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Azel Guen : Décryptage de l'Actu Autrement - Page 63

  • Remarques éthiques concernant la Syrie

     

    La conférence de Genève 2 est dans l’impasse car l’opposition armée, soutenue par l’Arabie saoudite, pose comme condition préalable à sa participation l’abdication du président Bachar el-Assad. C’est dans ce contexte que les pères provinciaux de la Compagnie de Jésus rappellent des points élémentaires que les gouvernements occidentaux semblent avoir oubliés.

     | ROME (ITALIE) | 4 NOVEMBRE 2013 
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    Nous les Provinciaux Jésuites, en tant que Supérieurs majeurs de la Compagnie de Jésus au Proche-Orient et en Europe, accueillons chaleureusement la récente déclaration du Saint-Père sur la Syrie. De toutes ses forces, il a alerté l’opinion internationale sur la tragédie syrienne et a demandé aux « parties en conflit d’écouter la voix de leur conscience et de ne pas s’enfermer dans leurs propres intérêts ». Avec lui, nous déclarons aussi que « ce n’est jamais l’usage de la violence qui conduit à la paix » [1], mais que la seule voie pour la paix se trouve dans la culture de la rencontre et du dialogue.

    Des pas vers la paix

    Nous nous réjouissons que la menace d’attaques aériennes contre la Syrie ait cessé et nous soutenons le lancement du processus qui vise à la destruction de toutes les armes chimiques trouvées sur le sol syrien. Nous soutenons les négociations entreprises pour convoquer une conférence de paix pour la Syrie et nous souhaitons fortement que ce processus de paix avance rapidement, courageusement et fermement. Nous demandons à toutes les parties en conflit, aussi bien qu’à la communauté internationale, 
    - de rechercher de façon urgente un cessez-le-feu garanti par une autorité internationale ; 
    - d’établir une feuille de route pour préparer la réunion de toutes les parties prenantes du conflit ; 
    - de réunir une conférence de paix pour trouver un accord commun qui puisse sauvegarder les vies des Syriens.

    Mobilisation sociale et civile

    En même temps, nous appelons de nouveau à la mobilisation de tous les organismes civils et sociaux afin d’aider la population syrienne qui doit faire face à l’une des plus grandes tragédies humanitaires de notre siècle. L’assistance aux réfugiés à la fois à l’intérieur et à l’extérieur du pays (environ un quart de la population), le besoin de nourriture, de médicaments et de soins, la libération des détenus et des otages et la réouverture des institutions d’éducation, continuent d’être des besoins urgents.

    Intérêts en jeu

    Nous souhaitons aussi attirer l’attention sur la nécessité de reconnaître et de nommer les intérêts réels qui sont en jeu, à la fois localement, régionalement et internationalement, et qui malheureusement ne correspondent pas toujours aux intérêts du peuple syrien. En particulier, nous appelons à une réflexion sur les conséquences de la production et de la vente d’armes ; nous appelons à la cessation des livraisons et des ventes d’armes à toutes les parties en conflit.

    Discernement nécessaire

    Nous invitons la communauté internationale au refus de tout soutien, qu’il soit diplomatique ou militaire, de toute partie en présence qui préconise ouvertement quelque forme que ce soit de violence, de fanatisme ou d’extrémisme. Le respect de la dignité de la personne humaine aussi bien que de ses droits devrait constituer un préliminaire pour toute aide matérielle et un critère incontournable.

    Les communautés chrétiennes en Syrie

    Enfin, nous attirons particulièrement l’attention sur le sort des communautés chrétiennes vivant en Syrie. Présentes sur place depuis le commencement de l’ère chrétienne, ces communautés constituent un élément inséparable de son tissu social et de sa richesse culturelle ; elles contribuent aussi activement à son développement. Les solutions préconisant l’exil ou l’élimination de ces communautés sont inacceptables. Nous voulons encourager ces communautés chrétiennes et leur assurer qu’elles peuvent jouer un rôle important dans leurs sociétés à travers leur témoignage fidèle à l’Évangile : un Évangile qui appelle à la paix, à la justice, au pardon, à la compréhension mutuelle et à la réconciliation.

  • Attention, Israël camoufle ses produits dans votre supermarché !

    Les pratiques de tromperie sur la marchandise, d’étiquetage frauduleux destinés à masquer l’exportateur israélien sont légion dans les grandes surfaces. Malgré les plaintes et « signalements » à la Direction des Fraudes, aucune sanction n’a été prise à ce jour. Aujourd'hui, des militants qui ont appelé au boycott des produits exportés par l'occupant israëlien sont poursuivis en justice par le gouvernement...

     

    Nous vous appelons à rejoindre cette campagne, et à refuser de financer l’occupation israélienne !
    - Regardez attentivement les étiquettes des produits avant de les acheter. N’acceptez pas les étiquetages incomplets ou trompeurs (dernier en date repéré dans une grande surface : « avocats Kenya/Israël »*). Demandez des explications aux commerçants.
    - Rappelez-leur qu’ils ont l’obligation légale d’inscrire la provenance exacte de tous les produits frais et fruits secs qu’ils vendent en caractères aussi gros que les prix.
    Cela vaut autant pour le supermarché que pour l’épicier du coin, ou encore pour les vendeurs de fruits et légumes sur les marchés.
    Et venez nombreux soutenir les militants poursuivis en justice par le gouvernement !
     
