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  • Calais est notre frontière mexicaine

    Philippe Lioret : « Calais est notre frontière mexicaine »

    Olivier De Bruyn | Journaliste

    Rencontre avec le réalisateur de « Welcome », récemment critiqué par le ministre de l’Immigration pour son film engagé.

     


    L’actuer Vincent Lindon et le réalisateur Philippe Lioret sur le tournage de ’Welcome’ (DR).

    Samedi, le ministre de l’Immigration Eric Besson a violemment attaqué le cinéaste Philippe Lioret, reprochant au réalisateur de « Welcome » (en salles mercredi) d’assimiler dans ses interviews la situation des clandestins à Calais à celle des juifs sous l’occupation. Et si c’était le film que Besson redoutait ? Et si les politiques s’inquiétaient de la puissance polémique du cinéma ? Rencontre avec un cinéaste engagé.


    L’affiche de ’Welcome’ de Philippe Lioret (DR).

    Bonne nouvelle : le cinéma français se bouge. Après Costa Gavras (« Eden à l’ouest ») et en attendant le nouveau Emmanuel Finkiel (« Nulle part terre promise », sortie le 1er avril), un nouveau film sort sur les écrans mercredi et évoque avec une précision glaçante le sort des clandestins à Calais. Un brûlot underground et militant ? Pas vraiment…

    Interprété par Vincent Lindon (dans l’un de ses meilleurs rôles), réalisé par Philippe Lioret, metteur en scène populaire (« Mademoiselle », « Je vais bien ne t’en fais pas »), « Welcome » raconte avec un scrupuleux réalisme quelques aspects du beau pays de France et espère toucher le plus grand nombre.

    Olivier de Bruyn : Comment est né « Welcome » ?

    Philippe Lioret : De ma complicité avec l’écrivain Olivier Adam avec lequel j’ai beaucoup travaillé par le passé. Olivier avait animé des ateliers d’écriture à Calais et il avait un projet de film avec Jean-Pierre Améris sur la situation des clandestins, d’après son livre « A l’abri de rien ». Ce projet n’arrivait pas à se monter financièrement et j’ai envisagé d’en racheter les droits. Mais finalement, ils ont réussi à le tourner, pour la télévision. N’empêche, le désir de filmer là-bas est resté et j’ai décidé de me lancer… 

    Comment avez-vous conçu le scénario ?

    Avec Emmanuel Courcol, mon co-scénariste, on a commencé par se rendre sur place. On a rencontré les bénévoles des associations qui, avec un courage extraordinaire et les moyens du bord, tentent d’aider les clandestins. Ce qu’on a découvert était effrayant. Calais, c’est notre frontière mexicaine à nous. Ça nous a confirmé dans l’idée qu’il était impératif de tourner là-bas. Les dramaturgies, hélas, n’y manquent pas.

    On se pose des questions morales, quand on tourne une fiction sur un tel sujet ? 

    Encore heureux ! Je n’étais pas à l’aise au début. Un film reste une entreprise commerciale. Il s’agit quand même de faire du pognon et évidemment, avec un tel sujet, ça pose des problèmes. Je me suis ouvert de mes doutes aux gens des associations. Ils m’ont tous dit la même chose : « N’aie pas de scrupules. Parle de ce qui se passe ici. Montre aux gens que la réalité n’a rien à voir avec les petits sujets expédiés au journal de 20 heures. » Ça m’a détendu.

    Comment est venue l’idée de ce jeune clandestin qui décide de traverser la Manche à la nage ?

    Des témoignages recueillis sur place. En désespoir de cause, des clandestins utilisent parfois ce moyen pour passer. Avec le courant, certains se retrouvent en Belgique. D’autres ne sont jamais retrouvés. 

    Comment avez-vous lié réalité et fiction ?

    On a bossé comme des dingues sur le scénario, pendant plus d’un an. Quand on écrit un tel script, on est particulièrement motivé. Il ne s’agit pas de militantisme, mais d’engagement. Sur tout ce qui concerne les migrants, il fallait rester scrupuleusement fidèle à la réalité. Et faire la chasse au pathos, au pleurnichage, à la complaisance… Ensuite est venue l’idée de ce personnage : un prof de natation en pleine panade personnelle. Ça nous permettait d’évoquer cet aspect de la loi particulièrement révoltant et qui menace quiconque aide les clandestins de cinq ans de prison et de 30 000 euros d’amende.

    Comment Vincent Lindon est-il arrivé sur le projet ?

    Ça faisait longtemps qu’on se tournait autour. Je l’ai vu, je lui ai raconté le projet. Il m’a dit oui tout de suite et a ajouté qu’il n’avait même pas besoin de lire le scénario. Je ne vais pas sortir le pistolet à miel, mais son investissement a été total.

    « Welcome » a-t-il été facile à produire ? Comment avez-vous convaincu les décideurs ?

    C’est un film cher. Avec onze semaines de tournage, des scènes compliquées… Mais je bénéficie de mes succès antérieurs. « Mademoiselle » et « Je vais bien ne t’en fais pas » ont très bien marché. Les gens des chaînes de télévision se disent « il a le truc, laissons faire… ». J’en profite. Et tant que les spectateurs suivent… Evidemment, ce serait plus simple de tourner des comédies inoffensives. Mais j’en ai marre des films inoffensifs.

