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  • Commissions d’intervention

    Commissions d’intervention plafonnées : banquière, j’applaudis

    berengere1981 | Riveraine


    Une machine à sous (Adriagarcia/Flickr/CC)

    Le plafonnement des commissions d’intervention annoncé par le ministre de l’Economie Pierre Moscovici est une bonne nouvelle et un pas efficace vers une réglementation des frais bancaires. Après la loi Lagarde qui n’avait été qu’un immense cadeau aux banques, enfin une mesure juste.

    MAKING OF

    Les commissions d’intervention – ces frais facturés par les banques par exemple quand un client dépasse son découvert autorisé – ne pourront bientôt plus dépasser 8 euros par intervention et 80 euros par mois. Le plafonnement de ces commissions est prévu dans la loi bancaire votée ce jeudi. Le plafond a été annoncé vendredi par Pierre Moscovici.

    Chargée d’affaires dans une grande banque régionale, notre riveraine Bérengère applaudit. Mathieu Deslandes

    Pour tous ceux qui ne dépassent jamais leur découvert autorisé et se demandent ce qu’est une commission d’intervention, il s’agit d’une pénalité prélevée par la banque dès lors que vous dépassez votre découvert autorisé.

    Les clients ont tendance à les confondre avec les agios là où en réalité les agios ne coûtent pas grand-chose et sont légitimes puisqu’il s’agit du taux d’intérêt auquel la banque prête l’argent (puisqu’un découvert est par définition un crédit).

    Concrètement, comment se passe la gestion d’un compte débiteur ?

    Les comptes débiteurs, un jackpot

    Tous les matins, votre conseiller bancaire, quand il arrive au bureau, consulte la liste des comptes débiteurs qui a été générée par informatique. Il a donc accès à tous les comptes en dépassement et aux opérations en suspens : chèques et prélèvements principalement. A partir de là, il doit agir pour gérer le compte :

    • envoyer un courrier au client l’informant du débit (environ 15 à 20 euros) ;
    • envoyer un courrier l’informant du rejet prochain d’un chèque (également 15 à 20 euros) ;
    • rejeter des prélèvements (environ 20 euros) ;
    • bloquer la Carte Bleue (une quinzaine d’euros).

    S’il décide de laisser passer des opérations afin de ne pas pénaliser le client (rejeter l’école ou EDF n’est pas forcément une bonne idée), il se verra alors facturer les fameuses commissions d’intervention d’un montant d’environ 8 euros par opération.

    Ce qui devient drôle, c’est qu’ensuite, le conseiller peut mixer le tout :

    • le lundi, un prélèvement de 30 euros passe sur le compte, il facture donc une commission d’intervention (8 euros) ;
    • le mardi, il écrit au client pour lui demander de couvrir (20 euros) ;
    • le jeudi, comme il n’a pas couvert, le prélèvement est rejeté (20 euros).

    Soit potentiellement 48 euros de frais pour une opération de 30 euros !

    Le vrai scandale des banques ne réside pas tant dans les frais – tous ont une justification –, mais dans le manque de respect du client et la pression de certains directeurs qui ont compris le jackpot que représentent les comptes débiteurs.

    On ne gère pas ces cas comme une machine

    Il est bien plus compliqué de faire du résultat en étant compétent et en développant son portefeuille qu’en restant assis sur son bureau et en appuyant sur le petit bouton « rejet » de son ordinateur. Un prêt immobilier : 300 euros de frais de dossier pour des semaines de travail. Un chèque rejeté : 50 euros pour appuyer sur un bouton.

    Bien sûr que je rejette des prélèvements, des chèques et bloque des Cartes Bleues. Il s’agit de mon métier. En revanche, je n’ai jamais fait aucune opération sans appeler mon client avant (0 euro) afin de faire un point sur sa situation et n’ai jamais rejeté un prélèvement dont la somme des frais n’aurait pas fait baisser le débit de manière significative.

    On ne peut pas gérer ses débiteurs comme une machine. Chaque cas doit être étudié et réfléchi. On doit peser le ratio risque/intérêt client.