    Prochains procès BDS :
    - A la Cour d’Appel de Colmar, le mercredi 16 octobre à 9 H du matin. Les 12 militants de Mulhouse ont gagné leur procès en première instance, à Mulhouse, mais le gouvernement fait appel !
    - A la Cour d’Appel de Paris, le mercredi 30 octobre à 13 H 30. Olivia, Maha, Mohamed et Ulrich ont été relaxés par le tribunal de Bobigny, mais le gouvernement a fait appel !

    Les fameux avocats « Kenya/Israel » :

     
    Mais les pratiques de tromperie sur la marchandise, d’étiquetage frauduleux destinés à masquer l’exportateur israélien sont légion dans les grandes surfaces. Pour n’en citer que quelques exemples :

    Oranges (Jaffa) du « Mexique »
     
    Ciboulette bretonne « made in Israël » (« Que Choisir »)

     

    Dattes Medjoul, « origine France » !


    Avocats (Carmel) du « Mexique »


    Pomelos (Carmel) du« Mexique »

    Avocats du « Pérou » sur l’ardoise, mais « origine Chili », et exportés par l’entreprise israélienne « Mehadrin » sur le carton qui les contient !


    Et malgré nos plaintes et « signalements » à la Direction des Fraudes, aucune sanction n’a été prise à ce jour.
    Merci de faire circuler au maximum ces informations, afin d’éclairer le public et de l’engager à réagir.

    Pour écrire à Madame Taubira, ministre de la Justice, et dénoncer ce scandale :
    Mme Christiane Taubira
    MINISTERE DE LA JUSTICE
    13, place Vendôme
    75042 Paris Cedex 01
    Téléphone : +33 1 44 77 60 60
    Pour envoyer un message : http://www.justice.gouv.fr/contact.html
     

    Avocats du « Pérou » sur l’ardoise, mais « origine Chili », et exportés par l’entreprise israélienne « Mehadrin » sur le carton qui les contient !


    Et malgré nos plaintes et « signalements » à la Direction des Fraudes, aucune sanction n’a été prise à ce jour.
    Merci de faire circuler au maximum ces informations, afin d’éclairer le public et de l’engager à réagir.

    Pour écrire à Madame Taubira, ministre de la Justice, et dénoncer ce scandale :
    Mme Christiane Taubira
    MINISTERE DE LA JUSTICE
    13, place Vendôme
    75042 Paris Cedex 01
    Téléphone : +33 1 44 77 60 60
    Pour envoyer un message : http://www.justice.gouv.fr/contact.html

  • Contribuables français, vous payez pour les procès du lobby d’Israël ! D’accord ?

     

    RECETTE POUR DETOURNER LA LOI FRANÇAISE AU SERVICE D’ISRAEL

    I. INGREDIENTS

    Prenez un gouvernement et un ministre de la justice malléables à souhait (pour le moment, choisir la France qui est le seul Etat qui cède aux pressions israéliennes en cherchant à criminaliser le boycott d’Israël)
    Obtenir de ce même gouvernement français qu’il envoie une circulaire à tous les procureurs de France, ordonnant à ces derniers de poursuivre les personnes qui appellent au boycott d’Israël, et seulement à celui-là, et de faire tout ce qu’ils peuvent pour que les juges condamnent les militants. L’appel au boycott de tous les autres pays ne pose aucun problème.
     
    II. FAIRE MONTER LA SAUCE

    La recette est simple : il ne reste plus aux officines sionistes qu’à déposer des plaintes simples (sans constitution de partie civile) et de demander au gouvernement d’engager des poursuites.

    Ces plaintes n’ont même pas besoin d’être correctement rédigées sur le plan juridique. Elles se contentent souvent d’un « signalement », c’est à dire des lettres de dénonciation sur la base desquelles l’Etat accepte d’engager des poursuites. Il suffit de crier à l’antisémitisme, l’incitation à la haine, au « palestinisme » (sic !)
    Sammy Ghozlan (Bureau National de Vigilance contre l’Antisémitisme - BNVCA), membre du lobby israélien en France, se charge de ce petit boulot. Il en est à une centaine de plaintes déposées, dont une contre feu Stéphane Hessel, pour avoir, lui aussi, appelé au boycott d’Israël.

    Ensuite, sur injonction du gouvernement, un parquet ouvre une enquête, et fait convoquer par la police des personnes « pour les besoins de l’enquête ». A ce stade, une poursuite représente déjà des dizaines et des dizaines d’heures de procédure policière et judiciaire. Multipliez par le nombre de poursuites engagées à ce jour contre une quarantaine de militants BDS, et vous aurez un début d’idée de la consommation des ressources de l’Etat au profit du lobby israélien.

    Il fait également approcher les responsables des grandes surfaces où se sont déroulées les actions d’appel au boycott et de dénonciation de la présence de produits illicites (parce que provenant très souvent des colonies installées illégalement dans les territoires palestiniens occupés), afin de les inciter à porter plainte.

    Mais, ces directeurs de magasin n’ayant subi aucun préjudice matériel au cours de ces actions non violentes, et étant eux-mêmes conscients de vendre des produits dont il ne peuvent mentionner l’origine exacte, contrairement à la réglementation, ont chaque fois refusé de porter plainte contre les militants.

    Certains ont même tenu à faire noter par les policiers que les échanges avec les militants avaient été « très courtois ».

