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Azel Guen : Décryptage de l'Actu Autrement - Page 103

  • L’enquête sur l’eau du robinet fait des remous !

    robinet

    Le 20 mars, une enquête de l’UFC-Que Choisir révélait des résultats inquiétants quant à la qualité de l’eau du robinet en France. En effet, si l’immense majorité des Français bénéficient d’une eau de bonne qualité, près de deux millions de consommateurs ont, eux, accès à une ressource contaminée par divers polluants, principalement d’origine agricole. Des courriers ont été adressés aux maires concernés pour réclamer une pleine information des administrés et des mesures permettant d’améliorer la qualité de la ressource.

    Depuis, je vais de surprise en surprise ! Entre les maires qui tirent sur le messager, ceux qui découvrent la situation alarmante de leur commune et les services de distribution de l’eau qui avouent candidement des pratiques « borderline », les suites de l’enquête s’avèrent tout aussi instructives que ses conclusions !

    De nombreux services de l’eau se disent par exemple « obligés » de recourir à des captages pollués lors de périodes de pénuries, le débit du captage habituel (de bonne qualité) étant insuffisant. Ces mélanges douteux occasionnent des analyses en dents de scie : satisfaisantes une grande partie de l’année, elles peuvent dépasser les doses limites lorsqu’on recourt au captage pollué ! De fait, certains captages réputés fermés car trop pollués reprennent du service en cas d’urgence. C’est ainsi qu’il a fallu avertir 4000 foyers des environs d’une commune de Bourgogne de l’interdiction de consommer l’eau du robinet !

    Corollaire de ces pratiques : la disparition fréquente de relevés d’analyses des « captages mystères ». Le consommateur qui cherche à apprécier la qualité de l’eau qui lui est délivrée sur le site du ministère de la Santé ne pourra, par exemple, accéder aux résultats de tel captage pour l’année 2011. Et pour cause : ce dernier est réputé fermé. Sauf si… Or, une qualité de l’eau s’apprécie sur au moins un an, afin de tenir compte des variables saisonnières ! Mais moins un réseau dessert d’habitants, moins les contrôles sont fréquents… et donc moins les éventuelles pollutions ont de chances d’être repérées !

    Face à ces zones d’ombre, je réclame le renforcement des contrôles menés par le ministère de la Santé. Les autorités se doivent de fournir aux consommateurs des données… claires comme de l’eau de roche !

    1. Le 3 avril 2012 à 16:42, par Chantal

      Il n’y a rien de très clair comme de l’eau de roche, dans notre eau, et aujourd’hui, dans ma messagerie, c’est la journée de l’eau aussi.

      Monsieur Bazot, ne le prenez pas mal si un journal concurrent est cité.

      http://petitlien.fr/5vbp

      http://www.amisdelaterre.org/grandsbarrages

      http://petitlien.fr/5vbq

    2. Le 11 avril 2012 à 9:27, par Alain

      « Face à ces zones d’ombre, je réclame le renforcement des contrôles menés par le ministère de la Santé. »

      Allons, vous avez un gouvernement d’extrême-droite ultra-libéral au pouvoir et vous pensez qu’il va améliorer les contrôles ?..
      Il persistera dans le laxisme, mieux réduira encore les moyens des collectivités territoriale, via les lois de décentralisation qui organisent avec une puissance sans précédent depuis 5 ans la pénurie.
      Son objectif est de remplacer les services public d’intérêt général, par des entreprises privées. Il ne l’a pas caché. L’entreprise c’est supérieur à ces feignants de fonctionnaires, toujours en grève et peu corruptibles. D’ailleurs, il n’a pas arrêté de leur taper dessus et de leur sucrer des augmentations au moins correspondant à l’inflation.

      C’est pour cette majeure raison que les services publics communaux de l’eau sont voués à se dégrader à peu près partout. Tant que les français ne se décideront à renvoyer le staff aux manettes dans sa vraie patrie l’Amérikke.

    3. Le 13 avril 2012 à 12:01, par Akrani

      Vous avez repris et compilé les tests des DDASS

      je croyais que l’UFC Que Choisir avait pour principe de faire ses tests lui même, en étant indépendant « de l’état et du fabricant » (pour reprendre le slogan de votre magazine).

      Sincèrement, c’est un choix ou un problème de budget ?

    4. Le 14 avril 2012 à 1:49, par Chantal
  • L’huile de palme sur le grill


    NOV
    21

    L’huile de palme sur le grill

     

    Au vu des péripéties du budget de la Sécu (députés et sénateurs ont encore échoué, hier, à trouver un accord sur le texte), l’avenir du très médiatisé amendement « Nutella » semble compromis ! Dommage, car cette mesure adoptée par les sénateurs constituait enfin un pas dans le bon sens. Il s’agissait de quadrupler la taxe sur l’huile de palme, un ingrédient bourré d’acides gras saturés que l’on retrouve dans de nombreux aliments (et notamment le Nutella) : chips, margarines, barres chocolatées, céréales du petit déjeuner, gâteaux industriels… La mesure se voulait un appel aux fabricants à remplacer l’huile de palme par des ingrédients moins nocifs.

