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Azel Guen : Décryptage de l'Actu Autrement - Page 7

  • BD érotique

    Explications sur 5 des plus belles planches de la BD érotique

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  • Périple autour du monde

    Un périple autour du monde : un peu de sécurité et de verdure au Nicaragua, Costa Rica et Panama

    Publié le dans Culture

    Parce qu’un con qui marche va toujours plus loin qu’un intellectuel assis, deux frères sont partis sur les routes depuis de longs mois, traversent les frontières, les villes et les campagnes à l’occasion d’un tour du monde à durée indéterminée, sans casques ni golden-parachutes. Au fil de leur voyage, ils livrent leurs impressions sur des expériences qui les ont marqués.

    Aujourd’hui, traversée plus calme et plus agréable des trois pays d’Amérique centrale.

    Par Grégory.

    Après le Guatemala, le Salvador et le Honduras, nous finissons enfin par trouver un pays moins hostile en Amérique centrale : le Nicaragua. Des paysages moins arides, des canneraies à perte de vue et des moustiques en folie. La nourriture y est très bon marché, un repas dans un troquet local coûte dans les 3$ environ. Nous traversons le pays en 5 jours, profitant brièvement de ses grandes étendues verdoyantes et des anciennes villes coloniales aux ruelles pavées ou très animées : Leon et Granada notamment.

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    Nous retentons également notre chance auprès d’un volcan en activité après l’épisode des bandits du Guatemala : le volcan Masaya. Cette fois, l’entrée du parc est payante, ce qui nous garantit un minimum de sécurité. Les pentes pour y accéder sont rudes et la récompense à l’arrivée n’est pas du côté que l’on pense. Le volcan est enfumé comme jamais et nous ne voyons pas l’ombre d’un soubresaut de lave. L’autre côté de la colline offre en revanche une vue splendide sur la plaine environnante que nous venons de traverser. En bordure de cratère, nous faisons la connaissance d’un couple de Français qui remontent l’Amérique en voiture et qui était au courant que deux Français s’étaient faits attaquer au Guatemala. Les nouvelles vont vite en Amérique Centrale car ils arrivent du Costa Rica où nous n’avons pas encore passé une roue !

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    Nous campons deux jours plus tard à la frontière de Peñas Blancas pour passer au Costa Rica. Comme prévu, les enfumeurs ne sont pas que volcaniques et les vendeurs ambulants tentent par tous les moyens de nous refourguer, entre deux ventes de Marijuanol (du Biactol à la Marijuana), le formulaire de sortie pour 1$. Comme s’il fallait désormais payer les Cerfa… Nous n’échapperons à l’arnaque qu’avec l’aide d’un Panaméen avec qui nous discutons dans la file d’attente de 3/4 d’heure. Nous ne pouvons éviter la taxe municipale de sortie de territoire, très classique, pour des raisons évidentes de… hum ! Voilà quoi, c’est une taxe de sortie, son existence coule de source pour équilibrer le budget.

    Dès notre arrivée, le Costa Rica nous offre un style plus tropical. Il fait chaud, lourd, la végétation est dense. La richesse du pays ne se ressent pas immédiatement, il faudra pour cela s’approcher un peu plus de la capitale, San Jose, ville développée absolument sans intérêt, vilaine et chère. Chère, comme le reste du pays d’ailleurs. Les Américains ont tellement investi cet endroit qu’on pourrait presque le considérer comme le 51ème État US. Toute la culture espagnole a quasiment disparu et le touriste est pris pour une vache à lait quelle que soit l’activité envisagée. Vous souhaitez visiter un parc national : 20€. Apercevoir le volcan de X : 15€. Je n’ai jamais bien compris le principe de payer des fortunes pour visiter des endroits naturels qui ne nécessitent finalement rien d’autre qu’un peu de nettoyage quand l’incivilité des visiteurs a laissé des traces. Pour info, l’entrée du Grand Canyon coûte 10-12$ max. Ça, c’était pour les mauvais côtés. Heureusement, pas besoin de chercher bien loin pour découvrir la luxuriante nature costaricienne : nous avons eu la chance de camper au milieu des singes, d’assister au bord d’une plage, à des vols d’aras, et de manger au milieu de pélicans. Le tout par hasard. Et puis les Costariciens sont adorables et se sont souvent arrêtés sur la route pour nous offrir de la nourriture.

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    Mais nous avions un tout autre objectif au Costa Rica : développer un site pour permettre aux voyageurs de se suivre et se rencontrer d’après une seule et même carte. Pendant quelques semaines de repos dans un hostel de San Jose, Alex a donc développé NOMADSTEP. Si vous êtes voyageurs, nous vous invitons à vous enregistrer et à créer votre carte de voyage. Le service est gratuit et à votre disposition.

    Et vint le jour où il fallut repartir sur les routes. Une heure avant le départ, Alex entre dans ma chambre pour m’annoncer qu’il partait en bus avec sa compagne Chilienne du moment. Un vélo restait donc disponible et je me tournais immédiatement vers Karin, Autrichienne de son état, pour lui proposer un petit périple improvisé à bicyclette. Après quelques essais sans bagages puis avec, nous partions 3h plus tard en direction du Costa Rica.

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    Eh bien, je crois qu'on ne se lavera pas aujourd'hui!

    Karin n’a jamais vraiment fait de vélo et sûrement pas dans ces conditions. Heureusement, San Jose culmine à plus de 1000 mètres d’altitude et la première journée est une longue descente de 50 km. Les jours suivants furent plus difficiles et j’avais beau lui enseigner le mental ninja de Schwarzenegger, son compatriote, cela ne calmait ni les douleurs musculaires, ni la fatigue mentale. Les journées d’enthousiasme alternaient avec le désespoir sous des chaleurs caniculaires (environ 38˚C tous les jours). Une semaine après notre départ, le vélo, le camping, le manque d’hygiène et un rythme trop élevé, tout cela était de trop pour quelqu’un qui n’y était pas préparé. Elle aura tout de même pédalé 400km, confirmant qu’il n’est pas nécessaire d’être un sportif aguerri pour voyager à vélo. Il faut avant tout vouloir le faire, tout le reste n’est qu’une question d’habitude. Si vous pensez que vous pouvez le faire, vous avez raison. Si vous pensez que vous ne pouvez pas, vous avez également raison.

    Notre petit voyage commun à deux roues nous aura mené de San José aux frontières de la péninsule d’Osa et enfin jusqu’à la frontière panaméenne. De là, nous n’avions d’autre choix que de faire du stop pour faire souffler les guiboles de ma partenaire. Et puis voyager au pouce avec une femme, c’est comme appeler un taxi sur la 5ème avenue, il n’y avait plus qu’à embarquer et admirer le paysage d’une route peu attractive et en travaux jusqu’à Panama city. Les Panaméens ont la réputation d’être froids et peu souriants. C’est vrai, au premier abord. Mais à l’instar des Russes, nous avons aussi découvert des gens qui avaient une vraie volonté d’aider : notre chauffeur de camion nous a par exemple réservé une chambre et conduit jusqu’à notre hôtel en ville, on m’a offert des fruits alors que je pédalais dégoulinant de sueur, en direction de Colon pour attraper le ferry vers la Colombie. C’est à souligner, ça n’arrive pas tous les jours. Ses paysages, contrairement à son voisin, m’ont laissé plutôt insensible mais peut être est-ce dû à une certaine lassitude des pays latinos. Il est peut-être temps d’envisager un changement d’air.

    Pour l’anecdote, la monnaie locale, le dollar panaméen a la particularité d’être indexé sur le dollar à un taux fixe de 1 pour 1. Il est donc possible de payer dans les deux monnaies en même temps, les pièces étant différentes mais de même format alors que les billets sont tous des dollars US.