    Qu’à cela ne tienne : le parquet ayant quand même décidé de renvoyer les militants BDS devant le tribunal correctionnel, le jour de l’audience, on voit invariablement débarquer une brochette d’officines sionistes, qui se constituent alors parties civiles, et se « joignent » à l’action gouvernementale.
    III. SERVIR SUR UN PLATEAU

    Pas un sou déboursé de leur part, c’est l’Etat qui régale, paye les policiers, les juges, les greffiers – rappelons que l’Etat c’est nous tous—et qui s’est tapé le boulot. Pas même la moindre somme déposée comme il se doit, en guise de « consignation » pour se constituer partie civile.

    Les BNVCA, France-Israël, Amis d’Israël, Amis des Villes Sinistrées d’Israël (ça ne s’invente pas !), Chambre de Commerce France-Israël, « Avocats sans frontières » de l’inénarrable William Goldnadel, se pointent à l’audience, le jour J, les mains dans les poches... et réclament des dommages et intérêts, et frais de justice, s’élevant à plus de 10.000 euros par prévenu pour chacune de leurs associations !

    Et comme ils n’ont pas grand chose à apporter dans la corbeille de mariage, c’est au gouvernement d’espérer que les magistrats vont être dociles, et déclarer le boycott d’Israël (et seulement d’Israël) illégal.

    Aucun tribunal de France n’a à ce jour osé un tel attentat contre la liberté d’expression, qui reste, qu’ils le veuillent ou non, une liberté garantie par la Constitution.

    Mais le lobby ne renonce pas, et use de tous ses charmes pour que le gouvernement fasse appel et, le cas échéant, aille en cassation.

    IV. LÀ OÙ ÇA SE COMPLIQUE

    Mais sur quel fondement le gouvernement engage-t-il ces poursuites ? En vertu de quelle loi ?

    Le gouvernement n’ayant rien trouvé dans la législation française qui interdise le boycott d’un Etat pour des raisons politiques, il invoque l’article 24 de la loi du 29 juillet 1881, qui condamne « toute discrimination à l’encontre d’une personne ou d’un groupe de personnes A RAISON de son appartenance ou de sa non-appartenance à une religion, une race, une ethnie, une nation ».

    Ah, ah ! Vous vous en prenez à la « nation israélienne » ! Donc vous discriminez, vous incitez à la haine et à la violence...
    Mais les oranges, les poivrons, les avocats ou les lingettes ne sont pas des personnes, ni des groupes de personnes ! Et nous n’appelons pas à les boycotter A RAISON de leur nationalité, mais en raison de la politique criminelle de l’Etat d’Israël...
    Oui, mais derrière ces produits, il y a des producteurs et donc des personnes. Et d’ailleurs ce que vous faites est stupide car ce sont les Palestiniens qui en sont les premières victimes vu que vous leur retirez leur gagne-pain...
    Alors vous dites vous-mêmes que, même en tirant la loi par les cheveux et en transformant les pamplemousses en personnes, ces producteurs ne sont pas tous israéliens, mais aussi palestiniens, et peut-être travailleurs immigrés thaïlandais ? Alors, quel rapport avec l’antisémitisme ou encore la nationalité ?
    Et puis, de quelle nation parlez-vous, puisque vous refusez d’indiquer d’où viennent ces produits, car c’est souvent des colonies illégales, dans les territoires palestiniens occupés...

    Le terme de colonies est très abusif, Madame la Présidente (ou Mr le Président). Car les frontières d’Israël ne sont pas définitivement fixées. Il faudrait plutôt parler de territoires « disputés » ou « discutés »...
    Ce n’est pas ce que dit le droit international, ni même la France à ce sujet !
    Le ou la Président(e) du tribunal : Stop ! On n’est pas ici pour faire de la politique !
    Rires dans la salle
    Taisez-vous ou je fais évacuer la salle !
    Président(e) : Bon je note en tout cas que nul propos antisémite n’a été tenu, et qu’il n’y a eu aucune dégradation ni violence...
    Madame la Présidente, nous ne disons pas que les prévenus sont antisémites, mais vous comprenez, le palestinisme mène tout droit à l’affaire Merah...
    La salle : Ooh !
    Silence !
    (Changement de registre) : Madame la Présidente, quelles que soient leurs motivations, ils ne peuvent pas nier que pendant les 12 minutes 30 qu’a duré cette action dans ce supermarché, les clients qui ont voulu acheter des produits israéliens ont été gênés pour le faire. Il s’agit donc d’une entrave économique !
    Ne riez pas : le tribunal d’Alençon a condamné 7 personnes, le 19 septembre dernier, pour « entrave à l’exercice normal d’une activité économique ». (Ces derniers font appel, bien entendu).
    Et ceci alors que :

    1) le magasin Carrefour d’Alençon n’avait pas estimé qu’il y avait d’entrave, et n’avait pas porté plainte

    2) cette activité n’avait rien de « normal », puisque bon nombre des produits « made in Israël » proposés à la vente provenaient des colonies et étaient donc illicites.

    3) Le même tribunal avait classé « sans suite » une plainte déposée par les militants à ce sujet, en indiquant qu’il n’avait « pas réussi à déterminer la provenance de ces produits » !!!

    Bien heureusement, la plupart des juges tiennent à leur indépendance. Ils refusent de tordre, comme une serpillère, une loi destinée à prévenir les discriminations raciales, pour en faire un bouclier protégeant un Etat, dont la spécialité est l’apartheid et les discriminations.

    Plusieurs procureurs courageux ont même refusé d’obéir à leur hiérarchie et n’ont requis aucune condamnation.

    La grande majorité des militants inculpés à ce jour ont donc été relaxés. Et contre les autres, ont été retenus des prétextes fallacieux tels « l’entrave économique ».

