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Media-info - Page 2

  • Les journalistes, chouchous de l’État

     la preuve par les chiffres

    Vous voulez savoir pourquoi les journalistes des grands médias sont alignés parfois contre toute logique, avec la plus grande des mauvaises foi, négligeant rapports et documents pris au sérieux et étudiés par la presse étrangère ? Vous aimeriez savoir pourquoi en France nous avons une caste médiatique qui ferait le bonheur d’une république bananière ? Vous avez sans doute une idée… Mais avec quelques chiffres, tout s’éclaire .

    TVA à 2,1%, 7650€ d’abattement fiscal, exonération de l’ISF, les cadeaux aux journalistes

    EXTRAITS

    … »Nos gouvernants qu’ils soient de droite ou de gauche, sont dans le même courant, ils pensent ainsi pareil que dans les rédactions. Ils essaient suivant le parti soit de les récompenser ou de les acheter, au nom de la liberté d’informer. Donc on les arrose de subventions, auquel cas aucun de ces médias ne survivraient, et puis on leur donne des avantages mais surtout, on les tait.

    Ainsi, les journalistes «déduisent donc un premier montant de 7 650 euros de leur rémunération nette de cotisations sociales, puis opèrent la déduction forfaitaire de 10 % sur le montant restant. Puisque cette somme de 7 650 euros est réputée constituer une allocation pour frais d’emploi utilisée conformément à son objet, les journalistes sont censés réintégrer en contrepartie dans leur revenu imposable les allocations pour frais d’emploi réellement versées par l’employeur. Toutefois, comme l’administration plafonne à 3 430 euros cette réintégration, le journaliste est toujours gagnant…

    Ainsi, un journaliste dont la rémunération fixe est de 40 000 euros nets et se fait rembourser en sus 10 000 euros de frais de réception, transport, documentation, cadeaux…, aura perçu 50 000 euros et se retrouvera au final imposé sur : 40 000 + 3 430 – 7 650 = 35 780 – 10 % = 32 202 euros. » 

    « Et comme le législateur aime vraiment les journalistes, il leur offre une petite douceur supplémentaire, à savoir l’exonération totale de l’indemnité spécifique de licenciement à l’initiative de l’employeur. Indemnité qui, rappelons-le, s’élève au moins à un mois de salaire par année d’ancienneté… »

    Oui il y a vraiment quelque chose de bien pourri dans la République, la connivence des pouvoirs.

    Mike Borowski

    SOURCE DE L’ARTICLE :

    http://lagauchematuer.fr/2015/03/25/tva-a-21-7650e-dabattement-fiscal-exoneration-de-lisf-les-cadeaux-aux-journalistes/

  • Les journalistes et la guerre

     

     

     

    Considérant que les journalistes étaient au service de la paix, le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité une résolution pour leur protection en zone de combat. Pourtant, deux semaines plus tard, le département US de la Défense publiait des instructions pour arrêter les professionnels des médias qui se livrent à de l’espionnage ; une décision qui pourrait se retourner contre les journalistes des États membres de l’Otan, observe Thierry Meyssan.

     

    Le 27 mai 2015, le Conseil de sécurité adopte la résolution 2222 sur la protection des journalistes en zones de combat ; une résolution qui n’a recueilli l’unanimité que parce qu’elle ne répond pas à ce qu’est devenu la profession de journaliste à l’heure des télévisions globales et de la guerre de 4ème génération.

    Le débat du Conseil de sécurité du 27 mai dernier sur la protection des journalistes en zone de combat n’a guère fait avancer les choses [1]. Les diplomates ont accusé divers États d’avoir tué ou laissé tuer des journalistes sans relever que la qualité de « journaliste » peut recouvrir des activités de nature différente, y compris de l’espionnage, du sabotage ou du terrorisme.

    Jusqu’à présent, on considérait que pour bénéficier de la protection due aux journalistes, il fallait : 
     détenir une carte de presse délivrée par l’autorité compétente de son pays ou de celui dans lequel on travaille ; 
     ne pas prendre part aux combats ; 
     ne pas violer la censure militaire.

    On notera l’étrangeté de cette dernière condition initialement prévue pour protéger les secrets militaires, mais utilisable pour masquer la propagande et les crimes de guerre.

    En outre, on considérait que les soldats travaillant comme journalistes pour des médias militaires ou les journalistes civils embarqués dans les armées (embedded) ne devaient pas bénéficier du statut de journaliste, mais de celui de soldat.

    Se référant au précédent de l’assassinat du commandant Ahmad Shah Massoud par deux journalistes, les États-uniens font valoir que cette profession peut servir de couverture pour une activité terroriste. Plus récemment le citoyen britannique Omar Hussein a rejoint l’Émirat islamique et a publié, sous le pseudonyme d’Abu Awlaki, des articles élogieux de la vie sous Daesh. Cependant, ces exemples de journalistes engagés dans des combats sont complètement marginaux. Le vrai problème est ailleurs avec les médias globaux et la Guerre de 4ème génération (4GW).

    Les médias globaux

    Jusqu’en 1989, les médias étaient nationaux. La propagande ne pouvait donc s’adresser qu’à son propre camp. On pouvait bien entendu lancer des tracts par avion ou utiliser des émissions de radio en ondes courtes, mais on était toujours perçu comme un locuteur ennemi.

    En 1989, une télévision locale états-unienne, CNN, s’est soudainement transformée en télévision globale grâce aux satellites. Son changement de statut —elle n’était plus « américaine »— garantissait sa neutralité dans les conflits. Elle s’est affirmée comme un média d’« information en continu », relayant la chute des Ceaușescu. Le direct garantissait d’empêcher les manipulations et de restituer la vérité.

    Or, ce fut exactement le contraire. La rédaction de CNN était —et est de manière définitive depuis 1998— sous la coupe d’une unité militaire installée dans ses locaux, l’United States Army’s Psychological Operations Unit. Elle ne rendit pas compte des événements, mais d’un spectacle mis en scène par la CIA et le Pentagone. On se souvient par exemple de la découverte du charnier de Timișoara. Les images des cadavres de plus de 4 500 jeunes gens [2], vidés de leur sang pour nourrir le dictateur des Carpathes atteint de leucémie ou abattus durant des manifestations, ont fait le tour du monde. Leurs visages avaient été mutilés à l’acide pour qu’on ne les identifie pas. La preuve était faite des horreurs infligées à son peuple par Nicolae Ceaușescu, le « Dracula roumain » [3]. Las ! on apprendra plus tard qu’il s’agissait de corps déterrés au cimetière de la ville.

    En diffusant instantanément une fausse nouvelle dans le monde entier, les médias globaux lui ont donné l’apparence d’une vérité partagée. Ce qui faisait la force de cette intoxication, c’est qu’elle était parvenue à convaincre des médias du bloc soviétique, en Hongrie et en Allemagne de l’Est, qui l’ont reprise. Les faits se trouvaient ainsi authentifiés par des alliés de la Roumanie. D’où la concurrence actuelle entre les grandes puissances pour disposer de chaînes globales d’information en continu.