     


    Fiarat Ayerdi, dans ’Welcome’ de Philippe Lioret (DR).

    Comment avez-vous recruté vos acteurs ?

    Partout en Europe. Il y a des non professionnels, mais évidemment pas de clandestins. Il ne s’agissait pas de les mettre en danger. Le jeune acteur principal, Firat Ayverdi, est un lycéen. Je me suis aperçu qu’il était très bon nageur et pratiquait même le water-polo. Pour les besoins du film, il a dû désapprendre à nager pour mieux mimer l’initiation.

    Quelles sont les premières réactions aux projections que vous avez organisées sur place ?

    En un sens la plus belle récompense, je l’ai déjà reçue. Le film a été montré dans la région de Calais. Les salles étaient pleines et les gens des associations étaient là. Je n’en menais pas large. Mais ils ont dit que « Welcome » dépeignait fidèlement l’effrayante réalité et qu’il était bon qu’un film grand public s’attaque à ce sujet. Un film sur Louis XVI, personne ne vient vous faire chier sur la crédibilité. Là, évidemment, c’est autre chose. Ça se passe ici et maintenant. Et savoir que vous risquez gros en aidant un clandestin rappelle des périodes sinistres de notre histoire. 

    Vous pensez que le film peut faire bouger les choses ?

    Le film n’est pas un objet militant. Je ne prétends pas bouleverser les rapports nord-sud avec mes petits bras et ma petite caméra. « Welcome » met simplement en accusation un système. Je supporte très mal l’idée que l’on puisse me faire chier si j’emmène un mec qui n’a pas de papiers bouffer une pizza ou dormir chez moi.

    Evidemment, j’entends déjà les reproches. Je vous parle de tout ça dans le salon cossu d’un grand hôtel parisien. Bon, oui, d’accord, soit. Et alors, je ne fais rien ? Je ne pense pas comme ça. Je suis cinéaste. Je pense que le film peut servir à quelque chose. Par exemple à ce que des spectateurs prennent conscience de ce qui se passe à Calais et ailleurs. C’est un premier pas, mais il est fondamental.

    ► Welcome de Philippe Lioret - avec Vincent Lindon, Firat Ayverdi… - Sortie le 11 mars.

    Photos : Fiarat Ayerdi, dans ’Welcome’ de Philippe Lioret (DR). L’acteur Vincent Lindon et le réalisateur Philippe Lioret sur le tournage de ’Welcome’ (DR).



    Eric Besson dans « Welcome » de Lioret (Hervé Fell)

  • Parti néonazi grec

    L’Aube dorée: au coeur du parti néonazi grec

    27/05/2012 | 15h50
    Yannis Behrakis / Reuters

    Reportage à Athènes dans le fief du parti néonazi l’Aube dorée.

    [Article publié le 27 mai 2012]

    Cest une douce soirée de printemps dans le quartier Agios Panteleimonas d’Athènes. Un vendredi soir calme et sans histoires. Sur la petite place d’Attiki, un gamin tape des balles avec son père, des papys causent affalés sur un banc, deux femmes grignotent. Trois garçons, 16 ans maximum, cheveux très courts et T-shirts noirs, font les beaux pour impressionner les filles. “M’approche pas ou je te casse les côtes comme à l’autre”, frime l’un deux. “C’est une croix celtique à ta ceinture ?”, demande un autre à une fille avant de s’interrompre brusquement. Ils dressent le nez. A cinq mètres, deux silhouettes immaculées déchirent la nuit. Deux hommes, en djellaba et bonnet de prière, reviennent de la mosquée improvisée deux rues plus haut. Les trois ados se précipitent, l’un deux lance un violent coup de pied mais les rate. Les fantômes en blanc ont déjà détalé. Les petits caïds retournent draguer.

    Sur la place, à peine a-t-on levé un cil. Le ballon roule, les sandwichs s’engloutissent, les vieux finissent de tuer le temps, les étrangers sont agressés : la routine. On est sur le territoire de l’Aube dorée, parti d’extrême droite à tendance néonazie qui vient d’obtenir 21 sièges aux élections législatives du 6 mai dernier, soit 7 % des voix. Dans le quartier d’Agios Panteleimonas, aux municipales de 2010, l’Aube dorée a attiré 20 % des suffrages. Des drapeaux grecs peints sur le sol balisent les entrées de la place Attiki. Des croix gammées raturées recouvrent les marbres de la fontaine.

    Les murs portent des affiches “Je vote Aube dorée pour que la région ne se salisse pas”.

    De jeunes hommes aux bras musclés et au crâne rasé font la loi avec l’assentiment d’une partie de la population. Dans ce quartier en déclin, l’Aube dorée applique déjà son programme : une Grèce nettoyée de ses immigrés où règne la préférence nationale. Par tous les moyens.

