a fallu réagir en écrivant un article.

    Ce que je ne saisis pas bien dans cette affaire ce n'est pas en soit les caricatures de Charlie Hebdo car en tant que farouche partisan de la démocratie, je pense que ces caricatures doivent pouvoir être publiée même si le but pour moi était simplement de choquer une communauté déjà largement stigmatisée et non pas de plaisanter, mais après tout cela est subjectif. Ensuite, je vois le gouvernement et les divers gardiens de la bonne morale (je pense à des gens comme Zemmour, BHL mais aussi la très grande majorité des médias de masse, et toute la secte laïque et bien pensante...) invoquer la formule de « liberté d'expression ». Admettons, jusqu'ici je dirais : « tout va bien ». Nous pourrions alors nous mettre d'accord sur le fait que la liberté d'expression doit être accordée à tous les niveaux, quand bien même l'avis défendu (du moment qu'il est défendu de façon pacifique et en accord avec le respect des droits de l'Homme) est totalement contraire à notre position. Pour ma part je m'oppose farouchement aux avis contre lesquels je suis, cela dit je serais prêt à me battre pour que ces idées puissent tout de même avoir fenêtre sur cour car c'est pour moi un fondement immuable des démocraties modernes (qui est rarement respecté), c'est certainement ce qui va se passer à travers les réactions et les commentaires de cet article, et mêmes si vos interventions sont un peu musclées, me mettent dans tous mes états, me semblent incroyablement abusives, je ne suis personne pour imposer un monopole de la bonne parole.

    « Si l'on ne croit pas à la liberté d'expression pour les gens qu'on méprise, on n'y croit pas du tout » (Noam Chomsky).

    Alors pourquoi cette liberté d'expression si fortement clamée ne s'applique pas au droit des musulmans à manifester contre ces caricatures ? Je parle de façon pacifique, je n'appelle pas à brûler des ambassades. Le fait est que les réactions d’extrémistes musulmans à travers le monde entier ne reflètent absolument pas l'islam français et qu'on prend à chaud un débat en accusant les musulmans de ne pas prendre cela sur le ton de l'humour. Tout d'abord c'est un droit de ne pas en rire, ensuite pourquoi dîtes vous cela à une communauté qui n'est absolument pas responsable des réactions encore une fois largement extrapolées par la presse ? Dans la vitesse et certainement une forme de pression idéologique, les médias diffusent des images de violence sans prendre le temps d'expliquer le contexte et surtout de marginaliser ce genre de procédé qui ne reflète absolument pas l'islam dans son ensemble. On montre des images choc, on laisse s'exprimer (très rapidement) les plus extrêmistes, ou des gens qui parlent mal le français ensuite l'amalgame est facilement faisable. On passe toutefois beaucoup plus de temps à parler de l'Iphone 5 et de son mode d'emploi. Triste constat intellectuel, mais je ne serais pas le premier à pleurer de honte devant un Journal télévisé de grande écoute.

    Les médias créent et s'emparent d'un faux débat, personne ne prend le temps de démêler le vrai du faux et on sert cette soupe amère à tout le monde. Franchement un tel film et de telles caricatures auraient mieux fait d'être ignorés car sincèrement, ne paniquez pas, l'islam n'est pas un problème, du moins pas en France, même si de sublimes processus de désinformations tentent de nous vendre ce mythe. « L'islam nous est présenté comme une menace interne, par l'exagération systématique du problème de l'immigration, et externe, par une politique étrangère hostile à la Turquie, plus encore à l'Iran, et par l'envoi de troupes "civilisatrices" en Afghanistan. » (Emmanuel Todd).

    Ensuite soyons cohérent, les états et les lobbyings financiers pressent le monde depuis trop longtemps, la nouvelle application de la règle d'or va bientôt être appliquée en Europe, après un premier référendum négatif, ils ont fini par nous faire passer le traité de Lisbonne en catimini et se préparent à refaire la même chose sans même nous consulter alors que 72% des français souhaiteraient voter par référendum concernant l’application d'une nouvelle loi d’austérité (sources Lemonde.fr). Et pourquoi ces mêmes médias bien pensants, ce même gouvernement qui ne fait que poursuivre les réformes entamées par Sarkozy, pourquoi ces gens là ne crient pas au scandale et au droit à la liberté d'expression ? Lorsqu'une injustice flagrante va dans le sens de la pensée dominante, personne ne s'émeut, les réformes passent et le reste suit son cours.

