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GéoPolitik - Page 9

  • Libye : de Kadhafi à Al-Qaïda. En remerciant la CIA…

    Les États-Unis sont-ils sérieusement en guerre contre le terrorisme en Afrique ou le suscitent-ils au contraire pour servir leurs intérêts ? Enquête de Marc Vandepitte.

     

    État défaillant

    Le 11 octobre, le Premier ministre libyen a été brutalement enlevé avant d’être libéré quelques heures plus tard. Ce kidnapping est symptomatique de la situation dans le pays. Le 12 octobre, une voiture piégée a explosé près des ambassades de Suède et de Finlande. Une semaine auparavant, l’ambassade russe fut évacuée après avoir été envahie par des hommes armés. Il y a un an, la même chose s’était produite à l’ambassade américaine. L’ambassadeur et trois collaborateurs y avaient trouvé la mort. D’autres ambassades avaient été par le passé également prises pour cibles.

    L’intervention occidentale en Libye, comme en Irak et en Afghanistan, a instauré un État défaillant. Depuis l’éviction et le meurtre de Kadhafi, la situation sécuritaire du pays est hors de contrôle. Attentats sur politiciens, activistes, juges et services de sécurité sont monnaie courante. Le gouvernement central exerce à peine le contrôle sur le pays. Des milices rivales imposent leur loi. En février, le gouvernement de transition a été forcé de se réunir sous des tentes après avoir été expulsés du parlement par des rebelles en colère. Le bateau qui a coulé près de Lampedusa, noyant 300 réfugiés, provenait de Libye. Etc.

    La Libye détient les plus importantes réserves de pétrole d’Afrique. Mais suite au chaos qui règne dans le pays, l’extraction du pétrole est quasiment à l’arrêt. Désormais, le pays doit importer du pétrole pour assurer ses besoins en électricité. Début septembre, l’approvisionnement en eau vers Tripoli a été saboté, menaçant la capitale de pénurie.

    Bases pour terroristes islamistes

    Mais le plus inquiétant est la jihadisation du pays. Les islamistes contrôlent des territoires entiers et placent des hommes armés aux checkpoints des villes de Benghazi et Derna. Le personnage de Belhadj en est une parfaite illustration. Cet ancien (pour ainsi dire) membre éminent d’Al-Qaïda était impliqué dans les attentats de Madrid en 2004. Après la chute de Kadhafi, il devint gouverneur de Tripoli et envoya des centaines de jihadistes libyens en Syrie pour combattre Assad. Il travaille désormais à l’instauration d’un parti conservateur islamiste.

    L’influence de la jihadisation s’étend bien au-delà des frontières du pays. Le Ministre tunisien de l’Intérieur décrit la Libye comme « un refuge pour les membres nord-africains d’Al-Qaïda. » Suite à l’effondrement du pouvoir central libyen, des armes lourdes sont tombées dans les mains de toutes sortes de milices. L’une d’entre elles, le Libyan Islamic Fighting Group (LIFG), dont Belhadj était le dirigeant, a conclu une alliance avec les rebelles islamistes du Mali. Ces derniers sont parvenus, avec les Touaregs, à s’emparer du Nord du Mali pendant quelques mois. La prise d’otage de grande ampleur sur un site gazier algérien en janvier a été réalisée au départ de la Libye. Aujourd’hui, la rébellion syrienne est contrôlée depuis la Libye et la tâche d’huile jiadhiste s’étend vers le Niger et la Mauritanie.

    En remerciant la CIA

    À première vue, les États-Unis et l’Occident semblent se faire du souci à propos de cette recrudescence d’activité jihadiste en Afrique du Nord. Ajoutons-y aussi le Nigéria, la Somalie et plus récemment, le Kenya. Mais à y regarder de plus près, la situation est plus compliquée. La chute de Kadhafi fut rendue possible par une alliance entre d’une part des forces spéciales françaises, britanniques, jordaniennes et qataries, et d’autre part des groupes rebelles libyens. Le plus important de ceux-ci était bel et bien le Libyan Islamic Fighting Group (LIFG), qui figurait sur la liste des organisations terroristes interdites. Son leader, le susmentionné Belhadj, avait deux à trois milles hommes sous ses ordres. Sa milice eut droit à des entraînements américains juste avant que ne commence la rébellion en Libye.