    Ali ne l’oubliera pas. Ça a failli lui coûter la vie. Ce professeur d’anglais de 34 ans, au regard doux et intelligent, a croisé la mort le soir du 11 septembre 2010 dans le pays qu’il avait pourtant choisi pour sauver sa vie. Soit neuf ans jour pour jour après la chute des Twin Towers qui déclencha la guerre qui l’a poussé à l’exil. Vers 21 h 30, Ali rentre chez lui dans le quartier d’Agios Panteleimonas quand cinq jeunes le passent à tabac. Une heure plus tard, il se réveille en sang dans le commissariat du quartier. “J’ai demandé à téléphoner à un ami, ils ont refusé. Au bout d’un moment, ils ont appelé une ambulance mais je n’ai revu la police que des mois plus tard.”

    Celle-ci est régulièrement accusée de fermer les yeux sur les violences envers les immigrés et l’extrême gauche, voire d’y participer. “25 % des policiers et 15 % des personnels de l’armée ont voté pour l’Aube dorée”,précise le politologue Christophoros Vernardakis. Près de 56 000 immigrants arrivent chaque année en Grèce, principale porte d’entrée terrestre des clandestins en Europe. On compte 1 million d’immigrés sur 11 millions d’habitants. Selon l’ONU, neuf migrants illégaux sur dix pénètrent dans l’Union européenne en traversant la frontière gréco-turque. La solution de l’Aube dorée ? Installer des mines antipersonnel.

    Avec ses discours violemment anti-immigrés et anti-islam, l’Aube dorée (Chryssi Avyi en grec) a créé la surprise. Le Laos, parti d’extrême droite traditionnelle, a été poussé hors du parlement. Les Grecs ont sanctionné sa participation à la coalition gouvernementale de novembre 2011. Les deux principaux partis de gouvernement, le Pasok (gauche) et la Nouvelle Démocratie (droite), se sont effondrés. Les Grecs n’en peuvent plus des multiples mesures d’austérité imposées par l’Europe et le FMI pour régler la crise de la dette. Le chômage atteint 24 %, les suicides ont augmenté de 40 % en deux ans et 45 % de la population vit au niveau du seuil pauvreté. Seuls les nouveaux partis, comme la gauche radicale antiaustérité Syriza (16 %) ou l’Aube dorée, en sont sortis gagnants.

    Pour autant, aucun parti n’a réussi à former une coalition. De nouvelles élections se tiendront le 17 juin.

    “Ce n’est pas seulement un vote protestataire : 40 % de ceux qui ont voté pour l’Aube dorée ont exprimé leur adhésion aux idées du parti”, précise le spécialiste de l’extrême droite Vassiliki Georgiadou.

    Pour le politologue Andreas Pantazopoulos, pas de doute, “l’Aube dorée est une organisation pronazi, profondément islamophobe et antisémite, qui exalte la violence politique. Ce parti est régi par une idéologie irrédentiste (nationaliste – ndlr) et païenne, il ne mise pas sur la religion orthodoxe contrairement au Laos, il utilise des images celtiques. Sa condamnation du multiculturalisme se fait sur un registre racial et ethnique.” Nikólaos Michaloliákos, son chef, élu en novembre 2010 au conseil municipal d’Athènes, y a été filmé en train de faire le salut nazi. Le drapeau de l’Aube dorée ressemble au svastika, symbole du parti national-socialiste. “Hitler jouait sur cette ambiguïté. Il disait aux Grecs qu’ils étaient aryens car ils utilisaient un symbole proche du sien”, précise l’historienne Joëlle Dalègre.

    Mais Nikólaos Michaloliákos n’en démord pas : il n’est pas nazi mais“nationaliste” et “patriotique”. “Les nazis étaient allemands et les fascistes italiens”, répète-t-il. Son organisation, fondée en 1980, s’inspire selon lui de l’esprit de Sparte, symbole de l’ordre et de la vertu militaire face à la démocratie athénienne. Mais le 13 mai dernier, Michaloliákos nous a fait une “jeanmarie” lors d’une interview sur la chaîne de télévision privée Mega.

    “Il n’y avait pas de fours, c’est un mensonge. (…) Il n’y avait pas de chambres à gaz non plus”, a-t-il déclaré. Puis il a qualifié d’” exagération”la mort de six millions de Juifs, arguant que “beaucoup de gens de pays différents” avaient succombé dans les camps de concentration allemands comme de nombreux Japonais dans les camps américains. Un faux pas avant les élections du 17 juin ?

    La veille à 18 h 30, c’était jour d’adhésion et il y avait foule devant le siège avenue Delyanni. A l’entrée, un gros bras à gonflette et T-shirt Lonsdale fait le videur. On a le droit de monter, on a rendez-vous avec Theodoros Koudounas, monsieur “com’ journalistes étrangers”, grand brun au regard dur dont le T-shirt moule les biscoteaux.

    “On rejette le plan de sauvetage, on veut effacer la dette et renvoyer les étrangers. Ils attaquent les Grecs, volent, maltraitent et parfois violent les femmes donc on répond, c’est action-réaction, c’est la loi de la nature. Après, on n’est pas contre faire venir un géologue norvégien mais on n’a pas ce genre.”