    Aucun tribunal n’a jugé à ce jour que le boycott d’Israël est illégal, malgré ce qu’essaie de faire croire le CRIF et ses dépendances !

    INDIGNEZ-VOUS !

    Mais, savez-vous que même lorsque les inculpés gagnent leurs procès, ils ne peuvent pas réclamer le moindre centime de dédommagement à qui que ce soit ?

    En effet, dans la grande démocratie française, quand c’est l’Etat qui engage des poursuites, on ne peut rien lui réclamer, pas même le remboursement des frais de justice !

    Donc les contribuables paient des sommes colossales sans le savoir, et les militants déboursent des frais de justice importants.

    Ne serait-il pas temps de dire à Madame Chistiane Taubira, ex-militante du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, et actuelle ministre de la Justice, que nous en avons assez d’être pris pour des imbéciles ?
    Si l’Etat ne sait vraiment pas quoi faire de notre argent, nous pouvons faire quelques suggestions qu’il s’agisse de la santé, de l’éducation ou des retraites ?

    Et il serait bon de lui rappeler que les femmes et les hommes de conscience utilisent le seul moyen non violent à leur disposition, réclamé par la société palestinienne, pour sanctionner l’occupation israélienne, parce que notre gouvernement ne le fait pas.

    Si la France respectait ses engagements concernant les résolutions de l’ONU, les Conventions de Genève, mais aussi la torture et la protection des droits de l’enfant, nous n’aurions pas besoin de boycotter Israël.
     
    Si notre gouvernement, au lieu de fermer les yeux sur les enfants palestiniens quotidiennement kidnappés, détenus et torturés par Israël, poursuivait, comme il en a l’obligation les responsables de ces tortures quand ils viennent en France, au lieu de leur dérouler le tapis rouge, nous pourrions nous occuper d’autres questions.
     
    Si la France cessait de collaborer à la construction des drones qui larguent des bombes sur la population de Gaza,
     
    Si elle cessait d’encourager la colonisation et le blocus de Gaza,
     
    Si elle prenait des sanctions contre les constantes violations du droit international et des droits de l’Homme par Israël, nous n’en serions pas là aujourd’hui.
     
    La France, qui entretient des relations très privilégiées avec l’occupant Israélien dans tous les domaines, a des moyens de pression évidents sur ce dernier.

    A commencer par l’application des directives européennes, clairement énoncées en juillet 2013, et exigeant que tout contrat passé avec Israël spécifie par écrit que ni Gaza, ni la Cisjordanie, ni Jérusalem Est ne font partie d’Israël.
    Ce n’est pas très compliqué de se plier aux directives européennes, quand on a l’Europe plein la bouche en permanence ?

    Pour ce qu’il en est de la campagne BDS, elle se porte bien merci. Elle ne cesse de progresser dans le monde entier, et y compris en France, et même en Israël, ou les opposants de « Boycott from Within » nous appellent à les rejoindre.

    Et tous ces procès en sorcellerie, n’y changeront rien. Au contraire. Ils ne font que populariser le boycott, ce moyen de résistance pacifique, qui a gagné ses lettres de noblesse depuis longtemps. En Inde du temps de Ghandi, comme aux Etats-Unis pour la bataille des droits civiques des Noirs américains, ou encore lors de l’Afrique du Sud de l’Apartheid.

    Et ceux qui auraient un autre moyen d’action efficace à nous proposer pour mettre fin à l’occupation et à la colonisation israélienne, qui perdurent depuis des décennies, sans que les votes du parlement européen, les résolutions de l’ONU, les décisions de la Cour de Justice Internationale, les « pourparler de paix », les manifestations....aient eu le moindre impact, ils sont les bienvenus.
  • LE DOPAGE, SUJET À INTENSITÉ VARIABLE SELON LES SPORTS

    enquête Le 10/08/2013 Par la rédaction

    Grosses enquêtes dans le cyclisme, chauvinisme et silence en natation


    Il y a du dopage dans tous les sports”. Cette phrase, plutôt limpide, est signée Jean-Jacques Lozach, rapporteur de la commission d’enquête sénatoriale sur l’efficacité de la lutte contre le dopage, qui a rendu le 24 juillet un rapport sur le sujet. Si les médias se sont déchaînés sur le cyclisme et ses performances “surréalistes”, la natation, où la France a récolté 9 médailles, a plutôt eu bonne presse. Une différence de traitement étonnante alors que le rapport de la commission sénatoriale semblait prétendre le contraire. Pourquoi les performances des nageurs ont-elles été moins scrutées ? Enquête.

    Plusieurs événements, ces derniers mois, ont fait remonter le dopage à la surface des médias. D'abord, le 10 octobre 2012, le rapport USADA (l'agence américaine de lutte contre le dopage) reconnaissant que l'US Postal (l'équipe du coureur cycliste Lance Armstrong) "était à la tête du plus sophistiqué, du plus efficace et du plus professionnel système de dopage que le sport a jamais connu". Le 18 janvier, chez Oprah Winfrey, devant des millions de téléspectateurs (nous vous le racontions ici) Armstrong avouait enfin: "Oui, je me suis dopé". Une commission d'enquête sénatoriale, présidée par Jean-François Humbert (UMP), se réunit alors et rend, cinq mois plus tard, le 24 juillet, un rapport de 238 pages. "C'est un peu tard mais c'est quand même une bonne chose", note Pierre Ballester, ancien journaliste à l’Équipe, licencié après avoir voulu mettre au jour les pratiques douteuses de certains de ses confrères dans le livre "De mon plein gré", écrit par Jérôme Chiotti. "Ca faisait quand même treize ans en France, depuis la loi Buffet, que les politiques ne s'étaient plus intéressés à ce problème. Là, avec Armstrong, ils se sont peut-être dit que bon, fallait faire quelque chose". Stéphane Mandard, directeur du service sports au Monde, préfère nuancer: "Dire que tous les sports sont touchés par le dopage, c'est faux. Quand un athlète est contrôlé positif au cannabis, comme c'est parfois le cas, ce n'est pas du dopage".