    Bloque-t-on vraiment la CB de la mère de famille qu’on n’arrive pas à prévenir et qui peut se retrouver en panne d’essence ou coincée à la caisse du supermarché ? Est-il cohérent de rejeter une facture de 20 euros qui coûtera la même somme en frais de rejet ? Rejette-t-on le prélèvement de Canal+ considéré comme un luxe par beaucoup de mes collègues mais qui est souvent la seule activité pour des clients totalement isolés socialement ? Comment donner des leçons à des gens à qui il reste 150 euros pour faire les courses une fois payés leur loyer et leurs assurances ?

    Nous avons le devoir moral de rester justes

    Ces questions, très peu de conseillers se les posent aujourd’hui et beaucoup ne se sentent aucune responsabilité vis-à-vis de leurs clients. Il est plus facile de matraquer un client à distance que de lui expliquer cela de vive voix.

    Ces commissions d’intervention ont un sens : faire des paiements sans provision oblige la banque à payer pour vous et elle prend le risque de ne pas avoir de couverture. Les agios également. Lorsque vous êtes à découvert, vous vivez à crédit et il est normal que ce crédit ait un taux débiteur.

    Je considère que la banque n’a aucune obligation de payer pour son client. Nous ne sommes pas un service public. En revanche, nous avons le devoir moral de rester justes dans nos décisions et nos pratiques.

    Voilà pourquoi cette réforme est une excellente nouvelle pour tous les clients en difficulté que leurs conseillers enfoncent par paresse ou incompétence, même si elle est moins bonne pour notre participation et notre intéressement.

    Quoique je ne m’inquiète pas : un de nos dirigeants arrivera sûrement à remplacer ces bonnes vieilles commissions par de nouveaux frais plus novateurs.

  • SOLDATS DE FORTUNE


    19/07/2013 à 14h26

    Des mercenaires français pour protéger le président centrafricain

    Pierre Haski | Cofondateur Rue89


    Le président issu du coup de force de mars 2013, Michel Djotodia à son arrivée à Bangui (SIA KAMBOU / AFP)

    Une vingtaine de mercenaires français, pardon, d’employés d’une société de sécurité privée, assurent depuis peu la protection rapprochée du président issu du coup de force armé de mars dernier en République centrafricaine, Michel Djotodia.

    « Mercenaire », c’est pourtant ainsi qu’un officiel français cité par le site de Jeune Afrique qualifie ces hommes dont Paris tente en vain de demander le renvoi par les nouveaux maîtres de Centrafrique, qui ont bien du mal à consolider leur pouvoir.

    Depuis quelques jours, ajoute Jeune Afrique, l’ambassade de France à Bangui tente de convaincre le président Djotodia de les renvoyer :

    « Elle cherche aussi la faille juridique dans le contrat conclu avec ces retraités très spéciaux de l’armée française. Mais ceux-ci appartiennent à une société,Roussel G-Sécurité, immatriculée dans l’État du Delaware, aux États-Unis.

    “ On n’a aucun moyen de pression sur eux ”, reconnaît-on à Paris. »

    Du 3e RPIMa à Bangui

    Selon La Lettre du Continent, c’est un ancien du célèbre 3e RPIMa (Régiment parachutiste d’infanterie de marine), Jérôme Gomboc, qui commande cette petite armée privée au camp Roux, à Bangui, pour le compte de la société Roussel, qui est en fait basée à Fréjus.


    Le logo de la société Roussel qui a remporté le contrat centrafricain (capture d’&eacute ; cran)

    Roussel a de nombreuses activités de sécurité privée, dont la société fait état sur son site, assurant la protection de concerts, de camps de vacances ou de grands magasins de grandes enseignes.


    Sur le site de Roussel (capture d’écran)

    Mais, dès la page d’accueil, elle donne comme « référence » la République centrafricaine, en reproduisant les armoiries de la RCA, et un écusson de formateur de la garde présidentielle centrafricaine.

    En faisant appel à une société militaire privée, le nouveau pouvoir centrafricain se dote de moyens militaires que la France lui refuse, dans un climat de confusion politique, militaire et humanitaire totale.

    La semaine dernière, cinq ONG françaises (Médecins Sans Frontières, Action Contre la Faim, Médecins du Monde, Première Urgence-Aide Médicale Internationale et Solidarités International) avaient lancé un appel urgent à renforcer l’action des Nations unies en Centrafrique, « alors que le pays est plongé dans le chaos et l’instabilité politique et que les besoins des populations sont criants ».

