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Media-info - Page 11

  • Victoire de Chavez !

     

    Hu ! Ha ! Chavez no se va !

    L’empire fait la gueule ce matin.

    Quoi ? Il ne suffit plus de mentir ?

    Chavez, la mine resplendissante, rien de tel qu’un petit cancer pour vous remettre sur pied, a remporté pour la troisième fois les élections Vénézuéliennes. Au pouvoir depuis 14 ans, il va remettre ça pour encore six ans. Les résultats sont clairs.

     Une participation de 80%, mazette ! 54,42 % des voix devant Henrique Capriles 44,97%.( Sur 90% des bulletins)

    Quelle merveilleuse nouvelle pour cette Amérique du Sud qui échappe encore aux griffes de l’Amérique du nord, l’Amérique des Morts, celle qui sacrifie son peuple aux folies assassines d’une classe qui prospère dans le pétrole, les armes, les banques, vols de vautours sur la planète entière.

    Il paraît que Chavez est un « dictateur » . Vraiment pas « fut-fut » pour un dictateur ! 54, 42 % des votants ! En Afrique ils font du 90% sans problème !

    Ah ! Les ennemis de Chavez !

    Il faudrait que notre Hollandalo lui demande comment il fait pour avoir régulièrement entre 61% et 69% d’opinions favorables !

    Le succès de Chavez, une révolution en construction, c’est son pays décrété « territoire libre d’analphabétisme » par l’Unesco en 2005, c’est près de 60 000 nouveaux établissements, 55 000 enseignants incorporés cette année, 75 000 bibliothèques, un accès gratuit à la santé avec la coopération de Cuba, la création de dispensaires et de médecins dans les banlieues et le secteur rural, la production nationale de médicaments génériques gratuits, 178 000 Vénézuéliens pauvres récupérant la vue grâce à la mission « Miracle », le traitement du Sida gratuit, 4 millions de personnes engagées dans le sport, la reconnaissance des peuples indigènes, la distribution de terres aux paysans, 3 millions d’hectares distribués, des pensions de vieillesse à plus de 20 000 agriculteurs et pêcheurs qui ont atteint l’âge de la retraite sans avoir cotisé, la nationalisation des secteurs de l’économie qui, adossée à la hausse des prix du pétrole, ont généré d’importants revenus dont bénéficie la majorité de la population.

    Une véritable révolution sociale avec un bilan spectaculaire qui se consolide tous les ans.

    Telle est la différence entre le socialisme et le libéralisme. Eternelle lutte des classes. D’un côté on aide le peuple, de l’autre on lui dit : « Démerde-toi et si tu n’y arrives pas, c’est que tu es un looser. Crève. Et tais-toi. » La loi des vainqueurs.

    Aujourd’hui la loi des vainqueurs au Vénézuela, c’est la loi des pauvres.

    Que c’est bon ! Comme on est heureux pour eux !

    Et aucune CIA , aucun article bidonné, aucune propagande du « Monde » qui, ce matin, glisse un petit article « Chavez ira-t-il au bout de son mandat », n’y peut rien. Le peuple a parlé !

    Quelle merveille victoire aussi pour cette Amérique du Sud qui écharpée par des coups d’Etat , des interventions armées et secrètes, un désordre agité par les cartels de la drogue, une corruption endémique, une violence qui paraît ne jamais vouloir cesser, crée les moyens de son union et de sa victoire.

    Comme nous sommes gris et frileux à côté d’eux ! Comme brille le Mercosur , cinquième puissance mondiale des Caraïbes à la Patagonie ! Comme croît et embellit, échappé au laboratoire de l’expérimentation du néo-libéralisme avec son putassier FMI, tellement bien décrit par John Perkins dans ses « Mémoires d’un assassin économique », une Amérique Latine qui devient le laboratoire de la contestation.

     

    C’est sans doute pour cela que le Front de Gauche avait organisé hier soir une soirée électorale. Les amis de l’Usine, qui est le QG du parti, avaient invité la gauche libero et avaient préparé une super ambiance de fête, guitares, chansons, tortillas, mojitos et autres délices locaux.

    Pour Mélenchon qui prenait la parole après Corbières et Delapierre, cette élection revêtait une importance immense. Il rappela la venue au pouvoir de Chavez. En ces temps-là, un libéralisme pur et dur régnait sur le pays, le peuple était assommé, comme nous le sommes un peu nous-mêmes, mais un jour, le pouvoir augmenta le prix des billets de bus. Et tout partit de là. Une révolte du peuple, l’envoi de l’armée. 3000 morts. Et Chavez élu.

    Or ce qui est arrivé là-bas, arrivera inéluctablement ici .

    Avec le TSCG nous sommes engagés dans une voie « austéritaire » qui un jour, sur une augmentation qui sera jugée insupportable, conduira à des révoltes dont la violence est inévitable. Les libéraux veulent pousser le peuple à la lutte pour le mater, pour l’effrayer. Mais dans ce genre de combat ,on ne sait jamais ce qu’il advient. Au Vénézuela, la victoire du peuple est née de cette folie.