    Les États-Unis n’en sont pas à leur coup d’essai en la matière. Dans les années 80, ils s’occupèrent de la formation et de l’encadrement des combattants islamistes extrémistes en Afghanistan. Dans les années 90 ils remirent le couvert en Bosnie et dix ans plus tard au Kosovo. Il n’est pas à exclure que les services de renseignements occidentaux soient directement ou indirectement impliqués dans les activités terroristes des Tchétchènes en Russie et des Ouïgours en Chine.

    Les États-Unis et le France ont feint la surprise lorsque les Touaregs et les islamistes ont occupé le Nord du Mali. Mais ce n’était qu’une façade. L’on peut même se demander s’ils ne l’ont pas provoquée, comme ce fut le cas en 1990 avec l’Irak vis-à-vis du Koweït. Vu l’activité d’Al-Qaïda dans la région, n’importe quel spécialiste en géostratégie savait que l’élimination de Kadhafi provoquerait une recrudescence de la menace terroriste au Maghreb et au Sahel. Comme la chute de Kadhafi a été provoquée en grande partie par les milices jihadistes, que les États-Unis ont formées et encadrées, l’on peut commencer à se poser de sérieuses questions. Pour plus de détails à ce propos je vous renvoie vers un article précédent.

    Agenda géopolitique

    Quoi qu’il en soit, la menace terroriste islamiste dans la région et ailleurs sur le continent arrange bien les États-Unis. Cela constitue l’excuse parfaite pour être présent militairement et intervenir sur le continent africain. Il n’a pas échappé à Washington que la Chine et d’autres pays émergents sont de plus en plus actifs sur le continent et constituent de ce fait une menace envers leur hégémonie. La Chine est aujourd’hui le plus important partenaire commercial de l’Afrique. D’après le Financial Times, « la militarisation de la politique américaine après le 11 septembre est controversée depuis longtemps puisque elle est considérée dans la région comme une tentative des États-Unis de renforcer leur contrôle sur les matières premières et de contrecarrer le rôle commercial exponentiel de la Chine. »

    En novembre 2006, la Chine a organisé un sommet extraordinaire sur la coopération économique où étaient présents au moins 45 chefs d’État africains. Précisément un mois plus tard, Bush approuvait la mise sur pied d’Africom. Africom est le contingent militaire américain (avions, navires, troupes, etc.) consacré au continent africain. Nous l’avons vu à l’œuvre pour la première fois en Libye et au Mali. Africom est désormais en activité dans 49 des 54 pays africains et les États-Unis ont dans au moins dix pays des bases ou installations militaires permanentes. La militarisation des États-Unis sur le continent ne fait que s’étendre. Ci-dessous vous trouverez une carte de leur présence sur le continent ces deux dernières années. Elle est assez éloquente.

    CARTE

    Sur le terrain économique, les pays du Nord perdent du terrain face aux pays émergents du Sud, et c’est certainement aussi le cas en Afrique, un continent riche en matières premières. Il semble de plus en plus évident que les pays du Nord combattront ce rééquilibrage par des moyens militaires. Ça promet pour le continent noir.

     

    Source : Investig'Action

     

    Traduit du néerlandais par Thomas Halter pour Investig'Action

  • Les droits de l’Homme à la une

     
     

    10 octobre 2013

     
     

    IRIB-Jamais les droits de l'Homme n'ont été autant mis à mal, depuis la fin des colonialismes, mais jamais ils n'ont été autant « défendus » que ces dernières années. Jamais les maîtres du crime contre les peuples n'ont développé un tel acharnement dans la « défense » de l'Humanité, que depuis qu'ils ont décidé de tuer en son nom. Jamais des militants des droits de l'Homme n'ont eu une telle consécration internationale et jamais ils n'ont disposé de tels moyens pour se faire entendre.

     

    Comme dans la nature, ils ont commencé à pulluler à la faveur d'un environnement qui encourage l'accroissement des effectifs et qui élimine les déperditions. Ces militants des droits de l'Homme sont d'un genre particulier, ils luttent contre les droits de l'Homme. Dès que la campagne de recrutement s'est ouverte, ils se sont rués vers les places offertes.
     
    A coups de millions de dollars, des officines ont ouvert des postes d'emplois dans un grand nombre de pays. Elles prennent en charge les frais de premier établissement, les salaires, les frais divers, les visas, les voyages, la technologie, la formation, la protection judiciaire et politique et les moyens publicitaires.
     