    Elles ajoutaient :

    « Au moment où se profilent une dégradation nutritionnelle et un important pic de paludisme, ce désintérêt aggrave encore une crise humanitaire particulièrement alarmante. Confrontée depuis des décennies au chaos politico-militaire, la République Centrafricaine (RCA) est devenue un contexte d’urgence humanitaire et médicale chronique. »

    La Séléka au coeur du problème

    Dans ce contexte, les anciens rebelles de la coalition Séléka qui ont pris Bangui en mars dernier non seulement ne parviennent pas à stabiliser la situation, mais font partie du problème. Fin juin, Bangui connaissait une nouvelle flambée de violences faisant six morts, et au cours desquelles les ex-rebelles pourtant au pouvoir ont été accusés de pillages, notamment au Crédit mutuel de Centrafrique.

    L’arrivée des hommes de Roussel à Bangui apporte un élément de tension supplémentaire en venant renforcer le pouvoir du président de transition alors que c’est du côté des forces multinationales, africaines ou onusiennes, que l’on attendrait des renforts.

    D’où la tension avec la France, qui redoute surtout d’être associée aux luttes pour le pouvoir à Bangui, dans la meilleure tradition de la Françafrique qui a longtemps sévi dans ce pays.

    D’autant que si les hommes de Roussel venaient à être considérés comme des « mercenaires », ils seraient passibles de poursuites en France où cette activité est proscrite depuis une loi de 2003.

    Eloge de la sécurité privée

    Cette affaire centrafricaine survient alors qu’un débat a été lancé en France, l’an dernier, par un rapport parlementaire qui prenait ouvertement parti en faveur de la légalisation en France des sociétés militaires privées (SMP), sous prétexte que le « marché » est dominé par les anglo-saxons.

    Les rapporteurs (au cours de la précédente législature), Christian Ménard (député UMP du Finistère) et Jean-Claude Viollet (député PS de Charente), se lamentaient :

    « Le développement du secteur en France semble pâtir de la mauvaise image accolée aux prestations privées touchant à la défense. Leur offre souffre d’un amalgame avec les activités de mercenariat ».

    Et Christian Ménard déclarait même au NouvelObs.com qu’un des avantages des SMP pouvait être d’assurer « une porte de sortie pour les militaires à la retraite et qui souhaitent se reconvertir ». Comme les anciens du 3e RPIMa présents à Bangui...

    Un autre avantage de cette privatisation, aux yeux des rapporteurs de droite comme de gauche, serait de permettre de faire des choses que les Etats ne peuvent pas assumer. Les exemples abondent, en Afrique, en Irak ou en Afghanistan...

    En attendant, la France a une affaire de mercenaires, ou de prestataires de services privés si on préfère, sur les bras. Au coeur d’une poudrière africaine qui s’appelle Bangui.

  • INTERNET À DEUX VITESSES


    19/07/2013 à 19h29

    Comment Bruxelles se prépare à enterrer la neutralité du Web

    Philippe Vion-Dury | Journaliste Rue89

    Décidément, l’année 2013 n’aura pas été faste pour l’Internet tel qu’il avait été pensé par ses géniteurs : libre, anonyme et égalitaire.

    Le quotidien économique allemand Handelsblatt affirme être en possession d’un document prouvant la volonté de la Commission Européenne d’enterrer la neutralité du Web.

    La proposition, téléguidée par la commissaire européenne chargée de la société numérique, Neelie Kroes, vise à laisser libres les opérateurs Télécom de décider de la bande passante qu’ils désirent allouer aux sites internet.

    Jérémie Zimmerman, cofondateur de l’organisation de défense des droits etlibertés des internautes La Quadrature du Net, réagit vivement :

    « C’est un habillage très subtil, qui n’en détruit pas moins la neutralité du Net. En autorisant la limitation des données et les deals sur la qualité du trafic, on ne fait pas de discrimination, mais on n’interdit pas la discrimination. »

    Un principe indissociable de l’Internet

    Le neutralité du Web est un principe qui signifie que les opérateurs de Télécom n’ont pas le droit de discriminer les contenus ou la vitesse de leur diffusion, se cantonnant au rôle de simple transmetteur d’information.

    Le Conseil de l’Europe l’avait définie ainsi en septembre 2010 :

    « Les utilisateurs doivent avoir le meilleur accès possible au contenu en ligne, aux applications et aux services de leur choix – qu’il soit ou non gratuit – en utilisant le périphérique qui a leur préférence.