    C’était un plaisir, hier soir, d’entendre Mélenchon jouer au professeur d’histoire, parler, tout simplement de ses émotions d’homme quand il voit cette foule de pauvres gens sauvés de l’indignité. « Oui, je pleure, je le dis ». Au dix-huitième siècle, qui ne sortait pas du théâtre en larmes était un moins que rien. A présent un homme ne pleure pas. Est-ce pour cela qu’il est moins heureux ?

    Il parlait aussi des « socialistes », ses ex-copains qu’il a tant connus et qui ne connaissent strictement rien à l’Amérique du Sud. De Hollande, si grand politique, allant soutenir l’ennemi de Lula, de Moscovici lui aussi égaré dans des préférences stupides.

    Je suis très amusée quand j’entends dire que Mélenchon est en fait « plus lié qu’on ne le croit au PS. » Il a vécu dans leur groupe assez longtemps pour les connaître et, ne pouvant les réformer, les a quittés en devenant ce qu’on appelle un homme d’honneur.

    Mais un homme d’honneur qui prend fait et cause pour le peuple et contre le sacro-saint libéralisme, il faut le cisailler, l’attaquer de toutes les façons. Comme le fait cette presse propagandiste qui bourre le mou de lecteurs ignorants.

     

    Hier, un des grands sujets était l’arrestation de cet islamiste (pardon « salafiste » est le mot à la mode !) , ce salafiste , donc, qui a lancé une grenade dans une épicerie juive. En plein vote du TSCG. Comme l’affaire Merah en plein vote des présidentielles. Comme l’assassinat de l’ambassadeur américain à Benghazi, en pleine élection américaine. Vous pensez bien que je ne vais pas dire que c’est voulu ! Dieu m’en garde ! Mais quels hasards qui tombent bien pour dire : « Votez pour ceux qui vous défendent contre les méchants ! Ayez peur, braves gens, mais nous sommes là ! »

    Pendant ce temps le Nouvel Obs produit un superbe portrait titré : « Valls vice-président de la république. »

    Arrêtez de prendre vos désirs pour des réalités les gars…

     La France est encore bien endormie, mais cette histoire de TSCG, ces collectivités territoriales qui viennent, enfin, de découvrir, atterrées, ce que sera pour eux ce nouveau temps, voilà qui, peut-être va nuire à vos projets. 

    Quand allez-vous augmenter le prix des billets de tram ?

     

    Mais, ce matin, soyons à la joie de tout un peuple.

    Hu ! Ha ! Chavez no se va !!!!!

    Chavez, président de la république du Venezuela !

  • L’Union Européenne, prix Nobel de la paix !

    parAriane Walter

     

    Ahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahah !!!!

    Je n’en peux plus ! Je m’étouffe !

    Prix Nobel !!! Quel prix Nobel ? Chantal Nobel ? Des sagas TF1 ?

    Non, là c’est trop ! Prix Nobel de la Paix ! Ils perdent la tête !

    Mais ils veulent en venir où ? Quel est le message subliminal : « On vous fait crever et on se fout de vous ! » ?

    L’Europe va de manif en manif dont nous ne connaissons pas le quart de la moitié. Des hommes gazés, matraqués, ensanglantés voilà ce que deviennent les citoyens européens courageux qui demandent simplement à ce que la démocratie soit respectée.

    Le nom le plus haï en Europe est Europe.

    Une belle idée transformée en champ de misère.

    Et c’est cette mère maquerelle, cette Europe de la Finance et des mafias, qui reçoit le prix Nobel de la paix !

    Il faut dire qu’après Obama, prix Nobel de la paix l’an dernier et l’Europe, prix Nobel cette année, il reste pour l’an prochain Netanyahou de retour de la guerre d’Iran.

    Ah ! C’est de l’ironie ! Il faut le dire.

    Ces pauvres Nobels ! On les a payés combien ? Des toits à refaire ?

    Avant c’était une gloire « prix Nobel ». Maintenant, la honte !

    Tout ceci est tellement gros que cela ne manque pas quand même de poser des questions.

    Est-ce une manière de dire aux gens qui réfléchissent dans ces pays :

    -Ecoutez le populo, vous pouvez faire ce que vous voulez, vous êtes cuits et recuits. On vous tient et on vous fait sauter en barbecue ! On se fout complètement de vous ! Et ce n’est que le début ! Ce que vous pensez, ce que vous faites, on s’en fiche royalement. Les princes, c’est nous qui les désignons. Et ils font ce que nous leur disons de faire. Et vous, ou vous allez travailler pour nous pour deux francs six sous ou vous allez aller crever de faim où vous voudrez. Car il n’y a pour vous que ces deux solutions. C’est comme ça. C’est décidé. Pas content ? Ben , essayez de nous faire partir. Avec vos manifs pacifiques ! Pauvres ploucs ! Vous êtes noyautés de tous les côtés ! Oui, on était sûr que ça allait vous faire marronner un max cette nomination de l’UE au prix Nobel de la paix. Mais c’est une manière de vous dire ce que vous êtes et ce que vous valez. C’est une jouissance de se foutre de vous. On vous mène une guerre silencieuse et sympa qui ne nous coûte pas cher et qui nous rapporte un max. On vit sur votre dos. On va vous piquer vos salaires, vos impôts et aussi vos domaines, votre patrie. Il y a longtemps que ça a commencé. Vous vous réveillez un peu tard. Un peu trop grassouillets. Un peu trop gavés. Le maniement des armes vous ne connaissez pas trop. Voilà pourquoi vous nous faites très peur. Oh ! Oui !!! Allez soyez beaux joueurs ! Mettez vous à genoux et adirez vos nouveaux maîtres ! Petite Europe ! L’Amérique, autrefois est tombée devant quelques centaines de conquistadors et aujourd’hui vous tombez devant quelques mots , quelques lois. Rien de plus. Quelques cars de police pour vous faire peur ! Bouh !!! et pour nous la gloire et la domination totale ! Et ça ne fait que commencer ! Soyez en sûrs ! Vive l’Europe prix Nobel de la paix ! Puisque tout ce qui est prix s’achète ! »