    Musclor reprend : “Le système capitaliste et les impérialistes paient les gangs anarchistes qui détruisent Athènes. Dans quelques années, il y aura une guerre civile. L’invasion et la colonisation sont la faute de l’Europe, il faudrait commencer les exécutions à Bruxelles.” OK.

    Au deuxième étage, des jeunes au crâne rasé recueillent les inscriptions des nouveaux adhérents, beaucoup de jeunes. 13,6 % des 25-34 ans ont voté pour l’Aube dorée le 6 mai. Jusqu’à maintenant, le parti comptait environ 5 000 membres. Les petits nouveaux pourront acheter des objets souvenirs à l’image du parti : des T-shirts Hate Rock Café ou à l’effigie du général Grivas – collabo et milicien – avec une kalachnikov au dos, des livres sur l’histoire de la musique white trash et l’idéologie nationale-socialiste ainsi que des CD de metal. Dans la pièce se tient justement Georges Germinis, grand gars au visage rond peu aimable. C’est le numéro trois du parti. Ce boulanger de 34 ans joue dans Naer Mataron, un groupe de black metal sataniste gréco-norvégien, sous le pseudo de Kaiadas – selon la légende, le gouffre où les Spartiates jetaient les enfants handicapés. Dans un coin, des sacs de vêtements prêts à être distribués aux familles grecques démunies.

    Au troisième, c’est la cafète. Une série de photos rappelle les moments importants de l’Aube dorée : une cérémonie à Thessalonique en l’honneur d’Alexandre le Grand et celle du 30 août autour de la statue de Léonidas, roi de Sparte célèbre pour son opposition aux envahisseurs de l’Est, les Perses. Sur une autre, trois cents hommes font le salut nazi dans une arène. Devant la porte close du bureau du chef, des gros bras à casquette rouge et tatouages montent la garde. Un homme d’une cinquantaine d’années s’avance vers eux et lâche un salut nazi. Nikólaos Michaloliákos est attendu pour faire un discours.

    La salle est pleine à craquer d’hommes et de femmes de tout âge. Le chef “charismatique” s’installe derrière le pupitre, sa garde prétorienne à ses côtés. C’est un petit gros à lunettes et cheveux gris. Les musclés hurlent :“Levez-vous !” Le public obtempère martialement et reprend en choeur le slogan du parti, “Sang, honneur, Aube dorée”. Un militant filme avec son portable. Un garde le somme d’arrêter. Un homme refait un salut, puis un deuxième. On lui demande plus de discrétion.

    Le leader “charismatique” commence par citer le dictateur Metaxas puis fustige “la fameuse génération de l’école polytechnique, cette génération de marxistes qui se prétendaient résistants avec leurs pantalons déchirés et leur barbichette puis ont commencé à porter des costumes Armani, à jouer en Bourse, à aller à Mykonos, à boire leur café à Kolonaki (les Champs-Elysées grecs – ndlr)”. Applaudissements nourris. Il reprend : “Le pouvoir de l’Aube dorée sommeille au coeur du peuple. La réalité de la Grèce est une jungle. C’est la faute aux nazis peut-être ? En 1945, les vainqueurs étaient l’URSS et les Etats-Unis. Ces sales journalistes ne montrent que ce qu’ils veulent car ce sont des bolcheviks sans regret.”Vient le moment des questions. Un gros Grec d’une cinquantaine d’années au visage de bouledogue veut savoir “si les coupables de notre crise iront en prison ou seront exécutés”. Oui, ils seront punis, répond le chef.

    Après le discours, deux hommes discutent devant l’entrée.

    “Il y a des signes franc-maçons et sionistes partout ! Regarde quand tu retournes une bouteille d’Heineken : les trois ‘e’ font 666.”

    L’autre acquiesce. Pendant ce temps, les journalistes font la queue dans le hall dans l’espoir d’interviewer Michaloliákos. Un bodybuildé particulièrement agressif avec l’inscription Pit Bull Germany sur son T-shirt hurle : “On n’est pas des animaux, dégagez !” Le jeune Ilias Kasidiaris, un des membres les plus violents de la garde rapprochée de Michaloliákos, a été élu député. Son procès pour le lynchage d’un professeur d’Université devait se tenir le 23 mai.

     
  • Chomsky sur les négociations...

    Chomsky sur les négociations israélo-palestiniennes et la Syrie

    12 septembre 2013

    Pour la première du Mur a des oreilles, Frank Barat a interviewé Noam Chomsky sur la supercherie des négociations israélo-palestiniennes. Le linguiste qui n'a pas la langue dans sa poche donne également son avis sur la situation en Syrie. (IGA)