    Un tel principe général, communément appelé neutralité du net, doit être appliqué sans tenir compte de l’infrastructure ou du réseau utilisé pour se connecter à Internet. »

    Ce principe est si fondateur de l’identité d’Internet que plusieurs pays – le Chili, la Slovénie et les Pays-Bas – l’ont même codifié dans leur législation. L’Union Européenne avait fait un pas dans ce sens avec l’amendement 138 du « Paquet Télecom ».

    Adopté en première et deuxième lecture par le Parlement européen, il a finalement été abandonné au profit d’une simple déclaration en faveur de la neutralité.

    Vers un Internet à deux vitesses

    La neutralité est confrontée à un obstacle inattendu : la Toile est saturée – on parle de « congestion du réseau ». A titre d’exemple, l’entreprise californienne Cisco prévoit que le trafic vidéo aura doublé d’ici 2017 ; à titre d’exemple, Youtube est aujourd’hui consulté 4 milliards de fois par jour.

    La réponse des fournisseurs d’accès Internet repose sur la logique suivante : qui dit plus de trafic dit de plus grosses infrastructures, donc des coûts qui augmentent. Des coûts qu’ils ne peuvent pas prendre en charge, et qu’ils veulent reporter sur les gros fournisseurs de contenus.

    On pourrait presque se laisser séduire par l’idée de faire payer les mastodontes du Net. Sauf que le projet de la Commission précise que les négociations portent sur le « traitement des volumes de données » ou « la transmission de trafic ». Il n’est donc pas question ici de taxer, mais bien de négocier la priorité sur la bande passante.

    On voit venir le loup : un Internet à deux vitesses, où les sites qui ont les moyens s’achèteront la priorité et le luxe de la vitesse, tandis que les autres prendront les miettes, où les internautes enragés pourraient être bridés une fois la limite de trafic atteinte.

    Un boulevard ouvert aux poids lourds du Net

    Imaginons par exemple que Youtube négocie un contrat avec Orange et pas avec Free. Les abonnés du premier pourraient accéder facilement aux vidéos, tandis que les abonnés du second rencontreraient des difficultés de visionnage.

    Imaginons encore que le contrat qui lie Orange avec Youtube soit plus important que celui qui le lie avec Dailymotion. Les vidéos du premier seraient accessibles plus aisément que celles du second, risquant de fait d’étrangler concurrent français.

    Un rapport [PDF] de la direction générale du Trésor évoquait le bouleversement de l’équilibre économique des fournisseurs de contenus si l’on venait à prioriser la bande passante. Les risques :

    • seuls les acteurs puissants seraient capables de payer des redevances élevées pour que leurs flux soient prioritaires ;
    • une hausse des prix d’accès aux services en ligne due à l’appauvrissement de la concurrence ;
    • « l’oligopolisation » du marché : les opérateurs Télécoms investiraient finalement eux-même dans le secteur des contenus et donneraient la priorité à leurs propres contenus, plutôt que ceux des concurrents.

    L’offensive des opérateurs Télécom

    Le géant allemand Deutsche Telekom a été le premier à lancer la charge enannonçant en avril dernier sa volonté de réduire la vitesse d’internet de ses abonnés, une fois la limite de données mensuelle atteinte. Ceux qui veulent surfer plus rapidement (ou retrouver le niveau du début du mois) devront payer.

    En France aussi la neutralité du Web vacille. Le fournisseur d’accès à Internet Free et Youtube ne s’entendent plus très bien depuis plusieurs mois. A l’origine du litige : la décision de Free de brider le flux des vidéos Youtube à ses abonnés. L’entreprise française estime que les vidéos du site racheté par Google sont gourmandes en bande passant,e et que Youtube devrait donc payer pour cette mobilisation importante des moyens de Free.

    Le vrai problème ici, c’est que les abonnés de l’opérateur sont discriminés dans leur accès aux contenus par rapport aux abonnés des autres opérateurs.

    Le saut périlleux de Neelie Kroes


    Neelie Kroes, le 17 septembre 2007 (VIRGINIA MAYO/AP/SIPA)

    Ces illustrations rappellent surtout combien la neutralité est fragile face à la monétisation à marche forcée du Web. Neelie Kroes avait pourtant pris ses fonctions en affirmant l’inviolabilité du principe. Jérémie Zimemrman :

    « Le jour où elle est entrée en fonction, elle avait fait des déclarations dithyrambiques sur la neutralité.