    Au bout de l'effort, une toile d'araignée couvre la planète et rares sont les pays, hors pays de l'OTAN, où l'on ne trouve pas un organe ou des individus avec la patente "certifiée" et "labélisée" au nom des "droits de l'Homme". Leur travail est très simple. Ils disposent de modes opératoires standardisés, qu'ils ne doivent pas mettre en œuvre sans qu'ils soient activés. Selon les objectifs, l'activation peut inciter à des actions de plus ou moins grande ampleur.
     
    Il peut s'agir de manifestations pour mettre à mal les gouvernements visés, tout en restant dans les limites de la légalité en vigueur, comme il peut s'agir de mouvements de grande ampleur, susceptibles de déstabiliser un pays ou même de provoquer une spirale de violence qui doit aboutir au démantèlement du pouvoir en place, au risque d'un chaos dévastateur.
     
    Cette activation est, bien sûr, coordonnée avec une mobilisation médiatique adaptée à la nature des résultats recherchés. En Ukraine, par exemple, il s'agissait d'imposer des "pro-occidentaux", contre des "pro-russes". En Syrie, il s'agit de "changer" le "régime".
     
    Dans le premier cas, le processus s'est contenté de manifestations de rue, largement soutenues et couvertes par les grands bouquets de télévisions.
     
    Dans le second cas, il fallait pousser à la violence armée et appeler à l'intervention militaire de la "communauté internationale".
     
    La conséquence fondamentale de cette situation réside dans la marginalisation, voire la neutralisation des mouvements populaires, qui ne trouvent plus d'espaces d'expression ou qui se voient débordés, s'ils arrivent à se construire suffisamment pour pouvoir peser et se faire entendre. L'actualité nous en livre la démonstration.
     
    En Syrie l'alternative démocratique et sociale a été balayée, au profit d'une dynamique dont les seules issues sont, soit une longue période de violences terroristes et contre-terroristes, soit la chute chaotique du gouvernement avec les risques de guerre de tous contre tous, soit une reprise en main par Bachar Al Assad, qui repoussera très loin dans le temps, l'institution d'une société ouverte. 

     

  • États-Unis : un siècle d’interventionnisme meurtrier

     

    Fenêtre privilégiée du monde russe sur la mer Noire, la Crimée possède une histoire et une situation géographique singulières. Théâtre sous le Second Empire d’une intervention militaire franco-anglaise destinée à stopper l’expansionnisme de la Russie des tsars, hôte de la conférence de Yalta en 1945, cette région d’une superficie et d’une population équivalentes à celle de la Lorraine dispose aujourd’hui d’un statut de république autonome au sein de l’état ukrainien. À l’heure actuelle, la volonté des populations russophones de Crimée de s’affranchir de la tutelle d’une Ukraine passée sous la coupe d’un gouvernement pro-occidental est au cœur d’une nouvelle controverse diplomatique.

    L’occupation par des forces armées russes de plusieurs points stratégiques de la péninsule n’a pas tardé à déclencher un feu nourri de réactions indignées des gouvernements et des média mainstream occidentaux. Ainsi, Angela Merkel a déclaré « illégal [1] » le référendum prévu pour le 16 mars. François Hollande a fait savoir que « l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Ukraine ne [pouvaient] pas se négocier [2] ». Plusieurs éditorialistes ont mentionné le « sort incertain » de la minorité tatare de Crimée [3], sous-entendant probablement que la sécurité de cette dernière pourrait être compromise en cas d’occupation russe prolongée. C’est oublier que la Fédération de Russie compte 6 millions de citoyens tatars, qu’il existe sur les bords de la Volga une république autonome du Tatarstan et que personne à Moscou ne remet en question l’appartenance des Tatars à la nation russe. La Maison Blanche a quant à elle affirmé, par la voix de son secrétaire d’État John Kerry, que « la Crimée est l’Ukraine » [4].

    Le message adressé est donc sans équivoque : la présence de troupes russes en Crimée et la tenue prochaine d’un référendum constitueraient un grave cas d’ingérence et une violation du droit international. L’appareil d’État étatsunien est, il est vrai, particulièrement au fait des cas de conflits et de tensions directement ou indirectement causés par des ingérences extérieures. Nous livrons ici au lecteur une liste volontairement non-exhaustive recensant quelques exemples de conflits armés impliquant les États-Unis, parfois appuyés par des puissances européennes.