    Je voudrais revenir pour conclure sur la péninsule d’Osa, au Costa Rica, haut lieu des exploits de Cizia Zykë, aventurier français dont les péripéties nous font passer pour des pré-pubères du voyage. Pour résumer brièvement le personnage, il est d’abord devenu roi de la nuit et du tripot clandestin de Toronto à 23 ans, a organisé un trafic de camion à travers l’Afrique, a monté une mine d’or au Costa Rica donc, à l’aide d’une bande de hors-la-loi devenus semi-esclaves, puis une seconde en Australie, avant une tentative de lupanar flottant sur la frontière entre le Surinam et la Guyane. L’argent accumulé finissant systématiquement entre drogues, bonnes amies, pots de vin et casinos avant qu’il ne recommence sur un autre continent. Bref, c’est loin d’être un cave et pour vous dire comme tout cela est sérieux, il fut invité chez Pivot (car en plus d’avoir des baloches en acier, monsieur était aussi un écrivain pas trop moche) pour une interview d’anthologie que vous pouvez retrouver ci-dessous :

     

    Bref, je ne pouvais pas passer aussi près d’Osa sans évoquer le monument et conseiller ses bouquins : Oro, Sahara, Parodie, Oro & co. On regretterait presque à la lecture de ces exploits qu’il ne soit mort que d’une crise cardiaque il y a 3 ans. Et quand un type comme ça s’en va, il n’y a pas de place à prendre, c’est la fin d’une époque.

  • Une fabuleuse découverte sur l’islam

    « Lettre ouverte au monde musulman », d’Abdennour Bidar

     

     

    vendredi 27 mars 2015, par Alain Gresh

    Il faut toute l’assurance — certains diront l’arrogance ou la suffisance — d’un philosophe pour se dresser sur ses ergots et lancer, de France, une « lettre ouverte au monde musulman », dans laquelle le tutoiement familier se mêle à des dizaines d’occurrences de « mon cher islam », « mon cher monde musulman » [1], avec une familiarité un peu condescendante.

    Au monde musulman tout entier ? Rien de moins. L’auteur s’adresse à un milliard et quelques centaines de millions d’individus, majoritaires dans une cinquantaine de pays, qui vivent dans les conditions les plus dissemblables et qui sont pourtant amalgamés sous un seul vocable — incluant aussi les musulmans des pays où ils sont minoritaires.

    Ces centaines de millions de mahométans seraient, pour l’immense majorité d’entre eux, atteints d’une grave maladie — seule une petite minorité d’élus y échappant dont, bien sûr, l’auteur du pamphlet, Abdennour Bidar. Car son ton mi-compatissant mi-donneur de leçons ne peut dissimuler le fond du propos, l’essentialisation des musulmans, leur réduction à une abstraction qui s’appelle « islam » et qui permettrait d’expliquer tous les maux dans lesquels il se débattent.

    Que l’Indonésie soit, au même titre que le Brésil, un pays démocratique (et le plus peuplé des pays musulmans), que l’autoritarisme égyptien ait peu à voir avec la religion, que l’Albanie connaisse des problèmes et des conflits qui ne portent pas sur la religion, qu’importe. Que la situation des femmes soit difficile dans beaucoup de pays musulmans, nul le contestera. Mais vivent-elles des conditions plus dures au Pakistan qu’en Inde, un pays laïque ? Peut-on vraiment affirmer que les femmes turques n’ont pas conquis de nombreux droits ces dernières décennies ? Comment expliquer que les jeunes femmes soient majoritaires dans toutes les universités du monde arabe (à l’exception du Yémen) ?

    Preuve de leur maladie, les musulmans seraient, selon l’auteur, convaincus que « l’islam est la religion supérieure à toutes les autres ». Et alors ? N’est-ce pas une conviction qui anime, en général, tous les croyants des trois grandes confessions et leurs institutions ? Ni le Pape, ni aucun grand rabbin ne met, à ma connaissance, sa religion sur le même plan que les autres cultes.

    Un secret soigneusement dissimulé

    Selon Bidar, « les racines du mal » qui a atteint le monde musulman sont à chercher en son sein, dans un secret qui remonterait à la mort du Prophète et qui aurait été soigneusement dissimulé, enfoui, enterré depuis plus de 1 400 ans par tous les docteurs de l’islam, mais que notre philosophe a su mettre au jour. Quel est donc ce mystère ? « Le Coran nous dit que l’homme est appelé à grandir jusqu’à ce qu’il devienne créateur. » Et le texte sacré prône que « tout être humain doit être rendu suffisamment libre, suffisamment maître de sa vie et non plus créature ou l’esclave de quiconque ». Ah bon, le texte sacré dit cela et personne ne l’avait compris avant Bidar ?

    Lire aussi Olivier Roy, « “Bon” islam, “mauvais” islam », Le Monde diplomatique, octobre 2005.Je ne m’engagerai pas sur ce terrain miné. Ce que prône le Coran, comme l’écrit Olivier Roy, c’est ce que les musulmans disent qu’il prône. Et n’étant pas musulman, je me garderai bien d’interpréter un texte aussi beau qu’obscur. Un croyant a tout à fait le droit de s’y essayer, Bidar aussi. Mais l’Histoire nous apprend que le Coran a été compris au cours des siècles de manière très diverse et changeante, les hérésies d’hier devenant le dogme d’aujourd’hui.

    Pourtant, c’est dans la mauvaise interprétation du Coran depuis la mort du Prophète que Bidar voit les raisons de l’émergence de l’Organisation de l’Etat islamique (OEI). « Les racines du mal sont en toi-même » jette-t-il aux millions de ses « chers amis musulmans ». Aussi simple que cela. Bien sûr, l’OEI habille ses crimes d’un langage religieux, mais faut-il la prendre au mot ? Les aventures occidentales en Irak et en Afghanistan n’ont-elles pas été commises au nom de la démocratie et des droits humains ? On peut trouver des causes bien plus sérieuses et bien plus « terrestres » à la naissance du califat que la bonne ou mauvaise exégèse d’une sourate du Coran. En 2002, Al-Qaida n’existait pas en Irak. Il a fallu l’invasion américaine de 2003, la dissolution de l’armée irakienne par les Etats-Unis, la confessionnalisation du pays organisée par Washington, pour voir l’organisation d’Oussama Ben Laden prendre son essor, avant de muter en Etat islamique. Soyons donc clairs ! Si les Etats-Unis n’avaient pas envahi l’Irak en 2003, jamais Al-Qaida ne se serait développée dans ce pays, jamais elle ne se serait transformée en OEI, même si des milliers de musulmans avaient interprété le Coran de telle ou telle manière [2].

    D’autre part, si, dès la mort du Prophète, les croyants ont mal compris son message, s’ils n’ont pas déterré le secret que Bidar seul a découvert, comment diable (si l’on peut dire) ont-ils été capables de fonder des empires aussi brillants — sur tous les plans, y compris intellectuel et scientifique — que l’Empire omeyyade, l’Empire abasside, l’Empire moghol ou l’Empire ottoman ?