    Mes amis je vous le dis, ces affaires de caricature sont encore une fois un chiffon rouge agité pour nous distraire des vrais enjeux. On divise pour mieux régner, on pointe une ennemi du doigt, on joue avec les tentions communautaires, on se pose les mauvaises questions mais au final nous serons tous dans le même bateau (et nous le sommes déjà) d'un monde dérégulé par les empires financiers et les états à leur service. Ne tombons pas dans ce vulgaire piège, n'accusons pas les mauvaises victimes et surtout analysons finement ces concepts de liberté d'expression qui ne prévalent que pour certaines personnes et quand cela les arrange. On voudrait nous amener vers le consensus mais le consensus se fabrique.

    « Les islamistes radicaux, ou extrémistes, souvent appelés « fondamentalistes », ont été choyés par les États-Unis dans les années 1980, parce qu'ils étaient les meilleurs tueurs au monde. Dans ces années-là, l'ennemi principal des États-Unis était l'Église catholique, qui avait commis, en Amérique latine, le grave péché de prendre « le parti des pauvres » et qui a cruellement souffert de ce crime. L’occident est parfaitement œcuménique dans le choix de ses ennemis. Ses critères sont la soumission et les services rendus au pouvoir, et non la religion » (Noam Chomsky).

  • Je fais partie des 90% d’enfants d’immigrés qui se sentent français, mais...

    MÉMOIRES
    11/10/2012 à 12h47

    Borhene M. | Journaliste


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    Ma mère est née au Maroc, mon père en Tunisie, moi en France : directement concerné par l’étude de l’Insee sur les enfants d’immigrés, voilà ce que j’en dis.


     

    « Tu n’es pas immigré toi. On ne t’a pas accueilli... C’est toi qui accueilles, mets-toi ça dans le crâne, fils. »

    Mon père ne s’est jamais embarrassé des questions existentielles. Un type à l’ancienne, pragmatique. Il est né en Tunisie dans les années 40, moi en France dans les années 80 :

    « Je suis tunisien et toi, tu es français, sans avoir à rougir de ta double culture. Je ne vois pas où est le débat. »

    Ma mère, arrivée du Maroc à Paris à la fin des années 70, non plus :

    LES PHOTOS

    Merci à Zohra, qui nous a prêté les photos de sa famille, originaire d’Algérie. Elle exerce un poste à responsabilités dans un grand groupe de presse. En nous remettant les clichés, elle raconte que lundi dernier, à la cantine de son entreprise, alors qu’elle s’apprêtait à mettre sur son plateau un feuilleté au jambon, le cuisinier lui a dit : « Ça, c’est pas pour vous ! » et a refusé de lui expliquer pourquoi. Le lendemain, elle a exigé des excuses du salarié. Qu’elle a obtenues. Rue89

     

    « Tu es né ici, tu vis ici. Même si tu voulais être autre chose que français, ça puerait le mensonge. En fait, tu n’as même pas le choix. »

    C’est donc tout naturellement que je fais partie de ces 90% d’enfants d’immigrés qui ont le sentiment d’être français, selon une étude de l’Insee parue ce mercredi.

    Plein de statistiques pour nous dire que les immigrés seraient moins bien lotis que leurs enfants nés en France, eux-mêmes à la traîne derrière les « ni immigrés, ni descendants ». Avec la précision suivante :

    « Si les discriminations existent, leur influence est difficile à mesurer. »

    « Il m’est arrivé de basculer de l’autre côté »

    « 67% des descendants d’immigrés ont le sentiment d’être vus comme des Français », dit aussi l’étude.

    Quid des 33% qui ne partagent pas ce point de vue ? « Une couleur de peau foncée rend parano », me disait mon voisin d’origine tchadienne à la fac, en cours d’histoire moderne. Il s’empressait de compléter :

    « Il n’y a pas de fumée sans feu non plus. »

    Je fais aussi partie des 67% d’enfants d’immigrés qui ont le sentiment d’être vus comme des Français, mais il m’est déjà arrivé de basculer dans les 33%. L’espace de quelques minutes, quand, pendant « un contrôle de routine », un policier vous dit qu’il aime tâter « vos couilles d’Arabe » et vous demande de vous allonger par terre.