    Face à cette réalité, nous sommes désarçonnés.

    N’en ayons pas honte.

    Nous ne sommes pas des guerriers.

    Et se battre où ?

    Contre qui ?

    Nous avons à nous unir. Réfléchir. Apprendre. 

    Nous sommes comme ces paysans qui se font racketter et qui mettent du temps avant de s’organiser.

    Il faut d’abord que cette idée entre dans nos têtes. Nous sommes en guerre. Nous sommes occupés. Ceux qui nous dirigent collaborent avec la finance européenne et mondiale et ne feront rien pour nous, sinon nous vendre ce qui est déjà fait depuis le 9 octobre 2012. 

     

    Le Portugal offre un beau cadeau à l’Europe pour la féliciter de ce prix Nobel : une grève générale le14 novembre. Quels autres pays d’Europe suivront ? L'espagne est partante.

    Mais peu importe. Si ce n’est pas à ce moment-là, cela viendra. Inéluctablement.

    Attention au premier mort, messieurs de la police et du Nobel.

    Le mépris, la colère, l’écœurement, la haine, la fureur voilà les sentiments que vous nous inspirez.

    Vous êtes la déchéance d’une espèce humaine vouée à la solidarité, au progrès, à l’amour du prochain.

     

    L’Europe des marchés et de Goldman Sachs, prix Nobel de la paix !!

    Ahahahahahahahahahahahahahahahaaaaa !!!!

    Mafia !

     
     
  • Hugo Chavez est réélu

    Au Venezuela, Hugo Chavez est réélu, mais pourra-t-il aller jusqu’au bout de son mandat ?

    Le président Hugo Chavez a été réélu, dimanche 7 octobre, avec 54,42 % des suffrages, soit 7,4 millions de voix. Le candidat de l’opposition, Henrique Capriles Radonski, a immédiatement reconnu sa défaite et félicité le chef de l’Etat.

    Pendant la campagne, M. Chavez avait mis la barre très haut : il visait 10 millions de voix, un objectif plausible étant donné l’augmentation du corps électoral et la hausse continue de son score depuis son premier scrutin : 56 % en 1998, 59,5 % en 2000, 62,84 % en 2006.

    Avec 7,4 millions de voix, il recueille pratiquement le même nombre de suffrages qu’en 2006 (7,3 millions), mais obtient le plus bas pourcentage de sa carrière.

    En revanche, M. Capriles Radonski, avec 6,1 millions de voix (44,97 %), progresse de 2 millions de voix par rapport à son prédécesseur, Manuel Rosales, en 2006 (4,2 millions, soit 36,90 %).

    L’érosion du « chavisme » avait été constatée lors de précédents scrutins, le référendum constitutionnel de 2007 et les élections régionales de 2008, remportés par l’opposition, qui avait aussi obtenu un nombre de voix supérieur à la majorité présidentielle aux législatives de 2010. Mais ces trois scrutins ne mettaient pas en jeu le mandat du chef de l’Etat.


    Le résultat de la présidentielle de 2012 montre que l’usure du pouvoir touche Hugo Chavez lui-même et pas seulement son entourage, son gouvernement ou son parti.

    L’opposition progresse sensiblement et touche désormais des secteurs sociaux acquis au chavisme, bien au-delà de la classe moyenne.

    La question taboue de la campagne électorale revient maintenant inévitablement : atteint d’un cancer dont la nature est « secret défense », opéré trois fois, Hugo Chavez, 58 ans, ira-t-il jusqu’au bout de son nouveau mandat de six ans ? A en juger par sa campagne, ses forces sont diminuées : il a réduit considérablement le nombre de déplacements et de réunions publiques et multiplié les absences.

    Le chavisme après Chavez

    La « révolution bolivarienne », c’est le lieutenant-colonel Hugo Chavez tout seul, puisqu’il n’a jamais supporté que quelqu’un lui fasse de l’ombre. Pendant ses passages à vide et ses séjours à Cuba pour se soigner, il n’a jamais voulu déléguer son pouvoir à son vice-président, Elias Jaua, considéré au Venezuela comme un "taliban" (un radical). Personne ne serait capable de désigner un successeur à M. Chavez, même si les noms de Diosdado Cabello, président de l’Assemblée nationale, de Nicolas Maduro, le ministre des relations extérieures, ou d'Elias Jaua, figurent parmi les plus cités.