    Une première solution

    Mais Bidar a déjà une première solution pour changer les choses. « Laisse-moi être, demande-t-il à son “cher monde musulman”, de ceux qui parlent un peu en ton nom au lieu de continuer à faire s’exprimer pour toi n’importe quel savant ignorant… (…) Je suis frappé de voir, ici en France et partout ailleurs, à quel point on fait parler des “maîtres de religion” au nom de l’Islam. (…) [Je suis] étonné de l’obstination avec laquelle les pays occidentaux s’imaginent que pour parler au nom de la culture musulmane, on donne ici des tribunes et une fonction de représentation des musulmans à des imams parfois sympathiques mais souvent bornés, et à toute une clique de “clercs éclairés” qui sont à la fois heureusement assez ouverts d’esprit mais malheureusement formatés par le système de la religion. »

    Si l’on comprend bien, il faudrait donner la parole, pour parler de culture musulmane, à des gens qui ne sont pas formatés par le système de la religion ! Mais n’est-ce pas ce qu’on fait déjà, y compris par les nombreuses tribunes auxquelles a droit Bidar dans notre presse (lire « Bidar, ces musulmans que nous aimons tant », Nouvelles d’Orient, 25 mars 2012). Ce sont ces intellectuels vivant en Occident et qui ont la chance ou la malchance de se prénommer Abdennour ou Mohammed, très étrangers aux pratiques majoritaires des musulmans, qui devraient être les seuls à parler de la culture musulmane ?

    Même si on peut être d’accord avec Bidar que promener à la télévision l’imam Chaghoumi — qui ne représente que lui-même, et surtout l’Etat français et parfois aussi Israël — n’est pas très positif. Mais faut-il vraiment choisir entre des imams de cour manipulés par des capitales étrangères et ces musulmans que nous aimons tant, qui disent exactement ce que l’Occident attend d’eux et dont l’influence parmi les musulmans, en France ou à l’étranger, est inversement proportionnelle au nombre de tribunes dont ils disposent dans les médias ?

    Lire aussi Nabil Mouline, « Surenchères traditionalistes en terre d’islam », Le Monde diplomatique, mars 2015.Comme tout réformateur musulman adoubé par l’Occident, Abdennour Bidar nous offre un remède à la maladie de l’islam, le soufisme, dont la vision est souvent hagiographique. Pourtant, faut-il rappeler que Hassan Al-Banna, fondateur des Frères musulmans, se rattachait à la tradition soufie, comme le cheikh marocain Abdessalam Yassin, qui fut pendant de longues années le dirigeant d’Al-Adl wal Ihsan, un mouvement avec lequel notre philosophe ne s’identifie probablement pas ?

    Mais cela nécessiterait de sortir des simplifications abusives dont nous abreuvent les médias, notamment en calquant leurs analyses sur celles de Bidar ou, hier, sur celles d’Abdelwahhab Meddeb et que nos responsables politiques reprennent de manière opportuniste en espérant gagner quelques voix, alors même qu’ils font le lit du Front national et de l’islamophobie.

    Notes

    [1] Abdennour Bidar, Lettre ouverte au monde musulman, Editions Les Liens qui libèrent, Paris, 2015. Lire également le texte éponyme publié par l’auteur dans Marianne en octobre dernier.

    [2] Lire aussi « Funeste rivalité entre Al-Qaida et l’Organisation de l’Etat islamique », par Julien Théron, Le Monde diplomatique, février 2015.

  • Bombarder et espérer

    26 novembre 2015

     

    Je faisais partie de ceux qui estimaient que l’engagement de la France contre l’Etat islamique en septembre 2014 n’était non seulement pas nécessaire mais qu’il était même dangereux. L’EI existait sous ce nom depuis 2006 avec comme matrice l’organisation d’Abou Moussab al-Zarquaoui créée en 2003 après l’invasion de l’Irak par les Américains et leurs alliés. L’Etat islamique faisait alors régner la terreur dans Bagdad et dans de nombreuses provinces du pays. L’Irak menaçait de s'effondrer, entraînant l’ensemble de la région dans le trouble. A cette époque, la France, qui avait refusé de participer à la coalition, n’envisageait en aucune façon de faire la guerre à cette organisation. L’Etat islamique en Irak ne faisait guère la une des journaux et nos dirigeants ne l’évoquaient jamais.

     

    Partis en guerre avec une grosse fleur sur un petit fusil

     

    En 2014, les mêmes qui se taisaient à l’époque sont soudainement devenus horrifiés par ces « égorgeurs de Daesh », dont on semblait alors découvrir l’existence. Il est vrai qu’à la suite d’une politique du gouvernement de Bagdad assez proche de celle de Damas, l’Etat islamique, qui avait bien failli mourir, renaissait de ses cendres et obtenaient des succès spectaculaires face aux d’autres mouvements rebelles syriens et surtout face à une armée irakienne devenue instrument à la fois faible et oppresseur au service d’un pouvoir chiite corrompu. Il est vrai que, à la fois des autres milices locales, et reprenant le principe des exécutions filmés de Zarquaoui avec des moyens plus sophistiqués, l’EI filmait l’odieux pour l’« édification des masses » et la terreur des ennemis. Il est vrai enfin que l’EI s’en prenait aussi à des citoyens américains obligeant le Président des Etats-Unis à réagir. Celui-ci organisait alors une nouvelle coalition et engageait l’opération militaire, non pas sur des critères d’efficacité mais selon sa marge de manœuvre politique interne. Cette opération reposait alors sur des fondements faibles.

     

    Le premier était que l’idée que l’Irak était encore un véritable Etat disposant d’une véritable armée qu’il suffirait d’aider par des conseils et un peu d’équipements, pour venir à bout d’un groupe de bandits. La réalité est que cet Etat, hormis les unités de protection rapprochée du pouvoir, ne faisait pas confiance à cette armée créée par les Américains et s’appuyait surtout sur les milices des partis chiites. Ces milices sont aptes à défendre Bagdad et les provinces du sud mais, malgré l’aide iranienne, peu capables de reprendre le terrain perdu sur le Tigre et l’Euphrate et elles sont surtout peu légitimes à l’occuper. Quant à reconstituer une « nouvelle nouvelle » armée irakienne sous l’égide américaine, on ne voit pas très bien ce qu’elle aurait de plus qui lui permettrait de survivre plus longtemps que les deux précédentes. Lorsqu’au mois d’août 2014, changeant d’alliance (les Kurdes, si sympathiques, ont quand même facilité la prise de Mossoul par l’EI et en ont profité pour s’emparer du pétrole de Kirkouk), l’EI s’est attaquée au Kurdistan irakien, la coalition a trouvé un autre allié local, militairement plus efficace mais tout aussi peu légitime à agir dans les provinces sunnites.

     

    Restait alors les frappes aériennes, second fondement faible. Des frappes peuvent s’effectuer en appui rapproché de troupes au sol ou seules sur l’ensemble du dispositif ennemi. Un premier problème vient du fait que les frappes de la coalition américaine ne sont réalisées, hormis quelques drones armés, que par des bombardiers ou des chasseurs-bombardiers. La raison de cette restriction vient d’abord du peu de risques de ce mode opératoire pour les hommes engagés, eu égard aux moyens antiaériens limités des organisations rebelles. La raison principale est cependant qu’à partir du moment où l’US Army n’est pas engagée (y compris avec des hélicoptères d’attaque), cela n’est pas vraiment considéré comme une guerre pour les Etats-Unis et ne justifie donc pas d’un vote du Congrès. Or, des bombardiers ou des chasseurs-bombardiers ne sont pas forcément les moyens les plus efficients pour appuyer les troupes au sol. Ces moyens lourds, coûteux et donc rares, sont plus indiqués pour frapper des cibles importantes et peu mobiles que des cibles petites et multiples sur la ligne de contact. Les drones armés et surtout les hélicoptères ou les avions spécialisés dans l’appui, par leur capacité à rester longtemps sur un zone et à mitrailler sont bien plus efficaces pour cela, comme l’avait prouvé le changement survenu à l’été 2011 avec l’intervention du groupement d’hélicoptères français en Libye. Bien entendu, l’emploi de ces nouveaux moyens est plus risqué.