    Entretien avec Noam Chomsky qui évoque les négociations Israélo-palestiniennes et la situation en Syrie.
    (le 06/09/2013)
    LMaDO (Frank Barat) : Quelle est la définition de « négociations » dans le dictionnaire israélo-américain ? Et pourquoi l'Autorité Palestinienne joue-t-elle le jeu ?
    NC : Du point de vue des États-Unis, les négociations sont un moyen pour Israël de continuer d'appliquer ses politiques systématiques de confiscation de tout ce qu'il veut en Cisjordanie, de maintien du siège de Gaza, de séparation de Gaza d'avec la Cisjordanie et, bien sûr, d'occupation du plateau du Golan Syrien. Tout ça avec le soutien total des États-Unis. Comme depuis plus de vingt ans ans et l'expérience d'Oslo, le cadre posé par les négociations offre simplement une couverture pour cela.
    LMaDO : Pourquoi l'Autorité Palestinienne joue-t-elle le jeu et continue-t-elle de retourner à la table des négociations ?
    NC : Probablement, en partie, en désespoir de cause. On peut se demander si c'est le bon choix mais ils n'ont pas beaucoup d'alternatives.
    LMaDO : Selon vous c'est donc plus ou moins pour survivre qu'ils acceptent le cadre des négociations ?
    NC : S'ils refusaient de se joindre à ces négociations, menées par les États-Unis, leur base de soutien s'effondrerait. Ils survivent principalement sur des dons. Israël s'est assuré qu'ils ne développent pas une économie productive. Ils sont une sorte de « Société Schnorrer », comme on dirait en Yiddish : vous pouvez juste emprunter et vous vivez avec ce qu'on vous accorde.
    Ont-ils une alternative à cela ? Ce n'est pas très clair. Mais s'ils refusaient l'injonction des États-Unis à venir négocier, même sur des bases totalement inacceptables, ils perdraient du soutien financier. Et ils ont du soutien, de l'extérieur. Suffisamment pour permettre à l'élite palestinienne de vivre une vie plutôt décente – souvent fastueuse même – pendant que leur société s'effondre autour d'eux. 
    LMaDO : La chute, la disparition de l'Autorité Palestinienne serait-elle une mauvaise chose après tout ?
    NC : Cela dépend de ce qui la remplacerait. Si, par exemple, Marwan Barghouti était autorisé à participer à la société civile à nouveau, comme l'a finalement été Nelson Mandela à son époque, cela pourrait redynamiser l'organisation d'une société palestinienne capable de faire pression, avec de réelles exigences. Mais n'oublions pas qu'ils n'ont que très peu d'options.
    En fait, revenons vingt ans en arrière, au début des accords d'Oslo. Des négociations étaient en cours, les négociations de Madrid, pour lesquelles la Palestine était représentée par Haider Abdel-Shafi – homme de la Gauche Nationaliste, très respecté en Palestine. Il avait refusé les termes de négociations posés par Israël et les États-Unis, qui exigeaient que l'expansion des colonies se poursuive. Son refus a entrainé le blocage complet des négociations, qui n'ont donc abouti à rien. 
    Pendant ce temps, les Palestiniens de l'étranger, menés par Arafat, empruntaient une route secondaire via Oslo et prenait le contrôle des négociations. Haider Abdel-Shafi était tellement opposé à cela qu'il n'a même pas assisté à la mascarade de cérémonie où Clinton rayonnait pendant qu'Arafat et Rabin se serraient la main. Il n'est pas venu parce qu'il avait compris que c'était une véritable trahison. Lui avait agit selon ses convictions et n'avait donc rien obtenu.
    Et nous n'obtiendrons rien sans un soutien important de l'Union Européenne, des pays du Golfe et, en fin de compte, des États-Unis. 
    LMaDO : D'après vous quels sont les réels enjeux des évènements actuels en Syrie ? Et quel peut en être l'impact sur la région ?
    NC : La Syrie va au suicide. C'est une histoire horrible qui empire de jour en jour. Il n'y a aucune lueur d'espoir à l'horizon. Ce qui va se passer, si cela continue, c'est que la Syrie va finir par être divisée, probablement en trois régions : une région Kurde, qui est déjà en train de se former et qui pourrait se joindre d'une certaine manière au Kurdistan Irakien semi-autonome, peut-être par le biais d'une sorte d'accord avec la Turquie.
    Le reste du pays sera divisé entre une région dominée par le régime de Assad – un régime horriblement violent, et une autre zone dominée par les différentes milices, qui vont des milices extrêmement malveillantes à d'autres plus laïques et démocratiques. 
    Pendant ce temps, Israël observe et apprécie le spectacle. Le New York Times de ce matin citait un dirigeant israélien exprimant son plaisir à voir les arabes se massacrer entre eux.
