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Media-info - Page 4

  • ACRIMED: Critique des médias

    Critique des médias sur le Web (janvier-février-mars 2015)

    par Franz Peultierle 16 avril 2015

    N° 33 de notre sélection trimestrielle (cette fois-ci) d’articles de critique des médias parus sur le Web et disponibles gratuitement. Où il est question de « Charlie » et ses suites, de sexisme, de racisme, et de diverses choses.

    « Charlie » et ses suites

    Charlie à tout prix ? (La pompe à phynance, 13/01) – « Mais les choses deviennent moins simples quand “Charlie” désigne – et c’est bien sûr cette lecture immédiate qui avait tout chance d’imposer sa force d’évidence – quand “Charlie”, donc, désigne non plus des personnes privées, ni des principes généraux, mais des personnes publiques rassemblées dans un journal. On peut sans la moindre contradiction avoir été accablé par la tragédie humaine et n’avoir pas varié quant à l’avis que ce journal nous inspirait – pour ma part il était un objet de violent désaccord politique. Si, comme il était assez logique de l’entendre, “Je suis Charlie” était une injonction à s’assimiler au journal Charlie, cette injonction-là m’était impossible. Je ne suis pas Charlie, et je ne pouvais pas l’être, à aucun moment. »

    La vie ratée de Philippe Val (Les mots sont importants, 13/04) – « Revenons au plus grave dans cette diatribe en réalité aussi bête qu’ancienne. Était-ce d’ailleurs la peine de la signaler ? Non sans doute, si ce n’est pour ce passage hallucinant dans lequel de “société” en “système”, de “riches” en “juifs”, Philippe Val finit tout bonnement par traiter les sociologues d’antisémites. »

    Val/Lapix, la question non-posée (Arrêt sur images, 10/04) - « Ce que ne rappelle pas la pourtant percutante Anne-Sophie Lapix, c’est qu’un groupe de onze salariés de Charlie, constitué après les attentats, réclame une redistribution des actions du journal à tout le personnel. Et pourquoi ? Parce qu’on a découvert alors les faramineux dividendes empochés en son temps par Val, notamment après les bonnes ventes de la fameuse couverture "C’est dur d’être aimé par des cons" (300 000 euros pour la seule année 2008, et 1,6 million pour tout l’exercice de son mandat de directeur, selon BFMTV). Pourquoi ces pudeurs ? »

    Le sexisme et ses avatars

    Voilà ce que je refuse de voir le 8 mars (Slate.fr, 07/03) – « Rien n’est réellement mis en œuvre par les chaines pour donner davantage de place aux femmes dans leurs émissions TV. En revanche, le 8 mars, ces mêmes chaines pensent combler leurs graves lacunes en proposant un “Motus” ou seules des candidates s’affrontent, un “N’oubliez pas les paroles” avec un public exclusivement féminin ou encore un inévitable “Grand journal” 100% filles (qui rime avec “hihihi”). »

    Le nu, étendard sexiste des valeurs occidentales (Culture visuelle, 09/02) – « L’unique raison pour laquelle de nombreux journaux reprennent cette information, malgré l’absence de déclaration explicite de l’actrice comme de réaction des autorités iraniennes, est parce qu’elle mobilise un stéréotype islamophobe, permet de reproduire un schéma médiatique éprouvé qui renvoie une image positive de l’Occident – et fournit accessoirement un petit frisson d’excitation sexuelle. »

    Du déni des victimes

    Statistiques de l’islamophobie : misère du journalisme mensonger(Blogs de Mediapart, 26/02) – « Dans sa chronique du 15 décembre 2014 sur France Culture, la journaliste Caroline Fourest remet en cause notre intégrité professionnelle et le caractère scientifique de notre livre Islamophobie (La Découverte). Elle est récidiviste puisque lors de sa parution en 2013, elle nous avait déjà attaqué, sur la même antenne, en nous accusant d’être des “chercheurs-militants”, dont le livre aurait eu pour “fil conducteur” le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), “association communautariste” influencée par Tariq Ramadan et financée par le milliardaire George Soros et le Qatar. »

    France 2 s’acharne sur Zyed et Bouna (Télérama.fr, 20/03) – « Souvenez-vous. 10 novembre 2005. David Pujadas : “Depuis le début de cette vague de violence, beaucoup soulignent le sang-froid et le professionnalisme des forces de l’ordre.” Déjà, à l’époque, nous sommes tous policiers. “Mais, pour la première fois aujourd’hui, huit policiers ont été suspendus dans le cadre d’une procédure disciplinaire.” Une procédure disciplinaire initiée… par France 2 !!! »

    Et aussi...