    Or, la question de la continuité du chavisme après Chavez est désormais posée. Le péronisme, le précédent argentin qui ressemble le plus à l’expérience vénézuélienne, est parvenu à survivre à son fondateur, le général Juan Domingo Peron (1895-1974).

    Malgré le culte de la personnalité et la liturgie qui entouraient les premières présidences de Peron (1945-1955), comparables à celles du leader bolivarien, le général n’avait pas écrasé les dirigeants qui l’entouraient. A son retour d’exil, en 1973, il avait réussi à élargir ses alliances. Le mouvement syndical avait entretenu la flamme, malgré les dix-huit de proscription du péronisme. Depuis la mort de Peron, trois autres présidents ont renouvelé la mystique péroniste dans les urnes : Carlos Menem, Nestor Kirchner et Cristina Kirchner.

    Hugo Chavez a le choix entre rester lui-même, et organiser ainsi la prochaine défaite et disparition du chavisme, ou bien recadrer sa politique vers le centre gauche et normaliser ses relations avec une opposition qu’il ne peut plus faire mine d’ignorer et de disqualifier grossièrement.

  • Jean Bricmont:Sur les interventions humanitaires...

    8 septembre 2012
    Interview de Jean Bricmont par KOUROSH ZIABARI

    Sur les interventions humanitaires, l’Iran, Israël et les pays non-alignés. (Counterpunch)

     
    Jean BRICMONT

    Dans votre article, « The case for a Non-Interventionist Foreign Policy », vous parlez des justifications que les puissances impériales utilisent pour rationaliser leurs expéditions militaires dans le monde. Une politique étrangère belliciste ne constitue-t-elle pas un avantage pour les politiciens dans le monde occidental, particulièrement aux États-Unis, pour attirer les votes et le soutien des populations ? Les américains peuvent-ils élire un président pacifiste qui s’engage ouvertement à en finir avec les guerres états-uniennes et à s’abstenir d’en mener d’autres ?

    Je ne suis pas sûr que cela attire les votes. En Europe, certainement pas. Les politiciens les plus bellicistes, Blair et Sarkozy, n’ont pas été populaires, sur le long terme, à cause de leurs politiques étrangères. En Allemagne, la population est systématiquement en faveur d’une politique étrangère de paix. Comme le remarquait le pacifiste américain A. J. Muste, le problème dans toutes les guerres réside chez les vainqueurs - ils pensent que la violence paye. Les vaincus, comme Allemagne, et à un certain degré le reste de l’Europe, savent que la guerre n’est pas toute rose.

    Cependant, je pense que, excepté en temps de crise, comme lors des guerres du Vietnam et d’Algérie, quand cela a mal tourné pour les États-Unis ou la France, la plupart des gens ne sont pas vraiment intéressés par la politique étrangère, ce qui est compréhensible, étant donné leurs problèmes quotidiens, et parce que celle-ci semble être hors de portée de la majorité des citoyens.

    Par contre, chaque candidat à l’élection présidentielle aux États-Unis doit faire des déclarations patriotiques, « nous sommes les meilleurs », « une lueur au sommet de la colline », un « défenseur des droits de l’homme », etc. Évidemment, ceci est vrai pour tous les systèmes de pouvoir, la seule chose qui varie sont les « valeurs » auxquelles on se réfère (être un bon chrétien ou un bon musulman ou bien un défenseur du socialisme, etc.).

    Et il est vrai que, pour attirer les votes, il faut avoir le soutien de la presse et des puissances d’argent. Cela introduit un énorme biais en faveur du militarisme et du soutien à Israël.

    Les puissances impériales, comme vous l’avez indiqué dans vos écrits, mènent des guerres, tuent des innocents, pillent les ressources naturelles des pays les plus faibles sous prétexte d’amener la démocratie. Qui doit donc se charger des principes du droit international, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté ? Attaquer d’autres pays tous azimuts et tuer indifféremment des civils sans défense est d’une illégalité flagrante. Est-il possible de ramener ces puissances à la raison et de les rendre responsables de ce qu’elles font ?

    Je pense que l’évolution du monde va dans la direction du respect pour les principes du droit international, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté. Comme je l’ai dit, les populations européennes sont plutôt pacifiques, à la fois à l’intérieur de l’Europe et à l’égard du reste du monde, du moins comparé au passé. Certains de leurs dirigeants ne sont pas pacifiques et il y a une forte pression en faveur de la guerre de la part d’une étrange alliance entre les interventionnistes des droits de l’homme et les néoconservateurs, qui sont très influents dans les médias et au sein de l’intelligentsia, mais ce ne sont pas les seules voix autorisées et elles sont plutôt impopulaires au sein de la population.

    Pour ce qui est des États-Unis, ils sont dans une crise profonde, pas seulement économique, mais aussi diplomatique. Ils ont perdu depuis longtemps le contrôle de l’Asie, sont en train de perdre celui de l’Amérique Latine et, actuellement, aussi du Moyen-Orient. L’Afrique se tourne de plus en plus vers la Chine.