    Mais les sénateurs auraient pu/dû aller plus loin en élargissant leur approche à d’autres nutriments. L’huile de palme est loin d’être la seule à poser problème. L’UFC-Que Choisir demande la création d’un signal prix clair pour les consommateurs visant à encourager la consommation d’aliments équilibrés, et à dissuader l’achat des produits trop gras, sucrés ou salés. Il n’est pas cohérent de conserver un taux réduit de TVA pour des produits qui ne sont en aucun cas de première nécessité, et qui constituent une des causes de l’épidémie d’obésité dans notre pays. Il faut rétablir une TVA à taux plein s’agissant de ces produits. Une idée qui, en cette période de vaches maigres, permettra aussi aux finances publiques de refaire du… gras !

    1. Le 27 novembre 2012 à 13:08, par bienseporter

      De l’huile de palme au cholestérol et à la levure de riz rouge, il n’y a qu’un pas. Et je le franchis. Je dirais désinformation de votre part à propos de la levure de riz rouge car associée au co-enzyme Q10 (ce qui est toujours conseillé par les naturopathes et certains pharmaciens) aucun des effets secondaires annoncés contrairement aux statines qui dégradent les muscles entre autres, dont le cardiaque.
      Voilà, c’est dit et une marque (que je ne peux pas citer car publicité) vend une préparation avec les dosages adéquats.
      (coop bio)
      Cordialement, en espérant que vous pousserez vos investigations. R Rubeo

    2. Le 5 décembre 2012 à 9:02, par l'empoisonneur des syndics

      il serait temps de prendre le taureau par les cornes, car à voir la population américaine, il me semble que nous prenions le pas du gras et du gros, après il faudra payer les docteurs, nutritionnistes, chirurgiens, plasticiens… et autres en plus les messages publicitaires pour vous dire comment manger…et qui va encore payer…. la collectivité ce qui est déjà une façon de dire qu’interdire l’huile de palme est une action de bien public, quel politique aura le courage de le faire car finalement cette industrie n’engraisse pas seulement le consommateur….car nous mangeons ce que les industriels vendent et trouver un aliment sans huile de palme, un vrai parcours du combattant, alors encore le consommateur paiera la taxe et le reste pour se faire soigner

    3. Le 5 décembre 2012 à 14:58, par bébé

      Pour + d’infos sur l’huile palme et ses méfaits, consultez:

      http.//nopalmepln.tumblr.com

    4. Le 6 décembre 2012 à 0:01, par France

      Il faut interdire l’huile de palme. Quand je pense à tous ces enfants qui en consomment quotidiennement, c’est un danger pour la santé. Que font nos ECOLOS, nos ELUS, je les trouve très frileux, comme d’ab.

    5. Le 19 décembre 2012 à 23:54, par blanchepb

      Bonjour,

      tout à fait d’accord avec une diminution drastique de l’huile de palme. En cherchant bien, on trouve tout de même des gâteaux au beurre, c’est plus difficile pour le pain de mie et les biscottes mais on trouve.J’aime mieux acheter légèrement plus cher et diversifier mieux mon alimentation, cela revient au même à la fin du mois, et cela n’empêche pas de se faire plaisir. Si chacun boycotte, les industriels chercheront peut-être à remplacer ce produit.


  • Israël : l’odyssée d’un avocat...