    Respecter une victime présumée de viol ne doit pas empêcher un journaliste de vérifier les faits (au contraire) (Slate.fr, 08/04) – « Pour Rolling Stone, les erreurs ont été faites parce que la journaliste et la rédaction ont eu peur d’avoir l’air de douter du récit d’une victime de viol. L’éditeur et la journaliste, Sabrina Rubin Erdely, disent qu’ils ont été trop accommodants avec Jackie car ils voulaient éviter de la traumatiser et qu’elle refuse ensuite de coopérer. »

    On n’est pas rendu… (reportage à l’enregistrement d’“On n’est pas couché” sur France 2) (Article11, 29/01) – « Le fameux chauffeur de salle. Celui dont on entend toujours parler quand on évoque les émissions télévisées enregistrées en public. Ce qui frappe en premier, c’est son air désabusé, las, vide. Cet homme n’habite pas son corps, il le pilote. Comme s’il appliquait à lui-même la méthode qu’il utilise sur le public. “Alors, alors, vous êtes en forme ?” Malgré l’énergie qu’il tente d’insuffler à sa prestation, la voix est traînante. Il se force, n’y croit pas. C’est tout à fait fascinant, mais ça n’a l’air de choquer personne. Et surtout pas l’homme qui hurle dans mon dos, façon marionnette montée sur ressorts. “Ouuuuiiiiiii !” »

    Témoignage d’une pigiste de Radio France (Lundi.am, 06/04) – « Le boulot de pigiste c’est : tu fais la même chose qu’un titulaire, c’est-à-dire que tu fais des reportages, tu fais aussi de la présentation de journaux et on t’appelle quand il y a un journaliste en moins, tu bouches les trous, tu es remplaçant. »

    Numéro23 : polémique sur une plus-value « scandaleuse » (Le Monde.fr, 10/04) – « “Il est assez scandaleux qu’on puisse faire autant de bénéfice sur une ressource publique.” La sentence prononcée par la députée PS Martine Martinel, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, mercredi 8 avril, résume assez bien les critiques déclenchées par le rachat de Numéro23. »

    Facebook veut vassaliser la presse en accueillant ses contenus (blog « L’An 2000 », 24/03) – « Si elle était prévisible, cette évolution n’en est pas moins inquiétante pour la presse. Elle confirme que les médias sont devenus accros à Facebook et ses 1,4 milliards d’utilisateurs, au point de consentir à n’être plus que des sous-traitants. La presse se met dans la position de la Grèce face à ses créanciers. Au bord du précipice, elle risque d’accepter cette injection de pages vues fraîches en échange d’une perte de souveraineté. »

    [http://nonvirgule.tumblr.com/] (Tumblr.com) – Une sélection d’articles dont le titre commence par « Non, », « parce que les articles sur les vraies infos, c’est un peu trop facile ».

  • Game of Thrones

    Quand le gouvernement se la joue Game of Thrones

    Publié le 14 avril 2015 dans Médias

    Sur le moment, on se dit que c’est une blague ou que le site du gouvernement a été hacké par de vraiment très terrifiants individus.

    Par Phoebe Ann Moses.

    GOT

    Cette page n’est en réalité pas accessible depuis le site. Elle a été envoyée sur les réseaux sociaux, sans doute pour toucher un public plus jeune. Et pour emballer dans un paquet cadeau moderne les récentes réformes oligarchiques.

    Sur le moment, on se dit que c’est une blague ou que le site du gouvernement a été hacké par de vraiment très terrifiants individus.