     

    Lorsqu’il s’agit de frapper sur l’ensemble du système de l’ennemi, on peut espérer l’amener à négocier ou au moins à modifier son comportement, comme après les campagnes israéliennes contre le Hezbollah et le Hamas ou celle des Américains contre l’armée du Mahdi à Sadr-City en 2008. On ne peut pas espérer le détruire par ce seul moyen car cela n’est jamais arrivé. On n’a même jamais réussi à approcher vraiment de cette destruction, surtout face à des organisations armées qui savent parfaitement tirer parti du milieu humain et/ou physique pour se protéger. A moyen terme, ces mêmes campagnes aériennes par leur impact sur la population locale, souvent habilement instrumentalisé, ont plutôt contribué au renforcement des organisations qu’elles visaient.

     

    Par raisonnement inductif (une série de mêmes causes produisant toujours les mêmes effets) on pouvait donc facilement prédire que cette opération serait assez stérile. Les raisonnements inductifs peuvent être mis en défaut par des phénomènes de rupture, nous y reviendrons, mais pour l’instant tout ce passe comme prévu. Les 8 300 frappes aériennes de la Coalition ont permis d’aider les troupes irakiennes et surtout les Kurdes irakiens ou syriens à obtenir quelques succès locaux. Elles ont permis d’exercer une pression forte et de détruire plusieurs milliers d’objectifs matériels et de tuer des milliers de combattants (au coût moyen de 200 000 euros chacun). Il n’y a pourtant là, au bout de quatorze mois de guerre, rien de décisif. L’EI occupe de fait tout l’espace géographique qu’il pouvait occuper dans l’espace sunnite syro-irakien et la campagne fait, comme d’habitude, aussi office de sergent-recruteur.

     

    C’est dans ce contexte politique et militaire que la France, redevenue pleinement atlantiste, a découvert cette fois l’existence de l’Etat islamique et décidé de lui déclarer la guerre en rejoignant cette fois la nouvelle coalition dirigée par les Américains.

     

    On y est donc allé avec nos équipes de conseillers sur le terrain et nos douze avions de combat, parfois renforcés de l’aviation embarquée du Charles de Gaulle, tous remarquablement professionnels mais évidemment sans aucun espoir d’obtenir le moindre résultat vraiment important. A ce jour après quatorze mois de guerre (car, rappelons-le, il s’agit évidemment d’une guerre à partir du moment où il y a affrontement politique violent), la France a réalisé 300 frappes soit environ 4 % du total de la coalition au sein d’une opération, on l'a vu, globalement peu décisive. Si on en croit les chiffres du Pentagone, on peut donc estimer que nous avons tué entre 400  et 600 combattants ennemis, soit environ 1 % du total des effectifs armés, sachant que ces hommes ont pu être remplacés. Très clairement, l’intention annoncée de détruire Daesh n’était pas très sérieuse mais on se vantait d’être le deuxième contributeur de la coalition et de « peser». Au bout d’un an, on s’empressait de frapper aussi en Syrie pour pouvoir parler avec plus de force, croyait-on, à l’Assemblée générale de Nations-Unies. Nous étions partis en guerre la fleur au fusil, grosse fleur et petit fusil.

     

    Il est toujours délicat de jouer les gros bras quand on n’a plus de bras et il est singulier de constater que notre si ferme ministre des affaires étrangères est le même qui, vingt-cinq plus tôt, réclamait de toucher les « dividendes de la paix », autrement dit de réduire l’effort de défense, et même globalement de sécurité, pour faire quelques économies de court terme. On l’a dit et il ne faut pas cesser de le répéter, si on avait simplement poursuivi le même effort qu’en 1990 (qui n’était pas jugé écrasant à l’époque, autant que je me souvienne), c’est très exactement 37,4 milliards d’euros qui seraient dépensés en plus chaque année pour nos forces armées, nos forces de police et de gendarmerie, le renseignement intérieur et extérieur, les prisons, la justice et la diplomatie. Quelque chose me dit que les choses ne seraient pas tout à fait ce qu’elles sont, que notre sécurité intérieure serait peut-être mieux assurée et qu’au front nous aurions un peu plus de moyens pour peser non pas au sein de la coalition mais sur l’ennemi.

    On avait sans doute oublié, car ce n’était plus arrivé depuis longtemps (raisonnement stratégique inductif), que cet ennemi peut aussi ne pas se laisser faire et frapper à son tour durement ceux qui le frappent y compris sur le sol métropolitain et y compris en utilisant des traîtres. En termes d’effets stratégiques, l’Etat islamique, qui, il faut le rappeler, n’avait tué aucun Français avant que nous lui déclarions la guerre, est pour l’instant, gagnant.

     

    Section Dassault

     

    Nous voici donc maintenant coincés entre un humiliant retrait à la manière de la fuite de Beyrouth en 1984 et une extension du domaine de la lutte, avec des moyens militaires à la fois réduits par notre politique de défense et dispersés dans les rues des villes de France, les sables du Sahara et ceux du Levant, sans parler de déploiements toujours en cours de stabilisation et d’interposition. A force d’être partout on n’est vraiment nulle part. On reste tactiquement forts car nos soldats sont bons mais stratégiquement faibles car, visiblement, les décideurs qui les emploient et les déploient le sont moins.

     

    Le repli humiliant, je ne veux même pas l’évoquer tant les conséquences en seraient désastreuses. Cela n’est pas sérieusement envisagé pour l’instant, le désir de vengeance est encore trop fort et le coût de l’engagement militaire encore trop faible, et on notera le progrès en la matière par rapport aux « années Mitterand », la honte de ma génération de soldats. Ne reste que l’hypothèse de la victoire et là les choses sont complexes.

     

    Sur le front intérieur, la sécurité de l’arrière, les choses bougent. Espérons qu’on ira jusqu’au bout des réformes nécessaires et qu’on élimera enfin les sources de collaboration avec l’ennemi. N’étant pas spécialiste de sécurité intérieure, je n’en dirai pas plus.

     

    Sur la ligne de front, les options sont limitées.

     

    La première, que l’on peut baptiser « bombarder et espérer », consiste à simplement augmenter les doses de frappes, dans un premier temps à titre de représailles et pour montrer à tous sa détermination à poursuivre le combat, et à long terme en espérant sortir de l’induction et provoquer enfin une rupture stratégique. Ces ruptures, à la manière d’une avalanche, sont le résultat de dynamiques souvent peu visibles (ou plutôt peu vues). L’apparition de la guérilla sunnite en 2003, la résistance de Falloujah, la révolte mahdiste, la diffusion des images des exactions d’Abou Ghraïb, l’effondrement des forces de sécurité irakiennes créés par le département d’Etat (tout ça au cours du désastreux mois d’avril 2004), l’extension exponentielle de la guerre civile à partir de février 2006, l’échec de la sécurisation de Bagdad, la découverte que le sud afghan était tenu par les Talibans lors de l’engagement de l’ISAF à l’été 2006, voilà autant de ruptures stratégiques survenues depuis le début de la « guerre contre le terrorisme » et toutes négatives pour les forces coalisées. Hormis la capture de Saddam Hussein, en décembre 2003, une seule rupture a vraiment été positive : le retournement des groupes rebelles sunnites (le mouvement du réveil-Sahwa), qui, à la fin de 2006, ont finalement décidé de s’allier aux Américains pour en finir avec l’Etat islamique. Cet exemple est à retenir pour la suite.

