Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

France - Page 26

  • Et… bon appétit bien sûr !

    viande

     

    Après le bœuf au cheval et le retour des farines animales dans l’alimentation des poissons d’élevage, voici qu’à partir d’aujourd’hui entre en vigueur l’autorisation européenne de l’acide lactique pour nettoyer les carcasses de bovins ! Dorénavant, l’Europe permet en effet l’utilisation d’acide lactique pour décontaminer les carcasses. Une opération destinée à réduire la contamination par certaines bactéries dangereuses, telles que la salmonelle. Et qui, nous dit-on, n’est pas censée se substituer aux pratiques d’hygiène en vigueur en matière d’abattage et de transformation de la viande, OUF ! Contrairement aux pratiques en vigueur outre-Atlantique où l’on « karcherise », pardon, désinfecte la viande en fin de process, en Europe c’est en principe la règle du niveau maximal de sécurité sanitaire à toutes les étapes qui prévaut en matière d’abattage et de transformation des viandes. Le risque avec une telle autorisation est donc que les pratiques se relâchent, puisque désormais la décontamination radicale à l’acide lactique est permise ! Bref, voilà une recette qui ne met pas vraiment l’eau à la bouche…

    Déjà 8 commentaires, publiez le vôtre !

    1. Le 26 février 2013 à 8:23, par Eau de Javel

      Donc, si je comprends bien, il est autorisé mais on ne change rien dans les pratiques qui elles n’utilisaient pas le produit maintenant autorisé… donc, il aurait pu être autoriser l’eau de Javel, chlorexidine… et dire que que la pratique ne changera pas… mais nous prendrait-on pour des imbéciles ?quelle dose nous sera mise dans nos assiettes… j’ai déjà retiré le poisson pour cause de trop de cochonneries… cela sera probablement bientôt le tour de la viande… dont les règles de conservation et de cuisson me semblaient satisfaisantes jusqu’à lors… devrons nous élever nos poules et nos lapins ?.. si c’est ça le progrès !!! et dire que nous sommes le Pays où la tradition culinaire est une estampille…

    2. Le 26 février 2013 à 9:55, par bob69

      et comme il devient de plus en plus problématique de se faire soigner , il ne nous restera plus qu’ à crever seul dans un coin comme un nuisible rat d’ égout . bon , j’ai déja divisé ma conso de viandes par deux je vais surement encore la diminuer ! de toutes façons , cela ne me fait plus envie ! que tous les européens fassent de même et la crise viendra aussi toucher les  » gros  » !

    3. Le 26 février 2013 à 22:14, par Chantal

      J’étais au courant de l’information, lisant Fabrice Nicolino (Planète sans visa), mais je ne savais pas que cette horreur était mise en route.
      Je doute même de mon boucher maintenant.
      TERRIBLE !!

    4. Le 27 février 2013 à 13:05, par Dane

      Tout ce qui va être pratiqué a été annoncé sur certains sites depuis pas mal de temps. J’ai donc devancé cette triste perspective en devenant à 85% végétarienne (je consomme de la viande blanche que 2 fois par semaine).

      Croyez moi, je suis gourmande et je me régale avec les petits plats sans viande que je découvre et prépare. De plus je fais des économies! Oui, d’accord, il faut accepter d’éplucher et de couper des légumes mais je me sens tellement mieux dans mon corps et dans ma tête.
      Enfin, en agissant ainsi je contribuerai le moins possible à la souffrance des animaux que j’aime.

    5. Le 2 mars 2013 à 22:46, par BONATOUT Henri

      Ma femme ne veut pas que j’élève des poules et des lapins, pourtant à Marolles j’ai de la place et je sais le faire. J’aidais mes parents dans cet élevage en 1945. Je saurais au moins ce que je mange… mais elle ne veut pas.Dommage!!
      Elle me dit que les déchets alimentaires de la maison ou les produits d’alimentation commerciaux que je leur donnerais sont déjà pleins de résidus de pesticides ou de métaux lourds. A quel « sain » se vouer?

    6. Le 4 mars 2013 à 12:31, par Eau de Javel

      Madame Bonatout est fataliste même si au fond, il y a du vrai… entre toutes les pollutions air terre eau… à quel « sain » confions nous notre santé…mais si personne ne bouge, une chose certaine… cela empirera, alors, je préfère m’autoriser à penser que si chacun élève sa poule ou son lapin, son mouton,sa chèvre ou sa vache… que les industriels de la mal bouffe auront tout intérêt à se convertir en fournisseurs et/ou producteurs aux qualités le plus proche de l’irréprochable. Mais pour toutes les Madames Bonatout, il y a bien un petit éleveur près de chez elles qui nourrit sa basse cour avec le grain qu’il produit en grande partie… et qui pratique ou la culture bio ou la culture raisonnée… ceux-ci ont probablement une carte à jouer et je leur souhaite réussite et prospérité.