    Quand l’un de ses collègues fait entrer un chien dans votre voiture pour chercher du shit, alors que juste en face de vous, une bande de blonds fument des gros pétards.

    Discrimination sournoise

    Quand vous postulez pour un emploi (payé une misère et pour lequel vous êtes surqualifié) dans la boîte où travaille l’un de vos amis « ni immigré, ni descendant » parce qu’il vous dit qu’elle recherche activement. Sans nouvelles de votre CV, vous le relancez. « Franchement, ils ne prennent pas trop de Rebeus apparemment... » De la discrimination, mais sournoise.

    Discrimination, un mot que n’utilise jamais ma mère. Elle ne fait pas de yoga, mais pour elle, c’est une histoire d’ondes. Un soir, elle m’a dit qu’elle ne le prononçait jamais pour ne pas décourager ses enfants :

    « Si moi, née au Maroc, j’ai réussi à décrocher un job fixe [fonctionnaire de catégorie C dans l’Education nationale, ndlr], vous pouvez y arriver. »

    Il pensait que je mentais sur mon salaire

    Il est dit aussi qu’un immigré « gagne environ 1 500 euros, son enfant 1 600. »

    Au niveau de l’éducation, je m’en sors mieux que mes parents. C’est déjà une réussite, une fierté et un bel investissement pour la suite. Mon père lisait et écrivait en arabe, mais pas en français. Ma mère avait décroché son bac au Maroc. Elle est parfaitement bilingue.

    Mais pour l’argent, c’est faux. Dans les années 90, mes parents, ouvriers, gagnaient au moins autant que moi en 2012.

    Mon père n’a jamais compris comment moi, avec mes diplômes universitaires, je touchais moins qu’un ouvrier à l’usine. Après mon master, j’ai galéré. Des petits boulots ici et là. Il pensait que je lui mentais sur mon salaire. Un soir, il a demandé à ma mère si je disais vrai. « Oui, c’est vrai. »

    L’ÉTUDE DE L’INSEE
    L’étude de l’Insee met le doigt sur la spécificité française. La France compte ainsi 6,7 millions d’enfants d’immigrés. Elle se distingue des autres pays européenns, où les immigrés de la première génération (ils sont 5,8 millions en France) restent plus nombreux que leurs descendants. Autre facteur évoqué, la réussite scolaire. Les enfants de l’immigration turque sont en sous-réussite, contrairement aux élèves originaires du sud-est de l’Asie. Les descendantes de Marocains, de Tunisiens et d’immigrés venus du Sahel obtiennent davantage le bac que les filles non issues de l’immigration. Concernant l’accès à l’emploi, 29% des enfants d’immigrés originaires d’Afrique sont au chômage cinq ans après leur sortie de l’école, contre 11% pour des Français dont les parents sont nés en France.

    Selon le rapport de l’Insee, les descendants d’immigrés d’Afrique sont trois fois plus au chômage que les Français d’origine, mais restent mieux lotis que leurs parents. Un écart dû au diplôme, à l’origine sociale et au lieu de vie, mais dont une part reste « inexpliquée ». Une manière subtile (ou pas) de dire qu’on ne peut pas prouver la discrimination.

    Tous mes rêves se déroulent en France

    Il m’est arrivé de mettre mes échecs aux entretiens d’embauche sur le compte de la discrimination. Souvent à tort, mais parfois à raison, quand une attitude ou une petite phrase me faisait dire que tout était déjà joué d’avance. A cause de ma peau, de mon adresse. Ou bien les deux.

    Et puis j’ai arrêté. Trop compliqué à gérer mentalement de se demander, à chaque fois, si on a été uniquement jugé sur ses compétences.

    Il y a trois ans, j’ai pensé m’exiler sur un autre continent. N’importe où, pourvu que je bosse. Mais je suis comme mes cousins en Tunisie – toutes proportions gardées – qui refusent d’imaginer une seule seconde de faire leur sac. Tous mes rêves se déroulent sur la même aire géographique : la France. Alors j’y reste.

    Et si ma mère avait été analphabète ?