    Donc, le monde est en train de devenir multipolaire, qu’on le veuille ou non. Je perçois là au moins deux dangers : que le déclin des États-Unis ne produise des réactions « folles », menant à une guerre globale, ou bien que l’effondrement de l’empire américain ne crée un chaos généralisé, un peu comme ce qui s’est passé lors de l’effondrement de l’empire romain. Il est de la responsabilité du mouvement des pays non alignés et des BRICS d’assurer une transition ordonnée vers un véritable nouvel ordre mondial.

    Ce qui semble être hypocrite dans l’attitude des puissances occidentales à l’égard du concept des droits de l’homme est qu’elles condamnent, d’une façon incessante, les violations des droits de l’homme dans les pays avec lesquels elles sont en conflit, mais restent intentionnellement silencieuses quant aux violations dans les pays qui leurs sont alliés. Par exemple, vous savez certainement comment on maltraite et torture les prisonniers politiques en Arabie saoudite, l’alliée numéro un de Washington parmi les pays arabes. Pourquoi ne protestent-elles pas et ne condamnent-elles pas ces violations ?

    Connaissez-vous un quelconque pouvoir qui ne soit pas hypocrite ? Il me semble que le pouvoir fonctionne ainsi partout et tout le temps.

    Par exemple, en 1815, à la chute de Napoléon, le Tsar de Russie, l’empereur d’Autriche et le roi de Prusse se sont unis dans ce qu’ils ont appelé la Sainte Alliance. Ils prétendaient baser leur ligne de conduite sur « les sublimes vérités contenues dans la religion éternelle du Christ notre sauveur », de même que sur les principes « de leur sainte religion, préceptes de justice, de charité et de paix » et ont juré de se conduire à l’égard de leurs sujets « comme un père envers ses enfants ».

    Pendant la guerre des Boers, le premier ministre Britannique, Lord Salisbury, déclarait que c’était « une guerre pour la démocratie » et que « nous ne visons ni les mines d’or ni le territoire ». Bertrand Russell, qui cite ces remarques, ajoute que « des étrangers cyniques » n’ont pas pu s’empêcher de faire remarquer que « nous avons néanmoins obtenu et les mines et le territoire » .

    Au plus fort de la guerre du Vietnam, l’historien américain Arthur Schlesinger décrivait la politique des États-Unis comme faisant partie de « notre programme global de bonne volonté internationale » . À la fin de cette guerre, un journaliste libéral écrivait dans le New York Times que : « Pendant un quart de siècle, les États-Unis ont essayé de faire le bien, d’encourager la liberté politique et de promouvoir la justice sociale dans le Tiers-Monde » .

    En ce sens, les choses n’ont pas changé. Les gens pensent parfois que, parce que notre système est plus démocratique, les choses ont dû changer. Mais ceci suppose que les populations soient bien informées, ce qui n’est pas vrai à cause des nombreux biais dans les médias, et cela suppose aussi qu’elles participent activement à la formation de la politique étrangère, ce qui n’est pas vrai non plus, sauf en temps de crise. La formation de la politique étrangère est quelque chose de très élitiste et peu démocratique.

    L’attaque ou l’invasion d’autres pays sous prétexte d’une intervention humanitaire peut être légalisée et admissible avec l’unanimité des membres permanents du Conseil de Sécurité. S’ils votent tous en faveur d’une attaque militaire, celle-ci se produira. Mais ne pensez-vous pas que le fait même que seuls 5 pays peuvent prendre des décisions sur 193 membres des Nations Unies, et que cette majorité considérable n’a aucun mot à dire sur le cours des évènements internationaux, est une insulte à toutes ces nations et à leur droit à l’auto-détermination ?

    Bien sûr. Mais maintenant que la Chine et la Russie semblent avoir des positions indépendantes vis-à-vis de l’Occident, il n’est pas évident que de nouvelles guerres seront légales. La situation actuelle au sein du Conseil de Sécurité n’est pas satisfaisante, mais je pense néanmoins que, globalement, les Nations-Unies sont une bonne chose ; elle fournissent des principes opposés à l’ingérence et un cadre pour l’ordre international, et leur existence offre la possibilité à différents pays de se rencontrer et de discuter, ce qui est mieux que rien.

    Bien sûr, réformer les Nations-Unis sera une affaire compliquée, parce que cela ne peut se faire sans le consentement des membres permanents du Conseil de Sécurité, et il y a peu de chances qu’ils soient enthousiastes à la perspective de lâcher une part de leur pouvoir.

    Ce qui importera en fin de compte sera l’évolution des rapports de forces, et celle-ci ne se fait pas en faveur de ceux qui pensent actuellement contrôler le monde.

    Parlons de certaines questions contemporaines. Dans vos articles, vous avez parlé de la guerre au Congo. Ça a été un choc pour moi d’apprendre que la seconde guerre du Congo a été la plus meurtrière dans l’histoire de l’Afrique avec 5 millions d’innocents morts, mais les médias dominants aux États-Unis ont occulté cela, parce qu’un des belligérants, l’armée rwandaise, était un allié proche de Washington. Quelle est votre position à sujet ?

    Je ne suis pas un expert sur cette région du monde. Mais la tragédie rwandaise de 1994 est souvent utilisée comme argument en faveur des interventions étrangères qui, dit-on, auraient pu arrêter les tueries, alors que la tragédie au Congo devrait être considérée comme un argument contre l’intervention étrangère et pour le respect du droit international, puisqu’elle était dans une large mesure due à l’intervention du Rwanda et de l’Ouganda au Congo.