    Par ailleurs, les idées selon lesquelles « les journalistes sont là pour dire ce qu’ils voient sur place » et que « le direct empêche les manipulations » sont grotesques. Au contraire, les journalistes ne doivent pas être des témoins, mais des analystes capables de découvrir la vérité derrière les apparences. C’est à cela qu’ils servent, de sorte que le concept d’« information en continu » (au sens de faits filmés sans s’arrêter) est la négation du journalisme. Soit les journalistes sont là pour recouper, vérifier, contextualiser, analyser et interpréter, soit ils ne servent à rien.

    Des manipulations comme celle de Timișoara, l’Otan n’a cessé d’en fabriquer durant les guerres de Yougoslavie, d’Irak, d’Afghanistan, d’Irak encore, de Libye et de Syrie [4].

    L’incorporation des journalistes de guerre

    Cependant, un pas de plus a été franchi, en 1992. Vous avez remarqué que, depuis cette date, les États-Unis et l’Otan n’ont cessé d’être en guerre quelque part dans le monde. Une catégorie de journaliste s’est constituée pour couvrir ces événements. Un peu plus d’une centaine d’entre eux s’est précipitée en Bosnie, puis à Bagdad, à Kaboul ou à Tripoli, donnant ainsi la parole aux adversaires de l’Occident. Or, non pas quelques uns d’entre eux, mais presque tous sont devenus des collaborateurs permanents des services secrets de l’Otan. Et s’ils décrivent les résultats de bombardements de l’Alliance sur des populations civiles, c’est uniquement pour fournir des renseignements militaires et permettre à l’Otan d’ajuster ses tirs. Dès lors, ces journalistes doivent être qualifiés d’agents.

     

    C’est ce que j’expliquais durant la guerre de Libye, soulevant l’indignation de la profession. Pourtant, c’est ce qu’a finalement admis le lieutenant-général Charles Bouchard lorsque l’opération fut terminée. À l’antenne de Radio-Canada, il déclara que le quartier-général de l’Otan à Naples analysait la situation grâce à des « renseignements [qui] venaient de beaucoup de sources, dont les médias qui étaient au sol et nous donnaient beaucoup d’informations sur les intentions et où étaient les forces terrestres ».

    Entretien du général Bouchard, le 31 octobre 2011, sur Radio Canada (en français)

    Pour crédibiliser le mythe de la « révolution démocratique », l’Otan mettait en scène, en 2012, un village témoin, en Syrie, Jabal al-Zouia. Le cabinet du Premier ministre turc organisait sur place le transport des journalistes qui en faisaient la demande. Ils pouvaient alors filmer les manifestations dans le village et se persuader que toute la Syrie était ainsi. Mais l’Armée arabe syrienne a, elle aussi, envoyé des journalistes —pas des Syriens, bien sûr— auprès des « rebelles » de manière à recueillir des renseignements sur le soutien que leur apportait l’Alliance.

    Aussi, la publication cette semaine par le département US la Défense de son Manuel de Droit de la guerre est-elle bienvenue. Ce document explicite l’évolution de la guerre en affirmant que certains journalistes sont en réalité des combattants [5].

    Ce faisant, le département de la Défense prend le risque que la plupart des journalistes de guerre occidentaux soient déclarés « belligérants non-privilégiés », une catégorie qu’il a créée lui-même et qui les prive du bénéfice des Conventions de Genève. Lors du prochain conflit, ce pourrait être le sort des collaborateurs d’Al-Jazeera, Al-Arabiya, BBC, CNN, Corriere della Sera, Fox News, France2, France24, Le Monde, Libération, New York Times, Sky News, Washington Post etc… Pour ce citer que ceux que j’ai identifiés.

    Les fausses vidéos d’actualité

    C’est encore un pas de plus qui a été franchi, en 2011, avec l’usage de vidéos de fiction, tournées en studio à ciel ouvert au Qatar, placées dans les actualités télévisées. Le summum ayant été atteint avec la diffusion, d’abord par Fox News puis par l’ensemble des télévisions atlantistes et du Golfe, d’images de fiction présentant la chute de Tripoli et l’entrée des « rebelles » sur la Place verte, trois jours avant que ces faits ne deviennent réalité.

    Un point qui fut violemment démenti par l’Otan avant d’être reconnu par le président du Conseil national de transition, Moustapha Abdel Jalil, au micro de France24 en arabe.

     

     

    Alors que les États-Unis négociaient avec la Russie un éventuel partage du « Moyen-Orient élargi », en juin 2012, l’Otan envisageait d’utiliser cette technique des fausses vidéos d’actualité pour casser la résistance syrienne et s’emparer du pouvoir. Washington fit déconnecter les télévisions satellitaires syriennes d’ArabSat et s’apprêtait à les chasser également de NileSat. Un pool de chaînes atlantistes (Al-Arabiya, Al-Jazeera, BBC, CNN, Fox, France 24, Future TV, MTV) se préparait à utiliser des images réalisées en studio au Qatar montrant la chute de la République arabe syrienne et des images de synthèse montrant la fuite du président el-Assad [6]. Le signal des fausses chaînes syriennes fut calé sur ArabSat depuis la base de la NSA en Australie. Cependant, l’opération fut annulée juste avant la conférence de Genève 1 du fait des protestations internationales.

    Les lois de la propagande sont toujours les mêmes

    Ceci dit les développements techniques ne modifient pas les techniques de la propagande. Ce mécanisme reste fondé sur deux principes : 
     par la répétition incessante, un mensonge grossier devient une évidence incontestée ; 
     il ne suffit pas de convaincre les personnes-cibles d’un mensonge, il faut qu’ils le défendent. Et pour cela, il convient de les contraindre, par un moyen ou par un autre, à professer —ne serait-ce qu’une fois— ce qu’ils considèrent encore comme un mensonge. Leur amour-propre suffira à les empêcher de retourner en arrière et de dénoncer la manipulation.

    Par exemple, lorsque les services secrets britanniques ont lancé l’idée que la République arabe syrienne lançait des barils d’explosifs depuis des hélicoptères sur sa population civile, vous n’y avez pas cru. En Syrie, où l’on reproche au président el-Assad de brider les actions de l’armée contre les jihadistes par souci de protéger les civils, on n’y a pas cru non plus. Cette accusation est d’autant plus absurde que l’armée dispose de bombes, bien plus efficaces, fournies par la Russie. Pourtant, au bout d’un an de répétition quotidienne, ce mensonge est devenu une vérité incontestée, aussi bien en Occident qu’en Syrie. Peu importe que l’armée n’utilise pas d’hélicoptères à Alep parce que les jihadistes les détruiraient avec des missiles sol-air, la presse publie quand même des « témoignages » de largage de barils d’explosifs depuis des hélicoptères à Alep.

    Le système est ainsi fait que les journalistes refusent de reconnaître avoir été trompés et se transforment en propagandistes qui vont, à leur tour, répéter ce que n’importe qui savait au départ être un mensonge. De facto, des professionnels qui pensent être honnêtes, quoique utilisant la rhétorique à la mode, travaillent à répandre le mensonge.