    Le 25 juin, quelques jours avant le départ du centième Tour de France, un autre scandale éclate : Laurent Jalabert, consultant pour France Télévisions et chroniqueur dans l'Equipe, a été contrôlé positif en... 1998. C'est le journal L'Equipe, via son site Internet, qui sort l'info en premier. Jalabert refuse d'avouer mais décide de cesser immédiatement ses activités de consultant. Cédric Vasseur, dont le nom apparaît pourtant dans l'affaire Cofidis en 2004, le remplace au pied levé. C'est dans ce contexte que le centième Tour de France s'élance et qu'un Britannique de l'équipe Sky, pour la seconde année consécutive, survole l'épreuve. Son nom est Christopher Froome. A la télévision, le doute a fait un immense bond en avant cette année sur le service public qui n'hésite plus à s'interroger sur la "proprété" des performances des coureurs en général et de Froome en particulier. Nous vous le racontions ici. Dans la presse, le soupçon est aussi de mise. Si Libération et Le Monde dénoncent encore et toujours une farce généralisé...

    (la une de Libération du 18 juillet, ci-contre, en est une illustration)picto

    l’Équipe (détenu par le groupe Amaury qui via sa société ASO est l'organisateur du Tour de France) met Froome en Une le 18 juillet. Le titre est intrigant: "Froome, le dossier". A l'intérieur, Fred Grappe, docteur en sciences et entraîneur de l'équipe FDJ.fr, analyse les données livrées par l'équipe Sky au quotidien et en tire la conclusion suivante: "Ses performances sont cohérentes".

    Froome Libé

     

    FroomeLequipe

     

     

     

    Problème: en 2001, dans une étude précise et en insistant sur le souci exacerbé du professionnalisme de l'Américain, Fred Grappe avait déjà tenté de justifier les performances de Lance Armstrong. Autre souci: en une de cette édition du 18 juillet figure une publicité Sky, l'équipe de Froome et le slogan suivant: "We salute you" ("L'équipe Sky vous salue", en français). Fabrice Jouhaud, directeur des rédactions du journal, le reconnaît. "Oui, c'était maladroit". Pierre Ballester ne veut, lui, pas croire au complot : "C'est une cohabitation malheureuse. Les gens du marketing ne connaissaient certainement pas le dossier évoqué. C'est un apparentement malheureux, il ne faut pas y voir plus".

    Malgré tout, même l'Equipe se met donc à ausculter les performances et mieux, sur France Télévisions, Thierry Adam et Cédric Vasseur hurlent au dopage. Une question surgit : les journalistes sportifs seraient-ils soudainement devenus impertinents ? Les championnats du monde de natation de Barcelone, qui ont commencé une semaine après la fin du Tour de France, étaient une belle occasion de vérifier ou non cette théorie. En matière de dopage, après tout, la natation a aussi son mot à dire. Sur ce blog collectif, animé par plusieurs journalistes du Monde,Erwan Le Duc a pris soin de recenser les principaux cas de dopage en natation ces dernières années. Frédérik Bousquet, médaillé de bronze sur 50 mètres papillon et César Cielo, vainqueur du 50 mètres nage libre à Barcelone, en font partie. Or, de ces contrôles ou de ces suspensions, il n’en a jamais été question sur France Télévisions pendant les championnats du monde.

    "CE N'EST PAS NOTRE RÔLE DE TRAQUER LES GENS" (BILALIAN)

     

    Le doute, qui est resté collé à la roue de Froome durant toute la durée du Tour de France (contrairement à la plupart de ses adversaires) s’est littéralement noyé dans la piscine municipale de Montjuïc, choisie pour accueillir les mondiaux de natation. Les commentaires oscillaient plutôt entre un brin de chauvinisme et une différence fondamentale de traitement de la performance dans les deux disciplines sur la même chaîne.

    Le doute pour le cyclisme. La joie pour la natation picto

     

    Joint par @si, Daniel Bilalian, directeur des sports de France Télévisions, est d’abord surpris par la question. “Le dopage on en parle, il n’y a pas d’interdit. Mais quand il y a une affaire. Et pour l’instant, il n’y a pas d’affaire de dopage en natation”. On le relance alors sur le sort réservé aux deux disciplines, où le doute de Adam laisse en moins d’une semaine la place à l’enthousiasme d’Alexandre Boyon, le spécialiste natation. “Quand il n’y a rien, il n’y a rien ! Si demain dans la natation, des enquêtes sérieuses sont faites, on en parlera”. Et Bilalian de reconnaître que des enquêtes sérieuses ont été faites en cyclisme, "mais pas dans les autres sports".