     

    L’espoir est donc que la campagne indirecte affaiblisse suffisamment l’Etat islamique et renforce suffisamment ses ennemis pour obtenir un changement radical des rapports des forces. On peut décider pour cela d’augmenter le nombre de frappes, mais au risque de la pénurie de cibles (et de munitions). On peut surtout élargir la panoplie de nos moyens à notre disposition pour faire mal, autrement dit et pour revenir aux effets complémentaires évoqués plus haut, engager des hélicoptères d’attaque et même des forces de raids, spéciales ou d’infanterie légère, depuis la Jordanie, l’Irak, le Kurdistan irakien ou syrien. Cela implique bien sûr de faire prendre des risques à nos soldats mais dans cette guerre où, en quatorze mois, 100 % des pertes françaises sont civiles, on peut peut-être l’envisager. Quand on ne veut pas de pertes, on ne lance pas d’opérations militaires. Quand on veut gagner, on prend des risques. Des soldats tomberont mais l’Etat islamique souffrira beaucoup plus qu’il ne le fait actuellement. Bien entendu, si les Russes décident de s'engager vraiment contre l'EI et si les Américains élargissent aussi, ne serait-ce qu’un peu, le spectre de leurs moyens (c’est déjà le cas avec l’engagement d’avions d’attaque A-10 et quelques raids de forces spéciales), les effets seront multipliés. 

     

    On peut espérer pour le coup rendre l’ennemi plus vulnérable à nos alliés locaux que l’on peut aussi renforcer. On a vu les limites des forces kurdes et surtout des milices chiites. Pour vaincre vraiment Daesh, comme en 2007, nous avons besoin des Arabes sunnites et c’est avec eux, je crois, que nous devons surtout faire alliance.

     

    World War S

     

    Reprenons les débats en cours. Pour certains, tous les groupes rebelles arabes sunnites présents en Syrie sont désormais tous radicaux, salafistes, frèristes ou djihadistes, et donc tous ennemis, actuels ou potentiels de la France. Il faut donc, selon eux, s’accorder sur la ligne de Bachar el-Assad et de la Russie considérant que ce sont tous des « terroristes » à combattre.

     

    Il convient de rappeler les fortes limites opérationnelles de cette vision. Outre que Bachar el-Assad a fortement aidé au développement de l’Etat islamique en Irak lors de la présence américaine, il a également largement aidé à les groupes djihadistes lors de la guerre civile, libérant notamment en 2011 tous les extrémistes présents dans ses prisons, comme par exemple Abou Moussab al-Souri, le théoricien de l’Administration de la sauvagerie. L’Etat islamique a, comme les Kurdes du Parti démocratique mais dans une moindre mesure, constitué un excellent allié de revers combattant bien plus les groupes rebelles syriens que le régime de Damas, dont il ne faut pas oublier qu’il reste de loin la plus grande organisation terroriste actuelle.

     

    Il convient de rappeler aussi que dans le combat des puissances occidentales et d’Israël depuis quinze ans contre les organisations armées de tout le grand Moyen-Orient, du Hezbollah au réseau Haqqani en passant par l’armée du Mahdi ou les brigades de la révolution de 1920, ces mêmes puissances militaires (au moins 80 %du budget militaire mondial) n’ont pas réussi à en détruire une seule. Le seul cas de réussite est justement l’étouffement de...l’Etat islamique lorsque les Américains ont cessé de voir dans les rebelles sunnites en face d’eux un simple conglomérat de terroristes et considérés qu’ils pouvaient avoir des raisons de combattre, telles que le nationalisme ou la défense de leurs droits dans un nouveau système qui les excluait, voire les opprimait. C’est ce double changement de vision politique (et un gros effort sur soi), de la part des Américains et des rebelles vis-à-vis des Américains (devenus adversaires plus respectables, et plus lucratifs, que les djihadistes), qui a permis le déblocage de la situation et sauvé, in extremis, les Américains d’un repli piteux.

     

    Donc quand François Fillon dit devant l’Assemblée qu’il ne faut pas s’ajouter des ennemis, il a raison. On s’est déjà ajouté l’Etat islamique alors que nous combattions déjà AQMI et al-Mourabitoune au Sahel. Il n’est pas forcément utile d’y ajouter Ahrar al-Sham, Liwa al-Islam ou Liwa al-Tawhid, sachant encore une fois que nous n’avons pas les moyens, sauf mobilisation générale, de vaincre une seule de ces organisations par forcément sympathiques mais qui n’ont qu'un agenda local. Nous verrons si ce n'est plus le cas. En attendant, ces groupes combattent aussi Daesh.

     

    Je ne parle pas ici du Front sud ou des Forces démocratiques syriennes, car, malgré l’action des monarchies du Golfe et ce qu’on peut en dire, il y a encore beaucoup de gens avec qui s’entendre sans se trahir à condition de prendre (vraiment) quelques risques avec eux.  

     

    Les groupes rebelles sunnites et même l’Etat islamique ne sont pas nées de rien (ou d’une pulsion soudaine de détruire le monde) et ne subsistent pas sur rien. Tant que la population arabe sunnite d’Irak et de Syrie, avec la sympathie de celle des autres pays, se sentira, non sans de bonnes raisons, opprimée par les régimes de Damas et de Bagdad et bombardée par le reste du monde, la rébellion subsistera et parmi elle une tendance djihadiste forte…car justement forte. L’EI avec ses délires et son intransigeance n’est pas forcément apprécié mais il a su convaincre des tribus, des mouvements et des individus qu’il était un bon protecteur dans cette « guerre mondiale contre les Sunnites » et même un administrateur honnête dans un océan de corruption. Bombarder l’Etat islamique, tenter de l’étouffer économiquement (mais deux-tiers de ses ressources sont locales) c’est bien mais s’attaquer aux causes de sa force, c’est encore mieux. Pendant la guerre du Rif, Abd el-Krim a été vaincu par la France par la conjonction d’une forte pression militaire (100 000 soldats déployés avec des moyens puissants) et d’une diplomatie locale visant à déconstruire les allégeances autour de lui.

     

    Dans la guerre en cours, on attend toujours ce qui est proposé aux Arabes sunnites. C’est pourtant certainement plus efficace que d’ajouter une croisade (les avions russes sont paraît-il bénis par les popes, ce qui doit faire le bonheur des communicants de l’EI) à un conflit régional entre l’axe chiite et les Arabes sunnites. Dépassons donc un peu le cubisme stratégique avec ses blocs de « il faut » (« s’allier aux Russes », « une coalition internationale », « une intervention au sol », « intensifier les frappes », « détruire le trafic de pétrole », etc.) par un peu de pointillisme s’appuyant sur la connaissance de la politique locale et des moyens de jouer dessus avec nos instruments de puissance. On a l'impression que les guerres en Afghanistan et en Irak ne nous ont rien appris.

     

    Au bilan, en excluant l’hypothèse que nous convaincrons le monde entier de nous suivre sur les rives du Tigre et de l’Euphrate (nous ne sommes pas les Américains), deux options me paraissent réalistes pour la France :

     

    Continuer les frappes aériennes en espérant une rupture dont nous ne serons que très indirectement les initiateurs et qui nous sera favorable. Si cette fracture ne nous est pas favorable ou s’il ne se passe rien de nouveau, la posture sera suffisamment légère pour pouvoir se désengager après un délai décent et en disant que nous avons suffisamment puni l’ennemi.

     

    Engager la division aéroterrestre prévue par le Livre blanc en périphérie de l’Etat islamique, y mener une guerre de corsaires en diversifiant les moyens d’attaque et faire de la diplomatie locale, sans sous-traiter aux monarchies du Golfe. Appuyer au mieux les forces locales, en particulier les Arabes sunnites quitte à les intégrer dans des Légions arabes à encadrement français qui iront planter les drapeaux à Raqqa et Deir ez-Zor, voire à Mossoul. En 2007, pour 10 % du prix de la campagne aérienne en cours, les Américains avaient engagé 120 000 « fils de l’Irak », à 80 % sunnite, et les avaient intégrés dans leurs rangs en particulier à Bagdad. Ils ont alors gagné contre l’Etat islamique.