    L’incorporation des médias dans l’art de la guerre

    Même si de fausses images de la fuite du président el-Assad n’ont finalement pas été utilisées en Syrie, l’Otan a adopté une nouvelle technique de combat : la guerre de 4ème génération (4GW).

    La guerre de 1ère génération, c’est la ligne et la colonne, comme au XVIIe siècle. Les armées étaient très hiérarchisées et progressaient lentement. Mais cette organisation ne résista pas à la généralisation des armes à feu. 
    La guerre de 2ème génération, c’est la ligne et le feu, comme durant la Première Guerre mondiale. Mais cette organisation s’embourba dans les guerres de tranchées. 
    La guerre de 3ème génération, c’est l’infiltration des lignes ennemies et la défense en profondeur. Elle implique la participation des civils, comme lors de la Seconde Guerre mondiale. Mais cette organisation n’a pas résisté au développement des arsenaux et, notamment, aux bombes atomiques. 
    La guerre de 4ème génération, c’est celle que l’on ne livre pas soi-même, mais que l’on fait livrer dans des pays lointains par des groupes non-étatiques, comme durant la Guerre froide avec de vraies et de fausses insurrections.

    Dans ce type de guerre, qui s’apparente à un désordre général, le Pentagone intègre des médias dans sa salle d’état-major, en tant qu’unités combattantes. Il faut avoir en tête que les médias ont évolué. Ils ne sont plus des coopératives, mais des entreprises capitalistes avec des salariés qui peuvent être instantanément licenciés. Il ne s’agit donc plus d’une centaine de correspondants de guerre qui travaillent en sous-main comme espions, mais de médias qui participent en tant que tels aux combats en mettant l’ensemble de leur personnel à disposition des armées.

    Peu importe ici que les journalistes participent eux-mêmes à des relevés militaires ou à des intoxications. Leur travail, même irréprochable, s’insère dans un ensemble qui fait la guerre. Pis : ceux qui sont sincères servent de paravent à ceux qui trichent en leur donnant de la crédibilité.

    En définitive, la résolution 2222 n’a été adoptée à l’unanimité par le Conseil de sécurité que parce qu’elle ne répond pas à l’évolution du métier de journaliste.

     

  • « Les complices de l’islamisme »

    « Les complices de l’islamisme » :Marianne au zénith de la médiocrité journalistique

    par Julien Salinguele 26 mai 2015

    « Les complices de l’islamisme ». Tel est donc le titre de l’épais dossier (24 pages) de l’hebdomadaire Marianne du 22 mai 2015 (n°944) qui entend dénoncer, comme l’annonce la « une », les « alliés objectifs, compagnons de route [et] idiots utiles » de « l’islamisme ».


    Le dossier et son contenu ont rapidement fait le « buzz », notamment en raison d’un article, particulièrement remarqué, contre la station de radio Beur FM, et plus précisément contre l’émission quotidienne « Les Z’informés » [1]. 

    Voilà qui ne pouvait manquer d’attirer l’attention d’Acrimed.

    Nous avons donc lu attentivement le dossier et, le moins que l’on puisse dire est qu’en comparaison des ambitions affichées et desdéclarations tonitruantes du directeur de la rédaction de MarianneJoseph Macé-Scaron, nous sommes restés sur notre faim. En effet, une fois de plus [2], Marianne nous propose un dossier qui déborde de biais journalistiques divers, du plus insignifiant au plus grave : approximations, raccourcis, amalgames, absence de pluralisme, manœuvres voire manipulations, et sensationnalisme à peu de frais.

    Critiquer l’islam ? C’est évidemment le droit de tout un chacun, de même que chacun doit pouvoir librement dénoncer les dangers représentés par les intégrismes religieux, qu’ils soient juifs, chrétiens ou musulmans, et par leurs alliés. La critique des intégrismes religieux et des religions en général est même un exercice indispensable en démocratie, à la condition toutefois d’accepter certains principes : ne pas confondre une religion, des expressions radicalisées de cette religion, et les croyants ; tolérer la « critique de la critique » sans tomber dans le binarisme bushien (« Si vous n’êtes pas avec nous, vous êtes avec les terroristes ») ; être construite de manière argumentée, rigoureuse et intègre.

    Or le moins que l’on puisse dire est que le dossier de Marianne est loin, très loin de répondre à ces critères.

    Pour ne pas accabler nos lecteurs et lectrices, et par souci de cohérence, nous avons concentré notre examen critique du dossier sur le long article de cadrage (huit pages, soit un tiers du total), rédigé par Éric Conan. Cet article condense en effet l’essentiel des thèses du dossier, les autres articles (que nous évoquerons brièvement en dernière partie) servant essentiellement à illustrer le propos d’Éric Conan, ainsi résumé dans le chapeau introductif :« Quatre mois après les attentats de janvier, certains arguments et certaines pratiques ont refleuri, qui, par lâcheté, idéologie, cynisme ou naïveté, balisent le chemin de l’islamisme. Enquête sur ces complicités, pas toujours conscientes mais toujours dangereuses ».

     

    I) Un voile sur la déontologie et la rigueur

    « L’enquête » d’Éric Conan s’appuie, comme toute enquête qui se respecte, sur un nombre important de témoignages, analyses et commentaires, venus d’intellectuels, de journalistes, d’universitaires, de responsables politiques et autres acteurs de la sphère publique. Si l’on s’en tient aux personnes (et groupes) explicitement cités (guillemets à l’appui), on dénombre pas moins de 43 noms, certains étant cités à plusieurs reprises.

    À première vue, le journaliste de Marianne a donc sérieusement enquêté et conduit un nombre important d’entretiens avec des acteurs divers, qui ne manquent pas de fournir matière et crédit à ce long article.

    Mais, à y regarder de plus près, les choses sont un peu différentes : la quasi-totalité des citations sont en effet extraites d’interviews ou de déclarations antérieures, pour la plupart déjà publiées dans d’autres médias. Sans qu’Éric Conan ne juge bon de le préciser, laissant penser qu’il est l’auteur de ces entretiens.

    Démonstration, chiffres à l’appui.

    Pour rendre justice à Marianne, nous avons retiré de notre comptabilité les déclarations publiques des responsables politiques français (tout en conservant les interviews « exclusives » accordées à certains médias), que l’hebdomadaire n’entend pas présenter comme des témoignages qu’il aurait lui-même recueillis [3], ainsi que celles du ministre des Affaires religieuses algérien Bouabdellah Ghlamallah. Nous avons également enlevé les citations lorsque la référence à l’original était explicite, ainsi qu’une déclaration de l’AFP, une déclaration d’enseignants de Seine-Saint-Denis et une déclaration du syndicat des chefs d’établissements. Nous avons enfin retiré, pour des raisons évidentes, une citation de Charb.