    7. Le 4 mars 2013 à 14:55, par Chantal

      @ BONATOUT Henri,

      Faut pas toujours écouter les femmes, et c’est une femme qui vous le dit. :) Il y a de la vérité dans ce que dit votre épouse, mais êtes vous certain qu’elle n’a pas un peu peur que vous lui déléguiez le travail ? Elle peut aussi ne pas apprécier de vous voir saigner un animal, et ne pas savoir le nettoyer. Les départs en WE ou en vacances sont à prendre en considération aussi.
      Acheter quelques légumes de bases bio, ce sont surtout les produits « exotiques » qui sont les plus chers et vos petits lapins seront bien nourris.Idem pour les poules.
      A vous de jouer, les cartes sont entre vos mains.

    8. Le 4 mars 2013 à 15:00, par Chantal

      @ Eau de Javel,

      Je voudrais bien avoir une poule et des lapins, mais je ne crois pas que le syndic de la copropriété apprécierait. Je l’ai vu lorsque j’ai fait pousser mes tomates dans mon petit bout de pelouse……Dieu qu’elles étaient belles.Monsieur le syndic a préféré la pelouse de mes voisins, avec des arbustes en plastique dans des pots, et des fleurs en plastique sur la table.
      Heureusement, moi j’ai les abeilles, pas eux. :)

  • 25 ans après Tchernobyl

     

    centralenucleaire

     

    C’était il y a 25 ans, déjà. Au lendemain de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, le Professeur Pellerin, à l’époque directeur du Service central de protection contre les rayonnements ionisants, assurait aux Français que tous les aliments étaient comestibles sans restriction, faisant fi des taux maximaux recommandés par la Commission européenne. Le nuage, ironisait-on alors, se serait arrêté à nos frontières. Le bon sens aussi ! Dès 1987, l’UFC-Que Choisir passait la France au compteur Geiger, et révélait que des champignons alsaciens, ou encore des fromages de chèvre ardéchois, dépassaient allègrement les valeurs limites recommandées !

    Aujourd’hui, pendant que le drame de Fukushima replonge le Japon dans les heures les plus sombres de son histoire, par un étrange clin d’œil le Pr Pellerin est placé face à ses responsabilités devant la Chambre d’instruction de la Cour d’appel de Paris. La communication lénifiante des responsables de l’époque a-t-elle, oui ou non, eu des conséquences sanitaires en raison de la consommation de produits irradiés ? Des millions de consommateurs, rassurés à tort, réclament justice ! Malgré l’intervention de l’UFC-Que Choisir à la barre de la Cour, qui a insisté sur la nécessité de poursuivre l’enquête, le Parquet demande le non-lieu.La Cour se prononcera le 7 septembre…

    Ces événements appellent un vrai débat sur le nucléaire, impliquant experts et économistes, mais aussi tous les Français. Les risques, les avantages, les coûts et les conséquences pour les générations futures doivent être pesés et comparés aux énergies renouvelables. Hasard du calendrier, au même moment les Français encaissent une autre explosion, celle des prix de l’énergie. Essence, gaz, électricité… une véritable conspiration, fatale au porte-monnaie des ménages !C’est pourquoi j’appelle le gouvernement à organiser des Assises de l’Energie, pour garantir l’accès de tous à des énergies sûres, respectueuses de l’environnement, et au juste prix. L’occasion aussi de dissiper le brouillard qui règne autour de la question du nucléaire.

    Déjà 2 commentaires, publiez le vôtre !

    1. Le 10 mai 2011 à 11:42, par francissarthe

      Des assises de l’energie pourquoi pas , il en ressortira des propositions interessantes mais les appliquer c’est autre chose , entre l’oubli et le détournement d’idées nos responsables gouvernementaux sont passés maîtres en la matière et ce n’est pas nouveaux . La cause est connue les lobby sont trop influents (puissance économique ).
      côté positif si l’on associe la population cela peut entrainer des réflexions et des débats .Il ne faut pas confier la reflexion aux seules compétents auto- proclamés ou à ceux sélectionnés par les politiques .

    2. Le 13 juin 2011 à 13:51, par bruno catiau

      à Alain Bazot bonjour,

      au delà du « billet d’humeur » je trouve la position de l’UFC lénifiante.
      Le nucléaire « pas cher »(dixit un entretien dans les jours qui ont suivi la catastrophe de Kukushima le 11/03/2011 ,…)alors que la cour des comptes épinglent tous les ans la filière nucléaire en raison de la NON PRISE EN COMPTE du démantèlement des vieux réacteurs et la gestion des déchets dont les coûts sont estimés respectivement à 65 MILLIARDS € et 58 MILLIARDS € !!!
      Qui va payer si ce n’est un consommateur AVEUGLE et bercé par un monde politique à la merci d’un lobby puissant ?
      J’aurai souhaité plus d’objectivité
      un eco citoyen engagé à l’UFC QUE CHOISIR Lille

  • Eternel retour des bandes de jeunes

     Le décès d’un adolescent lors d’un affrontement entre jeunes dans la région parisienne, en mars 2011, a de nouveau projeté les bandes à la «une» de l’actualité. Mais, au-delà des discours alarmistes des experts et des martiales déclarations des ministres de l’intérieur, que sait-on de ces formes de sociabilité des milieux populaires et de leurs évolutions?

    par Gérard Mauger, mai 2011

    A l’occasion de tel ou tel fait divers, de la publication des dernières statistiques policières ou de l’annonce d’un nouveau projet de loi sécuritaire, le monde des bandes resurgit régulièrement dans les débats politiques et médiatiques. Aux figures des apaches de la Belle Epoque, des blousons noirs de la fin des années 1950, des loubards des années 1970 a succédé le spectre des «jeunes des cités».