    C'est également très bien pour les États-Unis, qui ne souhaitent pas non plus de solution à ce conflit. Si les États-Unis et Israël voulaient vraiment aider les rebelles – ce qu'ils ne font pas – il leur serait facile de le faire, sans intervention militaire. Par exemple, si Israël déployait des troupes sur le plateau du Golan (bien sûr il s'agit du plateau du Golan Syrien mais, de nos jours, le monde tolère plus ou moins, accepte même, l'occupation israélienne dans cette zone) ; s'il faisait juste ça, cela obligerait Assad à déplacer des forces vers le sud ce qui soulagerait un petit peu les rebelles. Mais rien ne laisse penser que cela va se passer. Ils ne donnent pas non plus d'aide humanitaire aux nombreux réfugiés qui souffrent. Ils ne font aucune des choses très simples qu'ils pourraient faire. 
    Tout cela laisse supposer qu'Israël et les États-Unis préfèrent que les choses se passent exactement comme elles sont en train de se passer, comme le relayait le New York Times de ce matin. Pendant ce temps, Israël peut célébrer son statut d' « Oasis au milieu du Désert » (« Villa in the Jungle », ndt) comme ils aiment s'appeler.
    Un article intéressant d'Aluf Benn a paru dans Hareetz. On pouvait y lire que les israéliens s'amusent, vont à la plage et s'auto-congratulent d'être ce petit village paisible pendant que le reste de la région se déchire et s'entretue. Et, bien évidemment, Israël ne fait que se défendre. Ils aiment cette image et elle semble ne pas déplaire non plus aux américains.
    Le reste n'est que fanfaronnades.
    LMaDO : Que pensez-vous des discussions à propos de frappes américaines ? Cela va-t-il arriver ?
    NC : Un bombardement ?
    LMaDO : Oui.
    NC : Eh bien, il y a un débat intéressant aux États-Unis à ce propos. L'extrême droite, qui est un peu en marge du panel international, s'y oppose – pas pour des raisons que j'approuve. Ils s'y opposent parce qu'ils disent : « Pourquoi devrions-nous résoudre les problèmes des autres et gaspiller nos ressources ? »
    Ils demandent, littéralement : « Qui viendra nous défendre lorsque que nous serons attaqués puisque nous passons notre temps à aider les pays étrangers ? »
    Ça, c'est l'extrême droite.
    Pour savoir ce que pense la droite « modérée », nous pouvons lire des gens comme David Brooks du New York Times par exemple, considéré comme un analyste intellectuel de droite.
    Pour lui, l'effort américain de se retirer de la région n'a pas un « effet modérateur ». Au contraire, il dit que la présence des forces américaines dans la région a un effet bénéfique. Cela améliore la situation, comme vous pouvez le voir en Irak par exemple. Mais si nous nous retirons, nous ne sommes plus capables de gérer et améliorer la situation.
    Ceci est l'opinion la plus répandue des intellectuels de droite jusqu'aux les libéraux-démocrates, etc...
    Alors il y a de grands débats pour savoir si « Nous devrions exercer notre Responsabilité de protéger ? »
    Eh bien, jetez juste un oeil au bilan de la Responsabilité de protégeraméricaine. Le fait même que ces mots puissent être prononcés en dit long sur la culture morale et intellectuelle des États-Unis, et de l'Occident en général.
    Sans parler du fait que c'est une grossière violation de la loi internationale.
    La dernière trouvaille d'Obama est de dire que ce n'est pas lui qui a fixé la « ligne rouge » mais le monde, par le biais de ses conventions sur la guerre chimique. Eh bien, en effet, le monde a un traité à ce sujet, traité qu'Israël n'a pas signé et que les États-Unis ont totalement négligé, par exemple quand ils ont soutenu l'utilisation d'armes chimiques par Saddam Hussein. Aujourd'hui, cet épisode est utilisé pour dénoncer Saddam Hussein, et on oublie qu'il n'était pas seulement toléré mais clairement soutenu par le gouvernement Reagan. Évidemment, la convention sur la guerre chimique ne dispose d'aucun pouvoir coercitif. 
    La Responsabilité de protéger, ça n'existe pas. C'est une fraude. Une invention de l'Occident. Il existe deux notions de ce concept : la première a été votée par l'Assemblée Générale des Nations Unies, qui parle de « Responsabilité de protéger » mais ne donne aucune autorisation d'intervenir, sous quelque forme que ce soit, sauf sous les conditions de la Charte des Nations Unies. Il en existe une seconde version, adoptée seulement par l'Occident, les États-Unis et ses alliés, qui est unilatérale et dit que la Responsabilité de protéger permet « l'intervention militaire par des organisations régionales, dans la région qu'elles contrôlent, sans autorisation du Conseil de Sécurité. »
    Si on le traduit en anglais, cela veut dire que les États-Unis et l'OTAN sont autorisés à utiliser la violence quand ils le décident et sans autorisation du Conseil de Sécurité. Voilà ce qu'est la Responsabilité de protégerdans le langage occidental. Si ce n'était pas si tragique, ce serait risible.
    LMaDO : Merci professeur Chomsky, ce fut un plaisir de discuter avec vous.
    Traduction : Ounsi et R.K-B
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    Israël-Palestine Negociations Syrie