    L’étude dit encore : « 14% des enfants d’immigrés estiment avoir été moins bien traités à l’école. »

    Je n’étais pas le plus épanoui en cours, mais j’ai eu de la chance. De bonnes facultés d’écoute, un bon baratin pour meubler dans les dissertations.

    Mon père avait plein de stylos dans la poche de sa veste, bien qu’il ne s’en servît jamais. Ma mère était moins « bling-bling », mais collectionnait les bouquins. Très tôt, j’ai commencé à les lire. Tout et n’importe quoi. Ça m’a permis d’acquérir un peu de culture générale et du vocabulaire. Et si ma mère avait été analphabète ?

    Je n’ai jamais compris l’attitude de certains professeurs, ni certaines de leurs méthodes pour démotiver leurs élèves. C’était comme s’ils se projetaient dans le futur et se disaient que « non, lui ne peut pas réussir, ce n’est pas possible » ou bien « bac+2, c’est largement suffisant pour lui ».

    Ceux-là profitent de la méconnaissance des parents immigrés – qui ont souvent entièrement confiance dans l’école – pour orienter à leur guise et détruire, en toute impunité, des carrières scolaires.

    « Il n’y a rien pour toi dans l’écriture »

    Ma mère voulait que je devienne avocat. Un classique. Moi pas. Je voulais écrire. Au lycée, je l’ai dit à certains profs, à qui j’ai demandé conseil. Je bombais le torse, j’étais parmi les meilleurs. Ils me l’ont dégonflé illico :

    « Tu sais qu’il y a des BTS, c’est très formateur. Il n’y a rien pour toi dans l’écriture. La précarité, le chômage, la galère »

    Ce n’est pas faux, mais c’est mon problème, pas le leur. A l’époque, pas d’Internet pour jeter un coup d’œil sur les forums. Mes parents ne pouvaient pas me renseigner, mon entourage proche non plus (aucun d’entre eux n’avait dépassé le bac).

    Je suis allé jusqu’en Master. Un coup de chance. Certains amis de la cité, plus doués – peut-être plus motivés – ne sont jamais arrivés jusqu’à l’université alors qu’ils m’en parlaient souvent. Comme Samir.

    A son père, les profs avaient dit qu’avec la mécanique, c’était un salaire assuré. Un truc du genre : « De toute façon, il échouera s’il va plus loin, autant ne pas perdre de temps. » Il a mordu. Je crois qu’il n’avait compris qu’un mot sur deux.

    Samir était moins convaincu, mais que pouvait-il dire ? On parle d’un collégien. Qui, d’ailleurs, n’a jamais fini son CAP carrosserie.

    Je ne sais pas ce que Samir penserait de cette étude de l’Insee. Moi, je la trouve précieuse pour au moins deux points. D’une part parce qu’elle définit ce qu’est un immigré et parce qu’elle permet de rassurer les sceptiques : je ne viens pas d’ailleurs et je me sens français, comme neuf enfants d’immigrés sur dix.

     
  • L’Union Européenne c’est la guerre !

     

    Le Prix Nobel de la Paix a été attribué à l'Union européenne, au moment même où, de l'Afghanistan à la Libye, et de l'Irak à la Syrie, l'Union européenne apparaît désormais clairement comme le simple paravent politique d'une alliance militaire euro-atlantiste voulant imposer la loi du plus fort à la planète entière.

    Cette attribution n'est donc pas seulement choquante du point de vue politique : tout le monde a compris que son objet est de tenter - bien inutilement d'ailleurs - de redonner un peu de prestige à une construction européenne dont les conséquences apparaissent désormais de façon criante comme désastreuses dans tous les domaines sans exception : économique, social, financier, monétaire, politique, social, industriel, scientifique, commercial, culturel, diplomatique et militaire. 

    Une décision orwellienne 

    Cette attribution est également choquante du point de vue de la morale et de l'éthique, En procédant à une inversion totale des valeurs qu'elle sous-tend, l'attribution du Prix Nobel de la Paix à l'UE/OTAN revêt un caractère "orwellien", en rappelant cet infernal univers décrit dans le roman 1984 : "De son poste d’observation, Winston pouvait encore déchiffrer sur la façade l’inscription artistique des trois slogans du Parti :

    « LA GUERRE C’EST LA PAIX - LA LIBERTÉ C’EST L’ESCLAVAGE - L’IGNORANCE C’EST LA FORCE »

    Du reste, le caractère orwellien de cette décision se retrouve également dans le fait - insuffisamment souligné - que le Prix Nobel de la Paix a été officiellement attribué à l'Union européenne, non seulement pour avoir prétendument fait œuvre de paix mais aussi « pour avoir contribué pendant plus de six décennies à promouvoir la démocratie et les droits de l'homme en Europe ». 