    Dans l'Equipe, en revanche, lorsque Cielo et Bousquet sont médaillés, "la première chose que je fais dans mon article, c'est rappeler leurs contrôles positifs", détaille Céline Nony, envoyée spéciale du journal à Barcelone. En effet, dans les éditions du 31 juillet et du 4 août, les contrôles positifs des deux athlètes sont mis en avant dès les premières lignes de l'article. "On se pose des questions", détaille Nony. On a même des relations compliquées avec les nageurs de Marseille, après avoir mis en doute, dans le journal, les performances de Florent Manaudou et Camille Lacourt (tous les deux médaillés à Barcelone)". D'autres doutes, par ailleurs, avaient été émis dansl'Equipe sur le parcours relativement atypique d'Alain Bernard, médaillé d'or aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008 sur 100 mètres nage libre. "On se sent obligés de poser des questions. Les nageurs aussi se posent des questions sur d'autres nageurs et nous le disent. En 2012, à Londres, le monde entier s'est posé des questions sur Ye Shiwen (la nageuse chinoise qui, sur le dernier 50 mètres de son 400 mètres 4 nages, est allée plus vite que Ryan Lochte, l'une des plus grandes stars de la natation masculine américaine). Des questions donc, mais peu de réponses.

    Pour les réponses, la volonté doit venir de plus haut, juge Bilalian. “Ce sont les fédérations qui peuvent avoir une réelle influence là-dessus. Ce sont elles qui détiennent les véritables leviers”. Le dopage, toujours selon lui, ne représente d’ailleurs pas la principale menace pour le sport : “La corruption et les paris truqués me semblent une menace bien supérieure. C’est encore pire”. Et le rôle des journalistes dans tout ça ? “Leur rôle est de se faire l’écho de l’information. On ne peut pas toujours enquêter, ce n’est pas notre rôle de traquer les gens”.

    "LES PLUS MAUVAIS JOURNALISTES SONT AUX SPORTS" (VAYER) 

    On ne peut pas toujours enquêter, la phrase résonne étrangement. Est-il plus facile d'enquêter sur des sports où la France ne fait pas aussi bonne figure qu'en natation ? Le journaliste sportif : journaliste ou supporter ?, sempiternelle question. "Déjà, je ne suis pas journaliste sportif, je suis journaliste tout court", précise immédiatement Mandard, duMonde. Jouhaud, à l'Equipe, a une vision différente du métier : "Les gens deviennent journalistes sportifs parce qu'ils s'intéressent au sport, parce qu'ils aiment ça, ils n'ont pas franchement d'appétit pour l'investigation". Vayer, dans son style bien particulier, tranche dans le vif: "Les plus mauvais sont aux sports. La plupart des journalistes s'en foutent complètement (du dopage). C'est une question de volonté et ils ne l'ont pas, pour la plupart d'entre eux. Ils sont dans un bocal, les champions sont adulés, ils voyagent, ils sont bien, ils font la promotion du sport". Ballester, aujourd'hui auteur de plusieurs livres sur le dopage, pense que les journalistes n'ont aucun intérêt à franchir la ligne rouge :"Ça ne leur attirera que des emmerdes. Pendant des années d'ailleurs, j'ai été le récipiendaire de journalistes qui ne voulaient pas s'en occuper et me refilaient le sujet". Ce rôle est aujourd'hui celui de Damien Ressiot, journaliste d'investigation à l’Equipe, entièrement tourné vers le dopage, dans toutes les disciplines.

    "LES ACCUSATIONS SANS PREUVES CONTRE FROOME SONT DE L'ASTROLOGIE JOURNALISTIQUE" (JOUHAUD, L'EQUIPE)

    Pour Jouhaud, cela n'est pas vraiment un problème. Selon lui, le traitement médiatique du cyclisme dans les autres journaux, comme Le Monde ou Libération, est le symbole même de ce qu'il ne faut pas faire. "Les accusations des médias contre Froome s'apparentent à de l'astrologie journalistique! Nous, quand on a des infos, on les sort. Armstrong (en 2005, le quotidien révèle que le septuple vainqueur sur la Grande Boucle a été contrôlé positif à l’EPO lors du Tour 1999) et Jalabert, pour ne prendre que les plus connus, c'est nous ! Et quand on sort ça, on nous traite de salauds ! Faudrait savoir ! C'est très hypocrite de leur part en fait: on couvre l’événement, on profite de la caisse de résonance incroyable qu'offre le Tour de France mais on n'a aucune information, on publie une enquête à partir d'une intuition. Essayez d'appliquer le même raisonnement à un scandale politique. Imaginez un journaliste s'attaquer à un ministre sans aucune preuve, sur la base d'une intuition. Vous imaginez le scandale?".Invité à réagir, Mandard ne se fait pas prier: "Ces critiques-là, je les ai déjà entendues il y a dix ans avec le cas Armstrong. Ce sont exactement les mêmes. Ces gens-là n'ont pas retenu la leçon, c'est toujours le même aveuglement qui règne".

    Reste toutefois une interrogation : le dopage sera-t-il un jour traité par les médias comme peut parfois l’être la corruption en politique ? “On ne peut pas spéculer sur le succès de ces investigations, on ne peut pas non plus anticiper la réaction du public. Le dopage a été dénoncé dans le cyclisme mais les gens sont toujours aussi nombreux au bord des routes et devant leur poste de télévision. Le problème le plus fondamental, c’est qu’en dénonçant le dopage, les gens risquent de nous accuser d’être des briseurs de mythes!", analyse BallesterPour Mandard, le problème est bien plus vaste : "J'ai essayé de le faire pendant quelques années (nous vous en parlions déjà icimais c'est encore plus compliqué qu'en politique. En France, les juges ne sont pas intéressés par les affaires de dopage. A l'époque de l'affaire Cofidis, en 2004, je l'avais déjà entendu: "Le parquet s'en fout un peu". Le cyclisme, mine de rien, c'est un petit sport. Si vous essayez par exemple de vous attaquer au football, vous ne vous attaquez pas seulement à une institution : vous touchez aussi et surtout des intérêts économiques, politiques qui sont immenses. Lors de l'affaire Puerto (large programme de dopage imaginé par le Docteur Fuentes en Espagne et mis à jour au printemps 2006) la droite et la gauche en Espagne se sont unis et le monde politique est directement intervenu pour que le scandale n'éclabousse pas le monde du foot ou du tennis. Ce n'est ni plus ni moins qu'une affaire d'Etat". Imagine-t-on en effet, le commentateur de Canal+ demander à Lionel Messi ou à Zlatan Ibrahimovic, à la fin d'une rencontre : "les yeux dans les yeux, êtes-vous dopés ?" comme l'a fait Gérard Holtz cette année sur le Tour de France face à Froome ? Pas certain...