    Ce qui donne la répartition suivante : 
    Déclarations publiques de responsables politiques : 6 
    Citations sourcées : 4 
    Déclaration de l’AFP : 1 
    Déclaration d’enseignants du 93 : 1 
    Déclaration du syndicat des chefs d’établissements : 1 
    Citation de Charb : 1 
    Autres noms : 30 
    Total : 44 [4]

    Puis, nous nous sommes intéressés à ces « autres noms », et avons tenté d’établir combien d’entre eux avaient été réellement interrogés par Marianne, en examinant si les citations étaient des citations inédites ou si elles avaient été « empruntées » [5]. Le résultat est sans appel : 
    Citations inédites [6] : 2 
    Citations empruntées : 29 
    Total : 31 [7]

    Soit, plus précisément [8] :

    Au total, ce sont donc plus de 93% des témoignages, opinions ou analyses rapportées par le journaliste de Marianne qui sont issus d’articles de presse ou d’interviews antérieures et, au mieux, 7% d’entre eux qui sont des « nouveautés ». L’originalité de « l’enquête » en prend un coup : ces chiffres signifient en effet qu’Éric Conan s’est largement contenté de bricoler un article sur la base du travail préalable de ses confrères, reprenant les noms et les citations en les agrégeant pour produire un effet de légitimation dans son argumentation.

    C’est bien évidemment son droit le plus strict, mais la moindre des choses est, dans ce cas, de ne pas prétendre proposer une « enquête » et, surtout, de faire savoir que la quasi-totalité des citations sont « empruntées » à d’autres journalistes.

    On ne pourra en outre s’empêcher de relever que les citations (éventuellement) originales sont le fait de personnes tenant des propos qui vont à l’appui des thèses défendues par Marianne. En d’autres termes, et dans la mesure où il n’est précisé nulle part, dans l’article, que X ou Y aurait été sollicité mais aurait refusé de répondre aux questions d’Éric Conan [9], on en déduit que le journaliste n’a, au pire, pas contacté celles et ceux qui expriment un point de vue divergent, ou n’a, au mieux, pas jugé bon de publier leurs propos [10].

    Une démarche qui ne surprend guère quand on s’aperçoit que, parmi les « interlocuteurs » [11] cités, la proportion de personnes dont les déclarations vont à l’appui du propos général d’Éric Conan est de 24 sur 30, soit 80% des noms listés dans notre tableau.

    Ainsi :

    1) La rigueur et la déontologie d’un journaliste qui se contente, pour l’essentiel, de copier-coller des citations trouvées chez ses confrères, sans même prendre la peine de mentionner les sources originales, laissent à désirer.

    2) Le fait de n’avoir sollicité (ou fait parler) aucun opposant à ses thèses, de même que le fait d’avoir (très) largement privilégié les propos légitimant ses propres opinions, n’est pas le signe d’une enquête contradictoire, mais plutôt d’une instruction à charge. C’est ainsi par exemple que, lorsque le journaliste évoque « la scission d’une partie des Économistes atterrés dénonçant le suivisme d’Attac », une seule des deux parties a droit à la parole.

    3) Davantage que d’une enquête, il s’agit donc d’un article à charge construit autour de citations glanées ça et là et servant le propos général de l’auteur, sans que le parti-pris de ce dernier soit clairement assumé, et sans que les « emprunts » soient signalés. Des pratiques journalistiques condamnables, a fortiori lorsqueMarianne se permet d’infliger (nous y reviendrons), dans le même dossier, des leçons de journalisme à ses confrères de Beur FM. 

     

    II) Petites et grosses manipulations : l’intégrité sacrifiée

    Les biais que nous venons d’exposer ne sont, malheureusement pour Marianne, pas les seuls. Force est de constater qu’une fois de plus [12], les petites et grosses manipulations ne manquent pas, qu’il s’agisse des citations tronquées ou détournées de leur signification originale, des mensonges par approximation ou des amalgames douteux.

    1) Premier exemple de ces manipulations, avec un passage de l’article d’Éric Conan consacré à ce qui est selon lui l’un des multiples avatars des « complicités avec l’islamisme » : le « clientélisme diplomatique ». Extrait (p. 47) :

    Reprenons : si François Hollande, en privilégiant le nom « Daech », refuse d’associer à ce que Marianne nomme « l’État islamique », les termes de « monstre » ou une référence explicite (en français [13]) à l’islam, c’est pour plaire aux pétromonarchies du Golfe. Mais l’AFP a quant à elle « sèchement » refusé d’avoir recours à un tel « subterfuge ». On en déduit, et c’est ce que semble confirmer la citation attribuée à l’AFP, que cette dernière n’hésite pas, quant à elle, à utiliser le terme « État islamique ».

    Mais la vérité est très différente, et il suffit de se reporter au texte original de l’AFP [14], mais dans sa version non coupée parMarianne, pour s’en apercevoir :

    Comment appeler l’« État islamique » ?

    Nous avons décidé de ne plus employer telle quelle l’expression « État islamique ». Désormais, l’AFP utilisera l’expression « l’organisation État islamique » ou « le groupe État islamique ». Dans les titres des dépêches ou dans les « alertes », nous utiliserons si possible l’expression « djihadistes de l’EI ».

    [En d’autres termes, l’AFP rejette « sèchement » le nom adopté (entre autres) par… Marianne. Il valait donc mieux couper ce passage.]

    Une agence de presse internationale ne peut céder au « politiquement correct », ni aux pressions des uns et des autres pour que nous employions des termes tendancieux comme « terroristes » ou « égorgeurs ».

    [La manipulation d’Éric Conan est ici évidente : il a coupé la fin de la phrase (après « tendancieux ») pour laisser entendre que le terme considéré comme « tendancieux » par l’AFP était « Daech ». Il n’en est rien ! Ce sont les termes « terroristes » et « égorgeurs » qui sont visés ici par l’AFP. Et aussi, probablement, « monstres » ?]

    Bien sûr, nous ne pouvons pas changer le nom de cette organisation si elle a décidé de s’appeler comme ça, ni employer quelque chose comme « organisation qui se fait appeler État islamique ». De même, le mot « Daesh », l’acronyme de l’EI en arabe qui a été choisi notamment par le gouvernement français pour désigner l’organisation, est difficilement compréhensible pour le plus grand nombre.

    [Le refus d’utiliser le terme « Daech » n’a donc rien à voir avec les motifs « politiques » avancés par Éric Conan. Il s’agit d’un problème de « compréhension ».]

    Nous jugeons que l’expression « État islamique » est inappropriée pour deux raisons : un, il ne s’agit pas d’un véritable État, avec des frontières et une reconnaissance internationale. Et deux, pour de nombreux musulmans, les valeurs dont se réclame cette organisation ne sont en rien « islamiques ». Le nom « État islamique » est donc susceptible d’induire le public en erreur.

    [Soit l’argument exactement opposé à celui d’Abdennour Bidar et d’Éric Conan : l’AFP refuse d’assimiler « l’organisation État islamique » à l’islam en général et privilégie un nom qui permet d’opérer une distinction entre les deux entités, contrairement à Marianne qui, si l’on en croit l’AFP, utilise un nom « susceptible d’induire le public en erreur ».]