    Passons outre le caractère ubuesque qu'il y a à attribuer un prix pour de prétendus mérites s'étalant sur « plus de six décennies » à l'Union européenne qui n'existe que depuis 20 ans. 

    C'est en effet le traité de Maastricht de 1992 qui a créé l'Union européenne, avec sa monnaie, sa politique étrangère et de sécurité commune, son caractère fédéral, etc., et qui est à l'origine de la Bérézina tous azimuts que je rappelais précédemment. 

    Mais ne passons pas outre au fait qu'en matière de démocratie et de droits de l'homme :

    - l'Union européenne se développe selon le principe du « despotisme éclairé », de l'aveu même de certains de ses plus éminents responsables (http://rhone.u-p-r.fr/articles-thematiques/articles-qui-a-ose-le-dire/qua-ose-dire-tommaso-padoa-schioppa)

    - l'Union européenne considère comme nuls et non avenus tous les référendums populaires qui ne se plient pas à sa volonté (comme ceux du 29 mai 2005 en France, du 1er juin 2005 aux Pays Bas, du 12 juin 2008 en Irlande, etc),

    - l'Union européenne viole ouvertement ses propres traités (comme l'article 125 du TFUE qui interdit le renflouement financier d'un Etat par un autre,

    - l'Union européenne accepte les commémorations officielles d'anciens Waffen-SS dans les pays baltes et fait même front commun avec eux sur cette question à l'ONU (cf. vote à l'Assemblée générale des Nations Unies du 22 décembre 2010 : http://fr.rian.ru/world/20101222/188193064.html),

    - l'Union européenne impose d'authentiques "dictateurs" pour diriger les États récalcitrants, c'est-à-dire des dirigeants cooptés par la Commission européenne et par Goldman Sachs, mais qui ne se sont jamais soumis au suffrage universel (comme MM. Papademos en Grèce et Mario Monti en Italie),

    - l'Union européenne vide de sens ce qui restait des démocraties, notamment avec le TSCG qui retire aux parlements leurs prérogatives essentielles en matière budgétaire,

    - etc.

    Mais il faut aller au-delà de ce cynisme révoltant. Il faut examiner de près cette affirmation, véhiculée par l'attribution de ce Prix, selon laquelle la construction européenne aurait installé la paix sur le continent européen. Cette affirmation doit être étudiée avec beaucoup de précision car il s’agit de l’un des arguments les plus efficaces de la propagande européiste.

    Non, la paix en Europe ne doit rien à l'Union européenne

    Tirant parti de ce qu’il n’y a pas eu de conflit armé, en effet, entre la France et l’Allemagne depuis 1945, la propagande européiste nous assure que cette situation heureuse découle indubitablement de la construction européenne et que celle-ci ne saurait donc être remise en question, sauf par de dangereux va-t-en guerre.

    Pour beaucoup de Français, cet argument selon lequel « l’Europe, c’est la Paix » est d’autant plus intimidant qu’il semble incontestable. Il joue même un rôle décisif pour les Français qui ont personnellement des souvenirs d’enfance de la Seconde Guerre mondiale. Comme l’ont révélé les sondages post-électoraux effectués par tranche d’âge après le référendum de 2005, l’argument de la paix explique principalement pourquoi ce sont les électeurs de plus de 60 ans – et davantage encore ceux âgés de plus de 70 ans – qui ont été les seuls à voter majoritairement en faveur de la Constitution européenne.

    Pourtant, cet argument selon lequel « l’Europe, c’est la Paix » est à la fois faux et très dangereux. Et l’UPR tient non seulement à ne pas le passer sous silence mais elle tient par-dessus tout à en expliquer la fausseté. Car, comme bien souvent dans l’histoire des hommes, une construction politique prétendument porteuse de paix est en train de nous conduire à la guerre.