    Israël : l’odyssée d’un avocat dans un Etat de non-droit 

    18 février 2013

    Le conflit israélo-palestinien est le plus traité par les médias. De nos téléviseurs, nous ne savons différencier l’agresseur de l’agressé, tout nous paraît si complexe. Alexis Deswaef, avocat au Barreau de Bruxelles et président de la Ligue des droits de l’Homme a décidé de se rendre sur place pendant dix jours avec une équipe de juristes spécialisés en droit international. Il en a tiré un livre, « Israël-Palestine : au coeur de l'étau ». Son ouvrage aborde les questions qui font mal : l’occupation militaire, la colonisation civile, le mur d’annexion, les prisonniers politiques, l’exploitation des ressources des territoires palestiniens ou encore le régime d’apartheid en Israël. Pour Investig’Action, Alexis Deswaef est revenu sur son voyage pas comme les autres.
    (1) Contrôle militaire dans la vielle ville à Hébron à l'approche de la colonie de Tel Romeida
    Qu’est-ce qui vous a motivé à effectuer ce voyage en Israël ?
    Nous étions un groupe de juristes spécialisés en droit international. Plusieurs d’entre nous avaient traité des dossiers sur base de la loi dite de compétence universelle, comme la plainte des réfugiés birmans contre Total pour complicité de crime contre l’humanité en Birmanie, mais également un dossier contre les dirigeants du gouvernement israélien suite à l’agression militaire contre la bande de Gaza, l’Opération « Plomb Durci ».
    Dans le même temps, nous suivions la situation du conflit israélo-palestinien.Nous avons beau avoir lu beaucoup sur ce conflit, nous voulions aller sur place pour mieux comprendre. Notre intuition était de dire que c’est par le droit international et l’application de celui-ci que ce conflit pourra se résoudre. Cette intuition est devenue une conviction.
    Quel a été votre premier sentiment lorsque vous avez atterri à l’aéroport de Tel-Aviv ?
    Nous avons beau être prévenus, nous avons beau nous être préparés à cette arrivée, nous attendre à un interrogatoire serré, il faut le vivre pour le comprendre. Effectivement, nous avons été conduits au poste de la police des frontières et avons eu droit à ces interrogatoires croisés. D’abord les plus jeunes du groupe sont interrogés et mis sous pression pour connaître le motif du voyage. Ensuite, les réponses sont confrontées. Après deux heures de stress et une sévère mise en garde couplée à une interdiction de toute activité ou rencontre politique sous peine d’être arrêté et expulsé du pays, nous avons enfin reçu le cachet dans le passeport pour entrer en Israël.
    Quel est l’état des tribunaux de la « seule démocratie » du Moyen-Orient ?
    Durant ces dix jours, le choc a été permanent. Nous avons rencontré de multiples témoins tant israéliens que palestiniens. Les violations des droits fondamentaux des Palestiniens par les Israéliens sont omniprésentes. Ce qui nous intéressait aussi d’examiner là-bas, c’était les recours possibles dont peuvent bénéficier les Palestiniens. Deux exemples me viennent à l’esprit. Le premier était de voir si les exactions commises lors de l’Opération « Plomb Durci » à Gaza avaient pu, devant les tribunaux israéliens, aboutir à des condamnations de militaires israéliens pour mettre fin à cette impunité dans le droit de la guerre et le droit international. Nous n’avons reçu aucune réponse positive à cet égard. Le deuxième exemple concerne la confiscation des terres et des maisons par les colons israéliens dans des quartiers de Jérusalem-Est ou à Hébron en Cisjordanie, mais aussi en Israël avec les terres des bédouins du Néguev confisqués par les Juifs israéliens.
    Les recours que les Palestiniens peuvent introduire devant les juridictions israéliennes, jusqu’à la Cour suprême, sont tout à fait inefficaces. Les cours et tribunaux ne réparent en rien les injustices commises par les Israéliens.Effectivement, les tribunaux en Israël fonctionnent peut-être très bien pour les Israéliens mais ne sont d’aucune utilité pour les Palestiniens vivant en Cisjordanie ou en Israël.
    Même au niveau du droit des enfants palestiniens ?
    Le droit des enfants est préoccupant. Les enfants sont détenus dans les prisons israéliennes et font l’objet de détentions administratives. N’importe quel juriste constatant les conditions de la détention administrative ne peut que s’indigner. C’est une détention arbitraire. Ils sont jugés devant des tribunaux militaires, des sortes de tribunaux d’exception. Les droits des enfants conformément à la Convention internationale des droits de l’enfant ne sont pas du tout respectés.
    Quel est le quotidien des Palestiniens de Cisjordanie et d’Israël ?
    Le conflit israélo-palestinien n’est peut-être pas le conflit le plus meurtrier au monde. L’horrible exemple de la Syrie est là pour le prouver. Cependant, c’est probablement une des pires situations au monde au niveau des injustices quotidiennes et de l’application du droit. Le quotidien des Palestiniens tant en Cisjordanie, qu’en Israël est absolument inacceptable sur le plan du respect des droits fondamentaux. Cela se caractérise par les contrôles excessifs aux checkpoints, par le risque d’arrestation à tout moment ou par les discriminations dont ils sont victimes. Il faut bien se rendre compte que leur quotidien est un quotidien d’apartheid !