    Petit mensonge ou grosse manipulation ? À nos lecteurs et lectrices de juger.


    2) Autre exemple de ces manipulations, la référence (p. 49) au « rapport Obin », rédigé en 2004 :

    Donc, le « rapport de l’inspecteur Obin » aurait porté sur « les incidents islamistes et antisémites à l’école », et aurait de ce fait été « dissimulé ». C’est tout ? C’est tout.

    Mais, à la lecture des 37 pages dudit rapport Obin, il semble que les choses soient un peu plus complexes que ce que veut bien nous dire le journaliste de Marianne. Le titre du rapport tout d’abord, qui est sensiblement différent de la formulation d’Éric Conan : « Les signes et manifestations d’appartenance religieuse dans les établissements scolaires ». Nuance ?

    Le concept même d’« incident islamiste », ensuite : le terme « islamiste » ne figure à aucun moment dans le rapport Obin qui, s’il entend décrire, entre autres, un développement des expressions « islamiques » dans certains établissements scolaires, ne les confond jamais avec une pénétration « islamiste ». Un détail ? Pas vraiment. Nous y reviendrons.

    De même, et si le rapport Obin dénonce, entre autres, le développement d’un antisémitisme qui serait « généralement le fait de condisciples d’origine maghrébine » (p. 22), il n’est à aucun moment établi de corrélation directe entre l’islam et l’antisémitisme, contrairement à ce que la formule d’Éric Conan (« incidents islamistes et antisémites à l’école ») pourrait laisser entendre. Tout au plus peut-on lire ce qui suit (p. 15) :

    Ainsi, certaines « manifestations d’appartenance religieuse d’élèves » pourraient déboucher sur des incidents, et parfois sur certaines formes de racisme (et pas seulement l’antisémitisme). Mais une lecture attentive du rapport nous confirme que, parmi les religions étudiées, l’islam est loin d’être seul en cause, que l’antisémitisme n’est pas le seul des racismes constatés, en d’autres termes que la présentation un peu hâtive du rapport Obin comme étant un rapport « sur les incidents islamistes et antisémites à l’école » est largement erronée, pour ne pas dire malhonnête. Extrait (p. 15) :

    On constate donc, quand bien même l’honnêteté intellectuelle nous amène à dire que c’est surtout de l’islam (et non de l’islamisme, répétons-le) qu’il est question dans ce rapport, que les nuances sont un peu plus subtiles que ce qu’Éric Conan veut bien laisser entendre. Et, en l’espèce, l’argument de la nécessité d’être concis n’est pas recevable, a fortiori dans un article de huit pages : soit le rapport Obin est évoqué, et dans ce cas il convient de restituer sa complexité et ses nuances, soit il n’est pas évoqué. Le raccourci simplificateur du journaliste de Marianne, qui « résume » un rapport par une formule laconique destinée à servir son propre propos, n’est pas à son honneur, et nous lui conseillons en outre de (re- ?)lire attentivement le rapport auquel il se réfère qui, s’il peut venir à l’appui de certaines de ses thèses, comporte de nombreux passages tendant à les relativiser, voire même à les contredire [15]. On ne peut enfin que recommander à Éric Conan de tenir compte de l’avertissement figurant à la page 6 du rapport Obin : quand bien même les établissements scolaires étudiés constitueraient « sans doute un panel assez représentatif de cette marge particulièrement active du système éducatif »« cette étude ne peut donc prêter à généralisation et à dramatisation excessive : les phénomènes observés l’ont été dans un petit nombre d’établissements ».


    3) Islam ou islamisme ? Dernière manipulation (ici par approximation) que nous évoquerons : la confusion soigneusement entretenue par Marianne entre « islam » et « islamisme », voire même entre « intégristes », « musulmans » et « personnes d’origine étrangère ».

    Précisons tout d’abord que Marianne réussit l’exploit de consacrer un dossier de 24 pages aux « complices de l’islamisme » sans jamais donner de définition précise de ce que serait « l’islamisme » [16]. Voilà qui est pour le moins gênant, surtout lorsque l’on sait que ce terme est très loin de faire consensus : pour certains, le mot « islamisme » lui-même est ainsi sujet à caution, tandis que ceux qui l’emploient peinent à s’entendre, y compris et notamment dans le milieu de la recherche universitaire, sur l’étendue et la continuité du spectre qu’engloberait cette appellation. Cette absence de définition est non seulement une faiblesse majeure du dossier de Marianne, mais elle est en outre un terreau sur lequel peuvent s’épanouir confusions et amalgames.

    Nous venons ainsi d’évoquer la référence au « rapport Obin » comme un rapport portant sur « les incidents islamistes et antisémites à l’école », alors qu’il porte avant tout, comme son titre l’indique, sur « les signes et manifestations d’appartenance religieuse dans les établissements scolaires » : un exemple de cet amalgame récurrent dans le champ politique et médiatique français, qui consiste à assimiler « naturellement » expression d’une identité musulmane [17] et « radicalisation islamique ».

    Un autre passage de l’article d’Éric Conan, où les positions supposées d’Edwy Plenel sont décriées, est emblématique de cette confusion (volontaire ?). Extrait (p. 46) :

    Nous doutons qu’Edwy Plenel ait jamais dit ou écrit que « l’islamisme » avait été « humilié par la colonisation », et nos lectures de ses livres et articles nous incitent plutôt à penser que selon lui ce sont les Musulmans, voire l’islam, qui ont été « humiliés ». Mais c’est à lui de répondre, s’il le souhaite. Ce qui est à noter ici, c’est que Marianne tire un trait d’égalité entre « islamisme », « catholicisme » et « judaïsme ». En d’autres termes, on assiste à une mise en équivalence entre deux religions (le catholicisme et le judaïsme) et l’expression particulière (et déformée) d’une troisième (« l’islamisme »). Si Marianne avait souhaité faire une distinction nette entre « islam » et « islamisme » (en général compris comme l’expression d’un islam radicalisé), il aurait alors fallu le mettre en parallèle avec, par exemple, « l’intégrisme catholique » et « l’intégrisme juif ». Ce qui n’a pas été fait, et ce qui entretient (volontairement) la confusion…

    Des confusions qui ne sont pas nouvelles, comme nous l’avions déjà relevé dans notre précédente étude d’un dossier de Marianne [18]. Tellement peu nouvelles que l’hebdomadaire recycle un exemple déjà utilisé (il y a quatre ans !) dans le dossier en question, exemple qui, s’il dégageait déjà une odeur peu agréable à l’époque, sent cette fois-ci très fortement le moisi (p. 51) :

    Puisque Marianne se répète, nous nous répéterons aussi :

    En quoi l’hostilité fondée sur une référence nationaliste à la Turquie est-elle musulmane ? (…) Bien malin serait le journaliste de Marianne qui pourrait nous expliquer ce qui, en islam, proscrit l’enseignement du génocide arménien.