     

    • 1898 : conflit hispano-américain qui aboutira à la perte par l’Espagne des Philippines, de Cuba et de Porto Rico, territoires qui tomberont dans l’escarcelle des États-Unis. Le magnat de la presse William Randolph Hearst, qui inspira le film Citizen Kane à Orson Welles, se distingua à cette occasion par la propagande belliciste et anti-espagnole relayée par ses journaux.

    • 1900 : participation, au sein de l’alliance des huit-nations regroupant également les puissances européennes de l’époque, à la guerre des Boxers, opération de répression d’un mouvement anticolonialiste chinois.

    • 1903 : appui militaire aux sécessionnistes du Panama, aboutissant à la création d’un nouvel État indépendant dans une province auparavant colombienne.

    • 1950-1953 : envoi de 300 000 soldats au cours de la guerre de Corée. Deux décennies avant la guerre du Vietnam, l’armée américaine aurait déversé sur la Corée du Nord plus de 3 millions de litres de napalm [5].

    • 1953 : la CIA appuie un coup d’État en Iran visant à renvoyer le Premier ministre Mossadegh, non-aligné et partisan de l’indépendance énergétique.

    • 1961 : soutien à une tentative de coup d’État à Cuba, lors du débarquement de la « Baie des cochons ».

    • 1961-1972 : guerre du Vietnam.

    • 1965 : occupation de la République dominicaine.

    • 1973 : soutien militaire au coup d’État chilien, devant aboutir au renversement de Salvador Allende et à la prise de pouvoir du général Pinochet.

    • 1979-1992 : armement des moudjahidines afghans au cours de leur lutte contre l’Armée rouge.

    • 1981-1988 : soutien à la guérilla contre-révolutionnaire luttant contre le régime sandiniste au Nicaragua.

    • 1989 : invasion du Panama et renversement de Manuel Noriega.

    • 1990-1991 : guerre du Golfe, intervention au sein d’une coalition de 34 états qui dévastera l’armée et les infrastructures irakiennes.

    • 1994 : intervention en Haïti pour soutenir Jean-Bertrand Aristide.

    • 1999 : frappes aériennes en Serbie et au Kosovo, soutien militaire et logistique à l’UCK, organisation terroriste financée par la mafia albanaise.

    • À partir de 2001 : interventions en Afghanistan ;

    • 2003-2011 : guerre d’Irak. La chute de Saddam Hussein et l’occupation étrangère ont livré un pays dévasté aux violences intercommunautaires. On estime à 500 000 le nombre de victimes du conflit [6].

    • 2011 : intervention militaire en Libye.

     

    Lorsque les Etats-Unis qualifient certaines nations de « danger pour la paix dans la région », l’inversion accusatoire est donc totale. L’exemple de l’Iran est à ce titre particulièrement frappant :

     

     

    Rappelons que les ingérences occidentales, qu’elles se fassent par le biais d’appuis logistiques ou financiers aux groupes d’agitation interne (comme en Ukraine ou en Syrie) ou par des interventions militaires directes, ont essentiellement précédé des situations de chaos et de barbarie prolongées, comme en témoignent l’état actuel de l’Afghanistan, redevenu une place centrale de la production de pavot [7] et la violence extrême qui perdure en Irak [8]. Nous sommes bien loin des promesses de libération démocratique qui justifient les exactions interventionnistes de Washington et ses alliés.

  • Washington est-il une menace ?

     

    Les États-Unis veillent sur leurs alliés dans le monde avec une sollicitude toute paternelle. Ils sont « le pays de la liberté » et nous devons leur être éternellement reconnaissants de leur bonté. Cependant, une minorité significative pense qu’ils sont en réalité la principale menace contre la paix mondiale et contre leur propre population. Les faits sont têtus, observe Mowitz.