  • Le grand tabou US

     
     

    24 septembre 2013

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    « Quand on s’engage à servir son pays et qu’on prête serment, on s’y tient. Ce n’est pas une option. » Steven Bussi de la Fondation Néoconservatrice Heritage, à propos de Chelsea Manning, (anciennement connu sous le nom de Bradley). Vraiment ? Peu importe ce que l’on demande à un individu qui s’est engagé ? Peu importe ce qu’il voit ou ce qu’il sait, il doit ignorer sa conscience et obéir aux ordres ? Mais Steven, mon ami, vous n’êtes pas sans savoir qu’après la Seconde Guerre Mondiale de nombreux Allemands utilisèrent, bien évidemment, l’excuse d’avoir obéi aux ordres. Les alliés victorieux exécutèrent pourtant beaucoup d’entre eux.

     

     

    Les condamnations à mort furent prononcées par le Tribunal Militaire International de Nuremberg, en Allemagne, qui déclara que les individus ont des devoirs internationaux qui surpassent les obligations nationales d’obéissance. C’est pour cela que les citoyens, en tant qu’individus, ont le devoir d’enfreindre les lois nationales pour empêcher que des crimes contre la paix et contre l’humanité n’aient lieu.

     

    En outre, le Principe IV de Nuremberg stipule : le fait qu’une personne agisse selon les ordres de son Gouvernement ou d’un supérieur ne l’exonère pas de sa responsabilité au regard des lois internationales, pour peu qu’on parvienne à démontrer qu’il avait la possibilité d’agir autrement.

     

    Manning, mais aussi Edward Snowden, avaient des alternatives d’ordre moral et ils les ont saisies.

     

    Il convient de dire que Barack Obama a refusé de présenter à la justice ceux qui, sous l’ère Bush, étaient impliqués dans les actes de torture car, affirme-t-il, ils ne faisaient qu’obéir aux ordres. Cet homme instruit, n’a-t-il jamais entendu parler du Tribunal de Nuremberg ? Pourquoi n’est-il pas gêné de répéter encore et toujours le même argument ?

     

    Durant les trois dernières années d’incarcération, de torture et d’humiliation que Manning a vécues et qui ont augmenté considérablement ses difficultés personnelles déjà existantes, j’imagine que l’idée du suicide lui a traversé l’esprit à bien des reprises. Cela aurait été le cas si j’avais été à sa place. Au cours des milliers de jours et de longues nuits d’incarcération à venir, ces pensées habiteront peut-être Manning. Si les pensées se transforment en désir et si le désir devient insupportable, j’espère que cette jeune femme courageuse trouvera le moyen de le réaliser. Toute personne possède ce droit, même les héros.

     

    Les Etats-Unis et leurs petits caniches européens sont peut-être allés trop loin, pour leur propre bien, dans leurs tentatives de contrôler toute communication dissidente en exigeant toutes les données de la part des sociétés impliquées dans la messagerie codée, en mettant la pression pour fermer plusieurs d’entre elles, en obligeant l’avion du président bolivien à atterrir, en détruisant les ordinateurs d’un journal important, en arrêtant la conjoint d’un journaliste pendant plus de neuf heures dans un aéroport, en s’appropriant les conversations téléphoniques de journalistes de l’Associated Press, en menaçant d’emprisonnement un journaliste du New York Times s’il ne révélait pas sa source lors d’une opération d’infiltration, en mentant de manière éhontée au plus haut niveau, en dissimulant des micros au sein du Parlement Européen et des Nations Unies, en organisant des surveillances sans limites. Où tout cela s’arrêtera-t-il ? A quel moment cela sera-t-il contreproductif et permettra aux Etats-Unis de revenir à un niveau de surveillance normal ? Le 24 Juillet, une loi limitant le pouvoir de la NSA a été retoquée par seulement 217 votes contre 205 à la Chambre des Représentants.

    Et combien de temps encore Amnistie Internationale continuera-t-elle à salir son image en niant l’évidence ? A savoir que Manning rentre dans la catégorie des Prisonniers d’Opinion. Quiconque visite le site d’Amnistie Internationale à la recherche de Prisonniers d’Opinion en trouvera un grand nombre, dont plusieurs cubains. Existe-il un lien entre l’oubli de Manning et le fait que la Directrice Exécutive d’Amnistie Internationale, Suzanne Nossel, ait pris ses fonctions actuelles tout de suite après son départ du Département d’Etat Américain, où elle occupait le poste de Vice-Secrétaire Adjointe en charge des Organisations Internationales ?

     

    Un coup de fil au siège d’Amnistie Internationale à New York ne m’a pas permis d’obtenir une quelconque explication sur l’oubli de Manning. Je suggère que les lecteurs essaient de l’obtenir en contactant le bureau d’Amnistie Internationale de leur pays.

     

     

     

    En attendant, l’autre grande organisation internationale de défense des droits de l’homme, HRW, a vu le Directeur du bureau de Washington, Tom Malinowski, être nommé par Obama, Secrétaire d’Etat Adjoint en charge de la Démocratie, des Droits de l’Homme et du Droit du Travail. Est-il vraiment exagéré d’attendre d’un haut fonctionnaire à la tête d’une organisation de défense des Droits de l’Homme qu’il refuse de travailler pour un gouvernement qui a le plus enfreint les Droits de l’Homme au cours des cinquante dernières années ? Et si cette nomination vous semble écœurante, il vous faut considérer la torture comme le meilleur exemple de la cruauté humaine. Qui d’autre que les Etats-Unis a été le plus impliqué dans cette horreur ? Allant même jusqu’à l’enseigner, fournissant manuels et équipements, créant des centres de torture un peu partout dans le monde, séquestrant des personnes pour les conduire vers ces lieux, incarcération, alimentation forcée, Guantanamo, Abu Ghraib, Bagram, Chili, brésil, Argentine, Chicago…

     

     

    Que Dieu nous pardonne !