    L’une des interprétations du phénomène relie immigration et délinquance. Martelée par le chroniqueur Eric Zemmour, elle a trouvé un relais récent dans le monde académique. Refusant, lui aussi, de «se laisser intimider par la pensée unique» et en quête d’une théorie originale de la délinquance, le sociologue Hugues Lagrange a cru bon de mettre en avant les «origines culturelles (1)». Mais, si l’exhibition d’une «nouvelle variable» peut, la conjoncture politique aidant, être au principe d’un «scoop sociologique», l’étude au coup par coup de variables isolées conduit à une impasse scientifique. En l’occurrence, s’il est vrai que les enfants d’immigrés sont surreprésentés en prison et, vraisemblablement, dans la population délinquante, c’est notamment parce qu’ils le sont aussi dans la population en échec scolaire et, de ce fait, dans celle des jeunes sans diplôme en quête d’un emploi et jugés inemployables (2) — tant à cause de leur absence de ressources scolaires que des discriminations qui les frappent. Quant à l’influence propre de «facteurs ethniques ou culturels» (domination masculine, polygamie, etc.), encore faudrait-il, après les avoir identifiés, montrer qu’ils ont un effet criminogène : les réserves sont permises...

    Mais comment rendre compte du monde des bandes? De la fin des années 1950 à celle des années 1970, il pouvait être décrit comme l’univers de sociabilité dans lequel les adolescents des classes populaires jouissaient des licences accordées à la jeunesse et faisaient l’apprentissage collectif des valeurs de virilité associées à l’usage de la force physique comme force de travail. La «culture de rue» apparaissait ainsi comme un préalable à la «culture d’atelier». Mais, au milieu des années 1970, le processus de consolidation de la condition salariale de l’après-guerre fait place à une insécurité sociale croissante et à la déstabilisation des modes de vie des classes populaires : désindustrialisation, chômage, précarisation et dégradation de l’emploi ouvrier, tertiarisation des emplois sans qualification, renforcement de la ségrégation sociale - spatiale, généralisation de l’enseignement scolaire, déclin de l’encadrement politique et consolidation de l’encadrement étatique. Au renforcement des politiques sécuritaires (3) fait écho l’institutionnalisation de la figure du stagiaire perpétuel; à l’effondrement du taux d’emploi des jeunes, l’apparition et le développement d’une économie «souterraine» dans certaines banlieues populaires.

    Affaiblissement du contrôle parental 

    Ces transformations ont affecté le monde des bandes. Leurs ressortissants se recrutent désormais pour l’essentiel dans des familles populaires plus ou moins désaffiliées de la société salariale et souvent d’origine immigrée. Ces dernières ne disposent ni des informations nécessaires sur le fonctionnement du système scolaire, ni des savoirs et savoir-faire culturels légitimes (à commencer par la langue). Leurs conditions d’existence sont une source permanente d’inquiétude et de tensions. La précarité les contraint à vivre en fonction des impératifs et des accidents biographiques : licenciements, accidents de travail, invalidités, décès, conflits conjugaux, problèmes judiciaires, etc. Confrontées à l’impossibilité matérielle d’exercer le contrôle et à l’incapacité culturelle d’assurer le suivi (en particulier scolaire) d’enfants «qui leur échappent» (dans tous les sens du terme), soumises aux injonctions contradictoires de travailleurs sociaux qui les invitent à moins de sévérité et plus de rigueur, ces familles se voient reprocher une attitude jugée démissionnaire. L’affaiblissement du contrôle familial renforce ainsi la socialisation par le groupe de pairs.

    La ségrégation sociale étant aussi spatiale, les enfants des fractions les plus démunies des classes populaires fréquentent les établissements où les taux de réussite au brevet et au baccalauréat sont particulièrement faibles et les taux de redoublement élevés. Les difficultés d’apprentissage des fondamentaux conduisent à l’hypoactivité scolaire et progressivement au retrait du jeu. Plus l’écart se creuse par rapport aux exigences de l’enseignement, plus la présence en classe apparaît inutilement humiliante, plus la probabilité de perturber l’activité pédagogique ou de fuir l’école s’accroît. La recherche de la protection du quartier et de la reconnaissance au sein du groupe de pairs renforce la porosité de la frontière entre les activités des bandes et l’espace scolaire.