    Ensuite, le Parlement lui a donné six mois pour mener une enquête sur le sujet lors du Paquet Télécom de 2009. Elle en a pris dix-huit, pour rendre une étude complètement creuse de douze pages seulement. »

    Une preuve du lobbying forcené que mènent les opérateurs selon le fondateur de l’ONG.

    En France, le débat est avancé mais reporté

    L’état actuel des législations en Europe laisse planer le doute sur l’avenir de la neutralité. Les textes mettent l’accent sur la transparence des opérateurs, plus que sur la mise en place de garde-fous effectifs. Jérémie Zimmerman :

    « La logique des législateurs est basée sur une logique de concurrence : avec plus de transparence, les abonnés seront conscients des deals et conditions de leur opérateur, et choisiront donc eux-mêmes. »

    En France, l’état du débat est assez « assez avancé », et le respect de la neutralité faisait partie des promesses du candidat Hollande. Il aura tout de même fallu six mois à Fleur Pellerin, la ministre chargée de l’Economie numérique, pour mettre en place une « simple table ronde ».

    Finalement, une « grande loi » est prévue à l’horizon 2014, mais le porte-parole de la Quadrature du Net affirme ne « pas avoir la moindre idée de ce qu’on trouvera dedans ». Alarmiste, il rappelle que « toute restriction d’accès à Internet est une entrave à la liberté d’expression ».

  • 100 IDÉES À IMPORTER


    20/07/2013 à 11h47

    Déposer des chèques depuis son smartphone (et 9 idées à importer)

    Pascal Riché | Cofondateur Rue89

    Suite de notre inventaire des bonnes idées, bonnes pratiques, bonnes réformes repérées à l’étranger par nos riverains, avec les idées 61 à 70.

    Merci de nourrir cette rubrique en nous envoyant de courts textes décrivant des trucs que vous souhaiteriez importer en France (quelques paragraphes et, si nécessaire, une photo libre de droits ou une vidéo). Merci de préciser « 100ID » dans l’objet du message.

    61

    Déposer des chèques en envoyant une photo de son smartphone

     

    Sandrine, dans le Michigan (Etats-Unis), est très satisfaite de sa nouvelle application pour iPhone : elle permet de déposer et d’encaisser des chèques sans avoir à aller à la banque. Vous prenez le chèque en photo depuis cette application, et vous l’enregistrez....

    « Je pense que ce système marche très bien ici car les chèques sont encore très utilisés. La plupart des employés sont payés par chèque par exemple. »

    ENCAISSER UN CHÈQUE DEPUIS SON SMARTPHONE
    62

    Des vélos publics qui se retirent comme des chariots de supermarché

    Copenhague (Danemark)

     


    Les vélos publics de Copenhague (Alkarex/Wikimedia Commons/CC)

    A Copenhague, au Danemark, existent des vélos publics qui fonctionnent exactement comme des chariots de supermarchés. Une pièce de 20 couronnes (à peu près notre pièce de 2 euros) faisant office de jeton permet de les débloquer, et l’on peut s’en servir aussi longtemps qu’on le souhaite, gratuitement.

    Quand on a fini, on le ramène a une borne, on le rebranche, et on récupère les 20 couronnes.

    Seule contrainte : ne pas sortir d’une zone délimitée, correspondant au centre-ville de Copenhague. Si l’on est surpris en possession d’un vélo en dehors de la zone, on peut être poursuivi et sanctionné pour vol.

    Pour Visconte, qui nous a signalé cette « bonne idée », ce système est « bien plus pratique et économique que nos Vélib ».

    63

    Des taxis collectifs de nuit bon marché

    Belgique

     


    Le signe d’un arrêt Collecto (Stib)

    Elena apprécie Collecto, un service mis en place par la Stib, le réseau de transports publics bruxellois.

    De 23 heures à 6 heures du matin, vous pouvez réserver un taxi qui vous prend à un point de rendez-vous fixe (généralement un arrêt de tram, bus ou métro : il y en a 200) et vous dépose chez vous.

    La réservation doit obligatoirement se faire une demi-heure avant le départ.