    En Cisjordanie se développe depuis des années une colonisation civile massive protégée par l’occupation militaire israélienne. Les Palestiniens sont freinés, avec ces territoires morcelés, dans leur vie quotidienne, dans leurs déplacements, dans leurs activités économiques, dans leurs démarches pour les soins de santé. Toute activité du quotidien est entravée par cette occupation, sans parler des routes de contournements, des checkpoints, des barrages et des incursions des forces armées israéliennes. Le territoire est divisé en zones A, B et C. La zone A est contrôlée entièrement par l’Autorité palestinienne. Malgré tout, cette zone n’est pas à l’abri d’incursions de l’armée israélienne où encore récemment des ONG en plein cœur de Ramallah ont vu leurs bureaux perquisitionnés et saccagés.
    En Israël, les citoyens arabes israéliens sont considérés comme des citoyens de seconde zone. Ils n’ont pas accès à toute une série de droits dont les citoyens juifs jouissent. C’est pour cela que nous pouvons parler d’un apartheid à tous les niveaux. Evidemment, c’est en total violation du droit international.
    Malgré tout cela, les défenseurs d’Israël disent que c’est la seule démocratie du Moyen-Orient…
    Israël n’est pas, ou plus, une démocratie pour la simple raison que le gouvernement israélien a mis une autre valeur au-dessus de la démocratie, c’est l’état Juif. Toute leur politique est construite en référence à cet état Juif avec une des composantes de cette politique qui est la politique d’apartheid, mise en place au détriment des citoyens arabes d’Israël, ainsi que des Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza.
    Prouvez-nous où Israël viole le droit international ?
    Dans le conflit israélo-palestinien, il est important d’utiliser les bons mots pour décrire la situation. Effectivement, il y a une occupation militaire d’un état car la Palestine l’est devenu. Le droit international interdit d’installer des civils dans le territoire qu’on occupe militairement. L’actualité nous le montre encore, Israël n’arrête pas d’intensifier cette colonisation civile qui fait en sorte que la Palestine ne ressemble qu’à un gruyère, avec quasiment plus de trous que de fromage.
     Il y a aussi la question de la détention arbitraire des prisonniers politiques palestiniens, pas du tout conforme au droit international. Leur « mur de sécurité » constitue en soi aussi une violation du droit international. Ce mur de séparation est en réalité un mur d’annexion.
    Un dernier exemple des violations du droit international est l’exploitation des ressources des territoires palestiniens par l’occupation israélienne. Notamment dans la vallée du Jourdain, nous assistons à un pillage des ressources palestiniennes. Toutes les cultures et les plantations de la vallée du Jourdain sont exportées dans le monde entier sous le faux label Made in Israël. Au niveau de la politique de l’eau aussi, les nappes phréatiques sont pompées par Israël qui fait que la Palestine n’a pas accès à l’eau. La Palestine est contrainte d’acheter son eau à Israël au prix fort.
    Les colonies sont illégales en droit international. La Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme (FIDH) a sorti récemment, en octobre 2012, un rapport sur cette colonisation et la complicité de l’Union Européenne dans ce processus. Le rapport s’intitule ‘La paix au rabais : comment l’Union Européenne renforce la colonisation israélienne’. Il dénonce ce double langage. D’un côté, la communauté européenne condamne la colonisation israélienne en Palestine. Et d’un autre côté, elle importe massivement des produits en provenance des colonies qui portent le label Made in Israël, renforçant ainsi la colonisation illégale. Il faut que cela cesse ! C’est une question de cohérence entre les paroles et les actes. L’Union Européenne devrait aussi dénoncer les accords commerciaux privilégiés qu’elle a noués avec Israël parce qu’il ne respecte pas du tout la « clause droits de l’Homme » prévus dans ces accords.Nous pouvons parler également du boycott qui est plutôt un acte citoyen, non-violent et de protestation, pour créer un électrochoc surtout auprès des dirigeants israéliens mais aussi auprès de la population israélienne pour qu’elle fasse pression sur son gouvernement. Il faut toucher là où ça fait mal, au niveau du portefeuille, pour réveiller les consciences.