    Mais pas du tout ! En cliquant sur chaque article, on tombe sur une page tout à fait sérieuse expliquant la réforme territoriale, ou la maîtrise des dépenses publiques. Toutefois ne manie pas l’art de la parodie qui veut, surtout pas un gouvernement en période de crise. Ainsi, l’internaute veillera à ne pas s’étrangler quand il tombera sur la jeunesse sans emploi :

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    Le gouvernement nous avait déjà concocté un jeu pour Noël, preuve qu’en ce haut lieu du pouvoir on est loin d’être sinistre et qu’on a l’esprit taquin.
    Le but de cette présentation était de créer le buzz ; en parler nous fait donc participer à cette mascarade. Mais l’occasion était trop belle pour ne pas la saisir. On peut donc d’ores et déjà s’amuser à distribuer les rôles des protagonistes.

    En tous cas il semblerait que les blagounettes présidentielles aient contaminé l’ensemble du royaume. D’ailleurs dès 2012, sa campagne annonçait sa devise : Winter is coming (« le changement c’est maintenant »). On attend impatiemment un Lannister paye toujours ses dettes.

  • Charb n’est pas une notice Ikea

    Le « testament » de Charb n’est pas une notice Ikea 

    L’Obs publie les bonnes feuilles du « testament » de Charb. Bien joué, le coup du « testament ». Ce texte n’est évidemment pas un « testament ». Charb ne savait pas qu’il allait mourir si vite. Le texte est donc destiné à être publié de son vivant, en pleine bagarre. Mais dans « testament », il y a un côté solennel, irréfutable, dernières volontés sacrées. D’outre-tombe, écoutez la sagesse qui vous parle, de sa voix caverneuse.

    Soit. Ecoutons donc. Que dit Charb ? Quelques fulgurances, assez jubilatoires, comme celle-ci :

    « Le problème, ce n’est ni le Coran, ni la Bible, romans soporifiques incohérents et mal écrits, mais le fidèle qui lit le Coran ou la Bible comme la notice de montage d’une étagère Ikea. Il faut bien tout faire comme c’est marqué sur le papier sinon l’univers se pète la gueule. Il faut bien égorger l’infidèle selon les pointillés, sinon Dieu va me priver de Club Med après ma mort. »

    On aurait aimé le dire.

    « Hystérie médiatique et islamique »

    Dans son « testament », Charb revient aussi, évidemment, sur l’épisode de la publication des caricatures danoises. Avec un étrange « c’est la faute aux médias ». « Ce n’est qu’après la dénonciation et l’instrumentalisation des caricatures danoises par un groupe d’extrémistes musulmans », dit Charb, « que caricaturer le prophète est devenu un sujet capable de déclencher des crises d’hystérie médiatiques et islamiques. D’abord médiatiques, et ensuite islamiques ».

    La théorie est séduisante. Elle est tout à fait plausible. Cela s’est vu à de multiples occasions, que tel ou tel message, telle ou telle publication, passés inaperçus dans un contexte particulier, deviennent dans un autre contexte un objet de scandale incandescent.

    Malheureusement, c’est faux. Aussi loin que permette de remonter un excellent aide-mémoire, récemment republié, « Les 1 000 unes de Charlie Hebdo », qui couvre toute la période Val (1992-2011), pas de Mahomet en couverture avant la couverture fatidique de Cabu « C’est dur d’être aimé par des cons ». Des filles voilées, des Ben Laden, des imams, oui, en veux-tu en voilà, mais pas de Mahomet en couverture. Aucune autocensure là-dedans, sans doute. Le plus vraisemblable est qu’ils n’y avaient pas pensé. Le personnage ne faisait pas encore recette.

    Avec des pincettes

    Ils sont malins, à L’Obs. Ils publient le texte avec des pincettes. Dans sa présentation, Aude Lancelin nous invite à « ne pas transformer cet ultime texte en tables de la loi intouchables, impossibles à discuter. » Ils ont raison.

    D’autant que la théorie de Charb (tout ce raffut, on n’y était pour rien, c’est la faute aux médias) passe aussi sous silence le tam-tam alors orchestré par l’équipe du magazine elle-même, autour de cette publication, certes courageuse, comme on s’en aperçoit aujourd’hui. Les équipes de télé qui se bousculaient autour du bouclage du numéro Mahomet n’étaient pas là par hasard. Elles avaient été invitées.