    Bien sûr, le fait que ce dernier argument n’est jamais invoqué montre, une fois de plus, à quel point le discours sur l’intervention humanitaire est biaisé en faveur des pouvoirs en place, qui veulent s’attribuer le droit d’intervenir, quand ça les arrange.

    Il y a quelque jours, le secrétaire général des Nations-Unis, Ban Ki Moon, condamnait les dirigeants iraniens pour leurs propos incendiaires et haineux envers Israël. Cependant, je ne me souviens pas qu’il ait condamné les officiels israéliens pour leurs menaces de guerre fréquentes et répétées contre l’Iran. Quelle est la raison de cette hypocrisie ?

    Comme vous le savez, l’hypocrisie en Occident vis-à-vis d’Israël atteint des proportions ahurissantes et Ban Ki Moon, bien qu’il soit secrétaire général des Nations-Unies, est sur des positions très « pro-occidentales ». Bien que je doute de la sagesse de la rhétorique iranienne sur Israël, je pense néanmoins que les menaces d’actions militaires contre l’Iran par Israël sont de loin beaucoup plus sérieuses et devraient être considérées comme illégales du point de vue du droit international. Je pense aussi que les sanctions unilatérales contre l’Iran, prises par les États-Unis et leurs alliés, pour plaire à Israël, sont honteuses. Et, bien que les gens qui se disent antiracistes en Occident ne dénoncent jamais ces politiques, je pense pour ma part qu’elles sont profondément racistes, parce qu’elles sont acceptées uniquement parce que des pays soi-disant civilisés, Israël et ses alliés, exercent cette menace et ces sanctions contre un pays « non-civilisé », l’Iran. Dans le futur, on se souviendra de cela de la même manière qu’on se souvient aujourd’hui de l’esclavage.

    Il y a des personnes comme vous qui s’opposent au militarisme des États-Unis, à son imposture et à son hypocrisie quant aux droits de l’homme et à leur tentative de dévorer le Moyen-Orient riche en pétrole, mais je dois dire que vous êtes une minorité. C’est le Congrès dominé par Israël et les « think tanks » bellicistes comme le Council on Foreign Relations et le National Endowment for Democracy qui dirigent les États-Unis, et pas les penseurs anti-guerre, progressistes, qui sont pour la paix, comme vous. Quel est le degré d’influence qu’ont les penseurs progressistes et les médias de gauche sur les politiques décidées aux États-Unis ?

    Je pense qu’on doit faire une distinction entre le soutien à Israël et le désir de « dévorer » le pétrole. Les deux politiques ne sont pas les mêmes et sont en fait contradictoires. Comme l’ont montré, je pense, Mearsheimer et Walt , les politiques pro-israéliennes des États-Unis sont dans une large mesure dues au lobby pro-israélien et elles n’aident ni leur économie ni leurs intérêts géostratégiques. Par exemple, pour autant que je sache, rien n’empêcherait nos compagnies pétrolières de forer en Iran, s’il n’y avait pas de sanctions imposées à ce pays ; mais ces sanctions sont liées à l’hostilité d’Israël à l’encontre de l’Iran, pas au désir de contrôler le pétrole.

    La seconde remarque est que les gens qui sont contre la guerre ne sont pas nécessairement de gauche. Il est vrai qu’une grande partie de la droite est devenue néoconservatrice, mais il y a aussi une grande partie de la gauche qui est influencée par l’idéologie de l’intervention humanitaire.

    Aux Etats-Unis, il existe une droite libertarienne, Ron Paul par exemple, qui est résolument contre la guerre, et il y a aussi quelques vestiges d’une gauche pacifiste ou anti-impérialiste. Remarquez que cela a toujours été le cas (même à l’époque coloniale) : la division entre pro et anti-impérialistes ne coïncide pas avec la division gauche-droite, si celle-ci est comprise en termes socio-économiques ou en termes « moraux » (sur le mariage homosexuel, par exemple).

    Il est vrai que nous avons trop peu d’influence, mais cela est dû en partie au fait que nous sommes divisés, entre une gauche anti-guerre et une droite anti-guerre. Je pense que la majorité de la population est opposée à ces interminables et coûteuses guerres, principalement en Europe, à cause des leçons de la Deuxième Guerre mondiale, ou à cause des défaites dans les guerres coloniales et, aux États-Unis, à cause d’une certaine lassitude envers la guerre, après l’Afghanistan et l’Irak.

    Ce que nous manque est un mouvement anti-guerre fort ; pour que celui-ci se construise, il faudrait se focaliser sur la guerre elle-même et unir les diverses opposition (de gauche et de droite). Mais si des mouvements peuvent être construits autour de questions comme l’avortement ou le mariage homosexuel, qui mettent de côté les problèmes socio-économiques et les questions de classe, pourquoi pas ?

    Bien qu’un tel mouvement n’existe pas encore, ses perspectives ne sont pas totalement désespérées : si la crise économique s’aggrave, et si l’opposition mondiale aux politiques des États-Unis prend de plus en plus d’ampleur, les citoyens de différentes couleurs politiques pourraient s’unir et essayer de construire des alternatives au militarisme.