    Le gouvernement extrémiste dirigé par Benjamin Netanyahou ne s’arrêtera pas dans son élan s’il n’est pas mis face à ces actes. Est-ce qu’il aurait relancé une agression militaire de la sorte contre Gaza il y a quelques mois si après l’Opération « Plomb Durci » en 2009, il avait été poursuivi devant la Cour pénale internationale tel que le procureur Moreno-Ocampo aurait pu le faire ? Pour des raisons totalement erronées, ce dernier a botté en touche et n’a même pas voulu ouvrir une enquête préliminaire. C’est seulement à partir du moment où des poursuites seront engagés et que les autorités israéliennes devront rendre des comptes, qu’elles comprendront leurs obligations de respecter le droit international. Il faut mettre fin à l’impunité des dirigeants israéliens. A partir de là, nous éviterons de nouveaux actes contraire au droit international.
    Le gouvernement israélien a choisi une voie sans issue. La seule solution au conflit est une solution à deux états démocratiques et viables, en revenant aux frontières de 1967 sur base du tracé de la ligne verte. C’est aussi la seule solution qui puisse garantir la survie d’Israël. Tout le propos que je tiens ne fait pas de moi un ennemi d’Israël. Je devrais plutôt être qualifié d’ami d’Israël et disant tout cela. Dans la voie sans issue qu’il s’est choisi, Israël court à sa perte.
    Vous avez parlé de la mobilisation citoyenne, vous dites dans votre conclusion que l’indignation c’est bien mais que l’action c’est mieux !Vous avez évoqué le boycott, comment peuvent agir les citoyens concrètement ?
    Effectivement, le boycott est un moyen non-violent d’action. Cela consiste à dire d’un produit entaché par des inégalités et des violations du droit international, je ne l’achète pas, je le boycotte. Nous pouvons tout à fait faire le parallèle avec le boycott du régime sud-africain au moment de l’apartheid. Nous avons pu voir que la solidarité citoyenne a pu faire plier un régime raciste.
    Vous dites du boycott que c’est un acte citoyen mais beaucoup d’hommes politiques et journalistes s’indignent de la campagne BDS (Boycott-Désinvestissement-Sanctions) comme quoi cette dernière serait illégitime. Le boycott est-il illégal au niveau du droit ?
    Le boycott n’est pas illégal. Tout le monde est libre d’acheter ou de ne pas acheter un produit. Le droit à la liberté d’expression permet encore, jusqu’à preuve du contraire, qu’un citoyen puisse dire publiquement qu’il estime qu’il ne faut pas acheter tel produit pour telle ou telle raison.
    Et en réponse à ceux qui disent que c’est illégal, ces derniers inversent les choses et devraient faire attention. La responsabilité pénale de ceux qui importent des produits qui sont entachés par l'illégalité de la colonisation pourrait être soulevée. Tous les maillons de la chaîne, jusqu’aux distributeurs ici mettant en vente ces produits peuvent être mis en cause. Tirant des bénéfices de produits issus de faits qui violent le droit international, ils sont finalement complices et pourraient être poursuivis pour blanchiment, infraction pénale qui consiste à tirer profit d’une activité tout à fait illégale là-bas et à réinjecter ce profit dans l’économie ici. L’acte illégal n’est pas où l’on pense. Pour un état ou pour les multinationales, c’est très facile de s’attaquer aux citoyens qui boycottent ou qui prônent le boycott, mais ils doivent réaliser qu’une riposte est possible en droit.
    Le conflit vu d’ici parait si compliqué…
    De nombreux lecteurs de mon livre m’avouent que ce conflit vu d’ici leur parait tellement compliqué, qu’on ne sait plus très bien l’origine du conflit et où se situent les responsabilités. C’est pour cela aussi que j’ai mis en annexe une ligne du temps et des cartes qui expliquent le contexte historique et géographique. Cela permet de remettre les choses à leur place. Ces lecteurs me disent que maintenant, quand ils lisent les journaux, ils comprennent mieux ou sont davantage critiques avec ce que les médias leur présentent. L’objectif principal était donc de témoigner. Le pari était un peu fou, de dire en 10 jours, essayons de comprendre même s’il nous faudrait beaucoup plus de temps. Le but du livre est de faire voyager le lecteur avec nous, dans notre minibus en mission à la rencontre de la réalité du terrain.
    Que retenez-vous de ce voyage ?
    J’ai été très impressionné par les rencontres avec ces véritables héros qui luttent pacifiquement pour leurs droits et leur dignité. D’un point de vue personnel, je suis sorti moralement et physiquement épuisé par ce que j’ai vu et entendu. Je suis revenu avec la ferme intention de témoigner des injustices que nous avons vues de nos yeux. En les dénonçant, nous pouvons peut-être contribuer, modestement, à les faire cesser. Faire en sorte que personne ne puisse dire : « On ne savait pas ! ».
    (1ère Photo) Contrôle militaire dans la vieille ville à Hébron à l'approche de la colonie de Tel Romeida
    (2ème Photo) Alexis Deswaef accompagné de Fadwa Barghouti, femme du prisonnier politique et résistant Marouane Barghouti, dans son bureau de Ramallah
    Propos recueillis par Mouâd Salhi pour Investig’Action michelcollon.info
    Alexis Deswaef sera présent à la Foire du Livre le vendredi 8 mars entre 17h et 18h au stand "Couleurs Livres"