    Par Robin Andraca

    MAJ dimanche 11 août 10h25 modification de la citation de Fabrice Jouhaud sur Froome, Le Monde et Libération

    Mots-clés : cyclismedopageFabrice JouhaudFrance Télévisionsl'EquipeLe MondeLibérationNatationsport,sportifsStéphane MandardTour de France

     

     

  • Dix choses que vous ignoriez peut-être sur Jacques Vergès

     

    Sophie Caillat | Journaliste Rue89

    L’avocat Jacques Vergès est mort à 88 ans. De son mariage algérien à ses « grandes vacances », jusqu’au théâtre, voici le roman de sa vie.


    Jacques Vergès à Toulouse, le 30 janvier 2012 (BORDAS/SIPA)

    Mort dans la chambre de Voltaire, l’amoureux de la théâtralité qu’était l’avocatJacques Vergès n’aurait pu rêver plus belle fin.

    A 88 ans, il est décédé jeudi 15 août d’un arrêt cardiaque dans l’appartement du quai Voltaire, à Paris, où l’auteur de « Candide » avait émis son dernier souffle. Une amie l’hébergeait depuis qu’il était affaibli, ces derniers temps.

    Devenu célèbre pour avoir défendu le nazi Klaus Barbie, le dictateur serbe Milosevic, le terroriste Carlos et bien d’autres « causes perdues » (le dirigeant khmer rouge Khieu Samphan, le philosophe négationniste Roger Garaudy, le jardinier Omar Raddad...), Jacques Vergès a eu une vie aussi opaque que lumineuse.

    C’est d’abord son engagement auprès du Front de libération nationale (FLN) algérien et son mariage avec une militante de la décolonisation, Djamila Bouhired, qui en a fait l’archétype de l’avocat de combat.

    Retour sur le roman de la vie de cet homme à qui Bardet Schroeder avait consacré un magnifique documentaire, « L’avocat de la terreur ».

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    Né d’un couple mixte

     

    Nés en 1925 au Siam, dans ce qui est aujourd’hui la Thaïlande, Jacques et Paul sont les enfants d’un couple mixte culturellement et socialement : leur mère est une institutrice vietnamienne (qui mourra lorsqu’ils ont 3 ans) et leur père est Réunionnais, médecin et consul de France.

    Mais comme le rappelle Franck Johannès dans le Monde, le père des « jumeaux » aurait fait un faux, en déclarant la naissance des deux frères le même jour, alors qu’ils avaient un an d’écart, ainsi que l’a découvert l’un de ses biographes, Bernard Violet.

    Jacques Vergès serait-il plutôt né le 20 avril 1924 ? « Je m’en fous royalement », avait répondu l’avocat à Libération.

    Elevés à la Réunion, les deux frères partageront plus tard nombre de combats politiques communs, le communisme et l’anticolonialisme. Elu conseiller général de l’île en 1955, son jumeau Paul Vergès a créé le Parti communiste réunionnais puis exercé de nombreux mandats politiques. Il est aujourd’hui encore sénateur.

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    Admirateur de De Gaulle

     

    Jacques n’a pas 18 ans quand il s’engage auprès des Forces française libres en Angleterre. Admirateur du général de Gaulle, à qui il regrettait de n’avoir jamais pu serrer la main, Vergès a raconté au Point d’où venait cet engagement :

    « Si j’ai rejoint la France libre, c’est que je conservais en moi l’image d’une France idéale, celle que l’école laïque m’a inculquée, mère des arts, des armes et des lois. Je ne pouvais me résigner à ce qu’elle disparût sous la botte allemande. »

    En pleine guerre, il prend contact à Londres avec les représentants du PCF, « en prévision d’une autre guerre qui ne manquerait pas de survenir au lendemain de la victoire et que je livrerais à la France colonialiste », ajoute-t-il. En 1945, il adhère au PCF, qu’il quittera en 1957 lorsqu’il jugera le parti « trop tiède » sur l’Algérie.

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    Avocat parce qu’il faut bien un métier

     

    Il choisi finalement le métier d’avocat parce qu’il faut bien un métier (« agitateur public ne fait pas une vie », dit-il), et prête serment en 1955.

    « Le droit n’était pas ma vocation, j’ai étudié l’histoire et les langues, mais je me suis dit qu’avec ce métier, je serais libre. »

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    L’Algérie : son histoire d’amour

     

    Pendant la guerre d’Algérie, sa fibre anticolonialiste le pousse à rejoindre le FLN et à défendre Djamila Bouhired, poseuse de bombes meurtrières à Alger.