    Examinons pourquoi.

    La construction européenne n’a été pour rien dans le maintien de la paix en Europe depuis 1945

    Contrairement à ce qu’assène la propagande, la construction européenne n’a été pour rien dans le maintien de la paix sur le continent européen depuis 1945 (plus exactement dans sa partie occidentale, car le continent a connu plusieurs conflits très meurtriers dans l’ancienne Yougoslavie).

    Qu’est-ce qui permet de l’affirmer ?

    Tout d’abord la simple chronologie des faits.

    En effet, si la fameuse Déclaration Schuman date du 9 mai 1950, le Traité de Rome n’a été signé quant à lui que le 25 mars 1957 et les institutions communautaires ne se sont mises en place que très progressivement ensuite. Ce simple rappel des dates a une conséquence logique immédiate : si la paix a prévalu entre 1945 et, disons, le début des années 1960, il est tout simplement impossible d’en attribuer le bénéfice à quelque chose qui n’existait pas.

    Ainsi, ce n’est pas grâce à la CECA balbutiante ou au Traité de Rome, puisqu’il n’existait pas, que le blocus de Berlin de 1953 ou que l’insurrection hongroise de 1956 n’ont pas dégénéré en conflit mondial. Si la France et l’Allemagne ne sont pas entrées en guerre l’une contre l’autre pendant les années 50, c’est parce que ce n’était tout simplement pas le sujet du moment, loin s’en faut. La guerre qui menaçait d’ensanglanter l’Europe ne risquait pas d’opposer les deux rives du Rhin mais le camp occidental sous influence américaine et le camp socialiste sous influence soviétique.

    Or, ce qui a préservé la paix porte un nom : l’équilibre de la terreur. C’est-à-dire la perspective d’une « destruction mutuelle assurée » – c’était le nom même du concept stratégique (« MAD » pour « Mutual Assured Destruction » en anglais) entre les troupes de l’OTAN et celles du Pacte de Varsovie -, à l’issue d’une apocalypse nucléaire qui aurait anéanti le continent et sans doute même la planète entière.

    Ainsi donc, et l’on se sent presque gêné de devoir le rappeler tant la propagande européiste a occulté la réalité des faits, si la paix a prévalu entre 1945 et la chute du Mur de Berlin en 1991, c’est parce que l’Europe était, de part et d’autre du rideau de fer, armée jusqu’aux dents. C’est une triste réalité mais elle est indéniable : ce sont les bombes thermonucléaires, les sous-marins lanceurs d’engins, les forces aériennes stratégiques et les missiles balistiques ou de croisière, qui ont assuré la paix en Europe. Ce ne sont pas les montagnes de paperasses des technocrates de la Commission de Bruxelles visant à harmoniser l’éclairage des voitures ou le pourcentage de matières grasses dans le beurre de cacao…

    D’accord. Mais maintenant ? Eh bien maintenant, il faut regarder le monde tel qu’il est en 2012 et non pas le monde tel qu’il était il y a cinquante ou cent ans.


    - Exercice "FIESOLE 2009" de l'EUROFOR en Italie. Des militaires de 5 pays membres de l'UE, réunis dans l'EUROFOR, s'entraînent à d'éventuelles « opérations de stabilisation » de l'Alliance Atlantique : il s'agit en fait d'opération de déstabilisation ou de guerres d'agressions prédatrices -

    Les trois évolutions majeures de l’Occident depuis 1945

    Trois évolutions structurelles extrêmement puissantes se sont imposées en Europe occidentale depuis la fin du second conflit mondial.


    1. – Première évolution majeure : la fin des guerres classiques entre pays développés

    La première de ces évolutions concerne la fin des guerres classiques entre pays développés.

    L’histoire européenne a été marquée, depuis la Renaissance, et surtout depuis la Guerre de Trente Ans et le Traité de Westphalie de 1648, jusqu’en 1945, par la guerre classique, c’est-à-dire des conflits opposant les armées d’État à État (armées de mercenaires d’abord, régulières ensuite).

    Or ce type de conflits classiques tend désormais à disparaître, sinon de toute la surface de la planète, du moins de tous les pays très développés.