    Ce qui, évidemment, ne justifie en rien les assassinats (toujours le préciser) mais autant raconter l’histoire complètement. Après tout, le « testament » de Charb n’est pas non plus une notice Ikea.

  • Pierre Bergé regrette l’indépendance éditoriale du Monde

     

    par Martin Coutellier le 13 février 2015

    Réagissant à la publication des « Swissleaks » par le quotidien dont il est copropiétaire, Pierre Bergé livre une conception particulière de l’indépendance éditoriale, qu’il bafoue au passage.

    Parmi les nombreuses réactions à la publication des « Swissleaks » par le journal Le Monde, celles de Mathieu Pigasse et de Pierre Bergé ont évidemment un caractère particulier, puisqu’elles révèlent ce que pensent deux des détenteurs [1] du journal du travail des journalistes qu’ils emploient.

    Ainsi, la déclaration du banquier Mathieu Pigasse, signalant lors de la matinale de France Inter le risque de basculement de son journal dans « le maccarthysme fiscal », aurait pu ne pas passer inaperçue. Mais l’homme d’affaires Pierre Bergé, un peu plus tard sur RTL, a quelque peu éclipsé la remarque de Pigasse. Il explique d’abord son malaise vis-à-vis des révélations publiées dans Le Monde : « Est-ce que c’est le rôle d’un journal, et surtout d’un journal comme Le Monde, de jeter en pâture des noms, des gens ? Pourquoi Gad Elmaleh ? Qu’est-ce que ça veut dire ça ? ». Avant de préciser : « (…) ce n’est pas ça que devrait être un journal, en tout cas un journal comme Le Monde. Et ce n’est pas pour ça que je suis venu au secours du Monde et ce n’est pas pour ça que j’ai permis aux journalistes du Monde d’acquérir leur indépendance. Ce n’est pas pour ça. Ce sont des méthodes que je réprouve totalement et qui n’ont aucune justification ». Et l’on comprend par là ce que Pierre Bergé pense de l’indépendance des journalistes vis-à-vis du ou des propriétaire(s) de leur journal : quelque chose qu’il revient au(x) propriétaire(s) d’autoriser, ou non ; et qui permet aux journalistes de pratiquer les méthodes que le(s) propriétaire(s) approuve(nt).

    Ayant vraisemblablement une autre perception de l’indépendance éditoriale (peut-être parce qu’elle ressent les pressions qui menacent cette indépendance), la Société des rédacteurs du Monde a réagi dans un communiqué. On y trouve notamment cette affirmation, qui semble se vouloir auto-réalisatrice : « Cela n’a pas empêché et n’empêchera pas les journalistes de travailler sereinement en toute indépendance et responsabilité. » Malheureusement l’indépendance ne se décrète pas. Et les déclarations de bonnes intentions [2] ne suffisent pas à l’instaurer, surtout lorsqu’au travers d’autres déclarations, publiques et très médiatisées, le(s) propriétaire(s) se permettent de peser sur les futurs choix éditoriaux, quoi qu’en disent ceux qui les prennent.

    Dans quel metier imaginerait-on en effet que l’avis de personnes qui peuvent eventuellement décider de votre renvoi soit une donnée qu’on peut choisir de négliger ?

    Martin Coutellier

    PS : la rédaction du Monde a reçu le soutien de Laurent Joffrin, sous la forme d’un tweet flagorneur et… déconnecté :

    « Libre », en effet, de censurer à répétition un journaliste récalcitrant, de trapper des informations inopportunes, ou de saborder la rédaction au point que le pire sera pour ceux qui restent.

    Notes

    [1] Le troisième est le chef d’entreprise Xavier Niel.

    [2] En dehors du « pacte » signé en 2010 et mentionné dans le communiqué de la Société des rédacteurs du Monde, Pierre Bergé avait notamment déclaré sur France Culture le 11 janvier 2011 : « je n’ai pas ni les pouvoirs, ni l’envie, du tout, de peser sur la rédaction du Monde  »  ; l’extrait sonore est en ligne ici.