    Ici, il ne s’agit plus seulement de mélanger « islam » et « islamisme », mais bel et bien d’amalgamer à l’intégrisme islamique des populations d’origine étrangère, ici les Turcs, sous prétexte que leurs parents ou leurs grands-parents auraient émigré d’un pays majoritairement musulman. Une forme d’essentialisation donc, qui consiste à lire les comportements des individus et des groupes musulmans (réels ou supposés) à travers le seul prisme d’une référence à l’islam.

    Puisqu’il affirme mener des « enquêtes », Éric Conan devrait savoir que la contestation du génocide arménien n’a rien à voir avec l’islam. Ce génocide a d’ailleurs été commis par un pouvoir, le régime des Jeunes-Turcs, qui brandissait fièrement le drapeau de la laïcité.

     

    ***


    Et le fond ? Telle est la question que certains nous poseront peut-être, avec des intentions plus ou moins louables, à la lecture de cet article. Le problème est qu’en l’espèce, il nous est impossible de séparer le fond de la forme. Nous le disions en introduction : Peut-on critiquer l’islam ? Oui ! L’intégrisme religieux ? Évidemment ! Celles et ceux qui, à visage couvert ou découvert, seraient les alliés d’un projet de société réactionnaire ? Bien sûr ! Et ce n’est certainement pas Acrimed qui affirmera le contraire.

    Tout le problème est que le dossier de Marianne est un dossier empli de parti-pris non assumé, de légèreté déontologique, d’approximations, de manipulations et d’amalgames [19]. Impossible dès lors de produire un jugement distancié sur le « fond » qu’il prétend apporter, a fortiori si l’on ajoute à notre étude de l’article principal un examen des autres articles du dossier : de l’attaque en règle contre une station de Radio, Beur FM, sur la base de deux phrases prononcées par des invités en avril dernier [20], à la critique virulente du Parti des Indigènes de la République sans qu’aucun des documents politiques de l’organisation ne soit cité, en passant par les six pages (un quart du dossier !) consacrés à un « imam radical » de Toulouse, à propos duquel l’hebdomadaire lui-même avoue ne pas savoir s’il est« obscurantiste ou illuminé », on reste dans le ton et la méthode de l’article d’Éric Conan.

    Si Marianne entendait démontrer autre chose que son manque de professionnalisme et d’honnêteté, c’est raté : la médiocrité du dossier et les méthodes contestables, voire déplorables, employées, ne convaincront personne sinon les lecteurs déjà convaincus par leurs propres préjugés. On serait même tenté de dire que l’ensemble de ces biais tendent à largement décrédibiliser par eux-mêmes la thèse de Marianne, à savoir l’existence d’un vaste réseau d’alliés et de complices de « l’islamisme » qui mettraient en péril le « ciment républicain ». Il serait temps que certains comprennent que les approximations, amalgames et manipulations, destinés à flatter les préjugés et à jeter l’opprobre ou la suspicion sur des individus ou des secteurs entiers de la société, n’ont rien à voir avec le journalisme.

    Julien Salingue

    P-S  : L’auteur de cet article, qui participe de façon régulière à l’émission « Les Z’informés », mise en cause par Marianne, a été présenté dans l’article consacré à Beur FM comme y intervenant en tant que « représentant d’Acrimed ». Ce qui n’est absolument pas le cas : il n’a jamais été, et ne s’est jamais, présenté comme tel. Encore une approximation de Marianne...

    Les membres de l’association Acrimed peuvent avoir des interventions (orales ou écrites) diverses, qui n’engagent personne d’autre qu’eux-mêmes, et en aucun cas l’association elle-même : la parole d’Acrimed s’exprime sur son site et dans son magazineMédiacritique(s), ainsi que dans ses propres initiatives publiques ou lorsque des membres de l’association prennent la parole publiquement au nom, et sur mandat, de l’association. (Acrimed)

  • L’Eurovision, symbole de la pseudo-civilisation de l’Union européenne

     

    La 60e édition du concours Eurovision vient de se terminer et fait encore une fois la une de la presse, après avoir monopolisé les esprits, les foules et surtout d’incommensurables budgets marketing.

    Je dois bien l’avouer, je fais partie des gens qui n’ont jamais regardé un seul concours Eurovision, et il y a bien des raisons à cela.

    Il y a tout d’abord l’illogisme culturel qui accompagne l’Eurovision. Si le concours est organisé par l’Union européenne de radio-télévision, il est ouvert à tous les pays membres et diffuseurs, soit des pays situés en dehors de la zone européenne, par exemple dans le Pacifique ou en Afrique. Pour cette raison sans doute, la quasi-totalité des chansons sont émises en anglais, dénaturant ainsi totalement le projet, qui d’européen à la base, est devenu un projet globaliste en langue anglaise. Sur les 16 dernières années, 15 des chansons gagnantes ont été interprétées en anglais.

    Il y a aussi l’aspect politique qui accompagne, et chaque année un peu plus, cet événement. 2014 a été un grand cru concernant le délire permanent qui accompagne l’Eurovision, lorsque l’artiste Conchita Wurst, travesti allemand d’origine colombienne, a emporté la victoire. Dans le même temps et depuis le début de la crise ukrainienne, les artistes russes sont hués par un public visiblement bien éduqué par le mainstream médiatique tandis qu’il n’acclame que des artistes plus médiocres les uns que les autres.

    Il y a surtout l’insupportable pression médiatique et marketing qui accompagne chaque année cet événement, dénaturant ce qu’il devrait être, à savoir un moment artistique. Comme la responsable des divertissements de France 2 vient de le soulever : il se pose la question de savoir si la Francedoit participer l’année prochaine à ce show, dont les résultats électoraux dépendent de plus en plus des fortes accointances géographiques et culturelles entre les pays. Ces tendances lourdes sont apparues dès les années 1970 lorsque des blocs politico-musicaux ont commencé à se former, entre Scandinaves d’abord puis par exemple entre États de l’ex-bloc post-soviétique.

    Hormis la France, un autre pays se demande s’il doit continuer à participer à cet événement : il s’agit de la Russie. Les huées qui accompagnent les chanteuses russes, que ce soit la ravissante Polina Gagarina [photo ci-dessus], qui d’ailleurs aime la France, ou les sœurs jumelles Tomalchevy l’année dernière, sont visiblement la goutte de trop.

    Certains commentateurs ont ouvertement remis en cause la nécessité pour la Russie de participer à un événement qui promeut une « culture globale asexuée, anglophone et antinationale ». Ce ton est révélateur des grandes et novatrices scissions qui s’opèrent entre les élites russes et occidentales alors que jusqu’à présent, la Russie avait toujours présenté des artistes de la scène rock/pop traditionnelle, et non issus de la puissante scène musicale patriotique que le pays connaît pourtant, que l’on pense par exemple au duo TATU en 2003.

    Quoi qu’il en soit, l’Eurovision est symptomatique du malaise qui accompagne la politique que Bruxelles mène, que ce soit à l’égard de la Russie mais aussi de l’Europe. Peut-on imaginer un concours Eurovision 2016 sans la Russie et la France, mais avec par exemple l’Australie, la Tunisie, l’Azerbaïdjan et la Géorgie ? Cela montre une fois de plus que les élites européennes et l’Union européenne ne font pas l’Europe mais le mondialisme.