    Pourquoi ? Pas du tout sous l’effet des institutions communautaires. D’ailleurs, les Français envisagent-ils davantage de faire la guerre à la Norvège qu’à la Finlande parce que la première n’est pas dans l’Union alors que la seconde l’est ? Évidemment non.

    Autre exemple : un coup de chasse-mouche du dey d’Alger contre l’envoyé de Charles X avait été un motif jugé suffisant pour que la France intervienne militairement en Algérie en 1830. Mais, un siècle et demi après, le gouvernement français n’a jamais même simplement envisagé d’envoyer des soldats français en Algérie pour empêcher qu’un nombre significatif de nos compatriotes s’y fassent assassiner pendant les années 1980 et 1990. L’Algérie n’étant pas dans l’Union européenne, ce refus français d’entrer en guerre, si exactement contraire à ce que fut l’attitude française en 1830, tient donc à des causes qui n’ont rien à voir avec la construction européenne.

    Quelles sont ces causes ?

    Si la guerre classique d’État à État tend à s’éteindre dans l’ensemble des pays développés, c’est essentiellement sous le double effet :

    – d’une part d’un profond changement des mœurs, découlant de la hausse des niveaux de vie et de la généralisation de l’éducation,

    – d’autre part de la généralisation des moyens de communication visuels et instantanés : la télévision, puissamment relayée désormais par Internet.

    Les États-Unis ont perdu la Guerre du Vietnam en 1975, d’abord et avant tout parce que le peuple américain ne supportait plus de voir les appelés du contingent mourir en direct sur le petit écran jour après jour, et que la conscience universelle n’aurait pas toléré que Washington usât de l’arme nucléaire dans ce cas.

    C’est l’instantanéité et l’omniprésence de l’information qui rend la guerre classique de plus en plus inacceptable aux yeux des opinions publiques des pays développés, et nullement les institutions bureaucratiques de Bruxelles.

    Cet état de fait entraîne deux conséquences majeures :

    a) l’apparition de guerres nouvelles et d’un type inconnu entre les pays développés

    La première conséquence, c’est que les États développés ne peuvent plus réellement se faire de guerre classique entre eux. Cela ne signifie hélas pas qu’ils ne se font plus la guerre du tout ! Cela signifie seulement que les guerres qu’ils se livrent sont d’une toute autre nature que les guerres classiques.

    Désormais, les guerres entre pays développés sont beaucoup plus sournoises. Elles se font de façon invisible pour l’homme de la rue : il n’y a plus de déclarations de guerre, les armements classiques n’apparaissent plus, les destructions matérielles et humaines sont devenues très faibles.

    Les guerres du XXIe siècle usent d’autres moyens, beaucoup plus perfides et sophistiqués :

    - leurs armes sont les médias, les campagnes de propagande, les opérations de désinformation, les manipulations psychologiques, les actes terroristes à la paternité douteuse ;

    - leurs cibles sont les cerveaux de chaque individu, leur mise en conditionnement pour accepter des évolutions et des prises de contrôle souvent bien plus totales que ce à quoi parvenaient les guerres classiques d’autrefois.

    C’est en pensant à ce nouveau type de « guerre inconnue », de guerre du XXIe siècle, que François Mitterranda livré, dans le testament politique qu’il a confié au journaliste George Marc Benamou quelques semaines avant sa mort, ces terribles phrases que j’évoque dans certaines de mes conférences :
     

    « La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort…apparemment. Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde… C’est une guerre inconnue, une guerre permanente, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort ! »

    (Source : Le dernier Mitterrand de Georges-Marc Benamou – Date de publication : 27/1/1997 – Editeur : Plon – Omnibus).


    b) – la relégation des guerres classiques dans des zones périphériques et hors du champ des médias

    La seconde conséquence, c’est que lorsque les pays très développés ont encore recours à des interventions militaires, ils ne le font désormais que dans des zones périphériques du monde, éloignées et difficiles d’accès pour les médias, et sous des contraintes très fortes : en n’utilisant plus de conscrits mais une armée de métier, en ayant pour objectif le « zéro mort » pour leurs propres soldats, donc en privilégiant les bombardements aériens aux opérations terrestres, en visant à ce que le conflit soit le plus bref possible, et enfin en verrouillant le plus possible la couverture de presse.