     

    Dans tous les cas, l’effort s’exercera sur la durée, il impliquera une profonde réflexion (et action) sur l’évolution politique de la région. Ses conséquences sur la société française seront sans doute aussi considérables. On ne pourra échapper à une remontée en puissance des moyens de l'Etat. C'est toute une idéologie et une gestion des ressources du pays à repenser, au profit de la sécurité, au détriment de l'ouverture, au profit de l'action régalienne au détriment d'une action sociale qui faudra, au moins, mieux gérer. La guerre contre le djihadisme marque probablement la fin d'une forme de mondialisation pour la France.

    Publié par Michel Goya à 11/26/2015


    En savoir plus sur http://lavoiedelepee.blogspot.com/2015/11/bombarder-et-esperer.html#qCu3lYT5QvG9Lk7S.99

  • Comment nous pouvons gagner la guerre contre le terrorisme

     

    Après des attentats sanglants les dirigeants politiques ont tendance à privilégier une riposte de style robocop. Mais est-ce la bonne réponse ? La War on Terror de Bush n'a fait que ranimer le terrorisme et par-dessus le marché elle a engendré Daech. Allons-nous aujourd'hui réitérer cette faute ?

     



    Le terrorisme touche la société dans son âme, délibérément. C’est pourquoi il faut tout mettre en œuvre pour fournir une riposte aux terroristes et les éliminer radicalement. A cet égard une approche anti-terroriste ne doit satisfaire qu’à un seul critère : elle doit être efficace, toucher le terrorisme en son coeur. On peut se demander si l’approche actuelle dans notre pays et en France est la réponse adéquate. On peut même se demander si nos dirigeants politiques sont disposés à mener la lutte à fond, c’est-à-dire jusqu’à la racine du mal. Car de très nombreux intérêts sont en jeu, et une approche en profondeur est en opposition avec le cours actuel de la politique en Europe occidentale.

    Dans cet article nous irons d’abord à la recherche des causes plus profondes des attentats terroristes. Ensuite nous examinerons pourquoi l’approche actuelle est contreproductive. Enfin nous avancerons quelques propositions sur une approche en profondeur.

    1. Le terreau nourricier

    On ne combat pas une maladie en s’attaquant aux symptômes, mais bien en éliminant les causes ou le substrat. On a déjà beaucoup écrit sur ce terreau de culture. Il nous faut rechercher les causes des attentats terroristes passés tant à l’étranger que dans le pays. Si on combine la stratégie de la radicalisation djihadiste avec la haine vis-à-vis de la communauté musulmane et avec l’islamophobie, on obtient un cocktail explosif. Réexaminons les différents éléments.

    A. Radicalisation (1) made in USA

    L’invasion de l’Irak en 2003 a conduit à la faillite de l’état. Washington a opté pour la stratégie « diviser pour régner ». Les forces laïques ont été délibérément éliminées et les chiites ont été montés contre les sunnites. Le terrorisme contre la population sunnite a formé un terreau idéal pour les djihadistes. L’Arabie saoudite et le Qatar n’ont pas manqué d’offrir leurs services. C’est de cet ensemble de djihadistes extrémistes qu’est issu l’État islamique.

    La profession de foi extrémiste de l’EI, de al-Qaeda et d’autres groupes terroristes islamistes n’est pas simplement tombée du ciel. Ils sont le produit d’une diffusion systématique sur une longue durée du wahabisme par l’Arabie saoudite. Le wahabisme est un courant ultraconservateur qui diffère peu du califat en matière de credo et de pratiques. Dans le passé l’Arabie saoudite a formé environ 45.000 cadres religieux à l’étranger.

    Le pays finance des dizaines de chaînes satellitaires et des centaines de sites internet. Les Saoudiens ont investi à ce jour 87 milliards de dollars pour diffuser le wahabisme dans le monde entier, pour construire des mosquées et rémunérer des imams. Cela s’est fait et cela continue de se faire non seulement dans nos contrées mais aussi en Asie, en Afrique et bien sûr au Moyen-Orient (2). Il n’est pas exagéré de parler d’une wahabisation de l’islam. 

    Revenons au théâtre des opérations. En Syrie tout comme en Irak la carte confessionnelle a été tracée. L’Occident voulait depuis longtemps être quitte d’Assad. Dès 2006 divers groupes dissidents ont été financés par les Etats-Unis (3).

    En 2009, deux ans avant le printemps arabe, il existait des plans britanniques pour une invasion de « rebelles » (4). Les USA ont soutenu non seulement des groupes modérés, mais ils ont aussi financé des djihadistes radicaux, qui allaient ultérieurement passer à des organisations terroristes comme al-Nusra et l’EI (5). En 2011 les manifestations non violentes ont rapidement dégénéré en guerre civile. Du côté des rebelles les djihadistes l’ont emporté grâce au soutien massif des Etats du Golfe, de la Turquie et de la Jordanie. Cet appui allait à des organisations terroristes comme al-Nusra et al-Qaeda (6).

    En 2012 les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne organisèrent conjointement avec la Turquie et la Jordanie un camp d’entraînement pour les rebelles syriens en Jordanie. Une partie de ces rebelles se sont ralliés par après au califat. Une gaffe similaire a encore été reproduite en 2015.

    En 2012 les autorités à Washington connaissaient déjà la création plausible d’un état islamique dans certaines parties de l’Irak et de Syrie. C’était en effet ce que souhaitaient les pays islamiques soutenant l’opposition anti-Assad. Un tel état affaiblirait fortement Assad et porterait un coup à la coalition entre la Syrie, l’Irak et l’Iran (7). Le gouvernement étatsunien savait parfaitement ce qu’il faisait. La suite de l’histoire, nous la connaissons.

    B. Qui sème la haine et l’humiliation récoltera la radicalisation

    Les musulmans sont de plus en plus les boucs émissaires de notre société. Ce groupe est systématiquement relégué, sur tous les plans possibles. Chômage, retard en matière d’enseignement et pauvreté les touchent disproportionnellement. Ils sont systématiquement discriminés dans la recherche d’un emploi ou d’un logement. Depuis le 11 septembre l’intolérance à l’égard de l’islam connaît une courbe montante, avec l’interdiction du voile comme combat d’avant-garde. L’agression publique augmente en parallèle avec les messages de haine sur Facebook, insultes crachées aux enfants, apostrophes en rue …

    La police les contrôle avec une fréquence excessive et ils sont davantage criminalisés et internés que d’autres groupes (8). Ils se sentent de moins en moins les bienvenus (9) et sont de plus en plus confrontés à des partis politiques et à des médias qui attisent la haine à leur encontre. En outre cette haine est dirigée contre leur identité la plus profonde, à savoir leur religion.

    Surtout chez les musulmans jeunes cela peut entraîner des problèmes existentiels. Ils n’ont quasi aucune perspective et ils vivent leur crise d’identité différemment de leurs parents. Oui, ils sont nés ici mais ils ne se sentent pas les bienvenus, même en faisant de leur mieux. Pour réussir à s’affirmer et à revendiquer leur place dans notre société, beaucoup se rabattent, logiquement, sur la culture et la foi. Elles au moins leur offrent un ancrage. Mais en retour cela renforce l’islamophobie ambiante et c’est ainsi que se crée une polarisation auto-renforcée.

    Depuis 2008 les USA ou leurs alliés ont envahi ou bombardé huit pays : l’Afghanistan, le Pakistan, le Yémen, la Somalie, la Libye, le Mali, l’Irak en la Syrie. Comme par hasard, tous des pays musulmans. Et n’oublions pas Gaza, qui, depuis 2008, a déjà été dévasté trois fois par des bombardements à grande échelle. Il ne faut pas énormément d’empathie pour imaginer combien tout cela interpelle une population déjà frustrée.