    Boycott Droit international Israël-Palestine 


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  • N’aie pas peur, tata Véro

    N’aie pas peur, tata Véro 

    16 mars 2013

    Le passage de Véronique Genest à l'émission de Laurent Ruquier a secoué la blogosphère. L'interprète de Julie Lescaut a confirmé son islamophobie et confessé des positions extrêmes sur le conflit israélo-palestinien. Mais que celui qui n'a jamais flippé lui jette la première pierre.

    — Tu as vu, chérie ? Julie Lescaut avoue qu'elle est islamophobe. Je me disais bien aussi, commissaire depuis vingt ans sur TF1...
    — Mais non mon amour, c'est Véronique Genest qui s'explique chez Ruquier.
    Ma chère Véronique, permets-moi de te tutoyer. Depuis le temps que tu partages nos vies à travers la petite lucarne, tu fais un peu partie de la famille. Il faut reconnaitre, tata Véro, que tu dégages une sympathie naturelle, quelque peu écornée ces derniers temps certes, mais que peu de gens peuvent revendiquer. Certains s'y essaient parfois, maladroitement. Angela Merkel peut bien mettre des boucles d'oreilles fantaisie et étirer quelque peu ses babines d'ordinaire figées, les Grecs ne s'y trompent pas. Raymond Domenech pourrait balancer des blagues grivoises en troisième mi-temps de ligue alsacienne, il garderait cet air blafard qui fascine tant les fabricants d'anxiolytiques. Mais chez toi, tata Véro, c'est inné. Tu as même écrit un livre de régime dans lequel tu préconises de ne se priver de rien. Autant dire que ton capital sympathie pèse lourd.
    C'est ce qui explique sans doute que les chroniqueurs de Laurent Ruquier ne t'ont pas réduite en charpie malgré les quelques absurdités que tu as pu glisser sur le plateau. Il t'a suffi de reprendre un verre d'eau et de brandir ton état de fatigue avancé pour sauver les meubles d'une interview qui aurait pu tourner à l'expulsion définitive du PAF. Ce ne fut pas facile. Ça aurait pu être pire. Sur les réseaux sociaux en revanche, les commentaires se sont faits plus virulents. Ta prestation de samedi soir a fait le buzz, souvent accompagnée de noms d'oiseaux que ma morale d'ornithologue m'interdit de reproduire ici. Mais, autant te le dire tout de suite, je ne t'écris pas ces quelques lignes pour hurler avec les loups. Bien au contraire.
    C'est vrai, tu as dit que tu étais islamophobe. Mais tu as surtout reconnu que tu avais peur. Comme on peut craindre les araignées ou les ascenseurs, toi, tu redoutes les musulmans. En reconnaissant ouvertement ta peur, tu as déjà franchi un cap important. Beaucoup n'en sont pas capables, du genre à trembloter tout dégoulinant en haut d'un escabeau en demandant : « Quoi, le vertige ? ». Pas toi, tu assumes ta phobie, tous tweets dehors. Aussi, l'important à présent n'est pas de combattre l'objet de ta peur, mais ta peur elle-même.
    Ma fille a peur du noir en ce moment. J'écris bien du noir et non des noirs. Ça aurait peut-être été plus facile pour établir une analogie avec tes propres angoisses, mais tu vas rapidement comprendre où je veux en venir, ne t'inquiète pas. Ma fille a peur du noir donc. Elle s'imagine que, tapis dans l'obscurité de sa chambre, d'effroyables monstres n'attendent qu'à perturber son sommeil d'ange. Nous savons bien qu'à part une garde-robe, un lit et quelques jouets, rien n'occupe le petit espace où chaque soir, elle sombre dans les bras de Morphée. Et pourtant, la petite n'est pas tranquille. Son imagination la travaille, prend le pas sur la raison. Un peu comme toi et l'Islam. Pour rassurer ma fille, je laisse la porte entrouverte afin que la lampe du palier projette sur son lit un réconfortant filet de lumière. J'espère de même que tu m'ouvriras un peu ton esprit pour que je puisse éclairer ta lanterne.
    Dans une interview au Parisien, tu déclares : « Bien sûr que je ne parle que des extrémistes. Mais je vois les infos, les appels à rétablir la charia, les foules en liesse dans la rue, parfois, quand il y a des attentats. Alors oui, l’islam me fait peur ». C'est bien le problème. Tu parles de quelque chose que tu ne connais pas vraiment, mais que ton esprit ne semble pouvoir approcher que par le prisme des médias. Or, tu es bien placée pour savoir que la presse se plait à sacrifier la platitude de la réalité sur l'autel du sensationnalisme. Tes déclarations en ont fait les frais. Tu connais l'adage : les trains qui arrivent à l'heure, ça n'intéresse personne. Mais une locomotive qui déraille et fait 18 morts... C'est pareil avec les musulmans. Un brave type qui vit sa foi tranquillement comme des millions d'autres a peu de chance de voir s'ouvrir les portes du 20h. En revanche, il suffit qu'un cagoulé agite sa ceinture d'explosifs aux cris d'Allah Akbar pour que l'audimat grimpe en flèche. Quand on a du temps de cerveau disponible à refourguer à Coca-Cola, le choix entre les deux profils est vite fait.