     | BERLIN (ALLEMAGNE) | 18 AVRIL 2014 
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    Le Spiegel, bras armé influent de la machine à tuer de Washington en Allemagne, se plaît à conter aujourd’hui la fable du bon Allemand aimé des citoyens états-uniens, et qu’il faut considérer comme digne d’entrer lui aussi dans le cercle des initiés [1]. À l’origine, un sondage réalisé —vus les résultats, comment pourrait-il en être autrement— par l’ambassade d’Allemagne auprès de 1 517 citoyens des USA [2]. On fait ce qu’on peut pour inciter les Allemands à la bienveillance envers les futures attaques militaires au profit de la finance et du grand capital internationaux. Les voyous de la classe dominante prennent volontiers en main la tâche de faire basculer l’opinion à coup de comptes-rendus tendancieux, et d’effacer la leçon « plus jamais la guerre » que nous ont apprise deux Guerres Mondiales perdues au siècle dernier. Le fusil d’assaut transatlantique considère comme « absurde », à la fin de l’article, le résultat d’un autre sondage d’après lequel 17 % des Allemands voient dans les États-Unis « la plus grande menace pour la paix mondiale », ce qui les mettraient en tête de la liste des ennemis publics [3].

    Pour moi, cela témoigne, en marge du courant dominant, d’une culture politique alternative étonnante vu la masse monumentale des appels à la guerre de plumitifs corrompus, et ce n’est évidemment pas au goût du Spiegel, messager des États-Unis, qui se plaint de voir les USA conspués devant l’Iran, la Syrie et la Corée du Nord. Et la tranche la plus jeune des personnes interrogées est encore plus claire avec 25 % considérant les USA comme « plus grand danger pour la paix mondiale ». Or, quoi qu’on puisse penser de la situation politique en Iran, en Syrie ou en Corée du Nord, ce sont eux qui sont menacés par l’Occident, et non pas l’inverse. Et dans le cas syrien, les États-Unis n’ont pas le moindre scrupule à soutenir en paroles et en actes les bandes d’Al-Qaïda mises en place par les États du Golfe pour faire tomber un gouvernement étranger. En accord avec une tendance qui se vérifie définitivement aujourd’hui, celle de fausser les comptes-rendus et de mentir sur les tenants et aboutissants, c’est encore une fois l’occasion pour eux de divulguer largement, sans les vérifier, des informations données par Human Rights Watch, qui accuse le régime d’el-Assad d’utiliser des bulldozers comme armes de guerre. Ces journalistes-voyous étaient déjà tout aussi tendancieux et hypocrites à propos de l’utilisation des gaz toxiques, dont des « experts » de Human Rights Watch, là aussi, ont voulu accuser de façon « presque sûre » les troupes du gouvernement syrien. Nous savons aujourd’hui que les « rebelles » alliés d’Al Qaida, et leurs sponsors états-uniens, français, britanniques et saoudiens avaient toutes les raisons de perpétrer de tels actes —et qu’ils étaient tout à fait en mesure de le faire— afin de justifier une intervention de l’occident.

    Les ONG telles que Human Rights Watch sont d’ailleurs à consommer avec beaucoup de modération. C’est avec l’aide d’ONG-écrans que des « révoltes » contre des gouvernements devenus persona non grata peuvent être provoquées à tout moment et partout à travers le monde, et c’est justement dans des pays qui résistent contre le « nouvel ordre mondial » orchestré par Wall Street et le Pentagone qu’on a le moins de mal à trouver des gens prêts à partir en « révolution » en échange d’argent liquide, de promesses, d’ i-pads, d’i-phones ou simplement de nourriture.

    D’après Knut Mellenthin dans Junge Welt, Obama aurait fait tuer jusqu’ici, au cours de ses années de présidence, plus de 3 000 personnes dans le monde lors de 390 attaques par drones [4]. Aucune, parmi celles jugées de façon fiable, n’a permis d’établir avec certitude chez les victimes une responsabilité qui ait pu justifier quelque condamnation que ce soit. Il a toujours suffi, pour faire passer de vie à trépas des milliers de citoyens en pays étrangers, des conclusions d’espions lors de leur travail souterrain ainsi que du feu vert d’Obama. C’est une chose qui n’arrive ni en Iran, ni en Syrie, ni en Corée du Nord.

    La classe dominante des États-Unis ne fait pas non plus dans la dentelle quand il s’agit d’utiliser les armes contre sa propre population. Un autre article de Junge Welt nous apprend que « Depuis le 11 septembre 2001, plus de 5 000 civils ont été tués par des policiers aux USA. » [5]. Katie Rucke, journaliste indépendante, met en parallèle la violence armée de la police à l’égard de la population et fait remarquer que depuis le « 9/11 », autant de citoyens des USA ont trouvé la mort dans leur pays que de soldats des USA sur le front de la guerre en Irak. Elle conclut : « Statistiquement parlant, les États-uniens devraient avoir plus peur de leur police que des ‘terroristes’ ».