    C’est là qu’il élabore sa stratégie de « défense de rupture » : au lieu de chercher à minimiser les faits et à obtenir l’indulgence des juges, l’avocat prend l’opinion à témoin et accuse le système d’être responsable des tortures infligées aux combattants.

    Sa cliente est d’abord condamnée à mort puis finalement graciée et devient une héroïne nationale en Algérie.

    Jacques Vergès l’épouse, s’installe à Alger après l’indépendance, se convertit à l’islam, prend la nationalité algérienne et se fait appeler « Mansour ». Le couple a deux enfants, mais l’avocat, qui y a été chef de cabinet du ministre des Affaires étrangères et fondé avec son épouse la revue tiers-mondiste, Révolution africaine, part finalement au début des années 70 pour d’autres cieux.

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    Neuf ans de grandes vacances

     

    Le Monde du 26 mai 1970 publie un petit entrefilet, « Me Vergès, dont la famille était sans nouvelles depuis le 17 mars, a fait savoir à son éditeur, M. Jérôme Lindon, qu’il était en bonne santé à l’étranger ».

    On sait qu’il a rencontré Mao en Chine et épousé la cause palestinienne mais, sur ce que fut sa vie entre 1970 et 1978, le mystère reste entier. Un appel à témoins avait même été lancé par ses proches dans la presse.

    Un problème financier pourrait avoir été la cause de sa disparition. Le Mossad, les services secrets israéliens, voulaient le tuer car il défendait la cause palestinienne, a écrit le juge Thierry Jean-Pierre dans un livre.


    Ces « grandes vacances très à l’est de la France » l’auraient amené à travailler en Extrême-Orient pour le compte des services secrets chinois, et se serait également rendu utile à leurs homologues français, croit savoir Le Monde.

    Lors de son interview Point, en mars dernier, il avait à moitié levé le voile :

    « Un soir de mars, ma porte s’est ouverte et le vent m’a soufflé : Pars ! , et je suis parti pour des aventures qui ont duré neuf ans. [...] J’étais un peu partout. Parti vivre de grandes aventures qui se sont soldées en désastre. Nombre de mes amis sont morts, et, pour les survivants, un pacte de silence me lie à eux. »

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    « Je m’aime passionnément »

     

    Vergès a pris goût aux cigares, lorsque « le Che m’a envoyé les meilleurs Havane », se plaisait-il à raconter. Un goût du cigare qui est aussi un goût du luxe. Dans le documentaire Empreintes réalisé sur lui en 2008, il décrivait ses goûts :

    « J’aime les cigares de Cuba et j’achète mes cigares. [...] J’essaie de m’habiller du mieux possible. Bon, je préfère le cachemire au coton, c’est mon goût.

    D’où vient cet argent ? C’est très simple. Quand il m’arrive de défendre des princes, je leur demande des honoraires princiers. Et quand je défends des jardiniers, je ne leur demande rien. »

    Dans la même émission, il déclarait aussi : « Je m’aime passionnément. »

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    « On est toujours le nazi de quelqu’un »

     

    Devenu célèbre en France à partir du procès du nazi Klaus Barbie, en 1987, Jacques Vergès devient un bon client des plateaux télés.

    Thierry Ardisson l’invite régulièrement depuis qu’il a déclaré sur son plateau en 1991 :

    « On est toujours le nazi de quelqu’un. »

    En 2002, il a l’occasion de s’expliquer plus longuement sur les raisons pour lesquelles il défendrait tout le monde. « Plus l’accusation est lourde plus le devoir de défendre est grand, comme un médecin doit soigner tout le monde », dit-il. Il s’est dit prêt à défendre Bush comme il aurait défendu Hitler, mais à condition qu’ils plaident coupables.

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    Anti-droit de l’hommiste

     

    Toujours sur le plateau de Thierry Ardisson, il décrit son aversion pour le droit de l’hommisme.

    Celui qui a dit que « les poseurs de bombes sont des poseurs de questions », se définissait comme un « salaud lumineux ». Il a souvent fustigé la politique étrangère de la France, ce qui l’a a mené par exemple à aller défendre Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, alors que la France soutenait Alassane Ouattara.


    Jacques Vergès est mort (Chimulus)

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    Acteur de son propre rôle

     

    Sur le tard, cet amateur de littérature était devenu acteur de son propre rôle.

    Dans « un monologue théâtral aux allures d’autoprocès », il avait interprété « Serial plaideur », où il replaçait la théâtralité de la justice à l’échelle de l’humanité, en convoquant Jack l’éventreur, Sophocle ou Jeanne d’Arc.

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    La robe et la plume

     

    Auteur de plus d’une vingtaine de livres, dont le « Dictionnaire amoureux de la justice » (Ed. Plon), « Le Salaud lumineux » (Ed. Le livre de poche, 1992),« Justice pour le peuple serbe » (Ed. L’Age d’homme, 2003), « Beauté du crime » (Ed. Plon), « La Démocratie à visage obscène » (Ed. Table ronde, 2004), « Sarkozy sous BHL » (Ed. Pierre-Guillaume de Roux, 2011)...


    « De Mon Propre Aveu » de Jacques Vergès

    Il aimait se comparer au livre de Bernanos« Journal d’un curé de campagne » et se voyait bien dans le rôle du personnage « qui essaie de comprendre ».

    Interrogé par Sud Ouest à l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage, « De Mon Propre Aveu » (Ed. Pierre-Guillaume de Roux, 2013), il disait :

    « Il est certain qu’il y a entre la justice et la littérature un rapport très grand. La tragédie est le sujet du roman, mais aussi celui du procès. »