     

     

    Auteur de Killing Hope : U.S. Military and CIA Interventions Since World War II, Rogue State : a guide to the World s Only Super Power.

    Son dernier ouvrage s’intitule America s Deadliest Export : Democracy.

    Contact : BBlum6@aol.com <mailto:BBlum6@aol.com>

    Source originale : Counterpunch

     

    Traduction : Collectif Investig'Action

  • Jeunes MRE: Les raisons de leur échec

     

    Jeunes MRE: Les raisons de leur échec

    ETUDE Le mythe du MRE riche qui revient au pays à bord de bolides d’enfer s’étiole. Le Marocain d’ici ouvre désormais ses yeux sur des phénomènes, autrefois insoupçonnés, touchant le Marocain d’ailleurs. La crise n’explique pas tout, comme le montre cette étude de Rabia Hajila.

    Rabia Hajila, Docteur en sciences économiques, option économétrie, a décortiqué les raisons de l’échec scolaire chez des jeunes Marocains vivant en France. C’est là un sujet qui doit intéresser le département en charge des expatriés marocains qui a tendance à s’intéresser aux MRE adultes en oubliant les enfants et les jeunes parmi eux, qui sont les MRE de demain. « Au cours de l’été 1995, j’ai rencontré des élèves immigrés marocains qui sont venus passer leurs vacances au Maroc et qui ont tous abandonné l’école française. Chacun a argumenté son échec à sa façon, chose qui m’a provoqué et m’a poussé à mener une enquête sur le terrain pour déceler les vraies causes de cet abandon.» confie Rabia Hajila à L’Observateur du Maroc. Sa curiosité scientifique l’a amenée à des conclusions qui méritent d’être prises en compte par les responsables concernés.

    Menée à Paris et dans le département des Yvelines (Poissy, Mantes La Jolie, Les Mureaux, Chanteloup, Achères, …), son enquête a consisté en un travail de terrain de longue haleine et le dépouillement de pas moins de 600 questionnaires. Synthèse. Selon les résultats de l’enquête, la répartition des élèves ayant abandonné l’école montre la prééminence du sexe masculin qui représente 61,5% contre seulement 38,5% pour le sexe féminin. Sur l’ensemble des élèves qui ont abandonné leurs études 40% ont un âge de 22 ans, suivi de ceux qui ont un âge compris entre 20 et 21 ans avec des taux respectifs de 23,1% et 23,8%. 50% des élèves ayant abandonné leurs études ont commencé leur scolarisation à l’âge de 6 ans. Les enfants nés en 8e rang sont plus exposés à l’abandon scolaire avec un taux de 25% suivi des enfants nés en 7e rang avec un taux de 12,5%. Les résultats de l’enquête ont montré qu’il existe plus d’abandons lorsque l’âge du père se situe entre 45 et 59 ans et celui de la mère entre 40 et 49 ans. La baisse du niveau d’instruction des parents est une cause principale de l’augmentation du nombre d’abandons des élèves.

    La baisse du niveau d’instruction des parents est une cause principale de l’augmentation du nombre d’abandons des élèves.

    96,2% des pères et 88,2% des mères des élèves qui abandonnent leurs études ont un niveau d’instruction inférieur au secondaire. La répartition des élèves ayant abandonné leurs études montre la prééminence de ceux qui ne sont pas aidés par leurs parents dans le choix de l’option. La famille peut alors jouer un rôle dans la définition du projet scolaire et social de leurs enfants. Le changement de lieu de résidence favorise l’échec scolaire : 80,8% des élèves ayant abandonné leur scolarité ont changé leur lieu de résidence au moins une fois. Certaines variables de comportement telles que la consommation de cigarettes et/ou de drogue et d’alcool peuvent avoir un impact négatif sur les résultats scolaires. En effet, le pourcentage des élèves ayant abandonné leurs études est, par exemple, 7 fois supérieur chez les élèves consommateurs de drogue. Parmi les différentes raisons de l’abandon scolaire avancées par les élèves qui ont quitté l’école : 42,3% préfèrent travailler, 30,8% sont lassés des études, 1,5% veulent se marier pour faciliter l’établissement d’un cousin en France, 7,7% n’ont pas le niveau et ont peur de l’échec, 3,9% à cause des professeurs et 3,8% à cause de la délinquance.

    Parmi les nombreuses autres variables intervenant dans les défections, la plus importante est celle des rapports entre l’adolescent et sa famille. Le risque de le voir quitter prématurément l’école augmente parallèlement au nombre de circonstances défavorables qui jouent en sa défaveur, à l’opposé de bonnes relations familiales devraient lui permettre de surmonter presque toutes les difficultés. En règle générale, l’élève qui risque d’abandonner ses études a des notes médiocres, est peu motivé, n’aspire pas à poursuivre des études supérieures, en étant également issu de parents de conditions socio-économiques inférieures qui ne le prédisposent guère à faire preuve d’autonomie. Ce dernier facteur joue un rôle décisif. Les adolescents à qui le père laisse une autonomie et une part de responsabilité raisonnable ont plus de chance d’acquérir l’attitude constructive, l’assurance et le sens de l’effort si importants pour la réussite scolaire.