    Il faut y ajouter un autre élément important, à savoir la wahabisation déjà évoquée de l’islam. Dans les pays occidentaux, jusqu’à présent, la foi musulmane n’a jamais obtenu une place à part entière. En Flandre par exemple, seule une mosquée sur dix est reconnue officiellement, et la communauté musulmane obtient des moyens financiers absolument insuffisants. Donc, pas étonnant que si peu d’imams parlent néerlandais. Pour vous donner une idée, le montant que l’Arabie saoudite investit dans le monde pour diffuser le wahabisme est 100.000 fois plus important que le subside public de la région flamande aux mosquées l’année dernière.

    Dans le reste de l’Europe occidentale la situation n’est guère meilleure. L’Arabie saoudite en a profité pour faire la promotion de sa version de l’islam. Pas besoin de chercher bien loin pour découvrir la raison pour laquelle l’Arabie saoudite a les coudées si franches : la Belgique est le principal fournisseur de munitions et le deuxième fournisseur d’armes légères à l’Arabie saoudite. De 2008 à 2011 les pays de l’UE ont autorisé l’exportation d’armes en Arabie saoudite à concurrence de 17,3 milliards (dont 1,7 milliard pour la Belgique) d’euros. Le port d’Anvers prévoit un investissement de plusieurs milliards d’une firme saoudienne, dont un responsable a des liens avec al-Qaeda.

    La conséquence de tout cela c’est que l’islam en Europe et en Belgique a un courant intégriste (10) puissant qui se diffuse via des chaînes satellitaires, des sites web, des livres, des organisations et un certain nombre de mosquées. C’est à partir de ce courant que des jeunes sont recrutés pour aller rejoindre l’EI.

    2. Effet inversé

    L’approche musclée des gouvernements français et belge vis-à-vis des attentats plaît sans doute à l’opinion publique, mais elle dénote une vision à court terme et elle ne fera qu’aggraver la situation sur le long terme. Nous distinguerons une fois encore la situation dans le pays et à l’étranger.

    A. L’huile sur le feu

    Après les attentats, la France a promptement expédié des bombardiers sur Raqqa, capitale de l’Etat islamique. « Nous sommes en guerre » a déclaré le président Hollande. Bizarre qu’il le remarque seulement aujourd’hui, car ces cinq dernières années les Français ont fait la guerre en Côte d’Ivoire, en Libye, en République Centrafricaine, en Irak et en Syrie. Quoi qu’il en soit, la question est de savoir si les bombardements présents et futurs en Irak et en Syrie sont une option avisée.

    L’an dernier les bombardements contre l’État islamique n’ont pratiquement pas produit de résultats. En tout cas les seules attaques aériennes ne réussiront jamais. Une invasion (de troupes au sol) paraît du reste exclue et ferait d’ailleurs entièrement dégénérer la situation (11).

    Les aventures passées en Afghanistan, Irak et Libye ont produit une débâcle absolue. Il est possible d’affaiblir le califat au moyen de drones et de bombes, mais du point de vue de la propagande on ferait exactement le jeu de l’état islamique. Les bombardement renforceront la conviction que l’Occident est le véritable ennemi du monde arabe.

    Plus que jamais le califat pourra se targuer d’être le défenseur de l’islam contre les agresseurs étrangers et il renforcera ainsi son attractivité pour les musulmans fanatiques du monde entier. Sur le terrain et plus précisément en Irak, les sunnites seront encore plus nombreux à se joindre à l’État islamique. Bref, à terme les bombardements ne feront que profiter à l’Etat islamique.

    B. Cercles vicieux et cadeaux du ciel

    Dans un climat d’intégration ratée et d’islamophobie latente, des attentats comme ceux de Paris entraînent une recrudescence de la haine des musulmans dans de larges couches de la population. Les messages de haine à l’encontre des étrangers, et en particulier des musulmans, avaient déjà frôlé de nouveaux sommets au cours du récent afflux de réfugiés. Les événements du 13 novembre en rajoutent une fameuse louche. Si en plus les autorités envoient des signaux qui renforcent les réactions viscérales, comme passer au crible tous les imams ou contrôler l’enseignement à domicile de musulmans, alors on va perdre toute modération.

    Et comme après Charlie Hebdo, la violence ne restera pas seulement verbale. On peut s’attendre à une violence physique accrue contre les symboles de l’islam et les musulmans. La population musulmane sera visée plus que jamais et devra s’endurcir encore pour s’affirmer. Le courant intégriste utilisera habilement ce contexte pour renforcer son influence et son impact, ce qui en retour favorisera la radicalisation et accroîtra encore l’islamophobie. Et la boucle sera bouclée.



    Il y a un second cercle vicieux (en vue). Les attentats terroristes sont un don du ciel pour l’extrême-droite. La droite prospère au mieux dans un climat d’angoisse et de terreur. Un renforcement de la droite signifie le détricotage de l’État-providence allant de pair avec l’établissement d’un état policier – le second point étant une condition du premier. Aussi les récents attentats et l’appel à plus de mesures de sécurité profitent-ils beaucoup à l’actuel gouvernement de droite. Mais un dépérissement aggravé de l’État-providence touchera surtout les plus faibles de notre société et donc aussi les musulmans. Cela veut dire que leurs conditions de vie non seulement existentielles mais aussi matérielles seront encore davantage mises sous pression. La perspective d’une vie décente pour les jeunes musulmans sera encore plus réduite qu’auparavant, ce qui va enrichir le terreau de la radicalisation. Ici aussi, la boucle est bouclée.



    Il y a une deuxième raison pour laquelle les attentats de Paris sont un cadeau du ciel à la droite : ils attisent le racisme. Le racisme détourne l’attention de la lutte socio-économique. L’ennemi, ce n’est plus le 1 % de richards qui accumulent des fortunes sur le dos de la population laborieuse, non, l’ennemi, ce sont les gens qui ont une couleur de peau, une culture ou une foi différente. Le racisme monte des segments de population les uns contre les autres et divise la population active. On tape sur ceux d’en bas plutôt que sur ceux d’en haut. C’est bien commode pour l’élite capitaliste. Ainsi elle reste hors d’atteinte et voit s’affaiblir le mouvement ouvrier.

    La stratégie « diviser pour régner » a fait ses preuves. En Allemagne dans les années ’30 la population laborieuse a été enivrée par de fortes doses d’antisémitisme, et une fois qu’elle a été suffisamment étourdie, les syndicats ont été éliminés. Pour le mouvement ouvrier d’aujourd’hui, le piège est de se laisser entraîner par la hargne anti-musulmane. Pour les musulmans, c’est le repli sur soi et le risque de se retrouver isolés. Plus que jamais, l’unité est nécessaire.

    3. Une approche anti-terroriste draconienne

    Une approche anti-terroriste draconienne est indispensable. Elle doit aller en profondeur, c’est-à-dire atteindre les causes. Et comme les causes sont multiples, cette approche doit également être multiple. Nous en donnons ici quelques ébauches, en différenciant à nouveau le national et l’étranger.

    A. Etranger

    1*. Le califat et autres groupes djihadistes en Syrie et en Irak doivent immédiatement être asséchés financièrement. La première conséquence est que les pays d’où affluent les fonds destinés aux groupes terroristes seront également mis à sec : Arabie saoudite, Qatar, Koweit … Les sanctions des dix dernières années contre l’Iran indiquent que cela peut fonctionner. En second lieu, les livraisons d’armes à ces pays doivent cesser.

    2*. Il faut miser au maximum sur une solution négociée, tant en Syrie qu’en Irak. Cela doit se faire sous les auspices de l’ONU. Des forces de maintien de la paix onusiennes devront superviser l’application et le respect des accords.

    3*. L’intervention militaire occidentale doit cesser.