    Les emplois précaires accessibles aux jeunes sans diplôme ou titulaires de diplômes dévalués sont souvent des emplois de services (commerce ou bureaux) ou des emplois ouvriers dispersés dans des univers beaucoup plus proches des prestataires de services que des ateliers de production. L’écart s’est creusé entre, d’un côté, la culture de rue et ses valeurs de virilité et, de l’autre, les dispositions requises dans le secteur tertiaire (coursiers, employés de maison, agents de nettoyage, travailleurs de la restauration, etc.) ou même dans l’usine moderne (disponibilité, initiative, flexibilité, etc.). «Le rêve macho-prolétarien de faire ses huit heures plus les heures supplémentaires tout au long de leur vie d’adulte dans un atelier syndiqué à un poste difficile [a] été remplacé par le cauchemar d’un travail de bureau subalterne, mal payé et très féminisé (4)», écrit l’anthropologue Philippe Bourgois.

    Au sein du monde des bandes, on peut désormais distinguer deux pôles. Le premier — celui des jeunes encore scolarisés — reste sous-tendu par la logique agonistique (5) des blousons noirs ou des loubards, valorisant le courage, l’esprit rebelle et un virilisme agressif. L’enjeu est la conquête, la défense et l’amélioration d’une position «en vue», individuelle et collective (celle du quartier), dans la hiérarchie des réputations locales. La tchatche, les vannes cherchent à tourner l’autre en dérision en sachant jusqu’où ne pas aller trop loin. Mais les réputations s’acquièrent surtout dans les bagarres au sein du groupe, avec les bandes des cités voisines ou encore avec la police. Ces «faits d’armes», les pointes de vitesse et les vols de véhicules constituent l’essentiel des pratiques délinquantes caractéristiques de ce pôle, sur fond de conduites banales susceptibles d’engendrer nuisances sonores, obstructions du passage dans les espaces collectifs ou dégradations du mobilier urbain.

    Faire un «truc de ouf »

    Le second pôle — celui des «grands» — se démarque du premier par l’investissement dans l’économie «souterraine» (l’épithète insistant sur son caractère occulte), «parallèle» (le flou du qualificatif suggérant l’existence d’un continuum avec l’économie formelle), «illégale» (l’adjectif emprunté au répertoire juridique en souligne le caractère délinquant), voire «des cités» (la notion évoquant la thématique de la survie). L’affiliation au monde des bandes a pour corollaire la dénégation de la relégation : le «bizness» permet l’appropriation des attributs de l’excellence juvénile qui permettent de sauver la face. La croyance en la possibilité de «monter sa propre affaire» — l’esprit du capitalisme souterrain... — s’avère d’ailleurs étonnamment partagée. L’échec des tentatives d’insertion professionnelle par des voies légales, les dispositions à l’égard du travail non qualifié, les tensions entre nécessité économique et contraintes symboliques, l’impératif de la «débrouille», la convergence entre une définition dominante de la réussite sociale et les trajectoires ascensionnelles des revendeurs de stupéfiants, le travail de légitimation morale du «bizness» peuvent faire alors de l’engagement dans l’économie illégale le choix le moins humiliant et le plus rassurant (6).

    Le «bizness» et, plus spécifiquement, le «deal» impliquent une plus grande porosité du monde des bandes par rapport au milieu de la délinquance professionnelle. Conformément à l’hypothèse des premiers sociologues de l’école de Chicago, l’existence d’un «pôle délinquant» dans le quartier en fait une aire de recrutement et de transmission des savoir-faire délinquants, ouvrant un espace d’«opportunités déviantes». La surenchère caractéristique de la logique agonistique peut rendre compte de la fuite en avant dans la hiérarchie indigène des délits (du vol à l’étalage au braquage). Faire un «truc de ouf» (de fou) est un gage de réputation et de prestige. Par ailleurs, la prison, en favorisant le développement de relations dans le monde de la délinquance professionnelle et la transmission des savoir-faire correspondants, reste un lieu privilégié de conversion du monde des bandes au «milieu».

    Quelles conséquences peut-on tirer de ce genre d’analyse? Le monde des bandes apparaît comme un effet des structures sociales. C’est pourquoi, instrument de compréhension de soi-même et des autres, la sociologie se voit régulièrement taxée d’«angélisme» par tous ceux qui, drapés dans la défense des victimes (semblant, d’ailleurs, ignorer que les premières victimes des bandes sont les jeunes des bandes eux-mêmes), entretiennent la «panique morale» et se font les hérauts de la «guerre contre le crime». D’où la fortune des théories de l’action rationnelle appliquées à la délinquance qui légitiment la philosophie pénale inspirée de la doctrine du libre-arbitre, le retour de la théorie du criminel-né (7), sinon des «explications» plus ou moins ouvertement racistes.

    A l’inverse, reprenant à son compte une longue tradition anarchiste et prise dans une surenchère de radicalité, une fraction de la gauche intellectuelle croit déceler dans le monde des bandes cette «fleur du prolétariat» que Mikhaïl Bakounine décrivait comme «cette grande masse, ces millions de non-civilisés, de déshérités, de misérables et d’analphabètes (...), cette grande canaille populaire qui, étant à peu près vierge de toute civilisation bourgeoise, porte en son sein, dans ses passions, dans ses instincts, dans ses aspirations, dans toutes les nécessités et les misères de sa position collective, tous les germes du socialisme de l’avenir et qui seule est assez puissante aujourd’hui pour inaugurer et pour faire triompher la révolution sociale (8)». C’est le même mirage qu’on retrouve chez ceux qui voient dans les «feux de joie» des émeutes de novembre 2005 «le baptême d’une décennie pleine de promesses» et s’émerveillent de «tout ce qu’il y a de purement politique dans cette négation absolue de la politique» (9).