    À quand un concours Eurovision authentique organisé par Paris et Moscou, et qui promouvrait des groupes traditionnels chantant dans leurs langues nationales ?

  • Ce qu’il fallait gober cette semaine

     

     
         

     

    CQFG. Chaque semaine, ce peuple infantilisé qu’on appelle « les Français » doit avaler sa soupe, servie à la louche, dans l’écuelle du chien, au Kärcher, en pleine gueule et même en perfusion (certains ne s’en rendent même plus compte), par les médias complaisants qui relayent la parole dominante. Certains aiment ça, d’autres font semblant d’avaler, seule une minorité recrache.

     

    Festival de Cannes : Israël, twelve points

     

    Classe de pauvres du 93 invitée à Cannes. On attend toujours le lobby du cinéma dans un lycée du 93.

     

    Comme prévu, l’innommable a été nommé : Grand prix du jury pour Le Fils de Saul. Moins regardé que le concours Eurovision de la chanson, le concours cannois du sionéma rassemble la crème des films bien-pensants du monde. Le gratin du siobiz s’y retrouve dans une ambiance de fête et de commerce. Pas convié à la noce (à part cette classe coloured de 1ère du 9-3), le peuple regarde ailleurs, et les standing ovations grotesques que l’équipe violemment vulgaire du Grand Journal s’octroie, n’y changent rien. Les 20 millions d’euros de budget (CNC et Région) du raout et les six millions (simillon, simillon !) de Canal+ ont changé cet hymne au 7ème art en dégueulis bling-bling, qui pourrait un jour se transformer en blang-blang. La France produisant parallèlement des tonnes de frères Kouachi. Faudrait pas que ces deux mondes se rencontrent…

     

    Satellites déstabilisateurs

     

    Les pétards de l’oncle Kim

     

    L’Armée islamique est à l’Arabie saoudite ce que la Corée du Nord est à la Chine : le pendant militaire de la vitrine légale. En finançant de la main gauche un pitbull qui mord tout de qui bouge, et en jouant les juges de paix de la main droite, l’Arabie est entrée de force dans la cour des grands de la diplomatie mondiale. La Corée, comme chacun sait, vend de la technologie nucléaire aux pays non alignés sur l’axe américano-israélien. La Corée rouge, toute seule, n’est rien. C’est le petit teigneux avec le grand costaud derrière, qu’on a tous connus dans la cour de récré. Intouchable. Et aussi teigneux qu’il est intouchable. Corée du Nord et grande sœur Chine Populaire, il s’agit en réalité d’un même corps, en deux parties apparemment distinctes. Comme ce quarteron de conseillers de l’Assemblée de Corse qui jouent à la démocratie la journée, et aux pétards la nuit (bleue). La politique, comme les rapports humains, a besoin d’un vernis moral sur ses tuyauteries coupables.

     

    Question de géoterrorisme à 100 000 euros

     

    Paris Match remercie les frères Kouachi

     

    Comment les services israéliens (Mossad, Aman, Lakam), dont l’un des objectifs est de développer le sentiment antimusulman dans les pays occidentaux, arrivent-ils à provoquer de réels attentats antijuifs et/ou antichrétiens, qui partent effectivement d’une réelle mouvance islamiste ? Comment contrôler des microcellules constituées de désespérés plus ou moins suicidaires ? C’est justement la structure éclatée de la « mouvance » (comme le terme est bien choisi) qui facilite la création de cellules factices détournées de leurs objectifs « naturels » par le haut.

    Dans American Tabloïd, James Ellroy, qui a les moyens de se payer des enquêteurs dans le monde entier pour remonter de l’info non conforme (qu’il cimente par du roman), explique comment la CIA formait dans les années 60 des unités dormantes de tueurs anticommunistes… totalement inconscients de la programmation subie. Ils prenaient leur officier traitant pour un « ami », qui aiguisait leur haine anti-Rouges et leur fournissait peu à peu la logistique nécessaire, oubliant évidemment le plan de sortie. En général, le tueur était éliminé après usage, et son dossier, qui sortait opportunément dans un journal bien choisi, plaidait lourdement contre lui.

    Un drôle d’air de déjà-vu, n’est-ce pas ? Toute la difficulté consistait à « vendre » la légende du tueur isolé ou du terroriste à moitié fou à la presse, qui peut légitimement se demander : « Si on connaissait son pedigree, pourquoi l’avoir laissé libre d’agir ? » Plaider alors le manque de budget des services (d’une pierre deux coups, puisque une augmentation du budget Sécurité est en général votée dans la foulée), ou le trop rigoureux cloisonnement entre les différents services (qui se concurrencent parfois les uns les autres), pourtant obligatoire pour des raisons de… cloisonnement ! Une totale intoxication, mais bien construite.

    Il suffit donc, pour un service mal intentionné, de cibler un révolté (voir l’histoire de Coulibaly, qui assiste à la mort de son comparse après un braquage foireux, ou des frères Kouachi, à l’enfance massacrée, quand on ne les recrute pas directement en prison, pour infiltrer les filières antioccidentales), de le mettre en contact avec une fausse tête de réseau complice (le Mossad rémunère depuis toujours des insiders arabes dans toutes les organisations, sauf peut-être au Hezbollah, ce qui explique la longévité et le dynamisme de cette organisation antisioniste par rapport au Fatah ou à l’OLP), et de lui laisser commettre un véritable attentat.

    « Le voyage sans issue de deux paumés », titrait le 11 janvier 2015, quatre jours seulement après le massacre de Charlie Hebdo, l’hebdomadaire Paris Match. En sortant une enquête fouillée sur les frères Kouachi, qui avait démarré en… 2005. No comment.

     

    « Al-Qaïda annonce la mort de celui qui a revendiqué 
    l’attaque de Charlie Hebdo »

     

    « Nasser Ben Ali Al-Anassi » « serait » « mort »

     

    Le gros titre du Parisien, organe quasi-officiel et (donc) en déficit du ministère de l’Intérieur, se prolonge ainsi :

    « Nasser Al-Ansi a été tué par un drone américain au Yémen, a annoncé jeudi Al-Qaïda dans la péninsule arabique. L’homme avait revendiqué au nom du groupe extrémiste l’attaque contre Charlie Hebdo. »

    Ça, c’est le gros éclat d’os (on ne parle même pas de lard) qu’il faut avaler tout cru cette semaine, en plus du brouet habituel. Le commanditaire finit toujours par être éliminé juste avant que les journalistes ne s’intéressent vraiment à lui… pour ceux qui suivent les pistes officielles, semées de petits cailloux blancs gros comme des parpaings. Il est lourd, le scénario gouvernemental !

