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Hugo Chavez est réélu

Au Venezuela, Hugo Chavez est réélu, mais pourra-t-il aller jusqu’au bout de son mandat ?

Le président Hugo Chavez a été réélu, dimanche 7 octobre, avec 54,42 % des suffrages, soit 7,4 millions de voix. Le candidat de l’opposition, Henrique Capriles Radonski, a immédiatement reconnu sa défaite et félicité le chef de l’Etat.

Pendant la campagne, M. Chavez avait mis la barre très haut : il visait 10 millions de voix, un objectif plausible étant donné l’augmentation du corps électoral et la hausse continue de son score depuis son premier scrutin : 56 % en 1998, 59,5 % en 2000, 62,84 % en 2006.

Avec 7,4 millions de voix, il recueille pratiquement le même nombre de suffrages qu’en 2006 (7,3 millions), mais obtient le plus bas pourcentage de sa carrière.

En revanche, M. Capriles Radonski, avec 6,1 millions de voix (44,97 %), progresse de 2 millions de voix par rapport à son prédécesseur, Manuel Rosales, en 2006 (4,2 millions, soit 36,90 %).

L’érosion du « chavisme » avait été constatée lors de précédents scrutins, le référendum constitutionnel de 2007 et les élections régionales de 2008, remportés par l’opposition, qui avait aussi obtenu un nombre de voix supérieur à la majorité présidentielle aux législatives de 2010. Mais ces trois scrutins ne mettaient pas en jeu le mandat du chef de l’Etat.


Le résultat de la présidentielle de 2012 montre que l’usure du pouvoir touche Hugo Chavez lui-même et pas seulement son entourage, son gouvernement ou son parti.

L’opposition progresse sensiblement et touche désormais des secteurs sociaux acquis au chavisme, bien au-delà de la classe moyenne.

La question taboue de la campagne électorale revient maintenant inévitablement : atteint d’un cancer dont la nature est « secret défense », opéré trois fois, Hugo Chavez, 58 ans, ira-t-il jusqu’au bout de son nouveau mandat de six ans ? A en juger par sa campagne, ses forces sont diminuées : il a réduit considérablement le nombre de déplacements et de réunions publiques et multiplié les absences.

Le chavisme après Chavez

La « révolution bolivarienne », c’est le lieutenant-colonel Hugo Chavez tout seul, puisqu’il n’a jamais supporté que quelqu’un lui fasse de l’ombre. Pendant ses passages à vide et ses séjours à Cuba pour se soigner, il n’a jamais voulu déléguer son pouvoir à son vice-président, Elias Jaua, considéré au Venezuela comme un "taliban" (un radical). Personne ne serait capable de désigner un successeur à M. Chavez, même si les noms de Diosdado Cabello, président de l’Assemblée nationale, de Nicolas Maduro, le ministre des relations extérieures, ou d'Elias Jaua, figurent parmi les plus cités.

Or, la question de la continuité du chavisme après Chavez est désormais posée. Le péronisme, le précédent argentin qui ressemble le plus à l’expérience vénézuélienne, est parvenu à survivre à son fondateur, le général Juan Domingo Peron (1895-1974).

Malgré le culte de la personnalité et la liturgie qui entouraient les premières présidences de Peron (1945-1955), comparables à celles du leader bolivarien, le général n’avait pas écrasé les dirigeants qui l’entouraient. A son retour d’exil, en 1973, il avait réussi à élargir ses alliances. Le mouvement syndical avait entretenu la flamme, malgré les dix-huit de proscription du péronisme. Depuis la mort de Peron, trois autres présidents ont renouvelé la mystique péroniste dans les urnes : Carlos Menem, Nestor Kirchner et Cristina Kirchner.

Hugo Chavez a le choix entre rester lui-même, et organiser ainsi la prochaine défaite et disparition du chavisme, ou bien recadrer sa politique vers le centre gauche et normaliser ses relations avec une opposition qu’il ne peut plus faire mine d’ignorer et de disqualifier grossièrement.

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