    Quel est votre point de vue en ce qui concerne la guerre de sanctions, d’embargos, d’assassinats de scientifiques et d’opérations psychologiques que mènent les États-Unis et leurs alliés à l’encontre de l’Iran ? L’Iran subit pratiquement une attaque multilatérale des États-Unis, d’Israël, et de leurs serviles acolytes européens. Y a-t-il un quelconque moyen pour l’Iran de s’extirper de cette situation et de résister à la pression ? Connaissez-vous l’Iran ? Avez-vous entendu parler de sa culture et sa civilisation, dont les médias dominants ne parlent jamais ?

    Je ne connais pas bien l’Iran, mais je ne pense pas que j’aie besoin d’en savoir beaucoup à propos de ce pays, bien que j’aimerais certainement en savoir davantage, pour m’opposer aux politiques que vous mentionnez. J’étais aussi opposé à l’intervention occidentale en ex-Yougoslavie et en Libye.

    Certains pensent qu’il y a des bonnes et des mauvaises interventions. Mais la question principale pour moi est : qui intervient ? Ce ne sont jamais réellement les « citoyens » ou bien la « société civile » en Occident, ou même les pays européens uniquement, c’est-à-dire sans le soutien des États-Unis, qui interviennent. C’est toujours l’armée américaine, principalement son armée de l’air.

    Maintenant, on peut bien sûr défendre l’idée qu’il faille ignorer le droit international et que la défense des droits de l’homme doive revenir à l’U.S. Air Force. Mais beaucoup de gens qui soutiennent les « bonnes » interventions ne disent pas cela. Généralement, ils disent que « nous » devons faire quelque chose pour « sauver les victimes » dans telle ou telle situation particulière. Ce que ceux qui défendent ce point de vue oublient, est que le « nous » qui est supposé intervenir ne fait pas référence à ceux qui tiennent ces discours, mais à l’armée américaine et à elle seule.

    Par conséquent, le soutien à n’importe quelle intervention ne fait que renforcer l’arbitraire du pouvoir américain qui, bien sûr, exerce ce pouvoir comme bon lui semble et non pas, en général, selon les souhaits de ceux qui soutiennent les « bonnes » interventions.

    Et pour conclure, pouvez-vous nous donnez un aperçu de comment les grands médias servent les intérêts des puissances impériales ? Comment fonctionnent-ils ? Est-il moralement justifiable d’utiliser la propagande des médias pour atteindre des objectifs politiques et coloniaux ?

    Le lien entre les « grands médias » et la propagande de guerre est complexe, comme l’est la relation entre le capitalisme et la guerre. La plupart des gens de gauche pensent que le capitalisme a besoin de la guerre ou y conduit. Mais la vérité, à mon avis, est beaucoup plus nuancée. Les capitalistes américains font des fortunes en Chine et au Vietnam maintenant qu’il y a la paix entre les États-Unis et l’est de l’Asie (pour les travailleurs américains, c’est une autre histoire, évidemment).

    Il n’y a aucune raison pour que les compagnies pétrolières ou d’autres sociétés capitalistes occidentales ne fassent pas du commerce avec l’Iran (du moins, du point de vue de ces compagnies), et, s’il y avait une paix stable dans cette région, les capitalistes s’abattraient sur elle comme des vautours pour y exploiter une main d’œuvre bon marché et relativement qualifiée.

    Ceci ne veut pas dire que les capitalistes sont gentils, ni qu’ils ne peuvent pas être individuellement en faveur de la guerre, mais que la guerre n’est pas, en général, dans leur intérêt, et qu’ils ne constituent pas nécessairement la force principale qui pousse à la guerre.

    Les gens sont amenés à faire la guerre entre autres par des conflits idéologiques et religieux, surtout quand ces idéologies prennent des formes fanatiques - par exemple, quand vous croyez qu’une certaine parcelle de terre vous a été offerte par Dieu, ou que votre pays est investi d’une mission spéciale, comme exporter les droits de l’homme et la démocratie (selon la volonté divine, d’après Mitt Romney), de préférence avec des missiles de croisière et des drones.

    Le fait qu’une idée qui est fondamentalement laïque et libérale, celle des droits de l’homme, ait été transformée en l’un des principaux moyens d’attiser l’hystérie de guerre en Occident est une cruelle ironie. Mais c’est la réalité de notre temps, et il est urgent et important de la changer.

    Cette interview a d’abord été publiée en anglais sur le site Counterpunch (http://www.counterpunch.org/2012/08/31/an-interview-with-jea...et a été traduite avec l’aide de Amazigh A. et Imène H.

    Kourosh Ziabari est un journaliste iranien, correspondant de presse et militant pour la paix. Il est membre de la "World Student Community for Sustainable Development". Vous pouvez le contacter à l’adresse : kziabari@gmail.com

    (1) Bertrand Russell, Freedom and Organization, 1814-1914, London, Routledge 2001.

    (2) The New York Times, February 6, 1966.

    (3) William V. Shannon, The New York Times, September 28, 1974. Cité par Noam Chomsky dans “Human Rights” and American Foreign Policy, Nottingham, Spokesman Books, 1978, p.2-3. Disponible sur : http://book-case.kroupnov.ru/pages/library/HumanRights/

    (4) Voir leur livre Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine, Editions La Découverte, 2009.