    Sur le plateau de Laurent Ruquier cependant, tu ne t'es pas totalement affichée comme une vulgaire mécréante apeurée par son ignorance. Tu as prétendu avoir lu le Coran. Samia Sassi et Mouss Diouf, deux anciens collègues de la série Julie Lescaut, t'en auraient offert chacun un exemplaire. On imagine déjà l'effroi qu'ont pu susciter de telles révélations auprès de la France profonde. Ainsi donc, des intermittents du spectacle contribuent à l'islamisation du pays entre deux prises sur les plateaux de TF1. Mais Samia Sassi a formellement démenti ces allégations depuis. De son côté, Mouss Diouf n'aura pas le loisir de revenir sur ta déposition. On espère juste qu'il n'est pas occupé à faire des triples saltos arrière au fin fond de sa tombe.
    Tu affirmes néanmoins avoir lu le Coran. Deux fois. Et ce que tu as pu y lire t'a flanqué la trouille. Il faut reconnaitre que certaines sourates sont plutôt flippantes. Mais as-tu déjà lu la Bible, la Torah ou le Talmud ? Ça ne dégouline pas d'amour à chaque page comme un roman de Cartland. En fait, tout dépend de la manière d'interpréter ces livres. Aussi, pourquoi réduire l'Islam à une poignée d'enragés coupeurs de mains, alors qu'on accepte l'idée que l'Église catholique puisse regrouper des composantes aussi diverses que l'abbé Pierre et les allumés qui incendient des cliniques d'avortement ? Tu avoues toi-même ne viser que les intégristes, mais c'est tout l'Islam qui te fait peur. Pour surmonter tes craintes et pousser plus loin la réflexion, je te recommande vivement la lecture de « L'Islam imaginaire » de Thomas Deltombe.
    Enfin, il y a tes considérations sur le conflit israélo-palestinien. Visiblement, sous ta chevelure flamboyante, la hasbara[1] s'est nichée une place douillette aux côtés de ton islamophobie assumée. Il faut bien reconnaitre qu'avec Jonathan-Simon Sellem, le candidat que tu te proposes de suppléer aux législatives partielles, tu es aux premières loges. À propos du webzine sioniste qu'il a fondé, JSS News, les internautes les plus taquins se plaisent à dire que le « J » est facultatif. C'est rude, je te le concède. Tout comme cet article sur la disparition de Stéphane Hessel, titré avec finesse : "Hessel : il puait des bras, il pue le mort ! 
    Il paraît, tata Véro, que tu lis beaucoup pour aller au fond des choses. Je t'invite donc à laisser un peu de côté tes brochures du CRIF pour t'ouvrir à d'autres horizons. C'est avec plaisir que je t'enverrai un exemplaire d'« Israël, parlons-en ». Oh, j'imagine bien que dans ton entourage, on te glissera que ce vulgaire pamphlet va te brûler les doigts. Qu'il mérite de caracoler au rayon « best-sellers » des librairies islamiques, aux côtés de « Mein Kampf ». Ou bien encore qu'il réunit une belle brochette d'antisémites, qui sentent des pieds et qui feraient passer les jeunesses hitlériennes pour des supporters du Maccabi Haïfa. Alors de grâce, ne t'arrête pas à ces étiquettes, tout comme je l'ai fait avec toi.
    Tant qu'on y est, je te recommande aussi la lecture du récent « Palestine, l'État de siège ». Il réunit des interviews de Noam Chomsky et d'Ilan Pappé. À propos du premier, le New York Times questionne : « C'est le plus important intellectuel de notre époque. Mais pourquoi dit-il toutes ces horreurs sur la politique étrangère des États-Unis ? » Comme je dis toujours, la réponse est dans l'énoncé. Le second est un historien israélien qui ne partage pas l'idée que la Palestine est une fiction. Et il ne manque pas d'arguments. Tu verras que cette histoire de terre sans peuple pour un peuple sans terre, c'est comme une pub Findus. Ça sonne bien, mais on n'y croit plus une seule seconde.
    Soyons clairs tata Véro, je ne m'attends à ce que tu deviennes, du jour au lendemain, une figure de proue de la campagne BDS[2]. Mais si tu pouvais déjà dire un peu de moins de conneries, ça nous ferait des vacances. Je t'embrasse.
    Source : Investig'Action
    Notes :