    Conclusion d’Elena :

    « Cela coûte 5 euros par personne pour les abonnés Stib (il suffit de présenter sa carte) et 6 euros pour les autres, et il n’y a même pas besoin de s’inscrire. C’est pratique, pas cher et ça permet de rentrer en toute sécurité après une nuit un peu arrosée ou lorsque les transports de nuit deviennent très rares. »

    64

    La nuit, autoriser la descente du bus entre deux stations

    Toronto (Canada)

     

    Entre 22 heures et 6 heures du matin, à Toronto, les femmes peuvent demander au chauffeur du bus de les déposer entre deux arrêts, rapporte Raphaël. Cette pratique, qui ne gêne personne, leur permet d’éviter de marcher trop longtemps seules, la nuit, pour rejoindre leur domicile.

    65

    Créer une nouvelle banque coopérative (et non-spéculative)

    Belgique

     


    Sur la homepage de Newb (capture d’écran)

    Enzo trouve que les Français feraient bien de s’inspirer de la banque belge New B.

    Face aux déboires de la finance, plus de 40 000 citoyens belges se sont regroupés en coopérative pour créer cette nouvelle banque, « éthique, transparente, tournée exclusivement vers l’économie réelle » (et nationale), et « s’interdisant, par ses statuts, toute forme de spéculation ».

    Une banque dans laquelle chaque coopérateur dispose d’une et une seule voix, indépendamment du nombre de parts dont il dispose.

    66

    La nuit, mettre à l’orange clignotant les feux tricolores

    Washington (Etats-Unis), Dresde (Allemagne)

     

    Dans bien des villes américaines, la nuit, dans les quartiers résidentiels les plus calmes, tous les feux passent tous à l’orange clignotant, parfois au rouge clignotant. Les voitures sont invitées à traverser les carrefours prudemment (orange clignotant) ou à marquer l’arrêt (rouge clignotant). Cela représente un gain de temps précieux dans une ville vide.

    Parfois, le schéma est plus sophistiqué : les feux clignotent en orange sur les grandes avenues, mais clignotent en rouge sur les petites rues qui les croisent.

    A Dresde en Saxe, on retrouve la même idée, comme le rapporte Louizon :

    « La nuit et le dimanche, nombre de feux tricolores sont éteints ou bien réglés sur l’orange et beaucoup de lampadaires sont éteints dans les quartiers de la ville où la circulation est quasi inexistante à ces heures. Par exemple sur le campus universitaire (desservi par deux grosses voies de circulation où des feux sont nécessaires en semaine pour que les étudiants puissent traverser les quatre voies très fréquentées), ou dans les petites rues, ou dans les quartiers résidentiels.

    Les conducteurs circulent plus librement, ne s’arrêtent pas pour des piétons absents, la pollution lumineuse est réduite et on ne regrette aucun feu, car il suffit d’appliquer le code de la route à la place (priorité à droite, etc.).

    C’est très drôle de voir ces voies désertes avec les feux éteints, j’imagine que quelqu’un sorti du coma se trouvant là pourrait penser être dans une ville abandonnée ! »

    67

    Des comptes de campagne transparents

    Etats-Unis

     

    Dans les rapports entre argent et politique, tout n’est pas rose aux Etats-Unis. Mais au moins, l’effort de transparence est important, comme en témoigne Alexandre, à Austin.

    Tous les comptes de campagne sont rendus publics sur Internet au niveau fédéral et au niveau des Etats, jusqu’au paiement des places de parking. Les donations sont également publiques : vous pouvez savoir si tel ou tel Américain a donné de l’argent à tel ou tel candidat à la dernière présidentielle. J’ai tapéBuffett pour voir.


    Les dons de Warren Buffett

    Le Colorado propose même en ligne un outil (obligatoire) permettant de faire campagne dans l’Etat (du gouverneur au chef du district scolaire...) pour contrôler les dons et les dépenses.

    68

    Des points d’eau à côté de tous les terrains de sport

    Etats-Unis

     

    Idée proposée par Lucas, qui vit dans l’Ohio :

    « Je pratique le basket-ball. Aux Etats-Unis, sur tous les terrains de basket en plein air, il y a toujours un point d’eau à moins de 10 m du terrain. Résultat, on ne s’arrête pas de jouer parce qu’on a soif. »

    69

    Une carte de métro qui s’ajuste à vos besoins

    Londres (Grande-Bretagne)

     

    Plusieurs riveraines et riverains nous ont vanté l’Oyster card, vendue dans les transports en commun de Londres. Car c’est une carte intelligente, qui comprend vos besoins et vous laisse une grande liberté. On la recharge, et elle s’ajuste d’elle-même, selon ce qu’on a réellement consommé, au forfait le plus intéressant :

    • soit au trajet ;
    • soit à la journée ;
    • soit à la semaine.