    C’est ce type de guerre qui se déroule dans plusieurs régions du monde, et notamment en Afghanistan, en Irak, ou en Libye, où les armées des pays membres de l’Union européenne ont été ou sont d’ailleurs très largement engagées, sous couvert d’opérations de l’OTAN.



    2. – Deuxième évolution majeure : le déclin du taux de natalité dans les pays d’Europe

    La deuxième évolution structurelle concerne le déclin du taux de natalité dans les pays d’Europe, qui entraîne depuis des années un vieillissement accéléré des populations.

    Cette évolution est tout spécialement spectaculaire en Allemagne puisque l’un des scénarios démographiques probables envisage que l’Allemagne perde 13,7 millions d’habitants d’ici à 2050, et cela malgré l’immigration annuelle massive de 100 000 personnes. En 2050, les personnes de plus de 60 ans représenteraient plus de 40 % de la population allemande et seraient presque trois fois plus nombreuses que les moins de 20 ans. (source : article « Démographie de l’Allemagne » dans Wikipédia).

    Ces données démographiques sont capitales car tous les historiens savent que les guerres naissent très généralement entre des zones pauvres enregistrant une forte croissance de leur population et des zones riches de faible pression démographique. De ce point de vue, quel historien ou spécialiste des conflits peut sérieusement croire que la guerre est plausible entre les pays de l’ouest européen, alors que ceux-ci sont menacés de dénatalité et que les personnes âgées y sont d’année en année plus nombreuses ?

    3. – Troisième évolution majeure : la démographie des pays du sud de la Méditerranée (Maghreb et Afrique)

    Enfin, la troisième évolution structurelle concerne justement la démographie des pays du sud de la Méditerranée (Maghreb et Afrique), ainsi que, de façon plus éloignée géographiquement, celle du sous-continent indien.

    Pour les raisons que l’on vient de rappeler, tout spécialiste sérieux ne peut pas ignorer que la disparité des situations démographiques et économiques entre les deux rives de la Méditerranée constitue le principal risque de guerre pour l’Europe dans les décennies qui viennent.

    Or, et c’est là la tragique ruse de l’Histoire, le principe même de la construction européenne consiste précisément à repousser les pays du Maghreb et d’Afrique à l’extérieur du périmètre européen (la candidature du Maroc à l’entrée dans l’Union européenne ayant d’ailleurs été officiellement rejetée).

    Les européistes peuvent évidemment rétorquer que les pays du Maghreb ou d’Afrique n’ont pas leur place dans une « construction européenne ».

    Mais cette réponse fait comme si la définition purement conventionnelle de ce que sont des continents devait primer sur une réflexion sage sur ce qu’il convient de faire pour préserver la paix des futures générations des deux côtés de la Méditerranée.

    CONCLUSION : Par son principe même, l'Union européenne nous conduit tout droit à la théorie du "Choc des Civilisations"

    En réalité, ce raisonnement cynique et dur des européistes prouve en quoi l’Europe, loin de nous assurer la paix, est au contraire en train de nous amener la guerre. 

    Si les européistes croyaient sincèrement que ce sont les dizaines de milliers de pages de directives d’harmonisation émanant de la Commission de Bruxelles qui ont empêché une nouvelle guerre en Europe depuis un demi-siècle, alors ils devraient logiquement proposer d’intégrer au plus vite les pays du sud dans cette construction politique censée garantir la paix.

    En rejetant au contraire ces pays, ils font la preuve de leur terrible inconséquence et ils révèlent à leur corps défendant que la construction européenne n’est bien qu’une opération conçue depuis des années à Washington pour faire de l’Europe un glacis géostratégique américain. Une opération qui présente toutes les allures d'un apartheid au niveau planétaire, distinguant les pays en deux catégories : les serviettes euro-atlantistes d'un côté, et les torchons de l'autre côté.

    Cet asservissement politique nous conduit donc tout droit au Choc des Civilisations, théorisé précisément par Washington.

    En accordant le Prix Nobel de la Paix à l'Union européenne, qui n'est que la face civile d'une médaille dont la face militaire s'appelle OTAN, M. Jagland et ses commanditaires viennent d'accorder le Prix Nobel de la Paix à la pensée et à la stratégie les plus inquiétantes et les plus dangereuses pour la paix du monde.

    François ASSELINEAU