     

    Nous sommes tous des survivants de la shoah 

     

    Survivant des camps, Bernard-Henri récupère lentement

     

    Survivant de la shoah, avec sa rémunération croissante, est bien un métier d’avenir. Le seul problème, la nébulosité du périmètre de définition. Apparemment, quelques petits malins se glissent au milieu des vrais survivants, qui disparaissent chaque année comme les Poilus de 14. Question : les enfants et petits-enfants peuvent-ils bénéficier du statut de survivants ? Faire des procès à la SNCF ? Quelle que soit la réponse, faudra-t-il indemniser ad vitam aeternam ces descendants devenus par magie des « survivants » ? Hérite-t-on de la survie, et de tous ses avantages ? Et l’esclavage, les déportations brutales du commerce triangulaire, on tire un trait dessus ? Y a–t-il prescription ? Si oui, qui décide de cette prescription ? Finkielkraut a beau dire que la Traite et la Shoah ne sont pas comparables, on ne voit pas tellement de différence entre le travail forcé doublé de l’élimination des « inutiles » (faibles, malades, femmes enceintes par-dessus bord), pour les Africains aux Amériques, et le travail forcé doublé de l’élimination des inutiles pour les juifs à l’Est. Il n’y a pas de spécificité, il n’y a pas deux justices, ou la justice pour les uns, et rien pour les autres. Soutenir ça, c’est mal barrer la barque humaine.

     

    Pogba sur le marché aux esclaves

     

    Paul arrive en Espagne

     

    Paul Pogba, la dernière pépite française qui joue à la Juventus de Turin, met le feu au marché des transferts. Annoncé au PSG, puis à Manchester (United), Barcelone, et enfin Madrid (Real), les propositions oscillent entre 80 et 100 millions d’euros ! En plus, le jeune joueur de 22 ans réclame un salaire triplé par rapport à l’Italie, pour atteindre 15 millions d’euros par an. Se vendre au plus offrant, ça a un nom, dans la société civile. Pourquoi ne pas aller en Arabie saoudite ? Aujourd’hui, le foot est faussé parce que le facteur financier prime sur le facteur sportif. Il reste à boycotter les fausses équipes, pour ne regarder que les équipes à ossature régionale ou nationale. On pourrait d’ailleurs faire pareil pour nos animateurs médiatiques.

     

    Facteur financier secondaire

     

    Fallait pas l’inviter

     

    Patrick Cohen (après Jacques Attali) invité de Thomas Hugues dans Médias, le mag. Patrick, cet inconnu. Invité partout et tout le temps, pour en plus faire la gueule à ses intervieweurs. Pourquoi ne pas changer un peu, et inviter le générateur d’idées politiques Alain Soral ? L’émission du dimanche midi ferait un énorme score, bien au-delà des 600 000 téléspectateurs assoupis par le ronron idéologique (tout le monde est toujours d’accord avec tout le monde sur le plateau). Il y a donc un facteur supérieur au facteur financier, à la télé : le facteur politique. Cela explique la chute libre des audiences et des revenus globaux de cet ex-média de masse. Les petites chaînes crèvent les unes après les autres (la pub se déporte vers le Net), et les grandes chaînes se battent dans un marigot en peau de chagrin. À l’instar du Monde ou de Libé, le groupe France Télévisions ne pourrait pas vivre une seconde en milieu non subventionné. Quant au groupe TF1, il étrangle lentement ses budgets. Compressions de budget et de personnel, génération des 15-25 qui s’en détourne, la propagande a du souci à se faire.

     

    « Ils n’auront pas mon suicide »

     

    BHL raccompagne Christiane Taubira, qui a décidé de changer de sexe

     

    Après avoir scié la France en deux, Taubira se victimise. Déjà mal aimée, non parce qu’elle est noire, mais parce qu’elle est l’obligée de Pierre Bergé, la ministre qui veut démissionner tous les deux jours indispose réellement le pays. On lui doit le mariage gay, dont tout le monde se fout, même les gays, mais on lui doit surtout la GPA, bébé planqué dans le tiroir du mariage. Ce coup de vice, couvert par son aura de femme noire indépendantiste de gauche, est une véritable ignominie. Et ça se dit défenseuse des droits des plus faibles, en France et dans le monde ! Alors que sa loi pourrie va permettre d’externaliser les ventres des riches homosexuels occidentaux (qui se marieront pour la forme), sans compter les pédophiles, qui auront un boulevard pour leurs saloperies. Rendre ça légal, et donc possible, est tout simplement criminel. Ici, personne ne veut que Taubira se suicide, juste qu’elle ouvre les yeux sur l’ignominie. Mais elle préfère jouer les victimes, ce qui, de la part d’une femme aussi intelligente, est la preuve d’un double jeu amoral. Vous voyez, on peut s’opposer à la femme de Chambre de Bergé sans être raciste !

     

    Le monde a besoin de l’avis de Caroline Four

     

    Éloge du blasphème ? Caro soutient Dieudonné !

     

    Dans Le monde selon Caroline Fourest, diffusée sur France Culture le 11 mai 2015, Fourest défouraille sur les militaires français accusés de viols en Centrafrique :

    « On doit regarder bien en face le comportement de ceux qui ont sali leur uniforme et l’image d’une France enfin protectrice et non colonisatrice. »

    Comprendre par là que cette antiraciste de haut vol autorise les invasions armées en cas de motif humanitaire. C’est la doctrine Kouchner, qui sous couvert d’empathie humaniste légitime tout ce qui va dans le sens du néo-impérialisme américano-israélien. Caro ne déroge pas à la règle dominante et donne, bonne fille, un bon point à la force Sangaris. Doit-on s’attendre un jour à ce que Caroline accède au poste de ministre de la Défense ? Ou un trav au ministère de l’Économie ? Sincèrement, avec ces (faux) socialistes, tout est possible, tout.

     

    François, larbin des Saoud

     

    L’homme qui vend la France à l’étranger…

     

    Combien vaut la politique extérieure de la France ? Quelques dizaines de Rafale, qu’on se le dise. Ce n’est même pas par amour de la France que les Arabes draguent Hollande, uniquement pour contrarier les Américains, qui misent désormais sur la puissance iranienne au Moyen-Orient pour mettre un terme au bordel ambiant. Un Iran qui représente aussi un sacré pactole. Les quelques millions d’habitants des pays de la péninsule arabique ne pesant pas lourd face au grand marché iranien en plein essor : 78 millions d’habitants aujourd’hui, 105 en 2050.

    L’Iran, un pays qui cimente littéralement trois continents : les pieds dans le Golfe persique (face à l’Arabie saoudite), des frontières communes avec la poudrière de l’ex-URSS, à quelques encablures de la Géorgie et de la Russie méridionale, un frontal ombrageux avec un Pakistan instable, un Afghanistan volcanique, le Turkménistan et ses voisins musulmans qui inquiètent la Chine, une entrée sur la mer Caspienne, l’Azerbaïdjan, la Turquie presque européenne, l’Irak en feu, la Syrie en guerre… et depuis que l’Iran envoie ses troupes en Irak, la frontière israélienne, pardon, palestinienne, se rapproche. Question : les États-Unis vont-ils changer de gendarme dans le Golfe ?