    On charge sa carte de transport avec la somme de son choix. On la « bipe » à chaque trajet, à l’entrée et à la sortie du métro. Puis, à la fin de la journée ou de la semaine, le système se charge de choisir le forfait le plus économique pour le voyageur.

    Si le solde sur la carte est insuffisant, il passe en négatif : on paiera la différence au prochain rechargement. Pas besoin de s’engager un mois ou un an : la liberté est complète.

    Ce système permet de ne pas avoir à acheter des tickets en permanence. On passe aussi vite aux portes automatiques que les personnes qui ont un abonnement.

    Merci Charlotte, Julie, Florian...

    70

    Des distributeurs de lumières de vélo

    Pays-Bas

     

    Lizzie :

    « Aux Pays-Bas, le vélo étant davantage un style de vie qu’un simple moyen de transport, on trouve un peu partout dans la ville des distributeurs de lumières pour vélo.

    Pour 2 ou 3 euros, on obtient un kit de deux lumières (une pour l’arrière et une pour l’avant) facilement amovibles. Un bon moyen pour inciter les cyclistes à rouler avec des lumières pour plus de sécurité... et leur éviter une amende. »

  • Le cunnilingus ciment du couple ?

    Le cunnilingus ciment du couple ? Ne faisons pas de ce plaisir sexuel une stratégie

    Modifié le 10-07-2013 à 15h38

    9 réactions | 64221 lu

    Temps de lecture Temps de lecture : 4 minutes

    Avatar de David Courbet

    Par 
    Chroniqueur Sexo
     

    LE PLUS. Messieurs, vous êtes prévenus, le cunnilingus rendrait votre partenaire fidèle. C'est la conclusion à laquelle sont arrivés des chercheurs souhaitant à l'origine démontrer que cette pratique sexuelle avait des avantages en termes de rétention du sperme (et donc de reproduction). Pour David Courbet, transformer le cunni en tactique pour éviter de porter les cornes, c'est revenir au Moyen Âge.

    Édité par Daphnée Leportois  Auteur parrainé par Aude Baron

    J'aime le cunnilingus (Steve Rhodes/FLICKR/CC).

    Peut-on aimer le cunnilingus (et le proclamer martialement) sans en faire une stratégie conjugale ? (Steve Rhodes/FLICKR/CC).

     

    "Vous voulez un enfant ? Mettez-vous au cunnilingus !" Tel était en gros l’objet d’une récente étudepubliée dans la revue, a priori sérieuse, américaine en ligne "Evolutionary Psychology". L’intitulé exact fait de suite moins sexy : "Atteindre l’orgasme grâce à un cunnilingus, permet-il de mieux retenir le sperme ?"

     

    Sauf qu’après avoir interrogé 243 cobayes par questionnaire (pas d’ateliers pratiques, le sérieux en aurait pris un coup), ce fut la débandade. Après avoir obtenu son orgasme, madame ne semble pas mieux retenir les petites bêtes de monsieur en vue de créer un marmot.

     

    Afin d’éviter l’échec total, ils ont tout de même découvert un aspect exclusif de la relation sexuelle. En fait trois, mais tous découlent les uns des autres :

     

    1. L’orgasme féminin permettrait d’augmenter la satisfaction de vie de couple (ouah, ça commence bien !) ;

     

    2. Encouragerait à d’autres relations sexuelles (dingue) ;

     

    3. Et enfin atténuerait les risques de devenir cocu. Et là on dit chapeau !

     

    Ces génies ont donc conclu que la sexualité permettait une meilleure harmonie du couple. Et qui plus est, en sus (oui, elle est facile) de la pipe, le cunni serait aussi un ciment du couple !

     

    Merci messieurs : un petit pas pour l’homme, un grand pour la recherche. L’aspect positif à en retirer serait peut-être le fait qu’enfin on s’intéresse à l’orgasme féminin et non plus à la toute puissance masculine.

     

    Une sexualité stratégique ?