    4*. Il faut enfin travailler sérieusement à résoudre la question palestinienne (12). Il faut prendre des sanctions économiques contre Israël jusqu’à ce qu’il ait respecté les résolutions onusiennes du passé.

    B. Intérieur

    1*. Tous les djihadistes potentiels et leur recruteurs doivent être immédiatement appréhendés. Dans un passé récent, les autorités fédérales ont empêché toute intervention contre certains individus radicalisés voire dangereux. C’est inconcevable.

    2*. Les performances des services de renseignement doivent s’améliorer. Il faut parvenir à une meilleure collaboration entre ces différents services nationaux et à un contrôle plus ciblé des malfaiteurs potentiels, tout en garantissant le plus possible la vie privée et les droits de l’homme. Il ne s’agit pas d’un simple exercice d’équilibre : ce doit faire l’objet d’un débat sociétal approfondi.

    3*. Tous les acteurs concernés doivent participer à la prévention de la radicalisation des jeunes : famille, maisons des jeunes, éducateurs de rue, enseignants et mosquées.

    4*. Il faut créer des programmes de dé-radicalisation et de réintégration des personnes radicalisées. Actuellement, dans le cas de combattants revenus de Syrie, ces personnes sont soit internées (sans accompagnement psycho-social), ce qui augmente encore le risque de radicalisation, soit elles sont abandonnées à leur sort. . Un exemple de cette approche est le centre bruxellois « De Weg naar ».

    5*. Le financement du wahabisme et d’autres courants religieux extrémistes doit être empêché par la contrainte. Inversement, il faut soutenir les projets innovateurs de musulmans jeunes ou moins jeunes qui étudient l’islam avec un esprit ouvert.

    6*. Il faut une reconnaissance à part entière de l’islam, y compris par des moyens financiers suffisants. Une telle reconnaissance permettra aussi d’établir des normes qui devront être respectées.

    7*. Il faut mettre en place une gestion de l’intégration qui soit sérieuse et digne de ce nom, ainsi qu’une gestion cohérente de la lutte contre la discrimination.

    8*. Il faut établir un Plan Marshall pour éliminer l’exclusion sociale et la pauvreté. Cela implique notamment la création d’emplois, des investissements sérieux dans le logement social, la réduction de la fracture dans l’enseignement … Pour un pays aussi riche que la Belgique, réduire la norme de pauvreté ou du chômage à moins de 3 % (13) ne peut constituer un problème.

    Voilà les premières ébauches visant à aborder les causes du problème. L’actuelle approche de style robocop des gouvernements belge et français ne fait que combattre les symptômes. A nous de contribuer à obtenir une approche plus approfondie.

    Notes :

    1. Le terme “radicalisation” est devenu usuel mais c’est une dénomination erronée. Etre radical signifie littéralement revenir aux racines et se comporter en conséquence. Pas de problème en soi. Ainsi “radical” est un terme qu’affectionne la responsable NVA Homans pour se définir. La NVA est un parti populiste de droite. “Radical n’est pas synonyme d’asocial” https://www.n-va.be/nieuws/radicaal... ; ou encore : https://www.n-va.be/persbericht/vla.... Le terme “fanatisme” convient mieux. Il connote davantage la foi aveugle et irrationnelle ainsi que l’intolérance à ceux qui pensent autrement. Mais le verbe “fanatiser” est moins utilisé que radicaliser.

    2. cf Ali T., The Clash of Fundamentalisms. Crusades, Jihads and Modernity, Londres 2003, p. 323ss ; Bokhari K. & Senzai F., Political Islam in the Age of Democratization, New York 2013, p. 90ss ; Rashid A., Jihad. De opkomst van het moslimfundamentalisme in Centraal-Azië, Amsterdam 2002, p. 228ss.

    3. . Bensaada A., Arabesque$. Enquête sur le rôle des États-Unis dans les révoltes arabes, Bruxelles 2015, p. 148ss ; ‘U.S. secretly backed Syrian opposition groups, cables released by WikiLeaks show’,https://www.washingtonpost.com/worl....

    4. C’est ce qu’a révélé l’ex-Ministre des Afaires étrangères Roland Dumas.https://www.youtube.com/watch?v=HI2..., à partir de 27’35”.

    5. Cela ressort notamment d’une interview d’Al Jazeera avec Michael Flynn, ancien directeur de l’U.S. Defense Intelligence Agency (DIA), http://www.aljazeera.com/programmes.... Voir également : http://www.dewereldmorgen.be/artike....

    6. Joe Biden, vice-président des Etats-Unis déclarait à ce sujet : “Our allies in the region were our largest problem in Syria. The Turks were great friends, and I have a great relationship with Erdogan, [who] I just spent a lot of time with, [and] the Saudis, the Emirates, etcetera. What were they doing ? They were so determined to take down Assad, and essentially have a proxy Sunni-Shia war, what did they do ? They poured hundreds of millions of dollars and tens of tons of weapons into anyone who would fight against Assad – except that the people who were being supplied, [they] were al-Nusra, and al-Qaeda, and the extremist elements of jihadis who were coming from other parts of the world.” https://www.washingtonpost.com/news.... Voir aussihttp://www.dewereldmorgen.be/artike....

    7. Dans un memo on peut lire ce qui suit : “If the situation unravels there is the possibility of establishing a declared or undeclared Salafist principality in eastern Syria (Hadaka and Der Zor), and this is exactly what the supporting powers to the opposition want, in order to isolate the Syrian regime, which is considered the strategic depth of the Shia expansion (Iraq and Iran). … Isi could also declare an Islamic state through its union with other terrorist organizations in Iraq and Syria, which will create grave danger in regards to unifying Iraq and the protection of its territory.”http://www.judicialwatch.org/docume....

    8. 60 % des détenus français sont musulmans alors que ce groupe ne constitue que 7% de la société. http://www.economist.com/news/brief....

    9. 74 % des Français estiment ‘l’islam non conciliable’ avec la société française. Un même pourcentage d’Allemands a une attitude négative à l’égard de l’islam. Et 62% des Britanniques pensent que leur pays perdra son identité si davantage de musulmans y viennent.http://www.loonwatch.com/2013/01/eu... ; http://www.economist.com/news/brief....

    10. Intégrisme signifie extrémisme religieux. La notion était initialement utilisée pour les courants réactionnaires au sein du catholicisme. Elle existe dans pratiquement toutes les religions.

    11. En cas d’invasion par des troupes au sol on risque une confrontation directe entre l’Occident et ses alliés d’un côté, et la Russie, la Syrie et l’Iran de l’autre. Sans parler du Hezbollah et des rebelles kurdes. Une invasion commune des deux camps paraît exclue parce que les objectifs des différents acteurs divergent et sont parfois directement opposés. Les Etats du Golfe veulent d’une part éliminer Assad et affaiblir l’Iran et d’autre part renforcer al-Nusra et al-Qaeda. La Turquie le souhaite également, mais en plus elle veut en finir avec les rebelles kurdes en Syrie. L’Occident vise avant tout Assad et souhaite ne pas trop renforcer les milices islamistes. La Russie veut éradiquer tous les djihadistes et maintenir un régime pro-russe en Syrie. L’Iran et le Hezbollah veulent renforcer Assad et éliminer les djihadistes (sunnites).

    12. Tant lors de l’attentat du 11 septembre qu’à Charlie Hebdo il est apparu que la question palestinienne est un motif important de radicalisation. Voir par exemple : ‘The way for Americans to take on the Islamic state is to end support for Jewish nationalism,http://mondoweiss.net/2015/11/ameri....

    13. Cfr. Le critère de Maastricht relatif au déficit public.

    Traduction du néerlandais : Anne Meert pour Investig’Action.