    [1] Propagande israélienne, ndlr
    [2] Campagne Boycott, désinvestissement et sanctions qui vise à exercer des pressions politiques, économiques et académiques contre Israël.

    Islamophobie  - Israël-Palestine  - Veronique Genest 

     
  • Les deux manières de se perdre

    Les deux manières de se perdre

    par Benoît Bréville, avril 2013

    La rengaine se récite sans peine : nous vivons dans un village planétaire où les nouvelles technologies, le commerce, la finance, mais aussi l’information, le sport et la culture ont fait voler en éclats les barrières nationales. Mobilité, fluidité, adaptabilité, le tiercé semble paré de toutes les vertus et chaque métier peut désormais revendiquer le label « sans frontières ». Médecins, pharmaciens, reporters, électriciens, architectes, archivistes... « On ne donne pas cher des professions et associations qui oublieraient sur leur carte de visite ce “Sésame, ouvre-toi” des subventions et des sympathies. “Douanier sans frontières”, c’est pour demain (1) », ironise un intellectuel français.

    Pourtant, loin du « décloisonnement » tant vanté, des séparations de toutes sortes (physiques, culturelles, symboliques...) continuent de fragmenter les sociétés. Dans les villes, les nantis se barricadent dans des gated communities, lotissements-bunkers et résidences privées où alarmes, vigiles, digicodes et caméras de surveillance veillent à leur quiétude ; ils protègent la réputation de leurs écoles grâce à une carte scolaire aux contours rigides qui enferme les jeunes des quartiers populaires dans des « zones urbaines sensibles » au découpage géométrique.Lors de ses loisirs ou sur son lieu de travail, il est rare qu’un cadre supérieur croise un ouvrier : au sein d’un même pays, l’entre-soi domine, le fossé social se creuse.

    Quant aux frontières nationales, elles n’ont pas davantage disparu. Au centre de multiples conflits territoriaux, elles se sont même étendues — depuis 1991 et l’implosion de l’URSS, plus de vingt-sept mille kilomètres de frontières ont été créés dans le monde, venant s’ajouter aux deux cent vingt mille kilomètres déjà existants — et renforcées. Aux quatre coins de la planète, des dizaines de milliers de policiers et de militaires, fusil en main, empêchent le passage d’intrus. Entre l’Ouzbékistan et le Kirghizstan, l’Inde et le Bangladesh, le Botswana et le Zimbabwe, les Etats-Unis et le Mexique, des murs se dressent pour écarter les voisins indésirables.

    Mais ils n’arrêtent pas les migrations : ils les filtrent. Minutieusement gardée, avec sa barrière haute de cinq mètres, ses mille huit cents tours de surveillance et ses vingt mille agents de sécurité, la frontière américano-mexicaine est aussi la plus souvent franchie au monde, en toute légalité, avec plus de cinquante millions de passages par an. Même le mur israélien, construit pour encercler le peuple palestinien, abrite trente et un points de passage (2). Puisqu’il est impossible d’empêcher le mouvement des hommes, faut-il lever toute entrave à la liberté de circulation ?

    Soulever cette question peut conduire à découvrir d’étonnantes convergences. Soucieux de préserver un droit humain fondamental, une grande partie des altermondialistes plaident pour une « politique ouverte de l’immigration », afin d’en finir avec des contrôles jugés aussi inutiles et dangereux que coûteux et inefficaces (3). A l’opposé du spectre politique, les porte-voix du néolibéralisme proposent la même réponse, mais avec d’autres arguments. Selon eux, la disparition progressive des frontières économiques, à grand renfort d’accords de libre-échange et autres unions douanières, doit s’accompagner d’une libéralisation des mouvements de population. Une telle mesure permettrait à l’économie mondiale de « s’enrichir de 39 000 milliards de dollars en vingt-cinq ans (4) », prophétise même l’économiste Ian Goldin, ancien vice-président de la Banque mondiale. C’est même au nom du « développement des entreprises » que le patronat britannique s’est opposé au gouvernement conservateur, son allié habituel, quand celui-ci a proposé de limiter les flux migratoires (5)...

    La convergence entre banquiers d’investissement et militants progressistes s’explique en partie par l’ambivalence des frontières, qui partagent les peuples et les cultures en même temps qu’elles les rassemblent et les préservent ; qui sont source de guerres, mais constituent des espaces d’échanges, de négociations, de rencontres culturelles, diplomatiques, commerciales. Menaçantes et protectrices, elles cristallisent les « deux manières de se perdre » définies par Aimé Césaire, « par ségrégation murée dans le particulier et par dilution dans l’universel (6) ».

    Benoît Bréville

    (1) Régis Debray, Eloge des frontières, Gallimard, Paris, 2010.

    (2) Michel Foucher. «  Actualités et permanence des frontières  », Médium, n° 24-25, Paris, 2010.

    (3) Attac, Pour une politique ouverte de l’immigration, Syllepses, Paris, 2009.

    (4) Ian Goldin, Geoffrey Cameron et Meera Balarajan, Exceptional People : How Migration Shaped Our World and Will Define Our Future, Princeton University Press, 2011.

    (5) «  Immigration : les patrons britanniques mécontents  », Les Echos, Paris, 29 septembre 2010.

    (6) Lettre d’Aimé Césaire à Maurice Thorez, 24 octobre 1956. Publiée dans Black Revolution, Demopolis, Paris, 2010