    On connaissait déjà plus ou moins différents moyens sexuels pour permettre d’accoucher, comme stimuler les tétons ou garder une sexualité durant sa grossesse permettant de stimuler et préparer l’utérus au travail, comme nous le rappelle cet extrait de la série "Friends" où il est conseillé à un couple séparé d’avoir des rapports sexuels pour que bébé arrive. Ou d’aider les petits spermatozoïdes à atteindre leur but en restant en position du poirier. Bonjour les cervicales…

     

    Sauf que la sexualité doit-elle toujours être reliée à la procréation ou à un aspect pratique ? Faire partie d’un schéma stratégique ?

     

    Procéder à des études comme celle menée par ces chercheurs américains revient à essayer de légitimer le sexe et d’en faire un produit. Dans une société où tout se vend, tout s’achète, tout se consomme, le sexe fait bande à part. Le plaisir, c’est sympa, mais ça ne rapporte pas de fric en soi (sauf dans quelques cas). En plus d’être une vision purement comptable et capitaliste de la sexualité, son arrière-pensée manque cruellement de modernité.

     

    Une vision moyenâgeuse

     

    N’ayant qu’un but procréatif, le sexe doit être vanille et rester dans un schéma classique hétérosexuel tout bien tout propre. L’homosexualité ? Une terrible déviance qui ne mène qu’à la zoophilie, à la polygamie incestueuse et bien sûr à la pédophilie, cela va de soi.

     

    Cela rappelle quelque peu le Moyen Âge. Toute sexualité subversive, orientation sexuelle ou position "contre-nature" durant cette période était condamnée par l’Église et débouchait à une véritable chasse aux sorcières. Se terminant bien souvent par le bûcher. Plus tard, les travaux du docteur Samuel Auguste Tissot vont démontrer les dangers de l’onanisme. Et, comme par hasard, la masturbation était manifestement plus grave chez la femme que chez l’homme. Selon ce brave homme, celle-ci courait le risque de devenir indécente et furieuse et nécessitait parfois un internement.

     

    Le "fléau" de l’onanisme


    Au XIXe, d’autres études vont rappeler aux femmes qui ne l’avaient pas encore remarqué la société patriarcale dans laquelle elles vivent. En atteste l’exemple de la nymphomanie, considérée par les médecins comme une maladie organique. Sous prétexte qu’une femme puisse désirer une activité sexuelle plus intense que la normale (reste à savoir en quoi consiste la norme), la société masculine, touchée dans sa virilité, considèrera cet état de fait comme une menace éventuelle à l’ordre moral et public. Qui se voit accusée de nymphomanie va au-devant de sévères sanctions : enfermement pour folie, mise au ban de la société, clitoridectomie ou autres actes mutilants.

     

    Afin de lutter contre le "fléau" que représente l’onanisme, l’excision du clitoris a notamment été préconisée par certains médecins, à l’instar du gynécologue-obstétricien anglais Isaac Baker Brown (fervent défenseur de la clitoridectomie dans les années 1850), jusqu’au XXe siècle. Mais également dans le but de traiter le lesbianisme, considéré par beaucoup comme une maladie psychique.

     

    Ces temps sombres ne sont pas entièrement révolus, certaines femmes en faisant encore les frais sous couvert de respect des traditions. Quant au terme nymphomanie, il s’est vu substituer par le terme hypersexualité, politiquement plus correct et moins stigmatisant à l’égard des femmes.  

     

    Le sexe oral comme véritable amour


    Alors avant de s’intéresser à savoir si le sperme ferait maigrir ou non (peut-être était-ce le seul argument qu’a trouvé ce chercheur pour recevoir une gâterie…) ou de pouvoir se vider les testicules en bonne conscience pour sauver sa prostate, pourquoi ne pas simplement mettre le plaisir en avant ? Pour soi comme pour son/sa/ses partenaire(s).

     

    Le plaisir n’est-il pas toujours plus grand quand il est partagé ? Et tout aussi intense et naturel, voire moins anxiogène, s’il est dénué de toute arrière pensée procréative ? Les préliminaires ou le sexe oral tout simple sont au contraire les véritables marques de l’amour et du désir qu’ont les partenaires l’un pour l’autre.

     

    En passant outre l’odeur et le goût, qui peuvent en freiner plus d’un, la fellation associée en retour au cunnilingus, en se livrant totalement à son partenaire, procure des moments de complicité et de partage parfois bien plus intenses que les rapports sexuels plus formatés. Et jusqu’à preuve du contraire, personne n’en est tombée enceinte !