    Ignorant ces enthousiasmes rhétoriques, les luttes politiques, médiatiques, scientifiques qui ont pour objet la définition de la représentation légitime de la délinquance juvénile et de ses causes ont un double enjeu. L’indignation morale régulièrement réactivée à l’égard du monde des bandes est utilisée à des fins partisanes pour capter les voix d’une partie de l’électorat du Front national. Mais elle permet surtout de renforcer le contrôle policier sur un sous-prolétariat qui ne cesse de s’étendre et d’exacerber les divisions au sein des univers populaires. A la traditionnelle vision du monde «nous»-«eux», elle substitue un nouveau clivage entre établis et marginaux. Les premiers appartiennent à des classes moyennes précarisées et à des classes populaires bloquées dans leur espoir d’ascension, alors que les autres sont des ouvriers et employés «précarisés» et des «sans». Comment alors reconstituer et unifier un mouvement populaire capable d’inclure ses marginaux? Comment réduire la fracture entre les deux groupes, alors que les porte-parole politiques et médiatiques des classes dominantes s’en prennent alternativement à des établis «privilégiés» et à des marginaux «diabolisés» et/ou «assistés»?

    Gérard Mauger

    Directeur de recherche émérite au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Il a publié récemment La Sociologie de la délinquance juvénile, La Découverte, coll. «Repères», Paris, 2009.
     
  • Vous avez aimé Claude Guéant ?

    Vous avez aimé Claude Guéant ? Vous adorerez Manuel Valls 

    mercredi 16 mai 2012, par Alain Gresh

    Non, Manuel Valls, le nouveau ministre de l’intérieur, ne fera sans doute pas de déclaration sur l’inégalité entre les civilisations. Il ne faudrait donc pas lui faire de procès d’intention. Il faudrait se garder de toute caricature.

    Le problème est que Manuel Valls est sa propre caricature, même s’il s’abstiendra, du moins faut-il l’espérer, d’affirmer comme son prédécesseur qu’il y a trop de musulmans en France . C’est tout de même lui qui, se promenant sur un marché de sa bonne ville d’Evry, le 7 juin 2009 , interpellait ses collaborateurs : « Belle image de la ville d’Evry… Tu me mets quelques Blancs, quelques White, quelques Blancos ! »

    Manuel Valls ne représente pas grand-chose dans son parti : il n’a récolté que 5,7 % des voix lors de la primaire d’octobre 2011. Il est vrai que cet admirateur de Dominique Strauss-Kahn et de Tony Blair aurait sans doute plus sa place au Nouveau centre ou au Modem de François Bayrou, dont il reprend les thèses économiques et sociales. Nicolas Sarkozy avait tenté de le débaucher en 2007 et Martine Aubry lui avait écrit une lettre ouverte en juillet 2009 : « Si les propos que tu exprimes reflètent profondément ta pensée, alors tu dois en tirer pleinement les conséquences et quitter le Parti socialiste. »

    Mais Valls a su faire le bon choix : rester au PS tout en combattant tous les principes de la gauche et, finalement, accéder à un poste où il pèsera lourd dans les choix gouvernementaux des prochains mois sur la sécurité, l’immigration, l’islam. Concédons-lui donc le fait qu’il est un habile politicien, mais mettons entre parenthèses l’idée qu’il serait de gauche.

    C’est sur le terrain de la sécurité que Valls a voulu se faire un nom, en montrant que la gauche pouvait être aussi répressive, voire plus, que la droite. Il a multiplié les articles et les livres sur le sujet, dont Sécurité, la gauche peut tout changer (Editions du Moment, Paris, 2011). Cet ouvrage rend un hommage appuyé et répété aux forces de l’ordre, sans jamais évoquer les violences policières, les jeunes assassinés dans les quartiers, les procès de policiers qui débouchent toujours sur des non-lieux. En revanche, il est impitoyable avec le terrorisme, ayant été l’un des seuls socialistes à exiger l’extradition de Cesare Battisti. Et aussi avec les délinquants, ces classes dangereuses dont la bourgeoisie a toujours eu peur. Valls ne regrette-t-il pas, dans son livre, que la gauche n’ait pas assez rendu justice à Clemenceau, l’homme qui n’hésitait pas, entre 1906 et 1908, à faire tirer sur les ouvriers au nom, bien sûr, de l’ordre républicain ?