  • Le planteur de cannabis

     

    Le planteur de cannabis qui voulait être jugé comme un criminel
    Emmanuelle Germain | Journaliste

    Pierre-Michel Zipstein, 57 ans, fume entre cinq et dix joints par jour. Depuis trente ans, il fait pousser du cannabis chez lui, près de Carlucet dans le Lot. Il ne deale pas, mais le consomme avec ses amis. Il a été coincé il y a trois ans.

    Engagé au Circ – mouvement prônant la dépénalisation du cannabis –, il a alors mené jusqu’à la Cour de cassation une bataille étonnante : il a exigé d’être jugé non pas par un tribunal correctionnel, mais par le jury d’une cour d’assises spéciale : la loi considère en effet comme un crime la production de stupéfiants. Mais sa croisade, visant à mettre en lumière l’absurdité de la loi, a échoué : mercredi, la Cour de cassation a rejeté son pourvoi.

    Une législation kafkaïenne

    Août 2009 : M. Zipstein est poursuivi pour la détention de 29 pieds de cannabis. Son avocat plaide par l’absurde l’incompétence du tribunal correctionnel de Cahors : il n’est pas qualifié pour juger des crimes. Les juges ne tiennent pas compte de ce qu’ils considèrent comme une provocation et condamnent Zipstein à 10 000 euros d’amende et douze mois de prison, dont six ferme.

    Il fait appel en soulevant une question prioritaire de constitutionnalité devant la cour d’Agen sur la question de l’absence de définition du mot « stupéfiant ». Jugée « sérieuse » par le tribunal d’Agen, la QPC est transmise à la Cour de cassation. C’est un échec. L’affaire revient donc devant la cour d’appel d’Agen où M. Zipstein argue à nouveau de l’incompétence de la juridiction correctionnelle. Pas de surprise, c’est un rejet.

    En dernier recours, il forme un pourvoi en cassation contre cet arrêt. Mais la Cour de cassation a rejeté sa demande en validant ce mercredi l’arrêt attaqué. Son avocat, maître Caballero, dénonce une pratique illicite du parquet. Il explique :

    « Pour le cannabis et les stupéfiants, les principes généraux du droit sont souvent violés par la jurisprudence et en particulier par la chambre criminelle de la Cour de cassation. En rejetant le pourvoi, elle dit que les tribunaux correctionnels sont compétents pour juger les planteurs. C’est une fois de plus une violation de la procédure pénale, du droit pénal, et des principes normaux dans une société démocratique. Ça me choque, la loi est mal faite. »

    Des peines inapplicables ?

    Les faits reprochés constituent un délit de détention de stupéfiant (article 222-37 du code pénal) mais aussi un crime de production (article 222-35), une infraction relevant de la compétence exclusive de la cour d’assises spéciale (article 706-27 du code de procédure pénale).

    L’avocat dénonce une technique de « correctionnalisation » du parquet, pratique illégale qui consiste à négliger la primauté de la qualification criminelle sur la qualification correctionnelle.

    Cette mauvaise habitude évite l’encombrement des cours d’assises spéciales et permet de mieux contourner la loi. Car « vingt ans de réclusion pour quelques plants de cannabis dans son jardin, c’est une peine manifestement disproportionnée », souligne maître Caballero.

    Hippie des premières heures qui assure ne pas être « redescendu depuis l’île de Wight en 68 », héritier d’une famille enrichie dans la distribution (les magasins Hamon), Pierre-Michel Zipstein revendique son mode de vie :

    « Depuis plus de quarante ans, la justice m’ennuie pour le cannabis. J’ai bientôt 60 ans et je continue à me battre pour sa légalisation. Je n’ai pas le choix : je suis consommateur, j’en fais pousser, ils me poursuivent, donc je me défends. »

    « J’adore la peine de prison »

    Sur sa propriété de 50 hectares, ce « pur et dur » comme il se décrit, ne craint plus les hélicoptères de la gendarmerie qui repèrent ses plantations :

    « Je continue de planter pour ma consommation. Je me bats pour les 5 à 10 millions de consommateurs que nous sommes en France et que la justice ne veut pas reconnaître. »

    Il ne craint pas la prison ou le bracelet qui l’attend :

    « J’adore la peine de prison qu’on me donne à chaque fois ! De toute façon, ils ont fermé la prison du coin donc ils vont devoir me mettre un bracelet électronique. Sauf que moi, je suis hippie, j’adore les bracelets ! Ce qui m’ennuie le plus dans l’histoire, c’est cette amende. »

    Jardinier bio, Zipstein milite chez les Verts. Mais sa philosophie de vie va au-delà d’un banal engagement politique : 

    « La guerre de la drogue, ça fait quarante ans qu’elle dure, et c’est toujours les mêmes hypocrisies. Moi, ça m’est égal, je suis là pour continuer l’histoire, de toute façon je suis déjà tellement repéré, ils ne peuvent pas me repérer plus ! Faudrait que la loi change et elle va changer. La lutte continue tant que le cannabis ne sera pas dépénalisé ou légalisé. »