    Traduction 
    Hélène

           
     

    [1] “US-Bürger sehen Deutschland in Führungsrolle”, par Sebastian Fischer, 30 janvier 2014.

    [2] “American Impression of Germany Found Stronger than Ever”, German Missions in the United States, 30 janvier 2014.

    [3Gallup International.

    [4] “Massenmord per Drohne”, par Knut Mellenthin, Junge Welt, 31 janvier 2014.

    [5] “Wenn Cops Killer werden”, de Jürgen Heiser, Junge Welt, 31 janvier 2014.

  • CIA : des médecins accusés

    CIA : des médecins accusés de complicité de torture dans les prisons militaires

     
    © AFP

    Des médecins et des infirmiers se sont rendus responsables de mauvais traitements dans les prisons du Pentagone et de la CIA, selon un rapport indépendant. Cette étude montre que ces professionnels de santé ont été complices de torture.

     
    Par FRANCE 24 (texte)
     

    Après le 11-Septembre, la lutte contre le terrorisme a conduit des médecins, des infirmiers ou encore des psychologues travaillant pour l’armée américaine à trahir leur serment d’Hippocrate. Selon une étude rendue publique lundi 4 novembre par l’Institute on Medicine as a Profession de l’Université de Columbia de New York, des professionnels de la santé se sont en effet rendus complices d’abus dans différentes prisons militaires du Pentagone et de la CIA.

     

    LE RAPPORT INTITULÉ "L'ÉTHIQUE ABANDONNÉE, PROFESSIONNALISME MÉDICAL ET ABUS SUR LES DÉTENUS DANS LA GUERRE CONTRE LE TERRORISME"
     

     

    "Ces pratiques comprennent la conception, la participation et l’application de tortures et de traitements cruels, inhumains et dégradants", peut-on lire sur la page de présentation de cette étude. Celle-ci a été conduite pendant deux ans à partir de documents sur les conditions de détention de combattants ennemis àGuantanamo ou dans les prisons américaines en Irak et en Afghanistan.

    Ce rapport détaille notamment les actes qui ont été perpétrés par le corps médical au mépris de "leurs obligations éthiques". Ils ont ainsi été "consultés sur les conditions de détention pour augmenter l’anxiété et la désorientation des prisonniers". Ils ont aussi utilisé "des informations médicales dans le cadre d’interrogatoires" et participé à "l’alimentation de force de grévistes de la faim". Des professionnels de santé de la CIA étaient également présents lors d’interrogatoires particulièrement musclés ou de " waterboarding" (tortures par l’eau).

    Des médecins devenus agents militaires

    Pour le Dr Gerald Thomson, professeur de médecine à l’Université Columbia, qui a participé à cette étude, "il est clair qu’au nom de la sécurité nationale, des médecins ont été transformés en agents militaires et ont pratiqué des actes qui étaient contraire à leur éthique médicale. Nous avons la responsabilité de faire en sorte que cela ne se reproduise plus".

    Son collègue, Leonard Rubenstein, professeur de droit de la Santé publique à l’Université Johns-Hopkins, note par ailleurs que ces "abus sur les détenus et la participation des professionnels de santé ne sont pas derrière nous dans ce pays". Comme le souligne le rapport, le Pentagone continue de "maintenir ligotés des détenus pendant plus de deux heures et deux fois par jour" ou encore de "les nourrir de force". Ces accusations font référence à la grève de la faim lancée il y a huit mois à Guantanamo. Sur la centaine de prisonniers qui a participé à ce mouvement, une quinzaine ont été nourris par sondes naso-gastriques.

    En réponse à cette étude, les autorités américaines ont estimé qu’il s’agissait d’éléments inexacts et erronés. "Il est important de souligner que la CIA n’a plus de prisonnier en détention et que le président Obama a mis fin au programme de détention et d’interrogatoire par décret en 2009", s’est défendu Dean Boyd, le directeur de la communication de la CIA.

    De son côté, le Pentagone a soutenu ses médecins et assuré de leur grand "professionnalisme". Selon le porte-parole Todd Breasseale, interrogé par l’AFP, "ils travaillent dans des conditions de grand stress" et apportent "les meilleurs soins que les détenus aient jamais connus".