    Lors du soulèvement des banlieues de 2005, il a été l’un des trois députés socialistes à ne pas voter contre la prolongation de l’état d’urgence, une décision qui ramenait la France à l’époque de la guerre d’Algérie. En octobre 1961, s’il avait été ministre de l’intérieur, Valls n’aurait certainement pas hésité à faire appliquer l’ordre républicain à tous ces Algériens qui osaient défier le couvre-feu (lire Sylvie Thénault, « L’état d’urgence (1955-2005). De l’Algérie coloniale à la France contemporaine : destin d’une loi  »)…

    Pour Valls, la violence dans nos villes « augmente de manière constante » depuis plus de trente ans. Il reprend les arguments de son ami Alain Bauer (lire Les marchands de peur. La bande à Bauer et l’idéologie sécuritaire ), l’homme qui a imposé à la gauche comme à la droite le thème de l’insécurité — avec l’aide active du Front national et de Jean-Marie et Marine Le Pen. Conseiller de Sarkozy, Bauer est aussi proche de Manuel Valls car, pour lui, la sécurité n’est ni de gauche ni de droite (l’économie non plus, sans doute...). Et personne ne sera trop regardant sur les médecines du docteur Bauer, l’homme qui propage la peur dans les villes et en profite pour leur vendre, à travers sa société AB conseils, et à prix d’or, les remèdes à l’insécurité. Un peu comme si un responsable de l’industrie pharmaceutique établissait les prescriptions pour les malades...

    Nous ne reviendrons pas ici sur la critique détaillée de ses théories de la sécurité. Laurent Mucchielli, l’un des meilleurs spécialistes de la question et qui est plusieurs fois cité de manière élogieuse par Valls, a un diagnostic ravageur (« La posture autoritaire et populiste de Manuel Valls  », Lemonde.fr, 5 juin 2011). Critiquant Sécurité, la gauche peut tout changer, qui vient alors de sortir, il fait deux remarques :

    « La première est que M. Valls n’a pas un niveau de connaissance suffisant des problèmes. Nous l’avons vu, son diagnostic est globalement plutôt superficiel. Ses propos ressemblent étrangement aux discours de certains syndicats de police et parfois même d’un certain café du commerce. La violence explose, les délinquants rajeunissent sans cesse, il n’y a plus de valeurs et plus de limites, la justice ne fait pas son boulot, on les attrape le soir ils sont remis en liberté le lendemain... etc. En cela, M. Valls est proche d’un certain terrain politique : celui des plaintes de ses administrés, des courriers de protestation reçus en mairie, des propos entendus en serrant des mains sur le marché le samedi matin ou encore de ce que lui racontent les policiers municipaux de sa ville. Mais il est totalement éloigné de ce que peut-être le diagnostic global d’un problème de société et l’approche impartiale d’une réalité complexe. Telle est sans doute la condition ordinaire d’un responsable politique de haut niveau, dont on imagine l’agenda très rempli. Mais l’on attendrait alors de lui qu’il ait l’intelligence de comprendre les biais et les limites de sa position pour s’entourer de personnes capables de lui donner le diagnostic de base qui fait ici défaut. Encore faut-il toutefois le vouloir et ne pas se satisfaire de ce niveau superficiel d’analyse, au nom d’une posture volontairement très politique pour ne pas dire politicienne. C’est la deuxième hypothèse. »

    Voici donc pour la compétence du nouveau ministre de l’intérieur. Par ailleurs, poursuit Mucchielli :

    « C’est bien une posture politique qui irrigue fondamentalement la pensée de Manuel Valls, une posture politicienne même dans la mesure où elle vise manifestement à se distinguer en politique, en particulier vis-à-vis d’autres personnalités du parti socialiste. Cette posture, on la retrouve d’abord dans les pages consacrées à une sorte d’éloge de l’ordre comme “socle des libertés” (p. 58), comme on la retrouve à la fin du livre dans l’éloge de « l’autorité » qui serait aujourd’hui « bafouée » et « attaquée de toutes parts » (p. 156-157). De nouveau, c’est exactement aussi la posture qui traverse toutes les lois votées ces dernières années par ses adversaires politiques. »

    Valls n’est pas seulement un défenseur de la sécurité, mais aussi uncontempteur du communautarisme et un pseudo-partisan de la laïcité (c’est évidemment tout à fait par hasard que les cibles de ses attaques sont les populations des quartiers populaires).

    On ne compte plus les exemples de ces attaques contre un soi-disant communautarisme, c’est-à-dire contre les musulmans, de sa volonté d’interdire à un Franprix de ne vendre que des produits halal — aurait-il interdit des magasins qui ne vendraient que des produits casher ? — à l’affaire de la crèche Baby Loup et au licenciement d’une employée qui portait le foulard. Après l’absurde décision de Nicolas Sarkozy d’interdire à des théologiens musulmans d’intervenir au congrès de l’UOIF , il a fait de la surenchère, non seulement en approuvant la décision mais en écrivant  :

    « Tariq Ramadan, leader européen de l’Internationale des Frères Musulmans, présenté par ailleurs comme un “intellectuel” muni d’un passeport suisse, doit s’exprimer le week-end prochain à Bagnolet. Il propagera les mêmes idées extrémistes que ceux qui ont déjà été interdits de territoire français. » Quelques jours plus tard,le candidat Nicolas Sarkozy à son tour , mettait en doute les qualités d’intellectuel de Tariq Ramadan. Quant à ces déclarations sur les idées « extrémistes » défendues par Ramadan, il devrait plutôt lire ses textes et écouter ses interventions.