  • Philippe Val a déjoué un complot

    Philippe Val a déjoué un complot : Acrimed gangrène la formation des journalistes !

    par Martin Coutellier le 9 février 2015

    Ayatollah en charge de l’épuration du journalisme, des médias et de la critique des médias, Philippe Val, patron licencieur (de Siné, Porte et Guillon) et chasseur de têtes, n’est jamais en panne d’inspiration : la liste est longue de ses mensonges et calomnies d’une insondable bêtise. Et elle vient de s’allonger…

    Il y a peu, parmi les facteurs qui expliqueraient selon lui « la crise que traverse le journalisme », Philippe Val avait découvert celui-ci, sans doute le principal : « On peut relever l’intérêt des jeunes journalistes pour l’idéologie de Bourdieu selon laquelle les dominants ont toujours tort et les dominés toujours raison » [1]. Pierre Bourdieu, c’est connu, a soutenu une pareille imbécilité ! Mais c’est dans le Causeur du mois de février que nous découvrons une nouvelle façon originale de présenter, toujours en le dénigrant, le rôle qu’a pu jouer la critique radicale des médias, et en particulier Acrimed. Élisabeth Lévy déclare (p. 93), non sans déploration sous-entendue, « [que] la dénonciation de "l’islamophobie" bat son plein » : une occasion pour Philippe Val d’affirmer avec un sens subtil de l’à-propos :

    (cliquer pour agrandir)

    Si elle n’était produite par un psychiatre [2], cette prose inquiéterait véritablement pour les capacités intellectuelles de son auteur. Mais, en grand penseur qu’il est [3], peut-être Philippe Val a-t-il été trop vite pour nous.

    Reprenons le déroulement de la pensée Valienne. « L’information est de plus en plus idéologique en France ». Admettons que Philippe Val ait des éléments permettant de le soutenir, et qu’il préfère les garder pour lui. « Vers 1995, on a vu arriver des petites boutiques comme Acrimed, assez marginales mais virulentes, qui se sont lancées dans la critique des "médias dominants". Après tout, pourquoi pas, c’était marrant de dénoncer les collusions ». Que Philippe Val réduise la critique des médias dominants à la dénonciation de collusions révèle peut-être une vision complotiste de la situation des médias, mais nous n’osons le penser. Quoiqu’il en soit, pour Philippe Val : Acrimed, au début, c’était marrant. « L’ennui, c’est que c’est très vite devenu une fabrique de complotisme ». Acrimed, une « fabrique de complotisme » ? Sur quelle intervention publique d’Acrimed, écrite ou orale, peut reposer une telle déclaration ? Nous ne le saurons pas. Et quand on n’a aucun argument pour le démontrer, « complotisme » n’est rien d’autre qu’une insulte.

    La suite du propos de Philippe Val peut nécessiter la prise de paracétamol à doses croissantes : « les gens qui sont sortis de là sont devenus profs et formateurs de journalistes ». Est-ce grâce à sa virulence, et malgré sa marginalité, qu’Acrimed a produit tant de profs et formateurs de journalistes, sans même le savoir ? L’association est-elle devenue, sans qu’aucun de ses membres ne le réalise, un genre d’officine de formation, d’où l’on « sort » avant de se précipiter en hordes conspirationnistes, dans les écoles et les facs pour former les journalistes de demain ? Une enquête de terrain menée de toute urgence semble montrer que non : pas un seul des « gens qui sont sortis » d’Acrimed n’enseigne dans les écoles de journalistes. À court d’hypothèses, nous prendrons la seule restante : Philippe Val raconte n’importe quoi.

    Mais comme souvent, le meilleur est pour la fin : « on se retrouve avec une génération de journalistes massivement convaincue qu’il faut dire certaines choses et pas d’autres, qu’il y a une vision du "Bien" par rapport à laquelle on doit se situer ». Tentons de résumer : il existe une génération de journalistes à l’esprit déformé par la formation inculquée par Acrimed [4] ; or cette déformation a des conséquences que Philippe Val veut critiquer ; mais cette critique ressemble à une mauvaise caricature de celle développée par Acrimed. Il ne manquerait plus que Philippe Val forme des journalistes…

    Martin Coutellier (grâce à un signalement et une image diffusés sur Twitter par Sébastien Fontenelle)

     L’occasion de se plonger dans notre rubrique « Philippe Val, fabuliste et patron ».