    On ne peut s’étonner alors que Manuel Valls fasse l’éloge du dernier livre de Hugues Lagrange, qui met en avant l’origine culturelle des immigrés pour expliquer les difficultés de l’intégration — rappelons que le même argument culturel était avancé pour expliquer les difficultés des immigrés juifs d’Europe centrale, italiens ou portugais à s’intégrer dans les années 1930, 1940 ou 1950 (lire Gérard Mauger, « Eternel retour des bandes de jeunes  », Le Monde diplomatique, mai 2011). Aucune idée de droite n’est vraiment étrangère à M. Valls.

    Une dernière question : Manuel Valls est aussi signataire d’un appel indigneappelant à poursuivre les militants qui prônent le boycott des produits israéliens. Parmi eux, Stéphane Hessel ou Alima Boumediene. Que fera le ministre de l’intérieur, alors que plusieurs de ces militants ont été relaxés par la justice, mais que certains restent poursuivis ?

    Ajout 17 mai. Voici comment le pourfendeur du communautarisme parle (17 juin 2011) : 
    « Par ma femme, je suis lié de manière éternelle à la communauté juive et à Israël »(vidéo ). Imaginons un responsable français ayant épousé une femme d’origine algérienne ou marocaine et disant « Par ma femme, je suis lié de manière éternelle à la communauté musulmane et à l’Algérie (ou au Maroc). »

    Ajout du 14 novembre 2012 : la vidéo de Valls a été retirée à la demande de Radio Judaïca de Strasbourg pour atteinte aux droits d’auteur (sic !). Mais la censure est difficile sur Internet e ton peut la trouver à d’autres adresses .

  • Sus à l’islam !

    Sus à l’islam ! Ils ne se fatiguent jamais...

    dimanche 24 mars 2013, par Alain Gresh

    La France est en crise. Comme le reste de l’Europe. Et Chypre n’est que le dernier épisode (avant le prochain) de cette spirale infernale : ébranlement du système financier, austérité imposée à la population au nom d’une rigueur qui ne touche ni les banques ni les riches. Encore un peu plus de chômage, encore un peu plus de souffrances.

    Mais vous n’y êtes pas du tout... Ce qui nous menace vraiment, ce qui met en cause notre identité même, nos raisons de vivre, ce qui fait qu’on ne se sent plus chez nous, ce ne sont ni les financiers ni nos dirigeants, mais ces musulmans, ces étrangers, ces « pelés », ces « galeux » dont nous vient tout le mal. Ce n’est pas la religion en général — il suffit de lire les apologies du nouveau pape, le respect avec lequel il est traité — mais cette religion-là. Elle est fondamentalement différente du christianisme qui aurait permis, lui, la laïcité (et tout le monde de rabâcher, sans la comprendre, la formule « rendre à César ce qui est à César », comme si toute l’histoire chrétienne se reflétait dans cette maxime...).

    Heureusement, contrairement aux élites, le peuple, lui, comprend. Il comprend que cette menace existe. Et il demande des mesures, des lois, des sanctions. Il faut être, n’est-ce pas, à son écoute — et dans ce cas, il ne s’agit pas de populisme démagogique. Et si demain l’opinion exige le retour de la peine de mort, votons une loi pour la rétablir !

    Il est vrai que l’état de l’opinion est inquiétant. La lancinante menace islamiqueinquiète. Et le dernier rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) l’illustre.

    Comme le note Le Monde (21 mars), « Les actes antimusulmans progressent pour la troisième année consécutive  » :

    « Pour la présidente de la CNCDH Christine Lazerges, tous ces indicateurs sont le reflet de situations différentes. “Pour l’antisémitisme, les causes sont aujourd’hui essentiellement conjoncturelles”, estime-t-elle. Mme Lazerges les relie notamment au contexte de l’affaire Merah, en mars 2012, et à celui de l’attaque d’une supérette casher de Sarcelles (Val-d’Oise) en septembre 2012.

    Selon elle, la hausse des actes antimusulmans — recensés en tant que tels depuis 2010 — est plus préoccupante. “On a affaire à un phénomène beaucoup plus structurel, car nous observons cette augmentation depuis maintenant trois années consécutives, détaille-t-elle. Numériquement, les chiffres sont faibles, mais ils ne montrent que la partie visible de l’iceberg.

    Tous ces indicateurs corroborent les résultats d’une enquête d’opinion de l’institut CSA dévoilée dans le rapport de la CNCDH. Réalisée auprès d’un échantillon de 1 029 personnes du 6 au 12 décembre 2012, elle confirme que les Français ont une vision de plus en plus négative de l’islam. 55 % des personnes interrogées considèrent qu’il “ne faut pas faciliter l’exercice du culte musulman en France” (+ 7 points par rapport 2011). Ce phénomène de rejet n’existe pas pour les autres religions. »

    Ces enquêtes montrent comment une partie des sympathisants de gauche (socialistes, verts, Front de gauche) partagent cette islamophobie. Au lieu de lutter contre cette évolution inquiétante, à laquelle les médias ont largement contribué, toutes tendances confondues (ceux de « gauche » comme Marianne ouLe Nouvel Observateur — lire « La ruse est leur mot d’ordre  » —, peut-être même un peu plus), on nous appelle à prendre de nouvelles mesures, à adopter de nouvelles lois, notamment pour « libérer » les femmes musulmanes (il faut dire que c’était aussi notre objectif pendant plus d’un siècle en Algérie et que nous avons échoué, alors l’heure de la revanche a sonné).

    Il faut donc légiférer avec courage et détermination, notamment après le jugement sur l’affaire de la crèche Baby Loup de Chanteloup-les-Vignes. La Cour de cassation a annulé le 19 mars le licenciement d’une employée de cet établissement des Yvelines qui avait décidé de porter le foulard. Selon la Cour, le principe de laïcité ne peut s’appliquer dans une entreprise privée.

    Comme le notait Libération le 22 mars  :

    « Le Défenseur des droits a demandé vendredi au législateur de “clarifier” la loi sur la laïcité et recommandé une large consultation préalable, dans un courrier adressé au premier ministre suite à l’affaire de la crèche Baby Loup. “Une clarification de la situation conduite par le législateur me paraît hautement nécessaire”, écrit Dominique Baudis à Jean-Marc Ayrault, en estimant que le parcours judiciaire du dossier Baby Loup illustre les « difficultés d’interprétation » des textes. »

    Et l’hebdomadaire Marianne, se saisissant de l’affaire, « soutient l’appel pour une nouvelle loi sur les signes religieux »  :

    « Sur les crèches et les gardes d’enfants, c’est une proposition de loi venant du Parti radical de gauche qui a été votée l’année dernière au Sénat. N’ayant pas bénéficié de la même diligence que d’autres textes sociétaux, elle n’a toujours pas été présentée à l’Assemblée nationale. C’est dans l’Hémicycle que Manuel Valls, transgressant la règle interdisant à un ministre de commenter une décision de justice, vient de déclarer : “En sortant quelques secondes de mes fonctions, je veux vous dire combien je regrette la décision de la Cour de cassation sur la crèche Baby Loup et sur cette mise en cause de la laïcité. » (Lire la tribune, censurée par Le Point, de Sihem Souid, « Monsieur le Ministre de l’Intérieur, vous faites fausse route ! »).

    Que le ministre viole les règles de séparation de l’exécutif et du judiciaire n’émeut pas l’hebdomadaire. Vous comprenez, nous sommes en situation de guerre : au diable les vieilles règles de l’Etat de droit ! Rappelons que ce ministre de l’intérieur, Manuel Valls, tant aimé par la droite, est celui-là même qui déclare, sûrement au nom de la laïcité, que « par [sa] femme, [il est] lié de manière éternelle à la communauté juive et à Israël » (lire « Vous avez aimé Claude Guéant, vous adorerez Manuel Valls  ») et qui estime que la lutte contre le hijab « doit rester pour la République un combat essentiel », mais affirme qu’un juif doit pouvoir porter fièrement sa kipa (c’est pourtant un signe religieux).

    Marianne poursuit :

    « Voilà donc une contradiction de plus entre les engagements politiques et la triste réalité : le candidat Hollande avait expliqué que la laïcité était l’un des piliers de sa “République exemplaire” et qu’il en graverait les principes dans la Constitution. A défaut de ce symbole dont on ne parle plus, il y a mieux à faire et plus urgent : suivre la suggestion des signataires (parmi lesquels de nombreux parlementaires) de l’appel que nous publions . Colmater vite par une loi les derniers vides juridiques que les amateurs de surenchères, encouragés par la Cour de cassation, ont déjà bien repérés.

    Le président de la République a donné comme première justification de l’intervention militaire française au Mali la volonté de “protéger les femmes”. Celles de Chanteloup-les-Vignes méritent aussi d’être protégées. »

    Ainsi donc les troupes françaises sont au Mali pour protéger les femmes, comme les troupes de l’OTAN les protègent en Afghanistan ?

    Qui rappellera que la loi du 15 mars 2004 a été condamnée par la commission des droits de l’homme des Nations unies, et que la France a six mois pour répondre aux demandes de cette dernière ? (lire « Signes religieux dans les lycées : L’ONU condamne la France à revoir la loi du 15 mars 2004  »). Il paraît, selon un sondage de l’Ifop publié dans Ouest France, que 84 % des Français sont opposés au port du foulard par des femmes employées dans des lieux privés accueillant du public (commerces, supermarchés, cabinets médicaux, crèches, écoles privées). Peu importe qu’une telle décision soit contraire à toutes les conventions internationales et européennes : nous sommes la France, la grande nation qui illumine l’avenir de l’humanité.

    Et pendant ce temps, tranquillement, la droite radicale progresse à travers l’Europe, comme le montre l’élection d’Oskar Freysinger en Suisse (« L’extrême-droite européenne salue l’élection d’Oskar Freysinger  », 22 mars), l’homme qui s’est rendu célèbre en gagnant un référendum contre la construction des minarets.

    Gageons qu’il se réjouira d’une nouvelle loi française hostile aux musulmans (« Suisse, une victoire de l’islamophobie, une défaite de la raison  »).